30 .
10 . 20 . 28 Juillet 1978
Les militaires prennent le
pouvoir, sans coup férir à l’intérieur
& sont reconnus
internationalement
Avertissement – avant de
proposer une analyse personnelle du putsch du 10 juillet 1978 et de ses
conséquences pour la
Mauritanie et pour les Mauritaniens, il me semble que la
simple présentation des faits, dans leur déroulement chronologique, et surtout
les déclarations de l’époque – à rapporter aux indications rétrospectives des
principaux acteurs du coup, dont Le Calame a commencé la publication – sont
nécessaires pour la mémoire collective.
Le lundi 10 Juillet 1978, à l’aube, les
membres du Bureau politique national et du gouvernement sont arrêtés à leur
domicile respectif. Premier d’entre eux – à quatre heures du matin –, le
président de la République,
secrétaire général du Parti unique de l’Etat, à qui son propre aide-de-camp
signifie que les forces armées lui retirent leur confiance (sic [1]) :
il est mené au camp du Génie, où l’ « accueille » le capitaine
Athié. Moktar Ould Daddah allait s’envoler dans la journée pour Khartoum, où va
se tenir le sommet de l’Organisation de l’Unité africaine. Mariem, son épouse,
est à Dakar depuis trois jours, pour un congrès de juristes. Les enfants
dorment encore à la résidence.
Les communiqués se
succèdent dans la matinée : « les forces armées, dépositaires en dernier
recours de la légitimité nationale, conscientes de leurs responsabilités ont
pris le pouvoir, ou plutôt ont repris le pouvoir à ceux qui l’ont lâchement
spolié pour sauver le pays et la nation de la ruine et du démembrement, pour
sauvegarder l’unité nationale et défendre l’existence de l’Etat » - « dissolution »
de la Constitution,
du Gouvernement, du Parlement, du Parti du peuple. « Le Comité assume
tous les pouvoirs jusqu’à la mise en place d’institutions démocratiques »
et demande « à la population d’observer le calme et la discipline et
d’obéir aux consignes qui seront données par la radio ». Il est
assuré que la Mauritanie aura un
gouvernement civil qui appliquera la loi islamique et qu’elle respectera ses
engagements islamiques, arabes et internationaux.
Le
couvre-feu est instauré de 18 heures à 6 heures du matin
Dans la
soirée, publication par Radio-Mauritanie [2]
de la composition du « comité militaire de redressement national »
C.M.R.N. (orthographe publiée – souvent incorrecte) : président
lieutenant-colonel Mustapha Ould Mohamed Salek – membres : les lieutenants-colonels
Ahmed Salem Ould Sidy, Mohamed Mahmoud Louli, Mohamed Khouna Ould Haïdalla,
Maaouya Ould Sid Ahmed Taya, Cheikh Ould Baida, Ahmed Ould Abdallah, les commandants
Dia Amadou, Thiam El Hadj, Soumare Silman, Moulay Ould Boukhriss, Jeddi Ould
Salek, Hann Amadou, les capitaines Athier Amath et Mohamed Mahmoud Ould Dey [3],
les lieutenants Ahmed Ould Aida et Moulay Hachem Ould Moulay Ahmed (c’est ce
dernier, qui a arrêté le président de la République, en sa qualité d’aide-de-camp), enfin
le commissaire de police Ly Mamadou.
Le
directeur général de la
Société nationale industrielle et minière (S.N.I.M.
successeur pour l’essentiel de Miferma), Ismaël Ould Amar, déclare à l’AFP qu’il
se félicite de l’action entreprise par
le Comité militaire de redressement national. Le président du C.M.R.N. reçoit
l’ambassadeur de Libye, doyen du corps diplomatique depuis 1975 ;
l’audience antérieure de l’ambassadeur de France n’est pas rendue publique.
Il se
trouve que, ce jour-là, séjournent en même temps, à Paris, le président
Bourguiba, le commandant Jalloud, chef du gouvernement libyen et Abdelaziz
Bouteflika, le ministre algérien des Affaires étrangères.
Le 11 Juillet, Reda Guedira, conseiller du
roi Hassan II, et le colonel Dlimi, directeur des aides de camp du roi, se
rendent à Nouakchott pour
« s’informer de la situation en Mauritanie ».
Radio
Mauritanie annonce, en fin de matinée, la formation d’un gouvernement. Président
du gouvernement, lieutenant colonel Moustapha Ould Mohamed Salek - Affaires
étrangères, Cheikhna Ould Mohamed Laghdaf -Intérieur, commandant Jiddou Ould
Salek - Justice et Affaires religieuses, Ba Ould Ne (ancien ministre et président
de l’Assemblée nationale avec Moktar Ould Daddah) - Finances et commerce, Sid
Ahmed Ould B’Neijara (qui avait succédé
le 31 Mai à Ahmed Ould Daddah pour diriger la Banque centrale) – Equipement, lieutenant-colonel
Ahmed Salem Ould Sidi - Transports, postes et télécommunications, artisanat et
tourisme, colonel Viah Ould Mayouf - Plan et Mines, Mohamed el Moktar Ould
Zamel - Industrie et Pêche, lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif (qui ne fait
pas encore partie du Comité militaire) - Développement rural, Dr. Ba Oumar - Education
nationale, Sek Mame N’Diack -Culture et Information, Mohamed Yehdih Ould
Breideleil - Santé et affaires sociales, Dr. Diagana - Contrôle et enquêtes,
lieutenant-colonel Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louli - Secrétaire permanent du
comité, chargé de l’administration du ministère de la Défense,
lieutenant-colonel Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya.
Sur Radio
France, Edouard Sablier assure que « contrairement à ce que semblent
souhaiter les autorités algériennes, les nouveaux dirigeants de Nouakchott
paraissent décidés à défendre, avec peut-être plus de vigueur qu’auparavant
l’indépendance et à renforcer leurs liens d’amitié avec le Maroc ». L’AFP
à Dakar confirme que les vols militaires français vers la Mauritanie ont eu leur
fréquence habituelle depuis le début du coup d’Etat. A Paris-CDG, arrivée de Hamdi Ould Mouknass, ministre des
Affaires étrangères depuis Avril 1970, venant du conseil des ministres de
l’O.U.A. à Khartoum
Radio Mauritanie diffuse un entretien de Mustapha Ould
Mohamed Saleck à Visnews. Les
raisons du coup sont « le marasme économique », « le
danger quotidien de révolte et de soulèvement populaire entrainés par la
banqueroute qui menace le pays ». « Cette situation, et à défaut de toute tentative de solution
menée par l’ancien régime, a fait que les Forces armées ont décidé de mettre
fin au désordre et à l’anarchie politique et économique de l’ancien régime »
A Saumur, l’AFP confirme que Salek
a suivi le peloton des élèves officiers de l’école d’application de l’armée blindée
de cavalerie du 4 Avril au 5 Septembre 1960
Le 12 Juillet : cessez-le-feu
unilatéral du Polisario vis-à-vis de la Mauritanie. « La guerre expansionniste contre le peuple sahraoui est
la cause de tous les problèmes dans notre région, les peuples sahraoui,
marocain et mauritanien ont lourdement souffert de ses conséquences injustes et
criminelles. Le redressement qui s’opère en Mauritanie est le signe que les
peuples ne peuvent pas rester longtemps dans la résignation et faire les frais
de l’entêtement des responsables anti-nationaux. Nous sommes sûrs aussi qu’une
situation plus grave prévaut au Maroc et qu’il n’est pas impossibke aux
patriotes marocains de la dépasser. Ainsi face aux derniers événements en
Mauritanie des iunstructions ont ét donées à l’armée de libération polulaire
sahraouie poiur cesser momentanément les opérations militaires en territoire
mauritanien, comme geste de bonne volonté et par désir de e pas augmenter la
tension. L’occasion est ainsi offerte aux nouveaux dirigeants de la Mauritanie de réviser
la position criminelle du chef déposé, car c’est l’unique condition à tout
redressement en Mauritanie » . Aussitôt, l’Aosario, qui défend la légitimité
du Maroc et de la
Mauritanie au Sahara occidental, communique l’« existence
d’un plan insurrectionnel, conçu et téléguidé à partir d’Alger et de
Tripoli ».
Le pape Paul VI télégraphie à Mgr. Pierre
de Chevigny, premier évêque de Nouakchott : la Mauritanie, je me
rappelle l’avoir autrefois vue d’avion. Sollicitude inquiète pour le pays.
En conférence de presse, Mustapha Ould
Mohamed Saleck souhaite consolider les liens particuliers existant avec la France et le maintien des Jaguar
en Mauritanie « aussi longtemps que pèsera sur elle la menace d’une
agression ». Il assure que « les institutions républicaines étaient bafouées, le pays était
arrivé à la banqueroute. L’ancien gouvernement s’était montré incapable de
faire face à cette situation. Notre entreprise répond fidèlement à la volonté
profonde du peuple de voir ériger des nouvelles institutions démocratiques
librement choisies par lui. Nous respecterons la volonté populaire » et que « le redressement du pays est probablement
conditionné par l’évolution du conflit. Avec le Maroc, nous allons sûrement
établir un calendrier de travail pour engager un processus qui mène à la paix ».
A France Inter, il confirme
qu’il « souhaite naturellement » le maintien de l’assistance
technique française.
Chaab reparaît, après deux jours d’interruption :
« les forces armées ont repris le pouvoir à ceux qui l’ont spolié »,
et publie un entretien avec le président du Comité militaire : « nous
avons repris le pouvoir à un moment où notre peuple avait plus que jamais
besoin d’être sauvé ». Cheikhna Ould Mohamed Laghdaf, le nouveau ministre
des Affaires étrangères : « nous sommes disposés à étudier toute
initiative de paix d’où qu’elle vienne ».
A Nouakchott,
première manifestation de soutien aux nouveaux dirigeants. A Rabat, il est dit
que Hassan II, dès qu’il fut informé du coup, « a donné des instructions
très fermes au contingent marocain stationné dans le pays de n’intervenir sous
aucun prétexte ». A Khartoum, en conseil des ministres de l’O.U.A., Mhamed
Boucetta, ministre des Affaires étrangères marocain assure que « les engagements du Maroc à l’égard de la Mauritanie restent
inchangés ». A Paris, Abdelaziz Bouteflika, ministre algérien des Affaires
étrangères, est reçu par le président Giscard d’Estaing dans
l’après-midi : « il manquait aux rapports franco-algériens la
dimension de la concertation politique que je suis venu inaugurer
aujourd’hui ».
Le 13 Juillet, Paris Match publie un entretien avec Hassan II :
« le Maroc ne peut que continuer à apporter son soutien et sa solidarité
au nouveau gouvernement mauritanien ». Il voit en Mustapaha Ould Mohamed Saleck : « un
homme pondéré, calme, ayant le sens de ses responsabilités, et un homme
extrêmement courtois » et pense que les raisons du coup sont liées à des
« problèmes d’ordre économique et financier, et je le crois aussi une
crise d’autorité particulièrement gênante dans cette période où la Mauritanie a besoin de
décisions fermes et rapides, et non contradictoires ». Mais il redit « toute
son estime » pour Moktar Ould Daddah et assure que « même ceux qui
ont fait le coup d’Etat, ont pour lui la plus grande estime et le plus grand
respect »
Dans un
discours radiodiffusé, le président du Comité analyse que « le pouvoir
personnel a réduit à néant les institutions en vigueur depuis 1960 ».
« L’armée reprend le pouvoir qui vous avait été confisqué pour vous le
remettre dans les plus brefs délais, elle n’est pas une armée de coup
d’Etat », le multipartisme est promis, et comme « le pouvoir
personnel avait réduit le pays à la ruine », l’économie libérale sera
instaurée. Au Sahara, continue-t-il, « nous sommes déterminés à lui
trouver une solution conforme aux intérêts du peuple mauritanien et en accord
avec le Royaume frère du Maroc qui est concerné au même degré que nous ».
Enfin, il s’agit de restaurer la « morale islamique dans sa pureté, sa
générosité, son don de soi, son ouverture et sa rigueur morale »
Le gouvernement tient sa première réunion
depuis « sa constitution à la suite de l’action héroïque du 10
Juillet »
Chaab publie l’intégralité de l’entretien de Mustapha Ould
Mohamed Saleck à France Inter :
« nous voulons que notre pays puisse renaître et refaire des
institutions véritablement démocratiques consenties et librement choisies par
le peuple » et des photographies de la veille : « premier
bain de foule pour le président et les membres du comité militaire de
redressement national ».
Le 14 Juillet, Michel Removille, l’ambassadeur de France, reçoit trois des
nouveaux ministres pour la réception traditionnelle : Mohamed el Moktar
Ould Zamel, Seck Mame Diack, Sid’Ahmed Ould Bneïjara. Un nouvel
ambassadeur du Maroc est nommé : Ahmed Snoussi, précédemment ambassadeur
en Algérie (antérieurement ministre de l’Information de 1967 à 1971 puis
président de Lafarge-Maroc).
Accompagné
par Habib Ould Souleymane, émir du Trarza -, Bocar Alpha Ba, ancien ministre des
Finances -, Cheikh Ould Aimine, ancien secrétaire général de l’U.T.M. -, Ahmed
Ould Ouafi, directeur de la société arabo-mauritanienne de métallurgie -, le
nouveau ministre des Affaires étrangères, Cheikhna Ould Mohamed Laghdaf, se
rend à Rabat avec un message personnel pour le roi Hassan II : « nous sommes venus à Rabat afin
d’assurer le roi du Maroc et les autorités de ce pays qu’entre nous il n’est
pas possible qu’il puisse exister le moindre nuage. Notre coopération ne peut
que se renforcer avec le Maroc » . En réponse, le roi souhaite « plein
succès à l’expérience entreprise par le Comité militaire de redressement
national ». Le ministre se rend ensuite à Khartoum où il représentera la Mauritanie. Pour
la première fois, depuis la fondation de l’O.U.A., Moktar Ould Daddah n’assiste
pas à son sommet : par force.
Le 15, à
la nuit encore noire [4]
et secrètement, Moktar Ould Daddah est emmené de Nouakchott à Oualata, via
Aïoun et Nema. Chaab indique
que « la reprise du pouvoir par nos forces
armées à l’aube de la journée historique du 10 juillet continue de susciter d’importantes
manifestations de joie et de soutien chez notre peuple qui a longtemps souffert
de la politique de corruption et de trahison nationale du gouvernement déchu ». Dès qu’il est libéré, Tijani Ould Kerim, président du Conseil supérieur
des jeunes du Parti du Peuple, déclare que « sous le précédent régime, la situation
était devenue bloquée, les perspectives de solution étaient quasi inexistantes.
Il fallait de nouveaux hommes, de nouvelles forces pour réaliser la paix »
A Dakar, le
président Senghor reçoit dans la soirée le lieutenant-colonel
Ahmed Salem Ould Sidi, membre du Comité et ministre de l’Equipement.
Le 16 , une « gigantesque marche pour soutenir le
programme du C.M.R.N. » est organisée par la C.E.A.M. (confédération des
employeurs et artisans de Mauritanie, le patronat).
Robert Galley, le ministre français de la Coopération dément les
propos que Reuter lui a prêtés le 14 : « M. Robert Galley,
ministre français de la
Coopération, a demandé à ce qu’on fasse part de sa
stupéfaction devant l’interprêtation erronnée donnée à certains de ses propos
par une agence de preesse. Il a tenu à faire savoir aux autorités
mauritaniennes qu’il n’a jamais, ni par communication publique, ni en privé,
porté de jugement de quelque nature que ce soit sur le nouveau gouvernement
mauritanien. Il en veut pour preuve l’intérêt qu’il porte à la venue prochaine
à Paris d’une mission conduite par le ministre de l’Equipement, mission qui
sera reçue aussi bien à la présidence de la République, qu’au
ministère des Affaires Etrangères et à celui de la Coopération ».
De fait, les 18 et 19 Juillet, à Paris, le lieutenant-colonel Ahmed
Salem Ould Sidi, est reçu par René Journiac, chargé des affaires africaines à
l’Elysée, puis par Louis de Guiringaud et Robert Galley, respectivement ministre
des Affaires étrangères et ministre de la Coopération. Il entend
« apporter un certain
nombre d’informations au nom du gouvernement mauritanien au gouvernement
français. Ces entretiens se sont déroulés dans un climat empreint de chaleur,
d’amitié et de franchise à l’image des liens de toute sortes qui nous unissent
à la France et
que nous voulons voir se développer et se renforcer toujours davantage ». A Dakar, le bureau de la fédération internationale des femmes de carrière
juridique, demande que les enfants de Moktar Ould Daddah puissent rejoindre
leur mère, Mariem.
Le 20, quoique datée du jour-même du
putsch, la Charte
constitutionnelle du C.M.R.N. est rendue publique. Mohamed Khouna Ould
Haidalla, qui commandait la 1ère région = Tiris El Gharbia, est
nommé chef d’état-major national en succession à Mustapha Ould Mohamed Saleck,
avec le maintien en second du
lieutenant-colonel Ahmedou Ould Abdallah, commandant de la 6ème région militaire = Nouakchott.
De Koweit, parvient la rumeur que le président sénégalais a demandé aux
militaires – secrètement – la libération du président Moktar Ould Daddah.
Le 23, une « délégation de
travailleurs » se rend chez le président du Comité militaire pour lui
réclamer l’ « arrêt de la guerre fratricide et (des) initiatives rapides
de paix juste et négociée entre toutes les parties concernées ».
Le 24, pour raisons de santé, Abdallahi
Ould Boyé, responsable de la permanence du Parti, est libéré, et Le Monde
fait état de l’attente de ses enfants par Mariem à Dakar.
Enfin,
le 27 Juillet, le président Giscard
d’Estaing reçoit le lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi et Sid’Ahmed Ould
Bneijara, le nouveau ministre des Finances. Il n’est pas question pour la Mauritanie de
réintégrer la zone franc, qu’elle a quittée depuis plus de cinq ans. Les deux
confirment à l’Elysée que Moktar Ould Daddah « est toujours en résidence
surveillée et est bien traité ». Le fort de Oualata, résidence ? les
malheureuses victimes des purges de 1987 à 1990 l’attestent…
Et le
lendemain, 28, le porte-parole français, Pierre Hunt,
communique que « après la visite des ministres mauritaniens à l’Elysée,
le Président de la
République a indiqué que la France est favorable à un processus de retour à la
paix au Sahara occidental et que les circonstances nouvelles permettent
aujourd’hui de progresser dans la recherche d’une solution acceptable par
toutes les parties intéressées ».
[1] - Moktar Ould Daddah, commence ses mémoires (La
Mauritanie
contre vents et marées Karthala
. Octobre 2003 . 669 pages – disponible en arabe et en français) par le récit de ce qu’il a vêcu du putsch pp. 20 et ss.
[2] - le père-fondateur – il a obtenu dans la journée un Coran
et un poste de radio à piles – , apprend ainsi la liste de ceux qui l’ont
renversé : « la même radio Nouakchott commence à ‘taper’ sur ‘le régime déchu’.
Le plus naturellement du monde elle se fait la griotte zélée des putschistes
qui, à len croire, allaient faire vivre au pays une ère paradisi aque. En
écoutant les listes – vraies ou fausses – de ceux qui soutiennent les
putschistes, alors que la veille ils rivalisaient d’ardeur militante au sein du
PPM, je ne peux m’empêcher de sourire. Et de méditer, plus profondément encore,
sur la fragilité, le caractère volage des sentiments et des comportements
humains. Lieux communs, diraient certains… Il est vrai que je ne suis pas
du tout surpris : j’ai souvent dit qu’en tant qu’homme politique, je
m’attendais à tout, de la part de tous. Sans être sceptique et, tout en faisant
foncièrement confiance à l’homme, j’ai souvent douté de la sincérité de ceux
qui déclarent à qui veut les entendre leur attachement et leur dévouement aux
puissants du moment. C’est pourquoi, dans mes relations personnelles, seules
les amitiés antérieures à 1957 me
paraissent avoir pu être sincères et désintéressées : elles ont existé
entre Moktar et untel et non entre untel et le Président Moktar. Il y a bien
sûr – et heureusement – des exceptions, mais des exceptions qui confirment la
règle. L’opportunisme des auteurs des messages de soutien lus à la radio me
fait penser au prototype de l’opportuniste évoqué par gave qui pourrait
approximativement se traduire ainsi : ‘Sidi qui est maintenant avec vous,
était auparavant avec nous. A présent, peu importe qu’il soit avec vous ou
qu’il soit avec nous… » op. cit. p. 23 & 24
[3] - le premier, gardien du président Moktar Ould Daddah au
Génie, et le second, le convoyant de Nouakchott à Néma
[4] - « Cap sur l’aéroport de Nouakchott. En bout de piste, ‘la
familale’ stoppe tout près d’u
petoi Defenderj à l’arrêt. Tout le monde descend. Je fais seul quelques
pas dans la fraîcheur de la nuit finissante de Nouakchott. Nouakchott endormie
sous ses lumières publiques éparses et souvent pâles. Rien alentour ne
m’indique que quelque chose a changé en République Islamique de
Mauritanie : le même ciel encore constellé d’étoiles dont certaines sont
scintillantes, le même silence profond de la nuit que je voyais et sentais
lorsqu’il m’arrivait de décoller vers la même heure matinale pour effectuer des
tournées à l’intérieur du pays ou des voyages à l’étranger », Moktar Ould Daddah, op. cit. p.25
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