mardi 24 juin 2014

chronique d'Ould Kaïge - publié déjà par Le Calame . 22 Avril 2008



24 .





24 . 25 Avril 1989

Massacres à Nouakchott et à Nouadhibou,
à la suite de ceux perpétrés au Sénégal


Pour qui aime la Mauritanie, mais n’y venait plus depuis le coup militaire de 1978, les événements d’Avril-Mai 1989 furent une terrible, inexplicable surprise. Atterrissant à Nouakchott en 2001 pour accompagner le président Moktar Ould Daddah et Mariem, rentrant d’exil forcé, j’interrogeais ceux que j’avais connus aux responsabilités sur ce qu’il s’était passé en vingt-trois ans. L’essentiel de ce que j’entendis n’était pas les éphémérides de régimes autoritaires, ce furent les complots, les massacres d’Etat, le pouvoir emprisonnant et tuant ses propres militaires, et surtout essentiellement, le drame mauritano-sénégalais et la folie du printemps de 1989.
Rien ne peut en être donné objectivement ni totalement, chacun l’a vêcu, quand il est de cette génération, dans sa chair, ses biens et son âme. La Mauritanie a failli – manifestement – y perdre la sienne.
Je ne peux présenter ici qu’un enchaînement de faits tels que la presse et les agences étrangères en ont donné les éléments.

Le samedi 22 Avril 1989, premiers pillages de boutiques maures à Dakar. Le lendemain, ils sont systématiques dans toute la capitale sénégalais. Sur les rideaux de fer baissés, « sopi » (changement en oulof). Or, c’est le slogan du P.D.S. d’Abdoulaye Wade (Parti démocratique sénégalais). La veille, le 21 Avril, le Soleil de Dakar repris par AFP-Dakar, avait relaté des incidents très vifs survenus les mercredi et jeudi, à Kaédi, suivis de bagarres entre Sénégalais et Mauritaniens sur l’autre rive. Deux morts à Matam, rapatriés en Mauritanie après la visite du préfet de Kaédi. L’éditorialiste concluait qu’il faut « trouver sans délai une solution durable, gage de la traditionnelle concorde sur les rives du fleuve Sénégal ». Mais le calme revenu à Matam, c’est à Dakar que sont tentées des attaques sur les boutiques maures. Comment en est-on arrivé là ?

La bagarre de Diawara, le 9 Avril précédent (chronique anniversaire  Le Calame du 8 Avril 2008), est mise sur le compte du pouvoir par la coalition des partis d’opposition sénégalais : Bathily pour la Ligue démocratique, Abdoulaye Wade pour le Parti démocratique sénégalais et Amath Dansokho pour le Parti de l’indépendance et du travail. Sans doute, Abdou Diouf, longtemps Premier ministre du fondateur Léopold Sedar Senghor, a-t-il été réélu à la présidence de la République, le 28 Février 1998 avec 73,2% des voix, mais son compétiteur Abdoulaye Wade, qui finira par l’emporter en 2000, après avoir accepté un temps d’être le Premier ministre de son adversaire, conteste pour l’heure le scrutin, fait de la prison et le pays reste en campagne très agitée. En Mauritanie au contraire, l’apparence est d’une bonne volonté du régime militaire pour rétablir la démocratie. Maaouyia Ould Sid’ Ahmed Taya, au pouvoir depuis plus de cinq ans, a réuni le 1er Avril 1989, à Aïoun-el-Atrouss, les « cadres nationaux » pour « préparer ce processus sans heurts et sous la forme la plus élaborée » : « des étapes seront franchies sur cette voie toutes les fois que cela s’avèrera possible ». Mais en même temps, depuis dix-huit mois, des drames se jouent qui agitent aussi bien les Maures que les gens du Fleuve. Un rapport de trente pages (dédié à six détenus politiques, morts en prison en 1984 à Nouakchott et en 1988 à Oualata) circule depuis le 13 Avril selon lequel cinq étudiants ont été torturés par la direction de la sûreté de l’Etat du 28 Décembre 1988 au 1er Janvier 1989, « en présence de hauts responsables du pouvoir » (dans l’ancienne résidence du commandant de la 6ème région militaire) [1].  Des deux côtés du Fleuve, le pouvoir est donc contesté, et il est enclin à la brutalité. Coincidence malheureuse, les deux ministres de confiance du pouvoir dans chacun des deux pays, sont d’adoption. En Mauritanie, c’est le lieutenant-colonel Djibril Ould Abdallahi, décisif en faveur Maaouyia à chacun des coups militaires, qui est le minisre de l’Intérieur depuis que le colonel Anne Mamadou Babali a été limogé le 31 Août 1986 « pour avoir en partie couvert l’agitation noire » ; de son nom originel Gabriel Cymper, il est fils naturel d’un administrateur de la France d’Outre-mer. Au Sénégal, Jean Collin, marié à une Sénégalaise, est lui-même un ancien administrateur ; ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, après avoir été sept ans ministre des Finances et dix ans ministre de l’Intérieur. Chacun doit donc donner des gages de nationalisme, sinon de xénophobie à ses compatriotes.

André Sonko, ministre sénégalais de l’Intérieur en titre mais pas en fait, est venu à Nouakchott le mercredi 12, remettre à Ould Taya un message de Diouf pour conclure les bagarres de Bakel et de Matam. Lui et Djibril Ould Abdallahi estiment, naturellement, que « le devoir des hommes politiques est d’éviter que pareils incidents ne dégénèrent et n’affectent les relations entre les deux pays ». Les « otages » sont libérés, les deux victimes rapatriées par pirogue. On n’a pas commenté à Nouakchott mais la rumeur circule de cinq morts du côté mauritanien. Des boutiques maures sont saccagées à Bakel, les commerçants sont placés sous la protection de l’armée selon Abdoulaye Wade. André Sonko se rend ensuite à Diawara pour exprimer la solidarité du gouvernement à la population et distribuer des secours au nom d’Abdou Diouf. Mais les propos qu’il tient, le 17, sont jugés provocateurs en Mauritanie. Le 19, c’est donc Djibril Ould Abdallahi qui se rend à Dakar et remet au président sénégalais un message d’Ould Taya : «  je pense qu’on a voulu donner à cet incident des dimensions qui ne sont pas réelles parce que les problèmes entre cultivateurs et éleveurs dans nos pays sahéliens sont connus de tous …(ne pas y voir) un problème de frontière mais simplement un incident entre des populations riveraines du fleuve Sénégal dont l’existence est assez difficile … les mesures qu’il faut pour que nos citoyens, d’un côté comme de l’autre, apprennent à s’accepter, à vivre ensemble comme ils le font depuis des milliers d’années … les Mauritanens continueront toujours à venir au Sénégal tout comme les Sénégalais continueront toujours de vivre en Mauritanie ».

Les pillages des 22, 23 et 24 Avril montrent donc que rien n’est réglé et que les populations au sud du Fleuve rêvent de représailles ou de vengeance. Et les entreprennent. Ce sont des milliers de sans-abri à Dakar, dont deux mille à l’ambassade de Mauritanie. Le chef de mission : Moktar Ould Zamel accuse les médias sénégalais d’avoir donné « une dimension sans commune mesure avec la réalité des faits » : on en est encore à l’incident frontalier du 9 Avril. Le ministre sénégalais de l’Intérieur lance un appel au calme (AFP Dakar du 24). La réalité est effrayante, les rumeurs parvenant à Nouakchott donne un tableau infernal de chasse aux Maures dans la capitale et dans les grandes villes, on parle de brûlés vifs, d’enfants passés au four… de centaines de morts. Un comité interministériel présidé par Djibril Ould Abdallahi est « chargé d’étudier les conditions de retour en Mauritanie et de réinsertion des ressortissants mauritaniens désireux de quitter le Sénégal » ; les modalités sont déjà arrêtées pour les femmes et les enfants (AFP Nouakchott reprenant AMP). Inévitablement, la violence, en rétorsion, passe le Fleuve et monte jusqu’au nord du pays. Les 24 et 25, à Nouakchott, affrontements entre des Sénégalais et des Mauritaniens : trois morts dont deux par balles et un enfant. Les boutiques sénégalaises du marché « capitale » sont, à leur tour, incendiées. A Nouadhibou, mêmes violences. Le 25, c’est l’enregistrement des premières victimes : on évoque le chiffre de cinq cent morts, on met en cause des haratines armés contre les Sénégalais et même contre leurs compatriotes du Fleuve par leurs anciens maîtres ; des scènes atroces, et surtout l’impassibilité des forces de l’ordre, celles surtout dépendant du ministère de l’Intérieur. Certains beydanes ne seraient pas fâchés, assure-t-on, qu’une « bonne leçon » soit donnée à ceux qu’avait caractérisés trois ans plus tôt « Le manifeste du négro-mauritanien oppprimé », comme si la répression d’un soi-disant complot militaire toucouleur, à l’automne de 1987, n’avait pas suffi (chronique anniversaire  du 28 Octobre 1987– Le Calame du 31 Octobre 2007). Le Sénégal est accusé de favoriser les F.L.A.M. [2], sinon même des menées subversives. C’est en effet de Dakar que les informations et analyses, tendant à stigmatiser les actes racistes en Mauritanie, sont diffusées [3].

La répercussion est énorme. L’Espagne entame des démarches « pour contribuer à une diminution de la tension » et déconseille Nouakchott et Nouadhibou à ses ressortissants. A Tunis, le ministre des Affaires étrangères, Abdelhamid Escheikh convoque ensemble les ambassadeurs du Sénégal et de la Mauritanie. Hassan II, président en exercice de l’Union du Maghreb arabe envoie une mission de conciliation à Nouakchott et à Dakar. La tentative « entre dans le cadre des liens séculaires de fraternité, d’amitié et de religion qui doivent d’autant plus être préservés et renforcés en ce mois sacrfé du Ramadan, mois de sacrifice et de pardon ». La presse marocaine assure que le roi «  qui possède une parfaite connaissance de la région et des particularismes locaux, saura apporter les apaisements que requiert la situation pour le retour de la paix, de la fraternité et de la concorde entre les deux peuples frères mauritanien et sénégalais pour le bien-être de toute la région ».

Le 25, les pillages reprennent dans le quartier du Plateau à Dakar. L’AFP enregistre des « troubles anti-mauritaniens » à Tambacounda, Diourbel et Louga : saccages de boutiques, coups et blessures, chasse à l’homme. Dans la Grande Mosquée de Dakar depuis le lundi soir, s’entasse plus de huit mille réfugiés mauritaniens. Le maire de Dakar, Mamadou Diop, assure que les Mauritaniens sont chez eux au Sénégal. C’est en fait, depuis quatre jours, une flambée de violence anti-maure dans tout le Sénégal, sauf à Ziguinchor et à Kolda dans le sud. La coalition des partis d’opposition sénégalais condamne alors les actes de violence et de pillage perpétrés depuis dimanche contre les Mauritaniens au Sénégal et contre les Sénégalais en Mauritanie.

Le soir du mardi 26, au Sénégal, l’armée est réquisitionnée pour des missions « statiques » dans la capitale, tandis qu’en Mauritanie, le couvre-feu est instauré à Nouakchott où l’on déplore officiellement dix-sept morts, et à Nouadhibou. Une centaine de femmes et enfants quittent Dakar par avion dans la soirée : on dit alors qu’« une grande majorité », des milliers de Mauritaniens au Sénégal serait « favorable au retour dans leur pays ». Après deux jours d’émeutes, on compte de vingt-cinq à trente morts mauritaniens et sénégalais à l’hôpital de Nouakchott. (Sources médicales AFP Nouakchott 26 Avril 1989) [4].. Passé de la direction générale du Plan au poste de ministre de l’Information, le 10 Décembre 1988, l’ancien co-fondateur du Mouvement progressiste des Kadihines, puis de l’Alliance pour une Mauritanie démocratique, Moustapha Ould Abeïderrahmane affirme qu’il est « impossible » d’avancer des chiffres et que le bilan donné par la presse étrangère est « exhorbitant et ne sert à ce stade qu’à jeter de l’huile sur le feu ». Un dispositif, sans précédent même lors des coups militaires, est déployé pour maintenir l’ordre à Nouakchott. Sur les ondes, se succèdent les oulémas pour appeler au calme. Le ministre de l’Intérieur, Djibril Ould Abdallahi, prononce un discours d’apaisement. Les mosquées sont ouvertes aux « réfugiés sénégalais ». L’AFP Dakar assure alors que le calme est revenu à Nouakchott comme à Dakar ; « la rumeur fait état à Nouakchott de nombreux lynchages de Mauritaniens au Sénégal sans qu’aucun chiffre puisse être avancé ». On parle d’une concertation téléphonée Diouf-Taya. A Paris, Harlem Desir « lance un appel au calme » : « Quant à la Mauritanie, il est grand temps qu’elle en finisse avec le racisme institutionnel qui hante toujours sa vie politique et soxciale et auquel les événements actuels ne sont pas étrangers ».

Le 27 Avril, le président de la République du Sénégal intervient à la télévision : Abdou Diouf rend responsable la Mauritanie des événements et demande aux chefs religieux de prier pour les morts sénégalais. Pour les Mauritaniens, c’est mettre le feu aux poudres.

Le 28 Avril, l’état d’urgence est proclamé, à 19 heures, pour Dakar et sa région : prise d’effet de 22 heures à 6 heures ; Abdoulaye Wade envisage publiquement de se mettre « à la tête d’un comité national de crise » pour régler le problème des Mauritaniens au Sénégal : « un règlement entraînera automatiquement la détente en Mauritanie » ; il faut une « une solution politique au lieu de l’escalade qui s’annonce dangereusement ». Mais le courrier d’Air-Sénégal se voit refuser l’atterrissage à Nouakchott après des agressions sénégalaises contre les passagers d’un vol Air-Mauritanie, prié de quitter Dakar sans avoir embarqué l’ensemble des réfugiés. Surtout une foule énorme se masse aux alentours du site de la Foire internationale où sont réfugiés 20.000 mauritaniens. Par téléphone, à la demande d’Abdou Diouf, Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya convient d’un rapatriement des ressortissants respectifs.

Le 29 Avril, un communiqué lu à la télévision mauritanienne à une heure du matin, donne les instructions du comité mauritanien chargé de la réinsertion et de l’accueil, que vient d’organiser Djibril Ould Abdallahi. Il prévoit le retour effectué “en étroite coordination avec les autorités sénégalaises » de trois mille mauritaniens résidant jusques là au Sénégal et qu’on accueillera à Nouakchott, à Rosso et à Sélibaby). En attendant un « pont aérien », des structures d’accueil sont prévues aux frontières, notamment à Rosso et à Berett (près du barrage de Diawa). L’AFP Dakar diffuse une dépêche, titrée « Sénégal-Mauritanie : Dakar saisie par la folie meurtrière ». La veille, on a tenté de tuer tous les Mauritaniens en représailles aux sévices dont les Sénégalais ont été victimes lundi et mardi à Nouakchott. De Gambie même, les réfugiés commencent d’être embarqués.

L’épilogue s’annonce long (et pour cause, puisqu’il n’a pas encore abouti aujourd’hui). La médiation malienne qui permettra la conciliation d’Etat à Etat deux ans plus tard, commence : Moussa Traoré est président en exercice de l’OUA. Silencieuse jusques là, la France appelle au rétablissement de l’entente entre Sénégalais et Mauritaniens  et met à la disposition des deux gouvernements cinq Transall pour le pont aérien. L’Association des juristes africains organise une mission, dirigée par M° Fethi Sahli du barreau tunisien, et « une enquête plus approfondie est proposée à l’accord des autorités des deux pays » : elle n’aura pas lieu. De Paris, la Ligue africaine des droits de l’homme et des peuples [5] demande, elle surtout, la constitution d’une commission d’enquête. Communiqué commun des associations de ressortissants sénégalais, mauritaniens et africains (Union des travailleurs mauritaniens en France, Organisation des travailleurs et étudiants sénégalais en France, Union des travailleurs sénégalais en France Action revendicative, Association pour la sauvegarde de l’amitié mauritano-sénégalaise, Association générale des travailleurs sénégalais en France, Association Bardegne ‘Fraternité Malienne’). De Djeddah, le secrétariat général de l’Organisation de la Conférence islamique, publie sa disponibilité. Encore plus tard que la France, « les Etats-Unis regrettent profondément la violence qui s’est produite entre Mauritaniens et Sénégalais, deux populations qui ont traditionnellement entrenu des liens étroits et bénéfiques ».

Puis, le pont aérien fonctionne, dans les deux sens, pour des réfugiés dépouillés à leur départ de tous leurs biens y compris les bijoux. Dans les deux pays, des « groupes de quartier » s’organisent spontanément pour empêcher les pillages, puisque les pouvoirs publics n’ont pas maintenu l’ordre. Le 2 Mai, le calme semble revenu partout et – en retard sur les événements – le khalife général des Tidjanes Abdoul Aziz Sy, « supplie à genoux » les jeunes « d’arrêter les violences ». La République Islamique de Mauritanie saisit le Conseil de sécurité, mais le pouvoir militaire reste silencieux pendant des mois, pour décider le 31 Août décide le report à un an des élections municipales prévues pour Décembre et le renouvellement des structures d’éducation de masses. Le communique du C.M.S.N. « considère les massacres et les pillages dont les Mauritaniens ont été victimes au Sénégal comme un fait sans précédent dans les rapports entre les deux pays, qui entrent dans le cadre d’un complot prémédité et minutieusement préparé ». La libération des citoyens mauritaniens « détenus en otages au Sénégal » est réclamée.



Ould Kaïge

qui attend – aux bons soins du journal – toute critique, tout complément, tout témoignage et document sur ces événements horribles et marquants.


[1] - il s’agit de Béchir Ould Moulaye El Hassen, président de l’Amicale des étudiants – Abdallahi Ould Bah Nagi Ould Kebd, membre de la commission de coordination de l’Université – Mohamed Mahmoud Ould Hamma Khattar, membre de la commission de grève – Boubacar Ould Ethmane dit Nah, membre de la Commission socio-culturelle de l’Université et d’Abdel Nasser Ould Ethmane Did’Ahmed Yessa, délégué au 1er congrès de l’UNESM .  Le Monde y fait écho le 15 Avril 1989
[2] - Forces de libération africaines de Mauritanie, constituées en 1983, dont le manifeste a commencé de circuler d’abord à Dakar en Avril 1986, puis en marge du sommet annuel africain, se tenant à Harare en Septembre 1986

[3] - ainsi le 28 Juin 1988, l’assassinat de deux personnes dont un étranger dans un marché populaire de la capitale, passe, selon la police, pour des crimes ordinaires ; selon les FLAM, ce sont des affrontements à caractère racial. Le pouvoir dénonce cette campagne et, le 11 Juillet à l’occasion de la fête des forces armées, le président du Comité militaire, Ould Taya, stigmatise les « rumeur alarmistes » et tous ceux qui « se plaisent à répandre des messages de haine et de confusion au sein des populations ». A l’issue du procès de Jreida, le 14 Septembre 1988, les « baasistes » avaient bénéficié d’un verdict de clémence ; réaction des FLAM «  il existe une justice clémente et tolérante pour les beydanes (Maures) et une autre sévère et sans appel pour les négro-mauritaniens ». Au même moment, en effet, meurent en rétention et sans procès, au fort de Oualata, où avait été emprisonné Moktar Ould Daddah après le coup de 1978, Tène Youssouf Guèye et Ba Alassane Oumar, puis l’ancien ministre Santé Djigo Tafsikrou. Le premier reçoit à titre posthume et hors concours le prix de l’Afrique noire (dans le jury : Maurice Schumann et Emmanuel Robles) ; ancien de William Ponty, il a notamment écrit L’orée du Sahel nouvelles, Sahéliennes poèmes, Les exilés de Gourmel théâtre, et enfin Rella ou le chemin de l’honneur, publié l’année de son arrestation




[4] - le 27 Avril, le Financial Times évoque au moins 22 morts ; le  2 Mai, AFP Dakar donne une estimation de 150 à 200 morts en Mauritanie et 55 au Sénégal



[5] - fondée en 1987 pour l’application d’une Charte adoptée en 1981

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