samedi 26 mars 2011

journal de maintenant - samedi 26 mars 2011

lettre au ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé (ancien Premier ministre de 1995 à 1997 et maire de Bordeaux)

Objet :
Le régime mauritanien dangereux pour la région
et handicapant pour la France

Cher Monsieur le Premier Ministre,

je me permets de vous écrire très librement sur un pays qui m’est cher et dont je suis les heurs et malheurs et les principaux responsables depuis quarante-cinq ans (j’y ai effectué le service national de Février 1965 à Avril 1966). J’en ai eu l’expérience particulière au moment du putsch du 6 Août 2008 dont l’actuel régime est issu.

La situation est explosive en Mauritanie.

Nous portons politiquement la responsabilité d’avoir « légitimé » le chef de la garde prétorienne, le général Mohamed Ould Abdel Aziz
, qui s’est d’ailleurs conservé le commandement personnel de ce bataillon d’élite, constitué en 1987 par lui-même sur ordre du président du Comité militaire en place depuis 1984, lequel s’est perpétué soi-disant par les urnes de 1992 à 2005 avant d’être évincé lors d’un putsch (dans lequel l’actuel gouvernant du pays fut décisif mais pas apparent) : il est retiré à Doha.

Je développe brièvement ces deux points, supposant qu’en revanche vous est connue de culture générale et par vos récents déplacements en Afrique comme ministre de la Défense, la place stratégique qu’occupe ce pays tant économiquement (les ressources halieutiques sur sa côte, le fer, le pétrole et peut-être l’uranium) que diplomatiquement (la question du Sahara occidental entre Algérie et Maroc, avec celle de la République sahraouie en exil à Tindouf) et pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, essentiellement attribué à la branche maghrébine d’Al-Qaïda, succession du « salafisme » (les 3-4 Février, course poursuite entre l’AQMI, l’armée relayée sur ordre par le bataillon présidentiel), avec ses symboles : nos erreurs pour libérer Michel Germaneau, puis les deux jeunes au Niger et les agents d’Areva. C’est à tort que nous considérons sûr l’allié opérationnel et la base arrière de Mauritanie. A paraître dans notre revue Défense nationale, une étude mauritanienne très détaillée montrant des collusions entre les autorités locales et le terrorisme maghrébin et saharien d’une part, et la tendance à un recrutement aisé par AQMI dans la jeunesse mauritanienne d’autre part, alors que le pays est certainement de tous les pratiquants de l’Islam le plus ouvert, réceptif à la modernité et tolérant.





La situation est explosive.

Le général-président régnant, qui a gagné à la contestation générale de ses concurrents dès le premier tour (le 18 Juillet 2009) d’une élection anticipée par la démission psychologiquement forcée du seul président élu démocratiquement (deux tours les 11 et 25 Mars 2007 avec un contrôle notamment européen de 85 observateurs, hors de tout conteste avec une commission électorale nationale à composition consensuelle ayant préparé le scrutin d’alors pendant plus d’un an), ne joue pas le jeu d’un dialogue politique. La Coordination des partis d’opposition, après avoir fait le grand effort de reconnaître les faits accomplis, refuse les débauchages individuels et dénonce la non-application de l’accord intervenu (sous notre influence, cf. 2°) à Dakar le 2 Juin 2009 pour ses clauses de démocratie et la non-observance d’une lettre d’intention signée entre le Premier ministre de paille et le représentant de la Commission européenne, le directeur général du Développement (Stefano MANSERVISI) le 20 Décembre 2009, pour la levée des sanctions et la reprise des financements multilatéraux. Elle réclame maintenant l’anticipation de l’élection présidentielle, réputant d’avance truqués le renouvellement par tiers du Sénat, dans un mois, et le renouvellement de l’Assemblée nationale en Novembre prochain.

En effet, les abus de droit sont chroniques, particulièrement la non-application de la loi du 3 Septembre 2007 criminalisant toutes les pratiques esclavagistes résiduelles : avouée par les autorités policières à chaque dénonciation de cas et suivie de l’emprisonnement de principe des dénonciateurs. La discrimination entre fortunes privées alliées du pouvoir en place et les rares qui lui soient hostiles. La mise en cause partiale d’anciens responsables d’entreprises publiques à l’intégrité au contraire unanimement reconnue…Népotisme et règlement de compte sont les caractéristiques de ce régime et constituent ses éphémrides.

Mais surtout, les causes de révolte déjà observées depuis trois mois dans l’ensemble du monde arabe : paupérisation, renchérissement des produits de première nécessité, chômage de la jeunesse, accaparement à ciel ouvert des ressources du pays par la parentèle du gouvernant, enrichissement de celui-ci au détriment de l’Etat,…commandent désormais le quotidien mauritanien.

Traduction. Suicide par le feu le 17 Janvier avec lettre de motivation : le martyr n’était pas dans le besoin mais écoeuré par le régime. Sarcasmes de l’homme fort en réponse. Manifestations et prises de paroles chaque mardi et vendredi depuis le 25 Février de jeunes, de plus en plus nombreux et que ne cherchent pas à encadrer les politiques. Mots d’ordre comme ailleurs : réformes démocratiques, départ du général-régnant. Restitution à la nation de biens spoliés, fin de l’injustice et de la chasse aux sorcières. Lieu : une place dite des Blocs (blocs d’immeubles datant de la fondation de Nouakchott (j’ai habité dans l’un d’eux) et abattus pour livrer terrain et permis de construire à des parents de Mohamed Ould Abdel Aziz). C’est vite devenu l’Al Tahrir de Nouakchott. Jusqu’à présent, succession de tactiques du pouvoir : noyautage, contre-manifestations, interdiction physique des lieux, d’abord en y entreposant le produit scandaleux d’une coupe des arbres, également d’origine 1960, le long de l’avenue de l’Indépendance, puis en y installant en permanence des unités de la police anti-émeutes. J’attends des nouvelles de la réunion d’aujourd’hui, se tenant de la grande prière du Vendredi jusqu’à vingt heures.

Limogeage avant-hier de la ministre des Affaires étrangères qui avait fait la liaison entre le putschiste à l’automne de 2008 et le colonel Kadhafi, alors président en exercice de l’Union africaine et avec lequel il est possible qu’elle ait été du « dernier bien ».

Echéance, la liquidation d’une nouvelle tranche du 10ème Fonds européen de développement. La Commission est chroniquement mécontente de l’impéritie du signataire, un ministre des Finances continûment maintenu.

Dans l’intérieur du pays, des épisodes parfois très violents : incendie de bâtiment public, le 18 Février, dans l’extrême est au contact du Mali.




Le régime a été mis en place par nous.

Nous avons condamné les premiers – le Département, puis le président de la République personnellement –, le putsch de 2008, puis nous avons eu deux lignes jusqu’à la fin de Décembre 2008, de l’aveu même des cabinets et des collaborateurs concernés. Une ligne légaliste au Département et dans la « cellule diplomatique ». Une ligne incarnée à l’Elysée par Claude Guéant, inspiré par M° Robert Bourgi (qui vous est peut-être connu, mais sur lequel je peux vous écrire, si vous le souhaitez). Cet avocat de triple attache : le Liban, le Sénégal et nous, par ailleurs sympathique et fervent du général de Gaulle et de Jacques Foccart, qui avait pratiqué son père, s’est fait acheter un déjeuner par Karim Wade, sur financement de la plus grosse fortune privée de Mauritanie, Mohamed Ould Bouamatou (la presse mauritanienne regorge aujourd’hui de documents révélant sa prédation de l’économie mauritanienne). Déjeuner de présentation de l’alter ego du putschiste, le chef d’état-major mauritanien. Qui a été ainsi reçu à trois reprises par Claude Guéant à partir de Novembre 2008, alors qu’ayant la présidence semestrielle de l’Union européenne, nous avions aussi celle du groupe de contact, prévu par le traité de Cotonou pour d’éventuels manquements aux valeurs communes entre l’Union et les ACP. Il n’est pas exclu qu’il y ait eu des corruptions actives à l’Elysée. Alors que les putschistes étaient interdits de visas dans l’espace de Schengen, le général El Ghazouani et le milliardaire mauritanien faisaient la navette Nouakchott-Paris et retour, le général Mohamed Ould Abdel Aziz est même venu en Juin 2009 remplir ses caisses de campagne électorale.

Nous avons converti les institutions européennes puis africaines à un plan de négociations entre toutes les parties mauritaniennes, faisant bon marché du président de la République, régulièrement élu moins de deux ans auparavant. L’accord – pour lequel le manque de sagacité des opposants mauritaniens nous a facilité la tâche, tandis que nos ambassadeurs à Dakar Jean-Christophe Rufin et à Nouakchott Michel Vandepoorter, ont pressé les hésitants jusqu’à leur faire oublier leurs propres conditionnalités – a décidé l’anticipation de l’élection présidentielle, forcé la démission du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi dans une ambiance où le putschiste ne donnait le choix qu’entre une élection plébiscite organisée pour le 6 Juin, ou une élection cautionnée par la participation des opposants le 18 Juillet, tous délais si courts qu’aucun contrôle d’experts, comme l’Union européenne en a, n’était possible. Nous avons reconnu le processus avant même la proclamation des résultats et alors que le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (C.E.N.I.) démissionnait, protestant contre la rédaction, à son insu, du procès-verbal de la Commission par un fonctionnaire, en l’occurrence le secrétaire général de ladite commission, aujourd’hui ministre dans le gouvernement du général Mohamed Ould Abdel Aziz...

Entre-temps, la ligne française – désormais unique et arrêtée jusqu’aujourd’hui – avait été manifestée avec éclat en conférence de presse du Président pendant sa visite à Niamey (son interlocuteur alors loué pour sa ferveur démocratique, renversé depuis pour avoir révisé la Constitution de manière à être autorisé à briguer un énième mandat). C’était le 27 Mars 2009. Le Président a soutenu qu’il n’y avait eu aucune manifestation locale contre le putsch et qu’il avait de sa personne, téléphoné au président renversé. Ces deux points sont factuellement faux. Au même moment ou à peu près, les trois collaborateurs que j’ai cités au début de cette lettre avaient été nommés à d’autres responsabilités : Bruxelles, Tananarive et l’organisation du cinquantenaire franco-africain.

Ce que je vous écris est connu de toute l’élite mauritanienne, sauf évidemment l’identité des directeurs de cabinet de l’époque. Philippe Etienne et Romain Serman, en compagnie du patron de nos « services » allèrent d’ailleurs sur place le 29 Novembre 2008 rencontrer les différents protagonistes dont le putschiste et le président renversé. Le premier leur fit très médiocre impression. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui doit son grade à celui qu’il a renversé –et qui a été reçu à la sauvette par le Président, le 27 Octobre 2009, sans publication de communiqué commun – est personnellement fragile par la « gourmandise » de sa parentèle, son penchant prononcé pour les affaires (il disposerait de plusieurs entreprises et d’une fortune immobilière consistante), ses origines marocaines et un mariage lui ayant donné une grande proximité avec ce même pays, il est lui-même né au Sénégal, n’a jamais connu le feu (la guerre pour le Sahara, subie par la Mauritanie de 1976 à 1978) et ne bénéficie pas d’une grande estime au sein de l’armée. Pas de charisme, non plus. Sa force ? Le B.A.S.E.P. (Bataillon de la Sécurité Présidentielle), une unité de deux ou trois cents hommes, bien entraînés et surarmés et dont il a gardé le commandement même après avoir formellement démissionné de l’armée !




Suggestion

Une sortie en douceur par la programmation et le contrôle international et localement consensuel, d’élections générales : présidentielle et parlementaires. Par des retouches constitutionnelles et la reprise des grandes concertations nationales initiées pendant les quinze mois de démocratie avec le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Nous devons y contribuer, manifestement, en substituant la détente et la démocratie au système autoritaire et rigide dont nous avons cautionné et facilité pratiquement la « légitimation ». Pour reprendre le contact avec ceux parmi les mauritaniens que nous avons déçus, qui comptent beaucoup de francophones et de francophiles pétris de notre culture, admiratifs de notre pays mais peu enclins à accepter un interventionnisme français si ostentatoire en faveur de l’autocrate actuel. Pour enrayer la tendance à une désagrégation sociale qui fait le terreau d’AQMI et autres.

La Mauritanie est très capillaire avec l’ensemble du monde arabe, du fait qu’elle est partout considérée – le pays de Chinguitt – comme le pays et la pratique musulmane les plus proches des premières époques arabes après le Prophète. Elle a en Afrique de l’Ouest des réseaux de nationaux établis pour le commerce et le zèle missionnaire (le « maraboutage ») tels que, sinon pour toutes solutions à tous conflits, vg. la Côte d’Ivoire, du moins pour en savoir davantage, elle peut nous introduire plus intimement que nous ne sommes, manifestement, ces temps-ci : nous avons perdu notre expertise africaine. Sans compter les ravages d’image depuis 2007 que vous savez.

L’imprévisible n’ayant pas de date, vous pensez comme moi que tout est urgent. L’expérience de ces mois-ci nous le redit. Mais nous avons encore le temps et les moyens de la sérénité./.

Je vous écris en toute confiance en votre liberté d’examen et vous savez mes sentiments très attentifs.

Bertrand Fessard de Foucault



à Monsieur Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères & européennes,
ancien Premier Ministre, maire de Bordeaux

jeudi 17 mars 2011

journal de maintenant - jeudi 17 mars 2011

Jeudi 17 Mars 2011


Deux bonnes nouvelles. Apparition de deux nouveaux blogs, l’un va donner désormais l’éditorial hebdomadaire d’Ahmed Ould Cheikh, et rétrospectivement nous mettre en possession des textes précédents sur plusieurs années :
http://www.ahmedouldcheikh.blogspot.com/

L’autre – celui de Mouna Mint Ennass – est une novation à beaucoup d’égard, puisqu’il est d’une femme et que celle-ci d’emblée démontre une belle plume et surtout un discernement exceptionnel pour poser questions et problèmes :
http://mouna-ennass.blogspot.com/

une Mauritanienne commence un blog. sur "son" président

Sent: Thursday, March 17, 2011 5:54 AM
Subject: blog d'une femme de mauritanie
http://mouna-ennass.blogspot.com/


mercredi 16 mars 2011

Je m’efforcerai, à travers cette chronique, à m’interroger et à interpeler les lecteurs sur le premier citoyen public du pays, Mohamed Ould Abdel Aziz. J’aborderai, en premier lieu, ses rapports circonstanciés avec ses partenaires politiques, l’opposition, ensuite sa majorité, en essayant de faire la lumière sur sa relation avec ses collaborateurs de l’administration publique. Je ne manquerai pas d’évoquer ses tendances d’ubiquité, son rapport avec l’argent et bien d’autres faces cachées de l’homme.L’on est en droit, en ces jours de grands questionnements, de se poser la question sur les méthodes de l’homme. Quel est le secret qui fait la force de Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Mohamed Ould Abdel Aziz régente la République depuis 2005. Il a traîné, en laisse, toute la classe politique. Pas un seul leader politique n’a échappé à ses turlupinades. Tour à tour, nos honorables leaders hommes politiques ont défilé dans le cirque de ce militaire, d’abord, colonel, puis général, ensuite chef d’Etat putschiste et enfin président de la République. Chacun a, à un moment donné, servi, gracieusement, le dessein de cet homme qui tient, aujourd’hui, le pays d’une main de fer. De Messaoud à Ahmed Ould Daddah, d’Ahmed Ould Sidi Baba à Moussa Fall, de Mohamed Yehdhih Ould Moctar El Hassen à Louleïd Ould Weddad, de Jemil Mansour à Ould Mouloud, de Boidiel Ould Hoummeid à Dah Ould Abdel Jelil, la liste des comparses est longue, difficile à dérouler intégralement.Certains, parmi ceux-ci, ont été roulés plus d’une fois. Ils seraient, peut-être, même, disposés à se faire ratatiner une autre fois, puis une autre. Mais, ce qui est surprenant chez le général c’est qu’il est parvenu à rassembler dans l’adversité deux entités, historiquement, opposées ; et qu’il s’est toujours permis de s’approprier les deux slogans brandis, naguère, par l’une à l’encontre de l’autre. Il ne se gêne pas, par exemple, de se mettre dans la peau, d’un Ould Daddah ou Messaoud, sous le règne de Maaouya, pour fustiger la gabegie de Louleid Ould Weddad ou Boidiel Ould Hommeid. Envers Ould Daddah et Messaoud, il répète, sans gêne, aucune, en s’inspirant de la même époque, des expressions comme opposition irresponsable et contreproductive. La prouesse c’est qu’il paraît, dans pareille posture, comme un esprit hors du commun. C’est comme s’il venait d’ailleurs. Du ciel. C’est, en quelque sorte l’image d’un Saint Esprit, exempt de tout soupçon. Un homme parfait, en somme ! Alors qu’il est le produit du même système dont il accable, aujourd’hui, ceux qui en furent les clients. Il est même, serait-on tenté de dire, un peu plus qu’un produit. C’est un pilier de ce système. Si, ceux qu’il se plait à appeler les roumouz El Vessad (symboles de la gabegie) devraient lui rendre la monnaie, ce ne sont pas les pièces, ni les liasses, qui feraient défaut...
A suivre

mardi 15 mars 2011

journal de maintenant - mardi 15 mars 2011

Mardi 15 Mars 2011

Je reçois ce communiqué de mes amis.

منسقية المعارضة الديمقراطية
Coordination de l’Opposition Démocratique

Communiqué

Le Conseil des Présidents de la COD s’est réuni le lundi 14 Mars 2011.

Après avoir pris connaissance du déroulement des événements qui ont eu lieu vendredi 11 Mars à la Place des Blocs, et au cours desquels les forces de police ont sauvagement réprimé la manifestation pacifique que des groupes de jeunes organisent depuis quelque temps dans le même endroit, le Conseil :
1 – condamne avec fermeté l'utilisation de la violence contre les jeunes qui manifestaient pacifiquement pour réclamer des droits légitimes ;
2 - rappelle au gouvernement que le droit de manifestation pacifique est garanti par la Constitution et que le rôle républicain des forces de police et de sécurité est de protéger les manifestants et de veiller à la sécurité publique, non de réprimer ou de torturer les citoyens, ni de provoquer les troubles et l'agitation ;
3 – exige du pouvoir d’examiner rapidement les revendications légitimes de la jeunesse au lieu de persister dans la politique de fuite en avant et d’aggravation de la crise.

Nouakchott, le 14 Mars 2011
Le Conseil

jeudi 10 mars 2011

papier récapitulatif . Biladi en début d'après-midi


La révolution des jeunes a-t-elle vraiment pris en Mauritanie ?


Jeudi, 10 Mars 2011 13:05

L’information a circulé, d’abord, sur la toile, à travers les forums sociaux. Puis, peu à peu, elle est évoquée, d’une manière sommaire, dans les médias. Ensuite, elle est reprise par l’opinion, sans qu’elle ne soit véritablement prise au sérieux, la révolution de la jeunesse mauritanienne. Or, celle-ci semble être décidée à marquer sa journée. A l’instar de la jeunesse tunisienne et égyptienne, qui chacune se réclame d’une date, respectivement, le 17 janvier et le 25 janvier, la jeunesse militante mauritanienne s’identifie, désormais, à la journée du 25 février. La veille de cette date, le Premier ministre, comme par hasard, s’était déplacé dans un quartier déshérité et avait promis, en plus de dix-sept mille emplois, une journée de grande générosité. Tout en rappelant le droit à manifester garanti, dit-on, par la Constitution. En plus, c’était un vendredi. Dans un pays musulman, c’est une journée de charité, propice pour les offrandes. Où, justement, les populations pauvres de la ville ont pu profiter d’une distribution gracieuse de poissons et même de terrains

Pour les jeunes, qui se mobilisaient déjà depuis quelques temps, sur le tentaculaire Facebook, le poisson frais, de premier choix soit-il, ne figurait, visiblement, pas, en priorité, sur la liste de doléances, ce jour-là. Après la prière du vendredi, quelques petits groupes de jeunes commençaient à investir la place des blocs, baptisée, pour l’occasion, ‘’Place de la Liberté’’. La journée était, particulièrement, chaude et poussiéreuse. A 17 heures, le nombre de manifestants est considéré, par certains organisateurs, en deçà, des espérances. De l’autre coté, les soutiens du pouvoir, dans un élan euphorique se délectaient de ce qu’ils n’hésitaient pas à qualifier d’échec. ‘’ Cela, réconforte ce qu’on a toujours dit et répété.’’ La Mauritanie n’est pas comme la Tunisie, ni comme l’Egypte.’’ Vers dix-huit heures, l’affluence s’était relativement améliorée, mais certains initiateurs espéraient beaucoup plus, même si d’autres jugeaient qu’il s’agissait d’un bon départ. La police qui s’était positionnée, à proximité, n’était mandatée qu’à réguler la circulation de la grande avenue, qui a connu, une fébrilité inhabituelle, dans une journée de repos

Les pancartes et banderoles brandies déclinaient des slogans aussi variés que le sont les origines des différentes groupes qui constituaient la manifestation. Chacun roulait pour son propre agenda. En tout cas, on pouvait lire des slogans inspirés d’ailleurs. Sur les pages facebook animées par les jeunes contestataires, on ne peut qu’être surpris par le grand intérêt qu’accordent ces jeunes à ce qui se passent dans les pays arabe et, en particulier, l’Egypte et la Tunisie où les jeunes ont déjà gagner leur bataille. C’est une école d’apprentissage pour les révolutions cybernétiques. Une information, par exemple, relative à un exploit réalisé par la jeunesse égyptienne, au Caire, est passée en boucle. Les Tunisiens s’en inspirent, non sans jalousie, et l’accommodent au contexte tunisien, en lui apportant des améliorations. La jeunesse mauritanienne se nourrit de cet univers, où les jeunes arabes rivalisent dans les techniques de révolutions technologiques

Après cette première sortie, les débats, dans les forums sociaux ont porté essentiellement sur la nécessité d’améliorer le niveau de mobilisation

Le second rendez-vous, pour une autre manifestation, qui était fixé pour le mardi d’après avait drainé plus de monde. Le slogans et discours étaient plus homogènes. Les différents groupes, qui ne se communiquaient que virtuellement, ont pu faire connaissance, les uns les autres, et ont parvenu à travailler, ensemble, dans le réel, sur les actions à futures. La troisième manifestation était sensiblement plus imposante que les deux premières. Si le pouvoir a adopté une politique de retenue, en évitant toute logique de force, il n’en demeure pas moins qu’il s’est investi, par personnes interposées, à véhiculer une image quelque peu réductrice sur cette jeunesse. Certains milieux proches des sphères du pouvoir évoquaient une manifestation à caractère tribale. Le mouvement prend désormais de l’ampleur. Les jeunes révoltés se sentent de plus en plus en forme. On s’accommode de la solution contestataire. Ces jours-ci, plusieurs floués et frustrés de l’Administration publique et des sociétés étatiques s’inspirent de cette méthode
Et la suite

Si, le rendez-vous, bihebdomadaire (vendredi et mardi) place des blocs, continue crescendo, le pouvoir risque bien d’être pris de court. Même, si, aujourd’hui, le pouvoir peut faire facilement la traçabilité de certains segments des contestataires en les rattachant aux milieux d’opposition.
Ce qui conduirait le pouvoir à un raccourci, en cas de pourrissement de la situation, en faisant appel sérieusement aux ténors de l’opposition pour amorcer le débat tant réclamé par celle-ci. Mais, là les jeunes, devenus, entre temps, de plus en plus nombreux, dans la Place des Blocs, ne se reconnaîtraient qu’eux-mêmes. Ce jour-là, ils n’appartiendraient qu’à cette place qu’ils ont baptisé ‘’ Place de la Liberté’’. Ils s’identifieront à cette place. Elle sera leur formation politique. Alors, les leaders de l’opposition n’auraient pas assez de marge de manœuvre et seraient contraints de rejoindre la foule. Quand ce mouvement prendra de l’ampleur dans la capitale politique, la contagion touchera bien des provinces. Toutefois, le pouvoir pourrait recourir à l’usage de la force. Mais, en a-t-il vraiment les moyens ? On sait que le pays est en guerre, non déclarée, contre les mouvements terroristes. Mohamed Ould Abdel Aziz a déployé environs quatre mille hommes sur les frontières maliennes. L’effort de guerre est énorme. La pression de ce coté est assez forte. Elle pèse aussi bien sur le plan sécuritaire que sur le plan pécuniaire. Dans une guerre l’intendance doit suivre nécessairement ! Le président de la République aurait-il la force, dans pareilles conditions, de garder raison face à un mouvement de contestation qui s’étendrait sur toute l’étendue du territoire nationale ? Serait-il entendu par ses hommes, quand il irait les impliquer dans une opération de maintien de l’ordre ? Ou bien, seraient-ils, ces hommes assourdis par les chants provenant des jeunes manifestants de la Place de Blocs ?

AVT

journal de maintenant - jeudi 10 mars 2011

Jeudi 10 Mars 2011

Demain probablement décisif, non pour l’essoufflement du mouvement du 25 Février, mais pour le choix par le pouvoir d’une attitude. Jusqu’à présent, se sont succédées l’indifférence – quinze jours – puis les manœuvres obliques : contre-manifestations, provocations et enfin l’encombrement artificiel des lieux par entreposage d’une scandaleuse coupe de bois – des arbres qu’on arrosait méticuleusement quand je suis arrivé en Février 1965 et une mise à disposition de parents du général régnant.

Un nom pour la place, dite des Blocs, et actuellement appellée meïdan Tahrir, demande For-Mauritania en conclusion du cahier de ses sept revendications, sur internet. C’est tout trouve si l’on veut dire indépendance, liberté, Mauritanie : place Moktar Ould Daddah. Et si Mariem Daddah y passait un moment, demain après-midi ?


mercredi 9 mars 2011

journal de maintenant - mercredi 9 mars 2011

esclkavage - entretien du président de l'OCDIVH avec le site Haratine.com


A.H.M.E.

INTERVIEW 103 :


Interview du Président de l’Ocvidh à AHME

1) A.H.M.E. : Vous êtes un ancien officier de l'armée mauritanienne et président de l'OCVIDH. Présentez-vous à nos lecteurs.
Je suis un ex officier de l’armée mauritanienne issu de la promotion des élèves officiers d’active à l’EMIA de 1982. Victime, comme beaucoup de mes camarades et frères d’arme, des purges ethniques orchestrées par le colonel raciste et génocidaire Ould Taya sous le fallacieux prétexte de complot et/ou de déstabilisation de la Mauritanie, ce qui m’a conduit de manière injuste à quitter ma patrie, la Mauritanie, pour me refugier en France en 1991.
Je suis effectivement le président de l’Organisation Contre les Violations des Droits Humains(OCVIDH)
Avec espoir et conviction malgré nos modestes moyens, nous croyons contribuer à la promotion et à la sauvegarde des Droits de l’Homme en Mauritanie et au-delà.
En nous rappelant surtout de notre vécu dans les prisons mouroirs et en ayant conscience que l’écrasante majorité de nos concitoyens vivent dans la pauvreté la plus cruelle, l’esclavage, le racisme, les déportations, l’expropriation des terres et l’exclusion, notre combat ne peut qu’être renforcé à jamais pour terrasser cette bête féroce qu’est le racisme d’état en Mauritanie!

2) A.H.M.E. : Parlez-nous des activités de l'OCVIDH ?
Les activités de l’OCVIDH sont multidimensionnelles du fait que nous avons réussi non seulement à nous occuper des droits de l’homme en Mauritanie par les dénonciations, les plaintes, l’aide aux victimes des répressions, aux veuves, aux rescapés et toutes les autres catégories de victimes de l’arbitraire notamment l’esclavage et ses séquelles mais aussi nous avons fait notre place à coté des grandes ONG de droit de l’homme pour faire connaitre la Mauritanie , son histoire, ses ressources humaines et économiques, sa société et surtout les graves violations des Droits de l’homme des années de braise liées aux massacres des populations Noires. C’est donc autant d’acquis dans le monde de la communication et des relations qui nous permettent d’agir au profit des victimes souvent restées au pays, démunies sans voix et sans défense. Si nous devons citer toutes nos actions, l’interview se limiterait uniquement à cette question puisqu’elles sont nombreuses et quelque fois spontanées car il faut s’adapter à toutes les situations de violations dans notre pays et dans le monde en soutenant aussi des amis de la diaspora qui ont souffert dans leur pays et qui veulent et souhaitent partager leur joie comme leur souffrance.
Avec d’ailleurs votre ONG(AHME) et d’autres, nous avons eu, ces derniers temps, à secouer le cocotier face à différentes violations flagrantes des Droits de l’homme en Mauritanie et avions, ensemble, fait des communiqués et des pétitions qui ont littéralement apporté leurs fruits.
Le rôle qu’a joué l’OCVIDH dans la conscientisation et dans la sensibilisation est incommensurable et quelques unes de ces activités ne peuvent être étalées d’ailleurs sur la place publique du fait de leur extrême sensibilité. Mis à part la vanité l’orgueil, nous pouvons vous affirmer que l’OCVIDH travaille même au delà de la Mauritanie et nous avons en retour des encouragements de certains de nos amis et partenaires à travers le monde pour la noblesse du combat que nous menons.
Nous ne pouvons que nous en féliciter tout en redoublant les efforts !


3) A.H.M.E. : Vous appartenez à l'ethnie soninké de Mauritanie. Que pensez-vous de l'esclavage au sein de votre ethnie et plus largement de la communauté négro-mauritanienne ?
L’esclavage est un phénomène social qu’il ne faut pas nier. Il a existé et existe encore dans certains milieux soninkés et Négro-Africains.
Pour s’attaquer fondamentalement à ce fléau, il faut parfaitement le faire comprendre de la manière la plus explicite à nos compatriotes. Il n’y aura jamais dans mon esprit une quelconque volonté d’esquiver votre question sur l’esclavage en milieu soninké et au-delà en milieu Négro-Africain. Mon combat contre ces injustices m’interdit tout amalgame. De prime abord, il n’y a et il n’y aura jamais d’esclavage meilleur que d’autre comme on a tendance à l’affirmer souvent! C’est ma première conviction. Etre esclave ou considéré comme tel, est une négation de l’homme par l’homme. Pour ce qui concerne mon ethnie Soninké que je connais parfaitement et plus particulièrement la question au niveau de Kaédi, je l’affirme sans risque de me faire contredire que l’esclavage a bien existé dans notre milieu. L’esclave, sur le plan de la servitude et de l’exploitation de l’homme par l’homme, l’homme soumis à son maître et corvéable à volonté, n’existe ni en théorie ni en pratique en milieu soninké de Kaédi. L’esclavage a été pratiqué par nos ancêtres à leur époque et personne ne peut le nier mais de ma génération et je dirai même de la génération de mes grands frères, l’esclavage n’existe que par le nom ! Les enfants dits « esclaves » de ma génération ont fréquenté les mêmes écoles (coraniques et modernes) que moi. Chaque génération de kaédiens a eu ses promotionnaires d’école issus de cette classe « d’esclaves »
Comme je l’ai dit tantôt, je ne pourrai dire avec la mêm exactitude comment la question de l’esclavage est vécue dans les autres milieux Négro-Africains en dehors de cette communauté soninké qui était mon milieu naturel. J’insiste encore pour réaffirmer que dans la pratique, l’esclavagisme en milieu arabo-berbère est d’une férocité incalculable et diffère fondamentalement de celui que nous vivons dans le milieu soninké ; Et c’est ce type d’esclavagisme que nous combattons farouchement par sa brutalité et son inhumanité. Il a existé effectivement une timide relation d’anciens maitres à anciens esclaves de par une certaine génération de nos pères en milieu soninké à kaédi mais du temps de ma génération cette relation n’a jamais existé et il n’y en a jamais eu d’où l’inexistence de soumission ni de corvée ou toute autre forme d’exploitation ou de privation de liberté. Je mets au défi quiconque qui me contredira ou démontrera le contraire. Je ne pourrai jamais dire de manière formelle que l’esclavage n’existe pas dans certains milieux négro-africains mais dans mon Kaédi natal, je ne connais pas un seul cas. D’ailleurs, cette appellation en soninké du mot « komé » qui veut dire esclave est tabou dans ma ville de Kaédi. Personne ne peut se permettre de le prononcer ni publiquement ni en aparté sans qu’il n’y ait réprimande. La lutte contre cette tare sociale est un combat que je mène farouchement. Il est tellement gênant, voire révoltant de voir une personne devant soi qui souffre de l’esclavage psychologique qu’il ressent comme une humiliation de la nature. Et ce sont ces séquelles qu’il faut maintenant s’attaquer par l’information et la sensibilisation des consciences.
L’esclavage en milieu soninké de Kaédi qui persiste est beaucoup plus dans les mentalités que dans la pratique. Dans les comportements au quotidien d’où le complexe d’infériorité ou de supériorité du fait que l’autre est issu de la grande féodalité ou que ses grands parents avaient comme esclaves telles familles d’où souvent ou un climat d’alliance et d’entraide réciproque ou un climat de méfiance, de haine, de rivalité ou de frustration etc.
Faut-il qualifier ces faits évoqués d’esclavage ou de séquelles ? Quel que soit le qualificatif que l’on donnera à ces pratiques et à leurs relations d’anciens maitres à anciens esclaves, la lutte pour briser l’humiliation voire l’appellation « komé » qui veut dire esclave en soninké ne doit plus exister. C’est pourquoi, pour aider les populations victimes de ces pratiques d’esclavage féroce et brutal afin qu’elles accèdent à leur émancipation totale et à tourner les pages sombres de cette histoire humaine douloureuse, il incombe à l’Etat de prendre sa responsabilité pour l’éradiquer.
Je finirai votre question en disant que je combats sans réserve toutes les formes d’esclavage, comme pour mon engagement dans la lutte contre la torture. Il n’y a pas de petite ou grande torture et il ne peut y avoir non plus de bon ou mauvais esclavage!
Le Combat contre l’esclavage et dans toutes ses coutures doit être l’engagement de toutes et de tous !

4) A.H.M.E. : D'aucuns affirment que dans les foyers des immigrés en France, certains comportements esclavagistes persistent. Qu'en dites-vous ?
Justement, j’ai évoqué ce complexe de supériorité et d’infériorité dans la question précédente. Je ne pourrai pas dire avec certitude si ce phénomène est généralisé dans les foyers d’immigrés mais, je pourrai témoigner d’un cas avéré d’un individu qui se trouve dans l’un des foyers d’immigrés que j’ai un jour rencontré qui se plaisait d’être toujours à côté de ses anciens maîtres, prétextant de gagner mieux sa vie et que ses relations entre ses anciens maitres étaient naturelles et cordiales pendant que je le conseillais de se détacher d’opter pour sa liberté totale et de son épanouissement. Malheureusement l’intéressé me considérait plutôt comme un ennemi. Il me dit qu’il « s’accrochera avec bec et ongle » à ce type de relation qui n’est rien d’autre pour moi que les séquelles de cet esclavage. Il n’est absolument pas exclu que d’autres cas similaires existeraient dans les foyers au vu de la hiérarchisation de cette société qui ne repose que sur une histoire ancienne qui ne peut être acceptable pour nous militants pour l’égalité, la justice et l’émancipation de toutes les couches sociales.


5) A.H.M.E. : Peut-on gagner le combat contre l'esclavage et le racisme en Mauritanie alors que la communauté noire dans son ensemble est traversée par des divisions statutaires qui empêchent son unité ?
Tout est à portée de main ! Le combat pour les libertés c’est un combat de longues haleines, c’est des retournements de situation. Il y a certes des trahisons avec la bénédiction des pouvoirs successifs. Il y a eu des hauts et des bas dans ce combat pour la liberté et l’instrumentalisation par des forces obscures pour faire taire ou corrompre les bonnes volontés et cela s’avérait nécessaire dans le seul but de briser un élan et de pouvoir sauver le système féodal et dictatorial. De gros moyens sont déployés pour arriver à ces fins.
Effectivement nous avons connu des moments de périodes difficiles et que nous continuons de subir. Mais voyons autour de nous avec les nouvelles technologies, les médias, l’éducation , l’apport de la diaspora , l’exil, les échanges internationaux et l’évolution même du monde, nous nous rendons compte que tout est possible et que plus rien ne peut ressembler au passé, je pense que l’actualité est riche sur ce sujet précis et qu’aucun pouvoir ne pourra se contenter de l’intoxication de ces citoyens, jouant sur leur ignorance ou la fragilité.
Que les uns ou les autres se cramponnent dans des divisions statutaires, les révolutions se font maintenant de manière spontanée et les peuples n’attendent plus les ordres de cette classe vieillissante ou soit disant avant-gardiste, peu courageuse pour mener à bien le combat contre le racisme et l’esclavage. La roue de l’histoire ne tourne plus à l’envers et la question du racisme et de l’esclavage dans notre pays est devenue universelle et c’est pourquoi, malgré les divisions et ceux qui croient que ces deux questions sont leur jardin secret ou relèvent simplement de la volonté des gouvernants, se trompent. L’exemple de la solidarité nationale et internationale suite à l’arrestation de Biram Ould Abeid Ould Dah et ses amis abolitionnistes confirment cette assertion.
Et d’ailleurs vous remarquez aujourd’hui dans notre pays la création du FLERE, qui est une excellente idée de regrouper l’ensemble des fils de ce pays pour dire non, tous ensemble à l’esclavage et au racisme, cette structure répond à notre vœu pieux afin de venir au bout de ces pratiques d’un autre âge.
Les divisions c’est inhérent à la vie humaine, ce qui serait dommage c’est de passer à coté de son combat pour des raisons bassement matérielles ou d’alliance de circonstance comme on a l’habitude de le voir dans notre pays et le citoyen réduit au silence et dans ses conditions d’opprimés pour toujours.

6) A.H.M.E. : En quoi le système des castes qui sévit dans la communauté négro-mauritanienne porte-t-il atteinte aux valeurs républicaines à savoir la liberté, l'égalité etc. ?
Je qualifierai le système de caste d’anti thèse à la démocratie et une grande entrave à la promotion sociale dans notre pays.
Dans nos communautés nationales, il est fréquent que l’individu soit réduit à son appartenance sociale (forgeron, esclave, cordonnier noble, marabout etc..) cela dit, les mentalités, malgré l’évolution du monde, tardent à suivre d’où la persistance des inégalités sociales, des discriminations et des abus dans nos sociétés, qui ne correspondent à aucune valeur que je ne dirai pas seulement républicaine mais universelle.
Il va de soit que si l’on avait un état fort, avec une justice forte et indépendante, le citoyen serait mieux protégé et les lois appliquées à la lettre, ainsi donc les valeurs de la république se feront approprier par le peuple et les mentalités évolueront inéluctablement comme cela fut le cas partout dans le monde.
Prenons même l’exemple de la France, avant de la révolution Française de 1789, il existait ces problèmes de castes, de noble, de citoyens serviles etc.
Aujourd’hui, tous les citoyens sont égaux devant l’état et la justice. On est d’abord Français, loin de moi d’affirmer qu’il n y a plus de discrimination en France ou de racisme, sinon le FN n’existerait pas. Mais remarquons tout simplement que n’importe qui peut porter plainte contre le président de la république Française ou sur n’importe quel autre individu quelque soit son titre.
L’état mauritanien, malgré la lenteur de l’évolution des mentalités, doit assumer ses responsabilités et instaurer des lois régaliennes afin que cessent les discriminations, les marginalisations et les humiliations du fait de son appartenance sociale ou ethnique.


7) A.H.M.E. : Votre père, paix sur son âme, a participé au Mouvement Hamalliste (Hamallisme) sous la colonisation française. Certains membres de cette tendance islamique, dont votre père, ont connu la prison à Tidjikdja du fait de l'administration coloniale.
a) Parlez-nous du Hamallisme
b) Tidjikdja est habitée notamment par deux tribus très esclavagistes à savoir Idaouali et Idaw-Ich.
Votre père, vous a-t-il rapportés des faits liés à l'esclavage maure ce, durant son séjour à Tidjikdja ? Rappelons que vous avez des demi-frères qui ont pour mère une femme maure.
Il y a pratiquement plusieurs questions en une, néanmoins je tenterai d’y répondre succinctement malgré ma volonté de ne pas laisser de zones d’ombre sur une question surtout historique.
Effectivement, très exactement le 15 février 1930 à Kaédi, mon père avait à peine 20 ans , il venait d’être arrêté par les autorités coloniales avec beaucoup d’érudits talibés de Cheikhna Ahmadou Hamahoullah de kaédi, leur seul tort était leur pratique de ZIKR (Lâ îlâha, Illalah) avant chaque prière dans les Zawiyas. La riposte de l’autorité coloniale était disproportionnée : en plein mois de Ramadan, le 15éme jour du ramadan, ou l’on assassina de sang froid 51 personnes parmi ces talibés Hamallistes de Kaédi, tous soninkés .En plus de ces assassinats, l’autorité coloniale a emprisonné arbitrairement plusieurs rescapés envoyés dans des prisons en Mauritanie et dans plusieurs pays de l’Afrique afin de les neutraliser et les empêcher de pratiquer leur foi ou de résister aux colons.
Mon père avait été emprisonné, effectivement, avec ceux qui étaient envoyés dans les prisons de Tidjikdja, puis à Atar.
Alors c’est de cet exil, puisque tous condamnés à huit ans d’emprisonnement par l’autorité coloniale que beaucoup comme d’ailleurs mon père fonda une famille à Tidjikdja avec une Idawaili (Paix sur son âme) qui fut pour nous une mère et ne faisait aucune différence entre mes demi frères et nous. Elle prendra le chemin de retour avec mon père libéré vers kaédi en 1938. Elle sera rappelée à Dieu décédée en Aout 2005. C’est donc par ce biais qu’est né le métissage dans ma famille.
Donc, en réponse à votre question, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup écouté et de par mes fonctions d’officier, j’avais été muté au nord du pays ou j’ai appréhendé des choses.
L’individu est façonné de par son milieu, son environnement. Frédéric Rau nous disait la morale c’est l’éducation, c’est l’école, c’est la rue etc. Incontestablement, la personnalité et le vécu de nos papas ont largement contribué à façonner notre image et notre façon de penser, de voir et de juger aujourd’hui.
Et d’ailleurs pour votre information, le fondateur du Hamallisme en la personne de Cheikhna Ahmadou Hamahoullah est issu d’un brassage culturel dont la mère Assa Diallo dite waalida est peulh et son père est Beydane et s’appelle Ahmedou, Originaire de Tichit.
Pour comprendre la résistance des habitants de kaédi et leurs conditions de détention, je vous renvoie pour l’instant au livre d’Alioune Traoré de l’UNESCO sur le hamallisme.

8) A.H.M.E. : Les tenants du système de domination arabo-berbère comparent l'esclavage maure à l'esclavage dans le milieu négro-mauritanien. Cette comparaison vise souvent à minimiser l'esclavage dans la communauté arabo-berbère. Qu'en est-il exactement ?
Dans mes réponses antérieures, j’avais stigmatisé cette astuce des tenants du système de domination Arabo-berbère sur la pratique de l’esclavage dans les deux milieux.
L’esclavage en milieu Arabo-berbère c’est purement et simplement l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est l’acculturation, c’est l’humiliation, c’est les abus de tous ordres sans aucune possibilité d’épanouissement et de vision pour l’avenir. L’esclave, reste la propriété privée du maitre jusqu’à même l’hériter en ca s décès. En tout cas, je n’ai pas connaissance de cette pratique dans mon milieu soninké de Kaédi
La comparaison est déraisonnable et vise surtout à empêcher toutes les voix et opinions concordantes qui ont tendance à condamner cette pratique honteuse d’un autre âge.
Je dois encore rappeler que toute pratique esclavagiste est condamnable quel que soit le milieu.
Nous devons tout simplement nous méfier des prêches de nos gouvernants qui utilisent tous les moyens possibles et imaginables pour pouvoir agiter quand il faut ce levier d’esclavage comme pour faire oublier leurs forfaitures et abus.

9) A.H.M.E. : Relativement à l'esclavage et au racisme, quelles sont les différences entre le régime de Ould Taya et celui de Ould Abdel Aziz ?
Précisons que Ould Abdel Aziz a crée une ville destinée uniquement aux Maures et un lycée militaire qui n'accueille que des élèves maures.
Entre Taya et Ould Abdel Aziz, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, il n’y a aucune différence, je dirai que l’un a appris chez l’autre en matière de gouvernance.
C’est la continuité de l’esclavage, de la purification ethnique, du racisme, de la gabegie, du favoritisme, du clientélisme etc.
Vous venez de citer l’exemple du lycée militaire c’est l’illustration d’une politique tribale, effectivement, il parait qu’il n’est admis que les enfants d’officiers supérieurs, de ministres, de chefs de tribu et d’autres privilégiés à ce lycée loin d’être républicain, nous éloigne, des devises de la Nation à savoir honneur , fraternité et justice.
Comment construire une nation sur la base des inégalités à la naissance, dans l’éducation, devant l’administration, à la police, devant la justice, pour ne citer que ces cas.
L a création d’une ville ou lycée est destinée à une seule race dans notre pays, c’est justement les prémices d’une certaine instabilité, c’est aussi attiser , la peur et la haine, c’est tout simplement diviser le peuple et ceci n’est pas acceptable.

10) A.H.M.E. : Dans l'armée mauritanienne, on évoque souvent des pratiques esclavagistes du fait des officiers maures. Des hommes de troupes travaillent aux domiciles, dans les plantations de ces derniers. Eclairez-nous sur cette question ?
Dans l’armée, le principe selon lequel un chef reste toujours un chef n’est valable que dans l’exercice du commandement, dans l’accomplissement des missions, sur le terrain des opérations etc. je veux dire dans le bon sens du commandement et dans le respect de la dignité humaine.
Malheureusement dans notre armée, on détache souvent plusieurs soldats (hommes de troupe) chez les généraux, colonels et autres gradés pour des tâches ménagères, loin de leurs missions de soldats chargés de la souveraineté du territoire, ils sont quasiment déclassés et j’ai souvent appelé cela de l’esclavage administratif, comme d’ailleurs pour tous les nègres de service quelque soit leur poste dans l’administration qui ne font que subir sans la moindre initiative, corvéables à la merci au profit d’un individu ou d’une tribu.
Sur ce plan aussi nous avons beaucoup à faire, puisque nos hommes ne sont pas opérationnels, du fait de ce dysfonctionnement, de cette exploitation abusive qui ne repose que sur la mentalité des commandeurs et non celui des textes régissant l’armée et son fonctionnement.

11) A.H.M.E. : Quelle est la situation des Noirs en général et celle des Harratines en particulier dans l'armé mauritanienne ?
Malheureusement, l’élite Négro –Africaine a été complètement décapitée au sein de l’armée, depuis l’arrivée du colonel Taya le 12 décembre 1984. Sa première priorité a été de purifier l’armée, d’où l’invention quotidienne des complots imaginaires pour finaliser son projet macabre « quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage » alors il fallait à chaque fois accuser les Officiers et sous officiers Négro Africains et les envoyer dans des prisons mouroir comme cela a été le cas en 1987, en 1989 et en 1990.
Quand aux officiers Hratine, malgré leur présence encore au sein de l’armée, n’accèdent pas au commandement. Le système est fait de telle sorte à les laisser dans des postes de second rôle, ou les laisser sous surveillance, sous la subordination.
Et pourtant, les Hratines constituent la colonne vertébrale de notre armée, puisque l’écrasante majorité de la base est issue de cette communauté.
Souhaitons avoir une armée républicaine mais pour l’instant c’est loin d’être le cas et c’est le lieu de vous dire que le favoritisme et le clientélisme comme pour les autres secteurs gangrènent cet établissement.

12) A.H.M.E. : Dans l'affaire du passeport de Birame Ould Dah Ould Abeid en avril 2010, la mobilisation s'est limitée à trois organisations : FIDH, OCVIDH et AHME.L'emprisonnement des militants anti-esclavagistes suite à l'affaire Mint Bekkar Vall a suscité une mobilisation plus large. Outre les associations déjà citées, il y a eu SOS-Esclaves, FLAM, Conscience et Résistance, FLERE, SOS-Discriminés... Cette campagne d'informations a été payante puisque Biram Ould Dah Ould Abeid, Cheikh Ould Abidine et Alioune Ould M'bareck Vall sont libres depuis le 15/02/2011. Quelles conclusions en tirez-vous ?
Dans l’affaire du passeport de notre ami Biram, il y avait effectivement, votre ONG, les Flam et l’OCVIDH et beaucoup de personnalités nationales et internationales, qui avaient tous signé la pétition internationale afin de permettre à un infatigable militant des Droits de l’homme de circuler librement. Nos amis de la FIDH, ont joué un rôle remarquable grâce à AHME et l’OCVIDH.
Face à cette nouvelle agression et emprisonnement arbitraire du 13 Décembre 2010, il y a eu un regain de mobilisation et nous nous en réjouissons et pensons que le virus de la promotion des droits de l’homme gagne du terrain, ce qui nous donne davantage la motivation de continuer ce combat.
Nos camarades ont été libérés le 15 février 2011 grâce d’abord à la détermination des concernés et la pression nationale et internationale, j’en profite pour remercier le parti Radical Italien et notre amie IVANA DAMA en contact permanent avec notre bureau exécutif et tous les autres partenaires. A tout ce monde, nous ne le dirons pas d’ailleurs assez, merci !

13) A.H.M.E. : Quelles sont vos impressions relatives aux activités de A.H.M.E. ?
Je n’ai que de bonnes impressions pour AHME. Depuis au moins deux ans nos deux ONG travaillent ensemble sur certaines questions liées aux violations des Droits de l’homme. J’ai apprécié le sérieux, le dynamisme, la franchise et l’efficacité d’AHME et surtout sa disponibilité, chose rare dans le microcosme du militantisme des Droits de l’homme sur la Mauritanie.
Je suis persuadé qu’avec ce rythme, les choses évolueront considérablement malgré nos modestes moyens de lutte et que le vent de la promotion des Droits humains tant attendue par nos compatriotes commence à souffler.

14) A.H.M.E. : Votre dernier mot aux lecteurs du site www.haratine.com ?
C’est de dire un grand merci à votre site de m’avoir donné la parole sur l’esclavage dans notre pays
Et je profite pour citer Martin Luther King en disant « Tous les progrès sont précaires et la solution d’un problème nous confronte à un autre problème »
Donc , continuons à être vigilants !
Merci

NB : Réponse à la question sur jreida.
Effectivement, pendant mes deux séjours en prison , j’avais été arrêté et emprisonné arbitrairement à jreida.
En octobre 1987 ,lors du pseudo coup d’état et en décembre 1990 lors de l’arrestation de l’ensemble des militaires Négro-Mauritaniens dans toute l’étendue du territoire mauritanien

A.H.M.E : L'échange relatif au séjour de Mamadou Diagana Youssouf en prison a été évoqué oralement après envoi du questionnaire. Il ne s'agissait pas d'une question écrite. A.H.M.E. remercie l'interessé pour cette réponse.

L’équipe du site www.haratine.com vous remercie
Mars 2011

mardi 8 mars 2011

journal de maintenant - mardi 8 mars 2011


Mardi 8 Mars 2011

Il est certain que parallèlement au mouvement du 25 Février que le pouvoir va chercher à priver de son site physique, deux événements caractérisent soudainement le régime de la manière dont le jugent ses opposants depuis sa naissance. L’affaire d’esclavagisme pratiqué par des proches familialement dui général régnant et donc un défi à la législation. Les preuves de fraude fiscale s’accumulant contre la banque de Bouamatou.

Ce que me commente un ami :

Ce document est une véritable bombe. C'est la deuxième fois que je vois un truc sur la GBM. Bouamatou est dans la ligne de mire de quelqu'un ou quelque chose.

Lien avec la chute de la belle-famille de Ben Ali, en Tunisie ? coincidence avec la sortie de Claude Guéant de l’Elysée ?
Le document est un courrier adressé par la cellule juridique de l'inspection générale de l'état (IGE) à Sidioca, à l'époque président. Ils attirent son attention sur le fait que la GBM (banque propriété de Bouamatou) est la banque mauritanienne qui pratique le plus la fraude fiscale. A elle seule, elle fraude plus que tous les autres établissements banquier réunis.Sidi a donné suite en demandant, au ministre des finances et au gouverneur de la BCM, d'enquêter et de sanctionner si les faits sont avérés, quelques jours plus tard est il est déposé.L'enquête (signée par le site Alakhbar, site mauritanien le plus visité depuis la "fin" de Taqadoumy) revient ensuite sur le fait que les autres banquiers ont étaient emprisonné puis sommé de rembourser, et en même temps Bouamatou est décoré, avant de dire que la politique de lutte contre la gabegie prônée par Aziz est une politique destinée à régler des comptes : lorsque deux hommes d'affaires fraudent le fisc, on regarde d'abord leurs appartenance politique : si c'est un opposant alors prisons, si c'est un pro-Aziz alors décoration.

Mon correspondant le plus prestigieux conclut, après quelques jours de silence :

La situation générale semble empirer de plus en plus. De la période d'attente de la réalisation des promesses, l'opinion passe à l'énumération des promesses non tenues, avec tout ce que cela comporte de déprime et d'inquiétude.

lundi 7 mars 2011

essclavage - la loi n° 2007-048 du 3 Septembre 2007 voulue par Sidi Ould Cheikh Abdallahi déclarée aujourd'hui lettre morte

Des cas pratiques d’esclavage sur mineures par des proches du Président Mohamed Ould Abdel Aziz


Lundi, 07 Mars 2011 11:53

Accompagnés de plusieurs membre de son organisation, Monsieur Biram Ould Dah Ould Abeïd, Président de IRA –Mauritanie a saisi en bonne et due forme, ce Dimanche 06 Février, le Hakem de la Moughata de Toujounine de deux cas d’esclavage pratiqués sur les deux sœurs Oueïchita et Loueïla par, respectivement, Koueïla et sa grand-mère Fatma El Ghaliya Mint Lahreïtani.

Etait aussi présente la mère des mineures qui affirme avoir également subi les mêmes sévices de la part de la dite famille, depuis l’âge de cinq ans jusqu’à son mariage il y a seulement quelques mois. Et d’ajouter avoir connu aussi bien le viol que toutes les autres formes de tortures



Le Hakem a réquisitionné illico le Commissaire de la police M. N’Diouk pour se rendre chez Mint Lahreïtani et faire l’état des lieux. Après avoir embarqué les esclavagistes et les mineurs, il s’est rendu au commissariat de Toujounine avant de les conduire au commissariat des mineurs conformément aux dispositions des textes.

A la présence de l’avocate des mineurs, Maître Mme Fatimata M’Baye, la mère et ses fillettes avaient été écoutées. Ce fut la même chose pour Koueïla et sa grand-mère, Fatma El Ghaliya Mint Lahreïtani. Les deux esclavagistes ont, en effet, reconnu les faits qui leur sont reprochés. C’est en conséquence que Monsieur Biram demande au Commissaire Madame Mekfoula l’engagement des procédures légales. Sa réponse fut immédiate et sans appel : « Nous avons reçu de la haut l’ordre de ne plus engager les procédures relatives aux pratiques de l’esclavage qu’on nous soumet. Aucun procès-verbal n’est autorisé d’être établi depuis le problème de Mounimnie Mint Bacar. On nous dit qu’il s’est avéré que de tels cas d’esclavage existent en grand nombre si bien qu’en poursuivant tous les auteurs c’est tout le monde qui risque de se retrouver en prison. Après tout, l’esclavage est un problème qui oppose Haratines et Bithane et risque de les diviser davantage. »

Ces propos tenus par Mme le commissaire Mekfoula sont les preuves que désormais l’arsenal juridique, entre autres, la loi d’incrimination et de criminalisation de l’esclavage sont enterrées. Cela inaugure légalisation de ces pratiques et la protection pure et simple de leurs auteurs et donc d’un déni de justice sans nom et sans précédant.

Les militants de IRA qui se sont fortement rassemblés devant le commissariat des mineurs entendent continuer leur mobilisation jusqu’à l’engagement des procédures légales devant ouvrir la voie à la poursuite juridique des auteurs de ce forfait ignominieux. A noter que les deux esclavagistes sont les proches du Président Mohamed Ould Abdel Aziz et les cousines du Colonel Mohamed Ould Lahraïtani, l’actuel Chef d’Etat-major de l’armée de l’air.

Dans un point de presse organisé à l’occasion par IRA –Mauritanie devant le commissariat des mineurs, Monsieur Biram a mis en garde face à ce nouvel épisode synonyme d’absence totale de l’autorité de l’Etat. Car a-t-il dit « l’impunité dont jouissent les maîtres d’esclaves poussent les Haratines, esclaves et anciens esclaves, à se révolter contre l’autorité et à s’engager d’arrache pieds sur le chemin de la révolution à l’instar des autres pays de la sous région » Une nation, ajoute-t-il à la presse nationale et internationale, ne peut se bâtir sur l’iniquité sous la quelle ploient aujourd’hui plus d’un million et demi de Haratines à travers le pays.

Commission de communication de IRA- Mauritanie


Textes fondamentaux maintenant méconnus - procédure, abolition, répression
I -

circulaires et approche du président Moktar Ould Daddah
1957 . 1978



La Mauritanie contre vents et marées – mémoires pp. 564 à 568
(éd. Karthala . Octobre 2003 . 669 pages) disponible en arabe et en français

développement sur la Charte du Parti adoptée au congrès de 1975
in chapitre 20 –
Nos décisions révolutionnaires

4°)

l’élimination radicale de l’exploitation de l’homme par l’homme. Par le retour à l’Islam authentique, il sera mis fin à l’oppression culturelle et spirituelle, à l’inégalité dans le travail et en conséquence “ tout travail non rémunéré, non contractuel, non garanti, qu’il s’agisse de domesticité, de métayage ou de gardiennage de troupeaux, doit être éliminé ”.
De toute évidence, la Charte vise ici le problème de l’esclavage que, par pudeur honteuse, nous avons pris l’habitude de ne pas appeler par son nom.
Survivance abominable d’une époque révolue, l’esclavage existait encore chez nous bien qu’il soit contraire à l’Islam originel et qu’il soit condamné par l’Histoire. Usage fort complexe pratiqué depuis des siècles par notre société - comme par beaucoup d’autres sociétés arabo-africaines et autres -, il faisait partie intégrante des traditions négatives de toutes les composantes de notre société, aussi bien dans sa partie bédouine que dans sa partie sédentaire. Il ne pouvait donc malheureusement pas disparaître du jour au lendemain : ici aussi le facteur temps est incontournable. Même certains de ceux qui en étaient les victimes ne le remettaient pas en cause. A plus forte raison, ceux qui le pratiquaient. Ce qui ne nous a nullement empêchés, dès l’accession à l’indépendance de notre pays, d’oeuvrer pour sa suppression. Tâche particulièrement difficile dans un pays comme le nôtre, si conservateur et par ailleurs si vaste, avec des populations très dispersées et dont la grande majorité était nomade.
Aussi, notre première Constitution d’Etat indépendant, celle du 20 Mai 1961, en son article 1er, alinéa 2, supprime, de jure, l’esclavage en proclamant “ La République assure à tous les citoyens, sans distinction de race, de religion ou de condition sociale, l’égalité devant la loi ”.
Pour des raisons conjoncturelles – l’examen de notre candidature aux Nations Unies et les menaces intérieures et extérieures contre notre unité nationale naissante et l’intégrité territoriale de notre pays - cette suppression n’était pas suffisamment explicite. Néanmoins, pour nous, elle était réelle dans son principe. Raison pour laquelle le Parti et le Gouvernement ont, dès le début, mené une politique anti-esclavagiste, discrète certes - pour les raisons déjà évoquées - mais véritable et conforme à l’Islam originel et à la Constitution de 1961. Cependant, pour éviter de graves troubles que n’auraient pas manqué de provoquer une attaque frontale du problème, attaque dont nous n’avions ni les moyens judiciaires, ni les moyens policiers, nous avons du biaiser. Et alterner la persuasion et la fermeté, suivant les cas. Dans ce sens, des directives ont été données aux responsables politiques et administratifs. Ainsi, la fermeté était-elle prescrite aux autorités administratives et policières (gendarmerie et police) saisies de cas concrets. Lesquels cas devaient toujours être tranchés en faveur “des serviteurs” auxquels il devait être rappelé - tout comme à “leurs maîtres” - qu’ils étaient complètement libres.
Dans le même esprit, le ministre de la Justice, par circulaire n° 8 du 5 Décembre 1969 dessaisissait les cadis de tous les cas concernant “ la main d’oeuvre servile ”. Cas qui devaient relever exclusivement des tribunaux de droit moderne. La circulaire, dont j’avais personnellement pesé chaque terme, fut signée par deux Gardes des Sceaux successifs
[1], je tenais en effet d’une part à ce que la répétition ancre le principe dans les esprits, et d’autre part à ce que la hiérarchie de nos magistrats soit directement responsabilisée par le ministre. L’importance de la question et l’ampleur des critiques souvent mal informées me conduisent à donner ici l’intégralité de ce texte [2].

O b j e t : Main d’œuvre servile.

Mon attention a été attirée sur certains litiges nés à propos de l’utilisation de la main d’œuvre servile.
A cette occasion, je crois devoir vous rappeler que l’avènement à l’indépendance dans tous les Etats modernes a toujours consacré la suppression systématique de l’escalavage ainsi que celles de toutes les pratiques analogues. Aux idées réactionnaires artificielles, on pourrait obbjecter facilement que l’escalavage avait été à l’origine autorisé dans le Livre saint en vue de faciliter la soumission des infidèles et par suite leur conversion à la religion musulmane ; que cette « arme » devait être conbsidérée comme un moyen et non comme une fin ; que, de ce fait, l’esclavage n’aurait plus sa raison d’être dans une société musulmane à cent pour cent, que sa pratique est donc incompatible avec le nouvel ordre social tel qu’il est défini par la Constitution et les lois de la République prises dans le cadre de la Charte des Nations Unies et des conventions internationales.
En effet, la Constitution du 20 Mai 1961, après avoir fait référence, dans son préambule, à la Déclaration française de 1789 sur les droits de l’homme, et à la Déclaration universelle du 10 Décembre 1948 affirme, en son article 1er alinéa 2 : « La République Islamique de Mauritanie assure à tous les citoyens sans distinction de race, de religion ou condition sociale, l’égalité devant la loi ».
Cette disposition constitutionnelle vient donc supprimer, de façon claire et sans équivoque, toute discrimination raciale, religieuse ou sociale, et elle s’impose, non seulement dans l’application de la loi moderne, mais aussi dans l’application de la loi musulmane et droit coutumier qui ne sont, somme toute, qu’une partie intégrante du droit national mauritanien.
Dans le domaine social proprement dit, une loi de 1963 instituant un Code du travil en République Islamique de Mauritanie, interdit formellement le travail forcé ou obligatoire en donnant à cette fâcheuse institution la même définition que celle donnée dans les conventions internationales de 1926 et de 1956, je cite : « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré ». Fin de citation.
De même, le Code pénal actuellement en vigueur en République Islamique de Mauritanie réprime, sous des qualifications tantôt correctionnelles, tantôt criminelles, toute atteinte à la liberté d’autrui ainsi que tout acte de brutalité et de menace.
En particulier, toutes les conventions ayant pour objet d’aliéner la liberté d’une personne, sont réprimées par ce Code.
Or, j’apprends que certaines personnes présentent souvent aux autorités cette question « serviteur » sous des aspects divers et artificiels. Les cas suivants seraient les plus fréquents :
- parfois, il s’agit d’un « maître » qui s’approprie les bien de son « serviteur », sous le fallacieux prétexte que celui-ci, lui-même objet de propriété, ne pourrait rien posséder qui n’appartienne à « son patron »,
- tantôt, le « maître » tente d’empêcher le mariage de ses « serviteurs » si son consentement n’est pas demandé au préalable,
- tantôt, il s’agit d’un « maître » qui cherche vainement à rétablir son autorité sur ses prétendus serviteurs en « fuite » et il invoque à leur encontre de prétendues « créances » s’il ne les accuse pas, devant la juridiction répressive, de détournement ou de vol,
- tantôt enfin, il s’agit de conventions passées effectivement et ayant pour cause ou pour objet d’attribuer à une ou à plusieurs personnes la propriété totale ou partielle d’un prétendu « serviteur », d’une prétendue « servante » ou de leurs enfants.
Toutes ces pratiques sont anacrhoniques et nuisent au renom et à la réputation de notre pays et ne sont en tout cas conformes ni à notre droit interne, ni au droit international.
En conséquence, je vous demande de bien vouloir y mettre fin et de vous abstenir dorénavant de tout ce qui peut en permettre le retour direct ou indirect.

Je dois à la vérité de reconnaître que cette politique et ces directives n’étaient pas toujours appliquées à la lettre, surtout dans les coins reculés du pays où il n’y avait pas d’autorités étatiques, lesquelles, là où elles existaient, étaient parfois influencées par l’environnement conservateur pour ne pas dire réactionnaire. Mais, au niveau de la direction nationale, il n’y avait, quant au fond, aucun doute au sujet du but à atteindre, à savoir : l’élimination de cette plaie de notre société. Ce fut l’un des thèmes de la première conférence des responsables régionaux administratifs et politiques, tenue sous ma présidence du 27 au 31 Janvier 1969.
Pour assurer la libération et l’intégration de cette composante de notre peuple, une politique, claire quant à son contenu, mais insuffisamment explicitée pour des raisons tactiques déjà mentionnées - une politique claire a été définie par le Parti et le Gouvernement. La conception de cette politique résultait de notre conviction que la libération et l’intégration réelles de nos compatriotes “d’origine servile” devait se faire en particulier dans les secteurs de l’éducation, en encourageant la scolarisation des enfants, dans celui du travail en favorisant le recrutement des travailleurs, manuels et intellectuels, et dans le domaine militaire, en facilitant le recrutement par l’armée et les forces de sécurité de compatriotes de cette origine.
En 1978, cette politique, sans nous avoir permis d’accomplir des miracles, donnait déjà des résultats positifs. En particulier dans le domaine de la reconversion des mentalités. En effet, personne n’osait plus soutenir, ni même évoquer publiquement la pratique honteuse de l’esclavage. Personne n’osait plus “réclamer son bien”, s’agissant des “serviteurs” qui s’émancipaient de plus en plus nombreux, à mesure qu’ils devenaient plus indépendants économiquement : travailleurs salariés, fonctionnaires et agents de l’Etat, soldats, etc...
C’est par la détermination inébranlable des pouvoirs publics d’y mettre fin, par tous les moyens appropriés, et par l’indépendance économique des intéressés, que ce fléau social disparaîtra de notre société.

II -
lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla
1979 . 1984

ordonnance n° 81-234 du 9 Novembre 1981
JO RIM n° 554-555 p. 496
Ordonnance n° 81-234 du 9 Novembre 1981 portant abolition de l’esclavage

Le Comité militaire de salut national a délibéré et adopté :
Le Président du Comité militaire de salut national, chef de l’Etat, promulgue l’ordonnance dont la teneur suit :
Article premier – L’esclavage sous toutes ses formes est aboli définitivement sur toute l’étendue du territoire de la République Islamique de Mauritanie.
Art. 2 – Conformément à la charia, cette abolition donnera lieu à une compensation au profit des ayants droit.
Art. 3 – Une commission nationale, compose d’oulémas, d’économistes et d’administrateurs, sera instituée par décret pour étudier les modalités pratiques de cette compensation. Ces modalités seront fixées par décret une fois l’étude achevée.
Art. 4 – La présente ordonnance sera publiée suivant la procédure d’urgence et exécutée comme loi de l’Etat.

Fait à Nouakchott, le 9 Novembre 1981.
Pour le Comité militaire de salut national,
Le Président :
Lieutenant-Colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla

Ce n’est que quinze mois après une double scandale : mise en vente d’une jeune esclave sur le marché d’Atar en Mars 1980 et procès de Boubacar Ould Messaoud & consorts en Juin 1980 pour avoir dénoncé ce fait en manifestant sur la voie publique – qu’intervient l’ordonnance ci-dessus. Sa promulgation intervient au terme d’un long processus – occulte – qu’avait ouvert le 5 Juillet 1980, une réunion plénière du CMSN, décidant l’abolition de l’esclavage « après un débat approfondi autour de l’ensemble des aspects de cette question » et la mise en place d’une commission nationale comprenant des oulémas, des économistes et des fonctionnaires pour étudier les cas susceptibles de donner lieu à compensation ».

« Le CMSN a acquis la ferme conviction qu’une écrasante majorité de nos oulémas, tout en reconnaissant le bien fondé de l’esclavage tel qu’il est énoncé dans la cheriaa islamique émettent des réserves sur ses origines en Mauritanie et les conditions dans lesquelles l’esclavage est pratiqué dans notre pays . . . les oulémas estiment que l’Etat peut se substituer aux maîtres pour affranchir leurs esclaves, tout comme il a compétence pour exproprier les biens individuels dans l’intérêt de la nation . . . l’esclavage constitue l’un des problèmes les plus importants qu’affronte notre société et une maladie anachronique qui continue à obstruer la voie des efforts déployés dans le sens de la réalisation de nos objectifs d’indépendance nationale et de justice sociale »

III -

Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, Président de la République
2007 . 2008


loi n° 2007-048 du 3 Septembre 2007

JO RIM n° 1154 p. 1262 à 1264

Loi n° 2007-048 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes.

L’Assemblée Nationale et le Sénat ont délibéré et adopté ;

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

CHAPITRE PREMIER
Dispositions générales

Article premier – Fort des valeurs de l’Islam et de leurs objectifs destinés à libérer l’homme et lui garantir sa dignité, et conformément aux principes constitutionnels prescrits dans la Constitution et aux conventions internationales y afférentes, et, en vue d’incarner la liberté de l’homme de sa naissance à sa mort, la présente loi a pour objet de définir, incriminer et réprimer les pratiques esclavagistes.

Article 2 – L’esclavage est l’exercice des pouvoirs de propriété ou certains d’entre eux sur une ou plusieurs personnes.
L’esclave est la personne, homme ou femme, mineur ou majeur, sur laquelle s’exercent les pouvoirs définis à l’alinéa précédent.

Article 3 – Est interdite toute discrimination, sous quelque forme que ce soit, à l’encontre prétendue esclave.

CHAPITRE DEUXIEME
Du crime et des délits d’esclavage
Section première : Du crime d’esclavage

Article 4 – Quiconque réduit autrui en esclavage ou incite à aliéner sa liberté ou sa dignité ou celle d’une personne à sa charge ou sous sa tutelle, pour être réduite en esclave, est pûni d’une peine d’emprisonnement de cinq ans à dix ans et d’une amende de cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM) à un million d’ouguiyas (1.000.000 UM).
Les dispositions de l’article 54 de l’ordonnance n° 2005-015 en date du 5 décembre 2005 portant protection pénale de l’enfant, sont applicables à quiconque enlève un enfant en vue de l’exploiter comme esclave.
La tentative du crime d’esclavage est punie de la moitié de la peine de la peine applicable à l’infraction commise.

Section deuxième : Des délits d’esclavage

Article 5 – Quiconque porte atteinte à l’intégrité physique d’une personne prétendue esclave est punie d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM).

Article 6 – Quiconque s’approprie les biens, les fruits et les revenus résultant du travail de toute personne prétendue esclave ou extorque ses fonds est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM).

Article 7 – Toute personne qui prive un enfant prétendu esclave de l’accès à l’éducation est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM).

Article 8 – Quiconque prive frauduleusement d’héritage toute personne prétendue esclave est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) ou de l’une de ces deux peines.

Article 9 – Quiconque épouse, fait marier ou empêche de se marier, une femme prétendue esclave contre son gré est puni d’un emprisonnement d’un an à trois ans et d’une amende de cent mille (100.000 UM) à cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM) ou l’une de ces deux peines.
Si le mariage est consommé, l’épouse a droit à la dot d’usage doublée et peut demander la dissolution du mariage. La filiation des enfants est établie à l’égard du mari.
Les dispositions de l’article 309 du Code Pénal sont applicables à toute personne qui viole une femme prétendue esclave.

Article 10 – L’auteur de production culturelle ou artistique faisant l’apologie de l’esclavage est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) ou de l’une de ces deux peines. La production est confisquées et détruite, et l’amende est portée à cinq millions d’ouguiyas (5.000.000 UM) si la production est réalisée ou diffusée par une personne morale.
La reproduction ou la diffusion de ladite production sont sanctionnées par la même peine.

Article 11 – Toute personne physique coupable d’actes discriminatoires envers une personne prétendue esclave est punie d’une amende de cent (100.000 UM) à trois cent mille ouguiyas (300.000 UM).
Toute personne morale coupable d’actes discriminatoires envers une personne prétendue esclave est punie d’une amende de cinq cent mille (500.000 UM) à deux millions d’ouguiyas (2.000.000 UM).

Article 12 – Tout Wali, Chef d’arrondissement, officier ou agent de police judiciaire qui ne donne pas suite aux dénonciations de pratiques esclavagistes qui sont portées à sa connaissance est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) à cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM).

Article 13 – Quiconque profère en public des propos injurieux envers une personne prétendue esclave est puni d’un emprisonnement de onze jours à un mois et d’une amende de cinq mille (5.000 UM) à cent mille ouguiyas (100.000 UM) ou de l’une de ces deux peines.


CHAPITRE TROISIEME
Dispositions communes

Article 14 – La complicité et la récidive des infractions prévues à la présente loi sont punies conformément aux dispositions du Code pénal.

Article 15 – Toute association des droits de l’homme légalement reconnue est habilitée à dénoncer les infractions à la présente loi et à assister les victimes de celles-ci.
Dès que l’information est portée à sa connaissance et sous peine d’être pris à partie, tout juge compétent doit prendre d’urgence, sans préjudicier au fond, toutes les mesures conservatoires appropriées à l’encontre dzes infractions prévues par la présente loi.


CHAPITRE QUATRIEME
Dispositions finales

Article 16 – Les dispositions antérieures contraires avec la présente loi sont abrogées et notamment les dispositions de l‘article 2 de l’ordonnance n° 81-234 du 9 novembre 1981.

Article 17 – La présente loi sera publiée suivant la procédure d’urgence et exécutée comme loi de l’Etat.

Nouakchott, le 3 Septembre 2007

Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi,

Premier ministre : Zeine Ould Zeidane

Le ministre des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel, ministre de la Justice par intérim : Ahmed Vall Ould Saleh

[1] - Mohamed Lemine Ould Hamoni, ensuite Président de la Cour suprême, et Maloum Ould Braham

[2] - il fut diffusé vers les Préfets et Chefs d’arrondissements s/c des Gouverneurs des Régions et du district de Nouakchott, le Président du Tribunal de Nouakchott, le Procureur de la République, les Juges des sections, les présidents des Tribunaux de cadis, ainsi qu’à tous les postes de gendarmerie de notre pays

journal de maintenant - lundi 7 mars 2011


Lundi 7 Mars 2011


D’un correspondant :

Ce qu'on pense de la médiation en Côte d'Ivoire ? une seule réaction qui a beaucoup plu : Gbagbo qui aurait répliqué à AZ : " donne le pouvoir à Sidi ! je le remettrai tout de suite à Ouattara ! »

Et d’un autre, originaire de la vallée du Fleuve et militant particulièrement intègre et actif contre les pratiques esclavagistes :

Je vois des jeunes inquiets et soucieux de l'avenir. Ils sont désespérés, perdus ne sachant que faire. Malheureusement en Mauritanie, on aime ou on chercherait toujours à copier les pays arabes. La jeunesse mauritanienne n'est pas muûe pour mener des bonnes actions qui tireront le pays vers le haut. Nous voyons plutôt des jeunes qui mènent des actions sur la base de l'exclusion de telle ou telle tribu. Ce n'est pas mal, ce n'est qu'un début de l'apprentissage d'une révolte qui viendra sous peu.

un cas flagrant du savoir-détruire ambiant

Ce que je reçois d'un correspondant.

De la tentative désespérée des autorités de ternir l’image d’un des meilleurs cadres de ce pays


La Direction des Crimes Economiques, une unité rattachée a la direction Générale de la Police, continue de harceler Moulaye Al-Arbi Ould Moulaye M’hamed, l’ancien Directeur General de Sonimex, dans une tentative désespérée d’atteindre à l’image d’un homme hors soupçon dont le seul crime est d’avoir choisi de mettre ses hautes qualifications au service de son pays et refusé de se compromettre en contrepartie. Cette affaire met à nu les prétentions des autorités actuelles en matière de lutte contre la gabegie et accrédite l’idée que notre pays est gouverné par une bande d’arrivistes sans foi, ni loi, pour lesquels l’intérêt national et les droits des individus n’ont aucun sens.Moulaye Al-Arbi Ould Moulaye M’hamed pour ceux qui ne le connaissent pas est l’un des meilleurs cadres de sa génération. Major au Bac C, élève au lycée préparatoire aux grandes écoles en France, sortant de l’école centrale de Paris, sa carrière était tracée en France et dans le reste du monde. Il a choisi de revenir et de servir son pays premièrement comme cadre de la SNIM, ensuite comme consultant expert en contrôle de la qualité, avant d’être nommé par le gouvernement de transition de Sidi Mohamed O Boubacar comme directeur général de Sonimex. Il a été démis de ses fonctions durant la vacance constitutionnelle qui a suivi le coup d’Etat militaire d’Aout 2008. Son profil technique et professionnel ne lui est jamais monté a la tête comme c’est souvent le cas dans notre pays. Il est resté modeste, serein, et disponible pour toute contribution au bien-être de ses compatriotes.
La Direction des Crimes Economiques est une structure créée par l’ancien Chef de l’Etat Ould Taya, à la fin de son régime pour se donner bonne conscience. Elle n’a jamais été plus qu’une structure en plus dans un dispositif de contrôle des finances publiques qui a depuis longtemps cessé d’être fonctionnel. Elle ne doit sa notoriété qu’a son triste zèle dans des affaires ou le caractère politique l’emporte sur le souci de justice et de défense de l’intérêt public, montrant ainsi qu’elle n’est autre qu’un instrument aux mains de l’autorité en place pour intimider les opposants et rallier les corrompus au sein de la soi-disant majorité présidentielle. Même dans ce rôle peu flatteur, ses résultats sont médiocres ; de tous ceux qu’elle a instruit les dossiers, seuls ceux qui ne jouissent pas de solide soutiens au sein du "systeme" comme Ould Dedda, ancien commissaire aus droits de l'homme et Ould Khattri, l’ancien directeur de CAPEC, sont en prison pour des raisons certainement non liées aux charges qui leurs étaient adressées.
Son acharnement sur Moulaye M’hamed indique que celui-ci reste dans le collimateur des autorités dont la détermination sans précèdent à user de tous les instruments à leur disposition pour intimider tous ceux qui ne marchent pas à leurs pas est ahurissante. Cette manière de gouverner a déjà montré ses limites dans notre pays et ses conséquences se déroulent sous nos yeux en Libye et dans une moindre mesure en Egypte and Tunisie. Les autorités se trompent complètement s’ils croient qu’ils vont assujettir le peuple mauritanien de cette façon. Pour les hommes comme Moulaye, cette stratégie ne payera pas.Le Président de la République, si république il y a, seul commandant a bord d'un bateau en derive, doit méditer les defaites cuisantes infligées aux dictateurs arabes. La révolte de ceux auxquels n’a pas été donné aucun autre choix est un phénomène historique dont on ne peut encore apprécier les développements futurs dans les Etats concernés mais qui changera fondamentalement la perception des peuples arabes de leurs gouvernements. Ce qui se passe en Libye est particulièrement intéressant pour notre pays. « Notre ami » Gaddafi - auquel il faut rappeler la Mauritanie a été livrée pendant quelques jours pour jouer son show traditionnel et saboter les efforts des Mauritaniens pour construire un système démocratique de gestion collective – est entrain de livrer une bataille militaire contre son peuple pour conserver un pouvoir qu’il a exercé pendant 42 ans, justifiant le qualificatif de « mad dog of the Middle East » (le chien enragé du moyen Orient) que lui attribuait Président Reagan.
Ce « chien enragé » a beaucoup d’émules dans les cercles du pouvoir dans notre pays, certains lui ont même déclaré publiquement leur allégeance sans pudeur et sans que cela ne soulève d’indignation, ni a fortiori de condamnation.
L’ère des dictatures et des présidents à vie est a jamais révolue. Une réalité que le Chef de l’Etat doit comprendre et agir en conséquence, avant qu’il ne soit trop tard. Le Président doit savoir que l’Etat ne lui appartient pas même si il a forcé son entrée dans le palais présidentiel. Il a intérêt pour la continuité de son pouvoir et la préservation de l’unité nationale à entreprendre les efforts qu’il faut pour que les Mauritaniens ne soient pas obligés comme leurs frères en Tunisie, Egypte et, avec moins de chance, en Libye a forcer à leur tour leur entrée au palais présidentiel.La Mauritanie n’est pas un cas isolé comme veulent bien la présenter le thuriféraire du régime. Son peuple ne peut continuer à accepter qu’une bande s’accapare le pouvoir et l’exerce à sa façon.

dimanche 6 mars 2011

journal de maintenant - dimanche 6 mars 2011

Dimanche 6 Mars 2011


D’un correspondant ce matin :

Au sujet du 25 février, je crois que le pouvoir commence à se raidir. La police occupe la place de blocs depuis hier et des indices probants laissent prévoir que la police ne sera plus aussi "permissive" qu'avant. Donc, il y a des risques de frictions.

… puis cet après-midi :

S'agissant de la place Tahrir.
Ca bouge et ça bougera certainement tous les mardis et vendredis. Chaque fois ce sera plus nombreux et les revendications iront crescendo. le régime donne des signes de nervosités : il a suscité une contre manif hier, samedi, à la même place. Qui s'est terminée en fiasco(des provocateurs proches du vice-président du Sénat et cousin de Aziz ont attaqué les manifestants à coups de pierres). La jeunesse du 25 février craint, à juste titre, qu'il s'agisse d'un avertissement pour eux. Mais ils se tiennent prêts.

Ce que me confirme un autre correspondant en milieu de journée :

Les méthodes de bandits putshistes sur le Meidan
Le drame c'est que nous avons affaire à une tribu de bandits brigands doublée de putschistes Voilà ce qu'ils ont trouvé de mieux à faire -ils décident de faire venir sur la place des blocs des "jeunes soutenant MOAA "pour organiser un meeting de soutien -Mohsen, le sénateur de Rosso qui tenait un bar dans cette ville pour recruter les candidats à l'immigration clandestine en Europe avant l'arrivée de son cousin MOAA, (un passeur qui se transforme en sénateur!) est chargé de recruter cette fois des adolescants armés de pierre pour attaquer les jeune aooziens qui prennent de sitôt la fuiteEt ils croient que le tour est joué parce que le prétexte est trouvé d'interdire la place et que ce sont les jeunes de la révolution qui ont menacé l'ordre public en s'attaquant à leurs adversaires .

une analyse de l'U.F.P. - le drame des Mauritaniens est économique









Union des Forces de Progrès
site : http/www.UFPweb.org



La flambée des prix :

Causes réelles et propositions


28 février 2011

Résumé

Après avoir ignoré la question de la flambée des prix (cf. le discours de politique générale du Premier Ministre devant le Parlement le 6 janvier dernier), et brutalement réveillé par la révolution tunisienne, le Gouvernement vient de lancer dans la précipitation et une médiatisation indue l’opération dite des « boutiques de solidarité ». Pour se tirer d’affaires, il s’évertue à mettre exclusivement sur le compte du marché international la responsabilité de la hausse vertigineuse des denrées de première nécessité dans notre pays.
Certes, il est indéniable que notre pays n’a aucune prise sur les cours mondiaux. Par contre, le Gouvernement a tort de vouloir cacher l’impact très négatif de facteurs internes qui amplifie la hausse des prix. Citons-en:

1- La concentration monopolistique de l’importation des denrées de première nécessité. Ce processus qui s’est accéléré particulièrement ces dernières années, a eu pour conséquence de réduire le nombre d’importateurs de 15 à seulement 5 (qui ne sont en réalité que 3). L’un, par la part de marché qu’il contrôle, est désormais capable à lui seul d’imposer ses prix aussi bien aux consommateurs qu’à ses concurrents encore en lice. Cette emprise monopolistique privée sur la vie des Mauritaniens est le résultat, en grande partie, d’accointances avec le pouvoir en place et de privilèges et passe-droits qui font désormais de la libre concurrence un vain mot.
2- Les marges bénéficiaires exorbitantes. Ce que révèle une analyse attentive de la structure des prix : 32,9% pour le sucre, 49% pour le riz et 16,5% pour le blé par rapport au prix de revient rendu magasin du grossiste. Ces marges s’ajoutent à des taxes et charges multiples qui, toutes, dépendent de la volonté des décideurs.
3- La manipulation des prix des hydrocarbures ( taxes et hausses successives) pour renflouer les caisses de l’Etat lourdement grevées par la mauvaise gestion, est un autre facteur d’amplification de la hausse des prix ; il est en effet bien connu que l’inflation de ce produit est la plus diffuse dans l’économie.

Au lieu de s’attaquer à ces facteurs internes de la hausse des prix, le pouvoir a préféré lancer une prétendue « opération boutiques de solidarité », (au coût de neuf milliards d’ouguiyas dégagé hors budget et sans accord du Parlement) dont la mise en œuvre est confiée à un ou deux gros importateurs. Sur une population pauvre estimée officiellement à 1.380.000, seuls 600.000 sont pris en compte. De surcroît, la conception même de l’opération rend les boutiques du « Président des pauvres » pratiquement inaccessibles aux ruraux (77% de la population pauvre), voire aux défavorisés des villes, contraints à souffrir une peine et une humiliation disproportionnées pour accéder à une maigre ration quotidienne. D’où la désaffection notable des populations envers ces boutiques. La « solidarité » du Gouvernement, opération plutôt de propagande, risque de ne profiter qu’à quelques gros importateurs et distributeurs privilégiés.

Il est pourtant possible d’alléger les souffrances de nos populations par un train de mesures immédiates. Entre autres, le remplacement de l’opération « boutiques de solidarité » par un système de distributions gratuites périodiques aux groupes les plus vulnérables ou sans ressources ; le démantèlement de la situation de monopole d’importation de fait ; l’adoption du système de l’administration des prix des denrées de première nécessité et la décision d’une baisse générale d’au moins 15% qui laisse aux importateurs et distributeurs des marges bénéficiaires raisonnables ; la création d’un observatoire des prix.








I. Introduction

Notre pays est aujourd’hui l’objet d’une crise économique sans précédent caractérisée par une pauvreté aggravée par:

- Un chômage qui touche plus de 30% de la population active ;
- La contraction des activités du secteur privé national ;
- L’orientation des ressources de l’Etat vers des soi-disant projets d’infrastructures sans rapport avec les priorités du pays (Eléphants blancs) ;
- La cessation de paiement de certains établissements publics au moment où l’on en crée d’autres dont la rentabilité et l’intérêt économique sont loin d’être établis ;
- La chute des revenus des ruraux, consécutive, entre autres, à la baisse des prix des petits ruminants ;
- Une montée vertigineuse des prix des denrées de première nécessité.

Après avoir minimisé cette situation (le Premier Ministre ignore totalement la question des prix dans son discours devant l’Assemblée Nationale et accuse même l’opposition de mettre de l’huile sur le feu), le gouvernement, paniqué par l’exemple de la révolution du jasmin en Tunisie, lance brusquement, en grandes pompes, une opération dite de solidarité avec pour objectif annoncé, de venir en aide aux populations les plus démunies (deux ministres ont sillonné le pays pour propager une contre-vérité flagrante, à savoir une réduction des prix de 30%). Même si, en même temps, certains de ses supporters, tenaient un autre discours, clamant que, bien avant les pays arabes en ébullition, la révolution a déjà été faite en Mauritanie par Mohamed Ould Abdel Aziz.

Au delà de la légalité plus que douteuse de cette opération, qui a consisté à puiser dans les maigres ressources du trésor public, plus de neufs milliards, hors budget, (Aucun acte légal ou réglementaire n a été présenté à la session parlementaire extraordinaire qui devait s’ouvrir les jours suivants), nous présentons dans ce qui suit, une analyse du système d’approvisionnement du marché en denrées de première nécessité, et une critique de l’opération « boutiques de solidarité », afin de dévoiler sa nature réelle et faire des suggestions de mesures concrètes visant à alléger les souffrances des populations face à la montée vertigineuse des prix.


II. Principaux facteurs internes de la flambée des prix

II.1 La constitution de monopoles avec la complicité de l’Etat

Le marché est approvisionné principalement par des importateurs, la production nationale de riz, de blé, et d’huile étant très faible et quasi inexistante pour beaucoup d’autres produits.

Près de 80% des approvisionnements importés en riz, blé et sucre proviennent de trois gros importateurs.

Le tableau ci-après donne les parts de marché de ces importateurs ainsi que leur évolution de 2009 à 2010 pour les trois denrées citées ci dessus.


Tableau 1 : parts de marché des trois principaux importateurs

Importateurs
Parts de marché 2009
Parts de marché 2010
Groupe Ghadde
36%

43%
Groupe MAOA
27%
24%
Groupe AON
7%
12%
TOTAL
70%
79%


Il est très clair que nous faisons face à une situation de monopole avec position largement dominante pour le groupe Ghadde qui contrôle désormais 43 % du marché contre seulement 36 % pour les deux autres concurrents réunis les plus en vue, premiers importateurs du pays jusqu’en 2005. Il est aujourd’hui en mesure d’imposer les prix du riz, du blé, du sucre et de l’huile à tous les importateurs, y compris aux deux autres Groupes cités.

Ce renversement des positions et le processus de concentration monopolistique se sont particulièrement accélérés au cours des deux dernières années. Il est alors plus que légitime de s’interroger sur l’incidence de la proximité avec le pouvoir actuel, dans cette évolution fulgurante.

Par les accointances développées avec les régimes politiques successifs, et les avantages injustes que ces derniers accordaient (taxes douanières supprimées, transfert de devises aux meilleurs taux, accès prioritaires au quai des navires) les importateurs proches du pouvoir ont réussi à inverser les positions sur le marché et à en exclure les autres, les unes après les autres, ou à en faire leurs distributeurs.

C’est ainsi qu’en dix ans, le nombre d’importateurs de blé, sucre et riz est passé de plus de 15 à moins de 5 importateurs. Un tel monopole d’un groupe réduit ouvre la porte à tous les abus : entente illicite sur le prix, contrôle de réseaux de distribution, création de pénuries fictives, fausses déclarations sur la marchandise, prise en otage du consommateur, etc.…

En plus d’être importateurs et réceptionnaires, ils sont pour la plupart, transitaires et manutentionnaires de leur propre marchandise. Face à leurs déclarations contradictoires sur la même marchandise auprès des différents guichets (douane, BCM etc.), les pouvoirs publics préfèrent fermer l’œil, prendre le risque de manques à gagner importants pour le trésor public sans impact par ailleurs sur le niveau des prix. La porte est ainsi ouverte aux manipulations de tout genre.

La libre concurrence, « la main invisible et régulatrice du marché », invoquée par le libéralisme, disparaît ainsi. Des prix de monopole sont imposés sans égard à la loi de l’interaction libre entre l’offre et la demande. Pourtant aux USA, pays du libéralisme par excellence, les lois anti trusts ont été créées pour lutter contre ce diktat d’un groupe restreint sur la collectivité nationale. Chez nous, on fait la politique de l’autruche en laissant la voie libre aux monopoles privés. Serait-ce le renvoi de l’ascenseur en compensation du financement « salutaire » de la fameuse motion de censure pour renverser le gouvernement du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi en juin 2008 ou des grandes contributions à la campagne présidentielle 2009 ?

Tout comme il est légitime de se poser la question de savoir à qui a profité la mort programmée de la SONIMEX, unique outil d’action de l’Etat sur le marché, auquel les pouvoirs publics avaient confié jadis, la difficile mais nécessaire mission, de stabiliser les prix en cassant les monopoles privés. La preuve irréfutable de cette mort programmée, est le fait que depuis le coup d’état de 2008, le registre au port affiche zéro bateau reçu par la SONIMEX.
Cette société s’est pourtant, admirablement bien acquittée de sa tache de stabilisation des prix en contrôlant 10% du marché en 2007 et 2008, quand elle recevait régulièrement des bateaux. L’abandon de cette société et le sort qui lui est réservé aujourd’hui, après une si bonne performance, ne peut être le fait du hasard.

II.2 Flambée des prix, marges exorbitantes et inflation :

Dans son plaidoyer cherchant à justifier l’augmentation des prix, le gouvernement cite exclusivement des facteurs internationaux ; en particulier « le déséquilibre structurel entre offre et demande mondiale et d’une part et d'autre part, l'occurrence de phénomènes naturels tels les incendies en Russie et les inondations en Australie ». S’il est indéniable que les cours mondiaux de certaines denrées connaissent à l’heure actuelle une flambée inquiétante, il n’est cependant pas admissible de passer sous silence que le prix de vente sur notre marché est composé d’une part, d’un prix à l’importation (CAF) sur lequel nous n’avons pas de prise, et d’autre part d’une composante nationale, constituée de frais divers et autres bénéfices, et dont l’importance dépend bien de nos décideurs.
Une analyse sommaire permet de se rendre compte que la flambée des prix sur nos marchés, est due à la conjonction du facteur externe et du facteur interne.

La cause principale de cette flambée des prix sur le plan interne, est le contrôle du marché des denrées de première nécessité par des monopoles de fait, voire par un seul, avec le consentement voire la complicité des pouvoirs publics. Ici sont plutôt en cause les marges exorbitantes que ces monopoles réalisent sur le dos du consommateur.

Le tableau 2 ci-dessous montre le niveau très élevé voir scandaleux des marges dégagées par les commerçants. Le tableau 3 Indique les surcoûts directs induits par la gestion portuaire. Le tableau 4 démontre que l’augmentation des prix ne peut être mise sur le compte de l’inflation.



Tableau 2 : Marges bénéficiaires


Prix de revient de la tonne
Prix de vente de la T aux détaillants
Marge de l'importateur
Marge importateur en %
Prix de vente T aux consommateurs
Marge du détaillant
Marge détaillant en %
Total marges
Sucre
225 950
248 000
22 050
9,75%
300 000
52 000
20,96%
74 050
Riz
147 650
175 000
27 350
18,5%
220 000
45 000
25,7%
72 350
Blé
120 081
130 000
9919
8,3%
140 000
10 000
7,69%
19 919

Les marges sont trop élevées tant au niveau du grossiste que du détaillant, le tout étant supporté par le consommateur : 74 UM sur le kg de sucre par rapport au prix rendu magasin du grossiste, 72, 35 UM sur le kg de riz par rapport au prix rendu magasin du grossiste et 19,9 UM sur le kg de blé par rapport au prix rendu magasin du grossiste. C’est exorbitant. On a des différences de 32,9% pour le sucre, 49% pour le riz et 16,5% pour le blé, par rapport au prix de revient rendu magasin du grossiste.

Par ailleurs, l’examen des charges venant s’ajouter au prix CAF pour aboutir au prix rendu magasin du grossiste importateur (tableau II.3 ci-dessous) montre qu’il y a à ce niveau des éléments non négligeables pouvant être réduits et qui pèsent également sur le consommateur. Il s’agit de la manutention bord, des droits du port, de la douane, du BEMOP et du transport du port à la ville. L’Etat peut également intervenir sur une partie de ces coûts pour contribuer à la diminution des prix.

Tableau 3 : Charges s’ajoutant au Prix CAF


Sucre
Blé
riz brisures
Coût CAF $ US
800$
300€
500$
Coût CAF UM
220 000
114 600
13700
Douane
1 500
2 021
7 500
Droit de port
1 000
410
1 000
Manutention bord
1 300
1 000
1 000
BEMOP
1 000
1 000
1 000
Transport port – ville
800
800
800
Déchargement magasin
350
350
350
Total Douane et freigh forwarding
5 950
5 581
11 650
PRIX DE REVIENT RENDU MAGASIN
225 950
120 081
175 450

Bien que les taux officiels de la tarification douanière soient respectivement de 32.8% pour le sucre, 3.5% pour le blé et 8.6% pour le riz, les pouvoirs publics recourent plutôt à un système de forfait en matière de perception tel que révélé par le tableau ci dessus.
L’objectif déclaré de cette violation de la loi de finances, est d’éviter au consommateur un renchérissement encore plus important des prix qu’aurait engendré l’application stricte des taux de perception officiels. Ce « noble souci » pour les intérêts des plus démunis, ouvre en réalité la porte à l’opacité, et profite au premier chef aux proches du pouvoir. Il est de notoriété publique aujourd’hui, au port de Nouakchott, que le système de forfait se fait à la tête du client. Ce qui contribue fortement dans le processus de concentration monopolistique de l’importation mentionnée plus haut.

Tableau 4 : Variation des prix de 2008 à nos jours


Prix de vente T aux consommateurs actuel
Prix de vente T aux consommateurs 2008
Variation actuel/2008
Variation actuel/2008 en %
Sucre
300 000
130 000
170 000
130%
Riz
220 000
120 000
100 000
83%
Blé
140 000
50 000
90 000
180%


Tableau 5 : Inflation


2008
2009
2010
Inflation
7,3%
2,2%
6,1%

Les variations des prix de ces denrées ne peuvent nullement être mises sur le compte de l’inflation. En effet, le tableau 5 ci dessus montre que l’inflation cumulée de 2008 à 2010 est estimée à 15,6%. Cette inflation est largement inférieure à la variation des prix pour la même période. Nous avons des variations largement supérieures : 130% pour le sucre, 83% pour le riz et 180% pour le blé (Tableau 4).


II.3 Augmentation répétitive du prix des hydrocarbures

En plus des marges imposées par les monopoles, se trouve également l'augmentation par le gouvernement de manière répétitive et substantielle des prix des hydrocarbures. Le cumul de ces augmentations pour l'année 2010 est de près de 20%. Les hydrocarbures étant le produit dont l'inflation est la plus diffuse dans l'économie, on ne pouvait mieux faire si l’on voulait provoquer une flambée des prix ! D’autant que la structure des prix de ce produit comporte de multiples taxes destinés à renflouer les caisses de l’Etat pour compenser les déficits provoqués par une gestion chaotique. D’ailleurs, les pouvoirs publics ne se préoccupent guère de surveiller cette dimension importante du problème de la hausse des prix.
La situation à ce propos est d'autant plus cocasse, que des augmentations du prix des hydrocarbures se font au moment où le directeur des hydrocarbures prétend avoir ramené le coût du cabotage du gasoil de 22 à 15$. Soit un gain de 7$ par tonne métrique transportée, et de plus de 5 millions de $ sur les 700 000 t consommées par an. Si cette réduction est réelle, pourquoi ne l'a t'on pas déduite directement de la structure de coût des hydrocarbures ?


III. Critique du système des « Boutiques de solidarité »:

Le principe d’alléger le prix des produits de première nécessité pour les populations les plus défavorisées est en soit louable. Mais le système des boutiques de solidarité mis en place, plutôt que de répondre à l’impérieuse nécessité d’endiguer la flambée des prix, va plutôt dans le sens de profiter de la situation d’urgence pour faire à nouveau des cadeaux aux monopoles, sans assister véritablement les plus pauvres.

III.1 Le renforcement des monopoles

En mettant l’argent du contribuable à la disposition des importateurs privés, sous le couvert d’une opération de solidarité (sans appel d’offres ni même consultation restreinte), dans le cadre d’un marché de gré à gré accordé à deux importateurs, le gouvernement aggrave la situation de monopole.

Mettre en avant la Fédération du Commerce, est un leurre qui ne trompe personne. Les stocks dans lesquels on a puisé, appartiennent à un ou deux monopoles privés.

De plus, les denrées mises dans les boutiques de solidarité sont achetées auprès des monopoles, plus cher que le prix de vente en gros sur le marché (voir tableau ci-dessous) au lieu de réduire les marges bénéficiaires déjà exorbitantes. A ce gain facile, s’ajoute d’autres frais supportés par le contribuable comme le transport (2000 UM la tonne) et les frais de gestion de la boutique à 15 000 UM la tonne. En plus, la non généralisation de la mesure de réduction des prix fait que des produits identiques sont vendus sur le même marché à des prix différents. Il y a donc une opportunité d’arbitrage permettant à certains commerçants de gagner de l’argent sans dépenser une seule ouguiya, en vendant une partie des produits de l’opération de solidarité au prix du marché.

III.2 Attribution illégale de fonds publics à des monopoles et absence totale de contrôle

L’argent du contribuable est donné à des monopoles privés que l’on charge d’approvisionner des points de vente choisis par des semi - grossistes choisis eux-mêmes par le cartel constitué pour l’opération solidarité. Cela ressemble à un détournement de biens publics.

Par ailleurs, le dispositif de contrôle est purement formel. Dans les faits, cette opération est entièrement laissée à la discrétion des opérateurs qui sont à la fois fournisseurs et livreurs de leurs marchandises à des points de vente choisis par eux (au moins pour les 250 boutiques prévus à Nouakchott)!

III.3 La majorité des plus pauvres ont été oubliés.

L’opération élaborée par le gouvernement vise selon ses concepteurs, une population dite pauvre estimée à 120 000 familles à raison de 5 membres par famille, soit 600 000 personnes seulement, alors que le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté 2011-2015 qui vient d'être adopté par le gouvernement, estime à 1.382.200 le nombre de pauvres en Mauritanie en 2008 et ajoute même que ce nombre ne cesse d'augmenter (page 10).
Le document souligne qu’en 2008 « 42% de la population mauritanienne vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que 25.9% vit dans l'extrême pauvreté. »
Il apparaît ainsi, que les planificateurs du gouvernement ont laissé à leur triste sort près de 60% de la population concernée.

Autre insuffisance majeure dans cette opération à laquelle pourtant une gigantesque promotion a été assurée à travers les medias publics : la répartition géographique arrêtée. En effet, et au-delà du fait que le nombre de boutiques ouvertes est très insuffisant (600 pour toute la Mauritanie) leur répartition géographique fait une confusion énorme entre densité de population et pauvreté. Laissant ainsi supposer que la population pauvre est principalement urbaine. C'est ainsi que le nombre de boutiques à Nouakchott seule (250) équivaut à celui de 8 régions : Hodh Charg, Tagant, Brakna, Gorgol, Guidimakha, Assaba, Trarza et inChiri (249 boutiques).
Et pourtant le Cadre Stratégique cité plus haut, souligne que La pauvreté "reste d'abord un phénomène rural, avec une incidence de 59.4% contre 20.8% en milieu urbain. En outre la zone rurale abrite plus de trois quarts (77,7%) des pauvres du pays"

En plus de tout cela, le manque de contrôle et de transparence soulignés plus haut, ne permet nullement de s’assurer que les populations ciblées officiellement, profitent réellement de cette opération

III.4 L’impact de l’opération est insignifiant

En milieu urbain, le temps d’attente pour être servi dans une boutique de solidarité est très long, 3 à 4 heures. Chaque boutique de solidarité étant chargée de servir 200 familles, avec un temps de service d’au moins cinq minutes par personne, il faudrait 1000 minutes, soit plus de 16 heures par jour pour servir tout le monde. Dans certains quartiers, le prix du taxi ou la peine à prendre pour rejoindre le point de vente le plus proche et pour le retour, ajouté au prix de la ration à acheter (1 litre d’huile, 1 kg de sucre et des 2 kg de riz, le blé reste introuvable), rend plus économique d’ignorer les « boutiques du président des pauvres » et de faire ses achats dans la boutique ordinaire d’à côté.
Pourquoi faut-il imposer tant de peine pour obtenir si peu à des populations déjà accablées par la misère ? Pourquoi les soumettre à cette humiliation quotidienne de faire la queue des heures durant pour acheter de surcroît ce qui équivaut traditionnellement à de la charité ?

En milieu rural, la situation est pire, le délai de route pour rejoindre une boutique peut prendre une journée tout entière. Les ruraux pauvres, comme tous les autres ruraux, ne peuvent donc se soumettre au régime des emplettes quotidiennes propres à des populations urbaines.

C’est pour une telle opération inefficace, illégale et sans aucun impact, que deux ministres ont sillonné le pays au frais du contribuable, pour témoigner auprès des populations que 600 boutiques de solidarité ont été ouvertes afin d’alléger la souffrance de 600 000 « pauvres » par une diminution de 30% des prix. Et occultant le fait gravissime que 800 000 autres vrais pauvres ont été abandonnés à leu sort.
Le moins qu'on puisse dire, est qu'il s'agit là, d'une grossière insulte à l'intelligence des Mauritaniens. La désaffection des populations à l’encontre des « boutiques du président des pauvres », observée tant dans les villes que dans les campagnes, en dit long sur l’échec de cette lamentable et désastreuse opération de manipulation de l’opinion.


IV. Propositions de mesures immédiates

1) Transformer « l’opération boutiques de solidarité » en opération de distribution gratuite à des groupes cibles d’extrême pauvreté et en confier la mise en œuvre au CSA, au Croissant rouge mauritanien avec la participation des conseils communaux.

2) Une baisse immédiate et généralisée des prix des denrées de première nécessité : Riz, sucre, blé, huile et lait

Compte tenu de l’ampleur des marges bénéficiaires (par rapport aux prix de revient rendus magasin de l’importateur) et des autres charges imposées par l’Etat, il est impératif et possible d’opérer une réduction généralisée des prix de ces denrées d’au moins 15% pour alléger les souffrances de nos populations très majoritairement pauvres tout en permettant aux importateurs et détaillants de faire des marges raisonnables.


3) Empêcher les situations de monopoles

La lutte contre la concentration de l’activité d’importation entre les mains d’un groupe d’importateurs restreint, passe par un retour à des règles transparentes, connues de tous et équitables dans l’attribution des devises, le paiement des droits de douanes, à l’application, pour l’accostage des bateaux au port, de la règle « premier venu premier servi » et priorité pour les lignes régulières. Cela passe également par l’arrêt de cette vilaine pratique d’un service public rendu à la tête du client.

Dans le même cadre, interdire le contrôle de plus de 20% des importations d’une denrée de première nécessité par un seul importateur.

L’Etat, s’il veut réellement empêcher la constitution de monopoles, devrait aussi encourager l’émergence d’un pôle d’importateurs moyens, en leur accordant des moyens et des facilités pour la mise en place de circuits de distribution concurrents. A défaut de réussir un tel objectif, faire revivre la SONIMEX en l’améliorant et en lui accordant des moyens suffisants pour assurer de 10 à 15% des importations des denrées de première nécessité pour contribuer à la baisse et à la régulation des prix.


4) Mise en place d’un Observatoire des prix :

La principale faiblesse dans le dispositif actuel, est l’absence d’un outil à la disposition des pouvoirs publics et permettant de centraliser les données relatives au circuit d’importation en particulier des matières de première nécessité.

Il existe bien une direction de la concurrence au niveau du ministère du commerce, mais cette direction est complètement inopérante, du fait du manque de ressources humaines et de moyens matériels.

La mission de cet outil est pourtant fondamentale et peut se situer à trois niveaux :

a) Suivre le niveau des stocks nationaux par rapport aux besoins avec pour objectifs de :
- Anticiper d’éventuelles pénuries, particulièrement dans les périodes sensibles comme les catastrophes naturelles, au plan national ou international, le Ramadan, la période de soudure ;

- Identifier le calendrier ainsi que le volume de la production nationale afin de définir avec la plus grande précision, le déficit céréalier national périodique (3mois) et sur l’année. Dans la perspective d’éviter que les importations ne viennent gêner l’écoulement de la production nationale, ou qu’à l’inverse la période de soudure ne puise pas être couverte par des quantités d’importation adéquates ;

- Suivre le cours des denrées sur le marché international, afin de fournir aux décideurs privés et publics les éléments objectifs permettant de reconstituer les stocks aux moindres coûts ;

- Définir annuellement et scientifiquement le niveau de l’aide d’urgence dont le pays a besoin, avec suffisamment d’avance pour permettre aux donateurs d’agir efficacement.

b) Etablir la structure de coût de chaque matière d’importation avec pour objectifs :

- Identifier les éléments objectifs de cette structure (coût d’achat, fret, assurance, manutention) afin de proposer des solutions pour les réduire. A titre d’exemple, un encadrement des importateurs nationaux à travers un regroupement des besoins, peut réduire les coûts d’achat et de fret. Des tribunaux de commerce plus justes et moins corrompus et dotés de moyens peuvent réduire les coûts d’assurance ;

- Identifier les éléments subjectifs de cette structure, à savoir des marges bénéficiaires exorbitantes réalisées par les importateurs et les demi-grossistes et proposer les solutions de rechange.

5- Instaurer une administration des prix pour empêcher les marges énormes réalisées par les importateurs sur les produits de première nécessite (voir la structure des coûts d'importation).

Pour faire face aux abus des monopoles, en plus des suggestions ci-dessus, nous devons nous inspirer des expériences de nos voisins, notamment le Sénégal.

Notre voisin du sud vient de décider de revenir sur ce régime de la liberté des prix et d'appliquer un système d'administration des prix. « L'avantage de ce régime, selon le ministre sénégalais du commerce, Amadou Niang, est qu'il nous permet de suivre l'évolution des cours internationaux .Mais il permet aussi de suivre les marges des industriels, les marges des distributeurs, et les marges des micro-détaillants."

Pour réaliser ce projet beaucoup plus ambitieux que le nôtre, six matières de première nécessité sont concernées (sucre, riz, savon, tomate, huile et lait), les autorités sénégalaises disposent d'un outil efficace qui nous fait défaut. Il s'agit du Conseil National de la Consommation.
Le résultat de l’opération sénégalaise est une réduction générale des prix de 15%.

6) Subventionner les agriculteurs nationaux à la production.

Pour réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur en matière d’approvisionnement en denrées agricoles de première nécessité, subventionner les agriculteurs à la production au détriment des importateurs des mêmes denrées.

7) Démocratiser l’élaboration de la structure des coûts des hydrocarbures en la confiant à une Commission Nationale élargie aux associations de consommateurs ainsi qu’aux opérateurs impliqués avec un exercice régulier du contrôle parlementaire afin d’en assurer la transparence et la pertinence. Il est en effet scandaleux que la gestion d’une variable économique aussi sensible, parce que redoutablement inflationniste, que le prix des hydrocarbures soit proposée par un seul individu (le directeur des hydrocarbures) et arbitrairement fixée par un ministre, en fonction des besoins momentanés de recettes d’un gouvernement, quelle que soit par ailleurs sa légitimité.

8) Faire revivre le Conseil Economique et Social, comme cadre national de débat et de validation des politiques et mesures envisagées face aux grandes questions sociales de l’heure.