jeudi 23 juillet 2009

journal de maintenant - jeudi 23 juillet 2009

lettre reçu de la Commission - datée du 22 Juillet 2009

Commission Européenne
Direction générale Développement et relations avec les Etats d’Afrique, des caraïbes et du Pacifique

ACP II – Afrique occidentale et centrale, Caraïbes et PTOM
Relations avec les pays et la région de l’Afrique occidentale

Bruxelles, le 22 Juil. 2009
D2*4(2009) D/4860


Monsieur,

Le Commissaire chargé du Développement et de l’action humanitaire m’a chargé de vous remercier de votre courrier du 8 juillet dernier, par lequel vous avez bien voulu attirer son attention sur la situation en Mauritanie et lui faire part de votre analyse.

Je puis vous assurer que la Commission, au-delà même de l’élection présidentielle du 18 juillet, reste très attachée au plein rétablissement de l’ordre constitutionnel et de l’état de droit, conformément notamment à la décision du Conseil de l’Union européenne du 6 avril dernier relative à la clôture des consultations au titre de l’article 96 de l’Accord de Cotonou. Elle continuera donc de suivre avec vigilance l’évolution de la situation en Mauritanie et notamment le respect des engagements pris par les parties à l’Accord de Dakar, dont le proint VII précise que sa mise en œuvre devra se poursuivre au-delà de l’élection présidentielle.

Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de ma considération distinguée.

F . Ceriani Sebregondi
Chef d’Unité



M. Fessard de Foucault

Ci-après paragraphe évoqué de l'accord de Dakar
VII) De la poursuite du Dialogue National Inclusif

Cet Accord ne met pas fin à la poursuite du Dialogue national sur les autres points qui peuvent renforcer la réconciliation nationale et faire émerger une solution globale consensuelle. Dans le prolongement de l’élection présidentielle, le dialogue national inclusif sera poursuivi et intensifié en vue notamment :
· du renforcement des assises et de la pratique de la démocratie pluraliste, ainsi que de la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernements ; y compris la réforme des institutions nationales de sécurité.
· de l’élaboration et l’adoption des réformes des institutions susceptibles de renforcer le bon fonctionnement et l’équilibre des institutions de la République, ainsi que promouvoir la bonne gouvernance politique et économique, l’état de droit et le respect des Droits de l’Homme.
· de la possibilité d’arrangements politiques de partenariat dans l’exercice du pouvoir.
· de toutes autres questions susceptibles de renforcer l’unité nationale, la réconciliation, la stabilité, la moralisation de la vie publique et le développement socio-économique du pays.

lundi 20 juillet 2009

journal de maintenant - lundi 20 juillet 2009

dépêche affichée aujourd'hui sur le site Taqadoumy

Je réponds aux premiers commentaires - mais ne sauvegarde pas mes réponses, qui ne sont donc pas retenues. Je m'y reprends plus tard.



Plainte contre Aziz, à Nouakchott
20-07-2009


Le diplomate français Bertrand Fessard de Foucault a sollicité, de ses avocats, à Nouakchott, d'agir en son nom "au plus vite auprès du juge des référés, pour que cesse l'exploitation - non sollicitée et non autorisée - d'une image, celle du président-fondateur Moktar Ould Daddah".

L'objet du litige est l'affiche publicitaire dessus, associant le portrait de Ould Abdel Aziz à celui de Moktar Ould Daddah.

Approché par Taqadoumy, le diplomate précise : "j'ai pris cette photographie en tournée avec lui. Mariem Daddah et Sidi Ould Cheikh Abdallahi entre autres l'accompagnant. C'était en Mars 1974 à Maghta-Lahjar, j'ai le cliché négatif argentique dont d'ailleurs les couleurs sont plus contrastées puisque la copie, pour les mémoires du Président - La Mauritanie contre vents et marées (éd. Karthala - Octobre 2003 - 664 pages), disponible en arabe et en français - a été faite d'après un positif".

Selon lui : "L'usage de cette photographie privée à des fins électorales est un détournement à tous les points de vue et une escroquerie, un vol aussi de propriété intellectuelle et artistique".

Le diplomate demande "l'interdiction de cette publicité, en tout cas le retrait du portrait de Moktar Ould Daddah", mais aussi "des dommages intérêt à l'appréciation du juge et dont le montant irait à la Fondation Moktar Ould Daddah, comme de droit".



Pages vues: 1530

Commentaires (18)

réponses BFF

… irremplaçable forum de Taqadoumy, et donc irremplaçable Hanevy toujours en taule, depuis 38 jours. Cela a commencé exactement le jour du grand discours d’adieux du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le vendredi 26 juin : belle coincidence !

J’ai rédigé des réponses aux 18 premiers commentaires – dès l’après-midi du lundi 20 juillet – mais soit mon message était trop long, soit j’ai oublié d’inscrire le code en bas de la boîte de dialogue et rien donc n’a été retenu.

Je tiens à vous répondre à chacun, chers amis mauritaniens rencontrés sur ce précieux site, car je souhaite dissiper des malentendus tenant simplement à ce que vous ne connaissez peut-être pas mon parcours ou que vous méconnaissez mes motivations. Je les reprends donc le lundi 27 juillet, au moins pour la mémoire ou les archives.


1. 20-07-2009 08:38
les européens nous cherchent toujours la petite bete,j'appelle tous les mauritaniens à s'unir devant toutes ces tentationsEcrit par moctar (Visiteur)
1.

Le mêli-mélo des photos – et donc de la réputation - d’un fondateur et d’un usurpateur est une tricherie de plus. Ce n’est pas « chercher toujours la petite bête », c’est aider à ce que se sache la vérité. Confident de Moktar Ould Daddah, depuis notre rencontre en Avril 1965 et jusqu’à sa mort, ayant de surcroît contribué à la relecture de ses mémoires « Contre vents et marées », parues le lendemain de sa mort, le 16 Octobre 2003, chez Karthala, disponible en arabe et en français, je crois avoir quelques éléments pour distinguer la fondation de 1960 et la tricherie de 2009

2. 20-07-2009 08:46
Bonjour Monsieur Bertrand Fessard de Foucault, je me permet de vous interpeller en tanque Mauritanien sur les deux points suivant :

1-Un vol aussi de propriété intellectuelle et artistique vous dite mais ou somme nous êtes vous un membre de la famille de daddah, loins de là, et même si c'étais le cas, à quel droit vous vous approprier l'image d'un homme public, le père d'une nation.
secondo que ce que vous faite des paparazzi qui prennent Sarkozy en photo sans même son consentement, sont il jugé en France ? sont ils inquiété par la justice ? et quand ils prennent les photos contreniante de vos stars et malgré le desarois de ces dernier sont ils inquiété non Monsieur, l'apparition d'un homme public à un endroit public n'entre pas pas dans le cadre privé, n'est ce pas ?
Aziz à gagner malgré vous car nous peuple Mauritanien nous l'avons voulu et la répiblique francaise n'a rien à dire. Je vous rappel que les immigrés résident en France n'ont pas le droit de vote ou de parler en publique de la politique et encore mois les diplomates alors Monsieur restez dans votre cadre et occupé vous des affaire de la France.
le droit à l'image n'entre pas ici.Ecrit par Immigré (Visiteur)

2.

Ce n’est pas moi qui m’approprie l’image d’un homme public, père de la nation, mais un candidat à l’élection présidentielle provoquée par un putsch et qui se compare au Président, sans avoir en onze mois, même devant sa veuve lors de l’inauguration le 5 Novembre 2008 de l’avenue Moktar Ould Daddah, su prononcer un mot personnel ou écrire une ligne personnelle sur le fondateur. – Je ne suis pas de la famille du Président par le sang, certes, mais quand il était enfermé à Oualata (Juillet 1978 à Octobre 1979), j’ai publié dans Le Monde, quotidien français que vous connaissez de réputation, un article demandant sa libération : « Moktar Ould Daddah, père de la nation ou prisonnier perpétuel ? ». Je ne veux pas que son image et son legs soient emprisonnés dans la candidature puis le règne d’un usurpateur, lointain héritier de ceux qui ont renversé Moktar Ould Daddah et tout rompu en 1978. Le parallèle est mensonger, il est insupportable pour tout ami de la Mauritanie. A plus forte raison pour vous. Je ne suis que votre instrument, dans l’affaire.

Ancien ambassadeur maintenant retraité et n’occupant aucune fonction publique, je ne suis en rien responsable des politiques gouvernementales françaises ; j’en déplore et critique la plupart, y compris l’analyse de votre pays et de ses situations par le mien. En revanche, j’interviens souvent pour des sans-papiers ou pour l’obtention de visas. C’est ma manière de m’occuper des affaires de la France et puisque celle-ci a facilité le processus de reconnaissance de « votre » putsch, je crois rester dans mon domaine en tentant d’en atténuer les effets.

Le droit à l’image est le droit de la personne photographiée. Je veux contribuer à la mémoire du Président en empêchant que son image soit associée à une politique qui n’est pas la sienne. Comme lui-même, Moktar Ould Daddah, m’avait associé à la relecture de ses mémoires « Contre vents et marées ».

Je n’ai effectivement pas le droit de vote, mais l’expression de points de vue d’étranger dans la presse nationale est fréquente dans beaucoup de pays, y compris le mien. Mon expression particulière a commencé dans la presse mauritanienne par des chroniques historiques dans Chaab au début des années 1979 puis dans Le Calame depuis Mai 2007 – cinquantième anniversaire du premier gouvernement mauritanien. J’ajoute que l’élu du 18 a été publiquement soutenu en réunion politique par un des principaux tenants de la Françafrique, présent et abondamment photographié à Nouakchott à partir du 10. Je ne m’exprime qu’en ami de la Mauritanie et gratuitement, sans aucun ordre hiérarchique.

3. 20-07-2009 08:52
Monsieur: un conseil:laissez tomber, la Mauritanie n'est pas Etat de droit, faites attention à ces avocats, ces juges etc. je vous assure que la plupart ne connait pas le sens du mot "ethique". ce sera "pot de terre contre pot de fer". ils vont vous fatiguer.Ecrit par bilqisali@yahoo (Visiteur)

3.

Je veux donner une cause à un magistrat qui peut-être aura envie de servir la vraie mémoire mauritanienne. Donner une chance à l’espérance. Il existe certainement des justes… dans la magistrature mauritanienne.


4. 20-07-2009 09:00
ce nostalgique de la période coloniale qui n'arrive même pas à s'exprimer convenablement en français (le comble pour un "diplomate") doit s'occuper de ce qui le regarde. Nous sommes assez majeurs en Mauritanie pour régler nos problèmes entre nous.Ecrit par Moctar (Visiteur)

4.

Reconnaissant recevoir précision des fautes de français ou des inadvertances que je commets. Les guillemets pour la qualité professionnelle que j’ai eue de 1969 à 1995, en activité, puis émérites maintenant sont inappropriées.

Je souhaite qu’effectivement les Mauritaniens règlent entre eux leurs affaires au lieu que ce soient les Français qui poussent à la reconnaissance du fait accompli d’un putsch, au lieu que ce soit le chef libyen qui conforte un putschiste, au lieu que ce soit la soi-disant commaunauté internationale (dont j’attends toujours diplomatiquement la définition) qui à Dakar ou ailleurs poussent RFD et FNDD à oublier leurs objectifs de départ et contraignent un des sages de la politique mauritanienne à la démission, sagesse, modération et hauteur de vue qui vont vous faire défaut.

5. 20-07-2009 09:32
On ne peut pas parler du President Mokhtar Ould Daddah (Yarhamhou allah) comme un citoyen ordinaire, c'est un homme politique, publique, je dirai meme un monument pour la Mauritanie. je pense que c'est comme demander à quelqu'un de solliciter une autorisation avant de prendre en photo le president AZIZ en tournée. Ecrit par L'AS (Visiteur)

5.

C’est précisément parce qu’une photo est utilisée sans autorisation et à des fins détournées que j’interviens.

Le « monument », je le visite quotidiennement par la pensée ou par l’écriture depuis que j’ai fait chez vous mon service national de Février 1965 à Avril 1966 et qu’ensuite j’ai été presque tous les ans invité par le Président à travailler avec lui, dans la discrétion, pour précisément édifier le guide de visite du monument, l’œuvre de cette génération fondatrice et de magnifiques coéquipiers, dont d’ailleurs le futur président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ainsi qu’Ahmed Ould Daddah. C’est par égard pour une personnalité d’exception que j’interviens pour que ne se fasse pas la sidérante assimilation avec un pustchiste.

6. 20-07-2009 09:48
Bravo M. L'AmbassadeurEcrit par Visiteur (Visiteur)

6.

Merci, chaleureusement, de m’approuver. Les choses sont encore plus compliquées et malaisées que la seule dépêche de notre forum de rencontre peut le faire supposer. Je les raconterai sans doute un jour.

7. 20-07-2009 10:20
C'est un general inculte ,conseillé par des guignols et des zombies.
Il ne connait pas la signification du droit de propriété .Ecrit par jaranguel (Visiteur)

7.

Celui qui s’approprie au contraire sait très bien ce qu’il fait.
En revanche, vous avez raison, tous ceux qui – dont je ne suis pas (encore) – ont approché le putschiste disent qu’il est inculte. Mais on le croyait – les Français surtout – pas du tout une tête politique, or il a été extraordinairement habile jusqu’au 18 juillet. Qu’il soit entouré d’arrivistes et d’opportunistes, c’est sûr. Nous avons chacun des noms à l’esprit. Mais je crois qu’il ne prend conseil que des rapports de force, sur lesquels il ne s’est pour l’instant jamais trompé, au contraire de ses adversaires qui ont baissé la garde en acceptant Dakar, en acceptant d’y aller et d’accepter les papiers tout faits, puis de cautionner le processus électoral sans aucune garantie puisque l’observation européenne requérait trois mois de mise en place (le délai constitutionnel mauritanien à compter de l’ouverture de l’intérim le 26 juin – ce qui n’a pas été respecté)

8. 20-07-2009 10:23
Déjà, ce monsieur n'est pas diplomate mais EX diplomate et il serait temps qu'il s'occupe de ses affaires il n'est pas mauritanien, rien n'est à lui ici,cette photo appartient au peuple mauritanien, grâce a son statut de l'époque il a vécu des privilèges, qu'il vienne vivre avec nous dans nos quartiers pauvres !!
Monsieur laissez notre président et notre pays en paix, nous vivons de grands moments de bonheur ne venez pas tout gacher.Ecrit par ahmednou (Visiteur)

8.

Je crois tout à fait au bonheur de certains d’entre vous, chers amis mauritaniens. Il y eut d’ailleurs des manifestations de joie à la chute du président Moktar Ould Daddah. Je souhaite que dure votre bonheur et qu’il soit celui de tous et pas seulement celui des partisans du putschiste juste confirmé le 18.

Je ne suis mauritanien que d’adoption, suivant et fréquentant votre pays depuis Février 1965, visitant assidûment le Président en exil et ne voulant plus aller en Mauritanie tant qu’il n’y rentrerait pas, raccompagnant dans le même avion votre fondateur à la fin de son exil le 17 Juillet 2001.

J’ai été diplomate pendant trente ans et ambassadeur, pour ouvrir – dans la difficulté – notre ambassade dans une des Républiques anciennement soviétiques les plus stratégiques, le Kazakhstan (Juin 1992-Février 1995).

La photo. a été prise par moi en tournée du Président, à Maghta Lahjar, en Mars 1974 : Mariem Daddah et le futur président Sidi faisaient partie de ce long voyage dans la IVème Région alors Brakna et Tagant. J’en ai des dizaines d’autres à plusieurs époques de 1965 à 2003.

Je n’ai jamais servi en Mauritanie, que comme professeur à vingt ans au Centre de formation administrative devenant l’Ecole nationale d’administration mauritanienne ; j’étais élève de la française. Je n’ai jamais joui en Mauritanie d’aucun privilège sinon de la confiance et de l’amitié du Président dès que je lui eus soumis le projet de ma thèse : « le pouvoir politique en Mauritanie ».

En 1965-1966, je logeais à trois dans un des petits appartements des blocs dits blocs manivelle pas très loin de la poste et de la chambre de commerce. On voyait sans obstacle de bâtiments, seulement les quelques villas de 1958-1959, la présidence en pierre d’Atar puis les euiphorbes, les cartons mangés par les chèvres, et très au loin l’ambassade de France, sans la moindre végétation autour d’elle. Ce n’était l’opulence pour personne, en tout cas pas pour les « coopérants ».

9. 20-07-2009 10:24
a bas le colonialisme.

ici on est en mauritanie, le comble serait qu'un mauritanien se voit interdire l'image du père de notre nation par un FRANCAIS. GROTESQUE MONSIUR

NON NON NON TROUVEZ AUTRE CHOSE

QUE ca plaise ou non,LE PEUPLE A PARLER, NON A CET INDIVIDU colonialisteEcrit par parisien (Visiteur)

9.

Si vous voulez accéder aux photos. du président-fondateur, sans qu’elles soient parasitées par d’autres, et les regarder ainsi librement et à loisir, procurez-vous ses mémoires « Contre vents et marées ». La photo. en question fait la couverture, il y en a beaucoup d’autres à l’intérieur, certaines prises par moi. La Fondation Moktar Ould Daddah fait des expositions de photos. Peut-être mettra-t-elle ses collections en ligne sur internet ? Si le pouvoir qui vient d’être confirmé le 18 s’entend avec la Fondation pour la doter de salles de musée et d’une photo-thèque, ce sera fort bien. C’est l’affichage de la photo de Moktar Ould Daddah aux seules fins de faire valoir le portrait – pas bien beau – de l’homme du 6 Août 2008 que je critique.

Si vous voulez que je vous en courielle quelques-unes, donnez-moi votre adresse internet.

Colonialiste ? je n’ai mis les pieds chez vous (et le cœur) qu’en 1965, l’indépendance proclamée depuis quatre ans et trois mois.

Je ne cherche rien, mais je n’accepte pas qu’on me cherche, et j’ai pris au sérieux l’association des deux portraits.

10. 20-07-2009 10:33
Mokhtar OULD DADDAH n'est pas un modèle pour les Photos. C'est notre président et personne n'a le droit de réclamer des droits sur ses photos.
Cette photo n'est pas privée pour les raisons suivantes:
1- elle est prise dans une mission officille
2- Elle est publiée sur la couverture du livre signé par le defunt. Elle est choisie par le défunt pour illustrer son personage.

lecitoyenlambda@gmail.comCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir Ecrit par Le citoyen lambda (Visiteur)

10.

J’ai cherché à correspondre personnellement avec vous, sans réponse de votre part, sauf erreur.

La photo. n’est pas prise dans une mission officielle, je n’ai jamais eu de titre officiel en Mauritanie, n’y ait jamais servi que comme très jeune enseignant, neuf ans avant que je prenne, avec d’autres, et dans un cercle familier, sous la tente, cette image. C’est précisément parce qu’elle a été choisie par le Président et sa femme pour orner son livre, qu’elle ne doit pas être détournée de son objet pour des fins politiques et publicitaires. Si elle est tellement belle et montre un homme aussi détendu et souverain, c’est bien parce qu’elle n’est pas posée professionnellement, qu’elle reflète une relation avec le photographe, avec le moment, avec l’entourage.

11. 20-07-2009 10:41
ha! les français!!! vous êtes toujours entrain de sucer les africains.tout est bon pour le fric sur le dos des africains. vous installer des dictateurs, vous prenez l'argent de ceux qui veulent venir en france et à qui vous rejeter les demandes de visas sans remboursement...
mettons fin à ces pratiques. il est temps.Ecrit par bekrine (Visiteur)

11.

J’ai déjà dit – en réponse au commentaire . 2 . – que je ne suis pour rien dans les politiques françaises, et que je critique beaucoup de celles du pouvoir en place chez moi depuis Mai 2007, dont son soutien de fait au putsch chez vous du 6 Août 2008. S’il y a un Français qui a combattu ce putsch et cette dictature, plus que moi, mettez-moi en relations avec lui. Nous ne serons pas trop de deux pour mettre la France devant ses responsabilités de fait.

Je fais comme je peux pour contribuer à régulariser des sans papiers. Je ne suis pas maître des tarifs des visas.

12. 20-07-2009 11:22
je pense que c est n est pas ça qui a l origine de la victoire d' AZIZ;en plus c est une plainte qu il falait faire avant la fin de la campagne car se sont des symboles de la republique on doit pas les utilisés a des fin electorale,du moment qu il est elit je voix mal cette plainte aboutir,a moins qu il soit conscient de vos soucis financiére et il vous apporte quelque millionsEcrit par GUEYE (Visiteur)

12.

Je ne fais nullement ma démarche devant les tribunaux pour des raisons financières. Le juge des référes sera laissé libre par mon avocat, de fixer les dommages-intérêts. Ceux-ci seront versés, à ma demande, à la Fondation Moktar Ould Daddah. Si celle-ci les refuse, ils iront au Croissant rouge ou à une institution caritative qui me sera indiquée.

Je n’ai aperçu cet affichage de portraits qu’à l’aube du vendredi 17 et suis aussitôt intervenu.

Le portrait d’un défunt – sauf loi nationale officialisant sa mémoire – et à plus forte raison celui d’un candidat ne sont pas des symboles de la République.

13. 20-07-2009 11:31
M. ertrand Fessard de Foucault

Vous êtes le seul sur la planète qui ignore que Aziz est un voleur.
Cher ami, ce monsieur a volé plus precieux qu'une phot symbolique: Budgets, projets, résultats du vote de tout un peuple.
Renseignes toi un peu sur Aziz et tu verras que ta plainte n'a aucun sens.Ecrit par fr (Visiteur)

13.

Je vous suis tout à fait – selon ce que j’entends dire – dans votre caractérisation du putschiste, et reconnais bien volontiers qu’il a pris (et prendra sans doute) bien plus qu’une photo. Il vous a pris l’espérance de la stabilité, de la démocratie et de l’indépendance car il gagné avec l’appui de l’étranger contre lequel il vous montait cependant. Je ne veux pas qu’il vous vole ce qu’il vous reste : votre passé et votre fondation.

14. 20-07-2009 11:46
Tout ce qui appartient à l'image Moctar o/ Daddah, le père de la nation, appartient à l'héritage de ce dernier, que ce monsieur de la France-Afrique vielle génération savoure le soleil de chez nous et qu'il soit remercié comme tous les pionniers de de la Mauritanie indépendante.
Qu'il s'éloigne de ces querelles stériles de clochers. Merci Monsieur de retirer cette plainte ridicule.Ecrit par Hamdou Lillah (Visiteur)

14.

Vous me situez bien mal. En défendant la légitimité du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi dès le premier jour par des notes successives jusqu’à expédier les dernières le samedi 18 – notes envoyées à Bruxelles et aux autorités françaises, en couriellant au président français le 28 Mars qu’il a menti en disant avoir téléphoné au président Sidi et qu’aucune manifestation n’ont eu lieu depuis son renversement – je ne crois pas appartenir à « la Françafrique vieille génération ».

Mauritanien, vous savez bien qu’on ne savoure pas le soleil saharien, on s’en prévient et l’on cherche l’eau et l’ombre. Je l’ai en tout cas appris et vêcu dès ma première arrivée chez vous en Février 1965.

C’est parce que cette image du président Moktar Ould Daddah – matérielle en photo. ou spirituelle en politique et en histoire – appartient à l’ensemble du peuple et de la nation mauritanienne qu’il faut tout faire pour que personne ne s’en attribue – soudainement et sans le motiver – la gloire et la solidité. Les photos associées sont cette appropriation symbolique.


15. 20-07-2009 12:26
il n'a rien àdire et droit de venir chez nous il la payer decidemment du n'importe quoiEcrit par aicha (Visiteur)

15.

Je vous comprends mal, pouvez-vous dire mieux et plus précisément ?

16. 20-07-2009 12:37
c'est tout a fait normal;mon generale est pret a regler tout les problemes nchallah;je crois meme les drit recleme seront pays puisque c pour la fondation de l'ancien presidentEcrit par HABIB PRESSING (Visiteur)

16.

Je déteste le paternalisme et les politiques qui prétendent qu’ils vont tout régler. Qui surtout pensent que tout le monde est à acheter. Aux frais du contribuable, puisqu’en prenant le pouvoir, ils prennent les clés du coffre.


17. 20-07-2009 12:41
vive la democratie en mauritanie du courage les jeunes de rimEcrit par hadu ould demba (Visiteur)

17.

Profondément d’accord. Que les trente-quarante ans se saisissent du pouvoir, qu’ils commencent par veiller à leur avenir et aux libertés publiques, et à la sincérité des discours du système que va permettre « légalement » l’élection du 8, et qu’ils accèdent ensuite au pouvoir politique et économique.

Le « fer de lance » de la politique fondatrice de la Mauritanie en 1957-1960 a été – pour beaucoup des coéquipiers de Moktar Ould Daddah – l’Association de la jeunesse mauritanieenne : l’AJM, fondée à Rosso en Novembre 1955


18. 20-07-2009 12:56
Ce diplomate a ses avocats mais le peuple n'aura jamais d'avocats pour le defendre.

Notre Gen. n'a pas de problemes pour l'usage de n'importe quoi.Ecrit par sharara (Visiteur)

18.

Mon avocat est tout simplement un ami de dix ans, qui depuis près de trente ans se dévoue sans rien compter pour les droits de l’homme et les prisonniers.

Qu’entendez-vous par cette formule « pas de problèmes pour l’usage de n’importe quoi » ? c’est une charmante définition.

*
* *

Chers amis mauritaniens, pardonnez-moi d’avoir été long et répétitif.

Pour dialoguer :
b.fdef@wanadoo.fr
Et pour éventuellement connaître ce que j’essaye de vous transmettre et aussi de soumettre à votre critique ou à vos compléments, les chroniques d’Ould Kaïge www.lecalame.mrlainsi que les articles politiques que je signe de mon nom, enfin mon blog
http://mauritanie-ouldkaige.blogspot.com

Continuez de militer sur ce forum indispensable, et que vive la Mauritanie et que soit libéré Hanevy !

dimanche 19 juillet 2009

samedi 18 juillet 2009

journal de maintenant - samedi 18 juillet 2009


*
* *


J’ai ouvert ce cahier et laissé bien des pages depuis le mardi 2 juin. C’est exprès, car j’ai jugé que je ne pouvais – dans des semaines où se joue peut-être le destin d’un pays qui m’est cher et où il y a peut-être des lecteurs qui font confiance à mon information ou à mon jugement – ou plutôt au recul de la distance et de la mémoire, de la référence à une certaine époque, celle de Moktar Ould Daddah – que je ne pouvais donc tout livrer dans l’instant. Des réflexions et analyses surtout de pyschologie – selon moi – de quelques-unes des personnalités actuellement les plus en vue. Des correspondances avec des amis. Je vais pouvoir – tout en continuant de taire les noms de mes correspondants – remplir ces blancs d’ici quelques jours. Notes prises en journal intime. Courriels échangés. Depuis la conférence de presse donnée à Niamey par Nicolas Sarkozy – le président de mon pays – conjointement avec son homologue nigérien, soit le vendredi 27 Mars 2009, je suis honoré de la correspondance, au début téléphonique, tant il y avait urgence à démentir et à délibérer, et maintenant électronique, du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. J’y ferai allusion ou j’en prendrai des matériaux, quand je vais remplir les « blancs » de ce journal de maintenant, mais ce véritable trésor n’est pas communicable encore. Honneur que j’ai eu de rencontrer si tôt dans ma vie et pas tard dans la sienne, le président Moktar Ould Daddah. Grand intérêt que j’ai eu à accompagner et escorter Ahmed Ould Daddah, surtout en 2003, dans la tentative de faire observer les élections présidentielles d’alors : manifestement, en intelligence et en maintien, l’homme d’Etat. Notre première rencontre date de l'automne de 1964, la cité universitaire de Paris, boulevard Jourdan. Beaucoup de pratique ensembme, beaucoup de conversations, raisonnements, informations. La tête très bien faite, la grande allure. Chance insigne aussi de plusieurs soirées d’affilée, à Nouakchott, chez lui, en Avril 2006, avec Messaoud Ould Boulkheir mettant dans mon esprit en place ce qui était latent : les conditions de la cohésion sociale en Mauritanie et de considérer avec d’autres – pourtant ? ou parce que ? de grande tente – que lui aussi peut être le prochain président de la République Islamique. Et qu'il m'ait ainsi fait confiance. Mais honneur et chance, tout ensemble, d’avoir été – électroniquement – le compagnon du saint de Lemden, et de peser avec lui, jour après jour, ce qu’il fallait et ce qu’il était possible de faire… partage sans équivalent, honneur de connaître cet homme au moment tournant de sa vie et de celle du pays, et d'approfondir une âme chaleureuse, confiante, morale, solide. Peut-être, alors mon compagnonnage a-t-il été utile autant à un chef d'Etat qu'à son pays-même. Moktar Ould Daddah d'esprit fut là.
à suivre


Samedi 18 Juillet 2009


10 heures 40 + Je « boucle » une note de 320 et quelques pages, faisant état des lieux avant les résultats du premier tour, et la diffuse d’abord à mes amis et relations en Mauritanie. Trois semaines surtout à collationner les documents d’une année de putsch et de cheminement vers la reconnaissance du fait accompli. L’anticipation du scrutin légitime évidemment le putsch d’il y a onze mois. Le scrutin lui-même ne règle rien. Si Mohamed Ould Abdel Aziz est élu ou s’il se maintient par subterfuge ou par un nouveau coup (avec ou sans le compagnonnage, cette fois, d’El Ghazouani), il sera contesté encore plus par une partie de la population que par les perdants, surtout les « grands » parmi les perdants. Si au contraire, l’un des civils l’emporte, il sera contesté par le général-candidat et sans doute celui-ci pourra-t-il recruter des civils pour le cautionner. Bref, on recommence soit le scenario Taya soit le scenario Sidi. On n’en sortira qu’à moyen terme. Le service militaire obligatoire pour les garçons et les filles de manière à encadrer les gradés, à les noyer dans la masse, à les surveiller, cf. de Gaulle et le « contingent » pour réduire le putsch d’Alger, le 22 Avril 1961. L’arrivée au pouvoir suprême des quadragénaires.

11 heures 15 + France Infos. donnant la chronique de Manon Rivière, depuis Nouakchott, pour Radio France International. Je ne la connais pas, je l’ai lu hier sur Taqadoumy. Sa prédiction et son commentaire pour l’élection, selon elle, certaine du général-candidat semble avoir choqué beaucoup de Mauritaniens, la jugeant propagandiste plutôt que journaliste. Elle persiste en esquissant un jeu à trois que domine le « président des pauvres », l’ex-général, etc… puis viennent selon des traits devenus classiques Ahmed et Messaoud, avec chacun un électeur ou une électrice témoignant de son vote.

Midi + Le message d’un ancien ministre de Moktar Ould Daddah, diplomate ensuite, chroniqueur à l’occasion : J'ai bien peur que vous ne soyiez "complètement dépassé". D'abord vous êtes encore là où le Pays n'est plus : quelques années en arrière, sinon quelques décennies : je crois que nous ressemblons vous et moi et quelques autres peut-être à des "gens normaux" qui se seraient trouvés dans un royaume de fous à ligoter.Alors les fous les auraient ligotés, estimant que ce sont eux les fous. Dans ce pays il s'est installé une "certaine culture" qui a ses repères et ses règles et qui n'a plus rien avoir avec ce que nous avions connu: ce bout de pays est bien "foutu", il faut le pleurer plutôt.


18 heures + Je courielle ma note aux autorités françaises, les directeurs des deux cabinets ne sont plus – depuis le printemps – ceux aux manettes dans les débuts de l’exercice. J’ai rencontré les uns et les autres, deux générations mentales : avec les premiers, à l’automne, nous avons pu ensemble écrire un plan d’action, une possible entremise tout à fait inofficielle qui eût fait tourner, je le crois, les choses tout autrement. Par eux, j’ai su le rôle possible de Robert Bourgi dont le portrait est souvent faux, et j’ai rencontré celui-ci, à deux reprises. En Décembre, il était preneur, en Février, il ne l’était plus. Un tournant s’était produit, une rencontre ou un événement qui n’est pas seulement dans la chronique des conversations d’El Gazouani avec Claude Guéant, très vite sans témoins, même l’avocat franco-sénégalo-libanais. De la seconde génération, je ne tire pas même un accusé de réception. La décision est ailleurs. Jusqu’à quand ?

voici ce que j'adresse - ou soumets - à mes relations mauritaniennes, amis très proches, personnalités en vue ou contacts plus électroniques seulement. J'ai pensé que cela pourrait vous être utile. Au moins comme témoin d'avant les résultats.
Ceux-ci ne vont pas amener la paix ni la stabilité. Si Aziz gagne réellement ou par subterfuge ou par coup, il sdera de toute manière conresté et soupçonné, et la rue tôt ou tard sera là, et de nouveau il y aura putsch. Si c'est un civil, Aziz et ses compagnons lui feront le maximum d'ennuis, encore plus qu'à Sidi, le sachant d'avance adversaire, et comme contre Sidi ils trouveront des civils pour les cautionner.
Solution - le service militaire, garçons et filles, universel pour encadrer et surveiller les gradés. Cf. le contingent et de Gaulle, le 22 Avril 1961 en Algérie. Et attente de la nouvelle génération : les quadra.
J'ai engagé une action en référé à Nouakchott car le général-candidat affiche son portrait accompagné de celui du président Moktar Ould Daddah - escroquerie politique certaine, mais mon intérêt pour agir - étranger en sus que je suis - est que le cliché m'appartient : photo prise du Président en tournée à l'intérieur du pays avec lui, en Mars 1974. Sidi faisait partie du voyage.
Enfin, communication ? M. Joyandet en Octobre, le Président de la République à Niamey en Mars, M° Robert Bourgi au rassemblement du général-candidat à Nouakchott ... nous passons pour favorables à ce dernier, en sus de précisions et d'indiscrétions d'agenda des putschistes à Paris. C'est d'autant moins judicieux que depuis 1978 nous sommes, chaque "fois", soupçonnés d'intervention ou de faveur... et qu'en 2005 nous nous sommes au contraire accrochés à une personnalité que le pays entier, pas seulement ses cadets devenant putschistes à son propre exemple, vomissait. Cette fois, dans la séquence, nous n'avons pas été discrets. Et la vraisemblance nous accuse, alors qu'auparavant, j'ai beaucoup enquêté, nous pouvions soutenir que le procès était faux, même si les logiques et les coincidences étaient fortes.

J’envoie aussi à Bruxelles. Les réponses automatiques me disent qu’il n’y aura personne ce soir ou cette fin de semaine pour répondre au cas où … Louis Michel est passé au Parlement européen depuis le 14. Qui le remplace comme Commissaire ? celui qui tient le dossier mauritanien, contact très amical et efficace depuis l’automne, est en vacances, et son remplaçant (qui traite aussi le Niger où « les » choses vont commencer…) n’est pas au bureau : y sera-t-il lundi ?

Monsieur le Commissaire, cher Monsieur le Ministre, pensé que vous-même et vos services - qui suivez si bien et avec une objectivité que n'ont pas tous les Etats membres... les affaires de Mauritanie et spécialement la démocratie dans ce pays qui y est tout à fait apte... - auriez quelque goût à recevoir les réflexions jointes. Le fichier est gros parce qu'aux neuf dixièmes il est fait de pièces documentaires, la plupart publiées mais éparses. Vos observations et celles de vos services me seront précieuses, et je reste à votre disposition.
D'autre part, cher Monsieur le Ministre, la rumeur courant que vous ne souhaitez pas continuer l'exercice des responsabilités dont vous vous êtes pourtant si bien acquitté, je souhaite demeurer en relations avec vous, et si possible vous rencontrer - Europe - Afrique - patriotisme européen - institutions enfin susceptibles de mobiliser les peuples et progressivement de faire qu'ils soient un... comment maintenir et approfondir ce contact ?


19 heures 15 + Je note maintenant avant de connaître les débuts de réponse dans trois quarts d’heure.

Pronostics. Le plébiscite du général-candidat assuré le 6 Juin, probable en début de campagne pour ce premier tour du 18. Puis, il y a une dizaine de jours, apparition de sondages – il y en avait, paraît-il, eu en Février du même genre (la gendarmerie ?) – l’excluant du second tour. Renversement complet de perspectives, discours menaçants de sa part : un nouveau coup. Chacun suppute lequel ? car il faut que ce soit plausible. Le vote de l’étranger, assez cvonsidérable, près de 300.000 votants potentiels, peut faire une différence au second tour en sa faveur puisque les ambassadeurs toute cette année, n’ont été que les siens. Communiqué de quatre des candidats pour le mettre en garde. C’est le moment où tout semble refluer vers Ahmed Ould Daddah, le second tour ne lui opposerait « que » Messaoud Ould Boulkheir. Puis, nouvelle rumeur : Ely Ould Mohamed Vall, en tête ? sans que cela soit commenté, ce serait un choix de paix, quitte à avoir un militaire, qu’on ait celui-là, le plus civilisé et capable d’en imposer aux autres, ou en tout cas de faire qu’un putsch contre lui serait compliqué à exécuter (le renseignement, ce fut lui de 1984 à 2005…). Et depuis deux jours, c’est de nouveau Abdel Aziz, en tête : le vote des grandes villes, la démagogie… les canalisations et les adductions d’eau, le discours qui fait rendre gorge aux prévaricateurs, même si les preuves contre Ahmed et Messaoud ne sont finalement pas venues.

Alors ? autant dire que je ne sais rien et que personne ne sait rien. Je dis cependant que Ibrahima Moktar Sarr avait recueilli près de 7% des voix en 2003, ce n’est pas rien et il est un candidat notoire pour la vallée du Fleuve, poète, raflé en 1987 et mis au mouroir de Oualata… et il y a Jemil Ould Mansour. J’ai annoté ce matin Taqadoumy : plusieurs propositions, chacune intelligentes, en cours de campagne. Une confrontation des neuf candidats à la télévision, un débat et un consensus sur la relation ou pas avec Israël, et en cours d’opérations aujourd’hui, la remarque que le voile féminin – il est islamiste censément – c’est la fraude bien plus aisée… pas d’identification. Il peut avoir beaucoup de voix, et le report au second tour n’est pas acquis. C’est le général qui a fermé l’ambassade d’Israël. Les inconnues me paraissent les scores de ces deux candidats.

Le raisonnement des avertis est que si Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas élu au premier tour – on le disait exclu du second, donc, il n’y a pas dix jours – il est battu.

Donc, aucune idée des scores, sinon que je crois à des surprises. Et seule certitude : le putschiste n’admettra pas sa défaite.
*
* *

Minuit + Pas de résultats appréciables. A Pékin, donc Jémil en tête ; à Bruxelles, Ibrahima Sarr : mais il s’agit d’une centaine ou quelques centaines. Dépouillement à Nouakchott sur quelques centaines de voix : Aziz à 57,81 % - Ahmed à 26,90 % et Messaoud à 15,29 %. J’accepte l’augure : élection, fraude ou pas, au premier tour. Re-vingt ans de Taya, mais sans plus les aléas du Sahara qui avait tué le régime Haïdalla, ni les complots ethniques qui ensanglantèrent les débuts du règne de Maaouyia. On va avoir des fortunes colossales qui vont redoubler.. et puis ce sera tout. Je croyais à un résultat bidon à l’ouverture du site click4Mauritania Ce semble être une première totalisation sur 2143 voix, Aziz à 53,34% - Ahmed à 15,77% - Messaoud à 11,95% - Jemil à 9,66% - Ibrahima Sarr 6,25% - Ely 2,10% - et les trois derniers à bien moins de 1%. Donc, c’est fait… que va-t-il se passer ? La « communauté internationale » peut reconnaître le fait accompli. La leçon est que la rue, les médias indépendants, la discussion peuvent être occupés par tes peu de gens qui impressionnent par leur densité et par leur mouvement. A quatre-cinq maximum, pendant ma campagne à Pontarlier en 1980 – que suivait Moktar Ould Daddah, admiratif – où je n’avais aucun appui ni politique ni financier et où j’arrivais sans y avoir jamais mis les pieds auparavant, nous avons fait plus de volume, collé plus d’affiches, tenu plus de réunions, distribué davantage que les deux principaux candidats réunis, chacun conseiller général. Ainsi, l’opposition a-t-elle fait illusion ? les accueils en masse enthousiaste pour Messaoud et pour Ahmed, alors ? tandis que MOAA ne parvenait plus à s’exprimer en public ?

Minuit vingt + Rien pour Nouadhibou, pour le Gorgol, mais en « général » sur 3.350 voix, les choses changent, Aziz ne passe plus au premier tour (48,45%), Messaoud devance Ahmed (23,85%) qui descend à 13,76%. La tendance serait donc qu’Aziz a des chances sérieuses de passer au premier tour, mais sans certitude cependant, et qu’Ely a complètement échoué. L’entente Messaoud-Ahmed sur le papier est insuffisante pour que l’un des deux l’emporte au second tour. On est dans une configuration – moderne ! – qui ressemble à celle de la succession à de Gaulle : Pompidou à 43% au premier tour avec Poher, le centriste et président du Sénat, président de la République par intérim à 23% et Duclos, le communiste à 21%. – Rien sur l’Inchiri. Rien sur le Trarza.

Minuit trente-cinq + Cinq cent voix de plus comptabilisées. Aziz se rapproche de la barre à 49,77% - Messaoud grimpe à 26,20% - Ahmed descend encore à 11,94%... Rien pour l’Adrar.
Je courielle à Sidi, Ahmed et Messaoud ensemble : car ils le sont. Cela se jouera donc à très peu pour qu’il y ait second tour, et ce second tour se jouera lui aussi à très peu. Est-ce à dire que les Mauritaniens sont divisés en deux parts ? les anciens et les modernes ? car je ne crois pas à une distribution sociale et ethnique des voix.

Minuit quarante + On est à 4000 et quelques, Aziz rebaisse à 46,83% - Messaoud, c’est la tendance forte de ce soir, continue de monter, mais loin encore derrière le putschiste : 24,66% et Ahmed se retrouve à 13,21% – autre tendance, mais à confirmer, Jemil est maintenant à 8,75% alors qu’il était autour de 6 ou 7% à mille bulletins de moins.

Minuit quarante-cinq + Au Brakna, tout change. Lemden s’y trouve et Messaoud, si j’ai bonne mémoire, en est ? il est en tête avec 52,61% - Aziz seulement de moitié : 24,80% - Ahmed 9,46% les Braknas n’aiment pas les Trarzas – Jemil 8,32% et Ely n’existe pas, ni les originaires de la Vallée… ainsi, ce que disait mon correspondant hier : on ne le dit pas mais Aziz a une forte popularité à Nouakchott, et ce sur quoi se fondait aujourd’hui Manon Rivière, est exact. Nouakchott opposante sous Taya est à moitié, au moins, pour Aziz et c’est l’intérieur du pays qui va faire la différence, et elle se fera en faveur de Messaoud, tout simplement parce que sa cause est universelle en Mauritanie, celle d’Ahmed est trop située. Et puis, il y a – à voir – l’effet légitimiste/opportuniste.

Près d’une heure du matin + 4.429 voix dont 48,21 % à Aziz et 22,94% à Messaoud. Ahmed a près de neuf points de retard et Jemil s’approche à cinq points de lui. Messaoud peut gagner. L’esclave proclamé président de la République. Sa tenue en faveur de la légitimité et son adoubement final par Sidi auront autant joué. Décidément, la Mauritanie n’a pas fini de surprendre : noblesse oblige. De Gaulle commença sa lettre de vœux à l’indépendance : la Mauritanie, ancien et noble pays…

Une heure et quart + L’Assaba… Aziz à plus de 55%, mais le second reste Messaoud à plus de 17% tandis qu’Ahmed n’en est pas loin à près de 15%. Si les deux restent unis, et si Jemil ne part pas vers Aziz, sous prétexte d’Israël, les choses restent possibles, mais comme elles seront tendues.

Une heure vingt + Deux mille voix de plus… l’écart énorme. Aziz à 52,39% et Messaoud à 18,95%. Je me couche… il est vingt-trois heures là-bas. Ahmed, sans déshonneur mais nettement, et Ely, misérablement, sont écartés. On est dans la clarté, le putsch ou pas.

dimanche 12 juillet 2009

deux entretiens de Sidi Ould Cheikh Abdallahi

Je les reçois, les lis, les trouve d'une très grande élévation.

Sur le fond, plusieurs choses :
- bonheur et satisfaction d'être en phase avec cet homme déjà libre sur la sensation que donne le climat de liberté et de libération dans cette campagne, et sur l'impossibilité de refaire un pustch qui soit durable
- gravité et justesse de son ton, dans les deux entretiens
- éléments d'une magnifique élévation sur la préférence affichée pour l'intérêt mauritanien au regard du souci d'occuper ou de conserver des fauteuils, sur sa sérénité depuis le pustch, sur cet entourement dont la légitimité et sa personne avaient bénéficié
- cohérence depuis le bilan signé en Octobre 2008 de son analyse des quinze mois où il a exercé le pouvoir.



entretien accordé par le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi
à Al Jazeera.net
traduction de l’arabe



Al Jazeera.net : La Mauritanie a connu une crise politique due au coup d’Etat du 6 août 2008. Est-ce du fait d’une carence de la Constitution ou d’un manque d’expérience politique ?

Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi : Je ne pense pas que cela tienne à une quelconque carence des instruments constitutionnels, ni d’un manque d’expérience, mais plutôt aux circonstances nées du changement intervenu en Mauritanie, à la suite des élections de 2007. Le résultats des urnes, à l’époque, n’avait pas plu, semble-t-il, à certains hommes politiques. De même, le nouveau style de gouvernement n’était pas du goût de ceux qui s’étaient habitués à des pratiques qui tiennent plus du clientélisme que de l’exercice du pouvoir et de la gestion des Etats.

Le style que nous avons adopté, s’appuyait sur le fait que les Mauritaniens sont égaux en droits et en devoirs, et que l’Etat ne doit pas distribuer des privilèges et des postes à certains d’entre eux, dans le but de consolider leur influence au niveau local ou de leur permettre de continuer à servir d’intermédiaires entre les citoyens et l’Etat.

Je pense que certains ont participé aux élections de 2007, avec l’idée qu’ils s’associaient à une entreprise qui devait leur permettre de conserver d’importants privilèges.

D’aucuns ont peut-être pensé que j’étais un vieux monsieur traditionnel, et que je n’étais pas capable de faire changer du tout au tout la nature des rapports et des méthodes ayant marqué la conduite des affaires de l’Etat au cours d’une certaine période.

Quand j’ai pris mes fonctions, en tant que Président de la République, ceux qui réfléchissaient ainsi, se sont vite rendus compte qu’ils s’étaient trompés, et que le style de gouvernance de l’Etat, pendant plus de deux décennies, et la distribution des privilèges aux gens pour consolider leur influence locale, ne seraient plus acceptables.

Lorsqu’ils ont compris que le clientélisme politique n’avait plus cours, ils ont commencé prendre à prendre leur distance vis-à-vis du nouveau régime.

En même temps, certains officiers supérieurs se sont inquiétés de ce nouveau cours et de ce qu’ils n’en mesuraient pas les conséquences sur leurs intérêts individuels. En réalité, ils n’étaient aucunement visés par la nouvelle manière de faire qui, du reste, n’était pas dirigée contre eux. Au contraire, nous nous employions à renforcer l’armée, à la doter des équipements les plus modernes et à lui donner les moyens nécessaires. En revanche, nous étions décidés à la tenir éloignée de la politique et de ses tiraillements, afin qu’elle puisse se consacrer, entièrement, à sa mission sacrée de défense du pays et de préservation de l’intégrité territoriale.

De même que ce nouveau style a déplu à certains politiques, de même la tenue de l’armée à l’écart de la scène politique, a déplu à certains officiers qui ont sans doute trouvé que ce n’était pas là le régime dont ils voulaient.

En plus de tout cela, certains pans de l’opposition, et en particulier le Rassemblement des Forces Démocratiques et son leader Monsieur Ahmed Ould Daddah, souhaitaient que le régime connaisse des crises et des problèmes, qui conduisent à des élections anticipées, susceptibles de leur ouvrir l’accession au fauteuil présidentiel.


Al Jazeera.net : Pouvait-on éviter la crise par des moyens politiques ? Pensez-vous avoir, pour ce faire, fourni tous les efforts nécessaires avant le coup d’Etat ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Je voudrais d’abord préciser que faire face à l’éventualité d’un coup d’Etat ne constituait pas une de mes priorités. Pour moi, le fauteuil présidentiel n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour mettre en œuvre un programme approuvé par la majorité du peuple mauritanien et dont le but est d’assurer l’essor et la prospérité du pays. Aussi, mon attention s’est-elle portée sur la mise en œuvre de ce programme, et non sur les intrigues politiciennes et les menées visant à créer des difficultés au régime.

Je tenais toujours à ce que les différentes institutions et structures étatiques marchent dans ce sens et qu’elles fonctionnent conformément à leurs missions respectives.

Je pense qu’il y a lieu ici de rectifier des propos souvent tenus, selon lesquels le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh était un objet entre les mains des militaires et qu’il ne gérait les affaires que suivant la volonté de certains officiers. C’est complètement faux !

Jusqu’en avril 2008, je n’ai pas senti que ces officiers avaient des préoccupations politiques et ils ne sont jamais intervenus dans les questions du pouvoir, sauf celles qui relevaient de leur spécialité militaire et sécuritaire.

Cependant, après le changement de gouvernement, le départ du Premier ministre d’alors et la formation d’une nouvelle équipe, les généraux Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Ghazouani ont pris contact avec moi, et ont exprimé leur insatisfaction de la nouvelle formation. J’ai senti une certaine inquiétude dans leurs propos.

Naturellement, et en vertu de mes prérogatives de Président de la République, j’ai essayé de traiter le problème afin d’éviter de prendre la décision de les limoger ; la plus difficile que j’ai eue à prendre.

J’ai tenté de dissiper leur inquiétude, dûe à l’entrée au gouvernement de certains partis politiques mais, malgré cela, ces officiers ont commencé à approcher des parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat, pour œuvrer à ce qui nous a conduit au 6 août 2008.

Al Jazeera.net : Vous êtes le premier Président mauritanien qui refuse de se soumettre à ceux qui l’ont déposé et s’accroche à sa légitimité constitutionnelle. Est-ce du à votre conviction que les coups d’Etat n’étaient plus acceptables au niveau international ou plutôt parce vous misiez sur le peuple mauritanien auquel vous faisiez confiance ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Il s’agit en premier lieu d’une certaine idée que j’avais de mes responsabilités. En tant que Président élu, il était de mon devoir de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour préserver le mandat que j’avais reçu, d’autant que le programme sur la base duquel j’ai été élu, était axé sur la consolidation de l’unité nationale, sur la réalisation de la justice et du développement, le tout dans un climat démocratique véritable.

Lorsque le coup d’Etat a eu lieu, j’ai eu à l’esprit mes responsabilités constitutionnelles à propos desquelles j’avais prêté un serment, et aussi mes responsabilités politiques et morales : je devais préserver l’expérience démocratique et en empêcher la régression.

C’est dans ce cadre que s’inscrivent ma résistance au coup d’Etat et mon refus de me soumettre à la volonté des putschistes. J’ai eu à mes côtés des Mauritaniens dignes qui croient à la justice et à la démocratie, qui se sont organisés au sein de ce qu’on appellera plus tard le Front National pour la Défense de la Démocratie. D’autres, à l’intérieur, comme à l’extérieur, ont appuyé cette orientation et œuvré pour mettre le coup d’Etat en échec.

Al Jazeera.net : Beaucoup de Mauritaniens trouvent que l’Accord de Dakar est une « victoire du peuple mauritanien tout entier » et que la classe politique a fait des sacrifices pour l’intérêt national. Etes-vous satisfaits des sacrifices que vous avez consentis à ce sujet ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : L’Accord de Dakar est venu en réponse à une demande réelle du peuple mauritanien qui a senti le risque de dérapage de la Mauritanie vers l’inconnu et d’avortement d’une expérience démocratique qui fut pionnière dans son contexte.

L’Accord comportait certains aspects qui me concernaient en tant que Président élu ayant fait serment de préserver la Constitution et ayant droit à conserver son poste jusqu’au terme de son mandat de cinq ans, dont seulement quinze mois mois s’étaient alors écoulés.

Tout au long des négociations, j’ai tenu à la séparation de ces deux situations. J’ai dit de façon claire que la période restante du mandat n’était pas fondamentale et que si les politiques mauritaniens aboutissaient à une solution consensuelle pour dépasser la crise, je ne serais jamais un obstacle à cet accord pourvu que celui-ci respecte les voies constitutionnelles. J’ai considéré que le respect de ces voies était fondamental et j’y ai tenu, non pas parce que je voulais bloquer la solution, mais parce que j’ai juré de préserver la Constitution et que je ne voulais pas trahir mon serment.

C’est de là que provient ma décision de lier ma démission à la dissolution du Haut Conseil d’Etat qui était une structure non constitutionnelle. Finalement, nous sommes parvenus à une formule de dissolution au terme de laquelle cette structure change de nom et se soumet à l’autorité du gouvernement. J’ai refusé de signer les décrets de nomination du Gouvernement d’Union Nationale Transitoire et de démission volontaire tant que la dissolution du HCE n’avait pas effectivement eu lieu. Dès que celle-ci est intervenue, le Président Abdoulaye Wade m’en a fait parvenir, à mon domicile, la décision par les soins de la représentante des Nations Unies à Nouakchott. J’ai alors signé les décrets et présenté ma démission.

J’ai présenté ma démission dans l’intérêt du pays. Je ne pense pas qu’il s’agit d’un très grand sacrifice car, pour moi, la Mauritanie mérite beaucoup plus et l’intérêt du peuple mauritanien est de loin plus important que tout poste.

Je souhaite que les Mauritaniens réussissent dans cette nouvelle voie, et j’espère que nous avons pu, grâce à ce que nous avons accompli, éloigner l’armée de la politique, après que les chefs de celle-ci se soient pris, depuis 1978, pour les tuteurs de la chose publique dans le pays et qu’ils se soient crus seuls investis de garantir l’intérêt de la Mauritanie, justifiant ainsi l’immixtion dans le jeu politique et l’accaparement du pouvoir par la force.

Il est temps pour nous de dépasser cette ère et d’admettre que le peuple mauritanien est responsable de ses intérêts, qu’il a défini les instruments constitutionnels permettant d’analyser et de résoudre tous les problèmes que rencontrent les institutions constitutionnelles dans leur fonctionnement, et qu’il n’a donc besoin de la tutelle d’aucun appareil.


Al Jazeera.net : L’Accord de Dakar constitue-t-il une solution définitive à la crise ou ne s’agit-il que d’un remède provisoire pour un problème qui risque de resurgir chaque fois que des militaires aspirent au pouvoir ou que des civiles veulent se débarrasser de leurs rivaux ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Je crois qu’il est désormais difficile de faire un coup d’Etat militaire en Mauritanie. L’expérience que nous avons vêcue ces dix derniers mois a prouvé que le peuple mauritanien n’est plus disposé à accepter les coups de force militaires. La seule crainte que j’ai, à ce propos, est qu’en cas de défaite, le général Mohamed Ould Abdel Aziz tente, sous le coup de la déception, quelque chose dont je ne vois pas vraiment les contours. Mais, même dans ce cas, ce sera, en définitive, un échec ; ce qui rendra les coups d’Etat dans ce pays encore moins probables.

Al Jazeera.net : Est-ce à dire que l’Accord de Dakar constitue un échec du coup d’Etat de 2008 ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : C’est, effectivement, un échec du coup d’Etat. Le pouvoir militaire a tenté au début de se prévaloir, à l’intérieur comme à l’extérieur, de l’assentiment du peuple mauritanien pour se donner une légitimité. Il a essayé ensuite d’organiser des élections dont il a fixé la date, toujours pour se donner une certaine légitimité. Mais la lutte du peuple mauritanien qui rejetait le coup d’Etat et les positions de la Communauté internationale ont rendu impossible la mise en œuvre de ce plan. Tout ce qu’il reste maintenant aux militaires, c’est la candidature du général Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidence, dans des élections dont la date a été fixée par un consensus des Mauritaniens, des élections auxquelles se présentent des personnalités politiques et qui se tiennent sous la supervision d’un gouvernement de coalition gérant les affaires publiques dans le pays. Tout cela démontre l’échec du coup d’Etat.

En dépit de l’exploitation de l’autorité de l’Etat et du recours à l’incitation et à l’intimidation, nous vivons aujourd’hui dans un climat tel que tout Mauritanien sent qu’il est libre de choisir celui qui va gouverner et qu’il peut voter pour qui il veut. C’est là le plus grand revers pour le coup d’Etat.

Al Jazeera.net : À la lumière de l’expérience de cette crise, comment voyez-vous le rôle de l’armée dans le jeu politique, aujourd’hui et dans l’avenir ? Existe-t-il une méthode pour empêcher les coups d’Etat ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Le rôle de l’armée est clair ; il est défini par la Constitution : elle doit être, comme je l’ai dit plus haut, une armée républicaine qui assure la sécurité et défend l’intégrité territoriale du pays. Elle peut être sollicitée, dans certains cas précis, pour participer à des programmes d’intérêt public. Ces cas sont définis par le Président de la République en sa qualité de chef de l’Etat.

Pour ce qui est de la manière d’empêcher les coups d’Etat, il me semble que la volonté et la conscience du peuple sont seuls capables de faire face aux coups de force militaires et d’empêcher qu’ils aient lieu. D’ailleurs, l’histoire du monde montre que, dans les pays démocrates, l’armée n’ose pas faire un coup d’Etat, car elle sait que le peuple ne l’admettra jamais et que, toutes composantes confondues, il se dressera contre lui. C’est, heureusement, ce qui commence à se passer en Mauritanie à voir ce que nous vivons ces derniers mois.

Al Jazeera.net : Les militaires qui ont fait le coup d’Etat vous ont accusé d’avoir « tourné le dos à votre majorité parlementaire et bloqué le fonctionnement des institutions constitutionnelles. » Que répondez-vous à ces accusations ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Vous avez sans doute pris connaissance du discours que j’ai prononcé et dans lequel j’ai présenté ma démission. J’ai brièvement évoqué certaines questions, j’ai dit que je ne voulais pas beaucoup m’étendre sur ce sujet et que je laissais l’appréciation de cette période à l’histoire.

Les militaires – et non l’armée, car je suis certain qu’en tant qu’institution, l’armée est loin d’avoir planifié pour le coup d’Etat du 6 août 2008 – les militaires donc, avaient besoin de justifier leur coup d’Etat en ternissant l’image du Président aux yeux des populations. Il fallait qu’ils recourent à tous les moyens, légaux ou illégaux, pour atteindre cet objectif.

Aussi, ont-ils brandi au début le slogan de la défense de la démocratie, slogan dont on n’a plus entendu parler quelques mois après. Ensuite ils ont sorti celui de la lutte contre la gabegie et d’autres slogans qui sont, en réalité, des moyens de propagande fallacieuse.

En ce qui concerne le problème du blocage du Parlement, j’ai précisé, dans mon discours de démission, que les sessions parlementaires ont duré plus de la moitié des quinze mois qui ont précédé le coup d’Etat. L’action du Parlement était efficace et concrète. Il a adopté de textes de lois d’une extrême importance, dont la loi criminalisant la pratique de l’esclavage. Il a adopté aussi une convention avec l’Union Européenne dans le domaine de la pêche qui nous apporté 90 millions d’Euro, dont la junte militaire a eu grand besoin ces derniers mois.

Bien que je préfère toujours ne pas parler de ces problèmes, je voudrais quand même préciser que s’il y a quelque chose qui a marqué la période où j’ai gouverné, c’est bien l’absence d’immixtion du Président de la République dans le fonctionnement des autres institutions et pouvoirs constitutionnelles. Le pouvoir législatif, à l’instar des autres pouvoirs et instances, a exercé ses prérogatives loin de toute influence ou immixtion de l’exécutif. Lorsque le général Mohamed Ould Abdel Aziz a senti que l’orientation du régime ne correspondait plus à ses ambitions, il a pris contact avec certains parlementaires pour leur faire déposer une motion de censure contre le gouvernement. Ma riposte, à l’époque, se limita à dire que si je devais juger que le fonctionnement normal des institutions était compromis et que j’avais perdu la majorité me permettant d’appliquer mon programme, je pourrais alors et éventuellement en appeler à des élections législatives anticipées.

On a dit, à l’époque, que j’avais déclaré la guerre au Parlement, que je me dressais contre l’exercice de ses missions constitutionnelles et que j’entravais le pouvoir législatif ; toutes accusations non fondées, dont le but était de mobiliser certains groupes pour soutenir la tendance qui a conduit au coup d’Etat.

Al Jazeera.net : Les militaires accusent les piliers de votre régime de « prévarication », ils ont mise le Premier ministre en accusation dans ce qu’on appelé « le marché du riz avarié ». Etiez-vous informé de l’existence de gabegie au sein du pouvoir ou ne s’agit-il que d’accusations sans fondement dans la réalité ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : La gestion était globalement transparente et honnête. Tout le monde savait d’ailleurs que je n’étais pas susceptible de mauvaise gestion. S’il y avait eu des preuves du contraire, les putschistes n’auraient pas hésité à s’en servir pour conforter leur position et étayer leurs accusations. Mais puisqu’ils n’ont aucune preuve, leurs accusations sont restées de simples paroles vagues.

Lorsque j’étais en résidence surveillée à Nouakchott, et tout au long de mon séjour ici, à Lemden, j’ai suivi tout ce qui s’est dit et se dit encore sur la gabegie et la mauvaise gestion, mais je n’ai jamais entendu un seul chiffre. On n’a jamais dit que le taux de croissance a baissé, ni que la situation s’est dégradée. L’objectif était, dès le départ, la désinformation. La preuve en est que certains ont fait de la pénurie d’eau à Nouakchott un problème, alors qu’elle s’est révélée dans le mois de ma prise de fonction comme Président. Ils ont considéré que j’en étais responsable !

Lorsque nous avons résolu le problème, évitant aux habitants de Nouakchott les affres de la soif durant l’été 2008, ils n’en ont pas parlé, car l’objectif était la désinformation.

Pour ce qui est du Programme Spécial d’Intervention (PSI) que nous avons mis en œuvre et dont on a beaucoup parlé, c’était un excellent programme, en terme de planification, de suivi et d’exécution. Il a atteint beaucoup de ses objectifs et atténué l’impact de la crise alimentaire mondiale sur les populations en Mauritanie. Il s’est appuyé sur la participation et la concertation. Nous avons prié tout le monde, y compris l’opposition, à participer à son suivi et à son contrôle.

Pour ce qui est du riz, on m’a communiqué un dossier sur certaines quantités de riz offertes, en 2005 ou avant, par les Etats-Unis d’Amérique comme aide à la Mauritanie et qui auraient été vendues aux hommes d’affaires. Il y avait des doutes sur le caractère consommable de ce riz. Le dossier a suivi son chemin normal, comme tout autre dossier, pour l’examen de ses différents aspects et la prise des décisions qui s’imposent, s’il s’avère qu’il y a négligence ou malversation. Mais ce dossier a été dévié de son parcours normal et a été instrumentalisé politiquement, de façon malhonnête. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz en a parlé de manière contraire aux moeurs des Mauritaniens.

Cette affaire et d’autres soulevées [par les militaires, ndt] ne signifient pas l’existence de gabegie au sein du régime. La période, pendant laquelle j’ai été au pouvoir, a été marquée par une importante réforme dans ce domaine. Ceux qui ont suivi les choses de près peuvent le constater.

Al Jazeera.net : L’esclavage en Mauritanie et ses séquelles, ainsi que le retour des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali sont des problèmes dont vous avez œuvré à la solution. Les décisions prises étaient-elles efficaces ou n’avaient servi qu’à transformer des réfugiés à l’extérieur en réfugiés dans leur propre pays comme le disent les militaires ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Les grands problèmes ne se résolvent pas d’un seul coup, mais l’important est que nous avons pris des décisions essentielles et claires, en ce qui concerne ces deux questions. Pour ce qui est du retour des réfugiés, nous avons exprimé notre volonté et celle de l’Etat de réunir les conditions de rapatriement chez eux des mauritaniens exilés. Nous l’avons bel et bien fait. Nous avons mis en oeuvre un programme ambitieux qui profite à 600 000 personnes dont les rapatriés et les populations qui se trouvent dans l’environnement de leur retour, sans compter ceux qui venant du Sénégal, suite aux événements de 1989 avaient regagné le pays.

Les études relatives à cette question avaient beaucoup progressé, l’instance chargée du rapatriement de ces réfugiés avait effectivement commencé ses activités de manière excellente et honnête. On avait vraiment avancé. Après le coup d’Etat, l’instance en question s’est trouvée accusée de gabegie par les militaires et des contrôleurs ont été dépêchés chez elle. Ils n’ont trouvé aucune preuve.

Ce qui m’a le plus ému, c’est que, ayant trouvé que le traitement de la question [le rapatriement des réfugiés, ndt] avait déjà atteint un point de non retour, ceux qui ont usurpé le pouvoir n’ont eu d’autre moyen que de prétendre que les choses étaient mal faites ! C’est ademettre que nous avons mené une entreprise qui bénéficie du consensus des Mauritaniens et constitue donc un bon choix pour le présent et l’avenir de ce pays.

A propos des séquelles de l’esclavage, nous avons tenu, dès le départ, à mettre fin à cette pratique par les moyens juridiques et économiques. Nous avons soumis un texte criminalisant toute forme d’esclavage et d’exploitation de l’homme au Parlement qui l’a adopté. Nous avons donné, en termes de programme économique, la priorité aux zones à forte concentration de populations ayant souffert de ce phénomène.

Aujourd’hui, je suis immensément heureux de constater l’évolution sociale que connaît le pays en cette étape de son histoire et je vis avec les Mauritaniens une atmosphère d’unité et d’absence de disparités de caste ou d’ethnie.

Vous connaissez bien la Mauritanie et la nature de l’organisation et des relations traditionnelles qui y prévalent. Vous suivez certainement la scène politique. En observant ceux qui entourent le Président Messaoud Ould Boulkheir, ses soutiens, ses collaborateurs et les responsables de sa campagne, vous découvrirez l’évolution qu’a connue le pays sur ce plan, et constaterez que la Mauritanie vit une situation qui en fait véritablement la Patrie de tous les Mauritaniens. Le mérite en revient, sans doute en grande partie, aux décisions prises dans ce domaine, décisions qui ont provoqué une vraie dynamique sociale, très importante pour le pays, de mon point de vue.

Al Jazeera.net : Le rôle des Arabes dans la solution de la crise mauritanienne était, dans une grande mesure, quasi inexistant. Et quand il s’est manifesté, on l’a considéré comme un soutien au coup d’Etat et à l’agenda de celui-ci. Pourquoi, à votre avis ? En avez-vous été déçu ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Je ne suis pas d’accord quand vous dites que le rôle joué par les Arabes a été partial. Je sais que les pays arabes ne veulent que du bien à la Mauritanie. La plupart d’entre eux ont octroyé des aides considérables au peuple mauritanien. Mais les pays arabes ne disposent pas, séparément ou dans le cadre de la Ligue Arabe, d’instruments règlementaires pour faire face aux coups d’Etat.

Il est vrai que les Mauritaniens ont espéré que les Arabes auraient un rôle plus important dans la solution de la crise. La connaissance que je crois avoir des réalités de la nation arabe, fait que je ne considère pas négative la position arabe, ni qu’elle ait été favorable au coup d’Etat. Il s’est agi d’une situation où les paramètres ont fait que chaque pays arabe a envisagé la question en partant de sa propre considération de l’intérêt de la Mauritanie, sans ingérence dans les affaires intérieures de celle-ci, tant le système arabe est sensible en la matière.

Al Jazeera.net : Monsieur le Président, permettez-moi une question en dehors du champ de la politique : Vous avez vécu, au cours des dix derniers mois, une expérience particulière dans l’histoire des Présidents mauritaniens. Quelle a été cette expérience, humainement humain ?

Sidi Ould Cheikh Abdallahi : On peut dire que j’ai éprouvé, au cours de ces dix derniers mois, une sorte de bonheur et que j’ai eu la conscience tranquille, chose que je n’éprouvais pas lorsque j’exerçais mes responsabilités au Palais présidentiel.

J’ai travaillé, tout au long de cette période, conformément à mes responsabilités constitutionnelles et je faisais ce que je croyais être mon devoir vis-à-vis de mon pays et de mon peuple. J’avais l’appui des populations mauritaniennes et de certains frères et amis à l’étranger. Je me suis employé, avec conviction et avec le soutien de tous ceux que j’ai cités, à mettre le coup d’Etat en échec pour l’intérêt de la Mauritanie.

Si je regarde le résultat, je peux dire que cette période a été meilleure que celle que j’ai passée au Palais.

Propos recueillis par Cheikhna Ould Cheikh Ahmed Lemine






*


* *






Interview exclusive de Sidi Ould Cheikh Abdallahi,
ancien président de la République.


publié par Le Calame n° 697 - 12 Juillet 2009





‘’Mes propos sur Al Jazeera Net ne sont pas une attaque contre Ould Daddah, mais une description de la réalité politique qui prévalait, à l’époque, sur laquelle on m’a posé une question’’

Au moment où la campagne, en vue de l’élection présidentielle du 18 juillet, bat son plein, le Calame a jugé utile de recueillir le point de vue de monsieur Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ancien président de la République dont l’acte, patriotique, de démission, a permis à la nation mauritanienne de sortir de la crise politique, consécutive au putsch du 6 août 2008, et de s’engager dans une élection présidentielle, constitutionnellement acceptable. Les propos de celui qui a dirigé notre pays, pendant quinze mois, contribueront à éclairer l’opinion publique. A l’heure où la tension monte, cet homme, qui vient de sortir par la grande porte de l’Histoire, malgré le lynchage que sa famille et lui ont subi, cet homme sage ne s’est jamais inscrit dans une logique de confrontation, encore moins de surenchères. Jamais l’idée de vengeance n’a effleuré son esprit. Loin des bruits de campagne, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, qui a choisi de se réinstaller dans la Mauritanie profonde, la vraie celle-là, observe les choses de loin et pose un regard, lucide, sur l’évolution de la Mauritanie qu’il aime tant. A Lemden, où nous nous sommes rendus, l’homme nous a reçus avec courtoisie. Toujours jovial, Sidioca frappe par son humilité et sa retenue. En plus de la télévision, l’homme est relié au Monde par l’Internet et le téléphone. Il est aussi bien sollicité par ses compatriotes que par des étrangers en quête de conseils. Depuis son exil volontaire chez lui, l’homme partage son temps entre la mosquée, la réception de ses hôtes et la lecture. Sur sa petite table de chevet, cohabitent un exemplaire du Saint Coran, un chapelet et des essais, récents, d’Obama et de Paul Baryl.
Dans cette interview, il revient sur les péripéties de la crise, ses rapports avec les généraux tombeurs, son soutien à Messaoud, ses rapports avec Ahmed Ould Daddah, ex-chef de file de l’opposition à son pouvoir et, enfin, sur la possibilité ou non de revenir, un jour, dans l’arène politique mauritanienne.

Le Calame : Après moult tractations, suivies de votre démission, l’accord de Dakar est enfin mis en œuvre. Comment avez-vous vécu tout cela?


Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi : Je suis très heureux que l’accord de Dakar ait pu être signé et mis en œuvre. Je crois, très franchement, que ceux qui s’intéressent aux désirs de leurs compatriotes ne peuvent pas rester insensibles à cet accord, parce qu’il y avait, en lui, une très forte demande des Mauritaniens. Par cet effort, ceux-ci ont prouvé qu’ils veulent la paix pour leur pays. Le sentiment le plus répandu était que, s’il n’y avait pas d’accord, le pays s’engageait dans l’inconnu. Je fus, donc, personnellement très heureux, en signant ce décret, conscient de ce qu’en présentant ma démission, je faisais quelque chose pour l’intérêt du pays.

Le Calame : Dans votre discours d’adieu, vous avez relaté le bilan de votre passage à la tête de l’Etat. Mais, vous n’avez fait allusion, à aucun moment, aux points faibles de votre action. Où avez-vous péché, pour susciter l’ire des généraux qui vous ont déposé?

Dans mon discours, j’ai précisé que je ne m’inscrivais dans une logique de surenchère; comme j’ai eu à le dire, ce genre d’attitude, ça recule plus que ça n’avance. L’histoire retiendra de cette période ce qu’elle voudra. Si celle-ci n’a pas correspondu à ce que les Mauritaniens attendaient, elle sera vite oubliée; si, par contre, il y a eu des choses importantes pour l’avancement du pays, elle les retiendra. Je pense, après réflexion, que je n’étais pas, sur un certain plan, en harmonie avec mon pays. Je ne me suis pas soucié, pendant cette période, de certains aspects relatifs à ma popularité, ni aux actions pour l’améliorer et, très franchement, je ne m’étais pas préparé à cela. Et puis, il y avait des gens, dans mon entourage, je l’ai déjà évoqué dans mon adresse à la Nation, des gens qui se rendaient à l’évidence que ce que j’étais en train de faire n’était pas bien perçu, par mes compatriotes. Ils me disaient : «Ecoutez, la Mauritanie ne doit pas être gérée de cette façon, il faut tenir compte des aspirations du peuple, il faut tenir compte de leurs habitudes, vous ne pouvez pas changer les choses, d’un seul coup». Mais je me rendais compte qu’en suivant ces observations, bienveillantes, du reste, je cautionnais les pratiques d’antan, je m’y incrustais, et cela n’était pas ma vision de ma mission envers la Mauritanie. Je pouvais réaliser, à cette période, beaucoup de choses, qui devaient être accomplies, et, quoique bien de gens m’aient dit, vous auriez dû faire ceci, éviter cela, et que cela fût, certainement vrai, je portais une vision, je le répète, et je ne voyais pas les choses comme eux. La stabilité du pouvoir ne m’intéressait que pour autant qu’elle serve à quelque chose, qu’elle corresponde à la vision que j’avais pour mon pays. Si c’était juste la stabilité pour la stabilité, je ne m’y retrouvais point.

Le Calame : La campagne électorale bat son plein. Comment la vivez-vous, depuis Lemden? Pensez-vous que l’opposition a de réelles chances de gagner? Par ailleurs, dans une sortie, récente, sur Al Jazeera Net, vous n’avez pas manqué de jeter quelques piques à Ahmed Ould Daddah. En cette période de campagne, ne pensez–vous qu’il soit plus sage d’enterrer la hâche de guerre, pour combattre votre ennemi commun?
D’abord, en ce qui concerne la campagne électorale, vous le savez, j’ai apporté mon soutien au président Messaoud Ould Boulkheir ; je l’ai fait à travers une lettre que je lui ai adressée et qui a été lue, lors de son investiture par le FNDD. Pour le reste, je voudrais vous dire que j’ai été très heureux de son choix et que j’ai fait tout ce que j’ai pu, afin que le FNDD et le RFD puissent travailler, ensemble, pour mettre, en échec, le coup d’Etat. Lorsque le RFD a fait l’objet d’attaques, j’ai, tout de suite, pris sa défense. Si vous avez bonne mémoire, vous aurez remarqué, sans aucun doute, qu’au court de cette période de crise, je n’ai jamais attaqué ou répondu à des attaques qui m’ont été adressées. Je constate, aujourd’hui, qu’on veut faire croire que je m’en suis pris à Ahmed. Allons, donc, je n’ai aucune raison de l’attaquer, il n’y a aucun enjeu, entre lui et moi. J’ai démissionné et je soutiens un candidat, pour la victoire duquel je ne ménagerais aucun effort. Mes propos, concernant Ahmed, sont à entendre, simplement, dans une explication du contexte politique qui prévalait, il y a un an – la fronde des députés, en l’occurrence, qui a conduit au coup d’Etat du 6 août. Une majorité de députés ne se reconnaissaient plus en moi, ai-je dit en substance, et pensaient qu’il y avait une autre manière de gérer le pays. L’opposition, quant à elle, et en particulier, comme je l’ai dit, le RFD, me semblaient, par certains de leurs comportements, souhaiter l’organisation d’élections anticipées et le coup d’Etat offrait, apparemment, une telle occasion. Tout le monde sait, par ailleurs, quelle fut l’attitude du président Ahmed Ould Daddah et du RFD vis-à-vis de ce qui fut appelé une «rectification». C’est tout. Il ne s’agit pas d’une attaque, mais d’une description de la réalité politique qui prévalait, à l’époque, sur laquelle on m’a posé une question, et j’en ai dit ce que je pensais.

Le Calame : La fronde parlementaire, suscitée par les généraux, aura été l’une des étapes de votre chute. Qu’est-ce qui vous a retenu de dissoudre l’Assemblée nationale?
Je crois l’avoir, déjà, expliqué: réellement, je ne voulais pas que nous perdions du temps et de l’argent. L’organisation d’élections avait un coût et nous embarquerait dans une période «morte» que je considérais comme une perte de temps, dans le programme à mettre en œuvre. J’ai, cependant, évoqué cette question, à l’époque, en des termes auxquels personne n’a beaucoup prêté attention. J’ai dit que, si je constatais que je ne disposais plus de majorité au Parlement, j’envisagerais, à ce moment-là, la dissolution de l’Assemblée nationale afin de m’en remettre au peuple, pour confirmer, ou non, la situation, auquel cas, soit j’accepterais la cohabitation, soit je partirais, l’alternative, en définitive, m’appartenant en propre. Mais dans mon adresse à la Nation, j’ai précisé que cela n’était que l’ultime solution et je ne préférais pas m’y résoudre précipitamment, pour les raisons que j’ai évoquées tantôt.

Le Calame : La situation devenait pourtant ingérable

Vous savez, tout cela s’est passé en une période très courte, c’était une situation artificielle, elle ne reposait sur aucune base ou opposition réelle; la preuve en est que, lorsque je me suis résolu à contacter les parlementaires, les invitant à trouver des solutions, à travers le parti ADIL, le nombre de frondeurs a, aussitôt, baissé. Les meneurs, constatant que le vent tournait en leur défaveur, ont, alors, décidé de précipiter l’échéance. Vous dites que la situation était ingérable, mais on aurait pu retrouver une majorité, stable, à même de trouver des solutions, internes, à la crise, plutôt que d’aller vers ce qui, en vérité, n’intéressait que deux généraux, décidés, depuis un certain temps, je le crois, à ce que je ne demeure plus à mon poste.

Le Calame : On vous accuse d’avoir tenté d’acheter des parlementaires

(Rires). Vous savez, il n’y a pas de chose qu’on n’ait pas dites, comment puis-je acheter des parlementaires? Je pense que le mieux, c’est d’interroger mon directeur de cabinet, d’ailleurs toujours en poste, et que vous interrogiez, en même temps, son prédécesseur. Cela dit, je m’en vais vous confier une simple chose. Qu’est-ce que j’ai connu, à titre personnel, de mon traitement financier, depuis que je suis devenu président de la République? Quand on m’a amené mes émoluments, je les ai trouvés disproportionnés, par rapport à la réalité et à l’idée que je me faisais du pays. J’ai, alors, décidé de renoncer à 25% de ceux-ci, au profit du Trésor public, j’en ai parlé au Premier ministre, qui m’a dit que lui et les autres membres de son gouvernement en feraient autant, je dois dire que c’est tout à leur honneur, parce que je ne le leur ai pas demandé. Pour le reste, j’en ai donné un certain pourcentage, à la fondation de mon épouse, qui le recevait mensuellement. Il y avait également un fonds, qu’on appelle communément caisse noire, géré par le directeur de cabinet, dont on a tiré des dons à de gens qui sollicitaient de l’aide. A un certain moment, j’ai voulu avoir une idée des montants que je donnais, s’ils étaient significatifs ou non, j’ai demandé, à mon directeur de cabinet adjoint, de me procurer, sur le marché, des carnets à souches. Depuis lors, j’ai répertorié tous les dons distribués. J’en gardais une souche, pour suivre l’évolution des dépenses effectuées sur ces fonds, à toute fins utiles. Je serais, d’ailleurs, disposé, aujourd’hui, à vous les remettre pour publication. Les accusations d’achat de députés ne reposent sur rien, il s’agit de pures inventions. Je n’ai, jamais, acheté personne.

Le Calame : Le limogeage des généraux vous aurait été dicté, affirment les militaires, par votre entourage. Qu’en est-il? Dans le cas contraire, n’avez-vous pas sous-estimé les risques d’une telle décision? Notamment celui de confrontation entre les chefs de corps, comme le soutiennent les militaires et leurs partisans?

Je constate, d’abord, que mes compatriotes s’obstinent à croire qu’on m’ait dicté mes décisions, pendant très longtemps. C’est, probablement, très commode, très pratique : j’aurais été un petit jouet, entre les mains des militaires; qui faisaient de moi ce qu’ils voulaient, après m’avoir, pratiquement, amené sur leur char… C’est, évidemment, caricatural, excessif et cela ne permet pas de cerner et d’analyser, correctement, les problèmes. Quand un candidat a obtenu 25%, au premier tour, qu’il lui a fallu négocier des accords, avec des candidats qui ont eu 15 et 10%, on ne peut pas dire qu’il a été amené sur un char. Que les militaires aient aidé, qu’ils aient pensé que ce candidat leur convenait, pour des raisons qui sont les leurs, je veux bien. Mais de là à tout caricaturer, ça n’avance, en rien, dans la recherche et la compréhension des problèmes du pays. Cela aurait, toujours, été comme cela, toujours mon entourage qui me commanderait de faire ceci ou de me débarrasser de celui-là, c’est trop facile. Hier, sous les ordres des généraux, subitement, sous le joug de son entourage : de grâce, accordez-moi, tout de même, un peu de moi-même… Tout cela est, de fait, bien loin de la réalité. Vous savez, la décision la plus douloureuse, peut-être, que j’ai été amenée à prendre, fut le limogeage des généraux, parce que, réellement – et je crois que je l’ai écrit, dans un document que vous avez, déjà, publié – je les prenais pour des officiers très patriotes, soucieux du devenir de leur pays, et je n’avais jamais eu le moindre reproche à leur faire, contrairement à ce qu’on a dit, par la suite. Durant toute la période du premier gouvernement, nous discutions, ensemble, mais jamais de politique. La première fois que ce sujet est venu sur le tapis, c’est au lendemain de la constitution du gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf. Là, ils m’ont dit, ouvertement, que ce gouvernement ne leur convenait pas. C’est à partir de là que les problèmes ont commencé entre nous et que s’est développée la crise. Ni plus simple, ni plus compliqué que cela. Quant à la décision du limogeage, je l’ai fait, non pas en pesant les risques, je l’ai prise parce que mon devoir me le commandait. J’ai estimé que j’en étais arrivé à ne plus pouvoir respecter mes engagements, vis-à-vis du peuple, qu’il fallait, donc, mettre fin à la situation et la seule manière résidait en ce que je me sépare des généraux. Ou ils acceptaient de partir ou ils optaient pour un coup d’Etat, et, certes, la probabilité la plus forte était pour le coup d’Etat. Quant à dire que le décret a été pris nuitamment, c’est faire preuve de mauvaise foi. Il existe un décret, signé de ma main, numéroté, qui se trouve dans les archives de la Présidence, s’il n’a pas été détruit par ceux qui sont venus, après moi. La question qui mérite d’être posée est de savoir pourquoi on accuse un président de la République, chef des forces armées, décidant de limoger des généraux, soit accusé de vouloir faire couler le sang. Pourquoi compliquer le simple? Pourquoi ne pas reconnaître que c’est celui qui refuse d’exécuter les ordres de son chef, du président de la Nation entière, qui prend les risques du bain de sang?

Le Calame : Avec le recul, n’aurait-il pas été plus stratégique de procéder par étape ?

Je viens de vous exposer les raisons qui m’ont poussé à prendre cette décision. J’ai estimé qu’à ce moment-là, un certain nombre d’officiers travaillaient, à des degrés divers, d’ailleurs, à ma déstabilisation, qui a, finalement, fini par intervenir, le 6 août. Peut-être l’envisageaient-ils autrement, sous forme de manifestations de rue, de prise de décisions, au sein du Parlement, ou du recours à l’armée, après avoir constaté que le pays était devenu ingouvernable et pour répondre à l’appel du peuple… Mais tout cela ne change, en rien, la réalité des choses : le général Mohamed Ould Abdel Aziz et, dans une moindre mesure, le général Ghazwani, ne voulaient plus de moi, comme président de la République, considérant que leur conception des choses et leur propre situation exigeaient que je ne sois plus là.

Le Calame : Que vous reprochaient, exactement, ces généraux ?

Vous voyez quel président de la République, assis avec ses généraux, pour les entendre lui dire: on vous reproche ceci ou cela? Non, c’était, simplement, qu’ils ne se sentaient plus en sécurité, avec l’arrivée du gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf. J’ai appris, ça et là, qu’ils ne voulaient pas de certains partis entrés au gouvernement ; ils craignaient que ceux de leurs membres, devenus mes proches collaborateurs, m’influencent ; ils se sont, lourdement, trompés, parce qu’à ce moment-là, j’avais une entière confiance, en eux.

Le Calame : Vous avez exprimé votre soutien à la candidature de Messaoud Ould Boulkheir. Ce soutien est-il, simplement, verbal ou allez-vous vous impliquer, personnellement, dans sa campagne, en prenant part à l’un de ses meetings, par exemple?

D’abord, mon soutien au président Messaoud n’est pas que verbal, je vous signale que ma fille est son porte-parole, elle l’accompagne, partout, c’est un engagement qui use plus que le verbe. D’autre part, je déploie tout ce qui est en mon pouvoir, pour que ce candidat gagne, je le fais dans le cadre d’une attitude générale, que je prends par rapport à ce que je ferais ou ne ferais pas, à l’avenir, dans mon pays, en tant qu’ancien président de la République. Tout cela fera que je ne me présenterais, peut-être pas, dans des meetings de campagne, mais, une fois de plus, le président Messaoud bénéficie de mon entier soutien.

Le Calame : En Afrique, les anciens chefs d’Etat, ayant goûté aux délices du pouvoir, sont, souvent, tentés de revenir aux affaires. Pensez-vous redescendre, un jour, dans l’arène politique ?
C’est là une conclusion, hâtive, que vous tirez (rires)… Disons que je ne réponds pas à votre question.

Le Calame : Certains Mauritaniens commencent à s’inquiéter du lendemain du 18 juillet, pensant qu’en cas de défaite, l’ancien responsable de votre sécurité pourrait être tenté par un nouveau coup de force. Etes-vous de cet avis ?
Effectivement, j’entends ça, et je m’en vais vous dire que je ne n’exclus pas cette éventualité. Le coup d’Etat fomenté, il y a quelques mois, a bénéficié de beaucoup d’arguments pour convaincre les Mauritaniens : ça n’a pas marché et le coup a été mis en échec, grâce aux forces démocratiques. Si, aujourd’hui, le général Mohamed Ould Abdel Aziz se hasarde à un autre, il le fera pour des raisons qu’il expliquera, à nouveau, de mille et une manières aux Mauritaniens. Mais je ne doute, pas un seul instant, que ses raisons seront rejetées, avec encore plus de détermination, par les Mauritaniens, désormais avides de démocratie.

propos recueillis à Lemden par Ahmed Ould Cheikh, Dalay Lam et Sneiba El Kory






Présence médiatique avec du texte - excellent en cette " dernière ligne droite "

ille

journal de maintenant - dimanbche 12 juillet 2009

mercredi 8 juillet 2009

journal de maintenant - mercredi 8 juillet 2009

Mercredi 8 Juillet 2009








*
* *
reçu cet après-midi
Messaoud Ould Boulkheir - déclaration de candidature présidentielle
Citoyens, Citoyennes,

Notre pays a connu, au cours des derniers mois, une épreuve difficile née du coup d’Etat du 6 août 2008, qui a failli conduire à son effondrement. Ce coup d’Etat, perpétré au moment où notre pays était cité en exemple de vitalité démocratique et de tolérance, nous a renvoyé à l’âge de la dictature militaire et de la tyrannie. Notre peuple s’est trouvé, brusquement, cité dans la catégorie des ‘’peuples assistés’’ et notre souveraineté a été sérieusement malmenée. Et le pire, est qu’ils se trouvent, parmi nos compatriotes, qui se vantent d’avoir amené le pays à ce stade.
Ce coup d’Etat n’était, cependant, pas si imprévisible qu’il n’y paraissait. Il est le résultat naturel des atermoiements, du manque d’imagination et d’audace de notre classe politique pendant plusieurs décennies

Je pense, pour ma part, que les mauritaniens ont le droit de connaître la vérité et qu’il est de leur devoir de l’entendre et de l’écouter. Il est de leur devoir également d’affronter notre histoire contemporaine telle qu’elle : une succession de coup d’Etat toujours ‘’légitimés’’, a posteriori, d’une manière ou d’une autre et ouvrant, naturellement, la voie au coup d’Etat suivant.

Il est du devoir de tous les mauritaniens de dire aujourd’hui : Assez ! Assez de coups d’Etat ! Assez de régression politique !

Afin de rompre définitivement avec cette pratique détestable, je proposerai un amendement Constitutionnel portant criminalisation des coups d’Etat, en en faisant un crime de haute trahison et d’atteinte à l’autorité morale et à la noble mission des Forces Armées Nationales. Cet amendement instituera des mesures dissuasives contre les auteurs de ce crime afin d’assurer la stabilité politique, gage de tout développement durable. Nous favoriserons également la nécessaire émergence d’une armée républicaine professionnelle, forte, organisée, bien formée et équipée, ouverte à tous, citoyenne et résolument consacrée à sa noble vocation première. Nous en ferons une véritable école de valeurs et de civisme.

Citoyens, Citoyennes,
L’une de mes principales priorités sera, si vous m’accordez votre précieuse confiance, d’œuvrer avec détermination au renforcement de l’unité nationale sur des bases saines et garantissant l’adhésion de tous les mauritaniens. Cette politique permettra à chacun d’entre nous, quelle que soit son appartenance et sa culture, de se reconnaitre dans ce pays, d’en être fier et de se sentir effectivement impliqué dans la conception et la construction de son avenir.

Dans ce cadre, j’œuvrerai précisément à ce que le dossier du passif humanitaire soit résolu d’une manière juste et définitive, en parachevant l’action entamée par le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. je poursuivrai l’organisation du retour volontaire de nos concitoyens réfugiés dans les pays voisins. Nous œuvrerons à leur réinsertion dans la vie active et à la réparation définitive et équitable, des douloureuses injustices subies, conformément aux conclusions consensuelles des journées de concertation organisées en 2007. Ceci loin de toute surenchère, de toute manœuvre politicienne du genre que nous avons pu observer récemment.

J’œuvrerai également, avec sérieux et détermination, à la résolution des problèmes de nos concitoyens expulsés du Sénégal en 1989. Un état des lieux de leurs conditions de vie sera établi afin de définir les difficultés auxquelles ils font face et de trouver des solutions appropriées et définitives à leur problème. Un programme spécial consacré au traitement de ce dossier dans toutes ses dimensions sera mis en œuvre.

Par ailleurs, et en vue d’une justice sociale véritable, garante de cohésion et de fraternité au sein d’une même société, et facteur déterminant dans la construction de notre unité nationale, j’œuvrerai à l’éradication du phénomène de l’esclavage et de ses séquelles. D’importants acquis ont été réalisés sur cette voie sous le régime démocratique du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, notamment, la promulgation de la loi criminalisant l’esclavage. J’œuvrerai à l’éradication des survivances et séquelles de ce phénomène dans notre pays, en conjuguant les efforts de tous et en engageant l’administration à y veiller, de manière ferme et avisée. /

Citoyens, Citoyennes,
Conscient de l’importance de l’ancrage et de la préservation de la démocratie comme pilier de l’unité nationale et du développement durable, j’œuvrerai, en collaboration avec la représentation nationale et les structures de la société civile, à l’enracinement d’une véritable démocratie qui suscite la confiance du citoyen. Nous y procéderons, notamment, en permettant à ce dernier de s’approprier l’exigence démocratique et de prendre toute sa place dans un Etat fort de sa légitimité et de l’adhésion citoyenne. J’œuvrerai également à lutter, avec fermeté et détermination, contre la corruption. Notre action dans ce domaine commencera par la réforme de notre arsenal juridique en la matière et son application rigoureuse, loin de toute démagogie.

Pour consolider l’ancrage de la démocratie, je proposerai une réforme constitutionnelle visant à réaliser davantage d’équilibre entre les institutions, à travers un renforcement du contrôle parlementaire de l’action du Gouvernement.

J’œuvrerai également à la consolidation du rôle des partis politiques à travers l’augmentation de leurs dotations budgétaires et la lutte contre le phénomène du nomadisme politique. Une concertation sera entreprise à cet effet avec la classe politique afin d’introduire une législation dissuasive en la matière.

Les réformes institutionnelles renforceront également l’indépendance de la justice et la recherche des meilleures solutions aux dysfonctionnements et dérives dont souffre ce secteur. La justice pour tous est un droit inaliénable dans une véritable démocratie. Et nous la garantirons.

Les réformes que je m’engage à entreprendre renforceront la protection des libertés publiques face à toute forme d’abus dont, en particulier, les arrestations arbitraires et la pratique de la torture. Les délits de presse seront, par ailleurs, exclus de la catégorie des délits pouvant conduire à l’arrestation.

J’œuvrerai également à la garantie et à la consolidation des libertés syndicales, notamment, en modernisant notre arsenal juridique en vue d’une meilleure protection des droits des travailleurs. Le dialogue social ainsi que les différents mécanismes de résolution consensuelle des problèmes du travail seront encouragés afin de réunir les conditions nécessaires au développement et à la stabilité, dans un climat social sain et fondé sur la justice et l’équité.

Pour mettre en œuvre l’ensemble de ces réformes, je tiens à réitérer, ici, l’engagement pris lors de la cérémonie de déclaration de ma candidature de former, dès mon investiture, un gouvernement de large union nationale pour sortir le pays des conséquences de la dernière crise ainsi que pour consolider et protéger notre démocratie. Ce gouvernement sera constitué sur la base de la charte signée par le Front National pour la Défense de la Démocratie et le Rassemblement des Forces Démocratiques, charte qui traduit notre alliance, dont il me plaît de réaffirmer le caractère stratégique éminent.

Citoyens, Citoyennes,
La lutte contre la pauvreté et les disparités sociales seront des axes essentiels de la politique que j’engagerai le gouvernement à appliquer, si vous m’accordez votre confiance.

Le coup d’Etat du 6 août 2008 nous a fait perdre d’inestimables opportunités d’accélérer le rythme du développement et de juguler la pauvreté. Pour remettre le pays sur la bonne voie et réaliser les aspirations légitimes de notre peuple à l’amélioration des conditions de vie, au développement et à la prospérité, je m’engage à accomplir les neuf promesses suivantes, dans le domaine de la politique et économique :

Premièrement : œuvrer, dès ma prise de fonction, à faire toute la lumière sur la situation du budget de l’Etat et de l’économie en générale. L’Etat mauritanien a connu, ces derniers temps, beaucoup de mauvaise gestion, de laxisme, de corruption, de manque du sens de l’intérêt national, bref, de la vertu dans toutes ses dimensions. Un accent particulier sera mis sur les réserves en devises du pays, l’état de la trésorerie générale, le compte des revenus pétroliers logé à l’étranger et la situation des établissements publics.

Deuxièmement : Remobiliser l’aide extérieure en vue d’obtenir les financements déjà promis à notre pays par les partenaires au développement sous le pouvoir démocratique du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Ces financements ont été gelés à cause du coup d’Etat du 6 août 2008. Le montant global promis avait alors approché 1000 milliards d’ouguiyas !

Troisièmement : Mettre en œuvre d’ambitieux programmes de construction et de réhabilitation des infrastructures de soutien à la croissance et afin de stimuler l’investissement privé. Ces infrastructures comporteront un programme de désenclavement des zones de production et des agglomérations humaines.

Quatrièmement : Augmenter le pouvoir d’achat des fonctionnaires et des salariés du secteur privé, à travers une réduction des impôts et taxes sur les salaires, financée par le surcroit de recettes d’impôts sur le capital qui, lui, sera accru grâce à l’amélioration de nos conditions économiques, au renforcement de la compétitivité de nos entreprises et de l’investissement privé.

Cinquièmement : Améliorer l’effort de solidarité avec les plus démunis de nos compatriotes. Les mesures adoptées à cet effet ne se limiteront plus à la distribution des vivres. Elles engloberont désormais un volet d’appui financier qui offre davantage de flexibilité et de choix.

Sixièmement : Faire confiance à l’aptitude des plus démunis de nos compatriotes à s’auto-insérer dans l’activité économique, et ce à travers la création de Fonds sociaux de développement financées par l’Etat, les dons individuels, ceux des entreprises privées et les aides internationales adaptées à cette approche. Ces Fonds sociaux permettront aux communautés villageoises de gérer, elles-mêmes, leurs ressources et de déterminer et couvrir leurs besoins en termes d’infrastructures de développement, de services sociaux et d’activités génératrices de revenu, à moindre coût et dans le délai le plus court. Elles pourront ainsi acquérir cette liberté loin de la lenteur et des autres défauts de la bureaucratie. La propagation de ces fonds dans les zones de pauvreté, et en particulier dans les régions jusque-là privées d’investissements, permettra l’essor d’un développement à la base prometteur pour nos populations démunis.

Septièmement : Donner la priorité à la création d’emplois permanents et à revenu suffisant, tout en renforçant la possibilité pour les compatriotes les plus démunis d’en tirer profit. Ils pourront y accéder grâce à l’investissement à grande échelle dans les infrastructures de base (en particulier les projets de désenclavement, l’eau, l’électricité) et dans les ressources humaines, notamment, par le biais de la formation professionnelle.

Huitièmement : Assurer le financement de 10 milles petites entreprises par an, pour un coût de 10 milliards UM, financé par des économies sur le budget de fonctionnement de l’Etat ,et leur fournir l’assistance technique afin de concrétiser l’égalité des chances pour tous. Ces mesures cibleront en priorité les jeunes et les femmes issus de milieux les plus démunis. Elles leur permettront d’ouvrir des entreprises, de lancer des initiatives et de créer de la valeur.

Neuvièmement : Soutenir les agriculteurs et éleveurs, à travers les réformes sectorielles qui s’imposent et inciter l’investissement public et privé ; élargir les surfaces irrigables et cultivables en zone pluviale; résoudre le problème de stockage et de la commercialisation ; réduire le fardeau des dettes accumulées sur les agriculteurs ; mettre en place un système sécurisé de distribution des aliments et des médicaments de bétail ainsi qu’un mécanisme pérenne de crédit au profit des éleveurs.

Pour assurer le succès de ces mesures, une réforme administrative et un aménagement du territorre cohérent seront engagés. Ils permettront une exploitation optimale des potentialités spécifiques de chacune de nos régions tout en rapprochant l’administration du citoyen et en la mettant à son service. A cet effet, et pour créer des pôles de développement générateurs de richesse et jeter les bases d’un développement local prometteur, j’engagerai le gouvernement à procéder à un redécoupage administratif basé sur la viabilité économique. Je l’engagerai également à accélérer le rythme de la décentralisation administrative qui demeure lent et hésitant.

En ce qui concerne nos compatriotes résidents à l’étranger, je voudrais leur réaffirmer, ici, mon engagement de veiller à leur sécurité, à les faire profiter des opportunités d’investissement rentables et sûres. Nous y procéderons notamment en leur permettant d’accéder à la propriété de foncière, aux projets de promotion immobilière subventionnés par l’Etat et en ouvrant des consulats dans leurs pays de résidence.

Dans le domaine social et de développement des ressources humaines, je m’engage à réformer notre système éducatif. Nous ferons de l’école mauritanienne une institution d’enracinement et de propagation de nos valeurs spirituelles islamiques, des principes de civisme, de labeur et de patriotisme. Nous en ferons une institution moderne de propagation du savoir et de formation des compétences répondant aux défis de notre époque. Des Etats-Généraux sur notre système éducatif seront organisés et impliqueront l’ensemble des acteurs concernés par ce secteur.

Dans ce cadre, les réformes envisagées rendront notre école mieux organisée et plus démocratique : les cursus scolaires seront; l’uniforme scolaire sera institué pour limiter l’expression des disparités sociales dans l’école ; Nos enfants apprendront à réciter et à respecter l’hymne national.

Je mettrai un accent particulier sur la formation professionnelle comme voie de qualification des jeunes aux emplois disponibles. Ce faisant nous renforcerons la performance des entreprises publiques et privées et la capacité de notre pays à attirer l’investissement privé, national et étranger. Je m’engage, également, à assainir le marché du travail, pour en renforcer la transparence, la compétitivité et l’équité entre les demandeurs d’emplois et permettre aux offreurs d’emplois de disposer des meilleures compétences disponibles.

J’œuvrerai à l’amélioration de la santé publique en mettant l’accent sur la santé de la mère et de l’enfant et sur la lutte contre les maladies endémiques. Nous adopterons notamment une approche stimulant, simultanément, l’offre et la demande.

Sur le plan culturel, les mauritaniens que nous sommes, ont le droit et le devoir, d’être fiers de leur identité islamique, arabe et africaine. Une identité riche par sa diversité et ouverte sur les autres sans crainte ni autarcie.

Aussi, mettrai-je en œuvre, une politique culturelle qui préserve nos valeurs islamiques, renforce la place de la langue arabe et assure le développement de l’enseignement des langues nationales, le Pulaar, le soninké et le wolof, qui doivent occuper toute la place qui leur revient à côté de l’arabe. J’œuvrerai également à la préservation de notre patrimoine culturel dans sa riche diversité.

Notre politique étrangère sera servie par une diplomatie dynamique permettant à notre pays de jouer un rôle agissant dans son environnement arabo-africain et islamique et au sein de la communauté internationale. Cette politique soutiendra les causes justes dans le monde, en tête desquelles celle du peuple palestinien. Nous en soutiendrons le combat pour recouvrer la totalité de ses droits et bâtir son Etat indépendant avec, pour capitale, Al Qods Ach Charif. Tout comme nous agirons à mettre fin à l’occupation israélienne des autres territoires arabes.

Par ailleurs, nous assumerons pleinement notre rôle dans le combat contre la criminalité transfrontière et contre les réseaux de trafic de drogue et de l’immigration clandestine.

Enfin, j’appelle mes compatriotes épris de liberté, de démocratie et de justice, à me rejoindre et à voter en ma faveur le jour du scrutin. Je les appelle, tous, à ne pas manquer cette occasion exceptionnelle, pour faire gagner le choix de la liberté, de la justice et de l’espoir de changement.

Aussi voudrais-je terminer cette déclaration en demandant à mes adversaires de s’abstenir de toute forme de fraude et de manipulation électorale. Notre peuple n’acceptera que le verdict d’élections libres et transparentes.

Puisse Allah guider nos pas sur le droit chemin.

Je vous remercie.
Messaoud Ould Boulkheir