63 .
15 Avril
1991 & 15 Avril 2008
Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya annonce une
Constitution
et des élections présidentielle et
parlementaires
&
Mohamed Ould
Abdel Aziz se démet de ses fonctions
dans l’appareil
putschiste et annonce sa candidature
à une élection
présidentielle inconstitutionnellement anticipée
Le 15
Avril 1991, à deux heures du matin, le colonel Maaouyia Oul Sid’Ahmed Taya
prononce le discours d’usage pour l’Aïd
el Fitr) : « Conformément
au désir d’un grand nombre de nos compatriotes, un referendum sera organisé
pour l’adoption d’une Constitution et ce avant la fin de l’année en cours.
Après l’adoption de cette Constitution, des élections libres seront organisées
pour choisir une Assemblée nationale et un Sénat. L’autorisation de la création
de partis politiques sans limitation de nombre constituera la toile de fond de
toute cette action ».
Cet engagement vers le multipartisme et une Constitution au bout de treize ans
de dictature militaire ne paraît spontané à personne. La rumeur court que le
président du Comité militaire de salut national, au pouvoir personnellement
depuis six ans et demi, tient ainsi des promesses faites au ministre français
des Affaires étrangères, Roland Dumas, venu à Nouakchott au début du mois.
Celui-ci avait été précédé, le 5 Mars, par Michel Vauzelle, président de la
commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Les
baassistes crient au « complot français ».
Dix mois auparavant (du 19 au 21 Juin
1990), à La Baule,
en France, François Mitterand devant ses pairs africains d’expression française
[1],
a développé des thèses essayées quelques jours auparavant dans l’Océan Indien
où il était reçu aux Seychelles, à Maurice, aux Comores et à Madagascar. Le
président français, lui-même longtemps opposant dans son propre pays, se montre
sensible à la critique de beaucoup d’Africains à l’encontre de systèmes
nationaux autoritaires et corrompus ; il souhaite en dégager la France, mais avec prudence,
se gardant de cette « forme
subtile de néocolonialisme (qui
consiste, remarque-t-il) à
faire la leçon en permanence aux pays africains… Impossible de proposer un
système tout fait… La France
n’a pas à dicter je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s’imposerait de facto à l’ensemble des peuples ». Mais il conclut : « La
France liera
tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller
vers plus de liberté ».
L’Abbé Pierre, figure emblématique de l’humanitaire en France, aurait été
approché par l’opposition guinéenne pour sensibiliser, à la veille-même du sommet
de La Baule, le
président de la rencontre… Sénégal, Ouganda, Gabon applaudissent. Le Togo
assure que le multipartisme n’est pas d’actualité, le Rwanda fait valoir les
chefferies traditionnelles, le Tchad relève la contradiction entre une
rénovation politique et des pratiques financières internationales limitant les
souverainetés nationales. L’évolution-type sera celle – à l’époque – de la République populaire du
Congo où le comité central du Parti unique se prononce dès le 4 Juillet 1990
pour le multipartisme ce qui aboutit à une conférence nationale tenue à
Brazzaville du 25 Février au 10 Juin 1991 : onze cent représentants de
soixante-sept partis et cent trente quatre associations, présidée par l’évêque
catholique d’une ville secondaire du pays. C’est le Bénin (ex-Dahomey) qui
avait inauguré cette manière de transition, moyennant une conférence nationale
tenue du 19 au 27 Février 1990, soit avant le sommet de La Baule, et – première en
Afrique – le 24 Mars 1991, le président en place (général Mathieu Kérékou) est
chassé par les urnes du pouvoir qu’il avait conquis par un putsch (26 Octobre
1972) [2].les
urnes (victoire du Premier ministre, Nicéphore Soglo). Le Niger, plus
tardivement, du 29 Juillet au 3 Novembre 1991, aura lui aussi sa conférence
nationale. Le Burkina-Faso opte pour le multipartisme dès le 18 Janvier 1991.
En revanche, la Guinée,
dont le système politique, depuis la mort de Sékou Touré le 26 mMars 1984, n’a
pas évolué, procède à un referendum constitutionnel le 23 Décembre 1990 et
n’ira au multipartisme que le 3 Avril 1992.
Quoi qu’il en soit, Maaouyia Ould
Sid’Ahmed Taya ne cache pas sa mauvaise humeur à son retour de La Baule. Les partisans du
changement doivent se contenter d’élections municipales dans 208 communes les 7
et 14 Décembre 1990. A
l’avant-veille du second tour, Ould Taya vante la « voie
mauritanienne » vers la démocratie, mais sans multipartisme ni
rétablissement de la
Constitution. Le scrutin a cependant fait apparaître,
notamment à Nouakchott, des organisations politiques même si les listes sont
désignées seulement par des couleurs : crème (Messaoud Ould Boulkheir,
ministre de 1984 à 1988), orange (Abderahmane Ould El Ghadi, profsseur
d’économie à l’Université), vert (Cheikha Ould Boidya , patron des
dockers), bleu (Dah Ould Cheikh, ministre de 1987 à 1989, qui emportera la
mairie). Rétrospectivement, le scrutin, peu couru : 19% de participation
au premier tour, pas 30% au second, et la campagne ne marquent guère puisque la
fin de l’année est sinistrement marquée en Mauritanie par la nuit d’Inal
(dakhlet Nouadhibou), au trentième anniversaire de l’indépendance : le 4
Décembre 1990, le ministre de l’Information, Mohamed Lemine Ould Ahmed, annonce
l’arrestation d’un nombre indéterminé de personnes impliquées dans une tentative
de coup d’Etat qui devait avoir lieu le 27 Novembre. Ce sont des réfugiés au Sénégal qui l’auraient
fomenté. Des représailles terribles, sans procès, à l’insu-même du conseil des
ministres, se succèderont jusqu’à la fin de Mars 1991 : on ne parle alors que
de deux cent morts dont les trente-trois par pendaison à Inal (Le Calame du 26
Février 2008 – chronique anniversaire du « tri » du 28 Février 1991). La réalité est plus du double. Quant aux
rafles, pendant plus de deux mois, elles auraient concerné trois mille
personnes, selon Amnesty international.
Le 28 Mars 1991, alors qu’il se trouve en stage militaire, en France, à
Fontainebleau, l’adjudant Cheikh Fall, demande l’asile politique : il
témoigne aussitôt à Libération.
A défaut d’explications dans le moment ou
de mémoires peut-être en cours de rédaction aujourd’hui, ce qui détermine au
changement celui que beaucoup de compatriotes ressentent comme un dictateur
sanglant, semble avoir été le renversement de son homologue malien. Des émeutes
éclatent à Bamako, puis dans tout le pays, les 20 et 22 Mars 1991, elles sont
réprimées par la force jusqu’au 25 : plus de cent cinquante morts. La
conclusion est brutale, un coup d’Etat militaire met fin, le 26, aux vingt-deux
ans du pouvoir absolu exercé par le tombeur de Modibo Keïta, le général Moussa
Traoré, très peu gradé à l’époque de son « haut fait ». Constitution
suspendue, Conseil de réconciliation nationale, arrestation de l’homme fort qui
sera condamné à mort en 1997, accusé notamment d’avoir transféré à l’étranger
douze milliards de francs donct six en Suisse. Il aura pour défense à son
procès que tous ses homologues, en Afrique, font ou ont fait ainsi, « sauf
le président Moktar » … !
Cinq jours avant le discours de fin du
Ramadan, le 10 Avril 1991, avait circulé une lettre ouverte signé par une
cinquantaine de cadres et personnalités dont le secrétaire général
démissionnaire de la présidence de la République : Abdoulaye Baro, trois anciens
ministres dont Messaoud Ould Boukheir, le président de la Ligue mauritanienne des
droits de l’homme Ghali Ould Abdelhamid, notamment. Ils réclamaient en
lettre ouverte « l’avènement d’un véritable Etat de droit, la liberté
d’opinion, d’expression et d’association » en référence aux promesses du
12 Décembre 1984 (Le Calame du 12 Décembre 2007 – chronique anniversaire) d’une restauration de l’Etat de droit.
Selon eux,
« notre pays
s’enfonce dans la dictature et le désordre. Votre régime a, en effet, imposé
une politique de terreur sans précédent à l’ensemble de notre peuple et de
discrimination raciste et chauvine à sa composante négro-africaine, tout
particulièrement aux Hal-Pular’en… Aujourd’hui, les plus graves incertitudes
pèsent sur l’existence même et la survie de notre patrie. La poursuite de la
politique actuelle, en alimentant le cycle infernal répression-rébellion, ne
peut que conduire à son éclatement au seul profit de puissances étrangères
expansionnistes ». C’était commenter l’ouverture, le 9 Avril
précédent à Idini, devant un tribunal d’exception et à huis clos, du procès de
soixante-quatre « négro-mauritaniens » (Libération – quatre-vingt-treize selon l’A.F.P. Dakar) parmi quelque 1500 originaires de la Vallée du Fleuve, détenus
depuis trois mois. C’était faire écho au tract de El Hor : « notre conscience individuelle et collective est profondément
choquée ».
Le Conseil économique et social avait été
annoncé lors du discours sur l’état de la Nation, le 28 Novembre 1990, quand le président
du C.M.S.N. avait évoqué la poursuite du processus de démocratisation « loin des échos de l’actuelle
campagne internationale, de l’improvisation, de la précipitation et de
l’aventurisme générateur d’instabilité et d’anarchie » et la préparation
« méthodique et consciente des citoyens ». Le président de cette
institution qui n’est pas nouvelle [3],
est nommé le 24 Avril : Deidar Ould Sidi Mohamed, précédemment professeur
à l’Ecole normale de Nouakchott, en même temps que sont libérés
soixante-quatorze originaires de la
Vallée du Fleuve. Ce qui n’empêche pas la circulation d’une
nouvelle lettre ouverte : des femmes de disparus réclament une commission
d’enquête. Le 4 Avril, l’U.T.M. forte de ses 45.000 adhérents, l’avait
déjà demandée, en même temps qu’un procès public des responsables. Mahmoud Ould
Mohamed Rhady, le secrétaire général, réclame une conférence nationale sur le
sujet : droits de l’homme = démocratisation. Le défilé du 1er
Mai se fait sur ces thèmes. Le 23 Mai suivant, devant le ministère de
l’Intérieur, manifestation de femmes noires réclamant de nouveau une commission
d’enquête sur les disparus. Encore, le 12 Août, cent cinquante femmes qui
seront brutalement dispersées : quarante seront blessées.
C’est dans cette ambiance – d’autant plus
tendue qu’augmente soudainement le prix du pain tandis que sont bloquées les négociations
salariales dans le secteur public, alors dominant – que va donc se préparer la
première « transition démocratique » treize ans après le premier coup
militaire. Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya a le mérite de la franchise.
S’exprimant dans Le Monde, le 8
Mai , sur le processus de normalisation de la vie politique, il
assure que tout sera achevé dans le délai d’un an au plus : « nous avons préféré commencer par la base
plutôt que par le sommet car il fallait familiariser le peuple au jeu
démocratique… la
Constitution sera rédigée par le Comité militaire de
salut national assisté de juristes » . Il n’est pas question d’associer les groupuscules,
ceux-ci seront libres de la refuser par le referendum. Une conférence nationale
comme ailleurs ? ce serait « ridicule et antidémocratique ».
« Mal préparée », la brève expérience de mise en place d’un régime
civil en Décembre 1980 « avait failli aboutir à de graves désordres »
[4].
Quant au complot découvert en Novembre 1990, il s’est bien agi d’une
« tentative de coup
d’Etat minutieusement préparée et doublée d’une élimination de populations
civiles » mais il n’y a
plus de détenus politiques dans les prisons mauritaniennes. Enfin, selon le
président du C.M.S.N., chef de l’Etat, la France a été partisane dans le conflit
sénégalo-mauritanien de 1989 (Le Calame du 22 Avril 2009 – chronique
anniversaire des événements des 24 et 25 Avril 1989 à Nouakchott et à
Nouadhibou).
Aussi,
l’entente, le 12 Mai, des
formations d’opposition pour réclamer en lettre ouverte la tenue d’un forum
démocratique et d’une Assemblée constituante (les unes tenaient pour une
conférence nationale et les autres pour une Assemblée) est comptée pour rien.
Hasni Ould Didi, le ministre des Affaires étrangères, qui, dans les derniers
gouvernements du président Moktar Ould Daddah, avait été chargé du Commerce,
des Transports puis de la Justice, affirme
qu’« aujourd’hui, la
direction politique tire sa légitimité d’un consensus national mais aussi de la
nécessité d’assurer la sécurité du pays ». Le referendum du 12 Juillet 1991, concluant à l’adoption
de l’actuelle Constitution, sauf quelques amendements acceptés par le
referendum du 25 Juin 2006, aura donc lieu sur un texte élaboré secrètement,
sans que les partis politiques soient encore autorisés et sans que le pays ait
été appelé – comme d’autres – à en délibérer à sa manière, c’est-à-dire en
journées de concertation ou en conférence nationale.
Coincidence voulue ? c’est aussi le 15 Avril (2009) que « en respect de la loi et en application de ses
dispositions, le général Mohamed Ould Abdelaziz a proclamé, mercredi
soir au Palais présidentiel à Nouakchott, sa démission de la présidence du Haut
conseil d'Etat et de la fonction de chef d'Etat ». Il l’avait organisée
dans la matinée en réunion spéciale de la junte [5]
Les divers communiqués ne précisent pas
comment le démissionnaire était entré dans ces fonctions. Le Haut Conseil
d’Etat demeure en place jusqu’à son auto-dissolution, le 28 Juin, date à
laquelle il constituera le Conseil supérieur de la défense nationale,
apparemment au sens de l’article 34 de la Constitution qui en
confie d’ailleurs la présidence au chef de l’Etat [6].
En réalité, la junte se maintiendra – encore aujourd’hui – à l’appellation près
dans la mission qu’elle s’est donnée en renversant le 6 Août 2008, le président
de la République
élu le 25 Mars 2007. Cette mission lui a fait prendre la suite des comités
militaires qui, depuis le renversement du président Moktar Ould Daddah, le 10
Juillet 1978, assurent que chacun d’eux « est,
par la volonté des forces armées dont il est l’émanation, le seul dépositaire
de la souveraineté et de la légitimité nationale » [7]. « Confiantes
en la toute-puissance d’Allah (les Forces armées s’affirment) dépositaires
en dernier recours de la légitimité nationale. » [8]
En revanche, la fonction de chef de
l’Etat, prévues et décrites par les articles 23 et 24 de la Constitution, est
élective et c’est pour l’occuper dans les formes constitutionnelles que le
putchiste est candidat à l’élection prévue pour avoir lieu le 6 Juin. Qu’il en
ait porté le titre dès le 11 Août 2008 [9],
ne correspond pas même à l’ordonnance de portée constitutionnelle que la junte
a publiée le 11 Août 2008 (analyse dans Le Calame du 19 Août 2008) : son article 2 [10]
prévoit au contraire un exercice collégial des fonctions qui ont été arrachées
au président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. L’intérim que vient aussitôt exercer
le président du Sénat [11]
n’est donc ouvert à aucun égard puisque le général Mohamed Ould Abdel Aziz ne
peut se démettre d’une fonction qui n’est qu’élective et que même ses propres
textes ne lui avaient pas attribuées [12].
Parodiant la démarche de 2005-2006, une Commission nationale électorale
indépendante est composée par le dernier conseil des ministres que préside le
général putschiste, juste avant de démissionner : au contraire de la
précédente, elle n’est pas nommée par consensus mais unilatéralement par le
futur candidat. Le même Conseil entend de lui « une communication relative à ses visites à
l'intérieur du pays. A cette occasion, le Conseil présente ses félicitations
aux populations, élus locaux et acteurs de la société civile des deux Hodhs, du
Guidimagha, du Tagant, de l'Adrar et de Dakhlet Nouadhibou pour leur accueil
chaleureux et leur mobilisation qui dénotent de leur prise de conscience et de
leur engagement aux orientations du mouvement de rectification du 6 Août. Le
Président du Haut Conseil d'Etat a renouvelé ses instructions au Gouvernement à
persévérer dans la réalisation de son programme en mettant un accent
particulier sur la rigueur dans la gestion en vue d'améliorer autant que
possible les conditions d'accès des populations aux services sociaux de base. »
En réalité, le putchiste du 6 Août 2008,
dont le régime fait l’objet des sanctions de l’Union européenne depuis le 3
Avril 1991, joue le scenario présenté par son compère le général El Ghazaouani
au secrétaire général de l’Elysée, à Paris, alter ego du président français,
Nicolas Sarkozy. Un maintien au pouvoir pourvu qu’il sorte des urnes et qu’un
abandon de l’uniforme et de la possession d’état des fonction briguées fassent
illusion. En revanche, le programme du candidat est à sa totale discrétion et
plus encore le ton de sa campagne, qui ne dévie pas du discours tenu depuis le
matin du putsch. L’annonce de la démission [13],
le soir du 15, plus encore qu’un discours-bilan est le rappel d’une manière
d’être au pouvoir par opposition à « une poignée de citoyens (qui) réclamaient, et continuent de le
faire, des sanctions contre notre pays pour la seule raison qu'ils ont perdu la
source de leurs intérêts personnels et que leurs poches ont commencé à
s'assécher des revenus illicites. Ces gens là, le peuple mauritanien a
découvert leur jeu dès les premiers moments et le monde autour de nous est
désormais conscient de leurs manoeuvres après la lumière faite sur les rumeurs
tendancieuses et les mensonges trompeurs. » L’opposition est prévenue : soit elle n’existe pas,
soit elle sera sanctionnée. « Il ne fait pas de doute que le mouvement de la rectification a
renforcé l'esprit de lutte, en particulier parmi les jeunes et les femmes qui
sont des franges aspirant mieux que toute autre à dépasser la situation où
prévalent le chômage et la pauvreté et à bénéficier d'un environnement meilleur
empreint de liberté, de justice et d'équité. Le mouvement du 6 août a également
favorisé un plus grand éveil parmi les citoyens désormais enclins à revendiquer
leurs droits dans le respect de la loi et des normes civiques, loin de toute
anarchie et de toute atteinte à l'ordre public. Et contrairement à ce que
certains milieux prétendent, la liberté d'expression s'est consolidée ces
derniers temps et il n'y a plus aucun prisonnier d'opinion dans le pays
et ce, en dépit des atteintes criantes que commettent, à coup de provocations
et de mobilisation, certains parmi les nostalgiques de la gabegie. Je voudrais
souligner de nouveau que les forces de l'ordre traiteront avec toute la rigueur
tous ceux qui essayeraient, d'une manière ou d'une autre, de transgresser la
loi. En tout état de cause, celle-ci demeurera de mise dans le pays et tout
celui qui essayera de la transgresser fera l'objet de rigoureuses sanctions,
quel qu'en soit le prix .»
Quant à la situation du pays, le 12 Avril, à Nouadhibou, le général
Mohamed Ould Abdel Aziz en a redonné la synthèse. Elle a le mérite de situer
les responsabilités et d’en dater l’origine : la date-même de
l’indépendance ! Il y aura ensuite deux contradictions à commettre, l’une
d’appeler à juxtaposer 1960 et 2009, photos. affichées, l’autre de dénoncer le
colonialisme. « De par
ce que nous avons vu, nous pouvons certifier du niveau de votre conscience de
l'importance de ce changement dont le peuple mauritanien a été le premier et le
dernier bénéficiaire ", a affirmé le chef de l'Etat
.
Il a indiqué que la ville de Nouadhibou mérite beaucoup plus que la réalité dans lequel elle se trouve aujourd'hui, relevant qu'elle manque d'infrastructures et de services sanitaires et sociaux et que ses richesses ont été pillées pendant près de 5 décennie. Le chef de l'Etat a aussi dit que la gabegie a touché tous les aspects de la vie en visant des secteurs vitaux comme l'enseignement, la santé et la justice. Il a révélé avoir reçu des informations affirmant que certains enseignants pratiquent des travaux n'ayant aucun rapport avec leur domaine au moment où ce secteur est dans le plus grand besoin de cadres compétents. Pour lui, cela ne relève pas de la responsabilité des enseignants mais plutôt de celle des administrations et régimes qui se ont succédé au pouvoir depuis l'indépendance .» Nouadhibou, 13 avr (AMI)
Il a indiqué que la ville de Nouadhibou mérite beaucoup plus que la réalité dans lequel elle se trouve aujourd'hui, relevant qu'elle manque d'infrastructures et de services sanitaires et sociaux et que ses richesses ont été pillées pendant près de 5 décennie. Le chef de l'Etat a aussi dit que la gabegie a touché tous les aspects de la vie en visant des secteurs vitaux comme l'enseignement, la santé et la justice. Il a révélé avoir reçu des informations affirmant que certains enseignants pratiquent des travaux n'ayant aucun rapport avec leur domaine au moment où ce secteur est dans le plus grand besoin de cadres compétents. Pour lui, cela ne relève pas de la responsabilité des enseignants mais plutôt de celle des administrations et régimes qui se ont succédé au pouvoir depuis l'indépendance .» Nouadhibou, 13 avr (AMI)
Alors qu’en 1991, l’environnement
international – sinon la communauté internationale, concept seulement naissant
et à propos de la premièree guerre du Golfe, tous contre l’Irak ou presque (la Mauritanie n’en était
pas) – avait joué un rôle décisif pour poussert l’autocratie militaire vers
l’Etat de droit, en 2009, ce sera une influence inverse. Contrairement aux
assertions du président de la
République française en conférence de presse conjointe à
Niamey [14]
avec son homologue nigérien en principe interdit de briguer un troisième mandat
– ce qu’il transgressera peu après et causera sa chute – il existe en
Mauritanie une opposition expresse au processus putschiste. Si le principal
parti d’alors – le Rassemblement des forces démocratiques R.F.D. – a manifesté
sa compréhension pour le renversement de l’élu du 25 Mars 2007, en revanche, il
fait de la candidature de l’homme au pouvoir de fait, le casus belli. Il a refusé de participer au gouvernement faute
d’engagement des militaires de ne pas se présenter au prochain scrutin et il
n’a pas avalisé le compte rendu des « états-généraux de la
démocratie » qui, au contraire, présagent déjà cette candidature. Le
boycott de l’opposition est donc certain qu’il s’agisse de ce parti ou de la
coalition du Front national pour la défense de la démocratie F.N.D.D. qui
persiste à faire du retour au pouvoir du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi
le préalable de toute anticipation du calendrier électoral constitutionnel. De
fait, quatre candidatures seulement sont enregistrées, elles sont toutes
favorables au fait-même du putsch, sinon au putschiste candidat [15].
C’est la communauté internationale – explicitement conduite par la France pendant les trois
phases de la négociation dite de Dakar – qui imposera, extraordinaire marché de
dupes, à l’opposition, soit d’opportunité (le R.F.D.), soit de principe
légitimiste (le F.N.D.D.) de participer à l’élection présidentielle, moyennant
trois concessions de pure forme du putschiste : 1° reculer au 18 Juillet
la date du premier tour, ce qui ne permet pas davantage qu’à la date
précédemment décidée, un contrôle effectif des opérations (l’Union européenne
experte en la matière, a besoin de trois mois), 2° composer consensuellement la Commission électorale
(ce sera fait le 1er Juillet, mais son nouveau président
démissionnera le soir-même du scrutin…), 3° former un gouvernement d’union
nationale mais sans que change le Premier ministre. Abandonné par tous les
opposants de première ou de dernière heure, le seul acteur non dupe, le
président renversé ne pourra pas refuser sa signature : personne, dans le
moment, ne l’aurait compris. Sidi Ould Cheikh Abdallahi rend alors régulière
l’anticipation de sa succession et permet à la communauté internationale de se
satisfaire du scrutin – de son résultat – avant même que les autorités
nationales elles-mêmes l’aient proclamé.
Le colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya
qui n’avait pas eu onze mois, mais sept ans pour préparer son élection et une
« démocratie de façade », avait fait moins bien…
[1] - depuis Février 1978, la Mauritanie participe au
sommet franco-africain périodique mais informel. A la Baule, trente cinq
délégations autour du président de la République française dont vingt-deux
conduites par un chef d’Etat : absents de marque cette fois-là Félix
Houphouet-Boigny et Mobutu Sese Seko. A la francophonie, se sont joints
l’Ougandais Yoweri Museveni, président en exercice de l’Organisation de l’Unité
africaine, et le mozambicain Joaquim Chissano. La Namibie, indépendante
depuis le 21 Mars 1990, est représentée.
[2] - il est vrai qu’il prendra sa revanche sur Nicéphore
Soglo le 18 Mars 1996 et l’emportera à nouveau le 22 Mars 2001
[3] - mais elle avait été supprimée par une loi du 4 Mars
1968
[4] - l’homme
fort d’alors, le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla avait, le 12
Décembre 1980, annoncé dans une déclaration radiodiffusée,.un
gouvernement civil : le Premier ministre sera responsable devant le
C.M.S.N. qui « entend naturellement continuer à contrôler et orienter
l’action du gouvernement jusqu’à la mise en place effective des institutions
démocratiques » ; il sera « chargé en particulier, tout en
consolidant les acquis dans tous les domaines de préparer la mise en place des
institutions démocratiques » ; une Constitution sera soumise à referendum
(la date prévue était le 8 Mai 1981). Le président du Comité militaire avait
conclu : « j’en appelle maintenant au sens civique et à la maturité
de tous les Mauritaniens pour saisir la portée et l’importance d’une telle
décision » et le 15 Décembre avait été formé le gouvernement civil, avec
pour chef, Sid’ Ahmed Ould Bneijara, premier ministre de fait “chargé de
l’exécutif” . Le 16 Décembre, un communiqué du C.M.S.N. avait annoncé l’adoption du projet de Constitution
avec instauration du multipartisme qui « garantira les libertés et
écartera à jamais la menace de la dictature ». Mais la tentative de
renversement du régime, perpétrée par deux anciens membres du Comité militaire,
le 16 Mars 1981, avait fait renoncer à tout et c’est un militaire : le
lieutenant-colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, qui avait remplacé le Premier
ministre civil.
[5] - selon
son communiqué, « le Haut Conseil d'Etat a examiné et adopté l'ordonnance
constitutionnelle N° 2009/001 modifiant et complétant l'ordonnance
constitutionnelle n° 2008/002 du 13 août 2008 régissant les pouvoirs
provisoires du Haut Conseil d'Etat. Par ailleurs, le général Mohamed Ould Abdel
Aziz a, à cette occasion, annoncé sa démission de ses fonctions de Président du
Haut Conseil d'Etat, Chef de l'Etat. »
[6] - « Mauritanie / Politique / Défense
Communiqué du
Conseil Supérieur de Défense Nationale
Nouakchott - 28 - juin -
(AMI) -Le Conseil Supérieur de
Défense Nationale a salué l'évolution positive des négociations et l'entente
conclue entre les protagonistes favorisant un nouveau climat politique dans le
pays empreint de sérénité et de concorde nationale, gages d'une bonne élection
présidentielle le 18 juillet 2009 .
Le Conseil Supérieur de
Défense Nationale rappelle, pour sa part, que si les forces armées et de
sécurité ont pris leurs responsabilités le 6 août 2008, c'était bien pour
sauver le pays et défendre les acquis démocratiques
.
Dix mois se sont écoulés au cours desquels tout a été mis en oeuvre pour améliorer les conditions de vie des citoyens, rétablir l'autorité et la crédibilité de l'Etat et enfin préserver les libertés individuelles et collectives .
Dix mois se sont écoulés au cours desquels tout a été mis en oeuvre pour améliorer les conditions de vie des citoyens, rétablir l'autorité et la crédibilité de l'Etat et enfin préserver les libertés individuelles et collectives .
Aussi, l'on ne peut que
se féliciter aujourd'hui que le processus engagé par les forces armées et de
sécurité a conduit à un consensus national qui s'est traduit par des accords
conclus entre les trois pôles démocratiques mauritaniens
.
C'est dans ce contexte
que l'institution ayant dirigé le mouvement du 6 août 2008 a pris l'appellation de
Conseil Supérieur de Défense Nationale .
Ce dernier, conscient de
ses responsabilités envers la
Nation, entend accomplir ses tâches conformément à la
constitution et aux lois dela République.
Le Conseil Supérieur de
Défense Nationale restera toutefois vigilant vis-à-vis de toute action tendant
à porter préjudice au climat de paix et de sécurité dans le pays
.
Enfin, le Conseil
Supérieur de Défense Nationale tient à saluer l'effort considérable consenti
par les médiateurs internationaux en vue de rapprocher les points de vue des 3
pôles politiques mauritaniens. Il tient aussi à féliciter les dirigeants de ces
trois pôles mauritaniens pour leur sens élevé de responsabilité et leur
capacité à parvenir à une solution consensuelle »
[7] - J.O.-R.I.M. 30 Mai 1979, p. 241 – 23 Septembre 1981, p.
408 – 27 Mars 1985, p. 149
[8] - J.O.-R.I.M. 25 Avril 1979, p. 223
[9] - premières dépêches d’AMI lui donnant ce titre :
Mauritanie / Redressement
L'initiative du regroupement des cadres du changement déclare son appui au Haut Conseil d'Etat
L'initiative du regroupement des cadres du changement déclare son appui au Haut Conseil d'Etat
Nouakchott, 11 août (AMI) -
L'initiative du regroupement des cadres du changement a déclaré lundi soir à
Nouakchott lors d'un meeting son appui au Haut Conseil d'Etat sous la conduite
du général Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef de l'Etat.
M. Mohamed Ould Maawiya a, au nom de
l'initiative, indiqué que ce regroupement englobe un certain nombre de
parlementaires de chefs de partis politiques, de promoteurs d'initiatives et de
personnalités importantes qui ont pris conscience du danger de la dérive qui
menaçait le pays. . . .
Mauritanie / Mouvement du redressement
Des partis et des institutions de la société civile organisent une marche de soutien au Haut Conseil d'Etat
Des partis et des institutions de la société civile organisent une marche de soutien au Haut Conseil d'Etat
Nouakchott, 11 août (AMI) - Des partis
politiques, des syndicats de travailleurs, des regroupements de commerçants et
des organisations de la société civile ont organisé lundi soir à Nouakchott une
marche populaire de soutien au Haut Conseil d'Etat sous la conduite du général
Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef de l'Etat.
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