Comment Mohamed Ould Abdel Aziz confirme les rumeurs à son sujet
Je viens d’écouter l’interview de MOAA à RFI. Et j’ai été surpris par la conformité des détails qu’il a donnés sur la nature de ses blessures et même sur les actes médicaux pratiqués sur lui avec ce que nous disait la rumeur tout au long des quarante jours de maladie du général : la balle a traversé les intestins, les organes d’évacuation, le côlon, il fallait recoller, recoudre…a-t-il dit en substance.
Exactement comme il se disait à Nouakchott où, dès le 14 octobre, on réfutait déjà, avec ténacité, la version officielle communiquée aux journalistes par le ministre de la Communication de MOAA(le pauvre !) et selon laquelle le général était « légèrement blessé au bras ». Et pendant six semaines, le commun des mauritaniens se répétait, (avec une exactitude maintenant ahurissante) que MOAA était blessé à l’abdomen, que la balle avait traversé son intestin grêle à plusieurs endroits et touché son côlon, qu’en recousant son ventre, ses médecins à Nouakchott n’étaient pas d’accord sur la manière d’assurer les transit intestinal, etc.
L’interview de MOAA à RFI donc donne raison à la rumeur contre la version officielle sur les organes touchés et la nature des blessures. N’est-il pas logique qu’il en soit de même pour tout le reste et notamment pour les circonstances de l’incident ?
A ce sujet, la version officielle a été donnée, à sa sortie de la salle d’opération, par le général lui-même : des tirs par erreur d’un poste de contrôle de l’armée.
Faux ! a rétorqué la rumeur qui avait commencé, la veille, à parler d’Aqmi, d’un garde du corps tué lui-même sur le coup…
Après avoir tergiversé quelques jours, la rumeur s’est finalement focalisée sur une affaire de mœurs, variant certes les acteurs (un homme jaloux, un des fils du général jaloux pour sa mère, une femme déshonorée…), mais gardant toujours le même canevas et, surtout, balayant d’un revers de main la version officielle autour de laquelle circule désormais des anecdotes et des expressions populaires (Degueit Roukbt i = J’ai mis genoux à terre).
En Mauritanie, plus encore qu’ailleurs, la rumeur est une manifestation de la résistance de la vérité au camouflage et à la dissimulation. Elle naît souvent de pressions de bonne conscience chez les acteurs et témoins des faits eux-mêmes lorsque, pour une raison ou une autre, ils sont tenus de complicité avec ceux qui veulent étouffer la vérité ; elle se nourrit certes de l’imagination des gens et subit, comme tout message oral, nombre d’altérations tout au long de son processus de transmission, mais il y a – et demeure- toujours une part de vérité en elle ; ce qui lui permet de résister farouchement au mensonge.
Dans le cas actuel, on peut aisément comprendre pourquoi, dans la partie « médicale » du feuilleton, la rumeur l’a très vite remporté sur la version officielle : c’est de l’hôpital militaire qu’elle et partie ; la multiplicité des témoins (médecins, infirmiers, simples filles et garçons de salle et même sentinelles et autres serveurs de thé) aidant. Pour la partie concernant l’incident lui-même, le nombre réduit des témoins concourt à différer l’affleurement de la vérité. Mais ayons confiance au temps. Il fera parler quelqu’un ou quelque chose un jour.
D’ores et déjà il y a des indices parlants …de silence : Aucun témoin autre que la victime et l’auteur des tirs n’a parlé, alors qu’il y en avait plusieurs (Le cousin et ami de MOAA qui aurait été avec lui dans la voiture et l’aurait conduit à l’hôpital – et que personne n’a vu ce soir-là !- le compagnon de l’officier qui a tiré – il n’était pas seul selon la version officielle - ou les soldats sous son commandement, la voiture touchée par les tirs (personne ne l’a vue, même au moment où elle a amené le blessé !)…
Tous ces silences, ne sont-ils pas d’ailleurs, autant de pressions de bonne conscience chez certains acteurs et/ou témoins ?
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