jeudi 31 juillet 2014

chronique d'Ould Kaïge - publié déjà dans le Calame . 27 Avril & 4 Mai 2010



64 .





Arrestation de chefs de l’opposition islamiste
&
Election du président de chacune des assemblées
et formation du gouvernement
à la suite du premier scrutin présidentiel pluraliste


Le 25 Avril 2005, deux des chefs du Mouvement islamiste mauritanien sont « interpellés » : Mohamed El Hacen Ould Dedaw, guide spirituel au prestige et à l’autorité incontestés, et Moktar Ould Mohamed Moussa. Déjà, le 2 Novembre 2004, ils avaient été arrêtés sous l’accusation d’avoir publié des photos sur des cas de torture [1], et inculpés pour « connivence dans la falsification et la constitution de documents de nature à provoquer des troubles à l’ordre, porter préjudice à la sécurité intérieure et extérieure, et porter atteinte à un ordre constitué ». Ils avaient été libérés le 13 Février 2005, après une laborieuse et très irrégulière procédure n’ayant abouti à aucun procès ni jugement : simple mise en liberté provisoire. Emprisonné alors en même temps qu’eux, Jemil Ould Mansour échappe à cette nouvelle arrestation et téléphone même à l’A.F.P., d’un lieu tenu secret, pour avertir du sort de ses compagnons, dénoncer « une fuite en avant du régime ». Pour lui, la réélection présidentielle de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, à la suite de la tentative de son renversement les 7 et 8 Juin 2003, n’a pas enrayé le déclin d’un régime de presque vingt ans : « au lieu de jouer l’apaisement et l’ouverture auxquels toute la classe politique s’attend, le gouvernement a choisi l’escalade avec le mouvement islamiste qui est très important et pesant sur l’échiquier national ». Il ajoute : « Nous savons qu’il s’agit d’un cadeau offert au ministre irsaëlien des Affaires étrangères attendu en visite en Mauritanie ». De fait, le 16 Avril précédent, le ministre des Affaires étrangères mauritanien, Mohamed Vall Ould Bellaï, avait indiqué que son homologue israëlien, Sylvan Shalom viendrait au début de Mai, après une première visite en Octobre 2002. Annonce faite, non sans audace, en conférence de presse commune avec le ministre yéménite venu à Nouakchott pour présider la commission mixte de coopération et la situant dans le cadre de « l’effort commun arabe de recherche de la paix avexc Israël sur la base d’une stratégie que les pays arabes se sont fixés ».

Les autorités d’alors, au contraire, font savoir officieusement que ces arrestations sont en rapport avec une enquête concernant six à huit jeunes islamistes écroués depuis plusieurs semaines. En réalité, le pays depuis la tentative des « Cavaliers du changement » conduits par l’ex- commandant Saleh Ould Hanena, est en train de vivre une succession d’arrestations (plus de cent quatre vingt en Août 2004 liées, sembla-t-il, à un nouvel essai de putsch) et de procès. Celui de Ouad Naga – amalgamant cent quatre vingt-quinze prévenus ! anciens militaires et des personnalités politiques civiles de premier plan, telle Ahmed Ould Daddah, Mohamed Khouna Ould Haïdalla et Cheikh El Moctar Ould Horma arrêtées le 27 Décembre 2004 – vient de tourner au ridicule du régime : les politiques ont été spectaculairement acquittés, alors que le 6 Janvier 2005 avaient requis contre chacun cinq ans de prison ferme (le terme du mandat présidentiel alors en cours…) [2]. Les juges d’une cour criminelle paramilitaire se sont émancipés mais il y a eu deux poids et deux mesures, en sorte que la prison attenante à la salle des délibérations risque de devenir un mouroir [3] comme à Jreida ou à Oualata, pendant « les années de braise ». Les conditions dans la prison dite de Beïla, à Nouakchott, ne sont d’ailleurs pas meilleures, et Ould Dedaw de santé fragile, en souffre particulièrement au scandale général. Des grèves de la faim ont commencé à partir du 18 Mars. En fait, le régime s’inquiète de la détérioration de son autorité et de son image, à tous les points de vue : ainsi le 13 Avril, a-t-il dû relâcher trois militants des droits de l‘homme : un journaliste, une enseignante et l’épouse d’un opposant qui avaient été arrêtés un mois avant pour avoir recueilli par écrit le témoignage de Jabhalla Mint Mohamed, une bergère mariée et mère de deux enfants, qui aurait été maintenue en esclavage par une famille plus aisée… [4]

L’amalgame des islamistes à d’autres causes est donc analogue à celui des prévenus d’Ouad Naga. A la veille de la tentative de Juin 2003, s’était ouvert le 3, le procès de plus de trente personnes à Nouakchott accusées de complot contre le regime constitutionnel, d’incitation aux atteintes à l'ordre public interieur et à la sécurité extérieure de l'Etat, puis finalement de constitution d'association non autorisée… Du 30 Avril au 3 Mai 2003, les dirigeants du parti Nouahoud avaient été arrêtés et le siège perquisitionné, mis à sac. Le 4 Mai, Mohamed Jemil Ould Mansour, maire de Arafat, qui était alors un des élu R.F.D. présidé par Ahmed Ould Daddah, et membre du comité permanent de ce parti, avait été arrêté. Ce sont bien les personnalités que l’on pourchasse en régime autoritaire, quelles que soient leurs étiquettes politiques. Le 5, Mohamed El Hacen Ould Dedaw avait, pour la première fois de sa vie, lui aussi été arrêté, puis plusieurs imams de mosquée, le tout asssorti de propos violents autant qu’incohérents du ministre de l’Orientation islamique finalement limogé.

L’ambiance du printemps de 2003 avait été – momentanément – purgée par une tentative sanglante de renversement du régime, celle de 2005 paraît orienter autrement le pays puisque les autorités finissent par saluer les résultats d’un « forum » qui avait réuni opposition et majorité les 11 et 12 Avril, le qualifiant d’ « événement important et de pas décisif vers une véritable démocratie » : quel aveu quatorze après l’adoption d’une Constitution… tandis que, sans se démonter, Jemil Ould Mansour rejette, par téléphone à nouveau [5], toutes les accusations portées contre les dirigeants islamistes arrêtés, à présent plus de vingt… « le gouvernement les a inventées de toutes pièces ». Le ministre de la Communication, Hamoud Ould Abdi,  avait prétendu que le groupe « démantelé (planifiait) des actions terroristes » pour le compte des salafistes et des Frères musulmans. Pour Jemil Ould Mansour, « ces affabulations ne sont pas nouvelles, mais elles ont la particularité d’intervenir au moment où l’Occident cherche à nouer des contacts avec les mouvements islamistes qui prônent le dialogue et la non-violence, à l’image du Mouvement islamiste mauritanien. » En fait, le nouveau parti, qui jouera dans quelques années un rôle décisif dans la tentative démocratique qu’a incarnée le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, «  ne renoncera jamais à ses choix politiques basés sur l’Islam, dans le cadre d’un pluralisme démocratique véritable ». C’est donc l’enjeu et le coup du 3 Août 2005 fera se rencontrer, pour une seconde « transition démocratique » après celle de 1991, la contestation de l’autocrate par ses collaborateurs militaires intimes et l’aspiration de plus en plus évidente des Mauritaniens et de leurs élites pour un Etat de droit. En l’attendant, la police intervient dans les mosquées, notamment à Arafat, le 28 Avril pour empêcher tout rassemblement de soutien aux détenus, illustres ou du rang. Un député, vie-président du R.F.D., Mohamed Mahmoud Ould Ematt, est même arrêté le 29 pour quelques heures.

C’est dans ce contexte que devait arriver, à Nouakchott, le 1er Mai 2005, le ministre israëlien des Affaires étrangères et que le 2, une manifestation du « Pacte national pour la défense de la Palestine et de l’Irak », repréenté par Cheikh Baye Ould Dowla, est réprimée, tandis qu’une « Initiative étudiante contre l’infiltration sioniste en Mauritanie », prend le relais. L’ambassade israëlienne minimise ces mouvements, tandis que l’attention se reporte sur des vols d’armes en gendarmerie, le 29 Avril, à Aïoun-el-Atrouss, et la fuite d’autres « islamistes » vers le Mali : on les fait passer pour une branche d’Al Qaïda. Finalement, Sylva Shalom ne passe que quelques heures, le 3 Mai, à Nouakchott et le Parti républicain démocratique et social, le P.R.D.S. soutenant le régime, appelle le 9 à « une mobilisation générale des religieux et de l’opinion publique ». Les oulémas sont priés d’ « éclairer l’opinion publique sur les dangers que constituent ces phénomènes séditieux pour notre peuple. » Pour la police mauritanienne, pas de doute, Al Qaïda recrute pour l’Irak, l’Afghanistan et des formations préalables dans les camps du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, G.S.P.C.

Mais pour l’organisation internationale non gouvernementale, qu’est l’International crisis group (I.C.G.), « la communauté internationale devrait se rendre compte que la menace terroriste existe à peine en Mauritanie, mais que des politiques erronnées pourraient contribuer à son émergence…En laissant croire que les islamistes sont liés aux rebelles armés, Ould Taya court le risque de mener l’Etat dans une impasse, le rendant dangereusement dépendant du seul soutien des Etats, malgré un mécontentement local croissant. Malgré l’approche répressive du régime, le nombre de sympathisants islamistes augmente et un mouvement islamiste pluriel se développe en Mauritanie. Une manière pour le gouvernement de détendre la situation et de rétablir la légitimité de l’Etat serait de cesser d’employer l’Islam comme prétexte pour interdire n’importe quel parti qui en réfère à l’Islam » [6]. Pour Hugh Roberts, directeur du projet Afrique du nord de l’I.C.G. : «  Au lieu de se concentrer seulement sur l’aspect militaire de sa ‘guerre contre le terrorisme’, les Etats-Unis, en association avec l’Union européenne, devraient encourager le gouvernement mauritanien à faire face à ses défis socio-économiques et culturels, et, surtout, ils devraient l’aider dans cette démarche ». Le putschiste de 1978 et de 1984, légitimé au sens de la « communauté internationale » par trois élections présidentielles, continuera de faire tout le contraire : ce sont ses derniers mois d’exercice du pouvoir.




Il avait été décidé que la « transition démocratique » de 2005-2007 se distinguerait de la première (celle de 1991-1992) en émancipant l’élection du nouveau Parlement du scrutin présidentiel ; elle le précèderait. D’autre part, les candidats pourraient être « indépendants » des partis [7] et se présenter donc sans eux, ni, une fois élu, sans obligation d’adhérer à un groupe plutôt qu’à un autre. Le système contraire, qui avait eu cours depuis les lois électorales du 7 Octobre 1991, loin de favoriser les partis soumis à autorisation par arrêté ministériel et dissous ou interdits par décret, permettait donc à tout moment d’écarter un ou plusieurs candidats tout simplement en supprimant le parti dont ils avaient l’étiquette. Elus respectivement les 19 Novembre et 3 Décembre 2006, et les 21 Janvier et 4 Février 2007, les députés et les sénateurs n’étaient pas entrés aussitôt en fonction et surtout n’avaient pas été élus selon les indications d’un président déjà en place qui indique les soutiens dont il a besoin pour remplir son mandat.  Cette façon de faire s’est révélée à l’usage de 2007-2008, désastreuse : le premier président élu par un scrutin pluraliste et internationalement contrôlé, en sus du bon fonctionnement d’une Commission nationale électorale indépendante (C.E.N.I.) nommée par consensus, s’est trouvé sans majorité parlementaire qui lui soit propre quand il a pris ses hautes fonctions, le 19 Avril 2007. Les quinze mois d’exercice effectif de la présidence de la République par Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi sont donc entravés dès le début. De surcroît, personne ne l’emportant au premier tour, la distribution des autres grandes fonctions politique doit tout au second tour de l’élection présidentielle, le 25 Mars 2007. L’écart entre les deux candidats restés en lice pour le second tour est faible au premier : quoiqu’en tête, Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’a obtenu que 24,79% des voix et Ahmed Ould Daddah, il est vrai favori, que 20,68%. Les reports de voix sont censément décisifs dans un pays de vieille tradition démocratique. S’ils ont correspondu en 2007 aux appels des personnalités éliminées, ce serait certainement un signe de maturité. 

Le premier tour – le 11 Mars – avait accordé la troisième place, avec 15,27 % des voix au cadet des candidats : Zeïne Ould Zeidane, né en 1966 à Nouakchott, qui venait d’être gouverneur de la Banque centrale (de Juillet 2004 à Septembre 2006), donc nommé par le régime renversé le 3 Août 2005. Il avait résigné ses fonctions pour se porter candidat, et parut un temps avoir la faveur de la junte. Manquant le poste suprême, il revendique la place de Premier ministre et est pressé. Son score et la faveur des militaires le rendent décisif : il fera élire le nouveau président de la République. Il se tourne vers le candidat de tête, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, mais ne lui promet son soutien qu’en contrepartie d’un accord signé portant sur l’ensemble de la législature : il serait Premier Ministre et une partie de son programme serait prise en compte. Les colonels poussaient à cet accord, représentant à Sidi Ould Cheikh Abdallahi que l’essentiel serait ce soutien et qu’ensuite, élu, le nouveau président serait libre de faire ce qu’il voudrait, sinon d’ignorer sa propre signature… Sidi Ould Cheikh Abdallahi, sens de sa dignité autant qu’habileté, refusa catégoriquement : il préférait ne pas être élu plutôt que d’accepter le marché. Zeïne Ould Zeidane attendit trente-six heures pour se convaincre que le candidat ne céderait pas. L’accord – écrit – fut donc très différent de celui qu’il proposait. Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne s’engageait qu’à le nommer le premier dans la future succession de Premiers ministres. De fait, Zeïne Ould Zidane ne gouverna qu’un an et son renvoi mécontenta certainement les militaires mais le Président de la République qui avait conservé, par devers lui, la lettre de l’accord, ne la transgressait pas, contrairement à ce qu’il fut prétendu.

Nommé dès le 20, Zeine Ould Zeïdane forme le gouvernement le 28 Avril 2007 [8].


Conrairement à l’image qui en a été répandue, le nouveau Président de la République n’est ni un faible ni un autoritaire. Pour ceux qui ne l’ont pas trahi, il apparaît un homme de principes et de patience, décidé à enraciner, très pratiquement, des comportements constitutionnels et démocratiques. Arrivant au pouvoir, conscient de ce que trente ans de régimes autoritaires ont produit sur le pays et sur ses compatriotes, il est – dans son for intérieur – très tenté par la formation d'un Gouvernement d'union nationale. La majorité parlementaire, précisément parce qu’elle est composée d'indépendants, l'ayant appris, pèse aussitôt pour qu’il ne le fasse pas. Mais ce qui est déterminant pour que l’élu du 25 Mars 2007 ne forme pas un gouvernement de la nature qu’il veut, c'est l'impossibilité technique de le faire. Aucun des indépendants qui entrerait au gouvernement ne serait considéré par d'autres indépendants comme les représentant et ceux-ci en voudraient, d’emblée, au nouveau pouvoir de ne pas les avoir nommés de préférence aux premiers. Il faudra donc que Sidi Ould Cheikh Abdallahi attende la création du parti ADIL pour former ce gouvernement politique, largement ouvert à l'opposition. Malheureusement, le R.F.D. d’Ahmed Ould Daddah choisira de ne pas y entrer, contrairement à l'U.F.P. de Mohamed Ould Moloud et les Islamistes (Tawassoul).

Le Président demande donc au nouveau Premier ministre de ne pas former un gouvernement politique : il sera présenté comme une équipe de techniciens. Zeïne Ould Zeidane doit donc lui proposer des cadres compétents, non soupçonnés d'avoir fait de la mauvaise gestion et n'ayant pas été mêlé à des querelles politiques. Il y en a, heureusement… le Président lui fait, de son côté, connaître ceux qu’il destine à la présidence de la République, à l'Intérieur (pour lequel il a choisi un compatriote du Fleuve, en prévision du retour des réfugiés au Sénégal et au Mali), à la Défense (ce doit être l’inamovible Mohalmed Mahmoud Ould Mohamed Lemine), à la Justice  (mais la personnalité pressentie préfère demeurer à la Banque Mondiale, le susbtitut sera trouvé par le Premier ministre et le Président, ensemble), aux Affaires Etrangères (mais en accord avec le Premier ministre) et aux Finances. Messaoud Ould Boulkheir communique le nom des quatre siens, comme convenu pour son soutien en vue du second tour. Les autres nominations sont faites, sur proposition du Premier ministre, éventuellement avec une alternative quand un premier nom n’agrée pas le Président. Ce dernier ne fait la connaissance de la plupart des futurs ministres qu’au moment de leur proposer leur portefeuille… tous ne seront pas reconduits dans le premier gouvernement  Waghf. Celui-ci sera de nature toute différente : explicitement politique, et les différents partis – ceux ayant accepté le principe d’en faire partie – auront donc proposé  des noms. Ce n’est que pour former le second gouvernement Waghf, que le Président consultera les généraux et tiendra compte de leur avis des généraux, précisément en vue de mettre fin à la crise. Les militaires ont donc pu, alors – à quelques jours du coup – récuser certaines personnalités et en  suggérer d'autres. A la manière de Moktar Ould Daddah, ne nommant qui que ce soit qui n’ait d’abord donné son accord, ne renvoyant jamais quelqu'un sans lui en avoir directement donné auparavant les raisons, Sidi Ould Cheikh Abdallahi pratique, par conviction, la délégation des pouvoirs et a demandé au très jeune Premier ministre d'en faire autant, lui-même et chacun de ses ministres. Il aurait fallu du temps pour faire accepter autre chose qu'une concentration forte des pouvoirs, signe pour beaucoup de l'autorité, de la force – en Mauritanie... et ailleurs.

L’équipe ne comprend donc aucune des personnalités marquantes des gouvernements précédents qu’ils aient été ceux du colonel Ould Taya, ou ceux du colonel Ely Ould Mohame Vall. Elle ne comprend pas non plus de proches d’Ahmed Ould Daddah, l’adversaire du second tour. Le clivage majorité/opposition est donc clair. A celui qui compte donc, alors, trois défaites à l’élection présidentielle mais aurait dû l’emporter en 1992, selon beaucoup, il est – de droit – attribué  ce qui avait été imaginé pendant la « transition démocratique » : le rôle de chef de file de l’oppostion pour la personnalité présidant la formation la plus représentée au Parlement. Le R.F.D. a quinze députés sur 95 à l’Assemblée, et onze sur 53 au Sénat. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi fait prendre les textes nécessaires dès sa propre prise de fonction, dispositions prévoyant des facilités matérielles que le chef du R.F.D. partagera de fait avec les autres personnalitésde l’opposition, notamment pendant l’année putschiste, et une rencontre au moins trimestrielles avec le chef de l’Etat : ce sera observé pendant les quinze mois de pouvoir de l’élu du 25 Mars 2007, ce ne l’est pas par l’élu du 18 Juillet 2009 – en contravention d’ailleurs avec le chapitre VII des accords dits de Dakar entre les opposants et le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

L’avant-veille, le 26 Avril 2007, Messaoud Ould Boulkheir, arrivé quatrième le 11 Mars, avec près de 10% des suffrages, est élu président de l’Assemblée nationale : selon la Constitution, il l’est pour toute la durée de la législature en sorte qu’il faut dissoudre la Chambre si on veut le remplacer. C’est certainement ce qui fut envisagé à plusieurs reprises d’abord par le putschiste du 6 Août 2008, puisque dès le 10, le président de l’Assemblée nationale avait condamné le fait du coup militaire, puis, le 18, avait déclaré illégale toute session extraordinaire qui ne serait pas convoquée par le président, précisément renversé. Il fait partie aujourd’hui de la Coordination de l’opposition démocratique (C.O.D.), fondée le 5 Décembre 2009, dont il vient d’assumer la présidence tournante jusqu’il y a huit jours. Dissolution encore envisagée à l’automne par l’élu du 18 Juillet 2009 (scrutin où Messaoud Ould Boulkheir obtint la seconde place sans pourtant provoquer un second tour qui eût été électoralement fatal au général Mohamed Ould Abdel Aziz) et que le président de l’Assemblée nationale a fait éviter jusqu’à présent, en reconnaissant le fait accompli à l’ouverture de la première session parlementaire du nouveau mandat, le 9 Novembre 2009 [9]. Son élection a été imposée à la majorité parlementaire – composée d’indépendants réputés pour beaucoup n’avoir été élus que par le soutien des militaires les dispensant de faire allégeance à un parti. Il est élu par 91 voix sur 93 présents (l’effectif total de la chambre « basse » étant de 95 membres), les deux autres voix sont allées respectivement à Babah Ould Ahmed Babou (député de Kobenni) et El Arbi Ould Jideyne (député de Chinguitti), ancien chef d’état-major national, et qui, soutenant le coup du 6 Août 2008, présidera l’Assemblée en tant que vice-président pendant toute l’année putschiste. Un accord également écrit entre Messaoud Ould Boulkheir et le futur président Sidi Ould Cheikh Abdallahi prévoyait que celui-ci, élu, recommanderait ce choix à ses soutiens parlementaires du Mithaq (la Charte), mais ceux-ci n’auraient pas suffi puisque le Rassemblement des forces démocratiques, le R.F.D. présidé par Ahmed Ould Daddah, candidat malheureux pour la troisième fois, dispose de quinze sièges, et que le parti de Messaoud Ould Boulkheir : l’Alliance populaire progressiste A.P.P. compte cinq députés. En sus, ce parti a obtenu quatre portefeuilles dans le gouvernement à former. Toutes promesses tenues (à un portefeuille près), mais au-delà du moment, elles ont manifesté une alliance véritable, toujours valable, puisque Sidi Ould Cheikh Abdallahi, à la suite de sa démission du 26 Juin 2009, a soutenu la candidature présidentielle du président de l’Assemblée nationale.

Arrivé cinquième le 11 Mars, avec 7,94% des voix, soit le meilleur score qu’ait jamais obtenu un candidat originaire de la Vallée du Fleuve, Ibrahima Moctar Sarr n’ayant soutenu personne au second tour et seulement appelé à un gouvernement d’union nationale, ne reçoit rien. Cve gouvernement-même d’union nationale correspond au vœu intime de l’élu du 25 Mars mais le nouveau Président de la République en est empêché et ses soutiens – élus et notables – souhaitent au préalable que soit créé un parti les regroupant et que « bénisse » Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Celui-ci charge du projet Yahya Ould Waghf, seule personnalité de toute l’équipe qui ne se soit pas impliqué avec les précédentes, et il est bien décidé à éviter, précisément que ce soit la reconstitution du « Parti-Etat » qu’avait été le P.R.D.S. pour Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya. Ce ne sera pas compris, ni de l’opposition démocratique, ni des militaires, quand Zeine Ould Zeïdane aura à céder la place et que les islamistes entreront enfin au gouvernement..

Le 27 Avril 2007, c’est l’élection du président du Sénat, elle n’est pas convenue d’avance d’avance mais elle va peser lourd. C’est le député de Maghama, un ancien ministre des Pêches du colonel Ould Taya, après avoir fait partir des rafles d’originaires de la Vallée du Fleuve en Septembre 1986 : Ba Mamadou dit M’Baré. Quarante voix pour lui contre onze au candidat présenté par le R.F.D. : Ahmed Salem Ould Bakar. Le président du Sénat, selon la Constitution, assure l’intérim en cas de vacance de la présidence de la République ou d’empêchement du président. Au lieu de prendre l’intérim dès le 6 Août 2008, quand Sidi Ould Cheikh Abdallahi commence d’être détenu, M’Baré le recevra du putschiste, le 15 Avril 2009, donc pour l’apparence d’un montage légaliste faisant accroire que le général Mohamed Ould Abdel Aziz avait chef de l’Etat jusqu’à démissionner de telles fonctions. Constitutionnellement, le président du Sénat n’aurait dû l’assumer qu’à compter du 26 Juin. Il avait pourtant commencé par être solidaire, au lendemain du putsch, de la position du président de l’Assemblée.



[1] - plusieurs sites internet mauritaniens et Al Jazeera, le 31 Octobre 2004, les ont diffusées 

[2] - la défense assumée par M° Brahim Ould Ebety, de tous les combats de ce genre depuis… 1983, a été décisive

[3] - Depuis  quelques jours, les familles des prisonniers politiques detenus à Ouad Naga se plaignent de la maltraitance, des conditions d'hygiéne déplorables, des tortures, le manque de sommeil et de soins adaptés aux maladies ,ajoutés à tout cela une gréve de la  faim en vue d'obtenir une  amélioration de leurs conditions de detention qui  s'empirent au jour le jour, au seul vouloir des géoliers zélés.
Aujourd'hui même 19 Avril  2005  notre organisation  contre les violations des Droits Humains, ( OCVIDH)  vient de collecter des informations concordantes , attestant, l'ignominie et la terreur et l'inacceptable  dans cette prison mouroir de Ouad Naga.C'est à ce titre de la lutte contre ces abus et traîtements inhumains,et forte  de l'éxpérimence sur l'issue fatale de ces prisons que l'OCVIDH interpelle la communauté internationale pourque drame ne puisse se  reproduire   comme les années 1989, 1990  et 1991 ou plusieurs centaines de militaires et civils ont péri en toute impunité dans ces camps de repressionappel du 19 Avril 2005

[4] - Agence France Presse . 13 Avril 2005 

[5] - Agence France presse . 27 Avril 2005

[6] - Agence France presse . 12 Mai 2005

[7] - ceux-ci faillirent rompre à ce propos avec la junte (le Conseil militaire pour la justice et la démocratie) qui au contraire y tenait mordicus et l’imposa – l’avenir a montré que ce point est décisif pour la démocratie, l’actuelle Assemblée nationale est toujours celle élue à la fin de 2006 : « 4° Le problème des candidatures indépendantes demeure posé et doit faire l’objet de concertation entre le Pouvoir de transition et les  partis politiques. Il ne s’agit pas à propos de cette question d’un débat juridique même si l’on peut se prévaloir de la nécessité de justifier la restriction de la règle générale de liberté pour des motifs d’ordre sociologique, historique, culturel et social. Il s’agit en effet d’un débat sur l’opportunité politique dans le contexte actuel du pays. Abstraction de la nécessité de substituer les partis aux oranisations traditionnelles dont on connaît les mérites et les anachronismes, les candidatures indépendantes peuvent aiguiser les conflits locaux, favoriser l’émergence d’un parlement composé d’individus et non de groupes ayant un réflexe collectif et pouvant réfléchir aux problèmes à l’échelle nationale. En tout état de cause, les partis politiques dégagent toute responsabilité en cas d’émergence d’un parlement dominé par quelques trbus, et où , les souches sociales déshéritées, ni les groupes traditionnellement satellites ne figurent. » - point 4 du mémorandum des partis politiques – Mars 2006

[8] - Ministre de la Justice: Limam Ould Teguedi ;
-
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération: Mohamed Saleck Ould Mohamed Lemine ;
-
Ministre de la Défense nationale: Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine ;
-
Ministre de l'Intérieur: Yall Zakaria ;
-
Ministre de l'Economie et des Finances: Abderrahmane Ould Hamma Vezzaz ;
  -
Ministre de l'Education Nationale: Nebghouha Mint Mohamed Vall ;
-
Ministre des Affaires islamiques et de l'Enseignement originel: Ahmed Vall Ould Saleh ;
-
Ministre de l'Emploi, de l'Insertion et de la Formation professionnelle: Cheikh El Kébir Ould Chbih ;
Ministre de l'Equipement, de l'Urbanisme et de l'Habitat: Mohamed Ould Bilal ;
- Ministre des Transports: Ahmed Ould Mohameden ;
-
Ministre de l'Hydraulique, de l'Energie et des TIC:
Oumar Ould Yali ;
-
Ministre de la Culture et de la Communication:
Mohamed Vall Ould Cheikh ;
-
Ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'Administration:
Aziz Ould Dahi ;
- Ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile :
Mohamed Mahmoud Ould Brahim Khlil;
;- Ministre Chargé de la Promotion Féminine, de l'Enfance et de  la Famille : Fatimetou Mint Khattri
 - Ministre chargé de la Jeunesse et des Sports : Mohamed Ould Ahmed Ould Yerg
- Ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Environnement : Aicha Mint Sidi Bouna;
- Ministre délégué auprès du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, chargé du Maghreb arabe : Mohamed El Hafedh Ould Ismael;
- Secrétaire Général du Gouvernement : Abdellahi Ould Limam Maleck
- Commissaire Chargé de la Protection Sociale : Mohamed Ould Mohamedou
- Délégué Général pour la Promotion de l'Investissement Privé : Mohamed Abdellahi Ould Yaha
 
[9] - vous n'êtes pas sans savoir que je me suis abstenu depuis le 20 Août 2008, de présider tout travail parlementaire, et ce après m'être opposé, par principe, à toute forme de collaboration avec un régime militaire qui a subitement mis fin à une expérience démocratique saluée par tous aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Un coup d'Etat qui a plongé le pays dans une phase d'instabilité interne et d'isolement politique et économique externe. Néanmoins, grâce à Allah le Tout Puissant, à la sagesse des fils du pays et la solidarité de pays frères et amis, la Mauritanie a pu dépasser cette phase dangereuse de son histoire en organisant les élections du 18 Juillet 2009, réussissant ainsi à désamorcer une crise constitutionnelle qui était de nature à saper les fondements même de son unité nationale. Frères et soeurs, je considère sincèrement que les résultats issus de telles élections, en dépit des réserves que j'ai personnellement exprimées au lendemain de leur parution, constituent un important acquis que nous devons tous préserver tout en développant l'ouverture et le dialogue entre tous les courants politiques et sociaux et ce dans l'intérêt de notre pays, de sa stabilité politique et de son émancipation sociale, deux conditions essentielles pour tout développement économique. AMI extraits du discours

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