jeudi 10 mars 2011

papier récapitulatif . Biladi en début d'après-midi


La révolution des jeunes a-t-elle vraiment pris en Mauritanie ?


Jeudi, 10 Mars 2011 13:05

L’information a circulé, d’abord, sur la toile, à travers les forums sociaux. Puis, peu à peu, elle est évoquée, d’une manière sommaire, dans les médias. Ensuite, elle est reprise par l’opinion, sans qu’elle ne soit véritablement prise au sérieux, la révolution de la jeunesse mauritanienne. Or, celle-ci semble être décidée à marquer sa journée. A l’instar de la jeunesse tunisienne et égyptienne, qui chacune se réclame d’une date, respectivement, le 17 janvier et le 25 janvier, la jeunesse militante mauritanienne s’identifie, désormais, à la journée du 25 février. La veille de cette date, le Premier ministre, comme par hasard, s’était déplacé dans un quartier déshérité et avait promis, en plus de dix-sept mille emplois, une journée de grande générosité. Tout en rappelant le droit à manifester garanti, dit-on, par la Constitution. En plus, c’était un vendredi. Dans un pays musulman, c’est une journée de charité, propice pour les offrandes. Où, justement, les populations pauvres de la ville ont pu profiter d’une distribution gracieuse de poissons et même de terrains

Pour les jeunes, qui se mobilisaient déjà depuis quelques temps, sur le tentaculaire Facebook, le poisson frais, de premier choix soit-il, ne figurait, visiblement, pas, en priorité, sur la liste de doléances, ce jour-là. Après la prière du vendredi, quelques petits groupes de jeunes commençaient à investir la place des blocs, baptisée, pour l’occasion, ‘’Place de la Liberté’’. La journée était, particulièrement, chaude et poussiéreuse. A 17 heures, le nombre de manifestants est considéré, par certains organisateurs, en deçà, des espérances. De l’autre coté, les soutiens du pouvoir, dans un élan euphorique se délectaient de ce qu’ils n’hésitaient pas à qualifier d’échec. ‘’ Cela, réconforte ce qu’on a toujours dit et répété.’’ La Mauritanie n’est pas comme la Tunisie, ni comme l’Egypte.’’ Vers dix-huit heures, l’affluence s’était relativement améliorée, mais certains initiateurs espéraient beaucoup plus, même si d’autres jugeaient qu’il s’agissait d’un bon départ. La police qui s’était positionnée, à proximité, n’était mandatée qu’à réguler la circulation de la grande avenue, qui a connu, une fébrilité inhabituelle, dans une journée de repos

Les pancartes et banderoles brandies déclinaient des slogans aussi variés que le sont les origines des différentes groupes qui constituaient la manifestation. Chacun roulait pour son propre agenda. En tout cas, on pouvait lire des slogans inspirés d’ailleurs. Sur les pages facebook animées par les jeunes contestataires, on ne peut qu’être surpris par le grand intérêt qu’accordent ces jeunes à ce qui se passent dans les pays arabe et, en particulier, l’Egypte et la Tunisie où les jeunes ont déjà gagner leur bataille. C’est une école d’apprentissage pour les révolutions cybernétiques. Une information, par exemple, relative à un exploit réalisé par la jeunesse égyptienne, au Caire, est passée en boucle. Les Tunisiens s’en inspirent, non sans jalousie, et l’accommodent au contexte tunisien, en lui apportant des améliorations. La jeunesse mauritanienne se nourrit de cet univers, où les jeunes arabes rivalisent dans les techniques de révolutions technologiques

Après cette première sortie, les débats, dans les forums sociaux ont porté essentiellement sur la nécessité d’améliorer le niveau de mobilisation

Le second rendez-vous, pour une autre manifestation, qui était fixé pour le mardi d’après avait drainé plus de monde. Le slogans et discours étaient plus homogènes. Les différents groupes, qui ne se communiquaient que virtuellement, ont pu faire connaissance, les uns les autres, et ont parvenu à travailler, ensemble, dans le réel, sur les actions à futures. La troisième manifestation était sensiblement plus imposante que les deux premières. Si le pouvoir a adopté une politique de retenue, en évitant toute logique de force, il n’en demeure pas moins qu’il s’est investi, par personnes interposées, à véhiculer une image quelque peu réductrice sur cette jeunesse. Certains milieux proches des sphères du pouvoir évoquaient une manifestation à caractère tribale. Le mouvement prend désormais de l’ampleur. Les jeunes révoltés se sentent de plus en plus en forme. On s’accommode de la solution contestataire. Ces jours-ci, plusieurs floués et frustrés de l’Administration publique et des sociétés étatiques s’inspirent de cette méthode
Et la suite

Si, le rendez-vous, bihebdomadaire (vendredi et mardi) place des blocs, continue crescendo, le pouvoir risque bien d’être pris de court. Même, si, aujourd’hui, le pouvoir peut faire facilement la traçabilité de certains segments des contestataires en les rattachant aux milieux d’opposition.
Ce qui conduirait le pouvoir à un raccourci, en cas de pourrissement de la situation, en faisant appel sérieusement aux ténors de l’opposition pour amorcer le débat tant réclamé par celle-ci. Mais, là les jeunes, devenus, entre temps, de plus en plus nombreux, dans la Place des Blocs, ne se reconnaîtraient qu’eux-mêmes. Ce jour-là, ils n’appartiendraient qu’à cette place qu’ils ont baptisé ‘’ Place de la Liberté’’. Ils s’identifieront à cette place. Elle sera leur formation politique. Alors, les leaders de l’opposition n’auraient pas assez de marge de manœuvre et seraient contraints de rejoindre la foule. Quand ce mouvement prendra de l’ampleur dans la capitale politique, la contagion touchera bien des provinces. Toutefois, le pouvoir pourrait recourir à l’usage de la force. Mais, en a-t-il vraiment les moyens ? On sait que le pays est en guerre, non déclarée, contre les mouvements terroristes. Mohamed Ould Abdel Aziz a déployé environs quatre mille hommes sur les frontières maliennes. L’effort de guerre est énorme. La pression de ce coté est assez forte. Elle pèse aussi bien sur le plan sécuritaire que sur le plan pécuniaire. Dans une guerre l’intendance doit suivre nécessairement ! Le président de la République aurait-il la force, dans pareilles conditions, de garder raison face à un mouvement de contestation qui s’étendrait sur toute l’étendue du territoire nationale ? Serait-il entendu par ses hommes, quand il irait les impliquer dans une opération de maintien de l’ordre ? Ou bien, seraient-ils, ces hommes assourdis par les chants provenant des jeunes manifestants de la Place de Blocs ?

AVT

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