mercredi 30 juillet 2014

FNDU - fondements des diverses suspicions à l'endroit du président renouvelé





FORUM NATIONAL POUR LA DEMOCRATIE ET L’UNITE (FNDU)
 
SEPT QUESTIONS PREJUDICIELLES A TOUT NOUVEAU SERMENT PRESIDENTIEL







Nouakchott, le 30 Juillet 2014



Le Général MOAA se prépare à prêter serment ce 2 août 2014. Son investiture consacre les résultats d’une élection taillée sur mesure, mais clairement délégitimée par le boycott de l’opposition et de l’écrasante majorité du peuple mauritanien et qui ne constitue en  fait qu’une nouvelle usurpation du pouvoir. Quel crédit pourrait-on alors accorder à un serment destiné à ornementer une telle imposture ?



Déjà en 2009, après une élection contestée, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz avait prêté serment un certain 6 août,  jour anniversaire de son coup d’Etat de 2008 contre un président civil élu démocratiquement.

Reprenant les termes prévus par la constitution, il proclamait alors devant le Conseil Constitutionnel et tout le peuple mauritanien :

« Je jure par Allah l’Unique de bien et fidèlement remplir mes fonctions, dans le respect de la Constitution et des lois, de veiller à l'intérêt du Peuple mauritanien, de sauvegarder l’indépendance et la souveraineté du pays, l’unité de la patrie et l’intégrité du territoire national. »



Malheureusement, cinq années durant, il n’eut de cesse de fouler aux pieds constitution, lois, intérêts du peuple mauritanien, souveraineté et unité nationales. Les violations de son serment étaient d’autant plus graves qu’elles étaient délibérées, révélant un esprit putschiste réfractaire à toute norme démocratique ou simplement légale.



 Cette accusation nous la fondons, entre autres, sur les faits avérés, exposés ci-après et  que nul ne saurait contester. C’est un droit pour notre peuple de réclamer du Président Mohamed Ould Abdel Aziz des explications ou des excuses publiques, avant tout serment, en particulier par rapport aux sept questions suivantes.



1.    Le Président Mohamed O Abdel Aziz peut-il justifier son refus d’appliquer  loi sur la transparence financière ?



·       -Le président civil nouvellement élu Sidi O Cheikh Abdallahi, fit adopter par le Parlement la loi 2007-054  du 18 septembre 2007 relative à la transparence financière  de la vie publique qui institue une obligation  de déclaration du patrimoine pour le président de la république et certains hauts responsables de l’Etat. En son article 2 elle impose particulièrement au président de la République de faire après son investiture et à la fin de son mandat une déclaration de sa situation patrimoniale et celle de ses enfants mineurs. De surcroît, et à la différence des autres responsables de l’Etat, il lui est fait obligation de la rendre publique.



o      le Président MOAA refusa de se plier à cette loi au lendemain de son investiture le 6 août 2009. En réponse à la question d’un journaliste lors de la conférence de presse du ? , il déclara avec  désinvolture que cette loi « n’est pas importante ».



o      il fallut attendre une année plus tard pour que le Président se résignât à faire une déclaration de patrimoine hors délai devant la commission compétente. Toutefois il refusa de la rendre publique en violation flagrante de la loi 2007-054.



o      Ce mépris de la loi, et l’irrespect de son propre serment viennent d’être illustrés à nouveau par son refus, malgré l’interpellation de certain parlementaire, de renouveler et de publier sa déclaration de patrimoine à la fin de son mandat qui arrivait à son terme le 18 juillet 2014.



2.                                                                                                                                                                                                                                                                Et le tripatouillage de la constitution par un parlement dont le mandat avait expiré ?

                                                                                                    

o       -le mandat de l’assemblée nationale élue en novembre 2006  expirait en novembre 2011. Le tiers du Sénat devait aussi être renouvelé. Le Président MOAA, par calcul électoraliste, décida de ne pas respecter les échéances constitutionnelles et pour l’une et pour l’autre, et de reporter sine die les élections législatives en dehors de toute procédure légale et de toute situation de force majeure ou de consensus politique national.



o       -plus grave, en février 2012, il s’autorisa à utiliser une «  majorité » de députés dont le mandat avait expiré pour introduire illégalement d’importants amendements à la Constitution malgré la contestation de l’opposition démocratique et l’indignation de l’opinion. Comble de la forfaiture, ces ex-députés votèrent pour eux-mêmes une prolongation de mandat sans limite.





3.    Qu’est-t-il advenu des 50 millions de dollars du don saoudien ?



o      -Peu avant son coup d’Etat du 6 août 2008, l’Arabie Saoudite avait accordé au Gouvernement du Président civil Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi un don de 50 millions de dollars pour l’équipement des forces armées et de sécurité.



o      -dans une conférence de presse à Nouadhibou en avril 2009,  le Général MOAA reconnut en avoir déjà utilisé en tant que chef de la junte militaire près de « 2 milliards d’ouguiyas » (environ 10 millions de dollars) ;



o      --la constitution prévoit en son article 68 que l’affectation des ressources publiques relève de la loi des finances votée par le Parlement. Les textes afférents stipulent de surcroît que toute dépense effectuée par le gouvernement en situation d’urgence en dehors du budget doit par la suite être impérativement soumise à l’approbation de la plus proche session parlementaire.



o      pourtant au lendemain de son « élection » de 2009, et face aux réclamations de parlementaires soucieux de connaître le sort de ce don saoudien, le Ministre des finances ne pu opposer qu’un silence embarrassé.



o      -il en fut de même chaque fois à toutes les sessions parlementaires des années  suivantes. La trace des 50 millions de dollars était belle et bien perdue depuis qu’elle avait quitté les comptes de la Banque Centrale de Mauritanie et du Trésor sur ordre du Général puis Président MOAA.



o      -les faits précités sont indéniables et ils sont constitutifs du crime de détournement  de fonds publics au regard des lois et règles régissant les dépenses publiques. Le Président le sait, mais il compte probablement sur l’impunité que lui garantit un pouvoir absolu.



4.    Qu’en est-il de l’obstruction au cours de la justice dans la scandaleuse affaire du 13 octobre 2012 



o      En début de soirée le 13 octobre 2012, le Président de la République est atteint par balle dans des circonstances obscures, sans la présence de gardes de corps ou de témoin et emmené grièvement blessé  à l’hôpital militaire par un inconnu.



o      Dès son réveil tôt le matin du 14 octobre, après une lourde intervention chirurgicale d’urgence durant la nuit, le Président MOAA,  tint avant son évacuation d’urgence en France, tôt le matin, à faire une surprenante déclaration à la TVM, où il qualifia l’événement de « simple bavure » qu’il « pardonne » et affirma que «  l’affaire est terminée ». Sa préoccupation primordiale était visiblement d’empêcher toute enquête et d’étouffer l’affaire pour des raisons inavouées.



o      Par la suite, l’opinion publique n’eut droit pour toute explication qu’à une mise en scène télévisée où un officier prétendument auteur du coup de feu « ami »,  présenta, le même jour, une version mal assimilée et incohérente de l’événement. Fait révélateur,  cet officier qui, soi-disant,  venait d’ouvrir le feu contre le Chef de l’Etat 24 heures auparavant bénéficiait de tous les égards et de toute la compréhension de ses supérieurs et conformément à la volonté du Président, ne sera soumis à aucune instruction judiciaire.



o       la justice a été effectivement empêchée de se saisir d’une affaire de tentative d’homicide et d’atteinte à la sécurité de l’Etat, en violation flagrante de son indépendance dont le Président devait être le garant  aux termes de la constitution.



o      Le Président MOAA ne veut pas que la justice se « mêle » de « ses affaires ». Il s’est placé,  lui et les siens au-dessus de la loi. L’opinion nationale en avait eut déjà une illustration édifiante quelques mois plus tôt lorsque son fils, ouvrit le feu à bout portant, le 22 janvier 2012, contre une jeune fille dénommée Raja mint Syadi. La pauvre fille après des semaines de lutte contre la mort s’en tirera avec une infirmité définitive. Le ministère publicquant à lui se chargera d’étouffer l’affaire : il n’y eu ni détention provisoire du coupable, ni une quelconque poursuite judiciaire.



5.    Pourquoi avoir dissimulé la vérité sur les relations suspectes dans l’affaire dite Ghana gâte ?



o      Le 28 mars 2013, le site Cridem, publie l’interview  de Hamed Oumar ressortissant malien établi à Bamako, ex-collaborateur des services mauritanien, qui révèle avec force détails que son ex-officier traitant Mohamed Ould Abdel Aziz «  l’avait mêlé »(en 2006-2007) pour son compte personnel dans des affaires plutôt « illégales ». Il cite en particulier l’établissement  du contact  avec un Irakien du nom d’Ousman Allawi, établi à Accra au Ghana et relatif à une transaction douteuse où il est question de blanchiment de faux dollars américains (4 malles) et même de proposition de coopération possible pour le transit de la drogue.



o      Il était difficile d’accorder crédit à ces allégations jusqu’au jour, quelques semaines plus tard, où des sites mauritaniens Taquadoumy.com et Essirage.net publient en même temps des enregistrements sonores relatifs à des conversations téléphoniques entre ledit Allawi et le Colonel MOAA à l’époque, chef de la garde présidentiel et relatif à une transaction portant sur « des malles d’argent ».

o      Le Président de la République observera un mutisme total pendant des mois, malgré la gravité des accusations et le choc qu’elles avaient provoqué dans l’opinion. Mais il finira un peu malgré lui et de façon furtive, embarrassé et confuse par faire comme un aveu sur la réalité des conversations en réponse à la question surprise d’un journaliste lors de la conférence de presse de Néma en août 2013.



6.    Comment expliquer et justifier la complaisance coupable envers des trafiquants de drogue internationaux ?



L’affaire du caïd de la drogue Mangane Eric Walter et compagnie



o      En juillet 2007 éclate l’affaire Ould Soudany –Sid’Ahmed Ould Taya- Eric Walter. Il s’agit d’un puissant réseau de trafic international de drogue. Le chef du réseau Walter, un franco-sénégalais, arrive à échapper aux arrestations. Recherché par la police mauritanienne et Interpol, il n’en passera pas moins un séjour tranquille à Nouakchott à visage découvert (cf. documentaire de Canal plus « africa-stup »2010) jusqu’au jour où il est repéré dans un café par des coopérants policiers français. Il choisit alors de quitter le pays mais finit par se faire arrêter au Sénégal en 2009. Il sera ensuite extradé vers la Mauritanie sur l’insistance de celle-ci. Jugé, il est alors condamné à 15 ans de prison.



o      A la surprise générale, alors que le dossier de l’affaire 0769/007 était encore pendant devant la cour d’appel, le Président de la République prend un décret de grâce, le 15 février 2011, accordant àWalter et ses acolytes une réduction de peine de 5 ans. Aveu de culpabilité : ledit décret pris en catimini ne fut jamais publié au journal officiel. Comment le Président de la République peut-il expliquer cette magnanimité envers un réseau criminel dans une sous-région menacée par le trafic de drogue ?



o      Pour une justice aux ordres le décret a fonctionné comme un signal et une pression. Sans entrer dans les péripéties et manœuvres judiciaires, le résultat en fut la libération de Walter et de ses complices, cinq mois après. Le Président se contentera de calmer l’indignation de l’opinion nationale et internationale en sacrifiant comme bouc émissaire, le président de la cour d’appel qui avait acquitté les prévenus.



L’affaire du convoi de drogue de Lemzereb



o      Le 26 février 2010, une unité de l’armée mauritanienne intercepte dans l’extrême nord-est des confins mauritano-maliens, au lieu-dit Lemzereb, un convoi de plusieurs véhicules transportant un chargement de 6 tonnes de drogue et escorté par une vingtaine d’hommes armés des tribus du nord malien. L’exploit de l’armée est alors salué par l’opinion, les prévenus pris en flagrant délit immédiatement déférés à la justice et la cargaison de drogue brulée à Nouakchott dans une grande cérémonie publique.



o      Puis à peine sept mois après, le 27 septembre 2010, le Président de la République décida, à la surprise générale et à l’insu de la justice, de libérer tous les trafiquants de Lemzereb.



o      L’indépendance de la justice était ainsi et comme d’habitude foulée aux pieds sans même un minimum de respect des formes. L’opinion publique quant à elle, tenue dans le mépris, n’eut droit à aucune explication sur cette ténébreuse affaire.



7.    Pourquoi le refus du Président d’ordonner toute enquête sur les nombreux scandales économiques divulgués régulièrement par la presse et impliquant son proche entourage ?



o      Les conditions douteuses et dommageables pour les intérêts de la Mauritanie de la convention avec la société chinoise de pêche Poly-Hondong



o      La gestion opaque de l’Agence chargée de l’Etat civil,

o      la fourniture d’aliment bétail avarié aux éleveurs dans le cadre du plan d’assistance 2012,



o      le marché pour une usine « d’assemblage d’avions » de la Mauritanian development corporation (MDC) la prétendue  société américano-mauritanienne,



o      les conditions douteuses du marché de gré à gré du nouvel aéroport international,



o      le prêt de 15 milliards d’ouguiya de l’entreprise minière SNIM au profit de la société privée Najah, chargée de la réalisation du nouvel aéroport international



o      les transferts de propriété foncière du secteur public au secteur privé sans autorisation préalable du Parlement : aéroport actuel, stade olympique, école de police et cela généralement au profit du proche entourage du Président.



En conclusion :



Sur la base des faits  avérés énumérés ci-dessus un constat s’impose : la violation répétée et délibérée du serment proclamé le 6 août 2009 par le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Pour toutes les lois humaines le parjure est passible de lourde peine ou tout au moins disqualifie son auteur pour toute fonction qui requiert la confiance de la collectivité et invalide d’avance son nouveau serment.



Circonstances aggravantes les faits énumérés plus haut illustrent la nature chaotique de la gouvernance qu’exerce le Président Mohamed Ould Abdel Aziz sur  notre pays. Une gouvernance marquée par la prise en otage de l’Etat, une gestion personnelle et privative des richesses du pays, une connivence coupable avec les milieux douteux, un mépris et une violation constante de la Constitution et des lois de la République. En outre, il vient de proclamer sa réélection à l’issu d’un scrutin boycotté par l’ensemble de l’opposition démocratique. Un scrutin marqué par une implication  outrancière de l’Etat et de ses moyens au profit du candidat Aziz. Un scrutin marqué par une abstention record avec un taux réel de participation très en deçà des chiffres officiels. Que cherche Ould Abdel Aziz à travers l’organisation en grandes pompes d’une cérémonie de prestation de serment ? Il cherche précisément, d’une part, à maquiller la véritable nature de sa gestion, et d’autre part, à compenser par des artifices le déficit de légitimité de sa réélection, et ce, à la veille de la tenue du sommet Afrique-Amérique à Washington.



Le FNDU tient, par la publication du présent document, à édifier l’opinion publique nationale et internationale sur la réalité tant en ce qui concerne la réélection de Ould Abdel Aziz que sur son comportement et ses actes au cours des années qu’il a passées à la tête de l’Etat Mauritanien.













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