vendredi 26 décembre 2008

document - texte du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi & réplique par Mohamed Hassen Ould El Hadj

Ce que vient de publier dans ses dernières livraisons, Le Calame me paraît important autant pour l'Histoire en train de se faire, que pour l'actualité de ces jours-ci (veille de l'ouverture d' "états généraux de la démocratie")

J'y reviens pour le commenter - mais le vôtre est très bien venu... merci

Sidi Ould Cheikh Abdallahi

propos recueillis le 15 Octobre 2008,
publiés par Le Calame 16 Décembre 2008

Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi évoque dans un document inédit
16-12-2008 (881 lectures)

son bilan à la tête de l’Etat et le coup d’Etat du 06 août

‘’Ould Abdelaziz n’aurait jamais accepté d’être démis de ses fonctions, même si cela devait le conduire à faire couler le sang de soldats mauritaniens’’

Lors de son séjour en prison et en réaction aux discours de ses tombeurs et de leurs soutiens qui l’accusent de tous les maux, le président Sid Ould Cheikh Abdallahi a rédigé ce document -qu’il voulait rendre public- qui évoque son bilan au cours des 15 mois qu’il passés à la tête de l’Etat et les conditions dans lesquelles s’est déroulé le putsch du 6 août dernier. Il l’a intitulé ‘’Quelques informations et commentaires à propos du Coup d’Etat du 6 août 2008’’.
Le Calame a réussi à se procurer le document par l’entremise d’un membre de l’entourage du président et le publie cette semaine en exclusivité, après avoir obtenu le feu vert de l’intéressé.



1 – Rappel




J’ai fait part dans une déclaration publique faite le 4 juillet 2006 des raisons qui m’ont conduit à prendre la décision de me présenter comme candidat indépendant à la Présidence de la République.

Je précise qu’à cette date-là, ma connaissance des officiers Mohamed Ould Abdelaziz et Mohamed Ould Ghazouani se limitait à des images renvoyées par la Télévision.

Je précise également que je suis revenu en Mauritanie depuis le 15 juin 2003, au terme d’un séjour de quelques années au Niger. Ceci pour démentir certains propos tenus récemment sur les antennes d’une radio internationale laissant entendre que les militaires m’ont fait venir de l’étranger pour faire de moi leur candidat.

J’ai mené une campagne électorale intense qui m’a permis, partout à l’intérieur du pays, de présenter mon programme électoral, programme qui a bénéficié avec enthousiasme, de l’adhésion de très larges couches de la population.

Depuis mon élection avec 52,85% des suffrages, je me suis attelé à la mise en œuvre de ce programme.

Le premier gouvernement que j’ai formé était composé essentiellement de technocrates, pour le choix desquels les critères privilégiés ont été la compétence et l’absence d’antécédents en matière de mauvaise gestion. Pourquoi un tel choix au lieu de celui d’un gouvernement politique ou même d’un Gouvernement d’union nationale? C’est le lieu ici de rappeler que j’ai été élu à l’issu d’un second tour difficile qui m’a amené à conclure des accords électoraux qu’il me fallait respecter. D’autre part, la majorité qui m’a soutenu était dispersée dans une mouvance de personnalités avec une multitude d’ambitions et de requêtes individuelles. De plus, cette majorité était hostile à toute ouverture en direction de l’opposition et ne voulait nullement d’un gouvernement d’union nationale. La formation du Gouvernement a donc été mal perçue par un nombre important de personnalités indépendantes élues et non élues. Elle portait en elle les prémisses du changement prévu par le programme du Chef de l’Etat. Même si ces personnalités déclaraient souhaiter le changement, en réalité elles le redoutaient. Rien n’indiquait, en effet, que les pratiques privilégiées par elles, consistant à financer par des fonds publics leurs activités politiques et à asseoir leur notoriété, allaient être maintenues.

Ce premier Gouvernement s’est, pour l’essentiel, acquitté de sa mission en dépit de conditions et de circonstances particulièrement difficiles. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler le contexte qui a été marqué, à l’extérieur par un accroissement sans précédent des prix des denrées alimentaires et du pétrole et à l’intérieur par une demande sociale très forte pour l’amélioration rapide des conditions de vie des populations. Des frustrations accumulées au fil des années ont été exploitées par l’opposition politique, aidée en cela par une grande liberté de la presse y compris dans les médias publics.

Moins d’un mois après la formation du Gouvernement, des manifestations, en particulier contre la pénurie d’eau, ont commencé à se déclencher à Nouakchott. Quelques mois plus tard, ce fut le tour des habitants de certaines localités de l’intérieur du pays de protester contre les hausses des prix des produits de première nécessité. Ces agitations ont été largement instrumentalisées par l’opposition et, plus particulièrement, le RFD.

En dépit de ce contexte, le Gouvernement a pu, avec une compétence et une forte détermination :
-Préparer en sept mois un programme triennal de développement qui a été très apprécié par le groupe consultatif tenu à Paris fin 2007 à l’occasion duquel les bailleurs de fonds ont pris des engagements de financement allant au-delà de nos requêtes;
-Assurer le maintien des grands équilibres macro-économiques et obtenir un taux de croissance du PIB, hors pétrole, de 5,9% pour l’année 2007
-Intervenir à la fin de l’année 2007 pour limiter les effets négatifs de la montée des prix des denrées alimentaires importées, tout en assurant la poursuite de ses objectifs économiques et financiers, et de son programme de réformes ;
-Mettre en œuvre des décisions importantes prises relativement au retour des réfugiés et à l’éradication de l’esclavage et de ses séquelles ;
-Entreprendre des réformes courageuses dans différents domaines, dont celui de l’Education ;
-Entreprendre un travail sérieux en matière de décentralisation régionale de développement local et de modernisation de l’administration;
-Prendre des mesures pour plus de transparence économique et administrative et pour une lutte effective contre la corruption.
-Impliquer davantage la femme dans tous les rouages de la vie active du pays;
-Elargir le champ des libertés d’expression, d’organisation et plus généralement des libertés individuelles. Notons que le pays ne comptait aucun détenu d’opinion avant le putsch.
-Mettre en place l’institution réservée au statut du Chef de l’opposition
-Assurer une plus grande justice dans le traitement des citoyens et une neutralité de l’Etat plus affirmée par rapport aux différents cercles et groupes qui exerçaient des influences et des interférences souvent partiales sur les pouvoirs de décision.

Ces différents chantiers devaient se traduire, si on leur avait donné le temps, par une profonde modernisation du mode de gestion et de fonctionnement de l’Etat et par un développement économique et social sans précédent.

Certes, des insuffisances étaient notées ça et là. Il y avait l’inexpérience de l’équipe, il y avait les obstacles et difficultés inhérents à des changements d’une telle importance dans un pays qui entrait dans un système démocratique véritable. Dans l’opinion, le doute s’installait parfois sur la cohérence dans le fonctionnement des différents leviers du système et en particulier sur la croyance à un dualisme Présidence-Primature.

En parallèle et durant toute cette période l’effort politique s’était porté sur la nécessité de construire une majorité politique nouvelle capable d’appuyer l’action d’un gouvernement de reforme et de changement, dans le contexte de la construction d’un système démocratique véritable. Le travail réalisé au sein de la mouvance des indépendants a fini par donner naissance à un nouveau parti : Le Parti ADIL. Sur un autre plan, les différentes reformes engagées ont fini par convaincre certains partis de l’opposition d’accepter de former une coalition majoritaire élargissant et rénovant en même temps l’assise politique du gouvernement.

Cette évolution a permis de satisfaire une demande de plus en plus pressante pour un Gouvernement plus politique.

C’est ainsi qu’un nouveau Premier Ministre, Monsieur Yahya Ould Ahmed El Waghf, Président du parti ADIL, a été nommé en avril 2008 et qu’un Gouvernement comprenant des représentants de plusieurs partis a été formé. J’étais particulièrement satisfait du fait que deux partis, appartenant jusque-là à l’opposition, ont accepté d’entrer dans le Gouvernement. Je souhaitais, en effet que le Gouvernement bénéficie du soutien de la majorité la plus large possible pour la mise en œuvre du programme pour lequel j’ai été élu.

Je considère que la formation de cette coalition politique regroupant certains partis de l’ancienne majorité et trois partis importants de l’ancienne opposition (APP, Tewassoul et UFP) constitue un tournant politique majeur pour l’exercice du pouvoir en Mauritanie.

Paradoxalement, la formation du Gouvernement Yahya Ould Ahmed El Waghf a été très mal accueillie par les deux Généraux, Mohamed Ould Abdelaziz et Mohamed Ould Ghazouani. Pour la première fois, je les ai vus sortir de leur réserve par rapport à la conduite de la politique générale du pays. Ils se sont investis pour faire tomber le Gouvernement et par la suite mettre en œuvre leur coup d’Etat contre le Président de la République.




2 – Les étapes du processus qui a conduit au coup d’Etat du 6 août 2008



Peu de temps après la formation du Gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf, j’ai reçu ces deux officiers qui m’ont fait part de leur souhait de me voir changer le Gouvernement auquel ils faisaient les deux reproches suivants :
•La présence de ministres appartenant à deux partis qui étaient dans l’opposition, partis dont ils désapprouvaient l’entrée au Gouvernement
•La présence de certaines personnalités symbolisant à leurs yeux le régime de l’ancien président Maaouya Ould Taya pour le renversement duquel ils ont risqué leur vie. Ces personnalités étaient, selon eux, perçues comment étant des symboles de la gabegie qui a caractérisé la gestion du régime qu’ils ont servi.

Je voudrais ici apporter un démenti catégorique à tous ceux qui n’ont cessé de dire, depuis mon élection, que je ne faisais qu’exécuter les ordres des militaires.
Cette démarche était leur première intervention, à mon niveau, dans le champ politique. Nos rapports, que j’ai toujours vécus comme des rapports confiants, se sont limités jusqu’alors au domaine de la défense et de la sécurité. S’ils avaient eu pendant cette période des réserves sur la marche de l’Etat, ils se sont bien gardés de m’en faire part.
J’ai donc pris bonne note de leur démarche. Quelques temps après, combien fut grande ma surprise quand j’appris, qu’ils commencèrent à recevoir des parlementaires pour les engager dans un projet de dépôt d’une motion de censure du Gouvernement.
Dans les semaines qui ont suivi, je les ai reçus à plusieurs reprises, chaque fois pour mettre fin à leur entreprise qui devenait de plus en plus visible et qui commençait à créer l’inquiétude et le doute au sein de la classe politique et d’une bonne partie de l’opinion publique. A la fin de chacune de ces rencontres, ils me donnaient l’impression d’être convaincus. Mais aussitôt après, leurs agissements prouvaient le contraire.

Deux de ces rencontres méritent d’être signalées. La première a eu lieu à la veille de mon départ en Egypte en juillet 2008 pour prendre part au dernier sommet de l’Union Africaine. Au terme de cette rencontre, mes interlocuteurs se sont engagés à mettre fin à leurs activités politiques. Cet engagement ne fut pas suivi d’effets.

La deuxième rencontre eut lieu trois jours après mon retour d’Egypte et après mon adresse à la Nation. Dans cette adresse, j’ai exprimé le souhait de voir les auteurs de la motion de censure retirer celle-ci. J’ai fait valoir que le Premier Ministre n’avait pas encore présenté sa déclaration de politique générale et que le Gouvernement n’avait pas encore eu le temps de faire ses preuves. J’ai dit que si l’évolution de la situation me convainquait que je n’avais plus de majorité parlementaire, je pourrais envisager la dissolution du Parlement. Mais, désireux de trouver une solution qui mette fin à la situation tendue que je ne voulais pas voir empirer, j’ai décidé de demander au Premier Ministre de présenter la démission de son Gouvernement.

Le nouveau Gouvernement a commencé à travailler, et j’ai reçu des députés représentant le groupe appelé «les frondeurs» pour leur demander de travailler désormais à assurer la cohésion de la majorité, en s’attelant à résoudre les problèmes qui se posent en son sein. Il m’est apparu, peu de temps après, que la solution trouvée n’allait pas tenir. J’ai, en effet, acquis la conviction que l’objectif réel pour les Généraux était de me faire partir et que les solutions successives que je trouvais avec eux n’étaient que manœuvres destinées à gagner le temps nécessaire à l’exécution de leur coup de force. En vérité, je subodorais cela depuis quelques temps, mais j’avais décidé de n’épargner aucun effort pour éviter au pays une crise aux conséquences imprévisibles. J’ai, pendant cette période, reçu plusieurs personnalités d’horizons divers dont les avis convergeaient dans le même sens.

Le Général Mohamed Ould Abdelaziz a mis à profit la visite officielle que j’ai effectuée en Espagne pour engager un certain nombre d’élus du parti ADIL à en démissionner en vue, sans doute, de former un autre parti.

A mon retour, j’ai tenu une réunion avec les deux Généraux et je leur ai fait des observations sur leur comportement, en les engageant à le changer.

Ils ont d’abord nié toute implication dans la dernière agitation politique, par la suite, le Général Mohamed Ould Abdelaziz a bien fini par reconnaître qu’il a effectivement reçu plusieurs élus dans son bureau durant mon séjour en Espagne.

Lorsque, de surcroît, j’appris que des ministres très proches des Généraux étaient incités à démissionner et que le projet d’organisation de «manifestations populaires» destiné à me pousser à la démission, était en cours de préparation avancée, j’ai décidé de prendre les mesures ultimes consistant à les démettre de leurs fonctions.

J’ai eu une dernière rencontre avec le Général Mohamed Ould Abdelaziz le jour du coup d’Etat lorsque les hommes de la sécurité présidentielle, qui m’escortaient habituellement, sont venus, cette fois, me conduire au Bataillon de la Sécurité Présidentielle (BASEP). Là, il m’a demandé de téléphoner au Colonel Abderrahmane Ould Boubacar, nouveau Chef d’Etat Major des Armées Nationales pour lui signifier l’annulation du décret le nommant. Le général destitué m’a dit qu’il était prêt à s’opposer à son limogeage, quitte à faire couler le sang.




3 – Des justificatifs donnés par l’auteur du coup d’Etat



Ces justificatifs se rapportent au domaine institutionnel, économique, sécuritaire, militaire, à la démocratie, à la corruption, au népotisme et au favoritisme.
Le but poursuivi est de donner du Président de la République l’image d’un antidémocrate qui ne respecte pas la séparation des pouvoirs, qui a bloqué le fonctionnement des institutions, qui est un pilleur des deniers publics. Et comme si tout cela ne suffisait pas pour justifier son renversement, il fallait le présenter aussi comme un homme faible, inapte pour diriger le pays. Un irresponsable qui n’a pas hésité à faire courir à l’armée le risque d’un bain de sang et un islamiste qui encourage le terrorisme.

Il s’agit, pour l’auteur du coup d’Etat, de convaincre le plus de monde possible, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, que ce qui s’est passé le 6 août dernier n’est pas un putsch mais une opération de «rectification salutaire», devenue absolument nécessaire. Il a disposé pour cela d’un noyau dur constitué d’un groupe réduit de parlementaires qui sont totalement acquis à lui et qui ont joué un rôle important dans l’opération de déstabilisation entreprise dès la formation du premier Gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf. Il dispose également d’un nombre plus important d’élus parlementaires et locaux qui l’ont rejoint dès que le coup d’Etat a été consommé. Il dispose aussi de l’Administration, de Radio-Mauritanie et de la Télévision pour organiser et assurer la couverture des activités condamnant le Président et soutenant le Général Mohamed Ould Abdelaziz. Il dispose également de ce personnel politique enthousiaste pour le servir, comme il l’a été pour le Président qu’il a renversé, et comme il le sera pour toute autre personne qui arrive à s’installer au pouvoir. Il dispose enfin, malheureusement, de la connivence du RFD, qui entrevoit une occasion pouvant conduire à des élections présidentielles anticipées.

Mais, a contrario, il a contre lui le fait que le coup d’Etat est anticonstitutionnel et que la prise du pouvoir par les militaires ne peut plus se justifier. Il a contre lui le changement d’époque où les coups d’Etat ne sont plus de mode. Il a contre lui une classe politique et une opinion publique soucieuses de défendre l’acquis démocratique réalisé après une période de transition couronnée par des avancées dans tous les domaines de la vie politique du pays. Il a contre lui une communauté internationale qui ne tolère plus les changements de régime par des coups de force. Il a enfin contre lui le fait que les justificatifs présentés à l’opinion ne résistent pas à l’analyse et comportent de grossières contre vérités.

A. Le blocage des institutions.

Comment peut-on prétendre qu’il y a eu blocage des institutions au cours des derniers mois? Il ne suffit pas de le proclamer. Il faut le démontrer, ce qui est moins évident.

Il convient tout d’abord de dire que c’est le Gouvernement mis en place en mai 2007 qui a soumis au Parlement des projets de lois nécessaires à la mise sur pied de la Haute Cour de Justice et du Conseil Economique et Social (CES) prévus par la Constitution. Pour ce qui est du CES, toutes les dispositions relevant du Gouvernement ont été prises, y compris la désignation du Président de l’Institution. Tous les membres ont été désignés. Pour ce qui est de la Haute Cour de Justice (HCJ), il restait la désignation de ses membres qui relevait des deux chambres du Parlement.

Le projet de créer des commissions parlementaires d’enquête était principalement destiné à saper le moral du Président de la République et à ternir son image aux yeux de l’opinion intérieure et extérieure. Il s’agit de la Fondation présidée par mon épouse. L’affaire commence par une déclaration faite par un sénateur entouré de quelques autres, devant la presse nationale et internationale, pour dire que le Sénat allait créer une commission d’enquête sur cette Fondation, qu’ils soupçonnent d’avoir bénéficié illégalement des fonds publics.

Comment des parlementaires peuvent-ils porter et médiatiser avec autant de désinvolture, de mépris pour la dignité des gens, de mépris pour la loi, de telles accusations?

Seule une forte volonté de nuire au Président de la République peut expliquer que l’accusation a été faite d’abord et que, par la suite, les sénateurs fidèles au Général Aziz se sont mis à chercher des preuves. Pourquoi ne pas avoir attendu, pour la communication qui a été faite à la presse, que l’institution habilitée à créer une commission d’enquête, le fasse sur la base de preuves réelles? Pourquoi ne s’est-on pas posé la question de savoir si la Commission peut convoquer une Fondation, et même en utilisant la contrainte, surtout si elle n’est pas déclarée d’utilité publique? Sur quels textes les commissions d’enquête parlementaires s’appuient-elles pour la détermination de leurs rapports avec les particuliers? Il aurait été plus judicieux de contrôler les dépenses publiques et leur destination finale pour s’assurer que ladite Fondation en a profité.

Ces observations ayant été faites, j’affirme que toutes nos institutions ont fonctionné normalement, y compris l’Assemblée Nationale et le Sénat. La Présidence de la République n’est intervenue en aucun moment dans le fonctionnement du Parlement. La session ordinaire du milieu de l’année a été ouverte et clôturée dans les délais prévus par la loi. La loi portant sur l’accord de pêche conclu avec l’Union Européenne a été adoptée par les deux chambres, juste avant la clôture de la session.

Qu’est-ce que le Président de la République a bloqué? En quoi n’a-t-il pas respecté la séparation des pouvoirs?

Au mois de juillet, après la clôture de la session parlementaire, un groupe de députés a demandé l’ouverture d’une session extraordinaire. Le Gouvernement a estimé que la demande des députés ne lui a pas été transmise conformément aux textes en vigueur. Il l’a fait savoir. Ceci a provoqué un grand tollé au niveau du groupe de la majorité appelé alors «frondeurs». Pourquoi ce tollé? Parce que ce qui était recherché était moins l’examen de questions importantes et urgentes en session extraordinaire que l’alimentation d’un conflit avec l’exécutif. Pourquoi les députés n’ont-ils pas renvoyé leur demande en respectant les textes en vigueur?

Malgré le fait que notre Constitution donne au Président de la République la prérogative de refuser une session extraordinaire demandée par la majorité des députés – tout constitutionaliste consulté l’aurait affirmé- je n’ai pas envisagé de refuser cette session. J’ai même informé le Président de l’Assemblée, qui était à l’intérieur du pays, que le gouvernement voulait inscrire d’autres points en plus de ceux retenus par les députés à l’ordre du jour de cette session extraordinaire.

Où est donc, encore une fois, le blocage des institutions opéré par le Président de la République, et qui était en passe de conduire le pays au chaos?

B. L’Economie.

Le Général Aziz et le groupe de parlementaires qui l’a soutenu font état d’une situation économique catastrophique dont ils rendent le Président de la République responsable. Ils se servent de cela pour justifier le coup d’Etat du 6 août 2008.
Mais peut-on parler d’analyse? Je voudrais faire observer que dans tout ce qui a été dit, dans toutes les critiques formulées, personne n’a parlé «chiffres». Cela n’est ni vrai ni responsable. Je pense en particulier aux députés de la majorité, anciens frondeurs ou nouvellement acquis au putsch. N’ont-ils pas voté les différents budgets? Quelle politique économique ou financière leur a été imposée? Quelles propositions portant sur l’amélioration de la situation économique et financière ont-ils faites et que le gouvernement a rejetées?

A-t-on jamais, dans notre pays, voté et ratifié en quinze mois, autant de conventions de financement qu’entre 2007 et 2008? Quel projet chiffré permettant d’atteindre un taux de croissance économique plus élevé que celui qui a été réalisé, a été proposé par eux ou par l’opposition?

Toutes les données que nous possédons nous amènent à dire, et tous les observateurs et analystes avec nous, que les perspectives et les opportunités de développement économiques n’ont jamais été aussi prometteuses pour le pays. Le plus grand des désastres causé par le coup d’Etat du 6 Août est précisément d’avoir brise cet élan et annihilé ce potentiel. Une fois l’ordre constitutionnel rétabli, il faudra du temps et de l’effort pour le reconstituer.

Concernant la gestion des deniers publics, des progrès importants ont été accomplis entre mai 2007 et début août 2008. La corruption est un fléau qui s’est bien installé et développé dans notre société durant les trente dernières années. Il est bien loin le temps – c’était en 1976 - où un haut responsable politique d’un pays ami me dit : «Nous disons à nos hommes d’affaires que s’ils ne veulent pas que leurs projets en Mauritanie échouent, ils doivent se garder de tenter de corrompre un responsable de ce pays». Il est illusoire de penser qu’on peut éradiquer la corruption par un coup de baguette magique. Mais on doit la combattre de façon déterminée et énergique, aussi bien au niveau de l’administration que de la société. Je dois reconnaître que si des progrès réels ont été faits au niveau de l’administration, très peu d’actions ont été menées au sein de la société, qui continue à tolérer et même à encourager ce phénomène. Dans les meetings, les conférences, les réunions de salons, tout le monde est farouchement révolté par l’existence de la corruption. Mais, généralement, quand on peut en tirer profit, on ferme les yeux et on l’encourage même.

J’ai demandé à plusieurs reprises à des hommes politiques d’engager leurs partis dans la lutte pour la transformation des mentalités par rapport à cette question et à bien d’autres.

Le Gouvernement, pour ce qui le concerne, a pris des textes et des mesures favorisant la transparence dans la gestion, instituant la déclaration de patrimoine pour un grand nombre de hauts responsables. J’ai demandé tantôt à des responsables de l’opposition, tantôt à d’autres, de m’informer de cas de corruption ou de détournement de fonds publics qui auraient été portés à leur connaissance. J’ai même demandé à l’ancien Directeur Général de la Sûreté Nationale d’engager ses services à débusquer des cas de détournement ou de corruption.

Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais personnellement, ou par l’intermédiaire de mes collaborateurs, saisi des responsables de sociétés d’Etat ou de projets pour intervenir en faveur d’une personne ou d’une entreprise. Je n’intervenais pas non plus au niveau du privé et il n’y a pas une société privée à laquelle j’ai demandé le moindre service depuis que j’ai été élu. Il n’y a pas un contrôle, soit de la Cour des Comptes soit de l’Inspection Générale d’Etat, que j’ai bloqué.

A ma connaissance, les principaux circuits de corruption et de malversation ont cessé de fonctionner durant les périodes des gouvernements de Zeine Ould Zeidane et de Yahya Ould Mohamed El Waghf. La gestion des finances publiques se faisait dans une grande transparence saluée par en particulier par les différentes missions du FMI. Les nouvelles procédures de passation de marchés publics ont fonctionné à la satisfaction des différents opérateurs. La pratique opaque des marchés de gré à gré a été proscrite.


C. La Sécurité.

Comme justificatif du coup d’Etat, il a été dit que j’ai fait libérer les auteurs de la tuerie d’Aleg et d’autres terroristes et que je ne me souciais pas de la sécurité du pays.
On a aussi laissé entendre que j’ai des accointances avec les terroristes, puisque le Parti TAWASSOUL me soutient et que ce parti est impliqué dans le terrorisme international.

Il est vrai que quand j’ai pris le pouvoir, j’ai demandé que les prisonniers, sous mandat de dépôt depuis plus de deux ans, soient jugés. Un pouvoir démocratique ne pouvait accepter que cette situation perdure.

Mais les deux Généraux et le Gouvernement de l’époque savent que le verdict qui a été rendu m’a peiné pour certains des cas sur lesquels nous avions des informations indiquant qu’ils pouvaient constituer un danger pour la sécurité. J’ai dit en conseil des ministres que quelle que soit la peine que nous ressentons, nous ne pouvons que nous plier à l’exigence d’indépendance de la justice. La seule possibilité qui s’offrait était de faire appel et cela a été fait.

On m’a dit en ce moment là que le dossier n’a pas été bien fait, particulièrement pour ceux qui avaient pris part à l’attaque de Lemghaity, l’armée ayant pris le parti de ne pas collaborer avec la justice. J’ai demandé que dans le cadre de l’appel, l’armée collabore désormais avec la justice, ce qui aurait dû être fait.

En tout état de cause, le dossier relatif à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme était confié, durant toute cette période aux deux Généraux.


D. L’Armée.

Je suis accusé d’avoir voulu décapiter l’armée et de lui avoir fait courir le risque d’affrontements sanglants en son sein. Je fais observer qu’il s’est agit de démettre de leur poste quatre officiers supérieurs comme notre Constitution m’en donne la prérogative. J’ai nommé de nouveaux responsables à leur place exactement comme je les avais nommés eux-mêmes et fais partir des officiers comme je les faisais partir.

Le Général Mohamed Ould Abdelaziz aurait mieux fait de ne pas dire à ce sujet ce qu’il a dit. En effet, la signification de ce qu’il a dit est qu’il n’aurait jamais accepté d’être démis de ses fonctions, même si cela devait le conduire à faire couler le sang de soldats mauritaniens.

E. La Démocratie.

Notre pays vient de vivre quinze mois d’une démocratie réelle ou toutes les libertés d’expression, d’entreprise, de mouvement ont été exercées sans entraves. L’indépendance des pouvoirs législatif et judiciaire a été scrupuleusement respectée par l’exécutif. Une culture démocratique a commencé à se développer. Le droit à la libre expression des opinions est devenu plus effectif. On le voit bien maintenant avec de nombreux citoyens qui, sous un régime militaire prompt à la répression, osent manifester haut et fort contre l’illégalité.

Un coup d’Etat pour sauver la démocratie en Mauritanie – opéré moins d’une demi-heure après le limogeage de son auteur- voilà ce que Mohamed Ould Abdelaziz s’emploie à vouloir vendre à tout le monde, à l’intérieur, comme à l’extérieur, même à de vrais démocrates.

Le 15 Octobre 2008

réplique de Mohamed El Hassen Ould El Hadj,
premier vice-président du Sénat

publié par Le Calame 23 Décembre 2008
25-12-2008 (126 lectures)

«Etaghi charra men ahcenta ileyhi »

L’impudeur politique qui découle des propos de l’ancien « Président » Soca, heurte tous les esprits subtils contraints aux égards qui lui sont désormais dus.
L’ancien « président » n’aurait jamais dû faire la dernière sortie apocryphe dans les colonnes du journal Le calame, tout comme il n’aurait jamais dû devenir président. Une fois encore, je vais me donner la peine de répondre à toutes les allégations incohérentes et les contrevérités que cet « homme » a proféré à l’encontre de mes collègues parlementaires qui se sont opposés à sa dérive maffieuse, aux généraux qui ont mis fin aux débuts manqués de son « règne » et de tous mes concitoyens qui ont à un moment cru en lui et qu’il a désabusé de la manière que l’on sait. Je ne peux bien évidemment pas accepter que le mensonge même mélodieusement construit voile la réalité.
Soca est ma « création ».
Il y a une chose, une seule, sur laquelle le « président » déchu a dit vrai : oui, il ne connaissait pas les Généraux, mais il aurait dû ajouter, pour être fidèle à la restitution des faits, que c’est moi qui ai servi de passerelle entre lui, illustre inconnu à l’époque, et ceux qui allaient faire de lui « le premier président démocratiquement élu ». Je ne puis m’empêcher de sourire – et vous aussi avec moi – quand j’entends le « président » déchu parler de « sa » campagne et de « son » programme électoral. Personne n’est dupe. Tout le monde sait qu’en Mauritanie personne ne prête vraiment attention à ces choses-là. Il aurait dû ajouter encore, j’en détiens les preuves, que c’est moi qui ai orchestré, avec l’accord des militaires, l’annonce de sa candidature et le lancement de sa campagne ! J’ai par la suite, avec l’approbation des Généraux (Aziz et Ghazouani), fait un intense lobbying auprès de la classe politique et des notabilités qui, en réalité, soutenaient les projets de réforme politique et institutionnelle voulue par les vrais auteurs du changement du 3 août 2005 (Les Généraux Aziz et Ghazouani). Je reconnais que nous avons dû peiner pour faire accepter la candidature du « président » déchu. Pour cela, je n’exagère pas quand je dis que Sidioca est ma « création ».
Sans le soutien décisif des Généraux Ould Abdel Aziz et Ould Ghazouani, le « président » déchu n’aurait même pas pu devenir maire de la petite localité de Lemden !
Le « président » déchu devrait-il ignorer que les militaires qui l’ont porté au pouvoir pouvaient à l’époque, faire élire n’importe quel autre obscur candidat grâce à leur influence et au capital de confiance et de sympathie gagné par l’éviction de Ould Taya ? Sans leur soutien, d’aucuns considèrent que la victoire aurait dû revenir à Ahmed Ould Daddah qui était en 2007 le candidat le mieux assis, sur le plan politique. Il est clair que sans le soutien décisif des Généraux Ould Abdel Aziz et Ould Ghazouani, le « président » déchu n’aurait même pas pu devenir maire de la petite localité de Lemden !
L’ancien « président » a manifesté un certain appétit pour les fruits « interdits » de la corruption.
Je trouve indécent que le « président » déchu parle d’accords passés avec Messaoud Ould Boulkheir et Zeine Ould Zeidane alors que ces deux hommes avaient comme unique interlocuteurs les deux Généraux. La majorité dont il parle était déjà constituée dans le sillage des mêmes militaires qui l’ont mobilisée par la suite pour soutenir « sa » candidature. Sans assise politique et sans le sou, comment peut-il justifier le « miracle » des 52% au deuxième tour de la Présidentielle de 2007 ? Là au moins, tout le monde est d’accord pour reconnaître que le mérite d’un tel exploit revient aux Généraux et aux soutiens politiques de la première heure que le « président » déchu s’est évertué à trahir aussitôt élu.
« L’humilité épargne les affres de l'humiliation ».
En seulement quelques mois de présidence, Sidioca s’est entouré d’un réseau de groupes maffieux connus pour avoir sévis sous le dictateur Ould Taya. A coup de centaines de millions versés à la fondation de sa compagne, le « président » déchu s’est prêté à des accointances d’intérêt au détour d’un vicieux « commerce » fructueux avec certains milieux de politiciens affairistes. Là encore, j’invite l’ancien « Président » à la retenue. Comme le soulignait Georges Bernanos, « l'humilité épargne les affres de l'humiliation ». L’ancien Président qui, depuis feu le « Président » Moctar Ould Daddah avec l’affaire des licences de pêche, Ould Taya (avec l’affaire H’Meyda) a manifesté un certain appétit pour les fruits « interdits » de la corruption, ne doit pas trop tirer sur la ficelle. Dès les premiers jours de son accession au pouvoir, il avait effectué des « placements » familiaux largement commentés par la presse : son cousin à la BCM, comme gouverneur adjoint, un autre cousin comme directeur général du port autonome de Nouakchott et le frère de celui-ci comme conseiller du Premier ministre. Il a allongé la liste familiale en nommant sa propre fille à la tête de la communication de la présidence, son frère à l’hôtel du palais, un autre frère directeur au CSA et un énième à la Mauritel…
C’est dire que son système et notamment son entourage immédiat sont bien trempés. Le dossier du PSI et le scandale du riz avarié ne sont que la partie visible de l’iceberg. En réalité, la corruption était le sport favori de l’entourage du « président » déchu et il est difficile de penser que corrupteurs et corrompus n’avaient pas la bénédiction de celui-ci.
A cet égard, il est à souligner que les efforts du Haut Conseil d’Etat en matière d’assainissement des finances publiques ont permis de réaliser en seulement quatre mois, 16 milliards d’ouguiyas d’économie.
L’ancien « Président » a été incapable de porter l’ambition populaire
Avec Sidi, c’est le sentiment général et justifié de perte de contrôle qui accrut la méfiance à l'égard de l’État. Les analyses de l’ancien Président sur les externalités négatives de l'économie mondiale qui affecteraient la vie quotidienne de nos compatriotes relèvent de théories anachroniques et défaitistes qui méritent un bon dépoussiérage. Cette « appréciation » avait fait le lit du désarroi et de la désillusion générale qui a marqué les quinze mois du sinistre « règne » du président fantoche. En effet, s’il est incontestable que l’économie et ses crises ignorent les frontières, il n’en demeure pas moins que la marque d'un homme d'État, c'est d’abord sa volonté de changer le cours des choses. Au lendemain de l’élection Présidentielle de 2007, le peuple était prêt à être rassemblé derrière une vision et une volonté claire. L’ancien Président a été incapable de porter cette ambition populaire. Contrairement à ses affirmations, c’était moins la classe politique que l’ancien Président lui-même qui était en cause.
L’ancien Président violait systématiquement la règle fondamentale de séparation des pouvoirs
J’ai été stupéfait de constater que l’ancien « Président » ose nier grossièrement le blocage évident que l’institution parlementaire a connu pendant que le dérèglement de notre système constitutionnel était à son comble. Il est absolument controuvé d’alléguer que l’institution parlementaire fonctionnait normalement alors que l’ancien « Président » violait systématiquement la règle fondamentale de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, connue depuis Montesquieu. En vérité, le peuple ne pouvait accepter le dessein inavoué et dissimulé de persécuter les parlementaires qui ont osé commettre un crime de lèse majesté en gardant tout simplement leur liberté de penser et d’agir.
La rectification du 06 août était donc la seule démarche qui pouvait nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique.
De nombreux humoristes interprètent, à la faveur de nos superstitions, la succession des malheurs qui se sont abattus sur le pays, évoqués par l’ancien président à sa décharge, comme des manifestations de la poisse dont il serait porteur.
Flambée des prix, attentats terroristes, crise politique sont venus compliquer une situation dans laquelle les Mauritaniens avaient misé, sur le mauvais cheval.
L’ancien « Président » en évoquant les données macroéconomiques s’est attribué le bilan économique de la Transition militaire de 2005-2007 qui nous a valu la sympathie de nos partenaires au développement. Les engagements de financement de nos programmes de développement pris par les bailleurs de fonds étaient plutôt une prime à cette Transition, du moins, à son bilan économique. Et même si le président déchu tient tant à s’approprier ces succès, les chiffres mirobolants invoqués n’étaient pas corroborés par la réalité vécue par les populations. Idem pour l’évocation de la loi criminalisant les pratiques esclavagistes et le retour des réfugiés. Ces questions nationales avaient fait l’objet d’un large consensus lors des journées de concertation mais le président déchu en a fait une mauvaise application en s’en tenant à la promulgation de textes sans réelle volonté de leur application.
Je suis tenté de demander à l’ancien président de nous dire où il était quand le régime Taya sévissait contre la communauté négro-mauritanienne, quand des centaines de ses membres étaient enterrés vivants dans des fosses communes ? N’entendait-il pas, dans son exil doré -ou plutôt sa fugue- les cris de ces opprimés ?
Au sujet du statut de l’opposition démocratique, on peut se demander comment le président déchu peut-il revendiquer la paternité de cet « acquis » alors qu’il est de notoriété publique que c’est à la transition militaire 2005-2007 que l’opposition doit son statut et les fondements institutionnels de ses droits (ordonnance prise par le CMJD). Il en est de même pour la discrimination positive en faveur des femmes qui a octroyé à celles-ci, avant même l’élection du président déchu, un quota de 20% des postes électifs (ordonnance 2006-029- du 22 aout 2006).
Ne s’agit-il pas encore de mensonges quand le président déchu parle de liberté totale de la presse alors que sa propre fille usait – et abusait - de tous les moyens de coercition publique pour régenter les lignes éditoriales ? Lui-même, à la veille de sa destitution, n’avait-il pas introduit une plainte contre un journaliste indépendant ? La réforme décidée au cours de la transition militaire pour ouvrir les médias publics à tous les acteurs politiques a été renvoyée aux calendes grecques par le déchu. Concernant les prisonniers politiques, bien entendu qu’il n’y en avait pas dans les geôles à son accession à la Présidence mais, celles-ci étaient occupées par des terroristes qu’il avait lui-même ordonné aux juges de remettre en liberté dans des circonstances des plus obscures, leur permettant ainsi de sévir en commettant de nouveaux crimes et de nouveaux attentats (assassinat de quatre touristes français à Aleg, attaque contre l’Ambassade d’Israël, assassinat de soldats à Ghallawuya, fusillade de Tevragh Zeina, assassinat de policiers… ).
Feyty khamna police, police khamna Feyty
Sur un autre plan, je m’étonne que le déchu prétende avoir une majorité politique alors que lui-même n’est pas un homme politique. On peut dire que le déchu a été victime de la revanche des vaincus des élections, tous bords confondus. Tourner le dos à la majorité qui l’a porté au pouvoir et tisser des « liaisons dangereuses » avec des communistes et des islamistes qui ont vendu leur âme au diable, ont porté un coup fatal à ce « président » très commun. Il ne s’agit pas d’une ouverture, comme veut le laisser croire le déchu, mais d’une corruption politique.
Je m’étonne également quand le déchu affirme qu’il s’était aperçu que les généraux sortaient de leur réserve par rapport à la politique. Comment peut-il dire cela, alors que « Feyty khamna police, police khamna Feyty ».
A la veille des Etats généraux de notre Démocratie, l’expérience malheureuse que l’ancien « Président », nous impose de revisiter notre constitution pour mieux l’adapter à nos réalités. Dans ce cadre, il importe de noter que le Président de la République occupant déjà, la place prépondérante que nulle institution ne lui dispute, ce sont les prérogatives du Parlement qu’il conviendrait de renforcer. A cet égard, il serait indiqué d’évoluer vers l’élargissement du champ d’action des parlementaires, l’introduction de garde-fous juridiques à la dérive de l’exécutif ainsi que des réformes pour une démocratie plus vivante, plus participative et plus conforme à nos réalités.

mardi 2 décembre 2008

28 Novembre 2008 - Sidi Ould Cheikh Abdallahi reçoit un message de félicitation du président des Etats-Unis

السيد الرئيس،

باسم الشعب الأمريكي، أوجه إليكم وإلى الشعب الموريتاني تهانئي بمناسبة تخليد الذكرى 48 لإستقلال بلدكم يوم 28 نوفمبر.

وإننا نتطلع بشغف كبير إلى اليوم الذي تحتفل فيه موريتانيا بعيدها الوطني وبالديمقراطية معا.

تقبلوا السيد الرئيس، أحر تحياتي.

جورج وولكر بوش




Monsieur le Président,


Au nom du peuple Américain, je vous adresse mes félicitations ainsi qu’au peuple mauritanien à l’occasion de la célébration du 48 éme anniversaire de l’indépendance de votre pays, le 28 novembre.

Nous attendons avec impatience le jour où la Mauritanie pourra célébrer aussi bien l’indépendance que la démocratie.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, mes sentiments les meilleurs.


George W. Bush

dimanche 30 novembre 2008

discours du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi - empêché d'être prononcé le 28 novembre 2008, à Lemden

Je ne sais si ce texte circule en Mauritanie ni s'il a été remis aux agences de presse étrangères.
L'Agence Mauritanienne d'Information n'en a pas fait état.
Un correspondant mauritanien m'a donné l'ambiance, en m'envoyant d'abord quelques photos. : Quelques images que j'ai pu prendre "difficilement "du Président de la République lors de notre soirée politique du 28/11/2008 à Lemden. Nous étions entouré par la Gendarmerie et la Police qui ont interdit toute couverture médiatique de l'évènement par les médias nationaux et internationaux (les autorités administratives se sont installées à Lemden et ils ont convoqué toutes la presse pour lui signifier qu'il est interdit de couvrir l'événement...). Le Président de la République devait prononcer un discours politique important à l'occasion du 48ème anniversaire d'indépendance, mais suite à toutes ces pressions le programme a été annulé ... Il y avait une forte présence de tous les Ministres nommés par le Président de la Républiques, plusieurs élus (sénateurs, députes, maires, conseillers municipaux...), des Présidents des partis politiques du FNDD, des représentants des syndicats, des représentants de la société civile, plusieurs hauts cadres, des militants et sympathisants du FNDD... Il m’est confirmé du côté français que « Oui, il y a eu une forte pression ce jour là sur le Président et ses partisans »



République Islamique de Mauritanie
Honneur – Fraternité-Justice


Quarante Huitième Anniversaire de l’Indépendance

Discours du Président de la République



Mes chers compatriotes,

Je m’adresse aujourd’hui à vous, en ce quarante-huitième anniversaire de l’indépendance de notre pays alors que celui-ci traverse une phase particulièrement grave de son histoire.

Grave, en effet, car les espoirs nés des dernières élections législatives et présidentielles qui devaient permettre à notre peuple de s’engager enfin, grâce à la stabilité institutionnelle et à la concorde nationale, sur la voie d’un développement économique, social et culturel durable, ont volé en éclat le 6 Août dernier. L’ambition d’un homme a mis fin, par la force des armes, à la légalité constitutionnelle, foulant aux pieds et la volonté populaire traduite à travers le verdict des urnes et les engagements pris devant la communauté internationale.

Ce verdict me donnait mandat, en conformité avec le programme sur lequel vous m’avez élu, d’engager, sur tous les plans, une politique novatrice en totale rupture avec les politiques et usages du passé.

C’est ainsi que je me suis interdit l’exercice solitaire du pouvoir, donnant au gouvernement et aux autres institutions de l’Etat la plénitude de leurs prérogatives, tout comme j’ai investi les chefs des forces armées et de sécurité d’un appui déterminé et d’une confiance totale en ce qui touche aux problèmes de sécurité.

M’efforçant d’être le Président de tous mes compatriotes, j’ai eu à cœur de me concerter souvent avec les acteurs politiques et sociaux du pays, élus, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition ou opérateurs économiques. J’ai eu également à cœur de me mettre à la disposition de mes autres compatriotes et de tenir à chacun le langage du respect et de la bienveillance, mais toujours celui de la vérité, loin de toute démagogie comme de tout autoritarisme.

Je sais que cette attitude a pu être parfois interprétée par certains, habitués qu’ils étaient pendant quelques décennies aux pouvoirs personnels et au culte de l’Etat, comme un signe de faiblesse, alors qu’elle traduisait en fait une volonté délibérée d’accréditer dans le pays une nouvelle culture politique, fondée sur la liberté et la dignité du citoyen.

Quant à la majorité qui, jusqu’au déclenchement de la crise provoquée, soutenait l’action du gouvernement, je lui ai demandé d’agir comme un aiguillon et un censeur de l’action du gouvernement, et non comme un soutien aveugle et flagorneur de cette action. Dans le même temps, l’opposition jouissait de toutes les garanties que lui conférait la loi et de toute la concertation avec le pouvoir dont elle exprimait le souhait.

Par ailleurs, la restauration de la concorde nationale à travers le retour des réfugiés, la réalisation de l’émancipation sociale par la criminalisation de l’esclavage en vue du renforcement de l’unité de notre peuple, ainsi que la refondation de l’état de droit dans tous ses aspects, ont été entrepris en tant que prémices indispensables à tout développement économique et social.

Sur le plan économique, et comme chacun le sait, la situation au lendemain de mon investiture était, pour le moins, préoccupante. De fortes contraintes pesaient sur les finances publiques, avec un endettement global de l’Etat d’environ 700 milliards d’ouguiyas dont près du tiers sous forme de dette intérieure correspondant aux engagements du trésor et aux dettes des principales entreprises publiques. Le budget initial de 2007 dégageait un déficit non prévu de près de 30 Milliards, avoisinant le montant du budget d’investissement sur ressources intérieures. Les difficultés d’alimentation en eau potable et en énergie électrique, aussi bien à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays, rendaient difficiles les conditions de vie des citoyens et handicapaient sérieusement l’activité économique. Le système éducatif ne parvenait pas à remplir sa mission de formation et d’éducation en réponse à la demande économique et sociale du pays. Dans le même temps, la plupart des indicateurs de notre système de santé étaient alarmants.

Aussi était-il indispensable et prioritaire de concevoir les réformes économiques et sociales appropriés à cette situation, assorties d’un programme d’investissement public ambitieux pour assurer la fourniture des services sociaux de base, dans le but de lutter contre la pauvreté, en réalisant une croissance économique plus soutenue et plus distributive. Bien évidemment, la mobilisation des financements appropriés ainsi que l’instauration d’un climat attractif pour l’investissement privé international et favorable à la compétitivité de nos entreprises privées, constituaient les défis majeurs à relever.

Nos efforts dans ce sens ont, grâce à Allah, été couronnés de succès puisque, en moins de sept mois, nous avons préparé un programme triennal d’investissement et en avons obtenu le financement pour un montant de l’ordre de 3 milliards de Dollars dont 2,5 de concours extérieurs. Déjà les conventions signés totalisent 600 Millions de Dollars.

De plus, nous avons enregistré des intentions sérieuses d’investissements pour un montant de l’ordre de 6 Milliards de Dollars de la part d’investisseurs privés étrangers.
Tout ceci a pu être obtenu grâce la pertinence de notre programme triennal de développement, à l’exemplarité de notre démocratie et à nos orientations claires en matière de réforme de la gouvernance.



Au chapitre des services de base, nous avons pu en quelques mois atténuer les problèmes les plus urgents à Nouakchott et Nouadhibou en assurant la régularité de la fourniture d’électricité et en renforçant la conduite d’Idini ce qui nous a permis d’éviter en 2008 les problèmes que nous avons connus en 2007 juste après la formation du premier Gouvernement. Pour le moyen et le long terme nous avons pu obtenir, dans un délai record, un financement additionnel de 217 Millions de Dollars nous permettant de nous assurer de la réalisation du Projet Aftout Essahli, de même que nous avons obtenu le financement d’une capacité additionnelle de 60 Méga Watt et d’engagements pour l’installation d’une capacité totale de 160 MW avec une grande centrale électrique à Nouakchott avant que ne soit engagées récemment des discutions avec la Société PETRONAS pour la construction d’une centrale à gaz de 700 MW.

A l’intérieur du pays, le programme hydraulique d’urgence a permis de prémunir plusieurs dizaines de villages et agglomérations contre la soif qui les menaçait au cours de la période de soudure 2007 et 2008. D’autres progrès étaient attendus avec le financement amorcé du Projet du Dhar dont allaient bénéficier les villes de Néma, Timbédra, Amourj et Adelbagrou et avec le déblocage de la construction de la ligne de transport électrique Rosso-Boghé.

Les infrastructures routières ont fait l’objet d’un intérêt particulier. C’est ainsi que les conventions de financement pour la réhabilitation des routes Kiffa-Tintane et Nouakchott-Rosso ainsi que le complément de financement de la route Atar-Tidjikja, ont été déjà signées pour un montant avoisinant 270 Millions de Dollars. Le Port de Nouakchott, engorgé depuis plusieurs années, doit connaitre une extension qui aura pour effet de doubler sa capacité d’accueil.

Dans le domaine de la sécurité alimentaire, nous avons fait face à la hausse mondiale sans précédent des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers, en mettant en œuvre un Programme Spécial d’Intervention qui, de l’avis unanime des spécialistes dans ce domaine, dont le FMI, la FAO et d’autres agences des Nations-Unies, est exemplaire à plus d’un titre. Outre la sécurisation des approvisionnements, la stabilisation des prix des principales denrées alimentaires et l’augmentation significative des salaires, ce programme a initié une politique nouvelle du secteur rural dont les résultats se traduiront cette année par un niveau de production sans précédent, comparativement aux résultats des campagnes agricoles antérieures, et à plus long terme par l’autosuffisance céréalière à l’horizon 2012 grâce à la réalisation d’aménagements agricoles nouveaux dont les discussions de financement avec nos partenaires extérieurs étaient déjà très avancées.

Dans le domaine de la lutte contre le chômage des jeunes, un programme d’insertion de près de 4000 jeunes chômeurs a été mis en œuvre, impliquant leur formation professionnelle et la mise en place des lignes de micro-crédit.


Quant à la promotion de la femme, elle a trouvé son illustration dans la nomination de plus de femmes au Gouvernement ainsi que la désignation, pour la première fois dans notre pays, de femmes dans des postes de chef de mission diplomatique et de commandement territorial. De plus, des financements importants d’Activités Génératrices de Revenus au profit des femmes ont été mis en place dans toutes les régions du Pays.

En matière d’habitat, la priorité a été accordée à la solution du problème des quartiers dits précaires (Gazra et Kebba) dans la périphérie des villes. Dans ce cadre, des populations des Mougataan d’El Mina, d’Arafat et de Nouadhibou ont déjà pu bénéficier de terrains viabilisés en 2007 et 2008. Cette politique était appelée à se poursuivre dans les autres quartiers de Nouakchott.

Dans le domaine de l’éducation, des réformes importantes ont été entamées et avaient comme objectif d’améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants et des élèves (amélioration des émoluments du corps enseignant, distribution d’équipements et fournitures etc.). La mise en place de la commission préparatoire des états généraux de l’éducation devait aboutir à une réforme profonde du système éducatif dans son contenu comme dans son organisation en totale cohésion avec les données économiques culturelles et sociales du pays.

Dans le domaine de la santé, le Gouvernement s’est attelé à l’amélioration de la couverture sanitaire par la construction ou la réhabilitation ainsi que l’équipement de centres de santé dans 6 régions, à la revalorisation et au renforcement des ressources humaines et à la lutte contre les grandes endémies.

Sur le plan extérieur et grâce à la reconversion réussie de notre pays aux valeurs de la démocratie, la Mauritanie jouissait désormais d’une aura spécifique dans le monde, en particulier dans notre environnement Islamique, Arabe et Africain. De ce fait, notre apport à la construction du Maghreb Arabe, notre rôle au sein de l’Union Africaine, de la Ligue des Etats Arabes et de la Conférence Islamique, s’est trouvé renforcé, comme s’est consolidée notre position en tant que partenaire au dialogue euro-méditerranéen.

Mes chers compatriotes,

Certes, notre pays recèle des richesses importantes mais leur exploitation ne peut se faire efficacement sans l’appui de nos partenaires au développement et l’intervention du secteur privé aussi bien national qu’étranger. Par cet appui, que nous avons effectivement obtenu, le pays a amorcé l’acheminement vers un développement économiquement et social vigoureux.

Le coup d’état perpétré le 6 Août 2008 a mis en péril ces perspectives prometteuses. De plus, il risque, s’il n’est pas mis en échec, de priver le peuple mauritanien de la quiétude politique qu’il vivait depuis plus d’un an et de replonger le pays dans les abysses d’une dictature militaire obscurantiste. Prenant notre peuple en otage, les putschistes tentent, à travers la politique du bâton et de la carotte, d’offrir au monde l’image d’un unanimisme de façade dont les coups d’état successifs intervenus depuis 1978, ont amplement démontré le caractère fallacieux.

Notre peuple, qui avait commencé à prendre goût à la liberté et à recouvrer sa dignité, est engagé fermement dans le combat pour la défense de la démocratie. Les restrictions des libertés, la répression, les harcèlements, les persécutions ainsi que les inculpations, sous les prétextes les plus fantaisistes, des dirigeants du Front National pour la Défense de la Démocratie, notamment le Premier Ministre ainsi que de hautes personnalités dont un membre du Gouvernement et plusieurs anciens ministres, ne pourront l’en décourager.

Mes chers compatriotes,

Vous avez, à travers partis politiques, syndicats et organisations de la société civile, dans un sursaut national sans précédant, décidé d’affronter l’arbitraire et la force aveugle des putschistes pour préserver vos acquis en matière de démocratie et de liberté, dont vous savez qu’ils constituent la base de tout développement économique et social durable.

La Communauté Internationale qui exige le retour à l’ordre constitutionnel apporte, de ce fait, un appui important à votre combat.

Nous devons donc, ensemble, continuer fermement cette lutte, par tous les moyens pacifiques, en vue de mettre en échec cette prise de pouvoir par la force, de restaurer l’ordre constitutionnel, pour l’instaurer un système d’alternance pacifique au pouvoir, qui permet de s’adonner, en toute quiétude, à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie de nos populations. Ceci nous permettra de relancer la dynamique de développement, bien entamée lors de la période précédente, tout en corrigeant nos erreurs éventuelles.

Comme je l’ai déjà annoncé et comme je compte le confirmer dans quelques jours aux représentants de la Communauté Internationale, la mise en échec du coup d’état du 6 Août 2008, est, pour moi, la condition sine qua non de toute solution de sortie définitive de la crise que vit actuellement notre pays.

Mettant au dessus de toute considération d’ordre personnel, l’intérêt supérieur de mon pays, je voudrais réitérer ici ma disponibilité, une fois cette mise en échec opérée, à m’investir dans la recherche d’une telle solution loin de tout règlement de compte et dans un esprit de grande tolérance.


Vive la Mauritanie libre, démocratique et prospère.


vendredi 28 novembre 2008

anniversaires et absence - la Mauritanie sans Moktar Ould Daddah

j'ai toujours cru à la mémoire pour comprendre le présent et vouloir le futur - la méthode comparative vaut dans toutes les disciplines scientifiques - elle est civique en France et en Mauritanie, autant qu'ailleurs - je la pratique depuis de Gaulle pour la France - alors Moktar Ould Daddah m'est naturel, d'autant que j'ai eu l'honneur de l'approcher puis, par lui, de trouver un chemin de compréhension d'un pays magnifique, valeureux et qui vaut la peine de lui rester attaché - surtout par vent de sable (couleur kaki-gris et vert)

j'avais pensé - quand même... - que l'inauguration de l'avenue Moktar Ould Daddah, le 5 novembre, donnerait lieu à "un mot pour la circonstance" de la part du maître de la cérémonie... puisque la prise de parole à l'occasion de la fête nationale, donnerait lieu à une mention...

j'ai lu - ce qui suit :





27 Novembre 2008
le général Mohamed Ould Abdel Aziz s'adresse à la Nation mauritanienne




Mauritanie / Indépendance Le Chef de l'Etat s'adresse à la Nation
Nouakchott, 27 nov (AMI)
- Le Président du Haut Conseil d'Etat, Chef de l'Etat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a prononcé, à l'occasion de la commémoration du 48ème anniversaire de l'indépendance nationale un discours à la Nation dans lequel il a annoncé la création d'un fonds de solidarité nationale de 16 milliards d'ouguiya, d'un pôle de développement au niveau du port de pêche artisanale de Tanitt en plus de la lutte sans merci contre la corruption et la gabegie ainsi que la prévarication sous toutes ses formes. En voici le texte intégral:

"Citoyens, Citoyennes,

Nous commémorons demain une fête qui revêt pour nous une importance particulière, qui occupe une place privilégiée dans la mémoire collective de notre peuple, étant donné la signification que revêt ce repère pour chacun d'entre nous.

Effectivement, en ce jour de 1960, notre pays a recouvré son indépendance dans la fierté et la dignité, ce qui a permis au peuple mauritanien de prendre en main sa propre destinée et d'entamer l'oeuvre de construction et de développement.

Aujourd'hui, après quarante huit années d'indépendance, chacun d'entre nous a le droit, mieux, a le devoir de s'interroger sur les acquis que notre peuple a réalisés et sur la place qu'occupe notre pays dans le concert des Nations. Chers compatriotes,

Notre pays a, sans doute, franchi des étapes sur la voie du développement dans différents domaines mais l'oeuvre accomplie demeure malheureusement dérisoire au regard des ressources naturelles considérables et des énergies humaines créatrices dont il dispose.

Il n'est pas concevable en effet qu'une partie de la population du pays souffre de famine alors que nos côtes regorgent de poissons et que notre sous-sol recèle d'incommensurables ressources naturelles.

Il est tout aussi paradoxal que notre société soit en proie au chômage alors que le pays a cruellement besoin des bras de tous ses fils dans tous les domaines.

Il est incompréhensible tout autant que notre société pâtit de l'ignorance alors qu'elle est connue, à travers l'histoire, par ses illustres ulémas, ses minarets rayonnants et l'attachement de ses habitants à la quête du savoir et à sa propagation à travers le monde.

Citoyens, Citoyennes,

Un instant de méditation s'impose aujourd'hui pour approfondir la réflexion sur la situation de notre société dans tous les domaines afin de refonder notre engagement pour la construction d'un Etat de droit où les citoyens jouissent de paix, de stabilité et de bien-être.

Pour cela, le gouvernement formé par le Haut Conseil d'Etat, au lendemain du 6 Août 2008, prône une politique de proximité avec les citoyens afin que les pouvoirs publics puissent s'enquérir de leur situation réelle et, partant, apporter des solutions aux problèmes qui leur sont posés dans la diligence requise.

Dans ce cadre, le gouvernement oeuvrera à dynamiser l'administration qui doit désormais se rapprocher des citoyens et trouver des solutions adaptées aux problèmes qui leur sont posés.

Et, comme j'ai eu à le dire dans de précédentes occasions, la conduite de réformes au niveau de l'administration exige nécessairement l'éradication des pratiques de corruption, de prévarication et de détournement des deniers publics.

Cela requiert également une politique rigoureuse de contrôle régulier et de saine gestion.

Pour renforcer les efforts d'assainissement de l'administration, le gouvernement, a engagé une lutte sans merci contre toutes les formes de gabegie, sans aucune complaisance à l'endroit des auteurs d'actes de malversation et de détournement des biens publics qu'il n'hésitera pas à traduire devant la justice.

A cet effet, une attention spéciale sera accordée à la réforme de la justice afin de pallier ses insuffisances en matière de formation et de perfectionnement du personnel et d'amélioration du système de contrôle à tous les niveaux de juridiction.

Parallèlement à la lutte contre la gabegie et la pauvreté, d'énormes efforts seront consentis pour faire face au terrorisme, pour éradiquer l'usage et le trafic des stupéfiants et lutter contre l'immigration clandestine. Des actions seront engagées également pour protéger notre société contre les maux sociaux qui s'y sont propagés.

S'agissant de la pauvreté, le gouvernement orientera ses efforts pour s'attaquer à ses causes directes et indirectes. Dans ce cadre, nous avons décidé de diminuer le rythme des dépenses publiques et de créer un fonds de solidarité nationale pour un montant de 16 milliards d'Ouguiyas non seulement pour faire face aux catastrophes naturelles et autres mais aussi pour financer les projets de nature à réduire les disparités sociales.

En matière de lutte contre le terrorisme, le gouvernement oeuvre à l'élimination des causes à l'origine de son apparition dans notre société, connue pour sa tolérance et son aversion pour la violence.

Le gouvernement s'attelle à réorganiser l'armée et les forces de sécurité sur des bases qui leur permettent d'assumer convenablement leur mission dans ce domaine.

Je profite de l'occasion pour vous adresser un appel, à tous, hommes et femmes, pour contribuer à la lutte contre le terrorisme et faire preuve de vigilance et d'esprit de responsabilité à cet égard.

En ce qui concerne la lutte contre l'usage et le trafic des stupéfiants, le gouvernement entreprend actuellement les enquêtes nécessaires pour connaître les véritables causes qui sont derrière l'absence de sérieux dans la prise en main de ce dossier par les gouvernements précédents. Vous serez édifiés sur les résultats de ces enquêtes dès qu'elles seront achevées.

Quoiqu'il en soit, le Haut Conseil d'Etat est résolu à éradiquer l'usage et le trafic des stupéfiants sur l'ensemble du territoire national.

Dans ce cadre, je vous appelle, hommes et femmes, à contribuer efficacement à sévir contre la déliquescence morale qui se reflète par les entorses aux lois et à insignes valeurs qui sont les nôtres.

Pour ce qui est de l'immigration clandestine, nous entendons lutter par tous les moyens contre ce phénomène. Et nous n'accepterons pas que notre pays soit transformé en zone de transit pour les migrants clandestins.

Chers compatriotes,

Sur le plan social, le travail du gouvernement ne se limitera pas à ses questions. Le gouvernement déploiera tous ses efforts pour éradiquer les séquelles de l'esclavage dans notre société et s'attellera à créer les conditions propices au retour et à l'insertion de nos compatriotes revenant dans leur pays.

Sur un autre plan, le gouvernement étudiera avec les parties concernées les solutions appropriées au problème de passif humanitaire en vue de renforcer les liens de fraternité entre les composantes de notre peuple.

Dans le domaine de la santé, le gouvernement oeuvrera à l'amélioration des prestations fournies aux citoyens en vue de limiter le recours aux évacuations sanitaires à l'étranger. A cet effet, un centre d'oncologie sera ouvert dans les prochains jours à Nouakchott, ainsi qu'un hôpital pour la maternité et l'enfance et un centre de cardiologie. De même, il sera procédé à la réhabilitation de la polyclinique de la capitale pour qu'elle puisse prendre en charge les malades dans des conditions convenables. Les centres de santé seront dotés en équipements et matériels nécessaires au rehaussement du niveau et de la qualité de leurs prestations.

Chers compatriotes,

Vous savez sans doute que le monde connaît aujourd'hui une crise financière
dont les répercussions commencent à se répercuter négativement sur les économies des pays. Il prévu que cette crise entraîne une récession de l'économie mondiale. En dépit de ces conditions, le gouvernement s'attellera à stabiliser le taux de croissance comme il veillera à assurer une gestion optimale de l'ensemble de nos ressources naturelles et à en contrôler l'exploitation de façon rigoureuse. Les pouvoirs publics prendront les mesures nécessaires pour renforcer le pouvoir d'achat des citoyens et limiter l'inflation.

En outre, il ne sera ménagé aucun effort pour attirer les investisseurs étrangers et leur offrir des opportunités d'investissement identiques à celles dont bénéficient les promoteurs nationaux.

Citoyens, citoyennes

Les actions conduites par les pouvoirs publics en vue de relever le taux de croissance mettront l'accent sur le département du développement rural en sa qualité de secteur porteur qui a été, des décennies durant, marginalisé et considéré comme étant sans grand apport à l'économie.

Dans ce cadre, le gouvernement s'attellera à accroître la production agricole, surtout au niveau
des cultures pluviales dans le but de garantir l'autosuffisance alimentaire.

Pour assurer l'extension des superficies cultivables, les efforts nécessaires seront fournis pour l'acquisition d'équipements modernes et une exploitation rationnelle du potentiel hydrique destiné au secteur de l'irrigué.

L'élevage sera au centre de l'action du gouvernement pour qu'il soit intégré dans le circuit économique et pour rehausser son niveau de rentabilité. A cet effet, un organisme de crédit sera créé au début de l'année prochaine pour aider les éleveurs à surmonter les difficultés auxquelles ils font face, particulièrement en période de soudure. Le gouvernement fournira les efforts nécessaires pour organiser ce secteur, encadrer ses promoteurs et les aider à exploiter, au mieux, la ressource animale.

Dans le domaine de l'enseignement, le gouvernement conduira les réformes nécessaires pour que le système éducatif soit adapté aux exigences modernes en terme de niveau et d'adéquation aux besoins en formation et spécialement dans les filières professionnelles.

Pour contribuer à la résorption du chômage, il sera créé, dans une première phase, au cours de l'année prochaine, sept centres de formation professionnelle qui dispenseront un enseignement de qualité dans les domaines où il y a un déficit de compétences qualifiées sur le marché de l'emploi.

Au niveau des infrastructures, le gouvernement accordera un intérêt particulier à l'entretien routier ainsi qu'au contrôle et à l'accélération du rythme d'édification des nouveaux ouvrages.

Dans ce cadre, nous avons supervisé, ces derniers jours, le lancement d'un programme ambitieux de construction de routes à Nouakchott, ce qui favorisera la fluidité du trafic et le désenclavement de nombreux quartiers populaires. Le gouvernement mettra en place un plan d'action national visant à renforcer la sécurité routière. A cet effet, un nouveau code de la route entrera en vigueur et il sera veillé à son application sur toute l'étendue du territoire national.

S'agissant du transport aérien, nous assurons depuis quelques jours la gestion de notre espace aérien à partir de Nouakchott, ce qui nous permettra une meilleure maîtrise du trafic aérien dans notre pays.

D'un autre côté, les études nécessaires pour l'élaboration d'un plan directeur des aéroports seront menées.

Dans les prochains jours, le gouvernement recherchera les financements pour la construction, à proximité de la capitale, d'un aéroport répondant aux normes internationales. En attendant la mobilisation de ces financements, les travaux d'entretien de l'aéroport actuel de Nouakchott se poursuivront systématiquement, comme c'est le cas pour les travaux de réhabilitation en cours au niveau de sa piste.

Chers compatriotes,

Il est certain que la faillite ou la mise en faillite délibérée d'Air Mauritanie, objet d'une enquête en cours pour en déterminer les causes, a porté un coup fatal au secteur national du transport aérien. Toutefois, l'Etat ne ménagera aucun effort en vue de créer une compagnie aérienne à même de contribuer au développement du pays.

Nous nous attèlerons aussi à la modernisation des infrastructures dans le secteur du transport maritime tout comme nous procéderons à la création d'un pôle de développement au niveau du port de pêche artisanale de Tanitt. De même, l'étude du plan directeur de la baie de Nouadhibou sera parachevée et les installations métrologiques, qui feront l'objet d'une extension, seront modernisées.

Dans le secteur de l'urbanisme et de l'habitat, le gouvernement veillera à la mise en oeuvre d'une politique adéquate pour mettre un terme à l'anarchie qui caractérise le domaine foncier et conférer à nos cités l'image qui leur sied. Cela permettra d'éradiquer le phénomène de l'habitat précaire et créer un environnement institutionnel et réglementaire propice à l'amélioration des conditions d'habitat, en particulier dans les grandes villes.

Le gouvernement s'emploiera également à la mise en oeuvre d'un plan de réhabilitation des bâtiments administratifs existants et à la construction des édifices nécessaires pour abriter les services publics. Dans ce cadre, l'année prochaine connaîtra une intense activité de construction à travers, notamment, la réalisation d'édifices destinés à abriter le Premier ministère, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, d'autres départements ministériels en plus de la Haute Cour de Justice et de la Communauté Urbaine de Nouakchott. Le gouvernement présentera, par ailleurs, au parlement un projet de loi d'orientation en matière d'aménagement du territoire.

Citoyens, Citoyennes,

Vous saisissez sans doute que le problème du déficit en eau et en énergie dans notre pays requiert toute l'attention du gouvernement. C'est pourquoi les services en charge de ces secteurs exécutent actuellement des programmes ambitieux dans ces domaines, portant notamment sur la réalisation de nombreux forages et la prospection pour l'identification de nappes phréatiques.

Dans ce cadre, les travaux du projet d'exploitation de la nappe du Dhar, au Hodh Charghi, commenceront au début de l'année prochaine. Ce projet permettra d'alimenter en eau potable les villes de cette wilaya.

S'agissant de la ville de Nouakchott, les problèmes d'eau potable ne se poseront plus dans la période qui nous sépare de la mise en fonction du projet Aftout Essahli en 2010. Le gouvernement s'attellera à mobiliser les financements nécessaires à la réalisation de réseaux modernes de distribution d'eau et d'assainissement dans la capitale.

Pour ce qui est de l'énergie, le début de l'année prochaine connaîtra le démarrage du projet d'électrification des villes de Barkéol, de Boumdeid, de M'Bagne, d'Amourj et de Ould Yengé. Le gouvernement étudie actuellement avec certains partenaires au développement la possibilité de construction d'une centrale électrique d'une capacité de 700 MW pour apporter une solution définitive au déficit énergétique que connaît le pays.

Chers concitoyens,

Comme je viens de le dire, le gouvernement place au centre de ses priorités les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. A cet effet, les pouvoirs publics mettent l'accent sur la restructuration de l'institution militaire conformément aux exigences de la mission impartie aux forces armées et de sécurité dans la défense de l'intégrité territoriale et la garantie de la sécurité et de la stabilité dans le pays. Dans ce cadre, il sera procédé à la création et à l'équipement d'unités militaires qui veilleront à la sécurité et à la stabilité sur l'ensemble du territoire national. Ces unités seront appuyées par une force aérienne dissuasive.

En plus de cela, il sera procédé à la création d'une école militaire d'enseignement secondaire dans le but de rehausser le niveau d'enseignement dans le pays en général et au niveau de l'armée en particulier.

Citoyens, Citoyennes,

Le triomphe face aux défis qui interpellent notre pays est intimement dépendant de votre disponibilité au sacrifice en faveur de la Patrie.

C'est ici le lieu de souligner que votre soutien agissant au mouvement de la rectification, venu à l'aube du 6 août dernier mettre un terme définitif aux crises politiques, économiques et sociales qui frappaient le pays ainsi qu'aux pratiques nocives telles la corruption, la malversation, la mauvaise gestion et la démission des pouvoirs publics face aux intérêts du citoyen, suscite beaucoup d'espoir.

Citoyens, Citoyennes,

Le Haut Conseil d'Etat a mis définitivement fin aux pouvoirs de l'ancien président dans le but de sauver le pays des dangers qui le menaçaient et de le soustraire aux crises dans lesquelles il se débattait. Le Haut Conseil d'Etat n'avait entrepris cette action ni par désir de prendre le pouvoir et encore moins pour y rester. Si c'était le cas, nous n'aurions pas veillé scrupuleusement à la continuité du fonctionnement des institutions démocratiques, à la garantie de la liberté d'expression et à la sauvegarde de tous les droits que confère la constitution au citoyen.

Vous n'êtes pas sans savoir que le changement n'a concerné que là où réside le disfonctionnement au niveau de l'exécutif et que le gouvernement est à pied d'oeuvre actuellement pour mettre en place les mécanismes nécessaires pour le démarrage de journées de concertation qui détermineront la durée de la période de transition et les conditions appropriées pour l'organisation d'une élection présidentielle transparente et démocratique. Je saisis ici cette opportunité pour vous demander de participer à ces journées en faisant preuve de sens de maturité et d'esprit de responsabilité.

Comme j'ai eu à le souligner auparavant, le recours par certains à l'extérieur trahit leur manque de confiance en eux-mêmes, en leur peuple et leur déficit de crédibilité à l'intérieur du pays. Ces milieux ont des visées personnelles qui, seules, justifient le tintamarre qu'ils débitent ainsi que leurs tentatives de semer la discorde et la haine. Citoyens, Citoyennes,

Cette fête est une occasion où nous avons le devoir de nous recueillir au souvenir des héros de la résistance, qui se sont sacrifiés pour la défense de la Patrie, sa souveraineté et pour la dignité de ses fils. A ceux-ci, nous rendons le vibrant hommage qu'ils méritent de nous tous, implorant Allah d'avoir leurs âmes et de les entourer de sa miséricorde et de son pardon.

Je vous remercie"








27 Novembre 2007

Sidi Ould Cheikh Abdallahi s'adresse à la Nation mauritanienne

Mauritanie - Indépendance Le président de la république adresse un message à la nation
Nouakchott, 27 Nov (AMI)-
Le président de la république, Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a adresse un message à la nation à l'occasion du 47ème anniversaire de l'indépendance nationale. Le président de la république a renouvelé, dans ce discours, son engagement résolu à oeuvrer avec sérieux et dévouement pour servir les intérêts du peuple et favoriser l'épanouissement du pays.
Voici ce discours dans son intégralité :

"Citoyens, citoyennes, Je suis heureux de vous adresser mes plus sincères félicitations ainsi que mes meilleurs voeux à l'occasion du quarante septième anniversaire de la fête nationale de la République Islamique de Mauritanie, en commémoration de ce jour mémorable où le soleil de la liberté et de l'indépendance a rayonné sur l'ensemble de notre chère Patrie. L'actuel anniversaire de cette fête intervient alors que notre pays vient, pour la première fois, d'achever la mise en place des institutions démocratiques prévues par la Constitution et de réaliser, par la voie des urnes, une première alternance pacifique au pouvoir.

En cette heureuse occasion, je vous renouvelle mon engagement résolu à oeuvrer avec sérieux et dévouement pour servir les intérêts de notre peuple et favoriser l'épanouissement de notre pays.

C'est, pour moi, une opportunité de passer en revue succinctement, devant vous, les étapes que nous avons franchies ainsi que les perspectives que nous envisageons pour aller de l'avant sur la voie de notre fidélité à nos engagements.

Nous avons enregistré des avancées considérables, les mois passés, avec l'entrée en vigueur des institutions constitutionnelles et le début de l'exécution, par l'appareil de l'Etat, des politiques que nous avons tracées afin de mener à bien les réformes et de réaliser le développement.

Nous avons accordé une importance particulière à l'assainissement de la vie politique, à l'ouverture sur les forces vives et à la concertation avec elles au sujet des questions nationales d'intérêt commun. Conscients du rôle imparti à la femme au sein de la société, nous avons ouvert à celle-ci la voie pour une large participation dans les sphères politiques et administratives et nous avons réalisé de précieux acquis dans ce domaine.

Au cours des derniers mois, la lutte contre les séquelles de l'esclavage a figuré parmi nos principales priorités. C'est ainsi que nous avons édicté une loi incriminant les pratiques nuisibles aux intérêts supérieurs de notre société et que nous avons pris les dispositions garantissant le retour, dans la dignité, de nos citoyens réfugiés.

Il est de bonne augure que la joie que nous procurons, aujourd'hui, la commémoration de cet important anniversaire, coïncide avec le parachèvement du dispositif préliminaire du programme du retour des réfugiés.

En effet, les journées de concertation et de sensibilisation organisées la semaine dernière ont abouti à un large consensus national sur l'ensemble des dispositions à même d'assurer le retour de nos compatriotes dans la dignité et leur insertion effective ainsi qu'aux voies de règlement du dossier du passif humanitaire dans des conditions de justice, d'équité, de pardon et de tolérance, conformément aux valeurs que dicte notre sainte religion.

A ce propos, je voudrais réaffirmer notre détermination à éviter la discorde et la division ainsi que les facteurs qui peuvent les entraîner. De même, je voudrais réitérer notre volonté de promouvoir l'esprit de fraternité et de cohésion et de barrer la route à tout ce qui est de nature à porter atteinte à l'unité nationale ou à attenter aux intérêts suprêmes de la Nation, nous inspirant en cela des préceptes du Saint Coran recommandant l'unité des croyants.

Citoyens, citoyennes,

Comme vous le savez, nous avons pris en charge les affaires publiques dans un contexte peu favorable où nous avons été confrontés à de multiples difficultés dont certaines résultent, soit du cumul de situations antérieures complexes, soit de la conjoncture internationale que nous subissons au même titre que le reste du monde ou de facteurs liés aux aléas naturels.

C'est ainsi que certaines parmi les institutions publiques ont croulé sous le poids d'une dette croissante accompagnée d'une diminution des recettes. Nous avons également été confrontés à des problèmes de manque d'eau dans certaines régions et aux inondations dans certaines autres.

En plus de ces facteurs, notre pays a subi de plein fouet les effets d'un marché international où les denrées de première nécessité ont accusé une hausse dépassant toutes les prévisions au moment où la diminution des recettes publiques générées par le secteur pétrolier a eu des conséquences négatives sur les ressources budgétaires.

Nous avons résolument fait face à tous ces problèmes en engageant les moyens limités dont nous disposons mais avec toute la force de la volonté et le souci constant de servir le citoyen.

Nous sommes parvenus, grâce à Allah, à aplanir de multiples obstacles et à trouver la voie pour surmonter les autres problèmes dont la solution nécessite plus de temps et davantage de moyens. Tout comme, avec l'aide d'Allah, la solidarité de notre peuple et le soutien de nos frères et amis, nous sommes arrivés à prendre en charge les problématiques liées aux conséquences des inondations qui ont frappé certaines régions de notre pays.

Par ailleurs, nous avons fourni d'intenses efforts pour gérer, au mieux, les effets du marché mondial sur notre économie nationale. Ainsi, afin d'améliorer les conditions de vie de nos citoyens, nous avons créé un mécanisme de stabilisation des prix, de lutte contre la spéculation, de mise en oeuvre d'activités génératrices de revenus, d'encouragement à la production agricole, de valorisation des ressources animales et d'allègement du poids de la fiscalité sur les travailleurs.

Parallèlement à la gestion de la présente situation, nous avons toujours tenu compte de la préparation de l'avenir dans nos prises de décision. Aujourd'hui, nous nous apprêtons à présenter un ambitieux programme de développement au Groupe consultatif qui se réunira très prochainement à Paris. Nous avons bon espoir que ce programme rencontre l'agrément de nos partenaires au développement et que son exécution favorise un nouvel essor économique ouvrant les perspectives d'un développement global pour notre pays et créant les conditions propices pour davantage de prospérité au bénéfice de notre peuple. Nous sommes également déterminés à créer un cadre attractif pour l'investissement et à stimuler la productivité.

Citoyens, citoyennes,

Au moment où nous célébrons la fête de notre indépendance nationale, il est de notre devoir d'exprimer notre fierté en raison des acquis que les fils de notre pays, génération après génération, ont réalisés et dont en premier lieu les pionniers qui ont commencé, à partir de rien, l'édification d'un Etat disposant des substrats de la souveraineté et de la dignité.

A ceux parmi eux, qui sont toujours en vie et aux autres qui ont disparu, et à leur tête le leader Feu le Président Moktar Ould Daddah, je réitère aujourd'hui l'expression de notre considération et de notre fidélité.

De même, j'adresse mes remerciements à ceux qui ont dirigé le pays durant la période de transition et particulièrement aux Président et membres du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie et au gouvernement de transition pour le respect des engagements dont ils ont fait preuve et pour leur contribution à l'avènement de la nouvelle ère de démocratie que vit notre pays.

Citoyens, citoyennes,

L'oeuvre que nous avons accomplie au cours des derniers mois est gigantesque comparativement au laps de temps dans lequel elle a été réalisée; mais elle demeure dérisoire par rapport à nos besoins et à nos ambitions.

Nous ne sommes encore qu'au début du chemin et il nous reste encore de nombreuses actions à conduire afin de garantir l'accès à l'eau, à l'alimentation, aux soins et à l'éducation pour l'ensemble des citoyens, afin aussi d'assurer l'édification d'un Etat de droit, d'enraciner les règles de bonne gouvernance et de cultiver les valeurs exemplaires au sein de notre administration et dans tous les autres domaines de la vie nationale.

Nous sommes sincèrement déterminés à oeuvrer inlassablement à la concrétisation de ces aspirations, à l'impulsion d'un essor global et à faire prévaloir les valeurs de l'effort, du sacrifice et de la tolérance qui caractérisent notre peuple musulman imbu des vertus de paix et de modération. C'est ainsi que nous pourrons faire face, de manière efficace, aux dangers de l'extrémisme et du terrorisme qui planent sur notre environnement.

Notre pays entretient aujourd'hui d'excellentes relations avec l'ensemble de ses voisins et jouit d'une bonne renommée au sein de la communauté internationale. Il dispose, par ailleurs, d'importantes potentialités qui augurent de perspectives prometteuses. Pour cette raison, et afin de tirer profit des opportunités ainsi offertes, je vous convie, tous, dans un élan solidaire, à conjuguer vos efforts pour que nous puissions construire l'avenir radieux auquel nous aspirons.
Pareille entreprise, avec l'aide d'Allah, est à notre portée.

WA SALAMOU ALEYKOUM WE RAHMATOU ALLAH".

Traduction de l'AMI

cinquantième anniversaire de la République Islamique de Mauritanie




Vendredi 28 Novembre 2008

La junte convoque pour un lever des couleurs, à l'occasion du 48ème anniversaire de l'Indépendance. C'est banal, l'anniversaire du jour - qu'elle semble ne pas connaître - est le cinquantième de l'option mauritanienne pour le statut d'Etat membre de la Communauté, à l'appel de Moktar Ould Daddah, alors président du Conseil de gouvernement du Territoire d'outre-mer qu'est encore la Mauritanie post-coloniale, et aussitôt ensuite la proclamation de la République Islamique de Mauritanie.
Deux discours du Président le commentent au mieux.
Discours radiodiffusé
prononcé par M° Moktar Ould Daddah,
président du Conseil de Gouvernement de la Mauritanie
le 1er Octobre 1958
(à la suite du referendum du 28 Septembre 1958)



Par son vote massif, la Nation mauritanienne a, sans équivoque possible, manifesté le 28 Septembre son désir de construire son avenir avec l’aide de la France.

Nous avons voté oui parce que la Constitution proposée par le Général de Gaulle comporte d’une part des options dont l’une permet à la Mauritanie d’obtenir la gestion complète de ses propres affaires et reconnaît par ailleurs au peuple mauritanien son droit imprescriptible et sacré à l’indépendance.

En votant oui, nous avons donc opté pour la Communauté des Peuples libres, au sein de laquelle nous jouirons d’ici quatre mois d’une totale autonomie interne dont nous entendons assumer tous les attributs. Il me paraît dès à présent indispensables que les institutions nouvelles soient conçues et mises en place par une Assemblée Territoriale et un Conseil de Gouvernement renouvelés. Je pense que l’actuelle Assemblée Territoriale devra donc, après le vote du budget en Décembre prochain, démissionner pour permettre l’élection d’une nouvelle Assemblée en Janvier. Le Conseil de Gouvernement remettrait sa démission à la réunion de cette Assemblée. Un nouveau Conseil de Gouvernement serait formé qui, avec le concours de l’Assemblée nouvelle opterait pour le statut d’Etat membre de la Communauté et élaborerait la Constitution locale à soumettre au referendum du peuple mauritanien.

Ayant ainsi déterminé sa place au sein de la Communauté et grâce à l’aide que celle-ci nous apportera dans tous les domaines pour continuer et amplifier l’aide que la France métropolitaine nous accordait jusqu’à présent, la Mauritanie pourra préparer dans les meilleures conditions l’accession à son indépendance totale. Ce « stage » de quelques années dans la Communauté nous permettra de parfaire notre structure politique et d’asseoir notre économie sur des bases solides.

Lorsque ces tâches essentielles auront été menées à bien, nous déciderons de notre indépendance sans pour autant rompre les liens qui nous unissent à la France et aux Etats de la Communauté. Grâce à la Constitution que le peuple mauritanien vient d’approuver à une si large majorité, nous sortirons le moment venu de la Communauté des Peuples libres du Titre XII pour conclure avec elle les accords d’association prévus au Titre suivant.

Je suis profondément convaincu que la France et la Communauté parfaitement conscientes des impératifs géographiques, historiques et ethniques de la Mauritanie l’aideront sans réserve à préparer cette indépendance qui nous permettra, entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique noire, d’affirmer notre personnalité et de devenir cette « Suisse africaine » que nous appelons de tous nos vœux.
Discours prononcé par M° Moktar Ould Daddah,
président du Conseil de Gouvernement de la Mauritanie,
devant l’Assemblée Territoriale,
réunie pour la première fois à Nouakchott,
le 28 Novembre 1958



Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Vous devez tous partager aujourd’hui l’émotion qui m’étreint en cet instant historique où votre Assemblée erst appelée par la Constitution à définir la place que la Mauritanie doit occuper désormais au sein de la Communauté franco-africaine.

Il me paraît profondément symbolique qu’une telle décision qui engage l’avenir du peuple mauritanien tout entier, doive intervenir au moment précis où votre Gouvernement et votre Assemblée se trouvent pour la première fois réunis sur le sol de la Patrie dans cette Capitale que je m’engageais solennellement à réaliser dans mon discours d’investiture du 20 Mai 1957 et qui fut pendant dix-huit mois l’objet de nos incessantes préoccupations.

Bravant toutes les difficultés, sans souci de l’inconfort et des complications qu’entra$îne le maintien provisoire de plusieurs ministères et de tous les services à Saint-Louis, le Gouvernement a tenu à ce que l’appareil politique de la Nation s’installe définitivement à Nouakchott pour donner à la Mauritanie les institutions nouvelles que requiert la création de la Communauté franco-africaine.

Il y a tout juste deux mois, nos concitoens approuvaient à la majorité que vous savez la Constitution proposée à leurs suffrages par le Général de Gaulle. Il vous appartient aujourd’hui de dire quel statut est choisi par la Mauritanie parmi les possibilités offertes par l’article 76 de ladite Constitution dont je vous rappelle les termes :
« Les Territoires d’Outre-Mer peuvent garder leur statut au sein de la République.
S’ils en manifestent la volonté par délibération de leur Assemblée Territoriale prise dans le délai prévu au premier alinéa de l’article 91, ils deviennent soit Départements d’Outre-Mer de la République, soit, groupés ou non entre eux, Etats membres de la Communauté. »

Entre ces trois possibilités, votre Gouvernement a choisi sans hésitation aucune et vous propose d’opter aujourd’hui en faveur du statut d’Etat membre de la Communauté qui seul permet d’acquérir l’autonomie interne complète et véritable, réclamée à l’unanimité par le Congrès d’Aleg en considération de la position particulière qu’occupe la Mauritanie au sein de la Communauté franco-africaine et du rôle que lui confèrent sa position géographique, ses traditions ethniques et culturelles.

C’est qu’en effet, l’autonomie interne dont bénéficie un Etat membre de la Communauté est totalement différente de celle accordée aux Territoires d’Outre-Mer par la loi-cadre. Un Territoire d’Outre-Mer fait partie intégrante de la République française : à ce titre, son organisation politique et administrative est déterminée à l’origine, et, si besoin est, modifiée par le Parlement français, après consultation de l’Assemblée Territoriale. C’est dans les limites précises fixées par la loi française que s’exercent les pouvoirs du Gouvernement local, de l’Assemblée Territoriale et que s’organise l’administration locale.

Au contraire, un Etat membre ne fait plus partie intégrante de la République française mais seulement de la Communauté. Il est totalement maître de son organisation interne qui ressort de lois élaborées par le pouvoir exécutif et votées par le pouvoir législatif qu’il s’est donnés dans sa propre Constitution. Il bénéficie donc d’une autonomie complète pour tout ce qui n’est pas compris dans le domaine réservé à la Communauté par l’article 78, c’est-à-dire :
la politique étrangère,
la défense,
la monnaie,
la politique économique et financière commune,
la politique des matières stratégiques,
et sauf accords particuliers
le contrôle de la justice,
l’enseignement supérieur,
l’organisation générale des transports extérieurs et communs et les télécommunications.

Dans tous les autres domaines, l’Etat mauritanien sera donc entièrement libre de promulguer ses propres lois, d’établir ses propres règlements, de promouvoir en un mot l’organisation interne susceptible d’assurer l’épanouissement de sa personnalité particulière.

Enfin, seul le statut d’Etat membre permettra de sauvegarder pour l’avenir le droit imprescriptible et sacré du peuple mauritanien à l’indépendance.

Le choix du Gouvernement est donc fait : celui de votre Assemblée ne saurait faire de doute.

La proclamation de l’Etat mauritanien sera suivie de la rédaction d’un projet de Constitution définissant l’organisation des pouvoirs, la composition et le mode d’élecvtion des représentants du futur pouvoir législatif mauritanien, les domaines respectifs de l’exécutif et du législatif, etc… Il s’agit là d’un gros travail qi requiert la collaboration de tous ceux qui veulent réaliser la nation mauritanienne au sein de la Communauté franco-africaine.

Je suis certain de trouver au sein de votre Assemblée tous les concours qui nous permettront de mener ensemble à bonne fin, cette tâche essentielle.

En ce qui le concerne, le Gouvernement se doit de faire connaître dès à présent aux citoyens de ce pays que les droits nouvellement acquis par l’accession à l’autonomie interne comportent pour eux en contre-partie des devoirs que l’exécutif entend faire respecter par tous.

Sur le plan extérieur tout d’abord, le Gouvernement est pleinement conscient des dangers qui menacent l’Etat mauritanien. Bien que la défense soit de la compétence de la Communauté, il est fermement résolu à coopérer avec les forces de la Communauté et dans toute la mesure de ses moyens à la défense de la Patrie contre les entreprises menées de l’extérieur et par ailleurs à réprimer toutes les actions subversives tentées à l’intérieur de l’Etat, par les étrangers ou les nationaux mauritaniens ainsi que toute propagande effectuée en faveur d’un Etat étranger.

Mieux que quiconque les membres de votre Assemblée savent les efforts que j’ai déployés dès mon investiture pour réaliser au sein du Gouvernement et à l’intérieur du pays l’unanimité mauritanienne. Vous savez de quelle manière mes efforts ont été récompensés. Fort de l’approbation de l’immense majorité de nos concitoyens, j’avertis solennellement ceux qui seraient tentés de trahir la Patrie mauritanienne qu’ils seront impitoyablement châtiés ou rejetés hors des frontières de notre Etat.

Sur le plan intérieur ensuite, la création et le développement de l’Etat mauritanien nécessitent l’union de tous les efforts sous l’impulsion d’une autorité gouvernementale accrue. Les discussions tribales, les oppositions raciales seront énergiquement réprimées parce qu’elles sont de nature à affaiblir le nouvel Etat, voire même à compromettre son existence. Elles doivent faire place, bénévolement ou par la contrainte, au sentiment d’appartenance à une Patrie commune où toutes les races, toutes les catégories sociales jouiront des mêmes droits et des mêmes devoirs, où la place de chacun sera déterminée par ses seuls mérites et les services qu’il est susceptible de rendre. Cela doi signifier la fin du régime de facilité, la fin des prébendes et des faveurs indûment accordées. Dans l’organisation de l’Etat mauritanien, un rôle essentiel devra être tenu par les fonctionnaires, métropolitains ou africains, personnel de commandement, techniciens, personnel d’exécution qui tous dépendront directement et uniquement du Gouvernement.

J’entends et je veillerai à ce qu’ils accomplissent toutes les tâches qui leur sont confiées avec conscience, efficacité et patriotisme. Tous ceux qui ne comprendraient pas que la Nation requiert d’eux un travail accru seront sanctionnés ou licenciés. Je suis certain cependant que l’immense majorité des fonctionnaires conscients de la situation privilégiée dont elle bénéficie par rapport au reste de la Nation, apportera au Gouvernement sa collaboration totale et enthousiaste, indispensable à la vie et à la prospérité de notre pays.

Mes chers collègues, je ne veux pas retarder plus longtemps l’instant solennel et émouvant où va naître, par vos soins, l’Etat mauritanien. Dans les semaines à venir, nous déterminerons ensemble la structure institutionnelle qu’il convient de lui donner. Ensuite, c’est du peuple mauritanien, tout entier, de son patriotisme, de sa discipline que dépendront en définitive e développement et la prospérité de l’Etat.

Responsable des destinées du pays, le Gouvernement est, pour sa part, résolu à renforcer par tous les moyens la conscience nationale pour que vive et s’épanouisse la Mauritanie nouvelle.