jeudi 31 juillet 2014

Israël-Palestine - appel d'une très grande israëlienne

Appel d’une grande dame israélienne pour des sanctions contre son pays
27 juillet 2014


Nurit Peled-Elhanan, professeur de littérature à Jérusalem, a perdu sa fille de 14 ans dans un attentat Palestinien. Elle milite pour la paix. Lauréate du prix Sakharov et du prix Paul K Feyerabend (http://pkfeyerabend.org/2013/05/20/dr-nurit-peled-elhanan-israel-laureat-du-prix-paul-k-feyerabend-2007) elle fait un appel vibrant à sanctionner son pays jusqu’à ce qu’il cesse d’opprimer les Palestiniens:

« S’il vous plaît , il faut mettre Israël au ban de la communauté internationale jusqu’à ce qu’il devienne un véritable Etat démocratique, et il faut boycotter et sanctionner quiconque fait des affaires avec cet état d’apartheid et nous aider à nous débarrasser de ce gouvernement raciste et sanguinaire pour restaurer la vie des Palestiniens et des Juifs eux-mêmes »
par Nurit Peled-Elhanan*

Chers amis et militants de la paix 
Je vous écris depuis la bouche de l’enfer. Génocide à Gaza, pogroms et massacres en Cisjordanie et la panique des roquettes sur Israël. Trois colons israéliens enlevés et tués, et la police qui a été informée immédiatement n’a rien fait. Leur mort a été utilisée comme un prétexte pour mener l’assaut planifié à l’avance sur la Cisjordanie et Gaza. Un garçon palestinien de Jérusalem enlevé et brûlé vif et la police, immédiatement informée, ne fait rien. Plus de 200 victimes dans le raid sur Gaza. Des familles entières tuées par les pilotes israéliens, et pour résultat, des bombardements de roquettes sur tout Israël . Le racisme dangereux et violent contre des citoyens israéliens arabes, encouragé avec enthousiasme par les ministres israéliens et des membres du Parlement, conduit à des émeutes dans les rues, engendre l’agressivité et de graves discriminations contre les Palestiniens, avec une violence renouvelée qui éclate contre les militants de la paix juifs. 
Malgré les accords, les résolutions internationales et les promesses israéliennes, les colonies se développent – tandis que les maisons palestiniennes à Jérusalem-Est et la Cisjordanie sont constamment détruites. L’eau coule sans limitation dans les piscines des colonies, tandis que les enfants palestiniens sont assoiffés et que des villages et des villes entières vivent sous un régime cruel de distribution d’eau, comme cela a été récemment souligné par le président Schultz. Des routes de ségrégation réservées pour les Juifs seulement et de nombreux points de contrôle rendent la vie et les déplacements des Palestiniens impossibles. Le caractère non démocratique de l’Etat d’Israël est de plus en plus en train de se transformer en un Etat d’apartheid dangereux. Toutes ces atrocités ont été conçues par le même esprit diabolique et criminel – l’esprit de l’occupant raciste et impitoyable de la Palestine. 
Par conséquent, la responsabilité de tous ces crimes contre l’humanité doit être imputé à qui de droit : sur les mains sanglantes des dirigeants politiques racistes d’Israël , des généraux, des soldats et des pilotes, des hooligans de la rue et des membres de la Knesset. Tous sont coupables de l’effusion de sang et devraient être traduits devant la Cour pénale internationale de justice. 
A ce jour, la communauté internationale n’a pas fait assez pour arrêter le régime d’occupation israélien. Les pays européens l’ont sévèrement critiqué alors que dans le même temps , ils continuaient à coopérer pleinement avec Israël, économiquement, politiquement et militairement. En conséquence, Israël ne paie pas de prix pour ses graves violations du droit international et des valeurs humaines. 
Au contraire, c’est l’Europe qui paie pour la plupart des dommages humanitaires de l’occupation, ce qui rend encore plus facile pour Israël de la maintenir. Bien que les directives aient été émises interdisant aux institutions de l’UE de sponsoriser ou de financer les organismes de recherche et les activités dans les colonies et que 20 pays européens aient publié des avertissements officiels à leurs citoyens et aux entreprises, à l’encontre des relations commerciales et financières avec les colonies, ce n’est pas suffisant. 
Ces mesures ne remettent pas sérieusement en cause la politique israélienne en Palestine occupée. L’Europe pourrait faire beaucoup mieux, ainsi que l’illustre sa réponse dure à l’annexion par la Russie de la Crimée. En quelques semaines, l’Union européenne a imposé des sanctions ciblées sur les responsables russes et ukrainiens et entreprises commerciales en activité en Crimée. L’UE est allée encore plus loin et a élargi les sanctions en interdisant l’importation de marchandises de Crimée. 
Nous, les citoyens d’Israël et les apatrides de la Palestine, ne pouvons pas réaliser la fin de l’occupation et arrêter le bain de sang par nous-mêmes. Nous avons besoin de l’aide de la communauté internationale en général et de l’UE en particulier. Nous avons besoin de vous pour poursuivre en justice le gouvernement et l’armée israélienne, nous avons besoin de vous pour boycotter l’économie et la culture israélienne, nous avons besoin de vous pour exhorter votre gouvernement à cesser de tirer profit de l’occupation et nous avons besoin d’appeler à un embargo des armes contre Israël et à lever le siège de Gaza. 
Israël est la plus grande et la plus dangereuse organisation terroriste existant aujourd’hui. Toutes ses munitions sont utilisées pour tuer des civils innocents, femmes et enfants. Ce n’est rien de moins qu’un génocide. Comme lauréate du Prix Sakharov du Parlement européen pour les Droits de l’Homme, en tant que mère et en tant qu’être humain, je demande à l’UE d’utiliser tous les outils diplomatiques et économiques à sa disposition pour aider à sauver mon pays de cet abîme de mort et de désespoir dans lequel nous vivons. 
S’il vous plaît , il faut mettre Israël au ban de la communauté internationale jusqu’à ce qu’il devienne un véritable Etat démocratique, et il faut boycotter et sanctionner quiconque fait des affaires avec cet état d’apartheid et nous aider à nous débarrasser de ce gouvernement raciste et sanguinaire pour restaurer la vie des Palestiniens et des Juifs eux-mêmes. 

Nurit Peled-Elhanan

commune humanité - Irak un incident mineur ??? selon ceux qui ont déjà vécu une telle dépossesssion


IRAK. "APPEL A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE POUR SAUVER LES CHRETIENS D'IRAK", A L'INITIATIVE DE PERSONNALITES ET DE MILITANTS ASSOCIATIFS DE L'EMIGRATION EN FRANCE.
nous sommes tous des humains, ce n'est pas notre religion ou notre origine qui nous fait exister, mais notre humanité commune

Depuis quelques semaines – et particulièrement ces derniers jours – , une population entière de chrétiens d’Irak fait l’objet d’une extermination ethnique et religieuse déclarée, au nom de l’islam, de la part des troupes barbares de l’EIIL (Da‘ich). Femmes, hommes, enfants, civils et religieux sont expropriés, dépossédés de leurs biens, pourchassés de leurs maisons, de leur terre, ou tout simplement lâchement assassinés. A Mossoul, des églises et des bibliothèques sont brûlées. Et le monde entier ne semble pas s’en émouvoir outre mesure, comme s’il s’agissait d’un incident mineur, d’un dommage collatéral ! Le massacre impuni prend de l’ampleur, s’approche de Bagdad et s’étend à la Syrie, et personne ne semble en mesurer la gravité ni se soucier de l’arrêter !

Au nom des hautes valeurs de la liberté de culte, des droits fondamentaux de l’humain, au nom du droit à la vie, au nom du droit inaliénable à une terre et à une nationalité :

Nous, citoyen(ne)s maghrebin(e)s, associations et organisations signataires de cet appel, conscients que l’injustice et la barbarie doivent être combattues au Maghreb, à Gaza, comme ailleurs, interpellent les gouvernements des pays arabes, la communauté mondiale, musulmans, juifs, chrétiens, croyants, non-croyants, libres penseurs…, ainsi que les institutions et les instances internationales (ONU, Ligue arabe…), et les pressent à réagir vivement, à condamner énergiquement ce qui se passe sous nos yeux et à intervenir concrètement pour mettre fin aux souffrances d’une communauté entière dont le seul tort est d’être chrétienne, en la rétablissant dans son droit.

Paris le : 28/07/2014.
Pour tout contact : cherbib@gmail.com

Premiers signataires :

Associations / Organisations
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRLDHT
Association des Travailleurs Maghrébins en France – ATMF
Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR
Association des Marocains en France – AMF
Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens - UTIT
Association des Tunisiens du Nord de la France – ATNF
Association Vérité et Justice pour Farhat Hached - AVJFH
Association Femmes plurielles

Personnalités :
Hichem Abdessamad, Traducteur
Chérif Ferjani, Universitaire
Mohammed Khénissi, ancien directeur de centre de Formation
Sophie Bessis, Historienne
Abdallah Zniber, ancien Président de l’association Immigration Droit et Démocratie – IDD
Tarek Benhiba, Conseiller Régional – Ile de France
Alima Boumedienne Thiery, Avocate ancienne Parlementaire
Mourad Allal, Directeur d’Organisme de Formation
Souad Chaoui, Présidente de l’AMF
Driss El Kherchi, Président de l’ATMF
Tewfik Allal, Militant associatif
Fathi Tlili, Conseiller Municipal – Aubervilliers
Adel Ltifi, Historien
Mohamed Bensaid, Médecin, Militant des droits de l’Homme
Nacer Jalloul, Militant associatif
Mouhieddine Cherbib, Militant des droits Humains
Claudette Scemama-Ferjani


chronique d'Ould Kaïge - publié déjà dans le Calame . 27 Avril & 4 Mai 2010



64 .





Arrestation de chefs de l’opposition islamiste
&
Election du président de chacune des assemblées
et formation du gouvernement
à la suite du premier scrutin présidentiel pluraliste


Le 25 Avril 2005, deux des chefs du Mouvement islamiste mauritanien sont « interpellés » : Mohamed El Hacen Ould Dedaw, guide spirituel au prestige et à l’autorité incontestés, et Moktar Ould Mohamed Moussa. Déjà, le 2 Novembre 2004, ils avaient été arrêtés sous l’accusation d’avoir publié des photos sur des cas de torture [1], et inculpés pour « connivence dans la falsification et la constitution de documents de nature à provoquer des troubles à l’ordre, porter préjudice à la sécurité intérieure et extérieure, et porter atteinte à un ordre constitué ». Ils avaient été libérés le 13 Février 2005, après une laborieuse et très irrégulière procédure n’ayant abouti à aucun procès ni jugement : simple mise en liberté provisoire. Emprisonné alors en même temps qu’eux, Jemil Ould Mansour échappe à cette nouvelle arrestation et téléphone même à l’A.F.P., d’un lieu tenu secret, pour avertir du sort de ses compagnons, dénoncer « une fuite en avant du régime ». Pour lui, la réélection présidentielle de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, à la suite de la tentative de son renversement les 7 et 8 Juin 2003, n’a pas enrayé le déclin d’un régime de presque vingt ans : « au lieu de jouer l’apaisement et l’ouverture auxquels toute la classe politique s’attend, le gouvernement a choisi l’escalade avec le mouvement islamiste qui est très important et pesant sur l’échiquier national ». Il ajoute : « Nous savons qu’il s’agit d’un cadeau offert au ministre irsaëlien des Affaires étrangères attendu en visite en Mauritanie ». De fait, le 16 Avril précédent, le ministre des Affaires étrangères mauritanien, Mohamed Vall Ould Bellaï, avait indiqué que son homologue israëlien, Sylvan Shalom viendrait au début de Mai, après une première visite en Octobre 2002. Annonce faite, non sans audace, en conférence de presse commune avec le ministre yéménite venu à Nouakchott pour présider la commission mixte de coopération et la situant dans le cadre de « l’effort commun arabe de recherche de la paix avexc Israël sur la base d’une stratégie que les pays arabes se sont fixés ».

Les autorités d’alors, au contraire, font savoir officieusement que ces arrestations sont en rapport avec une enquête concernant six à huit jeunes islamistes écroués depuis plusieurs semaines. En réalité, le pays depuis la tentative des « Cavaliers du changement » conduits par l’ex- commandant Saleh Ould Hanena, est en train de vivre une succession d’arrestations (plus de cent quatre vingt en Août 2004 liées, sembla-t-il, à un nouvel essai de putsch) et de procès. Celui de Ouad Naga – amalgamant cent quatre vingt-quinze prévenus ! anciens militaires et des personnalités politiques civiles de premier plan, telle Ahmed Ould Daddah, Mohamed Khouna Ould Haïdalla et Cheikh El Moctar Ould Horma arrêtées le 27 Décembre 2004 – vient de tourner au ridicule du régime : les politiques ont été spectaculairement acquittés, alors que le 6 Janvier 2005 avaient requis contre chacun cinq ans de prison ferme (le terme du mandat présidentiel alors en cours…) [2]. Les juges d’une cour criminelle paramilitaire se sont émancipés mais il y a eu deux poids et deux mesures, en sorte que la prison attenante à la salle des délibérations risque de devenir un mouroir [3] comme à Jreida ou à Oualata, pendant « les années de braise ». Les conditions dans la prison dite de Beïla, à Nouakchott, ne sont d’ailleurs pas meilleures, et Ould Dedaw de santé fragile, en souffre particulièrement au scandale général. Des grèves de la faim ont commencé à partir du 18 Mars. En fait, le régime s’inquiète de la détérioration de son autorité et de son image, à tous les points de vue : ainsi le 13 Avril, a-t-il dû relâcher trois militants des droits de l‘homme : un journaliste, une enseignante et l’épouse d’un opposant qui avaient été arrêtés un mois avant pour avoir recueilli par écrit le témoignage de Jabhalla Mint Mohamed, une bergère mariée et mère de deux enfants, qui aurait été maintenue en esclavage par une famille plus aisée… [4]

L’amalgame des islamistes à d’autres causes est donc analogue à celui des prévenus d’Ouad Naga. A la veille de la tentative de Juin 2003, s’était ouvert le 3, le procès de plus de trente personnes à Nouakchott accusées de complot contre le regime constitutionnel, d’incitation aux atteintes à l'ordre public interieur et à la sécurité extérieure de l'Etat, puis finalement de constitution d'association non autorisée… Du 30 Avril au 3 Mai 2003, les dirigeants du parti Nouahoud avaient été arrêtés et le siège perquisitionné, mis à sac. Le 4 Mai, Mohamed Jemil Ould Mansour, maire de Arafat, qui était alors un des élu R.F.D. présidé par Ahmed Ould Daddah, et membre du comité permanent de ce parti, avait été arrêté. Ce sont bien les personnalités que l’on pourchasse en régime autoritaire, quelles que soient leurs étiquettes politiques. Le 5, Mohamed El Hacen Ould Dedaw avait, pour la première fois de sa vie, lui aussi été arrêté, puis plusieurs imams de mosquée, le tout asssorti de propos violents autant qu’incohérents du ministre de l’Orientation islamique finalement limogé.

L’ambiance du printemps de 2003 avait été – momentanément – purgée par une tentative sanglante de renversement du régime, celle de 2005 paraît orienter autrement le pays puisque les autorités finissent par saluer les résultats d’un « forum » qui avait réuni opposition et majorité les 11 et 12 Avril, le qualifiant d’ « événement important et de pas décisif vers une véritable démocratie » : quel aveu quatorze après l’adoption d’une Constitution… tandis que, sans se démonter, Jemil Ould Mansour rejette, par téléphone à nouveau [5], toutes les accusations portées contre les dirigeants islamistes arrêtés, à présent plus de vingt… « le gouvernement les a inventées de toutes pièces ». Le ministre de la Communication, Hamoud Ould Abdi,  avait prétendu que le groupe « démantelé (planifiait) des actions terroristes » pour le compte des salafistes et des Frères musulmans. Pour Jemil Ould Mansour, « ces affabulations ne sont pas nouvelles, mais elles ont la particularité d’intervenir au moment où l’Occident cherche à nouer des contacts avec les mouvements islamistes qui prônent le dialogue et la non-violence, à l’image du Mouvement islamiste mauritanien. » En fait, le nouveau parti, qui jouera dans quelques années un rôle décisif dans la tentative démocratique qu’a incarnée le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, «  ne renoncera jamais à ses choix politiques basés sur l’Islam, dans le cadre d’un pluralisme démocratique véritable ». C’est donc l’enjeu et le coup du 3 Août 2005 fera se rencontrer, pour une seconde « transition démocratique » après celle de 1991, la contestation de l’autocrate par ses collaborateurs militaires intimes et l’aspiration de plus en plus évidente des Mauritaniens et de leurs élites pour un Etat de droit. En l’attendant, la police intervient dans les mosquées, notamment à Arafat, le 28 Avril pour empêcher tout rassemblement de soutien aux détenus, illustres ou du rang. Un député, vie-président du R.F.D., Mohamed Mahmoud Ould Ematt, est même arrêté le 29 pour quelques heures.

C’est dans ce contexte que devait arriver, à Nouakchott, le 1er Mai 2005, le ministre israëlien des Affaires étrangères et que le 2, une manifestation du « Pacte national pour la défense de la Palestine et de l’Irak », repréenté par Cheikh Baye Ould Dowla, est réprimée, tandis qu’une « Initiative étudiante contre l’infiltration sioniste en Mauritanie », prend le relais. L’ambassade israëlienne minimise ces mouvements, tandis que l’attention se reporte sur des vols d’armes en gendarmerie, le 29 Avril, à Aïoun-el-Atrouss, et la fuite d’autres « islamistes » vers le Mali : on les fait passer pour une branche d’Al Qaïda. Finalement, Sylva Shalom ne passe que quelques heures, le 3 Mai, à Nouakchott et le Parti républicain démocratique et social, le P.R.D.S. soutenant le régime, appelle le 9 à « une mobilisation générale des religieux et de l’opinion publique ». Les oulémas sont priés d’ « éclairer l’opinion publique sur les dangers que constituent ces phénomènes séditieux pour notre peuple. » Pour la police mauritanienne, pas de doute, Al Qaïda recrute pour l’Irak, l’Afghanistan et des formations préalables dans les camps du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, G.S.P.C.

Mais pour l’organisation internationale non gouvernementale, qu’est l’International crisis group (I.C.G.), « la communauté internationale devrait se rendre compte que la menace terroriste existe à peine en Mauritanie, mais que des politiques erronnées pourraient contribuer à son émergence…En laissant croire que les islamistes sont liés aux rebelles armés, Ould Taya court le risque de mener l’Etat dans une impasse, le rendant dangereusement dépendant du seul soutien des Etats, malgré un mécontentement local croissant. Malgré l’approche répressive du régime, le nombre de sympathisants islamistes augmente et un mouvement islamiste pluriel se développe en Mauritanie. Une manière pour le gouvernement de détendre la situation et de rétablir la légitimité de l’Etat serait de cesser d’employer l’Islam comme prétexte pour interdire n’importe quel parti qui en réfère à l’Islam » [6]. Pour Hugh Roberts, directeur du projet Afrique du nord de l’I.C.G. : «  Au lieu de se concentrer seulement sur l’aspect militaire de sa ‘guerre contre le terrorisme’, les Etats-Unis, en association avec l’Union européenne, devraient encourager le gouvernement mauritanien à faire face à ses défis socio-économiques et culturels, et, surtout, ils devraient l’aider dans cette démarche ». Le putschiste de 1978 et de 1984, légitimé au sens de la « communauté internationale » par trois élections présidentielles, continuera de faire tout le contraire : ce sont ses derniers mois d’exercice du pouvoir.




Il avait été décidé que la « transition démocratique » de 2005-2007 se distinguerait de la première (celle de 1991-1992) en émancipant l’élection du nouveau Parlement du scrutin présidentiel ; elle le précèderait. D’autre part, les candidats pourraient être « indépendants » des partis [7] et se présenter donc sans eux, ni, une fois élu, sans obligation d’adhérer à un groupe plutôt qu’à un autre. Le système contraire, qui avait eu cours depuis les lois électorales du 7 Octobre 1991, loin de favoriser les partis soumis à autorisation par arrêté ministériel et dissous ou interdits par décret, permettait donc à tout moment d’écarter un ou plusieurs candidats tout simplement en supprimant le parti dont ils avaient l’étiquette. Elus respectivement les 19 Novembre et 3 Décembre 2006, et les 21 Janvier et 4 Février 2007, les députés et les sénateurs n’étaient pas entrés aussitôt en fonction et surtout n’avaient pas été élus selon les indications d’un président déjà en place qui indique les soutiens dont il a besoin pour remplir son mandat.  Cette façon de faire s’est révélée à l’usage de 2007-2008, désastreuse : le premier président élu par un scrutin pluraliste et internationalement contrôlé, en sus du bon fonctionnement d’une Commission nationale électorale indépendante (C.E.N.I.) nommée par consensus, s’est trouvé sans majorité parlementaire qui lui soit propre quand il a pris ses hautes fonctions, le 19 Avril 2007. Les quinze mois d’exercice effectif de la présidence de la République par Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi sont donc entravés dès le début. De surcroît, personne ne l’emportant au premier tour, la distribution des autres grandes fonctions politique doit tout au second tour de l’élection présidentielle, le 25 Mars 2007. L’écart entre les deux candidats restés en lice pour le second tour est faible au premier : quoiqu’en tête, Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’a obtenu que 24,79% des voix et Ahmed Ould Daddah, il est vrai favori, que 20,68%. Les reports de voix sont censément décisifs dans un pays de vieille tradition démocratique. S’ils ont correspondu en 2007 aux appels des personnalités éliminées, ce serait certainement un signe de maturité. 

Le premier tour – le 11 Mars – avait accordé la troisième place, avec 15,27 % des voix au cadet des candidats : Zeïne Ould Zeidane, né en 1966 à Nouakchott, qui venait d’être gouverneur de la Banque centrale (de Juillet 2004 à Septembre 2006), donc nommé par le régime renversé le 3 Août 2005. Il avait résigné ses fonctions pour se porter candidat, et parut un temps avoir la faveur de la junte. Manquant le poste suprême, il revendique la place de Premier ministre et est pressé. Son score et la faveur des militaires le rendent décisif : il fera élire le nouveau président de la République. Il se tourne vers le candidat de tête, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, mais ne lui promet son soutien qu’en contrepartie d’un accord signé portant sur l’ensemble de la législature : il serait Premier Ministre et une partie de son programme serait prise en compte. Les colonels poussaient à cet accord, représentant à Sidi Ould Cheikh Abdallahi que l’essentiel serait ce soutien et qu’ensuite, élu, le nouveau président serait libre de faire ce qu’il voudrait, sinon d’ignorer sa propre signature… Sidi Ould Cheikh Abdallahi, sens de sa dignité autant qu’habileté, refusa catégoriquement : il préférait ne pas être élu plutôt que d’accepter le marché. Zeïne Ould Zeidane attendit trente-six heures pour se convaincre que le candidat ne céderait pas. L’accord – écrit – fut donc très différent de celui qu’il proposait. Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne s’engageait qu’à le nommer le premier dans la future succession de Premiers ministres. De fait, Zeïne Ould Zidane ne gouverna qu’un an et son renvoi mécontenta certainement les militaires mais le Président de la République qui avait conservé, par devers lui, la lettre de l’accord, ne la transgressait pas, contrairement à ce qu’il fut prétendu.

Nommé dès le 20, Zeine Ould Zeïdane forme le gouvernement le 28 Avril 2007 [8].


Conrairement à l’image qui en a été répandue, le nouveau Président de la République n’est ni un faible ni un autoritaire. Pour ceux qui ne l’ont pas trahi, il apparaît un homme de principes et de patience, décidé à enraciner, très pratiquement, des comportements constitutionnels et démocratiques. Arrivant au pouvoir, conscient de ce que trente ans de régimes autoritaires ont produit sur le pays et sur ses compatriotes, il est – dans son for intérieur – très tenté par la formation d'un Gouvernement d'union nationale. La majorité parlementaire, précisément parce qu’elle est composée d'indépendants, l'ayant appris, pèse aussitôt pour qu’il ne le fasse pas. Mais ce qui est déterminant pour que l’élu du 25 Mars 2007 ne forme pas un gouvernement de la nature qu’il veut, c'est l'impossibilité technique de le faire. Aucun des indépendants qui entrerait au gouvernement ne serait considéré par d'autres indépendants comme les représentant et ceux-ci en voudraient, d’emblée, au nouveau pouvoir de ne pas les avoir nommés de préférence aux premiers. Il faudra donc que Sidi Ould Cheikh Abdallahi attende la création du parti ADIL pour former ce gouvernement politique, largement ouvert à l'opposition. Malheureusement, le R.F.D. d’Ahmed Ould Daddah choisira de ne pas y entrer, contrairement à l'U.F.P. de Mohamed Ould Moloud et les Islamistes (Tawassoul).

Le Président demande donc au nouveau Premier ministre de ne pas former un gouvernement politique : il sera présenté comme une équipe de techniciens. Zeïne Ould Zeidane doit donc lui proposer des cadres compétents, non soupçonnés d'avoir fait de la mauvaise gestion et n'ayant pas été mêlé à des querelles politiques. Il y en a, heureusement… le Président lui fait, de son côté, connaître ceux qu’il destine à la présidence de la République, à l'Intérieur (pour lequel il a choisi un compatriote du Fleuve, en prévision du retour des réfugiés au Sénégal et au Mali), à la Défense (ce doit être l’inamovible Mohalmed Mahmoud Ould Mohamed Lemine), à la Justice  (mais la personnalité pressentie préfère demeurer à la Banque Mondiale, le susbtitut sera trouvé par le Premier ministre et le Président, ensemble), aux Affaires Etrangères (mais en accord avec le Premier ministre) et aux Finances. Messaoud Ould Boulkheir communique le nom des quatre siens, comme convenu pour son soutien en vue du second tour. Les autres nominations sont faites, sur proposition du Premier ministre, éventuellement avec une alternative quand un premier nom n’agrée pas le Président. Ce dernier ne fait la connaissance de la plupart des futurs ministres qu’au moment de leur proposer leur portefeuille… tous ne seront pas reconduits dans le premier gouvernement  Waghf. Celui-ci sera de nature toute différente : explicitement politique, et les différents partis – ceux ayant accepté le principe d’en faire partie – auront donc proposé  des noms. Ce n’est que pour former le second gouvernement Waghf, que le Président consultera les généraux et tiendra compte de leur avis des généraux, précisément en vue de mettre fin à la crise. Les militaires ont donc pu, alors – à quelques jours du coup – récuser certaines personnalités et en  suggérer d'autres. A la manière de Moktar Ould Daddah, ne nommant qui que ce soit qui n’ait d’abord donné son accord, ne renvoyant jamais quelqu'un sans lui en avoir directement donné auparavant les raisons, Sidi Ould Cheikh Abdallahi pratique, par conviction, la délégation des pouvoirs et a demandé au très jeune Premier ministre d'en faire autant, lui-même et chacun de ses ministres. Il aurait fallu du temps pour faire accepter autre chose qu'une concentration forte des pouvoirs, signe pour beaucoup de l'autorité, de la force – en Mauritanie... et ailleurs.

L’équipe ne comprend donc aucune des personnalités marquantes des gouvernements précédents qu’ils aient été ceux du colonel Ould Taya, ou ceux du colonel Ely Ould Mohame Vall. Elle ne comprend pas non plus de proches d’Ahmed Ould Daddah, l’adversaire du second tour. Le clivage majorité/opposition est donc clair. A celui qui compte donc, alors, trois défaites à l’élection présidentielle mais aurait dû l’emporter en 1992, selon beaucoup, il est – de droit – attribué  ce qui avait été imaginé pendant la « transition démocratique » : le rôle de chef de file de l’oppostion pour la personnalité présidant la formation la plus représentée au Parlement. Le R.F.D. a quinze députés sur 95 à l’Assemblée, et onze sur 53 au Sénat. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi fait prendre les textes nécessaires dès sa propre prise de fonction, dispositions prévoyant des facilités matérielles que le chef du R.F.D. partagera de fait avec les autres personnalitésde l’opposition, notamment pendant l’année putschiste, et une rencontre au moins trimestrielles avec le chef de l’Etat : ce sera observé pendant les quinze mois de pouvoir de l’élu du 25 Mars 2007, ce ne l’est pas par l’élu du 18 Juillet 2009 – en contravention d’ailleurs avec le chapitre VII des accords dits de Dakar entre les opposants et le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

L’avant-veille, le 26 Avril 2007, Messaoud Ould Boulkheir, arrivé quatrième le 11 Mars, avec près de 10% des suffrages, est élu président de l’Assemblée nationale : selon la Constitution, il l’est pour toute la durée de la législature en sorte qu’il faut dissoudre la Chambre si on veut le remplacer. C’est certainement ce qui fut envisagé à plusieurs reprises d’abord par le putschiste du 6 Août 2008, puisque dès le 10, le président de l’Assemblée nationale avait condamné le fait du coup militaire, puis, le 18, avait déclaré illégale toute session extraordinaire qui ne serait pas convoquée par le président, précisément renversé. Il fait partie aujourd’hui de la Coordination de l’opposition démocratique (C.O.D.), fondée le 5 Décembre 2009, dont il vient d’assumer la présidence tournante jusqu’il y a huit jours. Dissolution encore envisagée à l’automne par l’élu du 18 Juillet 2009 (scrutin où Messaoud Ould Boulkheir obtint la seconde place sans pourtant provoquer un second tour qui eût été électoralement fatal au général Mohamed Ould Abdel Aziz) et que le président de l’Assemblée nationale a fait éviter jusqu’à présent, en reconnaissant le fait accompli à l’ouverture de la première session parlementaire du nouveau mandat, le 9 Novembre 2009 [9]. Son élection a été imposée à la majorité parlementaire – composée d’indépendants réputés pour beaucoup n’avoir été élus que par le soutien des militaires les dispensant de faire allégeance à un parti. Il est élu par 91 voix sur 93 présents (l’effectif total de la chambre « basse » étant de 95 membres), les deux autres voix sont allées respectivement à Babah Ould Ahmed Babou (député de Kobenni) et El Arbi Ould Jideyne (député de Chinguitti), ancien chef d’état-major national, et qui, soutenant le coup du 6 Août 2008, présidera l’Assemblée en tant que vice-président pendant toute l’année putschiste. Un accord également écrit entre Messaoud Ould Boulkheir et le futur président Sidi Ould Cheikh Abdallahi prévoyait que celui-ci, élu, recommanderait ce choix à ses soutiens parlementaires du Mithaq (la Charte), mais ceux-ci n’auraient pas suffi puisque le Rassemblement des forces démocratiques, le R.F.D. présidé par Ahmed Ould Daddah, candidat malheureux pour la troisième fois, dispose de quinze sièges, et que le parti de Messaoud Ould Boulkheir : l’Alliance populaire progressiste A.P.P. compte cinq députés. En sus, ce parti a obtenu quatre portefeuilles dans le gouvernement à former. Toutes promesses tenues (à un portefeuille près), mais au-delà du moment, elles ont manifesté une alliance véritable, toujours valable, puisque Sidi Ould Cheikh Abdallahi, à la suite de sa démission du 26 Juin 2009, a soutenu la candidature présidentielle du président de l’Assemblée nationale.

Arrivé cinquième le 11 Mars, avec 7,94% des voix, soit le meilleur score qu’ait jamais obtenu un candidat originaire de la Vallée du Fleuve, Ibrahima Moctar Sarr n’ayant soutenu personne au second tour et seulement appelé à un gouvernement d’union nationale, ne reçoit rien. Cve gouvernement-même d’union nationale correspond au vœu intime de l’élu du 25 Mars mais le nouveau Président de la République en est empêché et ses soutiens – élus et notables – souhaitent au préalable que soit créé un parti les regroupant et que « bénisse » Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Celui-ci charge du projet Yahya Ould Waghf, seule personnalité de toute l’équipe qui ne se soit pas impliqué avec les précédentes, et il est bien décidé à éviter, précisément que ce soit la reconstitution du « Parti-Etat » qu’avait été le P.R.D.S. pour Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya. Ce ne sera pas compris, ni de l’opposition démocratique, ni des militaires, quand Zeine Ould Zeïdane aura à céder la place et que les islamistes entreront enfin au gouvernement..

Le 27 Avril 2007, c’est l’élection du président du Sénat, elle n’est pas convenue d’avance d’avance mais elle va peser lourd. C’est le député de Maghama, un ancien ministre des Pêches du colonel Ould Taya, après avoir fait partir des rafles d’originaires de la Vallée du Fleuve en Septembre 1986 : Ba Mamadou dit M’Baré. Quarante voix pour lui contre onze au candidat présenté par le R.F.D. : Ahmed Salem Ould Bakar. Le président du Sénat, selon la Constitution, assure l’intérim en cas de vacance de la présidence de la République ou d’empêchement du président. Au lieu de prendre l’intérim dès le 6 Août 2008, quand Sidi Ould Cheikh Abdallahi commence d’être détenu, M’Baré le recevra du putschiste, le 15 Avril 2009, donc pour l’apparence d’un montage légaliste faisant accroire que le général Mohamed Ould Abdel Aziz avait chef de l’Etat jusqu’à démissionner de telles fonctions. Constitutionnellement, le président du Sénat n’aurait dû l’assumer qu’à compter du 26 Juin. Il avait pourtant commencé par être solidaire, au lendemain du putsch, de la position du président de l’Assemblée.



[1] - plusieurs sites internet mauritaniens et Al Jazeera, le 31 Octobre 2004, les ont diffusées 

[2] - la défense assumée par M° Brahim Ould Ebety, de tous les combats de ce genre depuis… 1983, a été décisive

[3] - Depuis  quelques jours, les familles des prisonniers politiques detenus à Ouad Naga se plaignent de la maltraitance, des conditions d'hygiéne déplorables, des tortures, le manque de sommeil et de soins adaptés aux maladies ,ajoutés à tout cela une gréve de la  faim en vue d'obtenir une  amélioration de leurs conditions de detention qui  s'empirent au jour le jour, au seul vouloir des géoliers zélés.
Aujourd'hui même 19 Avril  2005  notre organisation  contre les violations des Droits Humains, ( OCVIDH)  vient de collecter des informations concordantes , attestant, l'ignominie et la terreur et l'inacceptable  dans cette prison mouroir de Ouad Naga.C'est à ce titre de la lutte contre ces abus et traîtements inhumains,et forte  de l'éxpérimence sur l'issue fatale de ces prisons que l'OCVIDH interpelle la communauté internationale pourque drame ne puisse se  reproduire   comme les années 1989, 1990  et 1991 ou plusieurs centaines de militaires et civils ont péri en toute impunité dans ces camps de repressionappel du 19 Avril 2005

[4] - Agence France Presse . 13 Avril 2005 

[5] - Agence France presse . 27 Avril 2005

[6] - Agence France presse . 12 Mai 2005

[7] - ceux-ci faillirent rompre à ce propos avec la junte (le Conseil militaire pour la justice et la démocratie) qui au contraire y tenait mordicus et l’imposa – l’avenir a montré que ce point est décisif pour la démocratie, l’actuelle Assemblée nationale est toujours celle élue à la fin de 2006 : « 4° Le problème des candidatures indépendantes demeure posé et doit faire l’objet de concertation entre le Pouvoir de transition et les  partis politiques. Il ne s’agit pas à propos de cette question d’un débat juridique même si l’on peut se prévaloir de la nécessité de justifier la restriction de la règle générale de liberté pour des motifs d’ordre sociologique, historique, culturel et social. Il s’agit en effet d’un débat sur l’opportunité politique dans le contexte actuel du pays. Abstraction de la nécessité de substituer les partis aux oranisations traditionnelles dont on connaît les mérites et les anachronismes, les candidatures indépendantes peuvent aiguiser les conflits locaux, favoriser l’émergence d’un parlement composé d’individus et non de groupes ayant un réflexe collectif et pouvant réfléchir aux problèmes à l’échelle nationale. En tout état de cause, les partis politiques dégagent toute responsabilité en cas d’émergence d’un parlement dominé par quelques trbus, et où , les souches sociales déshéritées, ni les groupes traditionnellement satellites ne figurent. » - point 4 du mémorandum des partis politiques – Mars 2006

[8] - Ministre de la Justice: Limam Ould Teguedi ;
-
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération: Mohamed Saleck Ould Mohamed Lemine ;
-
Ministre de la Défense nationale: Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine ;
-
Ministre de l'Intérieur: Yall Zakaria ;
-
Ministre de l'Economie et des Finances: Abderrahmane Ould Hamma Vezzaz ;
  -
Ministre de l'Education Nationale: Nebghouha Mint Mohamed Vall ;
-
Ministre des Affaires islamiques et de l'Enseignement originel: Ahmed Vall Ould Saleh ;
-
Ministre de l'Emploi, de l'Insertion et de la Formation professionnelle: Cheikh El Kébir Ould Chbih ;
Ministre de l'Equipement, de l'Urbanisme et de l'Habitat: Mohamed Ould Bilal ;
- Ministre des Transports: Ahmed Ould Mohameden ;
-
Ministre de l'Hydraulique, de l'Energie et des TIC:
Oumar Ould Yali ;
-
Ministre de la Culture et de la Communication:
Mohamed Vall Ould Cheikh ;
-
Ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'Administration:
Aziz Ould Dahi ;
- Ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile :
Mohamed Mahmoud Ould Brahim Khlil;
;- Ministre Chargé de la Promotion Féminine, de l'Enfance et de  la Famille : Fatimetou Mint Khattri
 - Ministre chargé de la Jeunesse et des Sports : Mohamed Ould Ahmed Ould Yerg
- Ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Environnement : Aicha Mint Sidi Bouna;
- Ministre délégué auprès du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, chargé du Maghreb arabe : Mohamed El Hafedh Ould Ismael;
- Secrétaire Général du Gouvernement : Abdellahi Ould Limam Maleck
- Commissaire Chargé de la Protection Sociale : Mohamed Ould Mohamedou
- Délégué Général pour la Promotion de l'Investissement Privé : Mohamed Abdellahi Ould Yaha
 
[9] - vous n'êtes pas sans savoir que je me suis abstenu depuis le 20 Août 2008, de présider tout travail parlementaire, et ce après m'être opposé, par principe, à toute forme de collaboration avec un régime militaire qui a subitement mis fin à une expérience démocratique saluée par tous aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Un coup d'Etat qui a plongé le pays dans une phase d'instabilité interne et d'isolement politique et économique externe. Néanmoins, grâce à Allah le Tout Puissant, à la sagesse des fils du pays et la solidarité de pays frères et amis, la Mauritanie a pu dépasser cette phase dangereuse de son histoire en organisant les élections du 18 Juillet 2009, réussissant ainsi à désamorcer une crise constitutionnelle qui était de nature à saper les fondements même de son unité nationale. Frères et soeurs, je considère sincèrement que les résultats issus de telles élections, en dépit des réserves que j'ai personnellement exprimées au lendemain de leur parution, constituent un important acquis que nous devons tous préserver tout en développant l'ouverture et le dialogue entre tous les courants politiques et sociaux et ce dans l'intérêt de notre pays, de sa stabilité politique et de son émancipation sociale, deux conditions essentielles pour tout développement économique. AMI extraits du discours

prélude à la guerre du Sahara, subie par la Mauritanie - selon les archives diplomatiques françaises - 1 -

bientôt en ligne

journal de maintenant - jeudi 31 juillet 2014

mercredi 30 juillet 2014

chronique d'Ould Kaïge - publié déjà dans Le Calame . 13 Avril 2010



63 .


15 Avril  1991   &    15 Avril 2008


Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya annonce une Constitution
et des élections présidentielle et parlementaires
&
Mohamed Ould Abdel Aziz se démet de ses fonctions
dans l’appareil putschiste et annonce sa candidature
à une élection présidentielle inconstitutionnellement anticipée




Le 15 Avril 1991, à deux heures du matin, le colonel Maaouyia Oul Sid’Ahmed Taya prononce  le discours d’usage pour l’Aïd el Fitr) : « Conformément au désir d’un grand nombre de nos compatriotes, un referendum sera organisé pour l’adoption d’une Constitution et ce avant la fin de l’année en cours. Après l’adoption de cette Constitution, des élections libres seront organisées pour choisir une Assemblée nationale et un Sénat. L’autorisation de la création de partis politiques sans limitation de nombre constituera la toile de fond de toute cette action ». Cet engagement vers le multipartisme et une Constitution au bout de treize ans de dictature militaire ne paraît spontané à personne. La rumeur court que le président du Comité militaire de salut national, au pouvoir personnellement depuis six ans et demi, tient ainsi des promesses faites au ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas, venu à Nouakchott au début du mois. Celui-ci avait été précédé, le 5 Mars, par Michel Vauzelle, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Les baassistes crient au « complot français ».

Dix mois auparavant (du 19 au 21 Juin 1990), à La Baule, en France, François Mitterand devant ses pairs africains d’expression française [1], a développé des thèses essayées quelques jours auparavant dans l’Océan Indien où il était reçu aux Seychelles, à Maurice, aux Comores et à Madagascar. Le président français, lui-même longtemps opposant dans son propre pays, se montre sensible à la critique de beaucoup d’Africains à l’encontre de systèmes nationaux autoritaires et corrompus ; il souhaite en dégager la France, mais avec prudence, se gardant de cette « forme subtile de néocolonialisme (qui consiste, remarque-t-il) à faire la leçon en permanence aux pays africains… Impossible de proposer un système tout fait… La France n’a pas à dicter je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s’imposerait de facto à l’ensemble des peuples ». Mais il conclut : « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ». L’Abbé Pierre, figure emblématique de l’humanitaire en France, aurait été approché par l’opposition guinéenne pour sensibiliser, à la veille-même du sommet de La Baule, le président de la rencontre… Sénégal, Ouganda, Gabon applaudissent. Le Togo assure que le multipartisme n’est pas d’actualité, le Rwanda fait valoir les chefferies traditionnelles, le Tchad relève la contradiction entre une rénovation politique et des pratiques financières internationales limitant les souverainetés nationales. L’évolution-type sera celle – à l’époque – de la République populaire du Congo où le comité central du Parti unique se prononce dès le 4 Juillet 1990 pour le multipartisme ce qui aboutit à une conférence nationale tenue à Brazzaville du 25 Février au 10 Juin 1991 : onze cent représentants de soixante-sept partis et cent trente quatre associations, présidée par l’évêque catholique d’une ville secondaire du pays. C’est le Bénin (ex-Dahomey) qui avait inauguré cette manière de transition, moyennant une conférence nationale tenue du 19 au 27 Février 1990, soit avant le sommet de La Baule, et – première en Afrique – le 24 Mars 1991, le président en place (général Mathieu Kérékou) est chassé par les urnes du pouvoir qu’il avait conquis par un putsch (26 Octobre 1972) [2].les urnes (victoire du Premier ministre, Nicéphore Soglo). Le Niger, plus tardivement, du 29 Juillet au 3 Novembre 1991, aura lui aussi sa conférence nationale. Le Burkina-Faso opte pour le multipartisme dès le 18 Janvier 1991. En revanche, la Guinée, dont le système politique, depuis la mort de Sékou Touré le 26 mMars 1984, n’a pas évolué, procède à un referendum constitutionnel le 23 Décembre 1990 et n’ira au multipartisme que le 3 Avril 1992.

Quoi qu’il en soit, Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya ne cache pas sa mauvaise humeur à son retour de La Baule. Les partisans du changement doivent se contenter d’élections municipales dans 208 communes les 7 et 14 Décembre 1990. A l’avant-veille du second tour, Ould Taya vante la « voie mauritanienne » vers la démocratie, mais sans multipartisme ni rétablissement de la Constitution. Le scrutin a cependant fait apparaître, notamment à Nouakchott, des organisations politiques même si les listes sont désignées seulement par des couleurs : crème (Messaoud Ould Boulkheir, ministre de 1984 à 1988), orange (Abderahmane Ould El Ghadi, profsseur d’économie à l’Université), vert (Cheikha Ould Boidya , patron des dockers), bleu (Dah Ould Cheikh, ministre de 1987 à 1989, qui emportera la mairie). Rétrospectivement, le scrutin, peu couru : 19% de participation au premier tour, pas 30% au second, et la campagne ne marquent guère puisque la fin de l’année est sinistrement marquée en Mauritanie par la nuit d’Inal (dakhlet Nouadhibou), au trentième anniversaire de l’indépendance : le 4 Décembre 1990, le ministre de l’Information, Mohamed Lemine Ould Ahmed, annonce l’arrestation d’un nombre indéterminé de personnes impliquées dans une tentative de coup d’Etat qui devait avoir lieu le 27 Novembre. Ce sont  des réfugiés au Sénégal qui l’auraient fomenté. Des représailles terribles, sans procès, à l’insu-même du conseil des ministres, se succèderont jusqu’à la fin de Mars 1991 : on ne parle alors que de deux cent morts dont les trente-trois par pendaison à Inal (Le Calame du 26 Février 2008 – chronique anniversaire du « tri » du 28 Février 1991). La réalité est plus du double. Quant aux rafles, pendant plus de deux mois, elles auraient concerné trois mille personnes, selon Amnesty international. Le 28 Mars 1991, alors qu’il se trouve en stage militaire, en France, à Fontainebleau, l’adjudant Cheikh Fall, demande l’asile politique : il témoigne aussitôt à Libération.

A défaut d’explications dans le moment ou de mémoires peut-être en cours de rédaction aujourd’hui, ce qui détermine au changement celui que beaucoup de compatriotes ressentent comme un dictateur sanglant, semble avoir été le renversement de son homologue malien. Des émeutes éclatent à Bamako, puis dans tout le pays, les 20 et 22 Mars 1991, elles sont réprimées par la force jusqu’au 25 : plus de cent cinquante morts. La conclusion est brutale, un coup d’Etat militaire met fin, le 26, aux vingt-deux ans du pouvoir absolu exercé par le tombeur de Modibo Keïta, le général Moussa Traoré, très peu gradé à l’époque de son « haut fait ». Constitution suspendue, Conseil de réconciliation nationale, arrestation de l’homme fort qui sera condamné à mort en 1997, accusé notamment d’avoir transféré à l’étranger douze milliards de francs donct six en Suisse. Il aura pour défense à son procès que tous ses homologues, en Afrique, font ou ont fait ainsi, « sauf le président Moktar » … !

Cinq jours avant le discours de fin du Ramadan, le 10 Avril 1991, avait circulé une lettre ouverte signé par une cinquantaine de cadres et personnalités dont le secrétaire général démissionnaire de la présidence de la République : Abdoulaye Baro, trois anciens ministres dont Messaoud Ould Boukheir, le président de la Ligue mauritanienne des droits de l’homme Ghali Ould Abdelhamid, notamment. Ils  réclamaient en lettre ouverte « l’avènement d’un véritable Etat de droit, la liberté d’opinion, d’expression et d’association » en référence aux promesses du 12 Décembre 1984 (Le Calame du 12 Décembre 2007 – chronique anniversaire) d’une restauration de l’Etat de droit. Selon eux,  « notre pays s’enfonce dans la dictature et le désordre. Votre régime a, en effet, imposé une politique de terreur sans précédent à l’ensemble de notre peuple et de discrimination raciste et chauvine à sa composante négro-africaine, tout particulièrement aux Hal-Pular’en… Aujourd’hui, les plus graves incertitudes pèsent sur l’existence même et la survie de notre patrie. La poursuite de la politique actuelle, en alimentant le cycle infernal répression-rébellion, ne peut que conduire à son éclatement au seul profit de puissances étrangères expansionnistes ». C’était commenter l’ouverture, le 9 Avril précédent à Idini, devant un tribunal d’exception et à huis clos, du procès de soixante-quatre « négro-mauritaniens » (Libération – quatre-vingt-treize selon l’A.F.P. Dakar) parmi quelque 1500 originaires de la Vallée du Fleuve, détenus depuis trois mois. C’était faire écho au tract de El Hor : « notre conscience individuelle et collective est profondément choquée ».

Le Conseil économique et social avait été annoncé lors du discours sur l’état de la Nation, le 28 Novembre 1990, quand le président du C.M.S.N. avait évoqué la poursuite du processus de démocratisation «  loin des échos de l’actuelle campagne internationale, de l’improvisation, de la précipitation et de l’aventurisme générateur d’instabilité et d’anarchie » et la préparation  « méthodique et consciente des citoyens ». Le président de cette institution qui n’est pas nouvelle [3], est nommé le 24 Avril : Deidar Ould Sidi Mohamed, précédemment professeur à l’Ecole normale de Nouakchott, en même temps que sont libérés soixante-quatorze originaires de la Vallée du Fleuve. Ce qui n’empêche pas la circulation d’une nouvelle lettre ouverte : des femmes de disparus réclament une commission d’enquête. Le 4 Avril, l’U.T.M. forte de ses 45.000 adhérents, l’avait déjà demandée, en même temps qu’un procès public des responsables. Mahmoud Ould Mohamed Rhady, le secrétaire général, réclame une conférence nationale sur le sujet : droits de l’homme = démocratisation. Le défilé du 1er Mai se fait sur ces thèmes. Le 23 Mai suivant, devant le ministère de l’Intérieur, manifestation de femmes noires réclamant de nouveau une commission d’enquête sur les disparus. Encore, le 12 Août, cent cinquante femmes qui seront brutalement dispersées : quarante seront blessées.

C’est dans cette ambiance – d’autant plus tendue qu’augmente soudainement le prix du pain tandis que sont bloquées les négociations salariales dans le secteur public, alors dominant – que va donc se préparer la première « transition démocratique » treize ans après le premier coup militaire. Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya a le mérite de la franchise. S’exprimant dans Le Monde, le 8 Mai , sur le processus de normalisation de la vie politique, il assure que tout sera achevé dans le délai d’un an au plus : « nous avons préféré commencer par la base plutôt que par le sommet car il fallait familiariser le peuple au jeu démocratique… la Constitution sera rédigée par le Comité militaire de salut national assisté de juristes » . Il n’est pas question d’associer les groupuscules, ceux-ci seront libres de la refuser par le referendum. Une conférence nationale comme ailleurs ? ce serait « ridicule et antidémocratique ». « Mal préparée », la brève expérience de mise en place d’un régime civil en Décembre 1980 « avait failli aboutir à de graves désordres » [4]. Quant au complot découvert en Novembre 1990, il s’est bien agi d’une « tentative de coup d’Etat minutieusement préparée et doublée d’une élimination de populations civiles » mais il n’y a plus de détenus politiques dans les prisons mauritaniennes. Enfin, selon le président du C.M.S.N., chef de l’Etat, la France a été partisane dans le conflit sénégalo-mauritanien de 1989 (Le Calame du 22 Avril 2009 – chronique anniversaire des événements des 24 et 25 Avril 1989 à Nouakchott et à Nouadhibou).

Aussi,  l’entente, le 12 Mai,  des formations d’opposition pour réclamer en lettre ouverte la tenue d’un forum démocratique et d’une Assemblée constituante (les unes tenaient pour une conférence nationale et les autres pour une Assemblée) est comptée pour rien. Hasni Ould Didi, le ministre des Affaires étrangères, qui, dans les derniers gouvernements du président Moktar Ould Daddah, avait été chargé du Commerce, des Transports puis de  la Justice, affirme qu’« aujourd’hui, la direction politique tire sa légitimité d’un consensus national mais aussi de la nécessité d’assurer la sécurité du pays ». Le referendum du 12 Juillet 1991, concluant à l’adoption de l’actuelle Constitution, sauf quelques amendements acceptés par le referendum du 25 Juin 2006, aura donc lieu sur un texte élaboré secrètement, sans que les partis politiques soient encore autorisés et sans que le pays ait été appelé – comme d’autres – à en délibérer à sa manière, c’est-à-dire en journées de concertation ou en conférence nationale.




Coincidence voulue ? c’est aussi le 15 Avril (2009) que « en respect de la loi et en application de ses dispositions, le général Mohamed Ould Abdelaziz a proclamé, mercredi soir au Palais présidentiel à Nouakchott, sa démission de la présidence du Haut conseil d'Etat et de la fonction de chef d'Etat ». Il l’avait organisée dans la matinée en réunion spéciale de la junte [5]
Les divers communiqués ne précisent pas comment le démissionnaire était entré dans ces fonctions. Le Haut Conseil d’Etat demeure en place jusqu’à son auto-dissolution, le 28 Juin, date à laquelle il constituera le Conseil supérieur de la défense nationale, apparemment au sens de l’article 34 de la Constitution qui en confie d’ailleurs la présidence au chef de l’Etat [6]. En réalité, la junte se maintiendra – encore aujourd’hui – à l’appellation près dans la mission qu’elle s’est donnée en renversant le 6 Août 2008, le président de la République élu le 25 Mars 2007. Cette mission lui a fait prendre la suite des comités militaires qui, depuis le renversement du président Moktar Ould Daddah, le 10 Juillet 1978, assurent que chacun d’eux « est, par la volonté des forces armées dont il est l’émanation, le seul dépositaire de la souveraineté et de la légitimité nationale » [7]. « Confiantes en la toute-puissance d’Allah (les Forces armées s’affirment) dépositaires en dernier recours de la légitimité nationale. » [8]

En revanche, la fonction de chef de l’Etat, prévues et décrites par les articles 23 et 24 de la Constitution, est élective et c’est pour l’occuper dans les formes constitutionnelles que le putchiste est candidat à l’élection prévue pour avoir lieu le 6 Juin. Qu’il en ait porté le titre dès le 11 Août 2008 [9], ne correspond pas même à l’ordonnance de portée constitutionnelle que la junte a publiée le 11 Août 2008 (analyse dans Le Calame du 19 Août 2008) : son article 2 [10] prévoit au contraire un exercice collégial des fonctions qui ont été arrachées au président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. L’intérim que vient aussitôt exercer le président du Sénat [11] n’est donc ouvert à aucun égard puisque le général Mohamed Ould Abdel Aziz ne peut se démettre d’une fonction qui n’est qu’élective et que même ses propres textes ne lui avaient pas attribuées [12]. Parodiant la démarche de 2005-2006, une Commission nationale électorale indépendante est composée par le dernier conseil des ministres que préside le général putschiste, juste avant de démissionner : au contraire de la précédente, elle n’est pas nommée par consensus mais unilatéralement par le futur candidat. Le même Conseil entend de lui « une communication relative à ses visites à l'intérieur du pays. A cette occasion, le Conseil présente ses félicitations aux populations, élus locaux et acteurs de la société civile des deux Hodhs, du Guidimagha, du Tagant, de l'Adrar et de Dakhlet Nouadhibou pour leur accueil chaleureux et leur mobilisation qui dénotent de leur prise de conscience et de leur engagement aux orientations du mouvement de rectification du 6 Août. Le Président du Haut Conseil d'Etat a renouvelé ses instructions au Gouvernement à persévérer dans la réalisation de son programme en mettant un accent particulier sur la rigueur dans la gestion en vue d'améliorer autant que possible les conditions d'accès des populations aux services sociaux de base. »

En réalité, le putchiste du 6 Août 2008, dont le régime fait l’objet des sanctions de l’Union européenne depuis le 3 Avril 1991, joue le scenario présenté par son compère le général El Ghazaouani au secrétaire général de l’Elysée, à Paris, alter ego du président français, Nicolas Sarkozy. Un maintien au pouvoir pourvu qu’il sorte des urnes et qu’un abandon de l’uniforme et de la possession d’état des fonction briguées fassent illusion. En revanche, le programme du candidat est à sa totale discrétion et plus encore le ton de sa campagne, qui ne dévie pas du discours tenu depuis le matin du putsch. L’annonce de la démission [13], le soir du 15, plus encore qu’un discours-bilan est le rappel d’une manière d’être au pouvoir par opposition à « une poignée de citoyens (qui) réclamaient, et continuent de le faire, des sanctions contre notre pays pour la seule raison qu'ils ont perdu la source de leurs intérêts personnels et que leurs poches ont commencé à s'assécher des revenus illicites. Ces gens là, le peuple mauritanien a découvert leur jeu dès les premiers moments et le monde autour de nous est désormais conscient de leurs manoeuvres après la lumière faite sur les rumeurs tendancieuses et les mensonges trompeurs. » L’opposition est prévenue : soit elle n’existe pas, soit elle sera sanctionnée. « Il ne fait pas de doute que le mouvement de la rectification a renforcé l'esprit de lutte, en particulier parmi les jeunes et les femmes qui sont des franges aspirant mieux que toute autre à dépasser la situation où prévalent le chômage et la pauvreté et à bénéficier d'un environnement meilleur empreint de liberté, de justice et d'équité. Le mouvement du 6 août a également favorisé un plus grand éveil parmi les citoyens désormais enclins à revendiquer leurs droits dans le respect de la loi et des normes civiques, loin de toute anarchie et de toute atteinte à l'ordre public.  Et contrairement à ce que certains milieux prétendent, la liberté d'expression s'est consolidée ces derniers temps et il n'y a plus aucun  prisonnier d'opinion dans le pays et ce, en dépit des atteintes criantes que commettent, à coup de provocations et de mobilisation, certains parmi les nostalgiques de la gabegie. Je voudrais souligner de nouveau que les forces de l'ordre traiteront avec toute la rigueur tous ceux qui essayeraient, d'une manière ou d'une autre, de transgresser la loi. En tout état de cause, celle-ci demeurera de mise dans le pays et tout celui qui essayera de la transgresser fera l'objet de rigoureuses sanctions, quel qu'en soit le prix .»  Quant à la situation du pays, le 12 Avril, à Nouadhibou, le général Mohamed Ould Abdel Aziz en a redonné la synthèse. Elle a le mérite de situer les responsabilités et d’en dater l’origine : la date-même de l’indépendance ! Il y aura ensuite deux contradictions à commettre, l’une d’appeler à juxtaposer 1960 et 2009, photos. affichées, l’autre de dénoncer le colonialisme. « De par ce que nous avons vu, nous pouvons certifier du niveau de votre conscience de l'importance de ce changement dont le peuple mauritanien a été le premier et le dernier bénéficiaire ", a affirmé le chef de l'Etat .
Il a indiqué que la ville de Nouadhibou mérite beaucoup plus que la réalité dans lequel elle se trouve aujourd'hui, relevant qu'elle manque d'infrastructures et de services sanitaires et sociaux et que ses richesses ont été pillées pendant près de 5 décennie. Le chef de l'Etat a aussi dit que la gabegie a touché tous les aspects de la vie en visant des secteurs vitaux comme l'enseignement, la santé et la justice. Il a révélé avoir reçu des informations affirmant que certains enseignants pratiquent des travaux n'ayant aucun rapport avec leur domaine au moment où ce secteur est dans le plus grand besoin de cadres compétents. Pour lui, cela ne relève pas de la responsabilité des enseignants mais plutôt de celle des administrations et régimes qui se ont succédé au pouvoir depuis l'indépendance .
» Nouadhibou, 13 avr (AMI)  
Alors qu’en 1991, l’environnement international – sinon la communauté internationale, concept seulement naissant et à propos de la premièree guerre du Golfe, tous contre l’Irak ou presque (la Mauritanie n’en était pas) – avait joué un rôle décisif pour poussert l’autocratie militaire vers l’Etat de droit, en 2009, ce sera une influence inverse. Contrairement aux assertions du président de la République française en conférence de presse conjointe à Niamey [14] avec son homologue nigérien en principe interdit de briguer un troisième mandat – ce qu’il transgressera peu après et causera sa chute – il existe en Mauritanie une opposition expresse au processus putschiste. Si le principal parti d’alors – le Rassemblement des forces démocratiques R.F.D. – a manifesté sa compréhension pour le renversement de l’élu du 25 Mars 2007, en revanche, il fait de la candidature de l’homme au pouvoir de fait, le casus belli. Il a refusé de participer au gouvernement faute d’engagement des militaires de ne pas se présenter au prochain scrutin et il n’a pas avalisé le compte rendu des « états-généraux de la démocratie » qui, au contraire, présagent déjà cette candidature. Le boycott de l’opposition est donc certain qu’il s’agisse de ce parti ou de la coalition du Front national pour la défense de la démocratie F.N.D.D. qui persiste à faire du retour au pouvoir du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi le préalable de toute anticipation du calendrier électoral constitutionnel. De fait, quatre candidatures seulement sont enregistrées, elles sont toutes favorables au fait-même du putsch, sinon au putschiste candidat [15]. C’est la communauté internationale – explicitement conduite par la France pendant les trois phases de la négociation dite de Dakar – qui imposera, extraordinaire marché de dupes, à l’opposition, soit d’opportunité (le R.F.D.), soit de principe légitimiste (le F.N.D.D.) de participer à l’élection présidentielle, moyennant trois concessions de pure forme du putschiste : 1° reculer au 18 Juillet la date du premier tour, ce qui ne permet pas davantage qu’à la date précédemment décidée, un contrôle effectif des opérations (l’Union européenne experte en la matière, a besoin de trois mois), 2° composer consensuellement la Commission électorale (ce sera fait le 1er Juillet, mais son nouveau président démissionnera le soir-même du scrutin…), 3° former un gouvernement d’union nationale mais sans que change le Premier ministre. Abandonné par tous les opposants de première ou de dernière heure, le seul acteur non dupe, le président renversé ne pourra pas refuser sa signature : personne, dans le moment, ne l’aurait compris. Sidi Ould Cheikh Abdallahi rend alors régulière l’anticipation de sa succession et permet à la communauté internationale de se satisfaire du scrutin – de son résultat – avant même que les autorités nationales elles-mêmes l’aient proclamé.
Le colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya qui n’avait pas eu onze mois, mais sept ans pour préparer son élection et une « démocratie de façade », avait fait moins bien…


                                                                  



[1] - depuis Février 1978, la Mauritanie participe au sommet franco-africain périodique mais informel. A la Baule, trente cinq délégations autour du président de la République française dont vingt-deux conduites par un chef d’Etat : absents de marque cette fois-là Félix Houphouet-Boigny et Mobutu Sese Seko. A la francophonie, se sont joints l’Ougandais Yoweri Museveni, président en exercice de l’Organisation de l’Unité africaine, et le mozambicain Joaquim Chissano. La Namibie, indépendante depuis le 21 Mars 1990, est représentée.

[2] - il est vrai qu’il prendra sa revanche sur Nicéphore Soglo le 18 Mars 1996 et l’emportera à nouveau le 22 Mars 2001

[3] - mais elle avait été supprimée par une loi du 4 Mars 1968
 
[4] - l’homme fort d’alors, le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla avait, le 12 Décembre 1980, annoncé dans une déclaration radiodiffusée,.un gouvernement civil : le Premier ministre sera responsable devant le C.M.S.N. qui « entend naturellement continuer à contrôler et orienter l’action du gouvernement jusqu’à la mise en place effective des institutions démocratiques » ; il sera « chargé en particulier, tout en consolidant les acquis dans tous les domaines de préparer la mise en place des institutions démocratiques » ; une Constitution sera soumise à referendum (la date prévue était le 8 Mai 1981). Le président du Comité militaire avait conclu : « j’en appelle maintenant au sens civique et à la maturité de tous les Mauritaniens pour saisir la portée et l’importance d’une telle décision » et le 15 Décembre avait été formé le gouvernement civil, avec pour chef, Sid’ Ahmed Ould Bneijara, premier ministre de fait “chargé de l’exécutif” . Le 16 Décembre, un communiqué du C.M.S.N. avait  annoncé l’adoption du projet de Constitution avec instauration du multipartisme qui « garantira les libertés et écartera à jamais la menace de la dictature ». Mais la tentative de renversement du régime, perpétrée par deux anciens membres du Comité militaire, le 16 Mars 1981, avait fait renoncer à tout et c’est un militaire : le lieutenant-colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, qui avait remplacé le Premier ministre civil.

[5] - selon son communiqué, « le Haut Conseil d'Etat a examiné et adopté l'ordonnance constitutionnelle N° 2009/001 modifiant et complétant l'ordonnance constitutionnelle n° 2008/002 du 13 août 2008 régissant les pouvoirs provisoires du Haut Conseil d'Etat. Par ailleurs, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a, à cette occasion, annoncé sa démission de ses fonctions de Président du Haut Conseil d'Etat, Chef de l'Etat. »

[6] - « Mauritanie / Politique / Défense
Communiqué du Conseil Supérieur de Défense Nationale
Nouakchott - 28 - juin - (AMI) -Le Conseil Supérieur de Défense Nationale a salué l'évolution positive des négociations et l'entente conclue entre les protagonistes favorisant un nouveau climat politique dans le pays empreint de sérénité et de concorde nationale, gages d'une bonne élection présidentielle le 18 juillet 2009 .
Le Conseil Supérieur de Défense Nationale rappelle, pour sa part, que si les forces armées et de sécurité ont pris leurs responsabilités le 6 août 2008, c'était bien pour sauver le pays et défendre les acquis démocratiques .
Dix mois se sont écoulés au cours desquels tout a été mis en oeuvre pour améliorer les conditions de vie des citoyens, rétablir l'autorité et la crédibilité de l'Etat et enfin préserver les libertés individuelles et collectives .
Aussi, l'on ne peut que se féliciter aujourd'hui que le processus engagé par les forces armées et de sécurité a conduit à un consensus national qui s'est traduit par des accords conclus entre les trois pôles démocratiques mauritaniens .
C'est dans ce contexte que l'institution ayant dirigé le mouvement du 6 août 2008 a pris l'appellation de Conseil Supérieur de Défense Nationale .
Ce dernier, conscient de ses responsabilités envers la Nation, entend accomplir ses tâches conformément à la constitution et aux lois dela République.
 Le Conseil Supérieur de Défense Nationale restera toutefois vigilant vis-à-vis de toute action tendant à porter préjudice au climat de paix et de sécurité dans le pays .
Enfin, le Conseil Supérieur de Défense Nationale tient à saluer l'effort considérable consenti par les médiateurs internationaux en vue de rapprocher les points de vue des 3 pôles politiques mauritaniens. Il tient aussi à féliciter les dirigeants de ces trois pôles mauritaniens pour leur sens élevé de responsabilité et leur capacité à parvenir à une solution consensuelle »

[7] - J.O.-R.I.M. 30 Mai 1979, p. 241 – 23 Septembre 1981, p. 408 – 27 Mars 1985, p. 149
   
[8] - J.O.-R.I.M. 25 Avril 1979, p. 223

[9] - premières dépêches d’AMI lui donnant ce titre :
Mauritanie / Redressement
L'initiative du regroupement des cadres du changement déclare son appui au Haut Conseil d'Etat
Nouakchott, 11 août (AMI) -   L'initiative du regroupement des cadres du changement a déclaré lundi soir à Nouakchott lors d'un meeting son appui au Haut Conseil d'Etat sous la conduite du général Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef de l'Etat.
 M. Mohamed Ould Maawiya a, au nom de l'initiative, indiqué que ce regroupement englobe un certain nombre de parlementaires de chefs de partis politiques, de promoteurs d'initiatives et de personnalités importantes qui ont pris conscience du danger de la dérive qui menaçait le pays.   . . .
  
Mauritanie / Mouvement du redressement
Des partis et des institutions de la société civile organisent une marche de soutien au Haut Conseil d'Etat
Nouakchott, 11 août (AMI) -  Des partis politiques, des syndicats de travailleurs, des regroupements de commerçants et des organisations de la société civile ont organisé lundi soir à Nouakchott une marche populaire de soutien au Haut Conseil d'Etat sous la conduite du général Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef de l'Etat.