09-07-2014 17:23 - Mauritanie: 'La réélection du président Aziz est un nouveau coup d’Etat ' (O. Mouloud)
Alakhbar - Le leader du parti d’opposition mauritanien, UFP, considère que le scrutin présidentiel du 21 juin, qui a abouti à la réélection du président Mohamed Ould Abdel Aziz avec 81,94 % des voix est « assimilable à un nouveau coup d’Etat ».
Aussi, Ould Mouloud qualifie, dans cette interview à Alakhbar, la situation du pays d’« instable » et la comparer à « une marmite qui bouillonne et dont le couvercle risque de sauter à tout instant ! ».
Alakhbar : Quelle est la nouvelle stratégie de l’opposition après les présidentielles qu’elle a boycottées ?
Mohamed Ould Mouloud: Il y d’abord un constat à faire. D’un côté, nous avons un président, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est imposé en empêchant le peuple mauritanien de s’exprimer librement, parce qu’il n’a pas voulu d’élections transparentes, libres et consensuelles. Le scrutin présidentiel du 21 juin 2014 est assimilable à un nouveau coup d’Etat, après celui de 2008 mené par ce même Ould Abdel Aziz. Nous avons donc un président qui fait face à son peuple auquel il empêche de décider de son destin.
De l’autre côté, nous avons un large front démocratique qui est la conscience de la nation et qui est soucieux de préserver toutes les chances d’une transformation démocratique et pacifique pour ce pays. Ce front, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), est en train de déterminer une nouvelle stratégie que je ne pourrai pas définir à sa place. Mais ce sera une stratégie de lutte pacifique et de rassemblement le plus large des forces démocratiques mauritaniennes. Une stratégie qui cherchera, effectivement, qu’il ait un changement démocratique, authentique et pacifique.
Alakhbar : L’ancien président de la transition de 2005, Ely Ould Mohamed Vall, estime, après ces élections, que le dialogue est inutile avec le régime. Il appelle à faire face au pouvoir et n’écarte pas la possibilité d’un coup d’Etat. Êtes-vous du même avis ?
Mohamed Ould Mouloud: Le président Ely Ould Mohamed Vall est une personnalité nationale très avisée. Il a de l’expérience et il est informé de la situation du pays. Il a pris une position très appréciable en faveur du camp des forces démocratiques: le camp du peuple mauritanien. En ce qui nous concerne maintenant, nous considérons que le pays traverse une véritable impasse politique. Nous œuvrons à ce que l’issu soit démocratique et pacifique.
Mais, il est certain que le pouvoir fait tout pour qu’aucun changement pacifique et démocratique ne soit possible. Dans ces conditions-là, il expose le pays au dérapage et à l’instabilité. L’impasse peut dégénérer et aboutir à une situation non souhaitable.
Alakhbar : D’autres voix s’élèvent et prédisent ‘le pire’ au régime ? Qu’est ce qui explique cela, selon vous ?
Mohamed Ould Mouloud: Cela révèle le niveau de danger auquel le pays est exposé ! Ça devient extrêmement grave lorsque qu’on ferme toutes les issues vers un changement positif, surtout dans un pays qui connait une crise multiforme; une crise politique et socioéconomique qui s’ajoute aux tensions identitaires. On peut comparer la situation à une marmite qui bouillonne et dont le couvercle peut sauter à tout instant ! Il ne suffit donc pas, pour Monsieur le président Mohamed Ould Abdel Aziz, de se faire réélire dans une élection qui n’a aucune crédibilité, pour régler le problème. Le pays n’est pas du tout stable.
La Mauritanie est dans une situation telle que s’il n’y a pas de vraies solutions aux problèmes confrontés, le risque sera l’effondrement du pays et de l’Etat.
Alakhbar : L’opposition est-elle toujours disponible au dialogue afin d’éviter cet « effondrement » ?
Mohamed Ould Mouloud: Avec qui nous allons dialoguer ?
Alakhbar : Avec le pouvoir.
Mohamed Ould Mouloud: Le jour où ce régime sera disposé à composer, nous seront là pour trouver des solutions par des moyens pacifiques. Mais force est de constater qu’après avoir signé l’Accord de Dakar, le pouvoir de Ould Abdel Aziz a saboté toutes les discussions et tentatives de dialogue avec l’opposition. C’est le cas avec la COD (Coordination de l’opposition démocratique) en septembre 2013, lors des élections législatives et municipales de novembre-décembre 2013 et le dernier exemple c'est celui du dialogue avec le FNDU avant les présidentielles que le pouvoir a encore saboté. Où est le partenaire au dialogue ?
Alakhbar: Le patron de L’UPR a parlé de la «dislocation» de l’opposition « boycottiste ». Cela est-il vrai ?
Mohamed Ould Mouloud: L’UPR (Union Pour la République - au pouvoir) doit éviter d’évoquer cette question qui renvoie à sa propre situation. L’UPR s’est disloqué lui-même et se disloque après chaque élection. Par contre, l’opposition se porte bien ! Nous sommes très unis et nous avons le soutien du peuple mauritanien qui s’était exprimé de façon incontestable à travers la marche du 4 juin. Tout le monde est unanime à considérer que la capitale Nouakchott n’avait jamais connu une telle sortie. Le peuple a aussi répondu effectivement à notre appel au boycott des élections présidentielles du 21 juin 2014. Les observateurs sont unanimes là-dessus.
C’est donc le camp adverse qui est appelé à se disloquer. Et puis, l’UPR n’avait rien à proposer aux Mauritaniens durant ces élections. Le président-candidat n’avait rien en perspective. Il s’était préoccupé d’une seule chose; c’était de combattre cette force montante que constitue le FNDU et le reste de l’opposition démocratique. Je pense que le camp adverse n’est pas uni par conviction, mais plutôt dans la crainte ou pour défendre des ambitions purement personnelles. Et vous savez que la crainte et les ambitions personnelles ne sont pas un ciment très fort. Vous verrez, en cas de changement de pouvoir, il est certain que le camp de Ould Abdel Aziz ne restera pas avec ce dernier dans l’opposition.
Aussi, Ould Mouloud qualifie, dans cette interview à Alakhbar, la situation du pays d’« instable » et la comparer à « une marmite qui bouillonne et dont le couvercle risque de sauter à tout instant ! ».
Alakhbar : Quelle est la nouvelle stratégie de l’opposition après les présidentielles qu’elle a boycottées ?
Mohamed Ould Mouloud: Il y d’abord un constat à faire. D’un côté, nous avons un président, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est imposé en empêchant le peuple mauritanien de s’exprimer librement, parce qu’il n’a pas voulu d’élections transparentes, libres et consensuelles. Le scrutin présidentiel du 21 juin 2014 est assimilable à un nouveau coup d’Etat, après celui de 2008 mené par ce même Ould Abdel Aziz. Nous avons donc un président qui fait face à son peuple auquel il empêche de décider de son destin.
De l’autre côté, nous avons un large front démocratique qui est la conscience de la nation et qui est soucieux de préserver toutes les chances d’une transformation démocratique et pacifique pour ce pays. Ce front, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), est en train de déterminer une nouvelle stratégie que je ne pourrai pas définir à sa place. Mais ce sera une stratégie de lutte pacifique et de rassemblement le plus large des forces démocratiques mauritaniennes. Une stratégie qui cherchera, effectivement, qu’il ait un changement démocratique, authentique et pacifique.
Alakhbar : L’ancien président de la transition de 2005, Ely Ould Mohamed Vall, estime, après ces élections, que le dialogue est inutile avec le régime. Il appelle à faire face au pouvoir et n’écarte pas la possibilité d’un coup d’Etat. Êtes-vous du même avis ?
Mohamed Ould Mouloud: Le président Ely Ould Mohamed Vall est une personnalité nationale très avisée. Il a de l’expérience et il est informé de la situation du pays. Il a pris une position très appréciable en faveur du camp des forces démocratiques: le camp du peuple mauritanien. En ce qui nous concerne maintenant, nous considérons que le pays traverse une véritable impasse politique. Nous œuvrons à ce que l’issu soit démocratique et pacifique.
Mais, il est certain que le pouvoir fait tout pour qu’aucun changement pacifique et démocratique ne soit possible. Dans ces conditions-là, il expose le pays au dérapage et à l’instabilité. L’impasse peut dégénérer et aboutir à une situation non souhaitable.
Alakhbar : D’autres voix s’élèvent et prédisent ‘le pire’ au régime ? Qu’est ce qui explique cela, selon vous ?
Mohamed Ould Mouloud: Cela révèle le niveau de danger auquel le pays est exposé ! Ça devient extrêmement grave lorsque qu’on ferme toutes les issues vers un changement positif, surtout dans un pays qui connait une crise multiforme; une crise politique et socioéconomique qui s’ajoute aux tensions identitaires. On peut comparer la situation à une marmite qui bouillonne et dont le couvercle peut sauter à tout instant ! Il ne suffit donc pas, pour Monsieur le président Mohamed Ould Abdel Aziz, de se faire réélire dans une élection qui n’a aucune crédibilité, pour régler le problème. Le pays n’est pas du tout stable.
La Mauritanie est dans une situation telle que s’il n’y a pas de vraies solutions aux problèmes confrontés, le risque sera l’effondrement du pays et de l’Etat.
Alakhbar : L’opposition est-elle toujours disponible au dialogue afin d’éviter cet « effondrement » ?
Mohamed Ould Mouloud: Avec qui nous allons dialoguer ?
Alakhbar : Avec le pouvoir.
Mohamed Ould Mouloud: Le jour où ce régime sera disposé à composer, nous seront là pour trouver des solutions par des moyens pacifiques. Mais force est de constater qu’après avoir signé l’Accord de Dakar, le pouvoir de Ould Abdel Aziz a saboté toutes les discussions et tentatives de dialogue avec l’opposition. C’est le cas avec la COD (Coordination de l’opposition démocratique) en septembre 2013, lors des élections législatives et municipales de novembre-décembre 2013 et le dernier exemple c'est celui du dialogue avec le FNDU avant les présidentielles que le pouvoir a encore saboté. Où est le partenaire au dialogue ?
Alakhbar: Le patron de L’UPR a parlé de la «dislocation» de l’opposition « boycottiste ». Cela est-il vrai ?
Mohamed Ould Mouloud: L’UPR (Union Pour la République - au pouvoir) doit éviter d’évoquer cette question qui renvoie à sa propre situation. L’UPR s’est disloqué lui-même et se disloque après chaque élection. Par contre, l’opposition se porte bien ! Nous sommes très unis et nous avons le soutien du peuple mauritanien qui s’était exprimé de façon incontestable à travers la marche du 4 juin. Tout le monde est unanime à considérer que la capitale Nouakchott n’avait jamais connu une telle sortie. Le peuple a aussi répondu effectivement à notre appel au boycott des élections présidentielles du 21 juin 2014. Les observateurs sont unanimes là-dessus.
C’est donc le camp adverse qui est appelé à se disloquer. Et puis, l’UPR n’avait rien à proposer aux Mauritaniens durant ces élections. Le président-candidat n’avait rien en perspective. Il s’était préoccupé d’une seule chose; c’était de combattre cette force montante que constitue le FNDU et le reste de l’opposition démocratique. Je pense que le camp adverse n’est pas uni par conviction, mais plutôt dans la crainte ou pour défendre des ambitions purement personnelles. Et vous savez que la crainte et les ambitions personnelles ne sont pas un ciment très fort. Vous verrez, en cas de changement de pouvoir, il est certain que le camp de Ould Abdel Aziz ne restera pas avec ce dernier dans l’opposition.
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