mercredi 4 mai 2011

un blog passionné et passionnant - celui de Mouna Mint Ennass




Maurichronique

http://mouna-ennass.blogspot.com/





Quoi, donc ? Tout simplement un blog qui essaie de faire connaître l'homme qui tient le pays depuis 2005. De gauche à droite, de droite à gauche, des riches aux pauvres, tous les Mauritaniens ont été trompés par cet homme qui excelle dans l'imposture. Il croit qu'en fustigeant le voleur, il devient un homme juste et probe. - sous-titre – en ligne le 20 Avril 2011

mercredi 16 mars 2011

Chronique sur mon Président

Je m’efforcerai, à travers cette chronique, à m’interroger et à interpeler les lecteurs sur le premier citoyen public du pays, Mohamed Ould Abdel Aziz. J’aborderai, en premier lieu, ses rapports circonstanciés avec ses partenaires politiques, l’opposition, ensuite sa majorité, en essayant de faire la lumière sur sa relation avec ses collaborateurs de l’administration publique. Je ne manquerai pas d’évoquer ses tendances d’ubiquité, son rapport avec l’argent et bien d’autres faces cachées de l’homme.
L’on est en droit, en ces jours de grands questionnements, de se poser la question sur les méthodes de l’homme. Quel est le secret qui fait la force de Mohamed Ould Abdel Aziz ?

Mohamed Ould Abdel Aziz régente la République depuis 2005. Il a traîné, en laisse, toute la classe politique. Pas un seul leader politique n’a échappé à ses turlupinades. Tour à tour, nos honorables leaders hommes politiques ont défilé dans le cirque de ce militaire, d’abord, colonel, puis général, ensuite chef d’Etat putschiste et enfin président de la République. Chacun a, à un moment donné, servi, gracieusement, le dessein de cet homme qui tient, aujourd’hui, le pays d’une main de fer. De Messaoud à Ahmed Ould Daddah, d’Ahmed Ould Sidi Baba à Moussa Fall, de Mohamed Yehdhih Ould Moctar El Hassen à Louleïd Ould Weddad, de Jemil Mansour à Ould Mouloud, de Boidiel Ould Hoummeid à Dah Ould Abdel Jelil, la liste des comparses est longue, difficile à dérouler intégralement.
Certains, parmi ceux-ci, ont été roulés plus d’une fois. Ils seraient, peut-être, même, disposés à se faire ratatiner une autre fois, puis une autre. Mais, ce qui est surprenant chez le général c’est qu’il est parvenu à rassembler dans l’adversité deux entités, historiquement, opposées ; et qu’il s’est toujours permis de s’approprier les deux slogans brandis, naguère, par l’une à l’encontre de l’autre. Il ne se gêne pas, par exemple, de se mettre dans la peau, d’un Ould Daddah ou Messaoud, sous le règne de Maaouya, pour fustiger la gabegie de Louleid Ould Weddad ou Boidiel Ould Hommeid. Envers Ould Daddah et Messaoud, il répète, sans gêne, aucune, en s’inspirant de la même époque, des expressions comme opposition irresponsable et contreproductive. La prouesse c’est qu’il paraît, dans pareille posture, comme un esprit hors du commun. C’est comme s’il venait d’ailleurs. Du ciel. C’est, en quelque sorte l’image d’un Saint Esprit, exempt de tout soupçon. Un homme parfait, en somme ! Alors qu’il est le produit du même système dont il accable, aujourd’hui, ceux qui en furent les clients. Il est même, serait-on tenté de dire, un peu plus qu’un produit. C’est un pilier de ce système. Si, ceux qu’il se plait à appeler les roumouz El Vessad (symboles de la gabegie) devraient lui rendre la monnaie, ce ne sont pas les pièces, ni les liasses, qui feraient défaut...
A suivre


1 commentaires:

Bertrand Fessard de Foucault a dit…
Réédition. Vérifiez le mécanisme d'enregistrement.Bravo, chère Mouna. Vous êtes deux fois dans la plaque. D'abord pour le fait-même de ce blog. et que ce soit une femme de Mauritanie qui en ait l'idée et l'initiative. Elle correspond tout à fait à l'intuition du président Moktar Ould Daddah, soutenant à fond contre beaucoup de sexes masculins, Mariem Daddah fondant en 1962 la première Union féminine de Mauritanie, à Nouakchott.Deuxièmement, et surtout, vous êtes dans la plaque en posant si nettement la question essentielle, qui commande l'avenir mauritanien. Qu'est-ce qui fait la force de MOAA que tout le monde et que beaucoup croit encore un minable du côté mental et un peureux du côté physique (seconde assertion à vérifier, mais probable). Il a donné le change au président Sidi qui ne s'en est aperçu que trop tard. Il a donné le change à Ahmed Ould Daddah qui a cru recevoir de lui le pouvoir électif ou non à la suite du coup du 6 Août, puis à la suite des accords de Dakar qu'il le battrait aisément. Il donne le change selon quelques apparences qui se répètent à Messaoud Ould Boulkheir, à Yahya Ould Waghef. Dépend-il de son alter ego, El Ghazaouani que les Français ont testé à l'automne de 2008, quand ce dernier avait ses entrées à l'Elysée chez Claude Guéant, et qu'ils ont tenté de séparer de MOAA... en vain.Question donc décisive. Réponse attendue... de vous... des événements...Mais il y a les jeunes du 25 Février qui ne se laisseront pas avoir. En faites-vous partie ? les visitez vous ?Bertrand Fessard de Foucault, alias Ould Kaïge
17 mars 2011 01:55



mardi 22 mars 2011

Chronique sur mon Président


Entre mon président, mon général, Mohamed Ould Abdel Aziz et les sous, c’est une histoire assez longue, très longue. On ne sait vraiment pas depuis quand cette histoire serait-elle née. Cette relation, par ce que c’en est une. Une relation d’amour. Ce qui est sûr c’est que le général ne peut pas endurer le supplice de voir les sous chez les autres. C’est une trahison qu’il n’a jamais su pardonner. Il faut dire que le général est un homme jaloux. Et, toute sa virilité d’homme blessé ressurgit dès qu’il soupçonne un contact ou lien quelconque que les sous auraient entrepris avec l’un de ses compatriotes. Cette passion pour les sous avait conquis l’actuel président de la République depuis des lustres. Mais, à l’époque, elle était restée au stade fantasmagorique. Certes, pendant son parcours d’homme passionné, l’actuel président avait essayé plusieurs fois des tentatives d’établir un contact avec cette obsession presque innée. Mais, les sous se refusaient à lui. Ce n’est qu’en dirigeant le bataillon de la sécurité présidentielle, qu’il a commencé véritablement à flirter furtivement, puis, plus intensément avec les sous. Depuis lors, cet amour est sorti du fantasme, puis de l’éphémère, pour s’installer durablement dans le cœur de l’homme.

L’Amour grandissait, au fil des jours. Les sous de la sécurité présidentielle ne pouvaient plus satisfaire les désirs, de plus en plus ardents, qui croissaient chez l’homme. On le sait, lorsqu’on est rongé par un amour sincère envers une âme, on peut risquer pour sa cause tous les dangers, braver toutes les normes. C’est pourquoi Mohamed Ould Abdel Aziz a juré sur l’honneur des sous de les affranchir de tous les propriétaires qui les malmenaient.

Le processus de libération a été déclenché, en 2005, puis repris, d’une manière beaucoup plus radicale, en août 2008. Le guerrier triomphaliste amoureux qui, entre temps, est parvenu à gravir le grade le plus élevé dans la hiérarchie militaire, ensuite s’est fait élire, à la plus haute fonction dans une république, s’érige désormais protecteur et grand défenseur des sous.

Cette posture lui a permis donc de soustraire à bon nombre de ses compatriotes des sous qu’ils ont acquis par trahison. Il a crée, pour exciter sa ferveur, des tas d’outils et de stratagèmes pour surveiller son harem. L’IGE, l’Intimité du Général dans ses Etats, n’est, justement, qu’un acronyme pour traduire cette intimité et ses états pluriels que le général nourrit à l’égard de cet amour. Elle est un peu la protectrice des amours présidentielles.

Mais, le général n’aime pas que les sous. Il aime, paraît-il, bien d’autres choses. On lui attribue quelques escapades, quelques aventures extraconjugales. Les sous n’en savent rien, jusqu’à présent. Alors que l’écho de ses liaisons s’amplifie de plus en plus. Les persiffleurs racontent beaucoup de choses, dans ce cadre. On dit, que le général n’est pas très fidèle vis-à-vis de son amour, en tout cas, déclaré. Certains commérages lui prêtent quelques tendresses envers le foncier. D’autres jactent sur son faible pour les automobiles…
A suivre...
Mouna Mint Ennass


mercredi 30 mars 2011

Chronique sur mon Président : 3


Oui, semble-t-il, mon Président est habité par d’autres amours. Un peu partagé, Mon président peinerait à concilier entre toutes ces passions. Surtout qu’on lui attribue beaucoup de discrétion. Il prend tout sur lui. Il n’a pas de confident. Et, il ne peut faire confiance à personne. C’est pourquoi, il gère lui-même ses amours et rencontres, dans le secret le plus absolu. C’est un peu difficile pour un président d’avoir à gérer autant d’affaires intimes et privées, en plus des affaires publiques. Un poste de conseiller aux amours présidentielles n’est pas à l’ordre du jour.

C’est également compliqué pour un président d’avoir à ménager pareille polygamie. Et, entretenir autant de flammes passionnelles. Autant de harems. Du harem monétaire au harem roulant en passant par le harem foncier. Ce dernier occuperait une place de choix dans le cœur présidentiel.

Récemment, certains sarcasmes ont fait état de quelques scènes de jalousies passagères, vite contenues, par les soins présidentiels. On raconte que plusieurs villas concubines du Premier Magistrat du pays ont empêché, à celui-ci l’accès, à cause de leur délaissement lié à l’inaccessibilité des quartiers dans lesquels elles sont installées. ‘’ Tu ne te soucies, aurait lancé une villa présidentielle, située au quartier, Bande Aouzou, à Tevragh Zeina, que des sous auxquels tu as réservé tout ton cœur et que tu as entourés de toutes les galanteries et égards, en les intronisant dans des coffres bien protégés !’’ ‘’ Et, moi, poursuit la villa, prise en tenaille par ce qui s’apparente à un chagrin d’amour, je suis abandonnée, tu ne me vois que très furtivement, et mes parents peinent à me rejoindre dans des conditions digne de mon rang !’’ Tu as vu le chemin que tu as emprunté lorsque tu es venu ici ?...Tu as vu toutes ces flaques d’eau qui m’assaillent ?’’ ‘’ N’est-ce pas, il s’agit bien d’un abandon, conclut-elle, en larmes, en s’effondrant sur les épaules de la République ? Le Président a immédiatement donné instruction pour qu’une route en asphalte soit construite et qu’elle desserve, dans les règles de l’art, la villa des ses amours. Plusieurs autres domaines fonciers, d’autres villas, mais aussi, des terrains vides, se sont inspirés de cette largesse présidentielle et ont pu bénéficier d’un service d’infrastructure publique de proximité.

Le rapport avec les voitures serait, parait-il, le plus compliqué à gérer. Le harem roulant serait impressionnant, et les scènes de ménage et caprice de jalousie sont le lot quotidien de mon Président. Les Toyota Hilux ont récemment exigé du Président un comportement d’équité entre les concubines roulantes. Les Hilux ont corroboré leur argument par le sentiment lascif que le président éprouve envers les V8. Il y a aussi les gros engins. Mon Président les admire pour beaucoup de qualité. Il trouve des sensations particulièrement ineffables à se délecter du vrombissement de leur moteur. A chaque après-midi, ou presque, à l’heure vespérale, mon président regagne le parc dédié aux camions, tracteurs et autres engins. A son arrivée tous les engins sont mis en marche, en même temps, mon président se couche au centre de la chose, ferme les yeux, affûte son ouïe, dilate ses narines, et commence à jouir des sons en déferlante, en farouche concurrence avec des fumées épaisses produites par les moteurs en rut. Dans cette position, mon Président demeure, jusqu’au coucher de soleil…
Mouna Mint Ennass
A suivre…

mercredi 6 avril 2011

4. Chronique sur mon Président

Mon président est fatigué. La journée était épuisante. Mon président gère beaucoup de choses à la fois, les amours, les interminables scènes de ménage, en plus de la gestion du pays, les ministères, les sociétés étatiques, les régions et des tas d’autres choses. Mais, c’est un peu trop étouffant pour un président amoureux et sincèrement jaloux d’avoir à surveiller chaque lopin du territoire, derrière chaque dune mouvante de l’Azeffal, chaque roche sans âme de l’Adrar, chaque palmier, chaque plante de la vallée du fleuve, chaque chameau errant dans le désert immense…etc. C’est vrai, que si le président n’avait pas à gérer ses amours exogames, il aurait, sans arrière pensée, laissé ses représentants, ministres, gouverneurs, préfets, directeurs et autres collaborateurs proches et lointains, gérer les affaires les concernant. Or, les fortes passions sont intimement liées à la méfiance. Ce qui rend la gestion des affaires publiques des plus délicates sous le règne du président passionné. Car, avec autant de collaborateurs, autant de sous, autant de fonciers, on n’est jamais à l’abri d’un cocuage. L’IGE ne peut pas tout contrôler. Ce n’est pas possible.

Il semble que la plupart des ministres ont compris la portée sentimentale des amours qu’éprouve mon président aux sous, aux biens roulants et fonciers. Certains, parmi eux, pour paraître d’une morale irréprochable, au dessus de tout soupçon sentimental à l’adresse des sous et amours présidentielles, ont un peu travaillé leur physique. Ils ont observé, pour que mon président ne les voie qu’en hommes désargentés, faiblis et sans charme, une diète rigoureuse. Ce régime d’exception, ils l’accentuent par des exercices physiques soutenus. En plus, ils laissent pousser une barbe de cinq jours, hirsute. Ils se privent de couper leurs ongles. Et, ils se drapent de fripes. Tout cela bien sûr pour qu’ils soient considérés par mon président comme des pauvres. Par ce qu’ils savent que mon président aime les pauvres pour leur dénuement et l’absence de sous, de toits et de moyens de locomotion. C’est un peu ce qui fait leur charme, pour le président jaloux. Il leur fait confiance. D’où la fameuse appellation ‘’ Président des pauvres. Certains ministres observent même un jeûne, pendant soixante-douze heures, non stop, avant la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. Ils viennent au conseil dans un état de désolation qui leur rend encore plus sympathique aux yeux de mon président. Plusieurs cas de perte de connaissance se produisent, semble-t-il, en pleine réunion. Il n y a pas un jeudi, où un ministre ne tombe évanoui. Mon président se délecte à chaque anéantissement ministériel. Puisque, chaque syncope ministérielle est synonyme de sa propre virilité, de sa vigueur d’homme jaloux bien aimé des sous, du foncier et des voitures qui roulent…
A suivre…
Mouna Mint Ennass


jeudi 14 avril 2011

Chronique sur mon Président : 05

On le sait bien. Quand on se passionne pour une chose, on finit par lui ressembler, en quelque sorte. On s’en approprie, sans vraiment le vouloir, quelques traits. Plusieurs compatriotes, qui ont eu l’heureuse chance de rencontrer mon Président, racontent beaucoup de choses. Ils reviennent souvent un peu déçus de l’entrevue. Un peu perdus. Désespérés. Mais, d’autres, au contraire, parmi ceux qui ont fait un tour chez mon Président, reviennent tout enchantés. Comblés. Pleins d’espoirs.

Les premiers, ils parlent d’un homme brut, dur, un homme de fer. Ensuite Ils se permettent de propager, en ville, tant d’épithètes péjoratives qui ne siéent pas à mon Président. Et, qui ne correspondent aucunement à son image réelle. Car, le verdict fait par ces compatriotes est parti d’une fausse apparence. Donc, d’une appréciation erronée. Puisque ce cette image que ces premiers ont vue n’est que le reflet des passions présidentielles. Ils ont vu, en lui, un trait tout simplement caractériel de ses amours. De la chose qu’il aime tant. Et, il n y a pas plus brut que le foncier dans sa phase béton. Et, il n y a pas plus dur que les engins, en ferraille, fortement consolidée. C’est ce qu’on appelle la réincarnation des passions.

Pour les seconds visiteurs, les choyés, ils reviennent d’une audience présidentielle et prêchent la bonne parole, en ville, en disant que mon Président a été à l’écoute et sensible à leurs requêtes. Ces derniers, aussi, tout comme les premiers ont basé leurs analyses sur une mauvaise image. Sur des leurres. Car, l’image si sympathique, si courtoise qu’ils viennent de voir n’est que le reflet d’une autre. Celle de quelqu’un qui, dans un véhicule, une Toyota V8, par exemple, roule à toute vitesse, en vidant le compteur ou presque. C’est cette posture-là qui, imaginée par mon Président, au moment de la visite des seconds, lui confère une forte sensation. Un dopage, en quelque sorte, qui le plonge dans un état d’ivresse jouissif. Cet état-là supprime toutes les frontières du non permis, entraine son sujet dans une sphère en dehors du temps et le dote d’une propension inégalée à consentir toutes les concessions possibles et imaginaires.

Il est donc difficile de cerner la véritable personnalité de mon Président. Il est tellement tiraillé entre des amours ineffables qui font qu’il est presque improbable de le rencontrer. De rencontrer, en somme, mon vrai Président. A chaque fois, on tombe sur spectre ou une (ré)incarnation qui n’a rien à voir avec la République....

A suivre...
Mouna Mint Ennass


mercredi 20 avril 2011

6. Chronique sur mon Président

Mon Président vient de rentrer dans la salle dédiée au conseil hebdomadaire du gouvernement. Tous les ministres étaient là, de plus en plus hirsutes. Leurs ongles, de plus en plus longs, laissent transparaître des tas d’immondices où rivalisent les résidus du couscous préparé à la sauce aux abatis, assortis d’une pincée de morve sèche produite pendant la semaine écoulée, avec les croutes ramassées, ça et là, des différentes parties des corps ministériels. Des ministres dégueulasses, en somme, qui rassurent la passion présidentielle.

Mon Président jette un regard torve sur les ministres, jubile intérieurement de l’état de désolation ministérielle, et prend place sur son siège. Il dépose son porte-calculatrice devant lui, sur la table. Les yeux de mon Président fixent la calculette. Il ne regarde jamais les personnes en face, mon Président. Il n’aime pas regarder, ni l’être. Il essaie toujours que son regard se porte sur autre chose qu’une âme humaine. Mon Président préfère regarder une calculatrice. Il est fasciné par les calculettes. A chaque fois que mon Président manipule une calculette, il reste hébété sous la sensation que lui confère ce défilé de chiffres impressionnant qui parait sur la petite bande écran de ce bidule à chiffres.

Mon Président, pour annoncer l’ouverture de la séance, dit : ‘’Bon !’’ Son téléphone sonne, soudainement. Il est très rare que le téléphone de mon Président sonne en plein conseil des ministres. Il faut vraiment que l’affaire soit trop grave pour le déranger. Cela est arrivé une ou deux fois, mais c’était effectivement très sérieuse, l’affaire. Une fois, c’était l’une de concubine roulante du président qui a un éclatement au niveau du pneu. Un Toyota Hilux, on s’en souvient. C’est un peu une entorse de la cheville chez les humains. Cette fois-ci le sérieux de l’appel était évident. Le visage de mon Président dit toute la teneur du chagrin qu’il vient d’apprendre. Il transpire, en déferlante, sa mine devient comme anémiée, son corps faiblit.

Le Premier ministre, le grand connaisseur de l’univers présidentiel se penche sur lui et l’interroge:
- Laquelle ?
Mon président lui répond, en sanglots :
- C’est la V8...
Le Premier ministre, en larmes, ordonne aux ministres qu’ils peuvent disposer et le laisser seul avec mon Président. Les ministres feignant la tristesse qui s’abat sur le haut lieu de la République et quittent la salle…

A suivre…

Mouna Mint Ennass


mardi 3 mai 2011

7. Chronique sur mon Président


A Kaédi, mon Président a été rattrapé par ses amours. Elles, ses amours, au féminin pluriel, l’ont accompagné. Elles étaient à bord de l’avion. Elles ont survolé, le pays, la vallée du fleuve. Là, en lui, dans le cœur de mon Président, les amours admiraient les hauteurs célestes. Et, elles nous narguaient de leurs regards malicieux d’amours présidentielles. Elles prenaient un peu de la hauteur. C’est très rare que les amours de mon Président prennent de la hauteur. Car, mon Président n’aime pas les hauteurs. Il est acrophobe. Mais, mon Président est peut-être l’unique acrophobe au monde qui peut justifier raisonnablement sa peur des altitudes. Puisque, tout simplement, ses amours sont sur terre. Des amours terrestres, stricto sensu. Les véhicules roulent sur la terre. Les villas et fonciers sont de la terre même. Les sous ne fonctionnent que sur terre. Les vrais sous, je veux dire, je ne parle pas des petits euros ou dollars qui servent à boucler une gamme de cadeaux à bord. Je parle des vrais sous. Toutes ces passions-là ne poussent donc que sur la terre. Des passions présidentielles, c’est vrai. Mais. Terre-à-terre.

Il ne faut surtout pas oublier la symbolique de la chose. Le voyage des passions. Des passions qui s’envolent avec leur amoureux. C’est d’une certaine manière des passions que mon Président a fait voler. C’est la différence, toute la différence, entre mon Président et les symboles de la gabegie.

Ceux-là, ils volent les sous qu’ils transforment en VX, en terrains, en villas. Et, mon Président fait voler ses passions faites de sous, de véhicules, de foncier. Et la différence est de taille. Mon Président sait jalousement comment envelopper sa chose.

A Kaédi, mon Président a parlé de ses amours. Il ne pouvait ne pas en parler. Il devait répondre à des haineux détracteurs qui disaient que le pays était en crise et qu’il n y avait pas d’argent. Mon Président la si bien dit, et d’une manière la plus sensuelle, la plus élégante. Des propos dignes d’un Président pris dans l’étreinte des amours. ‘’ Il n y a pas de crise, l’argent, il y en a suffisamment.’’

Mais, comme, mon Président avait bien préparé son voyage, en sachant qu’il fallait impérativement répondre aux allégations mensongères des frustrés de la rectification, il avait convié, pour ce vol passionnel, toutes ses passions. Il savait qu’il allait prononcer le mot ‘’argent’’. Et donc, en bon gestionnaire des amours, craignant toute scène de ménage inutile, il voulait éviter une jalousie en évoquant l’une de ses concubines, en omettant les autres. C’est pourquoi, il a dit, en clair : Les sous existent. Mais, ils ne sont plus destinés à l’acquisition illicite des VX et des belles villas. Une manière très subtile d’évoquer les différentes concubines concurrentes. Sous. VX. Villas. Belle sortie pour mon Président !...

A suivre…

Mouna Mint Ennass

journal de maintenant - mercredi 4 mai 2011

lundi 2 mai 2011

le Père Yacoub, ermite en Mauritanie, compagnon des musulmans 14 Juillet 1927 + 25 Avril 2011


le Père Yacoub,
un Mauritanien d’adoption, un compagnon des musulmans



Puissè-je être compris en faisant partager le deuil que je ressens à la mort de Dom Jacques Meugniot, moine de Solesmes – retourné à Dieu à l’issue de la grande fête chrétienne de Pâques, le 25 Avril 2011 – dans son monastère de l’ouest de la France. Et en le dédiant à celui – au monde – qui le pleure le plus et le mieux, son familier dont va naître le quatrième enfant, déjà prénommé Yacoub

Il a vécu trente ans en Mauritanie (1975-2005), d’abord à Atar, puis à Kaédi, et enfin à Toujounine au début de la route de l’Espoir : seul, ermite. Pourquoi ? Quand il comprit la nécessité d’une certaine distance avec une très prestigieuse abbaye bénédictine dont il était certainement l’un des grands esprits en philosophie, en théologie morale et surtout en formation des novices et en accueil tout venant des hôtes, il hésita : le désert, sa spiritualité, sa psychologie, oui ! mais où et comment ? le sud algérien où il remplaça deux hivernages un aumônier ne coincidait pas avec ce qu’il était. De la Mauritanie comme le désert le plus transparent à la foi de tous et le plus respectueux de la vie de chacun, je lui parlais, après l’avoir rencontré en Avril 1963, puis être parti effectuer mon service national dans la future Ecole nationale d’administration de Nouakchott (1965-1966).

Il rencontra Ali Cheikh à Atar, donna de la philosophie sur le Fleuve. Quittant à Nice Moktar Ould Daddah qui l’avait déjà reçu avant le putsch, il s’interrogea (sa lettre du 26 Juin 2001) : « Ici on attend le retour de M.o.D. Sa maison est prête, vidée de son occupant provisoire, l’éphèmère et face Président Lulli. Comment retrouvera-t-il son pays ? Il semble avoir tourné le dos à la sage politique d’union raciale et de lutte contre le tribalisme. Celui-ci triomphe et le fossé entre beïdanes et Négro-Africains se transforme en abîme. Certains voyaient en Moktar le Nelson Mandela de la Mauritanie. Quant à la religion, elle sert de paravent à tous les abus, de l’esclavage à l’enrichissement illégal jusqu’au SIDA, via la polygamie successive ».

Il avait su témoigner de l’apport religieux à toute gestion lors de réunions d’experts de la finance éthique et solidaire, ou lors de débats à huis clos entre communistes français : le bien commun, critère de tout discernement économique et aussi d’un gouvernement juste. Il parlait alors sans référence ni évocation de maîtres ou d’auteurs.

Ce n’était pas un prosélyte mais il laissait voir, et vibrait à tout ce que l’Islam et le christianisme se savent débiteurs l’un de l’autre. A Toujounine, son petit oratoire n’était qu’africain, maure, l’autel avec un coffre de Mederdra, le cœur du sanctuaire (le tabernacle), un autre : petit de Boutilimit. Priant selon les heures monastiques, donc le rythme musulman, ou disant la messe, seul en communion universelle, il laissait la porte ouverte pas tant pour le courant d’air que … oui, pour laisser voir. Un chrétien priant en pays musulman prie pour les musulmans et devant eux. Ce qui est si rare, alors que le musulman sait prier devant les autres. La vie monastique, toujours au péril de la solitude, l’avait au contraire préparé à l’Islam qui pour tant d’autres est un péril. Définissant sa vocation de solitaire par « une certaine fascination de l’UN », lui-même savait ce qu’il en recevait : l’Islam mauritanien est le meilleur ermitage qu’un moine bénédictin puisse trouver. A quelques semaines de sa mort, il me confia ce constat et sa reconnaissance de dette. Il l’avait exprimé auparavant, à son ami, le Père Paul Grasser, atrocement mûtilé dans la cathédrale de Nouakchott, en 1993, par un agresseur imprévisible et en complet contre-sens du partage religieux. Il a aimé les Mauritaniens encore plus que leur désert.

A Ousmane Ould Bah, qui lui fut, à Toujounine, le plus familier et aimant, il téléphona son « à Dieu » cinq jours avant sa mort : « tu es un homme courageux, tu dois être un homme responsable ».


journal de maintenant - lundi 2 mai 2011