mercredi 14 novembre 2012

mariage et monothéisme - émotion et témoignage

Mariage et monothéisme – témoignage et émotion d’un ami cher musulman


 ----- Original Message -----
To: keija
Sent: Tuesday, November 13, 2012 10:35 AM
Subject: mariage et monothéisme

Bonjour,
Je vous écris pour partager une émotion.  Dans ce débat et vrai motif à protestation de l’Eglise et des croyants, au sujet  du mariage, je suis choqué par l’utilisation de  l’argument de  la polygamie. L’Eglise, on peut parler d’elle, quand c’est l’évêché de Dijon, commet une faute à mes yeux. Jouer sur un argument  hors  sujet, mais  à propos, pour faire glisser les sensibilités  populaires ; par confusion des  peurs ; est  loisible aux forces classiques.  Mais pas  pour  l’Eglise.
L’Islam de France est menacé dans son existence par les Islams en France et la difficulté d’acceptation  de  la France. Le passif est certes lourd entre  l’Eglise et  l’Islam. L’Eglise  a un devoir  de vigilance face autres religions, singulièrement l’Islam. Tout cela  je  peux  le comprendre.
Mais tout de  même ! C’est bien la place du monothéisme, en tant que source d'influence morale sur les esprits, qui est en jeu.
Amitiés

----- Original Message -----
Sent: Tuesday, November 13, 2012 10:58 AM
Subject: Re: mariage et monothéisme

Souleiman, je comprends à première lecture. Mais voulez-vous développer et beaucoup. Je vous répondrai. Nous sommes sur la même longueur d'ondes, et vous répandrai au maximum. Mais argumentez (-moi et tous) davantage.

Fraternellement.

----- Original Message -----
Sent: Tuesday, November 13, 2012 1:08 PM
Subject: Re: mariage et  monothéisme

NON, je ne vous argumenterais pas davantage!........... pour de  multiples raisons , fraternelles en particulier.
Je vous  livre n'éanmoins une reflexion en cours, inachevé, en toute confiance.
amitiés

L’Eglise catholique romaine sort ces jours- ci de sa réserve, pour la loi sur le mariage et l’adoption par les homosexuels.
Face à la nouvelle loi, les monothéismes sont d’accord entre eux.  Mais tous savent l’argument du dogme religieux révoqué en occident.
En France, l’Islam reste discret dans son désaccord avec la loi. Il est trop occupé à sa survie et effrayé des effets collatéraux du débat. D’autant  qu’en fin d’argumentation, l’Eglise catholique renvoi à la polygamie. Argument hors sujet, mais à propos,  pour faire glisser les sensibilités populaires par confusion des peurs.
Le judaïsme est étrangement aussi silencieux, comme si son avenir en tant que religion se jouait ailleurs ou autrement.
Mais le christianisme ne peut fuir la bataille. Combat des valeurs pour les chrétiens (comme pour les adeptes des autres monothéismes), combat  politique pour l’Eglise. Si les valeurs des chrétiens sont claires et doivent être entendus ; le combat de  l’Eglise doit être compris d’être avant d’être jugé négativement.
Un retour vers le passé récent de l’histoire de l’humanité indique que le monothéisme est un intrus dans l’institution du mariage.
Le mariage est né avant le monothéisme.  Il se fondait sur une solidarité entre conjoints,  d’abord matérielle (y compris  biologique) puis affective.  La solidarité matérielle fondatrice du lien maritale  répond  aux besoins  de  préservation et de perpétuation biologique, économique et de transmission culturelle. La transformation affective attendu des conjoints, par  le mobile d’essence  matériel et biologique, était d’une efficacité telle,  qu’elle sert de  mythe  fondateur au  mariage : «  on se  marie  parce que l’on s’aime ». Notre  époque, a  poussé l’ambition au point d’inverser  les termes du contrat : « c’est  parce qu’on s’aime que  l’on accomplit  la matérialité du couple »
Les  monothéismes  ont donc trouvé le mariage fondé et viable en tant que contrat sociale et se le sont approprié  selon leur espace culturelle de  primo- développement.
Judaïsme et Islam,  constatent  le mariage existant et  lui « conserve sa  nature »  de  contrat sociale matériel et affectif d’encrage tribalo-régionale. Moyennant des compromis, ils s’encrent aux traditions  locales. Ces deux religions  ayant « réussis » dans  l’espace culturel d’origine,  restent  marquée par celui-ci. Le christianisme n’agit  pas autrement à ceci près  qu’ayant « échoué » sur son lieu d’origine, il ne prend  ascendant, puissant sur  les sociétés,  qu’une fois parvenu à Rome. De sorte que c’est  le mariage  romain revu et corrigé qui marque les communautés  chrétiennes les plus nombreuses. Mais  là où les autres monothéismes « bénissent » et reconduisent (après compromis) les fondements antérieurs du mariage, le christianisme apporte une originalité et une exigence  supérieure : le sacrement. Un lien spirituel qui consacre davantage qu’une communauté de foi : Une unicité d’être  spirituel du couple.


La question de  la sexualité  et de  la procréation ne tiennent pas, à l’origine, dans  les monothéismes  la centralité et la complexité  qu’elles  prennent  plus tardivement dans  la société. Les  monothéismes suivent davantage qu’il n’y parait les coutumes environnantes.
Néanmoins comme pour  tout effort « d’humanisation volontariste », le monothéisme  tant  à  opprimer quelque chose dans la nature première de l’homme.
  Le christianisme fait une impasse « en principe » égalitaire ou plus exactement un déni égalitaire de la polygamie naturelle des mammifères humains.  Hommes et femmes  sont  conduits à la clandestinité pour accomplir la polygamie de l’espèce. En pratique, comme pour les autres monothéismes,  le christianisme s’accommode de la polygamie (surtout polygyne), et n’en fait pas  motif  majeur  de tension sociale. En dehors d’un contexte de réécriture de  la forme conjoncturelle du politique, polygamie et sexualité font partie des outils de  négociations de l’Eglise avec la société.
L’Eglise et non les chrétiens, ne serai pas crédible à exprimer de l’effroi, devant une sexualité non conforme aux dogmes et encore moins à une procréation utilisant des subterfuges. Pas  plus que  pour une grande peur à voir des enfants élevés  par des  couple de mêmes sexes, quand  elle les fait élever par des  communautés unisexués. Elle n’est  pas davantage totalement crédible pour son  attachement  à  la vérité dû à l’enfant sur sa conception,  quand  elle reprend le droit  romain sur la « paternité légitime ».
 Et rien de  prouve  que  ce genre  de «  secret de  famille » nuisent  moins  à l’enfant que  gérer la  dissociation entre l’effectivité parentale et la vérité de parentalité biologique.
Il est  vrai que la souffrance de  l’homme est  authentiquement insupportable à l’Eglise et aux chrétiens. Mais elle est aussi inscrite  dans  les  mystères de dieu. Et  la souffrance psychique de l’homme ayant vocation à rencontrer la charité chrétienne et la miséricorde de Dieu, on ne voit  pas  en quoi de  futures et nouvelles névroses  familiales,  menaceraient l’Eglise dans  sa vocation d’amour ou  ses fondements.
Alors  qu’es-ce qui  menace  l’Eglise dans ce  nouveau contrat social.
Le mariage homosexuel, pèsera encore davantage à la baisse chez les hétérosexuels vers moins de mariage religieux. Le  mariage  à l’Eglise est «  un produit »  qui valorise, encore, le statut social du couple. Un supplément de perte d’image tendra à réduire la demande aux seuls chrétiens engagés. Ors, mariage, enterrement et baptême sont les rares moments où la « foule » va  au contact  de la voix de l’Eglise. C’est comme si la communication des pouvoirs  publiques perdait TF1et voyait venir la fermeture d’antenne 2.
Mais il y a plus grave : La séparation entre mariage civil et religieux n’autorisait à la mairie que  des  personnes  ayant vocation  au mariage  à l’Eglise. Le monopole  moral d’une présence religieuse, à la fondation des couples était préservé. Par le mariage  homosexuel, l’ordre social s’affranchit réellement et publiquement de la morale religieuse.
 L’Eglise et les chrétiens, après elle, a  raison de  dire « qu’il ne s’agit plus du mariage (de  « l‘ordre monothéiste ») » C’est un rétablissement de «  l’ordre païen » ! Restauration qui se fait sans réflexion , ni choix  éclairé (pour tous)  sur les enjeux de  changement « d’ordre »
 Il y a aussi rupture d’un pacte républicain tacite quoique non proclamé. La  neutralité de l’Etat ne « pourchassait » pas le religieux dans ses «  mises en scènes » et leurs fins.  L’Etat, en préférant suivre une revendication sociale particulière et circoncise, rompt unilatéralement un contrat implicite. L’Eglise aurait raison de se sentir flouée et est fondée à souhaiter confronter l’Etat  à une de  ses  « mise  en scène » : le suffrage  universelle par référendum.
D’autant que  la remise  en cause  se fait de façon insupportable : C’est dans  la publicité que se trouve l’affirmation et  la déconstruction pour tout pouvoir. Cela est vrai d’un pouvoir moral autant  que du pouvoir de  l’Etat Français. Les couples homosexuels ne menacent pas l’Eglise. Mais des couples reconnus, mettent à bas une morale source d’influence sur  les esprits. Ors un gouvernement tient  autant par ses militants (les croyants) et ses sympathisants (par crédulité ou contrainte) que par la foule qui fait «  comme tout le monde ». Un roi peut accepter d’être en guenilles à condition que personne ne le dise. Les pouvoirs tiennent autant  par  les adhésions idéologiques qu’ils recrutent que  par le  respect, par  tous, de  leurs  mises en scènes. 
L’Eglise peut donc être comprise dans son opposition au mariage et la parentalité des homosexuels.  Mais qu’est-ce que cela peut-il faire aux chrétiens engagés ou pas, aux autres monothéismes, aux agnostiques et athées, dès lors qu’ils ne sont pas anticléricaux ?........................


circulaire courriel à quelques évêques, religieux et prêtres en France

----- Original Message -----
Sent: Wednesday, November 14, 2012 8:25 AM
Subject: important

Monseigneur, mon Père,

je reçois l'expression d'une émotion et le témoignage d'un ami musulman - qui m'est cher. Il est établi en France, nous apprécie, reste très fervent de son propre pays, lucide sur la Mauritanie comme sur la France, sans être jamais figé dans un point de vue.

Il me semble qu'il nous interpelle, surtout en ce moment de "mobilisation" - à laquelle personnellement je ne participe pas car le chômage et le respect des droits de l'homme nous détruit socialement et spirituellement bien davantage qu'une législation sur le mariage homosexuel... et il me semble que l'Eglise devrait s'y impliquer avec la même énergie.

Je vous confie donc ce témoignage.

Filialement et avec déférence.


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