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26 Octobre 1974 & 28 Octobre 1987
Les surprises de l’Histoire
– souvent dramatiques
La Mauritanie contemporaine porte deux horribles
cicatrices de son passé récent. L’une a été évoquée par le président de la République, Mohamed
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, lors de son discours à la Nation, le 29 Juin [1] ;
les dramatiques événements du printemps de 1989, mettant en cause dans des
circonstances très complexes et qui parurent sur le moment inexorables, le pays
et son voisin du sud, réputé si débonnaire, avaient eu un prodrome – dix-huit
mois auparavant – suscité par la lourde ambiance des régimes militaires, une
prétendue tentative de coup d’Etat. L’autre demeurera actuelle tant qu’une
solution viable et consensuelle n’aura pas été trouvée au nord : c’est la
manière dont l’Algérie a pu faire croire à son désintérêt jusqu’à la veille des
accords de Madrid sur la partie de Sahara administrée par l’Espagne.
Les 26-27 Octobre 1974 à
Rabat, 8ème sommet de la
Ligue arabe (le sommet devait primitivement se
tenir le 3 Septembre). Sans s’être fait prier, le président Boumedienne déclare, devant ses pairs, qui viennent
d’examiner la situation prévalant dans le territoire sous administration
espagnole – le tapis convoyeur du phosphate a été attaqué l’avant-veille :
« Je confirme que l’Algérie n’a aucune revendication sur le Sahara et que
sa seule préoccupation reste l’entente entre le Maroc et la Mauritanie. Ils
se sont mis d’accord sur la partie du Sahara qui doit revenir à chacun. J’ai
été présent lors de cet accord ; je l’approuve de tout cœur et sans
arrière pensée ». Et le président algérien précise qu’à Khaddafi qui se
propose de libérer le Sahara : « Je lui ai répondu qu’il n’aurait
pas l’autorisation de survoler l’Algérie ». On ne pouvait dire plus
nettement, la délégation marocaine
Au lendemain de cette
conférence à Rabat, Moktar Ould Daddah ne rentre pas directement à Nouakchott
mais participe aux fêtes anniversaires, à Alger, du déclenchement de l’insurrection
anti-coloniale en 1954. En effet, il ne comptait plus ses séjours en Algérie [2] Relisant avec lui le manuscrit de ses
mémoires, j’en vins – c’était le 15 Décembre 2002, en présence de Mariem – à
lui demander : comment avez-vous pu être surpris par Boumedienne ?
C’était pour moi une énigme, et ce dut l’être pour beaucoup de Mauritaniens.
Comment, si prudent avec tous, circonspect au point où il l’était, ayant près
de vingt ans d’expérience du pouvoir et de relations internationales toutes
risquées, le Président avait-il pu se fonder à ce point sur la parole de son
grand voisin ? Moktar Ould Daddah tient à répondre, sinon à
l’écrire : « Non, j’avais une confiance illimitée dans mes rapports
avec Boumedienne et dans la sincérité de ses sentiments à l’égard des problèmes
que nous traitions, c’est là où je me suis trompé dans mon appréciation de
l’attitude future de Boumedienne. Je savais qu’il pouvait comme tout homme
changer d’attitude selon les circonstances et les problèmes, mais je le plaçais
au-dessus de la mêlée, si vous voulez. ». Alors, le différend atavique
avec le Maroc serait la cause de tout ? Le Président reprend :
« C’est là un problème qui trouve ses origines dans l’histoire et la
géographie, et c’est fondamentalement le leadership
du Maghreb qui est en cause, je crois ». Mariem demande : «
As-tu imposé cette amitié ? – Je n’ai jamais rencontré une opposition
déclarée de la part de mes co-équipiers. Ou ils étaient neutres, c’est-à-dire
pas hostiles, ou ils étaient favorables à la politique avec l’Algérie. –
Auraient-ils osé te contredire ? – Je n’ai jamais rencontré un co-équipier
hostile à cette politique, qui se justifiait d’autant plus que devenu
ambassadeur, ministre, gouverneur, haut responsable, ce co-équipier en question
est informé quel que soit son niveau de responsabilté. Soit donc informé, soit
même consulté. De l’ambassadeur à Alger
non plus, je n’avais aucun élément qui me mît la puce à l’oreille. »
Manifestement,
Moktar Ould Daddah, jusqu’à la dramatique conversation de Béchar à la veille de
la signature des accords de Madrid, restait non seulement dans l’esprit de
solidarité avec l’Algérie combattant pour son indépendance mais aussi dans un
rapport de reconnaissance au moment du pari que fut la nationalisation de
MFERMA [3].
C’est le soir du 28 Octobre 1987 que sont inopinément annoncées, sur les ondes
nationales, une tentative de coup d’Etat et l’arrestation de quarante à cinquante
personnes. Sans autre commentaire. Le lendemain, 29, arrestation du colonel
Anne Amadou Babali, directeur de la
Société mauritanienne d’assurances, ancien ministre de
l’Intérieur : l’officier jouit d’une grande autorité morale, pas seulement
dans l’armée, mais dans le pays. L’AFP
– dépêche signée de Dakar – commente l’annonce du complot avec guillemets par le
colonel Djibril Ould Abdallah, qui passe pour le numéro deux du régime
militaire : « il n’a précisé ni le nombre, ni l’appartenance ethnique des
personnes arrêtées. Il n’a indiqué aucun détail sur les intentions des
instigateurs du complot, à l’exception du fait qu’ils voulaient renverser le
régime », mais un mouvement, alors peu connu, les F.L.A.M. – toujours de
Dakar – assurent que deux cent militaires noirs ont été arrêtés dont trois
capitaines et cinq lieutenants d’ethnies soninké et toucouleur, et qu’une
dizaine de Maures ont été également appréhendés. Le 31, bouclage par l’armée
mauritanienne de la frontière avec le Sénégal : un « cordon
sanitaire » avait déjà été établi côté sénégalais en raison d’une épidémie
de fièvre jaune en Mauritanie.
Le coup d’Etat – prétendu par le régime
militaire – était prévu pour avoir lieu le 22 Octobre. Le putsch attribué à des officiers de la seule ethnie Toucouleur.
Selon le ministre de l’Intérieur, ceux-ci, en cas de succès, auraient proclamé
une République du Walo, mais « en désaccord sur la finalité de leur
action, qu’ils auraient décidé de préciser après la prise du pouvoir »,
les conjurés sont arrêtés « en flagrant délit » : « ils
auraient minimisé les risques d’échec de leur tentative par les postes de
confiance qu’ils occupaient au sein de l’armée ». Le lendemain de cette
date d’un événement qui n’eut pas lieu..., le président du Comité militaire de
salut national, Maouya Ould Sid’Ahmed Taya pas loin de fêter le troisième
anniversaire de son éviction du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla, il est
vrai sans effusion de sang, alors que sous ce dernier de 1979 à 1984, il en
avait coulé beaucoup, s’explique à l’AFP :
le différend avec le Maroc sur la construction d’un énième mur au Sahara, à
quelques centaines de mètres d’une localité mauritanienne, est aplani, en
revanche « l’homme fort » de la Mauritanie militaire s’étonne des reproches et de
la rumeur que l’apartheid sévirait en
Mauritanie.
Le non-événement est lourd de
conséquences.
Conséquences immédiates, le sang coule à
nouveau. Le 14 Novembre, libération, faute
de preuves après enquête, de plusieurs personnes, mais l’indication des noms
des dirigeants du putsch les montrent tous proches du chef de l’Etat régnant.
Le 19, à Jreida, ouverture du procès : le gouvernement en souhaite la
diffusion télévisée, la défense obtient qu’elle soit arrêtée ; quarante
avocats du barreau mauritanien ; seule la première audience est publique,
la suite est interdite au public et à la presse. Dans le message traditionnel
pour l’anniversaire de l’indépendance – le 27ème, sans que soit
jamais cité celui qui l’a proclamée – Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya dénonce une
« aventure sans précédent » en Mauritanie et en Afrique :
« l’objectif des conspirateurs était de renverser le pouvoir en place, de
procéder aux liquidations de citoyens innocents et de répandre le désordre dans
le pays » ; les cérémonies se limitent à un lever de couleurs à la
présidence de la
République.
Le 3 Décembre 1987, présidée par le
colonel Cheikh Ould Boïde, la
Cour spéciale de justice rend son verdict contre les cinquante-et-un
prétendus conjurés : tentative de putsch de l’ethnie Toucouleur. Elle
condamne à mort les lieutenants Amadou Sarra et Saïdou Sy, officiers
d’état-major, et Seydi Ba, commandant la base navale de Nouakchott. Elle
condamne aux travaux forcés à perpétuité dix-huit personnes dont commandant
Bocar Sy, adjoint du chef du cabinet militaire du colonel Ould Sid’Ahmed Taya,
Ali Moktar N’Gaidé, commandant l’escadron de la garde présidentielle, Abderrahman
Dia officier de permanence à l’état-major, Djibril Diop ancien directeur de la
sûreté, Amadou Alassane Ba, contrôleur du Trésor. Enfin, elle condamne à vingt
ans de réclusion onze autres prévenus, trois à dix ans et trois à cinq ans. Sept
libérations. Mais un acquittement qui surprend : le colonel Anne Amadou
Babali (collègue de Boïde au gouvernement), pourtant pressenti par les
putschistes pour être le chef de l’Etat, quoiqu’il ait nié l’avoir su, consulté
pourtant à plusieurs reprises. Le procureur avait requis contre lui les travaux
forcés à perpétuité.
Le président de la Ligue mauritanienne des
droits de l’homme assure que le procès,
quoique à huis clos, mais en présence d’avocats et de représentants de la Ligue [4],
s’est déroulé « dans le respect des procédures et dans des conditions
satisfaisantes » ; les conjurés auraient tous reconnus n’avoir jamais
été torturés (AFP 3 Décembre), mais
les représentants de la Ligue
internationale des droits de l’homme n’ont pu – quant à eux – assister au procès.
Le 6 Décembre, les trois condamnés à mort sont passés par les armes. Le
président du C.M.S.N. annule sa participation au sommet franco-africain
d’Antibes pour pouvoir faire le bilan du régime, le 12 Décembre, 3ème
anniversaire de sa prise de pouvoir. Dans son discours, pas d’allusion à la
tentative de putsch. Mais dans le mois (AFP
26 Janvier 1988), plus de 500 sous-officiers « négro-africains »
sont radiés à la suite d’incidents provoqués par les exécutions. En germe, déjà
les massacres de 1990 avec un scenario du même genre : une prétendue
tentative de coup d’Etat qui devait avoir lieu le 27 Novembre. Entretemps, on
meurt beaucoup en prison, civils et militaires, notamment à la caserne d’Inal,
près de Nouadhibou. Dans l’ex-fort Coppolani, le centre d’entrainement commando
accueille plus de trois cent prisonniers. Amnesty international avancera même
un chiffre total de quelques 3.000 « Mauritaniens noirs » raflés en
pas deux mois.
Conséquence plus profonde, un débat et une
agitation de dix-huit mois tournent à une mise en cause mutuelle du régime
autoritaire et d’une partie des Mauritaniens, notamment des militaires
mauritaniens. Alors que le régime tentait de faire revenir à la démocratie le
pays en dictature totale depuis neuf ans, en entamant un processus prudent et
très étalé dans le temps d’élections municipales [5]
- une analyse toute différente circule depuis Avril 1986 : à Dakar, a été
mis en circulation clandestine un Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé (37
pages), sous-titré Février 1966 – Avril
1986 . De la guerre civile à la lutte de libération nationale. Jusques là
inconnues – en tout cas du pouvoir et particulièrement du président du Comité
militaire – quoique fondées trois ans plus tôt, les Forces de libération africaines de Mauritanie F.L.A.M. deviennent en
quelques jours la source d’information – privilégiée à Dakar – sur ce qu’il se
passe en Mauritanie. Ce sont elles qui assurent dès le 28 Octobre 1987que
les arrestations auraient été au nombre de 800 militaires, 200 gendarmes et 80
civils et accusent les autorités de torture – ce qui est aussitôt
démenti : « ayant été prises en flagrant délit au début de
l’exécution de leur plan, les personnes arrêtées ont spontanément reconnu leur
forfait » et ont été maîtrisées « dans la discrétion totale et sans
aucune forme de résistance ». Elles aussi qui exigent alors la création
d’une commission internationale d’enquête sur le sort des prisonniers
politiques « négro-africains » arrêtés depuis la découverte du
complot. Elles enfin qui démentent catégoriquement le projet d’une République
du Walo qu’auraient proclamé les pustchistes dès leur succès.
En fait, alors que chroniquement les
procès d’opposants visaient – avec des verdicts toujours de clémence – les
« baasistes », une opposition est née. Le lien avec les événements de
Janvier-Février 1996 – que cherche à établir, pour se légitimer, le mouvement
des F.L.A.M. – est artificiel. Jamais, tandis que Moktar Ould Daddah était au
pouvoir, à la tête du Parti du Peuple mauritanien, il n’y avait eu, comme
d’Août à Octobre 1986, une telle agitation et de telles violences, qui
culminent les 10 et 11 Octobre à Nouakchott et plus encore à Nouadhibou [6]
ni surtout une telle répression [7].
C’est dans ce contexte qu’ont été limogés, le 31 Août 1986, le colonel Anne
Amadou Babali, ministre de l’Intérieur, limogé « pour avoir en partie
couvert l’agitation noire » et le colonel Moulaye Ould Boukhreiss, qui
sera impliqué dans de prétendus complots « baasistes », et que le
lieutenant-colonel Djibril Ould Abdallahi a acquis sa position de numéro deux
du régime : elle pèsera lourd dans le contentieux sénégalo-mauritanien.
Le système autoritaire – dont les
principaux acteurs se divisent autant devant les circonstances quand elles sont
difficiles à déchiffrer, que pour briguer un pouvoir sans légitimité ni règle
de fonctionnement – suscite donc – par sa nature et par son absence de règle de
fonctionnement – des réactions attentatoires à l’unité nationale. Plus grave
encore, il crée (ou entretient) le soupçon d’ingérences étrangères [8].
Le Sénégal, abritant les F.L.A.M., passe pour être favorable à leur thèse. Un hebdomadaire
islamiste sénégalais propose d’« instaurer un débat de fond sur la question
nationale et sociale mauritanienne (et) qu’un dialogue véritable s’installe
entre toutes les composantes de la nation. Verser du sang, même au nom de la
loi ne serait pas exemple qu’amoindrir les chances d’un dialogue… la solution
de la crise de la société mauritanienne n’est pas dans le rejet d’une ethnie ou
d’une culture au profit de l’autre. Elle est dans la capacité et la volonté des
uns et des autres à vivre en commun dans le respect et l’égalité ». En
germe donc, aussi, tous les ingrédients qui feront en Avril 1989 d’un incident
très triste et regrettable, mais mineur et pas exceptionnel dans la vie rurale
entre frontaliers du Fleuve, le détonateur d’une série d’explosions
affreusement meutrières, de pogroms de part et d’autre du Fleuve, et la cause
d’une rupture profonde entre les deux pays, tandis que vont se pérenniser des
camps de réfugiés.
On parle désormais de
« négro-mauritaniens », voire d’« opposants négro-africains »
[9]
– ce qui me stupéfia quand, accompagnant le président Moktar Ould Daddah à son
retour d’exil, je me fis raconter ce qu’il s’était passé depuis 1978… Avant
cette date, on n’aurait jamais évoqué que des compatriotes du Fleuve.
Si la réalité de ces tentatives de coups
d’Etat ethniques n’a jamais été établie, ni même un quelconque lien entre les
officiers exécutés et les F.L.A.M., en revanche celle des massacres ne fait pas
de doute. La liste – avec numéros matricules – existe et a été
internationalement vérifiée. De l’automne de 1987, date, à mon sens
d’observateur étranger et rétrospectif, le dérèglement d’un cours qui avait pu
un temps rallier – dans l’espérance d’un retour à la « normale » -
même d’anciens ministres de Moktar Ould Daddah.
[1] - Tout
au long d'une riche histoire, marquée notamment par l'édification de vastes
empires dont le rayonnement dépassa largement les frontières de notre
pays, nos communautés ont toujours su vivre ensemble dans une fraternelle
harmonie. Notre histoire récente a été cependant jalonnée de péripéties
difficiles et parfois douloureuses. Au cours des années 80, notre pays a été le
théâtre d'atteintes massives aux droits de l'homme qui devaient culminer en
1989-90-91. Des citoyens mauritaniens à l'intérieur et à l'extérieur du pays
ainsi que des résidents établis en Mauritanie ont été victimes d'exactions
graves et injustifiées. Des populations mauritaniennes paisibles se sont vues
contraintes à quitter leur pays. Des atteintes cruelles à la dignité, des abus
et dénis de droit d'une grande ampleur ont été commis.
[2] - Moktar Ould Daddah l’explique
dans ses mémoires (La Mauritanie contre vents et marées Karthala . Octobre 2003 . 669 pages –
disponible en arabe et en français), p.
482-483, en partie pour une raison de santé
[3] - Moktar Ould Daddah le rappelle dans ses mémoires
op. cit. p. 489 : Quoi qu’il en soit et quelles que fussent
ses motivations et ses arrière-pensées – il en avait sûrement, mais qui n’en
aurait pas eues à sa place ? le Président Boumedienne avait montré une si
grande disponibilité et un si vif désir de nous aider dans une phase cruciale
de notre lutte de lmibération nationale, si militant et si apparemment
désintéressé, qu’il m’avait profondément touché.Dès lors, je considérais que
mon pays et moi étions ses débiteurs. Aussi, malgré tout le mal qu’il nous a
fait ensuite, c’est-à-dire après la rencontre de Béchar, le 10 novembre 1975,
je lui pardonne, d’autant plus qu’il est mort. Que Dieu l’enveloppe de sa très
grande miséricorde et qu’Il l’accueille dans son paradis.
[4] - pour les F.L.A.M., il faudrait dire « en présence
de Maures animateurs d’un mouvement politique pan-arabe, notoirement raciste,
regroupés au sein d’une prétendue Ligue mauritanienne des droits de
l’homme »
[5] - le 24 Juillet 1986, avait été adopté
en Conseil des ministres un projet
d’ordonnance instituant des « communes démocratiquement élues » :
4 listes par ville, représentation proportionnelle, déduction faite des listes
ayant obtenu moins de 10% des voix et le 19 Décembre suivant, avait eu
lieu un premier tour d’élections municipales dans le calme : 13 villes
concernées seulement, puis le 26 Décembre un second tour pour les quatre
principales communes (Nouakchott, Nouadhibou, Aleg, Rosso) où les listes
étaient en ballotage. Juste après la prétendue tentative de coup d’Etat, le 2
Novembre 1987, est publié le décret organisant les élections municipales dans
les chefs-lieux des 32 départements (11 à 21conseillers sur 4 listes dans
chaque ville).
[6] - le bilan en est fait le 13 Octobre 1986 par le directeur
général de la sûreté nationale, le capitaine Ely Ould Mohamed Vall, qui fait
état d’ « organisation clandestine totalement
neutralisée » : « nous n’admettrons pas qu’avec des visées
intérieures ou extérieures à la
Mauritanie, le terrorisme puisse s’installer chez nous »
[7] - le 7 Septembre 1986, la rumeur est
publique : arrestations de plusieurs dizaines de personnes (parmi
lesquelles Hamdi Ould Boukreiss, homme d’affaires, et Def Ould Babana,
diplomate), dont trente cadres « négro-africains » (parmi lesquels
l’historien et linguiste Oumar Ba ; deux anciens ministres Tafsirou Djigo
et Mamadou Ly ; Abdoul Aziz Ba, ancien député ; Tène Youssouf Guèye,
écrivain illustre et qui va mourir en prison ; Ibrahima Sarr,
journaliste ; Abdoulaye Sarr, professeur ; Seydou Kane,
chercheur ; Ibrahima Tall, professeur ; Ba Mbare, directeur de
société ; Sy Mamadou Youssouf, cadre de banque) pour « réunion
publique non autorisée et distribution de tracts portant atteinte à l’unité
nationale » ; leurs proches considèrent ces arrestations comme
« une mesure punitive à l’encontre des négro-africains qui ne veulent plus
être considérés en Mauritanie comme des citoyens de seconde zone »
[8] -
à Jeune Afrique, le publiant
le 14 Novembre 1986, Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya donne son analyse :
« des éléments subversifs ont cherché à susciter la guerre civile dans le
pays … ont tenté de mettre le pays à feu et à sang mettant ainsi l’unité
nationale en danger ». Il s’agit d’ « un phénomène importé, s’inspirant du
terrorisme international »
[9] - sa première expression « officielle » semble
dater du discours que prononce le colonel Ould Sid’Ahmed Taya, le 27 Novembre
1986
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