vendredi 4 mars 2011

journal de maintenant - vendredi 4 mars 2011

Vendredi 4 Mars 2011

Ce matin.

La place des blocs – j’ai moi-même habité dans l’un de ses bâtiments récemment détruits, à mon premier séjour mauritanien Février 1965-Avril 1966 – , ce que je reçois :

Les Blocs.

Vous connaissez les blocs ? je suis sûr que oui. Ce sont ces bâtiments rouges qui étaient les premiers construits par l'État mauritanien. Les mémoires de Moktar contiennent une photo ou on voit le chantier. Moktar lui même y a habité un moment. Ces blocs, ainsi que les maisons qui les entourent, étaient mises à la disposition des fonctionnaires, moyennant une somme dérisoire prélevé directement sur le salaire.Ma mère, fonctionnaires au ministère de l'intérieur puis de l'éducation nationale (elle a pris sa retraite l'année dernière) a bénéficié de l'une de ses maisons. J'y suis né, et depuis j'ai grandit dans ce quartier.Aziz a abattu les blocs, les maisons restent encore en place. Les blocs cassés, une place immense est donc dégagé. Deux catégories de personnes ont vécu le démolissage des blocs dans leurs chère : d'abord les habitants du quartier, ensuite les personnes, mauritaniennes ou non, qui ont vu ce pays naitre et qui savent que cette place, que ces blocs, ont une valeurs inestimable.Au delà de la valeur historique, je vais tenter de me mettre à la place des gens qui nous dirigent, je vais raisonner comme un agent immobilier : situé au cœur de la ville, bordé d'un côté par l'avenue Jemal Abdel Nacer et de l'autre par celle du président Kennedy, ce terrain est tout simplement le plus cher jamais mis en vente depuis que la Mauritanie existe. C'est d'ailleurs bien pour cela qu'il a été dépecé en plusieurs lots vendu, chacun, à un homme d'affaire, aucun mauritanien, aussi riche qu'il soit, ne possède assez d'argent pour l'acheter.

J'y ai habité en 19965-1966, et le Président avait eu sa villa presque devant, mais quelques années avant moi.

Meïdan ? place ?

Meïdane tahrir = square de la libération.Les anglais traduisent mieux, ils disent Tahrir square, mais c'est normal puisque ce sont les egyptins qui ont traduit le nom de la place. Avant elle s'appelait "place des consuls" puisque plusieurs consulats s'y trouvaient. Le changement de nom est intervenu suite une révolte contre les anglais, mais je ne sais pas s'il s'agit de celle d'Ahmed Ourabi ou bien Saad Zaghloul, faudra que je vérifie.En tout cas la place de Meïdan Tahrir est très fortement liée, dans l'imaginaire egyptien, à l'idée de la lutte. De même, la place des blocs, chez vous et moi, est liée à notre histoire intime. Dès lors, il devient evident que le fait de la vendre à des commerçants revolte tout mauritanien et toute personne qui aime ce pays.Sur Facebook j'ai fait la propisition de transformer cette place en un jardin public avec, au milieu, un monument aux morts, tous nos morts, aussi bien ceux qui sont morts pour la patrie que ceux assassinés lors des purges ethniques.

Naturellement, les acquéreurs appartiennent tous au premier cercle entourant le président Aziz.D'où le choix, assez osé je doit l'admettre, des jeunes pour y élire domicile jusqu'à la chute d'Aziz, et de baptiser la place "meïdan tahrir" comme la célèbre place du Caire

Meïdane c'est square, non place comme je voit souvent dans la presse. De même, Tahrir est souvent traduit, de manière abusive, par liberté. En arabe houriya=liberté. La traduction exacte de Tahrir c'est : libération.

Mon correspond qui est en train de publier un travail de fond sur le terrorisme : origine et histoire internes vraies, prétexte pour des gouvernements ou des gens de paille… ajoute ceci à l’intention de partenaires français :

A l'instar du Maghreb et du Moyen-Orient, mon pays d'origine, la Mauritanie, est secoué par les spasmes d'un début de révolte de la jeunesse. Comme tout le monde j'y voit une excellente nouvelle pour l'enracinement de la liberté et de la démocratie dans cette partie du monde mais, plus que tout cela, j'y voit surtout la défaite, imprévisible, de l'islamiste radicale dont la première victime, faut-il le rappeler, est d'abord les musulmans. Le nombre des victimes chiffrés du terrorisme, dans le monde musulman, dépasse, est de loin, toute leurs victimes dans le reste du monde.Sans pousser plus loin ces statistiques macabre la priorité, de nos jours, c'est d'aider ces jeunes, qui aspirent à partager nos valeurs universelles. C'est ce que je fait, modestement mais de manière constructive.
Cette révolte, j'en rêve depuis 20 ans. J'ai toujours rêvé de voir les idéaux de ma patrie d'adoption, la France, fleurir dans mon pays d'origine, la Mauritanie. Je m'estime très chanceux de voir, de mon vivant, l'aboutissement de mes rêves d'adolecent.


Et ce qui m'est signalé sur
Cridem :

Qui a coupé les arbres de Nouakchott ? -

Nouakchott, mercredi 4 mars, avenue de la Poste. Des hommes avancent, mission : couper tous les arbres de l’avenue, depuis la Banque Centrale jusqu’après l’hôtel Mercure, des arbres vieux de plusieurs décades, et qui permettaient aux passants de se protéger du soleil et de la chaleur sur le chemin du retour du travail, et qui faisaient en même temps la joie des vendeurs de télécartes et autres vendeurs à la sauvette ; La société Pizzorno est appelée, son responsable prié de fournir le matériel pour couper les arbres; son directeur décline poliment et précise : ‘’je peux nettoyer, faire place nette si on me requiert pour cela, mais je ne suis pas outillé pour couper les arbres !’’. Qu’à cela ne tienne ! Ces hommes, chargés de cette mission, par on ne sait qui s’en chargeront eux même… Vers 22 heures mercredi soir, ils s’attaquent aux arbres de l’avenue Nasser, à proximité du ‘’Square des blocs’’, surnommé par les jeunes ‘’Maidan Tahrir’’, place de la Liberté, en hommage à la place centrale du Caire, symbole de la révolution qui a renversé le Président Moubarak, dont la jeunesse égyptienne est à l’origine.
Une fois les arbres consciencieusement coupés, les carcasses d’arbres, les troncs, et autres ronces sont entreposés… sur la Place de la Liberté, qui jeudi matin devient un océan de verdure… Vers 10 heures, la presse ayant été prévenu que la Place était envahie de ces détritus végétaux, visiblement déposés là dans le but de gêner la manifestation du vendredi 4 mars, je me présente pour ''inspecter'' les lieux. Surprise, les camions et les bulldozers de Pizzorno sont présents en force, et le directeur – français - de la société est là, à haranguer ses employés : ‘’Pas comme ça ! Plus haut !’’ A la question : ‘’Qu’est-ce que vous faites ? Est-ce vous qui avez entreposé ces détritus ?’’, il répond : ‘’Non, absolument pas ! Ce n’est pas nous !’’, ‘’Alors, qui est-ce ?’’, réponse ‘’je ne sais pas, on n'est pas au courant; nous on nous a appelé, et on nous demande d’enlever ces détritus en urgence, de nettoyer la place, et de faire place nette, immédiatement !’’Alors, une question se pose : Qui a décidé de couper ces arbres ? Qui a demandé de noyer la place de la Liberté sous les troncs, et les détritus ? S’agit-il d’une initiative privée ? D’une frange du pouvoir ? Laquelle ?De la réponse à cette question dépendront beaucoup de choses dans la tournure que prendront les évènements dans l’évolution du mouvement actuellement en cours dans notre pays, et dont notre jeunesse est à l’avant-garde.
par Ahmed Baba Ould Hamoud

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