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1er Juillet 1957
& 5 Juillet 1980
L’appel aux Mauritaniens de la Tiris el Gharbia à l’Azaouad
&
Décisions du Comité
militaire pour l’éradication de l’esclavage
Le 1er
Juillet 1957 – seulement accompagné de Villandre et Ahmed Bazeid Ould Ahmed
Miske, ses directeur et chef de cabinet
–, Moktar Ould Daddah, est à Atar : il a été élu par l’Adrar au
printemps, il est vice-président du conseil de gouvernement depuis six
semaines.
C’est avec une
émotion toujours renouvelée, que je me retrouve dans ce cadre de l’Adrar
immortalisé par le poète qui a chanté les noms prestigieux de « Gour
Hamogjar, du Batem, du Dhar Tiffojjar » et surtout au milieu de vous tous
à qui je dois la place que j’occupe maintenant. Je tiens à vous remercier à
nouveau de la confiance que vous m’avez accordée, me permettant ainsi d’accéder
aux plus hautes responsabilités. Je puis vous assurer que cette confiance ne
sera pas déçue. (…) Je vous convie aujourd‘hui à regarder avec moi au-delà de
la falaise du Dhar, au-delà des dûnes de l’Akchar et de l’Azefal, pour
embrasser d’un seul coup tout le « Trab el Beïdane » c’est à dire la Mauritanie.
C’est à dessein
que je choisis l’Adrar pour évoquer, pour la première fois publiquement, des
questions qui intéressent non seulement l’ensemble de notre pays mais débordent
au-delà de ses frontières. La
Mauritanie n’est plus ce vaste désert jadis si difficile à traverser et qui
constituait entre le monde méditerranéen et l’Afrique noire une sorte de
barrière que franchissaient mal les idées et les hommes.
Le discours est fondateur parce que non
seulement la personnalité mauritanienne est affirmée face aux prétentions du
Maroc, mais un appel est lancé aux populations maures vivant dans l’ensemble du
Sahara, quelles que soient les frontières coloniales ou inter-territoriales. Il
évoque en effet «une même communauté de
l’Atlantique au Soudan. » : « cette solidarité déborde nos frontières, elle englobe les populations
Maures du Sahara Espagnol et des confins Marocains ».
Je convie donc
nos frères du Sahara espagnol à songer à cette grande Mauritanie économique et
spirituelle à laquelle nous ne pouvons pas ne pas penser dès maintenant. Je
leur adresse et je vous demande de le leur répéter, un message d’amitié, un
appel à la concorde de tous les Maures de l’Atlantique à l’Azaouad et du Draa
aux rives du Sénégal.
L’heure est
passée des rezzou et des luttes fratricides opposant les uns aux autres.
J’engage nos frères du Tiris, de l’Adrar Soutoff, du Zemmour, de la Séguia El Hamra, de
l’Imrikli, de la Gaad
et du Chebka, à se tourner ensemble vers un avenir commun, à partager avec nous
les heureuses perspectives que nous réservent l’exploitation des richesses de
notre sol et la mise en valeur de notre pays.
L’Adrar et le
Zemmour sont ouverts à leurs troupeaux, nos palmeraies les accueillent pour la
« guetna » ; ils peuvent y venir en sécurité, profiter de
l’hospitalité mauritanienne mais encore faut-il qu’eux aussi accueillent sans
réticence nos troupeaux et nos tentes, lorsque les nécessités du pâturage nous
amènent à nomadiser au-delà de cette limite artificielle qu’est une frontière
que nous voulons voir disparaître de nos cœurs avant qu’elle ne s’efface sur
les cartes.
D’aucun
voudraient que cette hospitalité fût à sens unique et que soit interdit le
Sahara espagnol aux Mauritaniens n’ayant pas fourni l’aide ou donné de gage au
Djich Tharir. D’aucuns même n’ont pas hésité à violer les lois sacrées de
l’hospitalité beïdane pour plaire aux ordres d’étrangers nouveaux venus au
Sahara où ils voudraient imposer leurs lois au nom d’une prétendue libération.
Les Maures ont toujours été des hommes libres. Jamais ils ne se sont laissés
imposer leurs chefs. Ils n’accepteront pas plus ceux-là qui sont aussi dépaysés
dans notre Sahara que nous le sommes nous-mêmes dans leurs bruyantes cités du
nord ; sans doute, sont-ils attirés chez nous par les richesses
découvertes dans notre sol, mais l’appât du gain ne saurait leur servir de
titre de propriété et encore moins leur conférer le droit au
commandement ; si nous accueillons tous ceux qui veulent travailler avec
nous, nous ne voulons à aucun prix recevoir l’ordre d’intrus venus pour nous
dresser les uns contre les autres, se prétendant en cela meilleurs musulmans
que nous.
Ils appliquent
la formule « diviser pour régner » et cherchent à nous lancer dans
une lutte fratricide. Nous ne serons pas dupes. A ces Réguibats du Sahel et du
Charg, nomades de la Ségui
el Hamra et du Rio, Tekna Larroussyines, Oulad Tidrarine, Oulad Delim et Ahel
Cheikh Ma el Aïnin, nous disons : Soyons unis et ne nous laissons plus
divisés par des étrangers.
« Si deux
groupes de croyants se mettent à se faire la guerre, conciliez-les ; si
l’un de ces groupes cherche à opprimer l’autre, battez-vous contre lui jusqu’à
ce qu’il revienne à l’ordre de Dieu ».
Voilà, hommes
de l’Adrar, chres compatriotes et amis, le message de fraternité que je vous
demande de répéter dans tous les campements du Sahel.
Me tournant
maintenant vers le nord, je voudrais de la même façon me faire entendre de nos
voisins et amis marocains.
En votre nom et
au nom de tous les Mauritaniens, je leur adresse notre salut amical et tiens à
les assurer de notre désir sincère d’entretenir avec eux comme avec tous les
peuples voisins les relations de bon voisinage que nous n’avons jamais cessé
d’avoir avec eux. Nous leur demandons de respecter notre personnalité et
l’intégrité de nos frontières comme nous respectons les leurs, de nous laisser
suivre sagement le chemin de notre propre évolution, sans intervenir pour nous
conseiller et nous imposer une destinée dont le choix n’appartient qu’à nous et
à nous seuls.
« Travaillez !
Dieu regarde votre travail, ainsi que son Envoyé et tous les croyants. »
« O
Seigneur, accorde-nous ta miséricorde et donne-nous le succès dans nos
entreprises. ».
Le lendemain,
Moktar Ould Daddah est à Aïn Ben Tili, puis à Fort-Trinquet et Fort-Gouraud. A
vrai dire, le plus difficile n’est pas encore survenu : une opération
militaire franco-espagnole (Ecouvillon) sera nécessaire, dont la jeune équipe
gouvernementale connaîtra peu et après coup seulement, et elle sera suivie du
ralliement officiel de Mohamed V aux thèses de l’Istiqlal. Le conflit devient
international, avant la lettre.
L’intervention
du très jeune chef de gouvernement avait posé la question mauritanienne, tant
vis-à-vis de l’opinion internationale et marocaine, que vis-à-vis de la
métropole française, d’une manière tout à fait différente de celle des élus ou
des autorités.
Certes, il était dûment mandaté. Son texte
avait été adopté sans réserve le 27 Juin par le Conseil de gouvernement tandis
que sur le terrain reprennent les travaux de bornage du Rio de Oro en
commission franco-espagnole. La semaine précédente, le Conseil avait examiné la
situation dans le nord du Territoire et s’était prononcé à l’unanimité pour les
“mises au point nécessaires” : “le Vice-Président se propose de faire une
tournée dans l’Adrar où il aurait l’occasion de prendre publiquement la parole
et de définir la position mauritanienne”.
Mais
Moktar Ould Daddah pouvait surtout s’appuyer sur un fait nouveau coincidant
avec la mise en place des nouvelles institutions. La tentative de coup de main
de l’ “Armée de libération” marocaine – ou plutôt les combats qui se déroulent
du 12 Janvier au 14 Février 1957, le long de la frontière avec le Rio de Oro
pour ”neutraliser” certains groupes de l’A.L. fortuitement repérés [1]
- révèlent soudain de quel côté penche la Haute Mauritanie
; l’action efface le doute. Alors qu’au moment de la « pénétration
française », de 1905 à 1913, l’attentisme du Tagant et de l’Adrar
signifiait pratiquement la complicité, cette fois “les attaques marocaines ont
un effet absolument contraire à celui qu’elles recherchaient, c’est à savoir de
susciter une vigoureuse réaction de défense et l’affirmation encore hésitante
du particularisme, si ce n’est même de nationalisme mauritanien, qui jusqu’à ce
jour pouvait être tenu pour inexistant” [2].
Devant l’ “Armée de Libération”, les guerriers de l’Adrar et du Tagant ont
demandé des armes et surtout ont empêché les éléments de cette dernière de se
diluer dans la population mauritanienne : la tactique du “poisson dans l’eau”
comme les allégations d’Horma Ould Babana et de l’Istiqlal ont perdu tout
fondement sur le terrain, dès leur première épreuve. Il ne peut plus être
question de séparer les “goumiers mercenaires” de l’ensemble des tribus
guerrières, ce qui est d’autant plus remarquable que l’année précédente encore,
l’Adrar n’avait pas renié Horma Ould Babana au moment de l’élection du député à
l’Assemblée nationale française. [3]
“Les assaillants avaient l’illusion qu’ils ne rencontreraient pas grande
résistance de la part des autochtones et même peut-être que ceux-ci
s’ajouteraient à eux” ; or “toutes les tribus ... toutes ont eu la même volonté
de lutter contre l’adversaire commun”[4].
Cette analyse du député est reprise par le Ministre de la France d’Outre-mer. Mais la
démonstration de loyalisme n’est pas le seul fait que notent les porte-paroles
du Territoire : la résistance frontalière est la défense ”au prix de n’importe
quels sacrifices” du “patrimoine de nos pères” [5].
Ces appréciations des événements de l’Adrar ne sont pas seulement celles du
Tzarza, mais aussi des gens du Hodh et de partout ailleurs : Hamoud ould
Ahmedou assure à l’instar de Sidi el Moktar N’Diaye et de Souleymane ould
Cheikh Sidya : “sans doute les liens culturels et religieux nous relient-ils au
Maroc, mais personne en Mauritanie n’admet les prétentions d’un pays qui ne
sait même pas s’administrer lui-même. Et depuis le dernier rezzou l’unanimité
s’est faite pour condamner ceux qui viennent porter le trouble chez nous” [6].
Le 5
Juillet 1980, sous la présidence du lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould
Haïdalla, la réunion plénière du Comité militaire de salut national (C.M.S.N.), « après
un débat approfondi autour de l’ensemble des aspects de cette question », décide
l’abolition de l’esclavage, moyennant d’éventuelles compensations examinées par
une commission comprenant des oulémas, des économistes et des fonctionnaires.
Les débats ont été provoqués par une prise de conscience générale dans le pays
de la persistance du problème : au marché d’Atar en Mars, il avait été
procédé à la vente aux enchères publiques d’une esclave noire. Le communiqué du
pouvoir militaire indique notamment que :
. « le
CMSN a acquis la ferme conviction qu’une écrasane majorité de nos ouléms, tout
en reconnaissant le bien fondé de l’esclavage tel qu’il est énoncé dans la
cheriaa islamique émettent des réserves sur ses origines en Mauritanie et les
conditions dans lesquelles l’esclavage est pratiqué dans notre pays »
. « les
oulémas estiment que l’Etat peut se substituer aux maîtres pour affranchir
leurs esclaves, tout comme il a compétence pour exproprier les biens
individuels dans l’intérêt de la nation »
. « l’esclavage
constitue l’un des problèmes les plus importants qu’affronte notre société et
une maladie anachronique qui continue à obstruer la voie des efforts déployés
dans le sens de la réalisation de nos objectifs d’indépendance nationale et de
justice sociale ».
La décision du
régime militaire parut pour l'étranger l’aveu d’une réalité qui donne une image
commode d'un pays peu connu. Propre aux clichés, sous couvert de traditions
qu'on ne cherche pas à comprendre, qui flattent les penchants pour
l'exotisme, alimentent l'esprit de supériorité, et qui permettent surtout
de ne pas étudier les politiques mises en oeuvre pour transformer ce qui eut
son fond prétendûment traditionnel. Pour les nationaux, c’était surtout la constatation que le
problème n’était pas réglé – ce qu’avait proclamé d’ailleurs El Hor [7]
et ce que continueront ensuite à publier les F.L.A.M.
En réalité, le Comité militaire n’a pas
été le premier. Moktar Ould Daddah s’y était employé, mais le plus concrètement
possible et dans le cadre du Parti. La Charte adoptée au congrès des 15-22 Août 1975
dispose que “ tout travail non rémunéré, non contractuel, non
garanti, qu’il s’agisse de domesticité, de métayage ou de gardiennage de
troupeaux, doit être éliminé ”. La
première Constitution d’Etat indépendant, celle du 20 Mai 1961, en son article
1er, alinéa 2, supprime, de jure,
l’esclavage en proclamant “ La République assure à tous les citoyens, sans distinction de
race, de religion ou de condition sociale, l’égalité devant la loi ”.
Le président-fondateur explique [8]
que – citation –
« pour des raisons conjoncturelles –
l’examen de notre candidature aux Nations Unies et les menaces intérieures et
extérieures contre notre unité nationale naissante et l’intégrité territoriale
de notre pays - cette suppression n’était pas suffisamment explicite.
Néanmoins, pour nous, elle était réelle dans son principe. Raison pour laquelle
le Parti et le Gouvernement ont, dès le début, mené une politique anti-esclavagiste,
discrète certes mais véritable et conforme à l’Islam originel et à la Constitution de 1961.
Cependant, pour éviter de graves troubles que n’auraient pas manqué de
provoquer une attaque frontale du problème, attaque dont nous n’avions ni les
moyens judiciaires, ni les moyens policiers, nous avons du biaiser. Et alterner
la persuasion et la fermeté, suivant les cas. Dans ce sens, des directives ont
été données aux responsables politiques et administratifs. Ainsi, la fermeté
était-elle prescrite aux autorités administratives et policières (gendarmerie
et police) saisies de cas concrets. Lesquels cas devaient toujours être
tranchés en faveur “des serviteurs” auxquels il devait être rappelé - tout
comme à “leurs maîtres” - qu’ils étaient complètement libres.
Dans
le même esprit, le ministre de la
Justice, par circulaire n°
8 du 5 Décembre 1969 dessaisissait les cadis de tous les cas concernant
“ la main d’oeuvre servile ”. Cas qui devaient relever exclusivement des
tribunaux de droit moderne. La circulaire, dont j’avais personnellement pesé
chaque terme, fut signée par deux Gardes des Sceaux successifs [9] ;
je tenais en effet d’une part à ce que la répétition ancre le principe dans les
esprits, et d’autre part à ce que la hiérarchie de nos magistrats soit directement
responsabilisée par le ministre. L’importance de la question et l’ampleur des
critiques souvent mal informées me conduisent à donner ici l’intégralité de ce
texte [10].
O b j e t : Main d’œuvre servile.
Mon attention a été attirée sur certains
litiges nés à propos de l’utilisation de la main d’œuvre servile.
A cette occasion, je crois devoir vous
rappeler que l’avènement à l’indépendance dans tous les Etats modernes a
toujours consacré la suppression systématique de l’escalavage ainsi que celles
de toutes les pratiques analogues. Aux idées réactionnaires artificielles, on
pourrait obbjecter facilement que l’escalavage avait été à l’origine autorisé
dans le Livre saint en vue de faciliter la soumission des infidèles et par
suite leur conversion à la religion musulmane ; que cette
« arme » devait être conbsidérée comme un moyen et non comme une
fin ; que, de ce fait, l’esclavage n’aurait plus sa raison d’être dans une
société musulmane à cent pour cent, que sa pratique est donc incompatible avec le nouvel ordre
social tel qu’il est défini par la Constitution et les lois de la République prises dans
le cadre de la Charte
des Nations Unies et des conventions internationales.
En effet, la Constitution du 20
Mai 1961, après avoir fait référence, dans son préambule, à la Déclaration française
de 1789 sur les droits de l’homme, et à la Déclaration
universelle du 10 Décembre 1948 affirme, en son article 1er alinéa
2 : « La
République Islamique de Mauritanie assure à tous les
citoyens sans distinction de race, de religion ou condition
sociale, l’égalité devant la loi ».
Cette disposition constitutionnelle
vient donc supprimer, de façon claire et sans équivoque, toute
discrimination raciale, religieuse ou sociale, et elle s’impose, non
seulement dans l’application de la loi moderne, mais aussi dans l’application
de la loi musulmane et droit coutumier qui ne sont, somme toute, qu’une partie
intégrante du droit national mauritanien.
Dans le domaine social proprement dit,
une loi de 1963 instituant un Code du travil en République Islamique de
Mauritanie, interdit formellement le travail forcé ou obligatoire en
donnant à cette fâcheuse institution la même définition que celle donnée dans
les conventions internationales de 1926 et de 1956, je cite : « tout
travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et
pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré ». Fin de
citation.
De même, le Code pénal actuellement en
vigueur en République Islamique de Mauritanie réprime, sous des qualifications
tantôt correctionnelles, tantôt criminelles, toute atteinte à la liberté
d’autrui ainsi que tout acte de brutalité et de menace.
En particulier, toutes les conventions
ayant pour objet d’aliéner la liberté d’une personne, sont réprimées par ce Code.
Or, j’apprends que certaines personnes
présentent souvent aux autorités cette question « serviteur » sous
des aspects divers et artificiels. Les cas suivants seraient les plus
fréquents :
- parfois, il s’agit d’un
« maître » qui s’approprie les bien de son « serviteur »,
sous le fallacieux prétexte que celui-ci, lui-même objet de propriété, ne
pourrait rien posséder qui n’appartienne à « son patron »,
- tantôt, le « maître » tente
d’empêcher le mariage de ses « serviteurs » si son consentement n’est
pas demandé au préalable,
- tantôt, il s’agit d’un
« maître » qui cherche vainement à rétablir son autorité sur ses
prétendus serviteurs en « fuite » et il invoque à leur encontre de
prétendues « créances » s’il ne les accuse pas, devant la juridiction
répressive, de détournement ou de vol,
- tantôt enfin, il s’agit de conventions
passées effectivement et ayant pour cause ou pour objet d’attribuer à une ou à
plusieurs personnes la propriété totale ou partielle d’un prétendu
« serviteur », d’une prétendue « servante » ou de leurs
enfants.
Toutes ces pratiques sont anacrhoniques et nuisent
au renom et à la réputation de notre pays et ne sont en tout cas conformes ni à
notre droit interne, ni au droit international.
En conséquence, je vous demande de bien vouloir y mettre fin et de vous abstenir dorénavant de tout ce qui peut en permettre le retour direct ou indirect.
Je
dois à la vérité de reconnaître que cette politique et ces directives n’étaient
pas toujours appliquées à la lettre, surtout dans les coins reculés du pays où
il n’y avait pas d’autorités étatiques, lesquelles, là où elles existaient,
étaient parfois influencées par l’environnement conservateur pour ne pas dire
réactionnaire. Mais, au niveau de la direction nationale, il n’y avait, quant
au fond, aucun doute au sujet du but à atteindre, à savoir : l’élimination de
cette plaie de notre société. Ce fut l’un des thèmes de la première conférence
des responsables régionaux administratifs et politiques, tenue sous ma
présidence du 27 au 31 Janvier 1969.
Pour
assurer la libération et l’intégration de cette composante de notre peuple, une
politique, claire quant à son contenu, mais insuffisamment explicitée pour des
raisons tactiques déjà mentionnées - une politique claire a été définie par le
Parti et le Gouvernement. La conception de cette politique résultait de notre
conviction que la libération et l’intégration réelles de nos compatriotes
“d’origine servile” devait se faire en particulier dans les secteurs de
l’éducation, en encourageant la scolarisation des enfants, dans celui du
travail en favorisant le recrutement des travailleurs, manuels et
intellectuels, et dans le domaine militaire, en facilitant le recrutement par
l’armée et les forces de sécurité de compatriotes de cette origine.
En
1978, cette politique, sans nous avoir permis d’accomplir des miracles, donnait
déjà des résultats positifs. En particulier dans le domaine de la reconversion
des mentalités. En effet, personne n’osait plus soutenir, ni même évoquer
publiquement la pratique honteuse de l’esclavage. Personne n’osait plus
“réclamer son bien”, s’agissant des “serviteurs” qui s’émancipaient de plus en
plus nombreux, à mesure qu’ils devenaient plus indépendants
économiquement : travailleurs salariés, fonctionnaires et agents de l’Etat,
soldats, etc...
C’est par la détermination inébranlable des
pouvoirs publics d’y mettre fin, par tous les moyens appropriés, et par
l’indépendance économique des intéressés, que ce fléau social disparaîtra de
notre société. » - fin de citation -
[2] - déclaration à Rosso le 20 février 1957 de Sidi el Moktar
N’Diaye, rapportée dans “Paris-Dakar” du
19 Février 1957
[3] - Sidi El Moktar N’Diaye, bien plus nettement qu’en 1951,
l’avait emporté (sauf en Adrar) par 106.603 voix contre 17.371 à son
prédécesseur
[5] - déclaration de
Souleymane Ould Cheikh Sidya, rapportée par Paris-Dakar
du 19 Février 1957
[7] - la charte constitutive
de l’Organisation de libération et d’émancipation des haratines est adoptée le
5 Mars 1978 à Nouakchott ; elle ne sera « actualisée » qu’en
1998
[8] - Moktar Ould Daddah, dans ses mémoires La
Mauritanie
contre vents et marées (Karthala
. Octobre 2003 . 669 pages – disponible en arabe et en français) pp. 564 à 568,
expose « le problème de l’esclavage que, par pudeur honteuse, nous avons
pris l’habitude de ne pas appeler par son nom »
[9] - Mohamed Lemine Ould Hamoni, ensuite Président de la Cour suprême, et Maloum Ould
Braham
[10] - il fut adressé aux Préfets et Chefs
d’arrondissements s/c des Gouverneurs des Régions et du district de Nouakchott,
au Président du Tribunal de Nouakchott, au Procureur de la République, aux Juges
des sections, aux présidents des Tribunaux de cadis, ainsi qu’à tous les postes de gendarmerie de
notre pays
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