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26 Décembre 1905 & 26 Décembre 1961
Organisation en circonscriptions
administratives
sous l’emprise
française
&
Congrès de l’Unité
Le 26 Décembre 1905, Ernest Roume, le
Gouverneur général de l’Afrique occidentale française prend un arrêté
« portant organisation des circonscriptions administratives du Territoire
civil de la Mauritanie :
les deux cercles du Trarza sont réunis en un seul ; les régions de Brakna
et de Mal forment un seul cercle. C’est entériner les décisions prises par le
lieutenant-colonel Montané-Capdebosc, à son retour du Tagant, le 5 Septembre
précédent. Il vient de recueillir la succession de Xavier Coppolani, un civil,
montant du Fleuve vers l’Adrar, sans un coup de fusil jusqu’à celui qui
l’immobilise pour l’éternité à Tidjikja. On lui a aussitôt prescrit de renoncer
à l’Adrar. 29 Mai 1905, instructions
du Gouverneur général Roume sur la politique à suivre : maintenir
l’occupation définitive du Tagant, surseoir à l’occupation de l’Adrar. La
nouvelle colonie – car c’en devient une – est organisée en cinq
circonscriptions, dont quatrecercles : Trarza, chef lieu Khroufa – Brakna,
Aleg – Gorgol, Kaédi – Tagant, Tidjikja
– une résidence pour le Guidimaka à Sélibaby. Il y a trois bureaux centraux à
Saint-Louis. Initialement (1er Juillet 1905), le Tagant devait être
une région administrative dépendant de la résidence de Mal.
Cette réorganisation donne
la sensation d’une installation tranquille alors que les événements dramatiques
du premier semestre faisaient attendre le contraire. Xavier Coppolani avait
fait prendre – le 25 Février 1905 – le
décret portant délimitation du Territoire civil de la Mauritanie et du
Sénégal (il ne sera modifié que le ) pour, à partir du 24 Mars se
diriger vers Tijikja, venant de Ksar El Barka, occupé sans difficulté. Mais
aussi bien internationalement que localement le temps était devenu soudain très
gros : 31 Mars, « coup de Tanger » : le Kaiser allemand
s’entretient avec le Sultan du Maroc, la rivalité avec la France est manifeste. Le 18
Avril, l’ex-émir du Trarza, Ahmed Saloum II est assassiné près de Tamresguid.
Enfin, le 12 Mai, Coppolani est
assassiné. Pourtant les principes d’organisation territoriale ont été posés et
demeurent encore aujourd’hui. Quoiqu’agréant le 15 Mai 1903, Ahmed
Saloum II Ould Eli, comme émir du Trarza et comme représentant du gouvernement
français en pays Trarza, Coppolani avait songé (5 Janvier . 5 Février 1904) à
organisé en deux cercles les régions Trarza, avec chacune sa djemaa supérieure.
En revanche (29 Mars 1904), il avait organisé les régions Brakna en une
seule circonscription et sans l’émir Ahmedou Ould Sidi Eli hostile, interdit de
séjour et dont il avait « supprimé » l’institution supprimé. Puis, le
31 Mars, la région de Mal, et, le 15 Avril, la région du Gorgol.
Les changements ensuite
seront nombreux, presque toujours en création de nouvelles circonscriptions.
L’Inchiri est l’avant-dernière circonscription organisée par l’administration
française : 10 Décembre 1907,occupation de l’Inchiri mais, seulement le 4
Novembre 1930 : création de la subdivision d’Akjoujt dépendant du Trarza.
Le 26 Octobre 1931, arrêté du Gouverneur général créant le cercle d’Akjoujt et
modifiant les limites du cercle du Trarza. Au contraire, d’ocupation
contemporaine, la région de la
Baie du Lévrier, est organisée dès le 26 Avril 1906 :
le 1er Mai, le poste de Cansado est classé militaire ; le 1er
Janvier 1913, mise en fonctionnement des feux de port et du phare de Cansado.
Le 14 Avril 1914, la limite ouest du cercle de l’Adrar est modifiée et la
résidence de la Baie
du Lévrier est créée. 21 Avril 1914 : arrêté créant un poste militaire
permanent à Tichitt, et 4 Septembre 1917 : création du poste militaire de
Néma. Mais l’organisation militaire ne signifie pas forcément l’organisation
administrative : le 20 Mars 1922, le secteur nomade de Tichitt est
rattaché au cercle du Tagant mais le Hodh est organisé dans la colonie du
Haut-Sénégal-Niger, futur Soudan français.
Le
30 Juin 1918, est tenté – aussi singulièrement – une scission du cercle du
Brakna en deux cercles : Brakna et Chemama. C’est la création d’un cercle
de « la vallée du Fleuve » distinct de ses arrière-pays. Il est
décisivement revenu sur ce « découpage » attentatoire à l’unité-même
de la Mauritanie,
le 31 Décembre 1922 : arrêtés du Gouverneur général transférant de
M’Bout à Kiffa le chef-lieu du cercle de l’Assaba et réunissant les cercles du Chemama et du Brakna en un seul cercle. En
revanche, sans hésitation, le 22 Août 1921, avait été constitué le cercle de
Guidimaka avec chef-lieu à Sélibaby
L’autre grande décision est
le rattachement du Hodh. Préconisée, le 15 Mars 1944, par le rapport de la
« mission Borricand », c’est le nouveau gouverneur, Christian
Laigret, qui fait prendre, le 5 Juillet 1944, le décret modifiant la limite
commune des Colonies de la
Mauritanie et du Soudan français. Le 28 Octobre 1944, un arrêté
du Gouverneur général crée et organise le cercle d’Aioun-El-Atrouss. On revient
donc sur l’organisation artificielle d’une génération : le 16 Novembre
1923, un arrêté du Gouverneur général avait rattachéau cercle de Néma les
sédentaires et fractions Maures du territoire de Néré (Soudan). Dès le 23 Avril 1913, un décret modifiant les
limites des colonies du Haut-Sénégal-Niger et de la Mauritanie, avait
certes attribué Tichitt et Kiffa à la Mauritanie mais en avait détaché le Hodh. Le
12 Novembre suivant, le secteur de Oualata avait été détaché de la région de
Tombouctou pour constituer un cercle directement placé sous l’autorité du
Lieutenant-Gouverneur. Le cercle de l’Assaba avait alors été érigé, avec
chef-lieu à Kiffa
La
Mauritanie indépendante prend deux décisions, d’importance
inégale : le 21 Septembre 1961, est créé, par détachement de l’Adrar, le
cercle du Tiris-Zemmour (la
subdivision de Bir-Moghrein, rattachée au cercle de l’Adrar, avait été décidée
le 30 Juin 1949). Mais c’est le 5
Juillet 1968 que les noms traditionnels des cercles et l’insitution-même de ce
type de circonscription sont abolis : le pays est réorganisé en régions et
celles-ci ne portent plus qu’une dénomination chiffrée. Les régimes militaires
reviendront à l’ancienne appellation, en même temps que leur pratique aura fait
renaître les tendances au tribalisme : éradication qui avait été
l’obsession, la raison d’être du Parti unique de l’Etat, dans la pensée et dans
la manière de gouverner de Moktar Ould Daddah et de ses co-équipiers.
La
forme retenue est celle d’une "table ronde" des partis et tendances
politiques. Elle tient sa première réunion les 20-22 Mai 1961et décide la "réalisation rapide de l'unité
politique en Mauritanie" et, immédiatement l’"unité d'action entre
les formations en présence". Un bureau permanent du Comité d'union est
constitué : Abdoul Aziz Ba, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske et Dembele Tiecoura. La
seconde réunion, le 30 Juin 1961, est plus formelle : elle
"investit à la magistrature suprême de la RIM le camarade Moktar Ould Daddah, candidat
d'union nationale" ; elle "souhaite un accord définitif
entre la France
et l'Algérie" ; mais elle n’organise rien. La troisième, les 20-21 Juillet, enregistre la participation
de l'USMM, dernier parti à entrer dans la dynamique unitaire. On décide alors
l’envoi de missions à travers tout le pays, dirigées par Mohamed el Moktar
Marouf, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Sid Ahmed Lehbib et Bouyagui Ould Abidine (mission
spéciale de Souleymane Ould Cheikh Sydia au Sénégal) pour populariser l'unité
et préparer la campagne présidentielle, avec constitution de comités locaux à l'image de la « table ronde ».
Il est décidé d’"accélérer le processus de l'unité politique aboutissant à
la création d'un parti unique". Les 26-28 Août, la quatrième réunion de la
"table ronde" relance une mission générale à travers tout le
pays ; elle désigne surtout une commission pour préparer les avant-projets
de statuts et de règlement intérieur : Sid Ahmed Lehbib, Bouyagui Ould Abidine,
Sidi Ould Abass, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Abdoul Aziz Ba, Ba Ould Ne,
Hadrami Ould Khattri, Mohamed Ould Cheikh, Houssein Ould M'Haimed la composent.
Les 2-4 Octobre 1961, la cinquième réunion de la "table
ronde" des partis et des tendances politiques arrête que le congrès
de l'unité aura lieu le 25 Décembre, que la représentation y sera égale pour
chaque formation qui enverra 80 délégués maximum et qu’il sera fait appel à des
personnalités indépendantes. Mohamed Ould Cheikh, secrétaire général de la Défense nationale, est
chargé de la permanence. Sixième et dernière réunion, du 29 Novembre au 1er Décembre :
approbation des avant-projets de statuts et de règlement intérieur qui
sont communiqués aux partis pour étude ; désignation d'un comité chargé de la
préparation matérielle du Congrès ; examen des listes de délégués dès
réception.
Il ne reste plus qu’à Sid
Ahmed Lehbib, président de la « table ronde », à ouvrir le congrès et
à donner la parole au Président de la République es qualités. Moktar Ould Daddah, comme
secrétaire général, a présidé le 21, le congrès de dissolution du Parti de
regroupement mauritanien : P.R.M., observant qu’ "à l'origine de tous les
événements importants de ces trois dernières années se retrouvent les initiatives
du P.R.M." mais que ce parti n'est pas devenu le parti strucuturé et bien
organisé que nous avions souhaité". Alors "comment parvenir à
réaliser cette mobilisation des masses ? ". C’est ce qu’il répète, le
25 : "le Parti du regroupement mauritanien ne
répondit que partiellement aux espérances qui furent alors placées en lui".
Assurant : "je n'ai
cessé de lutter pour éviter qu'un fossé ne se creuse entre Mauritaniens, animés
d'un même patriotisme, mais divisés sur les moyens", Moktar Ould Daddah
réaffirme son option de 1958 pour un
"parti démocratique, parti des masses … avant tout un parti fort… à
lui de créer une Mauritanie nouvelle, synthèse des influences contradictoires
du conservatisme et de l'évolution, du monde moderne et de la tradition".
Le Congrès fusionne alors les partis politiques
existants, élit un Bureau politique
national provisoire [1]
en vue d'un congrès prévu pour le 25 Mai 1962. Les événements vont en décider
autrement. Des résolutions sont adoptées, significatives comme celle sur la prédominance du parti sur tous les rouages
de l'Etat, la demande de reconnaissance du G.P.R.A. par la Mauritanie, la réduction
du train de vie de l'Etat, la liberté
absolue du choix de l'aide financière extérieure, ou disparates :
résiliation immédiate et totale des accords conclu avec Miferma. Mais – surtout
et ce va être très lourd de conséquences – sont
"laissées en suspens" pour que le B.P.N. propose une
solution au prochain congrès la
question de la langue, celle de la chefferie traditionnelle. L’unanimité est
acquise sur le parti et sa relation avec l’Etat, ce qui mènera aux décisions de
Kaédi, dans les deux ans, sur la relation avec l’ancien colonisateur et la
société industrielle et minière dominante, ce qui ne sera acté que douze et
treize ans plus tard. Quant à l’option d’ « armée populaire », les
Mauritaniens en 1961 se doutaient-ils de 1978 ?
[1] - composé de Moktar Ould Daddah,
secrétaire général - Ahmed Baba Ould Ahmed Miske - Mohamed Ould Cheikh - Souleymane
ouls Cheikh Sidya - Bouyagui Ould Abidine - Youssouf Koita - Hamoud Ould
Ahmedou - Bouna Ould Abeidallah -
Mohamed Abdallahi Ould El Hassen - Doudou Ba - Hadrami Ould Khattri - Sakho
Abdoulaye - Sidi Ould Abass - Ba Mamadou Samba Boly - Haiba Ould Hamody - Ahmedou
Ould el Hadj Habib - Salem Ould Boubout -Touré Mamadou dit Racine - Mohameden
Ould Babah - Yahya Ould Abdi -Dey Ould Brahim
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