Mariage et monothéisme – témoignage et émotion d’un ami cher musulman
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Sent: Tuesday, November 13, 2012 10:35 AM
Subject: mariage et monothéisme
Bonjour,
Je vous écris pour partager une émotion. Dans ce débat et vrai motif à protestation de l’Eglise et des croyants, au sujet du mariage, je suis choqué par l’utilisation de l’argument de la polygamie. L’Eglise, on peut parler d’elle, quand c’est l’évêché de Dijon, commet une faute à mes yeux. Jouer sur un argument hors sujet, mais à propos, pour faire glisser les sensibilités populaires ; par confusion des peurs ; est loisible aux forces classiques. Mais pas pour l’Eglise.
L’Islam de France est menacé dans son existence par les Islams en France et la difficulté d’acceptation de la France. Le passif est certes lourd entre l’Eglise et l’Islam. L’Eglise a un devoir de vigilance face autres religions, singulièrement l’Islam. Tout cela je peux le comprendre.
Mais tout de même ! C’est bien la place du monothéisme, en tant que source d'influence morale sur les esprits, qui est en jeu.
Amitiés
----- Original Message -----
Sent: Tuesday, November 13, 2012 10:58 AM
Subject: Re: mariage et monothéisme
Souleiman, je comprends à première lecture. Mais voulez-vous développer et beaucoup. Je vous répondrai. Nous sommes sur la même longueur d'ondes, et vous répandrai au maximum. Mais argumentez (-moi et tous) davantage.
Fraternellement.
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Sent: Tuesday, November 13, 2012 1:08 PM
Subject: Re: mariage et monothéisme
NON, je ne vous argumenterais pas davantage!........... pour de multiples raisons , fraternelles en particulier.
Je vous livre n'éanmoins une reflexion en cours, inachevé, en toute confiance.
amitiés
L’Eglise catholique romaine sort ces jours- ci de sa réserve, pour la loi sur le mariage et l’adoption par les homosexuels.
Face à la nouvelle loi, les monothéismes sont d’accord entre eux. Mais tous savent l’argument du dogme religieux révoqué en occident.
En France, l’Islam reste discret dans son désaccord avec la loi. Il est trop occupé à sa survie et effrayé des effets collatéraux du débat. D’autant qu’en fin d’argumentation, l’Eglise catholique renvoi à la polygamie. Argument hors sujet, mais à propos, pour faire glisser les sensibilités populaires par confusion des peurs.
Le judaïsme est étrangement aussi silencieux, comme si son avenir en tant que religion se jouait ailleurs ou autrement.
Mais le christianisme ne peut fuir la bataille. Combat des valeurs pour les chrétiens (comme pour les adeptes des autres monothéismes), combat politique pour l’Eglise. Si les valeurs des chrétiens sont claires et doivent être entendus ; le combat de l’Eglise doit être compris d’être avant d’être jugé négativement.
Un retour vers le passé récent de l’histoire de l’humanité indique que le monothéisme est un intrus dans l’institution du mariage.
Le mariage est né avant le monothéisme. Il se fondait sur une solidarité entre conjoints, d’abord matérielle (y compris biologique) puis affective. La solidarité matérielle fondatrice du lien maritale répond aux besoins de préservation et de perpétuation biologique, économique et de transmission culturelle. La transformation affective attendu des conjoints, par le mobile d’essence matériel et biologique, était d’une efficacité telle, qu’elle sert de mythe fondateur au mariage : « on se marie parce que l’on s’aime ». Notre époque, a poussé l’ambition au point d’inverser les termes du contrat : « c’est parce qu’on s’aime que l’on accomplit la matérialité du couple »
Les monothéismes ont donc trouvé le mariage fondé et viable en tant que contrat sociale et se le sont approprié selon leur espace culturelle de primo- développement.
Judaïsme et Islam, constatent le mariage existant et lui « conserve sa nature » de contrat sociale matériel et affectif d’encrage tribalo-régionale. Moyennant des compromis, ils s’encrent aux traditions locales. Ces deux religions ayant « réussis » dans l’espace culturel d’origine, restent marquée par celui-ci. Le christianisme n’agit pas autrement à ceci près qu’ayant « échoué » sur son lieu d’origine, il ne prend ascendant, puissant sur les sociétés, qu’une fois parvenu à Rome. De sorte que c’est le mariage romain revu et corrigé qui marque les communautés chrétiennes les plus nombreuses. Mais là où les autres monothéismes « bénissent » et reconduisent (après compromis) les fondements antérieurs du mariage, le christianisme apporte une originalité et une exigence supérieure : le sacrement. Un lien spirituel qui consacre davantage qu’une communauté de foi : Une unicité d’être spirituel du couple.
La question de la sexualité et de la procréation ne tiennent pas, à l’origine, dans les monothéismes la centralité et la complexité qu’elles prennent plus tardivement dans la société. Les monothéismes suivent davantage qu’il n’y parait les coutumes environnantes.
Néanmoins comme pour tout effort « d’humanisation volontariste », le monothéisme tant à opprimer quelque chose dans la nature première de l’homme.
Le christianisme fait une impasse « en principe » égalitaire ou plus exactement un déni égalitaire de la polygamie naturelle des mammifères humains. Hommes et femmes sont conduits à la clandestinité pour accomplir la polygamie de l’espèce. En pratique, comme pour les autres monothéismes, le christianisme s’accommode de la polygamie (surtout polygyne), et n’en fait pas motif majeur de tension sociale. En dehors d’un contexte de réécriture de la forme conjoncturelle du politique, polygamie et sexualité font partie des outils de négociations de l’Eglise avec la société.
L’Eglise et non les chrétiens, ne serai pas crédible à exprimer de l’effroi, devant une sexualité non conforme aux dogmes et encore moins à une procréation utilisant des subterfuges. Pas plus que pour une grande peur à voir des enfants élevés par des couple de mêmes sexes, quand elle les fait élever par des communautés unisexués. Elle n’est pas davantage totalement crédible pour son attachement à la vérité dû à l’enfant sur sa conception, quand elle reprend le droit romain sur la « paternité légitime ».
Et rien de prouve que ce genre de « secret de famille » nuisent moins à l’enfant que gérer la dissociation entre l’effectivité parentale et la vérité de parentalité biologique.
Il est vrai que la souffrance de l’homme est authentiquement insupportable à l’Eglise et aux chrétiens. Mais elle est aussi inscrite dans les mystères de dieu. Et la souffrance psychique de l’homme ayant vocation à rencontrer la charité chrétienne et la miséricorde de Dieu, on ne voit pas en quoi de futures et nouvelles névroses familiales, menaceraient l’Eglise dans sa vocation d’amour ou ses fondements.
Alors qu’es-ce qui menace l’Eglise dans ce nouveau contrat social.
Le mariage homosexuel, pèsera encore davantage à la baisse chez les hétérosexuels vers moins de mariage religieux. Le mariage à l’Eglise est « un produit » qui valorise, encore, le statut social du couple. Un supplément de perte d’image tendra à réduire la demande aux seuls chrétiens engagés. Ors, mariage, enterrement et baptême sont les rares moments où la « foule » va au contact de la voix de l’Eglise. C’est comme si la communication des pouvoirs publiques perdait TF1et voyait venir la fermeture d’antenne 2.
Mais il y a plus grave : La séparation entre mariage civil et religieux n’autorisait à la mairie que des personnes ayant vocation au mariage à l’Eglise. Le monopole moral d’une présence religieuse, à la fondation des couples était préservé. Par le mariage homosexuel, l’ordre social s’affranchit réellement et publiquement de la morale religieuse.
L’Eglise et les chrétiens, après elle, a raison de dire « qu’il ne s’agit plus du mariage (de « l‘ordre monothéiste ») » C’est un rétablissement de « l’ordre païen » ! Restauration qui se fait sans réflexion , ni choix éclairé (pour tous) sur les enjeux de changement « d’ordre »
Il y a aussi rupture d’un pacte républicain tacite quoique non proclamé. La neutralité de l’Etat ne « pourchassait » pas le religieux dans ses « mises en scènes » et leurs fins. L’Etat, en préférant suivre une revendication sociale particulière et circoncise, rompt unilatéralement un contrat implicite. L’Eglise aurait raison de se sentir flouée et est fondée à souhaiter confronter l’Etat à une de ses « mise en scène » : le suffrage universelle par référendum.
D’autant que la remise en cause se fait de façon insupportable : C’est dans la publicité que se trouve l’affirmation et la déconstruction pour tout pouvoir. Cela est vrai d’un pouvoir moral autant que du pouvoir de l’Etat Français. Les couples homosexuels ne menacent pas l’Eglise. Mais des couples reconnus, mettent à bas une morale source d’influence sur les esprits. Ors un gouvernement tient autant par ses militants (les croyants) et ses sympathisants (par crédulité ou contrainte) que par la foule qui fait « comme tout le monde ». Un roi peut accepter d’être en guenilles à condition que personne ne le dise. Les pouvoirs tiennent autant par les adhésions idéologiques qu’ils recrutent que par le respect, par tous, de leurs mises en scènes.
L’Eglise peut donc être comprise dans son opposition au mariage et la parentalité des homosexuels. Mais qu’est-ce que cela peut-il faire aux chrétiens engagés ou pas, aux autres monothéismes, aux agnostiques et athées, dès lors qu’ils ne sont pas anticléricaux ?........................
circulaire courriel à quelques évêques, religieux et prêtres en France
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Sent: Wednesday, November 14, 2012 8:25 AM
Subject: important
Monseigneur, mon Père,
je reçois l'expression d'une émotion et le témoignage d'un ami musulman - qui m'est cher. Il est établi en France, nous apprécie, reste très fervent de son propre pays, lucide sur la Mauritanie comme sur la France , sans être jamais figé dans un point de vue.
Il me semble qu'il nous interpelle, surtout en ce moment de "mobilisation" - à laquelle personnellement je ne participe pas car le chômage et le respect des droits de l'homme nous détruit socialement et spirituellement bien davantage qu'une législation sur le mariage homosexuel... et il me semble que l'Eglise devrait s'y impliquer avec la même énergie.
Je vous confie donc ce témoignage.
Filialement et avec déférence.
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