mardi 6 novembre 2012

France-Mauritanie - pour mémoire II - 2008-2009

Journal en Mauritanie ou autour


Le système français en 2008-2009 .
condamner ou soutenir ?
le putsch du 6 Août



Le Calame a publié – 28 Avril 2009 – des extraits de mon journal personnel pouvant éclairer l’attitude française face au putsch du 10 Juillet 1978. Le Calame sous la plume d’Ahmed Ould Cheikh a déjà synthétisé une enquête à Paris – 7 Avril 2009 – à  propos des attitudes françaises envers les putschistes du 6 Août 2008. J’y ajoute maintenant quelques notes d’entretien avec de hauts fonctionnaires ou avec un avocat à l’influence reconnue. Je crois continuer de servir ainsi la meilleure amitié franco-mauritanienne. Ce que j’essaie de faire depuis quarante quatre ans. Pour ne pas gêner (la carrière de) quelques-uns de mes interlocuteurs, je remplace leur nom par une lettre, mais cite les responsables politiques et M° Robert Bourgi : c’est le propre de la décision qu’elle soit signée et que ses conséquences soient assumées.

La différence essentielle entre 1978 et 2008-2009 tient à ce que jusqu’en 2005, la présidence de la République française n’a pas – envers l’Afrique – d’intermédiaire hors organigramme, et que la structure décisionnelle correspond à la structure d’Etat.

Comment la France est-elle passée d’une condamnation dès le 6 Août 2008 (« l’attachement de la France à la préservation de l’Etat de droit en toute circonstance et son hostilité à la prise du pouvoir par la force ») aux affirmations du secrétaire d’Etat compétent, président en exercice de l’instance européenne prévue par le traité de Cotonou, puis de son plus haut représentant et décideur, à Niamey, le 27 Mars 2009 [1] ? Première question non élucidée encore. Comment l’opposition au système pustchiste – enfin unie – et manifestant aussi clairement qu’habilement en occupant l’Assemblée Nationale le 11 Mai 2009 la pétition constitutionnelle, a-t-elle pu entrer dans le système de Dakar alors qu’elle avait récusé le système libyen ? Seconde question à élucider. Quelques pistes s’ouvriront si l’agenda des principales personnalités est connu : seul celui du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été, du putsch au discours du 26 Juin 2009, accessible à tous. Les rendez-vous parisiens et bruxellois de tel et tel. Ceux du général El Ghazouani se déduisent en partie des notes qui suivent, ils ont préparé ceux du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz. Comment M° Robert Bourgi qui, à l’entendre et je le crois, n’était plus venu en Mauritanie depuis sa période d’enseignement à l’E.N.A. en 1977, a-t-il été recruté par Mohamed Ould Bouamatou, agissant pour compte des putschistes, alors qu’il été particulièrement lié depuis ses débuts en Françafrique au président Omar Bongo, a priori peu soucieux de donner à ses propres militaires l’exemple mauritanien ? troisième question…

Mais j’ai vêcu cette année autrement – dans l’angoisse. En constant contact électronique avec des amis nouveaux et des relations confiantes très anciennes, j’ai cherché à informer les décideurs français et européens par une série de notes [2]. Celles-ci ont ouvert les conversations dont je rends compte plus bas. Le point tournant a été la mise au point d’une intermédiation – inofficielle et discrète – qui aurait eu l’aval de la France et de Bruxelles. J’en donne en conclusion la proposition écrite, datée du 18 Novembre 2008. Rencontrant à l’occasion d’un séjour à Nouakchott qui aurait eu apparemment un tout autre objet mes amis que sont – dans l’ordre chronologique de la rencontre, depuis 1964 Ahmed Ould Daddah, depuis 1970 Sidi Ould Cheikh Abdallahi et depuis 2006 Messaoud Ould Boulkheir, j’aurais écouté, chacun successivement puis proposé la même synthèse à tous, la synthèse des compatibilités. Les pustchistes en revanche auraient été, d’entrée, au courant de ma démarche et auraient pris l’engagement que je sois libre de mes mouvements, que ma documentation écrite ou enregistrée serait resté inviolable. Le chiffre de l’ambassade de France et celui de la délégation de la Commission européenne à Nouakchott auraient été mis à ma disposition. M° Robert Bourgi pouvait convaincre les deux généraux de l’intérêt de ma tentative leur faisant connaître – pratiquement mais sans engagement de part et d’autre – les positions de chacun. Une modulation serait devenue possible. Le silence me répondit, je fis passer au président du Haut Conseil d’Etat des lettres à deux reprises. Je n’ai pas reçu de réponse. Il y eut Dakar, après que j’eusse ultimement tenté de rencontrer aussi bien le président de la République française que son secrétaire général. Je donne ci-après les courriels proposant un autre exposé de la question mauritanienne que celui auxquel chacun ajoute foi.
Du putsch au soir du scrutin présidentiel, il manque à tous – du peuple mauritanien dans son ensemble à chacun des principaux personnages du drame, les deux généraux Abdel Aziz et El Ghazouani compris  – deux éléments : la connaissance des stratégies intimes de chacun des autres en Mauritanie, l’évolution des appréciations de la situation mauritanienne à Bruxelles et à Addis Abeba. Mohamed Ould Abdel Aziz, seul, n’a jamais changé de stratégie ni de discours, ce qui a forcé tout le reste – des collectifs aux individus, dont aucun n’était vraiment fixé dans son attitude – à s’adapter à lui. La pression internationale n’a jamais porté un effort unanime et constant sur lui. Elle a très vite reçu les concessions de forme du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi comme la possibilité d’évoluer d’une position totalement réprobative le 6 Août 2008 à son exact contraire les 19-20 Juillet 2009. La « communauté internationale » – entretemps et décisivement – avait analysé, selon quels entretiens encore secrets ? la ductilité des opposants au putsch et la lassitude populaire. Privé de toutes racines, de tout héraut, le symbole et l’acteur de la légitimité ne pouvait plus que s’incliner. Autrement, il serait passé pour un fauteur de guerre civil après l’accord de Dakar, exacte posture dans laquelle les généraux limogé l’avait déjà placé le matin de leur coup.

Responsabilité collective nationales et internationales, bien davantage que génie du vainqueur de ces douze mois.

Et, en France, deux lignes différentes : celle du pouvoir, celle des bureaux et cabinets ministériels…eux-mêmes représentés à l’Elysée ! Mes tentatives d’informer n’ont pu porter que sur les bureaux, les groupes d’amitié parlementaires s’ignorant les uns les autres ne se sont pas ouverts. Je n’ai pas cherché à rencontrer les groupes éventuellement intéressés : Gaz de France, Total …déjà peu portés à la confidence quand j’étais ambassadeur en exercice. Bruxelles, au contraire, à un niveau opérationnel, est ouvert mais l’atavisme est de laisser la France en chef de file.
Bertrand Fessard de Foucault

personnes citées et abréviations

. MAA – Mohamed Ould Abdel Aziz
. Robert Bourgi – avocat, né à Dakar
. Edgard Pisani – ministre du général de Gaulle 1961-1967, de François Mitterrand 1984-1985 et entretemps membre de la Commission européenne chargé du Développement
. Jacques Foccart – proche collaborateur du général de Gaulle depuis Décembre 1946, il est secrétaire général pour les Affaires africaines et malgaches à la présidence de la République de Mars 1960 à  Mai 1974, puis conseiller de Jacques Chirac, Premier ministre en 1986-1988 . ni ses mémoires ni son journal ne mentionnent Robert Bourgi, mais son père Mahmoud Bourgi, décisif indicateur sur la fragilité de Senghor
Journal de l’Elysée éd. Fayard-Jeune Afrique (Février 2001 . 585 pages) tome V pp. 397, 401 & 533
. Louis Michel – membre de la Commission européenne, chargé du Développement 2004-2009
. MoD – Moktar Ould Daddah – ses mémoires La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 664 pages)
. GP – Georges Pompidou, président de la République française 1969.1974
. NS – Nicolas Sarkozy, président de la République française depuis 2007
. Claude Guéant, préfet – secrétaire général de l’Elysée, reçoit les putschistes Septembre 2008 . Juin 2009
. Henri Guaino – conseiller spécial du président français, rédacteur du « discours de Dakar » prononcé le par Nicolas Sarkoy : l’un et l’autre ont-ils lu la réplique africaine ? L’Afrique humiliée (Fayard . Janvier 2008 . 295 pages) d’Aminata Traoé, et le collectif dirigée par Adame Ba Konaré : Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy (La Découverte . Septembre 2008 . 348 pages)
. ACP – groupe des Etats d’Afrique, des Caraîbes et du Pacifique, signataires du traité de Cotonou avec l’Union européenne et ses Etats-membres
. AntoineGlaser – auteur avec Stephen Smith de Sarko en Afrique (éd. Plon . Octobre 2008 .  213 pages)
 . Geoffroy de Courcel, diplomate de carrière, aide-de-camp du général de Gaulle, à Londres le 18 Juin 1940, secrétaire général de l’Elysée en 1959 puis ambassadeur à Londres . oncle de Bernadette Chirac
. Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle – 1958-1968, Premier ministre 1968-1969
. DdeV – Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Elysée pendant le premier mandat présidentiel de Jacques Chirac, ministre des Affaires Etrangères puis de l’Intérieur 2002-2005, Premier ministre 2005-2007
. Jacques Myard – député-maire UMP de Maisons-Laffite (au cabinet du ministre de la Coopération en 1986-1988, voisin de bureau de Robert Bourgi, Jacques Chirac étant de nouveau Premier ministre et Jacques Foccart suivant pour celui-ci les affaires africaines)

Vendredi 24 Octobre 2008

Une première réunion, sous présidence française, entre la délégation mauritanienne et les instances de l’Union européenne a eu lieu à Paris le lundi 20. En principe, le secrétaire d’Etat Alain Joyandet doit se rendre le samedi 25 à Nouakchott venant de Ouagadougou.

. . . rue Monsieur, au ministère de la Coopération, 11 heures 30 à 12 heures 30 + Une vingtaine de minutes d’attente, petit antichambre, les portraits-photos des ministres et secrétaires d’Etat successifs : 28 en 48 ans… crèvent l’écran en magnifique : Michel JOBERT (qui a dû faire l’intérim de Jean-François DENIAU en Mars 1974…) et mon cher Jacques GODFRAIN. DEBARGE hideux et pachydermique, GALLEY chaque oreille (décollée) plus vaste que le visage, et ainsi de suite. ABELIN (mis en scène par Valéry GISCARD d’ESTAING comme doyen du gouvernement censément des jeunes) est impérial à une table de travail, à la Berrichon au Mont-Blanc.
Délégation africaine, une ONG sur le développement économique, c’est ce que m’explique celui que je suis venu voir, jolie couloir repeint de frais, beige avec de nombreuses sculptures et tapisseries africaines, belles. Les lieux vont être évacués, vendus à des Russes ! et le ministère devrait partager de nouveaux locaux avec le ministère des Affaires étrangères – Voici venir A… Complet gris, ni maigre ni  vraiment corpulent, visage plutôt triste, sans âge mais pas âgé. Mes papiers édités et reliés sous ses yeux, petite table ronde à marbre gris, bureau exigu, deux pièces contigües, secrétariat du cabinet et secrétariat du ministre, écrans d’ordinateur, fenêtres sur le semi-jardin vite limité par le boulevard des Invalides – je connais ces lieux depuis longtemps. Il me fait un peu parler, je donne des idées générales sur la Mauritanie, mon attachement pour ce pays et sur ma carrière pour qu’il s’exprime, ce qu’il fait volontiers avec un exorde : je serai transparent avec vous. Sa propre carrière, administrative et non politique (il ne me dira pas sa relation avec Alain JOYANDET et je ne la lui demanderai pas – son titre est d’ailleurs (…) au cabinet commun avec celui de Bernard KOUCHNER, qu’il n’évoque pas non plus) : administrateur civil à la Coopération au sortir de l’E.N.A. en 1991, chargé tout de suite en géographie du Mali puis de la Mauritanie. Il fait alors la connaissance d’Edgard PISANI – rapprochement que je confirme – pour apaiser un conflit avec les Touaregs, celui-ci accompagné d’Ahmed Baba Ould AHMED MISKE, je situe celui-ci, connaissance depuis 1967. Il fait alors partie de la représentation permanente à New-York, chargé de suivre le Conseil de sécurité, un nouveau séjour comme attaché financier, en mobilité aux Finances.
Sans prendre de notes – mais en esquissant le schéma dès que je l’ai quitté – voici ce que je retiens de trois quarts d’heures ensemble.

Position française pas très claire, deux lignes. La première est celle de B … , à l’Elysée, dans l’équipe de Bruno JOUBERT. Il était aux Nations Unies, notre représentation permanente pour gérer la crise ivoirienne. Réflexe légaliste quand il apprend le putsch, remettre Sidi au pouvoir, il n’a pas changé depuis, c’est un homme carré, rude, plutôt violent. Naturellement, avec le temps qui passe, cette position brutale a ses variantes. Deux scenarii. MAA s’efface et passe le pouvoir à des civils pour la transition, mais à cette condition il peut se présenter à l’élection présidentielle dans dix ou quinze mois. Ou bien, MAA et les militaires sont organisés dans les institutions par un genre Conseil national de sécurité, et il ne peut se porter candidat. La seconde ligne à laquelle est sensible Alain JOYANDET, est de considérer le fait accompli et de négocier avec les militaires, personne ne veut Sidi – je n’ai pas laissé passer cela, ai redit les manifestations, la répression et que les militaires ne peuvent de leur côté mettre grand :monde dans la rue, d’où l’interdiction générale, bref dialogue sur le pourquoi de la déception générale et j’ai minoré la charge habituelle sur sa femme – ligne défendu, moyennant finances par un avocat que mon hôte suppose bien connu de moi : avocat de lobby et de couloir, Pierre BOURGI ( ?), également chargé des intérêts de BONGO, celui-ci préfèrerait que son homme ne se mêle pas de Mauritanie. Cet avocat – que manifestement mon vis-à-vis juge négativement – est très lié à Claude GUEANT… A ce point de l’exposé que je n’interromps pas, pas d’évocation du président de la République ni d’un arbitrage ou d’un choix que celui-ci aurait fait. Bruno JOUBERT est en lien constant et direct avec le président de la Commission de l’Union africaine, il est conscient que l’UA est la clé de la relation eurafricaine et par conséquent de la position française en Afrique, et il fait bien le lien entre l’organisation et le test que constitue le coup militaire. Les Mauritaniens font au contraire savoir que l’Union africaine n’existe pas pour eux – propos qui sentent le racisme (mon interlocuteur, dixit) – et que l’on doit s’arranger avec l’Union européenne, en fait avec la France. Mon vis-à-vis semble en recevoir beaucoup, il situe très bien Ahmed Ould DADDAH mais pour me dire que sa position n’est pas claire ni donc saisissable depuis le début du coup. J’ai expliqué ce que j’en comprends et les paramètres psychologiques aussi bien les siens que ceux de ses troupes. Il ne mentionne pas et ne semble pas connaître Messaoud Ould BOULKHEIR. Il n’évoque pas de lui-même l’actuel Premier ministre des pustchistes mais j’indique sa formation bruxelloise et ACP, ni Ely Ould MOHAMED VALL. Les intérêts économiques ne sont pas non plus présents, sinon la déception pour le pétrole, le silence de Total, les deux réflexions provoquées par ma propre interrogation quant à la viabilité budgétaire passée du pays, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pas non plus les aspects sécurité. De Sidi, il retient qu’il aurait penché vers les « islamistes ». J’ai fait le portrait que je tiens de mon propre entretien du 19 Avril 2006 auquel je le renvoie.
La réunion de lundi doit être suivie d’une autre à Nouakchott : je ne lui ai pas demandé s’il y avait participé. L’Espagne est plus indulgente, l’Allemagne nous f… la paix. Pas d’allusion à la Commission européenne ni en particulier à Louis MICHEL. Je dis être en relation avec celui-ci. Il n’évoque pas non plus nos ambassadseurs successifs, je dis du bien de C … pour apprendre sa prochaine nomination à (…). Pas d’évocation de l’actuel que je ne nomme donc pas. Le ministre doit aller à Nouakchott déjà demain – je demande à ce qu’il se charge d’une lettre de moi sur papier libre pour Sidi, puisqu’il entend le voir sans témoin et seul à seul. Mais venant de Ouagadougou, donc trop tard pour examiner mes messages à moins de les lui transmettre par télécopie ou courriel. Convention que je revienne – quoique je rédige sur le champ ma lettre et la lui laisse – pour quelques idées mais avant dix-neuf heures.  Nous convenons de demeurer en contact, j’ai eu l’impression de l’intéresser et que l’idée d’un jeu à quatre : Sidi, MAA forcément, Ahmed Ould DADDAH et Messaoud Ould BOULKHEIR, est aussi la sienne, mais il évoque « mettre tout le monde autour d’une table », pour moi, il s’agit au contraire d’un intermédiariat très discret et personnel. Je ne lui dis pas que je me vois dans ce rôle et que je vais tenter de le jouer, dès mon prochain séjour à Nouakchott.



Vendredi 14 Novembre 2008


. . . avec M° Robert BOURGI, chez lui, 11 heures 10 à midi + J’y arrive dans des dispositions intuitives que j’ai depuis quelques jours – nonobstant la mise en garde, ou plutôt la recommandation de prudence qui m’avait été faite par A … mais que j’ai gardée constamment à l’esprit, et ce que j’avais lu sur internet ; la grande probabilité de rencontrer un homme sympathique, et même très sympathique. Cela commence aussitôt ainsi : l’antichambre minuscule, de plain pied sur le hall d’un rez-de-chaussée spacieux sur cour (le 14 av. … , peut-être – à vérifier – la même adresse que Jean SAUVAGNARGUES) est ornée de beaucoup d’œuvres modernes, de moyennes dimensions, dont une très belle esquisse de portrait coloré vivement bleu et orange, un lavis, et surtout de mots d’amour enfantin, au crayon feutre noir, tous adressés à un papa manifestement aimé et attentif. Je suis arrivé – embouteillages de l’entrée dans Paris – avec six minutes de retard. Je suis introduit dans les trois minutes. Salle-bureau en longueur, éclairée a giorno, fenêtres ou volets tamisant tout, murs ultra garnis, vers le fond à pans coupés un tryptique. A gauche, Napoléon, avec centralement, cette gravure que j’ai manquée à Vienne il y a vingt ans et qu’il me faut trouver absolument et dont je ne me souvenais pas vraiment telle qu’elle est, l’Empereur faisant jeune est sur un canapé à dossier et accoudoirs, très détendu à lire un document, et le roi de Rome allongé paisiblement sur le canapé repose, la tête sur les genoux sur père, et dort. Une impression de confiance mutuelle, d’amour et de paix – d’autant plus empoignante que l’arrière fond est forcément la démesure ou la puissance d’un destin, de deux destins hors de toutes séries. D’autres images plus petites. Vis-à-vis, à droite, de GAULLE : deux ensembles de photos. en encadrement groupé, le Général à sa table de travail, le Général à Mururoa, etc. des dessins gravés, tout cela connu. Un meuble devant, un buste de Bonaparte, bronze noir, époque 1861. Cheminée, les aigles impériales, chenets ? ou ornements ? provenant des Tuileries après l’incendie par la Commune. Une pendulette, avec l’Empereur affalé sur une chaise, la pose 1815, époque Retour des cendres. Sans format ni encadrement spéciaux, photo. noir et blanc, dédicacée sans que j’ai lu le texte, par NS : portait noir et blanc de campagne, peu signifiant. J’ai – forcément – commencé par ce cri d’admiration devant les objets napoléoniens et la mémoire du Général, après avoir dit mon immédiate affinité avec les mots d’enfant. L’homme m’accueille à son seuil, cordial, sans réserve ni exubérance, naturel, sans doute plus jeune que moi, en tout cas « faisant » beaucoup plus jeune, costume bien coupé, au bord de la corpulence mais sans flacidité (il fait cependant « attention », recommandations à Sophie pour le café déca. et sans sucre – servi avec le verre d’eau et les biscuits), tissu gris-bleu-ciel, ruban de la Légion d’honneur, cheveux coupés courts, à peine poivre et sel, visage équilibré, attentif, sans finesse ni grossiereté. Il respire l’équilibre, notre conversation n’est pas interrompue par le téléphone, pas d’ordinateur dans la pièce. Après qu’il m’ait identifié chacune des pièces principales de sa collection napoléonienne, nous nous asseyons, quatre chaises, copie du style Art moderne 1930, à dossier ronde faisant aussi accoudoir. Une table ronde entre nous, les deux autres chaises faisant cruciforme. D’autres photos, mêlant vie de famille et sans doute grandes rencontres.
L’entrée en matière est aisée, je lui dis mon réflexe de sympathie, ma venue à lui selon ce qu’il m’est dit « dans Paris et quelques ministères », ma recherche sans acharnement sur Google et internet, ma disponibilité. Il dit me connaître de longue date, tant un peu partout qu’en Mauritanie, et à plusieurs reprises revient – habileté et sincérité, je crois – sur l’autorité morale que me donnent les Mauritaniens. Manifestement, il est heureux que je sois venu à lui. La suite est informative, sans jamais un moment de tension ou de réflexion par censure. Né à Dakar, père libanais gros industriel et importateur de tissus, arrivé du Liban en 1918. Il est place Protêt pour serrer la main à DG en 1958, qu’il n’a plus revu. Etudes de droit public à Dakar, un peu décalées avec les miennes, déclinaison de nos enseignants et professeurs, les mêmes que ceux de mon DES. La Mauritanie un peu plus tard, il enseigne à l’E.N.A. de Nouakchott en 1977-1979, ne partage aucun des préjugés habituels sur le pays quand on arrive du Sénégal, des amis harratines, la découverte de Maures maures (il dit Maures noirs pour les originaires de la vallée du Fleuve), remarquables, des élèves tout autant, plusieurs deviendront Premiers ministres, ministres. Turkia DADDAH, qu’il a revue récemment (son deuil d’avant l’été). Recommandé par FOCCART, il est, à cette époque, reçu par MoD : sans qu’il s’étende beaucoup sur une description de la personne, il assure que le courant passe (raison de cette audience ? il ne la dit pas et je ne la lui demande pas). Au moment de le quitter, j’évoquerai BONGO et, sans qu’il donne la nature ou l’ancienneté de sa relation gabonaise, il me dit que les moments où il a revu ensuite MoD, c’était dans la villa que mettait BONGO à la disposition de celui-ci, il allait alors voir « tonton », surnom donné à MoD, qui peut lui aller d’une certaine manière. A l’époque, il n’a pas d’affinité avec Mariem, qui passe pour très arrêtée d’idées et francophobe. Je reprends la parole pour donner un portrait plus explicatif de mon amie chère, tout en convenant de son caractère, ferme, peut être rude et que nous nous sommes parfois opposés (je n’évoque que la relecture des mémoires du Président, qu’il prétend avoir – ce dont je ne suis pas sûr), et ce que le Président lui doit de la perception du rôle des femmes dans le développement et la démocratie aux conevrsations ayant rallié la jeunesse de gauche (les Khadihines). Il reprend pour dire qu’elle est aujourd’hui très estimée. A MoD, il est – lui – très reconnaissant du décret inscrivant sa propre femme au barreau de Nouakchott, ce qui en fit la première femme et étrangère avocate en Mauritanie. Je dis l’éclectisme du Président et sa sensibilité à quiconque apporte à son pays, de bonne foi et avec une compétence avérée.
Il continue : après la période d’enseignement en Mauritanie, il ne garde aucun lien avec la politique mauritanienne et ses évolutions, mais il est visité à Paris par ses anciens élèves devenus grands. Et le voici « approché » par les généraux – je dis : putschistes, sans jamais qu’il me reprenne, j’ai à plusieurs reprises l’impression qu’il m’a lu sur l’actualité aussi ? mais comment ? puisqu’il ne semble pas maniaque d’internet. Ceux-ci veulent lui faire passer des messages vers l’Elysée : faire comprendre les raisons de leur intervention, se faire surtout connaître. Lui et l’Elysée. La rencontre de FOCCART, m’en dit-il les circonstances ? ce semble Dakar et son père, et donc de très longue date. Le portrait qu’il m’en donne : son sens et surtout sa capacité du secret, la confiance du Général telle qu’il en est le collaborateur le plus intime pendant trente ans, sans diplômes aucun, s’imposant donc aux énarques et autres grandes écoles de l’entourage (tableau erronné pour l’époque), le mot de POMPIDOU à lui, en tête-à-tête, au temps de Matignon : pour le Général, je passe par FOCCART… comment a-t-il connu GP ? par FOCCART. Je dis ma propre relation avec le personnage, bien plus tardive et moins durable, la pudeur et l’intuition, la capacité de discerner à qui l’on peut d’emblée faire confiance et de qui se défier. Il apprécie. Il ne me dit pas comment il est « entré » à l’Elysée, mais chaque évocation de NS – il dit : le Président – montre une intimité de posture mutuelle : il rapporte les conversations sur le mode du tutoiement. Récemment : tu as dépassé CHIRAC, tu as beaucoup évolué. Il l’explique par le temps qui passe et surtout l’apaisement qu’a produit Carla, qu’il voit également. Après cinq ou six ans de tension – ce qui handicape beaucoup un homme, précise-t-il – il est maintenant tranquille. Relation directe et opérationnelle avec Claude GUEANT. Ne connaissait rien aux relations africaines, mais apprend très vite. C’est lui qui dirige tout, sa parole est celle du Président (ce qu’il affirme à ses visiteurs). Il reçoit les chefs d’Etat et les ministres, BOURGI assiste aux entretiens et en fait l’évaluation après le départ des visiteurs. Quand NS reçoit ceux-ci, ce n’est jamais en tête-à-tête, Claude GUEANT y assiste. Pas de difficultés personnelles avec la « cellule » diplomatique, revoit Bruno (JOUBERT) ces jours ou heures-ci et déjeune avec lui la semaine prochaine. Il ne rebondit pas à l’évocation de B … ou de M … ni de GUAINO ? il ne le fréquente pas, mais celui-ci se tient mieux, parle moins ; le discours de Dakar, évidemment… désastreux. Nous en sommes d’accord ; pas lu ni concerté par avance ni avec lui. Le Président l’a lu-découvert en voiture vers l’Université de Dakar ! je remarque que la charge de l’agenda, excessive, fait qu’il y a ces bâclages ou ces approximations, qu’en revanche les choses ont été meilleures poiur Toulon ou pour le résumé des débats à l’euro-groupe. J’évoque l’appréciation, d’expert, de JMJ, l’importance du coup d’œil des anciens ministres du Général. Il me répond que les choses se règlent de mieux en mieux, surtout du fait de l’évolution personnelle de NS, déjà notée.
Organisation d’une rencontre – dont je constate in petto que personne n’a parlé ni en France ni en Mauritanie – du général GHAZOUANI chef d’état-major, venu il y a quinze jours-trois semaines, il ne me dit pas la date quoique je la lui demande : mémoire pas organisée en ce sens, ou rétention ? – elle se déroule selon un questionnaire établi à trois auparavant : NS, GUEANT et lui. Libération de Sidi – vous savez que c’est fait … oui, mais assignation à résidence… non, non, il est libre dans sa ville natale, chez lui – des élections transparentes, nous pourrons vous envoyer des observateurs, que tout le monde puisse s’y présenter, AZIZ certes mais aussi Sidi. Libération annoncée par téléphone de GHAZOUANI hier matin pour que l’Elysée le sache, on y a été content.
Trois fois en Mauritanie depuis l’embauche des putschistes. Certitude, la période Sidi est finie. Pourquoi et comment ? celui-ci a-t-il échoué. Pas de réponse personnelle, il ne le connaît que de vague présentation par des chefs d’Etat dans les années 80 ou 90. Pas plus qu’il ne connaît Ely. J’en fais un portrait plus proche. Son interprétation de l’histoire récente : GHAZOUANI tirant les ficelles aussi bien d’Ely que d’AZIZ ? C’est un couple qui travaille très bien ensemble, qui marche bien. AZIZ l’apparence et le devant – c’est moi qui suggère pour confirmation que je reçois – et GHAZOUANI qui tient les choses : unité de l’armée. Certitude, AZIZ se présentera à l’élection présidentielle, et il sera élu, évidemment il aura abandonné l’uniforme au début de la campagne. Nous voici dans le vif du sujet. J’articule que le lien avec la légalité constitutionnelle doit absolument être renoué. Sidi ? l’amener à démissionner pour ouvrir l’élection présidentielle. Il acquiesce mais manifestement ni lui ni les putschistes n’ont le contact. Mon interlocuteur me dit alors les cartes que j’ai à ses yeux (et peut-être des putschistes) : la confiance de Sidi. Il est demandeur aussi sinon surtout du contact avec Ahmed (Ould DADDAH), il ne l’a jamais rencontré, celui-ci n’a jamais demandé à le voir. Il sait que mon ami parle avec les généraux puisque ceux-ci ont le pouvoir. Ma question : admettons que Sidi ne serait pas réélu, qu’AZIZ en possession d’état a toutes chances d’être élu, ce ne serait pas nouveau, mais si, par impossible, c’est Ahmed qui l’emporte… les généraux ne vont-ils pas le satelliser puis l’empêcher ou le débarquer comme ils l’ont fait avec Sidi. Mon homme répond, en insistant sur la confidence, que pour NS Ahmed Ould DADDAH, son nom, sa personnalité, son prestige à l’international et dans le monde arabe, en font en réalité le candidat le plus souhaitable et le plus présentable. La question a donc été posée à GHAZOUANI qui a répondu que les militaires joueraient alors le jeu. N’est-ce pas eux qui ont rétabli la démocratie en 2005 ? je ne conteste pas. Je résume : en somme, vous avez confiance dans la bonne foi des généraux ? Oui. – Je dois reconnaître que l’homme est convaincant, simple, direct sans être simpliste, qu’il joue fin mais cartes sur table. Il est demandeur d’une nouvelle rencontre dans les dix-quinze jours, comme s’il doutait que je le sois, moi aussi. Je comprends que ses entrées dans le bureau de Claude GUEANT et son tutoiement du président régnant impressionnent cabinets et administrations. Ce genre de relations que j’ai connues sinon vraiment pratiquées presque depuis le début de ma carrière administrative du fait de mon enquête sur le départ et le legs du Général, puis mes « articles du Monde », ne m’a jamais impressionné et aujourd’hui, comme je suis, quelle prise offrè-je ? je ne peux que recevoir, on ne peut rien me prendre. Puisque je n’ai que moi, mes souvenirs, ma machine intime et ma vie familiale.
Un jeu à quatre, car il y a un personnage oublié. Vous avez commencé quand vous êtes venu enseigner en Mauritanie, par évoquer les harratines et des amis parmi eux. Messaoud Ould BOULKHEIR est un homme d’Etat et peut être, lui aussi, président de la République. L’avez-vous rencontré ? Non. Il me semble même que la démarche précédente des généraux (l’histoire BOUAMATOU, à laquelle il n’a pas fait allusion) ainsi que le moment de Messaoud à l’Elysée et à l’hôtel de Lassay ne lui soient pas connues. Je donne le caractère de cet ami, sa violence et son courage, sa susceptibilité. J’avais esquissé mes hypothèses sur l’alliance manquée entre Ahmed et Sidi, provoquant cette affirmation qu’Ahmed ferait un excellent président de la République, et qu’il est indispensable au pays. Mon vis-à-vis se porte garant de la bonne foi des frères DUPONT/D sans l’argumenter. C’est un fait pour lui. On ne sera opérationnel, puis-je penser, qu’en acceptant ce pari. J’aurais aimé qu’il me donne des éléments de la psychologie de chacun des deux, il en est probablement capable.
Nous allons achever. Le bien commun, la relation franco-africaine, modèle du nord-sud, matrice pour l’Europe. J’avais d’ailleurs manié la brosse à reluire au début en disant mon intuition qu’il avait le sens de ces relations dépassant les apriori, et aussi les approches par la corruption, que l’Afrique est plus pérenne que les gouvernants français. Il ne m’a nommé aucun des « M. Afrique » précédents, n’a pas non plus évoqué les ministres successivement en charge de la Coopération. C’est manifestement un homme qui appelle l’échange de bons procédés et qui apprécie de tester ce que l’on peut faire en commun et ce que l’on a de complémentaire. Nous y sommes, il exagère la connaissance qu’il me prête du monde arabe, confesse à ma question son admiration pour Michel JOBERT, mais qu’il semble n’avoir pas rencontré : la mort de GP a tout coupé, il était parti pour être Premier ministre, et peut-être davantage. Je confirme amitié et intimité avec ce « frère aîné ». En début d’entretien, il a fait allusion au costume que lui taillent les journalistes : cela me durcit. Il s’attribue aussi la reprise des relations avec Damas, qu’il a conseillée à NS : tu ne peux rien au Liban sans la Syrie, et juge très sévèrement JC d’avoir choisi un clan, quel qu’il soit, et surtout celui des HARIRI. Il n’a en réalité rien fait au Proche-Orient et n’avait plus aucun crédit chez les Arabes.


(soir du même jour) Vendredi 14 Novembre 2008

. . . avec A … 18 heures 40 à 19h 50 + Arrivé avec quelques minutes de retard par le métro (Saint-François-Xavier), je suis reçu presque aussitôt. Curieux ministère, dont les services ne sont pas physiquement apparent et dont l’accès au cœur paraît si facile, un simple couloir, le bureau du ministre, celui du directeur de son cabinet, la pièce du secrétariat, et c’est presque tout pour un rez-de-chaussée, je n’ai jamais remarqué s’il y avait des étages. Le tout, qui est peu, déménage dans les deux mois vers l’ancienne Imprimerie nationale, rue de la Convention qu’a obtenu le Quai d’Orsay pour sa prolifération. Bras d’une chemise grise épaisse, visage et ventre fatigués, courant de sympathie, c’est lui qui par courriel a commencé l’échange des prénoms. Quelques interruptions téléphoniques : son ministre et des papiers à faire passer à celui-ci par internet et qui doivent encore se rédiger au cabinet, des liaisons pour organiser, semble-t-il la journée de demain à Strasbourg, à la charge d’une . . . , chef de cabinet. Incidemment et pour répondre à ma question, il est plutôt sur le départ, pas en ambassade, mais sans doute au Quai, sans qu’il précise. Recruté intuitu personae ? par le ministre en place ? non, mais par Jean-Marie BOCKEL qui ne trouvait personne : il lui a été indiqué par le mari de Rama YADE avec qui il est lié (nom que je ne retiens pas), et il est resté à la demande des deux ministres se succédant l’un à l’autre. Je le ferai parler une autre fois sur les circonstances et anecdotes du dévissage de Jean-Marie BOCKEL (d’où son souvenir assez âpre de BOURGI). L’essentiel est mon compte-rendu de la conversation avec ce dernier le matin. Il me donne une date qui colle à peu près pour l’entretien GHAZOUANI-GUEANT (le 8 Octobre) auquel son ministre a assisté. Accessoirement, il me donne la bonne impression produite par Messaoud Ould BOULKHEIR, des comptes-rendus en ont été faits. Il commente peu ce que je lui raconte mais semble d’abord le prendre comme un roman-fiction bien donné. Nous sommes alors dans la sortie de crise et la formulons petit à petit ensemble. Il continue de croire que Sidi n’a aucun soutien dans la population ou presque ce que je démens, il n’est pas convaincu non plus par le personnage et le parcours d’Ahmed. En revanche, il cherche ce que l’on peut « donner » à Sidi. A mes questions, il répond que les ACP – dont il n’a pas suivi, semble-t-il les débats avec Moulaye, le Premier ministre des putschistes – n’ont rien soutenu ni levé la langue aux consultations, les ambassadeurs étaient là comme le prévoit la procédure de l’article 96 mais n’ont rien dit. Tout simplement – et BONGO en est l’expression, qui n’est pas très heureux que son avocat soit recruté par les putschistes – les chefs d’Etat africains n’ont aucune envie du sort de Sidi. Nous convenons que la légalité ne sera sauve que si Sidi ouvre de lui-même et en tant que président de la République, démissionnaire pour la circonstance, l’anticipation de l’élection. Ce qu’il veut c’est la sortie de crise, le jeu à quatre est le scenario – tout le monde autour d’une table – envisagé depuis le début à Paris, mais je dis qu’il est physiquement impossible. Il abonde alors dans le sens de BOURGI, m’assure que je serai couvert par la Coopération et le Quai si je tente ce jeu, souhaite être tenu au courant de la faisabilité qu’il me reste à obtenir vers BOURGI du côté des militaires, je verrai le ministre avant mon départ, pourrai faire ma liste de demandes dont celle de l’accès au chiffre : je téléphonerai, dit-il à Michel (l’ambassadeur VANDEPOORTER). Nous convenons qu’il vaut mieux que l’Elysée ne rester informé des coups que par BOURGI et le compte-rendu de ma conversation avec ce dernier, que je vais lui adresser par courriel, ne sera donc que pour lui et  D …. Il accepte mon interprétation de la « libération » de Sidi. Nous nous donnons jusqu’à Noël pour boucler, mais je vois la date du 28 Novembre comme celle du consensus. Il me lit une note de la DGSE qui est bien faite, va en gros dans mon sens, remarque la relative similarité des compositions du CMJD de 2005 et du HCE de 2008, assure que les membres autres que AZIZ et GHAZOUANI n’ont été avertis qu’après coup : donc le culot et l’improvisation la plus totale, de deux gars qu’on démissionne. Le rédacteur observe que les putschistes s’installent pour ne pas quitter le pouvoir, mais que la junte est potentiellement divisée, qu’il y a des jalousies (questions de personnes mais pas de thèmes, dont la légalité) et qu’il y a le personnage douteux, le directeur de la sûreté de nationale, un Ould DAOUD de l’Est qu’il était impossible de laisser à l’écart malgré sa très mauvaise réputation (corruption et autre). La note ne fait pas état de l’activité d’autres puissances que nous et ne décrit pas non plus le processus plébiscitaire en cours, elle n’évoque pas davantage la tentative de récupérer la mémoire de MoD, ni l’action des contestataires et de Messaoud Ould BOULKHEIR. Mon interlocuteur ne considère pas non plus sérieuse une alternative russe ou chinoise.


Mercredi 3 Décembre 2008

. . . avec C …, au café Bourbon, 18 heures 40 à 20 heures 10 + Je suis place du Palais-Bourbon mieux que pile aux six heures et demi convenues quand il m’appelle, me disant qu’il s’est installé dans un coin et m’attend, je le rassure mais entre là où je l’entends et les alentoyurs de l’église Sainte-Clotilde, les places sont rares, je prends les rues en marche arrière. Parvis où Maurice COUVE de MURVILLE et sa femme Jacqueline sont photographiés, la rue Saint-Dominique, celle de de GAULLE à la Libération. – Mon homme un peu moins svelte, ressemblance avec VALL, les plantations des cheveux, la moustache à l’anglaise, le visage travaillé, expressif, lourd, la panthère rose toujours, il garde un manteau brun alors que je me défais de mon imperlméable, je n’ai que mon carnet de terrain mais je ne l’ouvrirai pas, posé devant moi sur les deux enveloppes pour SAPIN (ancien ministre socialiste de Pierre BEREGOVOY et François MITTERRAND, sa région celle du Centre est jumelée avec celle du Gorgol) et AYRAULT (président du groupe parlementaire socialiste). Il est à un panaché, il en prendra un second, je prends une pression Eineken, un type grisonnant, à barbe peu taillée mais courte, sac à l’épaule, genre DGSE lui demande ce qu’il fait là, il répond par le rendez-vous qu’ils ont lundi.
Nous commençons vite par ma provocation, son mot au moment de monter dans l’avion en Mai dernier, ce pays n’est pas gouverné. Il me reprend, je n’ai jamais dit cela, au contraire c’est un pays très gouverné mais pas du tout à notre manière. Il me donne la chronologie, il est arrivé l’avant-veille de la tentative de coup en Juin 2003 et il est parti en Janvier dernier, il s’est meme demandé s’il n’allait pas détruire ses lettres de créance, la rumeur était que les putschistes comptaient venir à l’ambassade dans la pensée que TAYA s’y était réfugié. Il était à celle d’Espagne ? non plus, mais dans un garage quelque part, à diriger la résistance et la reprise en mains avec un téléphone cellulaire. Sans que j’ai à lui dire pourquoi je viens prendre son opinion et apprendre de lui ce que je n’ai pas vêcu : mieux comprendre, il va répondre tranquillement à mes questions, déviant ou enchaînant moins vite que moi, mais étant sans réticences, moyennant l’exorde :  bien entendu, ce n’est pas à diffuser. Donc, un portrait de ceux qu’il a connus au pouvoir, TAYA, Ely, Sidi. Réponses… TAYA est un type plutôt bien (je ne sais plus s’il emploie le présent ou le passé) mais l’usure du pouvoir, vingt ans, était telle que c’était l’autisme, il se méfiait de tout le monde, n’avait confiance en personne, était convaincu d’avoir raison. Il m’aimait plutôt et était plutôt en confiance parce que le hasard de mon arrivée fit que la remise de mes lettres de créance, le surlendemain de la tentative de putsch, lui procura des images de télévision prouvant indubitablement – on ne m’avait jamais vu auparavant – qu’il était vivant. Il m’en fut reconnaissant. Corruption ? pas lui personnellement,d’ailleurs on n’a rien trouvé, pas de maisons, pas d’appartement à Paris où quand il y venait, il fallait l’héberger à Marigny, pas de château. CHIRAC disait de lui que c’était le seul chef d’Etat africain, à sa connaissance, qui n’avait pas fait fortune, mais il a laissé son entourage s’enrichir, c’était sa manière de se l’attacher et de le rétribuer. Je remarque donc qu’il corrobore ce qui est couramment dit à Nouakchott.
Sur Ely, il a moins à remarquer, la fortune de celui-ci était déjà faite quand il a pris le pouvoir. Il n’a eu la main intéressée que quand il a vu que cela aurait une fin, alors ses exhortations à l’honnêteté ont commencé de sonner faux : donner la troisième licence de téléphonie mobile à son beau-frère ou parent… et la liquidation d’Air Mauritanie a été douteuse (j’apprends ainsi que l’affaire n’est pas à la charge de Sidi ce qui est pourtant proclamé en ce moment, mais à celle de son prédécesseur militaire… les enquêtes et inculpations de maintenant ne peuvent donc que séparer ABDEL AZIZ d’Ely…). A-t-il cherché à se maintenir ? certainement, mais il y a eu un tel tollé que cela ne lui pas été possible. Etait-ce collégial ? Sans doute, il n’avait pas toutes les coudées franches, ce n’est pas lui qui a choisi Sidi, mais Abdel Aziz. Lui-même (mon vis-à-vis, qui parle avec justesse et sans redondance, sur le ton d’une confidence qu’il lui plaît manifestement de donner – il opinera tout à l’heure dans mon sens… on n’exploite nullement la ressource humaine et surtout ce que pourraient apporter les ambasasdeurs précédents, leur mémoire, leur carnet d’adresses à celui qui est en place et aux gouvernants de chez nous dans leur moment souvent éphémère. La passation dit-il est mieux organisé, mais j’ai vêcu ce qu’il m’a dit, la séance des instructions  où le sortant est convié à entendre ce qui est dit à l’entrant), lui-même ne prévoyait pas Sidi, mais il ne me dit pas qu’il voyait forcément Ahmed. Les élections ont été très surveillées, c’est nous qui l’avons financé, on a épluché tout depuis les listes électorales refaites jusqu’aux bulletins, mais que peut-on faire s’il y a des autocars à la disposition de certains des votants et pas à celle des autres ? Il touche là l’impossibilité pratique d’un scrutin équitable, leçon pour l’avenir, dont je ne débats pas : il faut un gouvernement « de service » comme en Grèce, pendant la campagne électorale.
Et Mohamed Ould ABDEL AZIZ ? l’entrée en relations a été longue et difficile, mais une fois faite la confiance était donnée, c’est un sécuritaire. Le terrorisme, la sécurité, c’est son affaire. Et il est pour cela efficace et intelligent. Mais il n’a aucun sens politique, et il l’a montré surabondamment depuis le 6 Août. Sans doute, a-t-il cru que cela suffirait pour l’étranger, mais ce n’est pas le cas. Casque à boulons… Et si Sidi lui avait laissé les coudées franches ? Oui, sans doute les choses se seraient passées différemment. Sidi, au moment où je partais n’avait pas encore déçu complètement, mais il y avait donc les aspects sécuritaires qu’il ne traitait pas énergiquement, ou ne laissait pas traiter énergiquement. Et il y avait sa femme. Sous influence des militaires ? non, de sa femme et cela lui fut reproché. Les Mauritaniens sont gouvernés par leurs femmes, chacun le sait et le vit, mais cela ne doit pas trop se voir, cela s’est vu beaucoup trop, la femme de Mohamed Ould ABDEL AZIZ est aussi de ce genre, la seconde épouse de TAYA était bien trop mise en valeur par celui-ci. Je n’ai pas connu la première (il confirme ce qui m’a été dit de celle-ci, sa discrétion et sa qualité). Sidi fut sans doute choisi pour sa bonne image, les instances financières internationales, sa malléabilité supposée surtout, son âge aussi, on a pensé qu’il ne briguerait pas un second mandat, ne pourrait pas s’accrocher. Il avait aussi le handicap de ne plus connaître la Mauritanie où il n’était revenu qu’un an et demi avant son élection.
Alors, la suite ? il ne la voit pas, ou plutôt il la voit malheureuse. Sans abonder dans ma prévision de tentatives de coups militaires contre les actuels, il confirme que l’armée n’existe pas, sous-équipée, trop nombreuse, pas payée, à l’exception du BASEP que commandait précisément MAA. La situation est bloquée parce que chacun – MAA et Sidi, maintenant, qui se sent soutenu par la communauté internationale et voit donc là le moyen de reprendre le pouvoir – a beaucoup trop parlé. On va vers des sanctions, il ne parle que des collectives, tandis que je ne crois qu’aux individuelles et personnalisées, des sanctions qui peut-être ne feront pas de mal au pays et apprendra aux Mauritaniens à travailler et à ne pas vivre assistés. Depuis le coup, il a été sollicité et visité par tous les Mauritaniens de passage, il a été au courant de la visite de BOUAMATOU, et y associe Robert BOURGI dont le nom lui dit quelque chose mais qu’il ne connaît pas directement, s’étonnant d’ailleurs de ce que je lui rapporte, son recrutement par Turkia pour l’ENA s’il était déjà dans les réseaux de FOCCART. Il ne semble pas avoir su la visite de GHAZAOUANI. Le couple avec MAA lui paraît solide tant qu’il ne s’agit que des aspects sécuritaires, mais il faut bien vivre, l’argent peut les diviser, puis-je comprendre sans qu’il développe. A ses visiteurs et anciennes relations, il a conseillé systématiquement l’Elysée : BOUAMATOU donc, la délégation parlementaire. Il a vu aussi Ahmed, mais sa phrase est embarrassée, était-ce à Paris ? ce qui signifierait qu’Ahmed désormais ne cherche plus mon contact … de celui-ci, il trace un portrait juste. La compétence, la rugueur, l’aura mais aussi l’autoritarisme même et surtout parmi les siens et l’image d’un vengeur qui aurait la main rude s’il avait le pouvoir, vingt ans d’exil et de prison dont il se vengerait, c’est sans doute ce qui lui a fait perdre l’élection. Je confirme les traits de caractère et l’image rude et austère, mais pas les desseins vengeurs. Enfin, l’homme est sans charisme, surtout à la télévision. BOUAMATOU ? il en trace le portrait d’un homme d’influence et d’argent, dont la fortune a commencé par des commerces de cigarettes et autres choses qui peuvent se faire en Afrique de l’ouest, de manière plus ou moins recommandable. Origine de peu de choses (il reprend mon expression-question), Smacide. Il est capable de générosité, sa fondation l’hôpital pour les yeux. Il n’a jamais voulu toucher la politique. Pourquoi soutient-il les militaires ? Classe de gens d’affaires qui n’existait pas de mon propre temps (années 1960-1970), surgie on ne sait comment, TAYA lui avait donné des gages.
Nous terminons par des réflexions et figures libres sur la gouvernance, il se choque que nous en donnions la leçon à l’étranger, il confirme que JOUBERT est chapeauté par GUEANT, il ne connaît pas celui-ci, semble-t-il.  – Ses définitions du cabinet, son expérience des disconitnuités et de la multipolarité des conduites de notre politique ou de nos poliiques en Afrique. Les ressources mauritaniennes, pétrole, az et phosphates, le jeu des puissances, Etats-Unis, Israel, Maroc, Espagne. Son expérience de la Libye, de KHADAFI entre 1982 et 1985, la période la plius idéologique.


Vendredi 5 Décembre 2008

. . . avec A … rue Monsieur, 18 heures 40 à 19 heures 15 + Moment à plusieurs reprises décommandé, réarrangé. Nous nous voyons enfin. Je pose le livre de mon vénéré (MoD) sur le petit guéridon, il affectionne et me recommande les sièges à accoudoir, semi-fauteuils pas raides. Un mot sur les mémoires, ma bonne surprise, le premier jet, non pas convenable, mais exceptionnel. Le livre tel qu’il est, mais en matière première, est unique : un chef d’Etat africain ou arabe, écrivant lui-même, pas de nègre… Le vif du sujet. La situation est bloquée, complètement. La mission de la semaine dernière le montre. D … donc, B, et le nouveau directeur « des services ». Il ne m’en dit pas le nom, mais Pierre ou Bernard BROCHANT (mon camarade de promotion) a dû passer la main, ce que je commente brièvement : il cultivait sa carrière et aimait progresser, il a certainement désiré au moins demeurer ces derniers temps. – Je ne dis évidemment pas que je ne pleure pas sur lui, chemins fréquemment croisés, promotion la mienne ou au-dessus ? ce que m’en disait une autre âme pas très belle finalement non plus : Pierre-Louis BLANC. – Ils ont fait l’aller-retour dans la journée du samedi. Mon hôte a une grosse chemise bleue ciel, épaisseur d’une grosse rame de papier, et me lit une double feuille bleue également. Compte-rendu qui semble avoir été rédigé par B ….  Ils semblent n’avoir vu qu’ABDEL AZIZ, seul, et donc pas EL GHAZOUANI. Le général convient que la situation ne peut durer, il souligne que le Haut Conseil d’Etat ne tient pas à s’incruster au pouvoir. Il s’agit pour lui de rétablir l’ordre constitutionnel au plus vite par une élection présidentielle à laquelle il compte se présenter. Consultation préparée par des journées nationales de concertation, dites états généraux de la démocratie. Pas de nouvelles élections parlementaires qui auraient été couplées avec l’élection présidentielle. Il souhaite que tout le monde y participe, et notamment Ahmed Ould DADDAH avec le R.F.D. Il évoque trois choses, proposées comme des gestes de bonne volonté. La libération de Sidi, complète, et en lui rendant son passeport. Lui-même quitte le pouvoir pour les deux mois précédant la consultation. Une commission électorale supervisant et contrôlant les opérations, et proclamant elle-même les résultats. L’ensemble du processus bouclé d’ici Juin 2009. Réaction de ses visiteurs, deux mois sont insuffisants, la Constitution prévoit trois mois, il faut un gouvrenement indépendant et la dissolution du HCE, et que l’intérim soit exercé selon la Constitution aussi, soit le président du Sénat. J’observe que le personnage n’a aucune équation personnelle et que ce vœu correspond surtout à l’analyse de Bruxelles, telle que je la connais. Ayant continué de recevoir des nouvelles de là-bas et ayant vu avec intérêt et profit C … hier, j’ai l’impression que « nous » avons commis l’erreur de trop communiquer, Union européenne comme Union africaine ce qui permet à MAA chaque fois de brandir le papier et d’exciter le nationalisme. Mais je note dans ce compte-rendu que MAA a besoin d’Ahmed, et cela se monnaye. Du coup, mon A … revient à son papier qu’il allait quitter. Ahmed est très critique contre Sidi (mon hôte prononce « chèque abdallaÿ ») dont l’élection, truquée ou influencée par les militaires, était très contestable, il a fait le cadeau à tous de ne pas les contester, et l’action de Sidi au pouvoir ne l’a pas légitimé non plus. Il a donc admis et compris sa déposition, mais il est autant hostile aux militaires qu’à Sidi, et à leur maintien au pouvoir. Il réclame un gouvernement d’union nationale auquel il participerait éventuellement, et a fait beaucoup d’efforts pour proposer des solutions, son communiqué du 14 Septembre. Il prédit enfin (comme moi) une succession de coups militaires si la donne ne change pas… Arrivé là, sans que l’on soit venu à Sidi lui-même, j’observe qu’entre ABDEL AZIZ et Ahmed, il peut y avoir un donnant-donnant puisque chacun croit à sa chance propre de gagner l’élection présidentielle. Il y a enfin Messaoud que la mission n’a pu rencontrer puisqui’il était – je l’ai couriellé aux deux cabinets – en tournée africaine. Celui-ci a modifié sa position initiale et se prépare à l’élection présidentielle. Il ne devancera pas Ahmed au premier tour mais peut l’empêcher de gagner au second tour, il ne l’aime pas et Ahmed n’aime pas Sidi, les trois civils ne se parlent pas entre eux, et qu’a Messaoud à gagner dans un dénouement ?
Alors, situation bloquée, mais nos partenaires ne tiennent pas à brusquer les choses, l’ultimatum de trente jours, ils étaient réticents, ils préfèrent que l’on tente tout au moins jusqu’en Février avant d’arriver à des sanctions qu’ils prisent peu. Une évolution française alors ? puisqu’il est entendu à Bruxelles que c’est bien la France qui continuera de mener le jeu. Notre position est de nouveau floue. Un jeu double à l’Elysée ? non, GUEANT veut simplement que l’on en termine et que l’on n’ait plus cela à gérer. Laisser du temps et du silence, ai-je continué. Faisabilité de mon intermédiation, Sidi en sera très heureux, il comptait se donner mes services en Juillet dernier. Ahmed est ductile quand il est en position de faiblesse, il se croit en force (mon vis-à-vis le présente comme se mettant en position centrale), mais je ne dis pas que je n’ai aucun contact avec lui depuis le début d’Août, ni qu’il est probable qu’il est venu en Europe, sinon en France, sans me faire signe... Gagnerait-il l’élection si celle-ci est sincère ? Je brode aussi le portrait psychologique que je commence à me faire de MAA et la possible division du couple des généraux à propos de l’argent. Mais dans ce jeu – Ely excepté et dont on ne parle plus – personne ne semble avoir fait fortune. C’est ce qui est retenu manifestement ici et dans les allées du pouvoir. Ma tentative, savoir ce qu’en pense D …. Il projette une mission musclée d’ici quelque temps : JA PING, le président de la Commission africaine, Louis MICHEL qu’il a trouvé s’énervant facilement lors de la réunion de consultation du 20 Octobre, il est vrai que les Mauritaniens avaient été vraiment maladroits, et enfin le ministre. JOYANDET ? plus probablement KOUCHNER.. Mais dans l’entretemps, pourquoi pas vous ? deux conditions que j’y mets, la communication avec les généraux qui ne peut se faire que par une lettre autograD ...  et donc la valise diplomatique, et la France n’apparaissant pas, et ensuite leur acceptation de donner quelque chose à définir. Je suis désintéressé mais ce pays va mal tourner si l’on reste ainsi. J’évoque les pronostics sombres de C …, l’isolement, l’autisme. A … en est d’accord, confirme la sympathie marocaine pour les militaires sans que cela déclenche l’hostilité de l’Algérie qui tient à garder, pour des raisons sécuritaires, de bonnes relations avec la Mauritanie.
Donc, décision qui dépend de D …. Je dis que je le vois demain, A … n’a pas eu droit à plus de trois minutes de compte-rendu depuis le retour de celui-ci. Je promets de lui rapporter ce que j’entendrais, il proteste de ses meilleures relations avec le directeur suprême du cabinet : point commun, chacun souffre de son ministre ! Question sur Robert BOURGI, je dis ce qu’il en est, supposition qu’il n’est plus intéressé ou qu’il en a reçu la consigne : des généraux ? de BONGO ? de ce dernier selon mon hôte, je dédicace le livre de MoD, il le feuillette en commençant par ce que j’ai longuement écrit, l’amitié née, constate que j’étais fort jeune sur la photo. avec mon héros.
Demain, décisif, j’ai précisé mes impossibilités de dates et la nécessité que les généraux maturent et éprouvent le besoin de se donner de l’air. Sur le déménagement prochain vers les bâtiments de l’ex-Imprimerie nationale, il est paisible, on reste loin du Quai d’Orsay et les Africains ne seront pas mécontents.


Samedi 6 Décembre 2008

. . . avec D …, au « Quai », 10 heures + Il me fait attendre un quart d’heure. Les grands salons habituels.
Accueil depuis son bureau, il se lève, toujours la même pièce, mais arrangée différemment de l’époque de Pierre VIMONT. Il proteste contre l’analogie avec ce dernier confirmant qu’il dormait souvent sur place, lui se réserve une part familiale mais, même en Mauritanie, il n’a pas pris le temps du soleil, visage pâle. On se parle entre mur et table de travail-conférence en verre, une cheminée a été ajouté là où l’on sentait le décor et les coulisses de théâtre, le bureau est perpendicule au plan des deux fenêtres, l’angle de vue est médiocre, plus de bâtiment que du jardin. Je viens donc aux nouvelles et pour la faisabilité de ma proposition. Il commence aussitôt par le compte-rendu, en me disant au préalable que je suis l’une des principales sources d’ information et d’évaluation. Pas de papier dans la main et moi mémorisant sans prendre de notes. Conversation se faisant, il vérifie cependant ma crédibilité, je suis amené à lui dire que je suis attaché au pays depuis mon service en Février 1965 et particulièrement que mon chemin est celui démontré par MoD, j’évoque mes séjours et les tournées dans les années 1970, moment où je fais la connaissance de Sidi et le pratique, Ahmed est de ce temps mais aussi de la cité universitaire à Paris en 1964. Que je n’y suis pas revenu depuis dix-huit mois c’est-à-dire avant l’élection présidentielle, je triche – là – un peu. Lui-même, aucune idée ni connaissance sur le pays. Le secrétaire général, le Président, il murmure la fonction, le secrétariat général a souhaité que nous allions ressentir l’ambiance, faire le paysage. Il ne mentionne pas le directeur « des services », ne nomme pas de tout l’entretien B …, le lien est Bruno JOUBERT qu’il connaît bien et avec lequel il semble bien s’entendre. Il me demande si je « les » ai vus. Je dis avoir envoyé quelques messages, mais pas tous… à B … (je n’ai rien dit du silence de M … à mes premières tentatives, il y a plus d’un an). Je crois comprendre qu’il serait bon que je les vois, je dis ma disponibilité. Donc, là-bas, avec notre ambassadeur (dont je m’empresse de dire du bien, d’autant que j’en entends dire de mes correspondants – cela fait plaisir à mon interlocuteur, et c’est aussi sa pensée, mais pas celle de tous).
Le trajet en voiture par la route, j’avais oublié que la route de l’Espoir passe par Aleg. Plus de deux cent kilomètres, mais aussi confortable que possible par la voiture de l’ambassadeur, puis une trentaine de pistes pour Lemden. Ils voient le président Sidi en premier, et il lui donne son titre chaque fois qu’il l’évoque. Donc, Sidi. Empêché de prononcer son texte la veille, très monté contre les militaires, en rien dans la disposition de rien lâcher, il est la légitimité, pas question de remettre son mandat en jeu, mais si les militaires s’en vont, tout est possible, et il le fait savoir. Il ne veut pas les voir et AZIZ n’a pas non plus envie de le voir, donc aucun dialogue physiquement possible. Il ne cède rien, se sent manifestement encouragé par la réaction de la communauté internationale et aussi par la jurisprudence que créerait des compromis et des concessions avec les putschistes, dans toute l’Afrique. Pense-t-il à un possible contre-coup ?  Il ne le dit pas, mais il donne à penser qu’il s’appuie aussi sur cette possibilité. Il est certain que certains des militaires sont jaloux de ceux qui se sont ainsi auto-proclamés, généraux. Il était seul, avec un directeur de cabinet pourtant qui n’était pas celui qu’il avait avant le 6 Août, mais l’ancien directeur de la radio. Je dis que je retrouverai le nom. Réponse à ma question : il n’est pas déprimé, il est en bonne santé. Il ne détaille pas ce qui deviendrait possible s’il était réintégré dans ses fonctions, mais c’est évidemment le gouvernement d’union nationale et probablement l’élection présidentielle anticipée, à laquelle il ne s’interdirait pas de participer mais en fait ne participerait pas. Tout cela, il ne le dit pas et – il est évident que s’il le disait publiquement –, cela mettrait la junte en très mauvaise posture. J’évoque ma relation avec lui, la reprise de langue en Avril-Mai, le contact téléphonique qu’il m’avait donné et dont il se sépara, ces deux points comme des premiers signes de crise et de son propre isolement. Récit sur lequel Sidi s’est étendu, le calvaire vêcu depuis le changement de Premier ministre, les généraux sans cesse dans son bureau pour protester, faire pression. Le reproche d’une mauvaise gestion des deux bonnes décisions : régler la question des réfugiés, la sécurité. Ils (mon hôte ne parle jamais de lui à la première personne ni au mode possessif des positions qu’il a fait adopter ou qu’il défend) lui ont dit que le temps ne joue pas forcément en sa faveur, que l’on peut se lasser. D’entrée de jeu, Sidi avait demandé si la France allait changer de position. Les prochaines présidences tchèque et suédoise parce qu’elles seront peu informées, seront sans doute très à cheval sur les principes, donc les droits de l’homme. Pas d’évocation de Khattou ni d’affaires.
Puis AZIZ, seul. J’avais esquissé – selon ce que me donnait à broder C …, auquel je fais allusion et qui se trouve être un « bon copain » de mon hôte – un portrait de bon sécuritaire mais pas d’une tête politique, celui qui depuis plusieurs années aurait tiré les ficelles et veut maintenant être le chef effectif. Donc, le président du Haut Conseil d’Etat, c’est ainsi qu’il est évoqué par D …. Il veut se présenter, il promet toutes les garanties, une commission électorale indépendante, une préparation par les états-généraux de la démocratie, mais pas de changement de gouvernement, ce n’est pas dans l’intérêt du pays, trop de changements fréquents. Il veut rester au pouvoir, mais aussi y être légitimement, le beurre et l’argent du beurre, et il se présente manifestement dans tout l’appareil du pouvoir d’Etat. Mon hôte ne mentionne pas le statut de Sidi, sinon qu’il serait totalement libre. EL GHAZOUANI n’était pas là. Ils auraient voulu rencontrer VALL, ce qu’ils n’ont pu faire. Je dis que ce n’est pas très important, et qu’en cas de présidentielle, il n’a pas de réseau propre.
Ahmed semble avoir fait une forte impression. Un excellent français, une pensée très structurée et très précise, une vive critique de Sidi, mais tout autant celle des militaires dont il ne veut pas qu’ils participent à l’élection présidentielle. La question des états-généraux de la démocratie reste ouverte, il a cherché à convaincre le Front national de défense de la démocratie d’y participer, peine perdue. Manifestement, il se place au centre. – Ils n’ont pu rencontrer Messaoud, puis qu’il n’était pas là..
Maintenant ? j’avais déjà posé, comme hier avec A … que la « communiquite » (mot de MoD) devait cesser, qu’elle donnait un aliment au nationalisme sur lequel s’appuie la junte. La délégation d’aujourd’hui est à très faible niveau. Les politiques ne pourront revenir que pour boucler, ne pas les faire intervenir avant. Ma proposition, je la redéveloppe rapidement. Pas de problème pour l’acheminement de ma lettre aux généraux, mais de l’ensemble de ma démarche – écoûter pour discerner les éléments de puzzle qui peuvent être communs à tous, les généraux étant, au départ, les seuls à savoir le but de mon intermédiation. Il va en parler. Sous-entendu à Bruno JOUBERT et donc à l’Elysée. Nous avons été interrompus par un appel téléphonique sur son mobile. Le ministre qu’il prend en se levant et en s’éloignant pour se placer devant son bureau. Vous venez de perdre votre homologue géorgienne, remerciée en même temps que le ministre de la Défense. Questions-réponses, il sera là dans une heure et déjeune en famille. A nos premiers mots, après qu’il m’ait donné mon titre, il a peu changé physiquement, visage en rectangle doucement arrondi, des lunettes à la BRASILLACH, d’intellectuel, le gilet à bouton défait, gris pas foncé sur chemise grise et pantalon gris. Mentionne-t-il Pierre MOREL, rendez-vous suivant ? Le ministre grippé ? à qui il conseille de se soigner.
Scenario de sortie et recherche du point d’équilibre. Je décris : la remise au pouvoir, l’abdication à terme pour permettre l’anticipation de l’élection présidentielle, un gouvernement d’union nationale dont ne peuvent faire partie aucun des candidats, AZIZ pouvant se présenter et notre souhait étant que la question se règle pour longtemps dans les urnes, et qu’Ahmed l’emporte : j’en fais l’article, bien moins nationaliste que son demi frère (j’indique son ascendance prestigieuse, les CHEIKH SIDYA et la pénétration française – que lui avait un peu raconté l’ambassadeur pendant leur trajet en voiture), europhile encore plus que francophile, trrès construit en cela, l’Europe son partenaire naturel, au lieu des Etats-Unis, de la Chine ou de la Russie. Pour mon hôte, Ahmed ne peut ni ne veut accepter la candidature AZIZ. Je réponds que c’est le risque à prendre et qu’il n’y a pas du tout le choix, ni pour le champion, ni pour nous. Pour D …. l’ensemble paraît cependant à un niveau un peu bas pour satisfaire la communauté internationale et les autres chefs d’Etat africains. Je réponds qu’il faut surtout laisser parler les gens, s’exprimer longuement pour obtenir de quoi faire de la souplesse et faire apparaître des compatibilités. Il en sortira probablement du nouveau auquel nous ne pensions pas. Moi-même, je ne me présenterai qu’en ami du pays, des uns et des autres. Il m’interroge sur mes relations avec Sidi et avec Ahmed.
Sur le pas de la porte, n’aller ni trop vite ni trop lentement.Que nos gens d’affaires en fassent autant, notamment Total et Gaz de France (j’évoque Taoudenni et non plus « l’off-shore »). Il en convient. Conversation informative mais pas plus que celle d’hier, sinon que j’ai ici le récit vêcu. En revanche, la confirmation et l’accentuation de la multi-polarité (le mot est de moi) dans la conduite et la conception de notre politique, par exemple sur la Mauritanie). Il ne semble pas que le ministre (Bernard KOUCHNER) s’y intéresse particulièrement : nécessité de ménager JOYANDET qui veut être présent. Confirmation implicite de ce que D … ne voit jamais directement le Président. Tout passe donc et se délibère avec Bruno JOUBERT. Lui-même certainement très subordonné. – Je ne suis pas parvenu à échanger les prénoms, mais l’ensemble a été très chaleureux, je suis reconnu en parcours général et en expertise : mes Fw de messages mauritaniens, les photos. sont appréciées. Convenu que je refais du papier pour préciser ma démarche et, à ce que je comprends, le détail de ce qu’il faudrait obtenir de l’ensemble des quatre. Projet de lettre aussi, mais je le disjoindrai pour que ma mission ne capote pas là-desxsus mais seulement sur le principe qu’elle ait lieu ou pas. Reste maintenant – pour moi – à rétablir une communication, la confiance sans doute aussi, avec Ahmed. Je m’en vais lui dire à peu près tout mais sans que cela paraisse le point de vue actuel du gouvernement français. (10 heures 15 à 10 heures 45)


Samedi 20 Décembre 2008

12 heures à 12 heures 50, réunion dans le bureau de D … qui, à partir de midi et demi, est censé aller chez le ministre, recevant Pierre MOREL la Géorgie. – Arrivé le premier dans les antichambres et décompressant de ma matinée de train, il est vrai à dormir, je peux regarder les vitrines vidées de leur intéressant contenu : reliures précieuses avec leur analyse, originaux de traités dans des reliures armoriées à la ratification, et revoir la grande toile du congrès de Paris 1856, curieusement non encadrée, donc probablement en premier jet ou en copie de propagande pour l’époque (pour le Second Empire, un peu le pendant de notre présidence de l’Union européenne en quasi-ouverture du décennat de NS). Par chance, B … arrive et nous avons un moment tête-à-tête en partageant le canapé que j’avais inauguré (meilleur état que les tapis). L’homme est très jeune, détendu, à l’aise et pourtant retenu et nullement hableur, il est naturel, sa position ne l’a pas enflé. Il doit vivre légèrement, il fait ce qu’il fait avec sans doute initiative, imagination, dans un esprit de liberté et d’amusement, ce qui aux yeux d’un utilisateur ou d’un supérieur le donne pour créatif, donc utile dans un système compassé ou sortant difficilement des acquis. En nous quittant, lui, A ... et moi, il répond à ma question : ni femme ni enfant. Imperméable, grosse écharpe brute de laine, visage aigu, cheveux à épi, très étudiant ou jeune maître de conférence. Sorti de l’ENA en 2000, au Quai d’Orsay : chance, il a le dossier algérien quelques jours avant l’arrivée en visite officielle – historique puisque c’est la première d’un chef d’Etat algérien – et il fait aussi la visite retour de JC avec le trajet d’Alger à Oran, me confirmant l’enthousiasme et la réussite physique. Ce qui ne l’amène pas à un premier parallèle entre JC et NS, auquel je ne ne le pousse d’ailleurs pas. De là, sans l’avoir demandé, en 2002, il va aux Nations Unies – une belle machine ? notre représentation permanente, le Conseil de sécurité – il confirme, les derniers mois ou semaines de Jean-David LEVITTE, l’arrivée d’Irak de LA SABLIERE (je me garde de dire l’impression désastreuse que celui-ci faisait en riant-souriant au sortir d’une réunion du Conseil consacrée au Liban à nouveau en flammes – et en 2007, il est aspiré par Bruno JOUBERT qu’il avait connu comme directeur d’Afrique, et le voici. Il a effectivement eu à gérer l’après-Marcoussis pour la Côte d’Ivoire et surtout l’internationalisation qui était notre souhait et notre contraire, jouant l’Union africaine. Il confirme que les Africains n’ont pas les têtes qu’il faut aux Nations Unies et que tout se fait à Addis-Abeba et en vient. Mentalement, cela s’organise – reste la logistique – oui. Sur l’Afrique, il ne connaissait rien et avec donc le préjugé double d’une vive critique et du pari de la possibilité d’être moderne. J’approuve, les vieilles tentes et selles et maintenant. Jouer des deux semble son talent pour s’informer. Nous sommes à cet instant introduit chez D …
Celui-ci, toujours en gris, affable. Café, arrivée de A … par une autre porte, chaleureux et co-confident implicite de l’ensemble, le mot complice n’allant pas, compagnon peut-être pour l’affaire, mais, je le pressens pour plus. Il y a longtemps que je n’ai rencontré un hôte devenant partenaire avec lequel le lien s’est ainsi créé. Les choses commencent à l’initiative de D …, résumant la situation : la perspective de la libération de Sidi le 24, les journées de concertation le 27. J’observe que ces journées ont été inventées l’avant-veille des premières consultations de Paris et que Sidi sera libre de faire ce qu’il veut pourvu qu’il ne mette pas en cause la sécurité du pays : or, il est probable que libre et ayant ses communications, il s’exprimera ce qui peut sembler contraire à la sécurité du pays. Voire, ajoute D …, prétendre exercer le pouvoir comme avant et réunir son conseil des ministres… C’est sur l’exercice que je propose que nous nous sommes alors mis, et l’esquisse de la sortie de crise développée par un de mes papiers – j’avais liassé les deux sur le jeu à quatre ainsi que la lettre de Sidi à NS, laissant à qui le souhaite (ce fut B …) l’entretien avec Sidi en Avril 2006. Ce que j’esquisse correspond à ce qui est pensé ou pensable au Département étant observé qu’en l’état actuel des choses personne ne l’accepte puisque MAA ne veut en aucune façon ni en aucun cas le retour de Sidi en place et que ce dernier ne veut pas parler avec les putschistes. J’acquiesce évidemment, la raison de la mission que je propose est précisément qu’en l’état tout est bloqué. Comment comptez-vous persuader les uns et les autres ? je fais le pari qu’en passant du temps et en confiance, il sortira des éléments compatibles et aussi des éléments que nous ne connaissons pas, en ce moment. Jeu des concessions réciproques, pour le moment inenvisageables : MAA se retire du pouvoir, désarme complètement, dissolution du HC et du gouvernement qu’il a mis en place, mais il est persuadé de gagner l’élection. Ahmed ne peut la gagner qu’allié à Sidi et qu’en acceptant la candidature de MAA dans la pensée qu’il peut l’emporter. Il a 67-68 ans, c’est maintenant ou jamais plus. Mais Sidi ? objecte D …. Ce n’est certes pas une marionette, il a du caractère. Discussion alors sur le caractère d’AZIZ qu’ouvre B …  Il a une idée piètre du personnage, limité mentalement et peureux. AZIZ veut être élu, il a besoin de légitimité, il craint de ne pas l’avoir ; il n’est reçu nulle part, sans doute la Mauritanie n’est pas la première puissance mondiale, mais n’être reçu nulle part… guère que le Koweit, en Janvier prochain. Il sait que les missions, et nous-mêmes en venant, ne viennent pas le voir comme chef d’Etat mais pour régler la situation. Il a certainement la pression des autres dans le HCE, qui aurait débattu il y a quelques semaines sur la libération ou pas de Sidi, GHAZOUANI et le patron de la gendarmerie auraient souhaité ce geste en direction de la communauté internationale que MAA aurait refusé pour lancer au bout de quelques semaines, envoyez-le à Lemden et qu’on n’en parle plus. Il a peur des Américains qui peuvent l’envahir, les raisons ne sont pas dites par B … J’ajoute, le conjecturant depuis le portrait que m’en avait donné C …, que c’est surtout une tête peu politique. Ce que confirme d’ailleurs ses dires et ses choix institutionnels depuis le 6 Août, surtout dans les premiers jours.
Deux dires donc. Une situation bloquée, que résume D … Une sortie acceptable si c’est mon scenario. Mais il y l’antithèse qu’esquisse B … et qui amène à la mienne, dont je partage les éléments. J’avais fait l’observation que la date du 27 Décembre n’a pas été reprise par les militaires, que c’est une annonce par leur Premier ministre– sans doute autorisée mais dans une forme permettant le recul. L’exercice peut donc être remis s’il apparaît que ni le « parti de Cheikh Abdallahi » ni le RFD n’y participe, il y aura sans doute des ONG et autres mais cela ne légitimera rien. Contraste complet. En 2005-2006, dans les trois mois, il y avait eu consensus, calendrier, non-présentation de VALL, tout le monde avait signé et un accord avait été conclu avec la communauté internationale. Nous allons à sept mois, et il n’y a toujours rien. Probable impatience de certains des militaires et pression sur AZIZ pour qu’on s’en sorte ou qu’il abandonne. Scenario de remise du pouvoir à Ahmed, qui sera alors le nouvel ABDALLAHI des militaires. Pour B …, ni libération, ni journées de concertation. Ce seront les faits nouveaux, ai-je alors ajouté, et j’y crois assez. Mon séjour là-bas avait éventuellement son impact dans l’optique de donner aux militaires le moyen de réussir leurs journées par un début d’accord à quatre, maintenant il faut attendre. B … insiste aussi dans cette hypothèse du grand intérêt de voir les autres militaires, membres du HCE, de connaître leur façon de voir, de leur dire aussi que la France n’aime pas que les autres, mais les aime eux aussi.
D … en venant, a pensé au montage d’une contractualisation pour cette mission mauritanienne au Centre d’analyse et de prévision. Frais divers et déplacements. Bonne couverture pour aller là-bas, se documenter, voir tout le monde, possibilités de rencontre pendant les états-généraux. Objection, cependant ne pas engager la France dont à Nouakchott tout est scruté. Si vous voyez la gendarmerie, ce sera la préparation d’un coup d’Etat. Nous sommes scrutés, conclut D … De fait – j’enchaîne – on vous a chargés du renversement de Moktar Ould Daddah, puis de Haïdalla, et vous avez passé pour soutenir Ould Taya. Vous plus que nous, réplique D … avec l’argument de la jeunesse. Je répète que la transmission de ma lettre pour audience de MAA par l’ambassadeur suffit comme accréditation discrète, pour le parterre et pour la réalité, je ne suis que moi-même, un Français ami de longue date du pays. La France n’apparaît pas. B … appuie : n’engager en rien, même selon les apparences. Déjà sa propre mission avec D … (ni l’un ni l’autre ne mentionne le troisième homme…) avait dû être « habillée », susceptibilités possibles dans l’Union, quoiqu’on s’y en fiche, et des Africains, risque surtout du côté des Mauritaniens. En prenant congé mutuel, B … racontait – me donnant ainsi indirectement l’ensemble de la journée du 29 Novembre – qu’ayant programmé un dîner avec VALL, il avait dû le décommander par téléphone, ligne sécurisée ne fonctionnant pas et l’autre guère mieux, mais presse et Al Jazeera devant le domicile de l’autre : « B … de l’Elysée, chez VALL », etc…. Il connaît d’ailleurs celui-ci depuis l’Irlande – ? – oui un stage cet été. Soirée bousculée avec MAA à 21 heures ou 20 heures et Ahmed en dernier, avant l’avion à deux heures du matin ( ?), donc l’essentiel du temps consacré à Sidi, mais voyage en voiture compris… Suite de notre conversation : j’amène Robert BOURGI que B … n’a pas évoqué. A … évoque le compte-rendu que j’ai fait de mon entrevue avec celui-ci. Son décrochage maintenant : selon moi, ses entremises pour BOUAMATOU et GHAZOUANI n’ont pas abouti et BONGO le retient. RS a l’explication de ses absences de Paris, démarcher les chefs d’Etat africains en faisant croire que finalement BONGO est d’accord, pour qu’ils achètent le scenario de MAA. Contradiction avec BONGO, alors ? fait D …. J’avance qu’en Afrique, il n’y a pas contradictions, il y a plusieurs aspects que la personnalité qui les défend finit par faire accepter à raison d’elle-même. Ce n’est pas qu’africain, insinue D … B … évoque sa première impression de l’avocat, très bonne, drôle, humour, intelligence, pas comme il s‘y attendait. Je crois l’homme surtout habile, et au total personnel sans forcément avoir à se le dire à lui-même : c’est sa vie, et c’est aussi sa rémunération.
Nous convenons, sur ma proposition, de refaire le point par conférence internet le 30 ou le 31, D … revenu de congé, lequel est en général générateur de coup d’Etat (le 6 Août mauritanaien) ou de coup dur (la Géorgie). Ma propre disponibilité mais de préférence pas entre les 4 et 18 Janvier. D’ici là, me documenter sur les divers membres du HCE, les aborder au su explicite de MAA à qui je ferai miroiter un rapport, n’étant pas de la tribu je peux recevoir plus qu’un compère patenté. – Contexte d’urgence cependant, la crise va aggraver les circonstances éconpmiques et sociales locales, chute des cours de matières premières. A … rappelle le compte-rendu de sa conversation avec un de nos intervenants, exportateur en Mauritanie.
De cette réunion de cinquante minutes aisée et détendue, sans qu’aucun de nous quatre ne prenne des notes (D … et Jean-Pierre ANGREMY avec la sensation que donne celui-ci à chaque entretien de chercher les matériaux de quelque héros de son prochain romain, en être un ?) et où A … a été silencieux sauf à évoquer mon portrait de BOURGI et le rapport d’un de nos exportateurs en Mauritanie, je retiens que nous avons ensemble le propre d’une équipe complémentaire avec des vues pour le moment communes ou concordantes et que nos caractères – comme nos positions respectives – nous rendent aptes à accueillir les faits nouveaux et à ne pas nous disputer le pas.


Mardi 3 Février 2009

. . . chez M° Robert BOURGI, 16 heures 20 à 17 heures 20 + J’attends à peine, il s’entretenait avec une femme plutôt jeune, très grande, plutôt blonde, pas forcément belle qu’il fait entrer dans une autre pièce. Il n’y a pas vraiment d’antichambre et pour un personnnage de sa mnanière, il serait peut-être expédient qu’il y en ait une et que le choix soit possible de faire rencontrer les sortants avec les entrants, ou de l’éviter. Il me prend dans la lettre du continent, constate que je lis donc GLASER, je lui dis n’avoir commencé le livre qu’après notre première conversation et ne pas l’avoir achevée. Nous sommes assis, même dispositif qu’il y a deux mois… café proposé et accepté. Les choses vont d’abord vite. Pour notre entretien, car pour notre sujet, il annonce que les choses vont plutôt dans le bon sens et s’arrangent. Il a présenté le ministre des Affaires étrangères – très bien – au « doyen » : BONGO. Mieux que le Premier ministre ? sans doute. Il est retourné deux fois en Mauritanie, depuis notre précédente conversation, la première juste après ce qu’il appelle les journées de concertation, la seconde dont il ne me précise pas la date. Ces journées, tout le monde y a participé saufg Sidi, les partis de l’opposition, Ahmed Ould DADDAH. Sidi totalement libéré. Je n’ai pas observé, le laissant continuer. Il y a rencontré pas mal de gens, mais ne me cite aucun nom, il a manqué pouvoir s’entretenir avec Ahmed, mais était juste appelé par ABDEL AZIZ, alors… l’impression qu’il a eu que le général serait certainement élu, que les gens le souhaitent, et qu’à vue humaine, il peut naturellement se tromper, personne ne peut le battre. Il vient une nouvelle fois d’introduire GHAZOUANI à l’Elysée (il y a trois jours…), reçu comme les fois précédentes, ce serait la troisième, par Claude GUEANT. Il n’a pas participé à l’entretien, mais l’a préparé avec CG, puis a reçu – signe vers le canapé de gros cuir vert pas très frais, sous la gravure célèbre de la bataille de Waterloo : je nous fais prendre tous deux en photo. par son assistante – ici l’alter ego d’ABDEL AZIZ ; GUEANT aurait été ferme et clair, il faut que tout se passe dans la clarté, la transparence, irréprochable, une commission électorale avec tous les partis, opposants compris, et que le général lui-même abandonne la place, et que GHAZOUANI aussi, ou en tout cas ne se mêle pas du processus. L’autre se serait récrié qu’il ne s’occupe de rien. A quoi GUEANT aurait répliqué, et si vous dis que je ne suis que le secrétaire général et rien d’autre, vous me croirez… J’ai alors embrayé. Et le gouvernement ? il resterait en place, AZIZ ne s’en mêlerait pas. J’ai dit que ce ne serait pas possible. Toute élection en Afrique est déjà contestable depuis toujours, il faut au moins qu’elle ne soit pas contestée. Le génie de Moktar Ould DADDAH et de son régime était que les élections étaient consensuelles, elles entérinaient un consensus. Ce consensus n’existera pas si l’élection a lieu comme cela. Déjà, les journées de concertation – le document en rendant compte est très faible – n’ont pas eu la qualité de celles de 2005, et le coup du 6 Août a ruiné le consensus péniblement établi sur les élections de 2007. Ahmed a pris sur lui ne pas contester celles-ci, alors que dans le fond, il estimait qu’elles étaient en partie truquées. Quelles éklections seront alors probantes, celles de 2007 certifiées par tout le monde et non contestées, ou celles de 2009, et celles-ci à quel titre ? Il na pas le compte-rendu des états-généraux ni surtout le plan de sortie de crise proposé par Sidi, et admettant les élections anticipées. Je promets de les lui envoyer. Je serais venu à Nouakchott éventuellement au moment des états-généraux pour faire un papier pour le Quai d’Orsay, mais ce n’était pas le moment pour la médiation que nous avions évoquée. Il me faut un signe des généraux. Mon homme me dit alors qu’ABDEL AZIZ me connaît, qu’il a beaucoup d’estime pour moi et que mon autorité en Mauritanie est reconnu, je suis adopté là-bas depuis longtemps, même si je suis cheveux blancs et Français jusqu'au bout des ongles. Comment me connaît-il ? Ma lettre donc dont le général lui aurait parlé, mais qu’il ne lui a pas communiqué. Je la lui promets. Peut-il la montrer à Claude GUEANT : je lui fais confiance, le but est d’arriver à une solution en Mauritanie, si cette communication peut y aider. D’accord. Mais – je m’en rends compte en le notant – aussitôt la contre-partie, rencontrer Ahmed Ould DADDAH si possible. Sait-il que celui-ci a l’intention de venir en France. Nous convenons que je lui ferai savoir la venue de mon ami. Il souhaite le voir avec moi, puis nous emmener tous les deux chez Claude GUEANT avec Bruno JOUBERT aussi, mais sans que le Quai le sache au préalable. On n’y ferait alors plus rien, si l’on sait quAhmed est reçu par « le maréchal » (appellation que je ne savais pas : la sienne ?). Question que je repose comme la dernière fois, je crois : d’où vient ce tropisme ou cette compétence de GUEANT pour l’Afrique ?
Réponse profuse, qui nous entraîne assez loin, mais cet « assez loin » m’apprend… Quand j’ai rejoint SARKOZY en Septembre 2005, il ne faisait rien sans GUEANT. Tous deux sentaient le sujet africain important, mais ne le connaissaient pas. J’ai dit à GUEANT, c’est simple, quand un chef d’Etat passe à Paris, et est reçu par CHIRAC, je l’amène au ministren, sinon tu vas le voir. Il les voit tous depuis cette époque, et ceux-ci me disent qu’il a la sensibilité, cette sensibilité africaine que disait SENGHOR et que n’a pas du tout le Quai d’Orsay, une sensibilité également orientale. Je renchéris car il me complimente trop sur cette intuition-sensibilité qu’il me croit et opine surtout qu’au Quai d’Orsay comme ailleurs, on veut expliquer et comprendre, donc des fiches, des renseignements. Michel JOBERT … mais vous êtes Michel JOBERT, me coupe-t-il… je continue :  à mes questions sur le pourquoi ou sur la complexité, le répondait au contraire qu’il n’y avait aucun mystère, que c’était très simple. Nous allons en ce sens vers Jacques FOCCART, puis moi vers Maurice COUVE de MURVILLE, tous simples et secrets par nature mais pas par fonctions ou selon les affaires. Maîtres d’eux-mêmes. Je rebrode sur le peu que j’ai connu de FOCCART, pour lui son mentor. Sens qu’ont les Libanais en Afrique, oriental et africain. Il revient à nos deux personnages : GUEANT et SARKO. (il ne dit jamais le Président). Quand il est allé à Beyrouth, il y a quinze jours, il y était comme un poisson dans l’eau. Il m’avait montré les « éléments de langage », qu’il n’avait pas lus, j’ai regardé, il y manquait l’essentiel : nom que je ne retiens pas pour le camp que je ne situe pas, tenu par Al Qaïda. L’amée n’y arrivait pas : 350 morts dans l’armée libanaise. X convoque Michel SLEIMANE, donne-moi deux jours et je te nettoie le camp. D’accord et ce fut fait. Ils sont la main dans la main, geste. Je le dis à SARKOZY, tu peux ne pas lire ce papier, vas-y comme tu es. Il a commencé, Michel, tu… et c’était vrai, il me l’a dit à son retour. Il tutoie tout le monde – j’opine que c’est accepté, mais que ce n’est pas le mieux (lui-même continue de m’appeler monsieur, revenant sur ma francité, ma noblesse, ce qui me permet l’excursus sur la lacune de SARKOZY, le manque d’atavisme français auquel il ne peut rien mais qu’il doit compenser à cherchant à comprendre la France en tant que telle, et à montrer aux Français qu’il l’aime. Je n’ai pas cité MAZARIN. Donc cette sensibilité qu’a GUEANT. Que n’a pas le Quai. Le récit des entretiens du 29 Novembre en Mauritanie, il évoque le patron de la DGSE, et B … mais ne situe pas D … que j’évoque alors et dans une relation pas facile avec KOUCHNER. Il fait alors écho à ce livre dont Marianne a fait sa manchette… (Pierre Péan mettant en cause le ministre des Affaires étrangères ayant touché des honoraires de chefs d’Etat africains). Je reprends : VEDRINE eût été mieux, je ne peux mieux dire, c’est sa propre idée. NS y penserait selon Le Figaro ( ?). Surtout pas DdeV. Il abonde. L’aime beaucoup, un ami, mais… il hésite… un fou. Un soir, invité à passer à l’Elysée, vers 19 heures 40, un malt de 1963, ni glaçon ni eau bien sûr. Il est alors secrétaire général de l’Elysée, tout puissant. J’arrive, c’est servi. Que fêtons-nous ? Il me répond : vous avez devant vous le général de GAULLE. Je lui réponds : vous m’avez peut-être précédé pour le malt ? Pas du tout, j’ai 49 ans comme de GAULLE le 18 Juin 1940, il dit voir COURCEL devant lui. Un fou comme VERLAINE ou RIMBAUD ou NIETZCHE, le deuxième ou le troisième plan, très haut…Je l’aime bien, poursuit-il. – Je le coupe, la qualité de son père, il situe celui-ci pour le Sénat, mais pas avant. Je vais à l’autre lacune de NS : le père qu’il n’a pas eu politiquement : CHIRAC. Oui… fossilisé, ajoute-t-il tout en protestant de leur relation (il désigne une petite photo. que j’avais remarqué : bras de chemise, bien cordialement – la mienne de 1980 est bien mieux : avec mon amitié et ma confiance mais le soleil est passé dessus) ni familialement, c’est manifeste. Il écoute avec approbation, mais sans enchaîner. Un fou… un poète, il a monté Clearstream de toutes pièces, il va passer en correctionnelle, se faire sûrement condamner, radier donc du barreau, humiliation, et devra rendre sa décoration : au bout de six mois Premier ministre, on est grand-croix de l’ordre du Mérite. Entre les deux tours, j’ai dit à SARKOZY, il faut lui donner quelque chose pour qu’il fasse un meeting avec toi. Quoi ? le VIIème et la commission des Affaires étrangères. Ce qu’avaient eu GISCARD puis  BALLADUR. Je vais à Matignon : refus. SARKOZY va exploser, Ségolène sera élue. Voilà où il en est, il se croit le recours.
Des téléphones : le Premier ministre du Mali, déjeuner demain à 13 heures au Flandrin. Des visiteurs, nous sortons, quatre Africains d’un certain âge, je crois en reconnaître un, j’évoque Dakar et le Tchad (il les a faits entre 1975 et 1977 – je déduis que je suis son aîné, qu’il me doit le respect – démonstration appuyée à l’intention de mon hôte…). Donc, la balle peut rebondir… nous étions debout pour le congé mutuel quand j’ai conclu qu’un lien personnel et discret entre l’Union africaine et l’Union européenne devrait être organisé et qui ne passe pas par Bruxelles.


Jeudi 12 Mars 2009

. . . reçu par Jacques MYARD, député à l’Assemblée nationale, 14 heures 30 à 15 heures + Venu à pied de nouveau par la rue de Bourgogne (l’excellente pub. d’Israël : deux photos accolées, un bas-relief romain, une boîte où s’abordent et danses des jeunes, histoire après-midi, sciences naturelles le soir, je suis pile à l’heure. Monte sans guide (formalité d’entrée habituelles, bagage et vêtement au détecteur, pièce d’identité en échange du badge. Couloir au premier étage, pièce minusucule en longueur. Deux secrétaires femmes, au coude à coude et dans la pénombre d’un premier espace, pas trois mètres de large, puis l’impétrant qui était venu dans le couloir me faire signe. Chemise bleu-ciel, col blanc, ventre en ballon, taille de l’ordre du mètre soixante, le visage aussi rond que le ventre, lunettes dorées, le cheveu blanc. Voici le député-maire de Maisons-Laffitte, lancé – comment ? – par le cabinet ministériel, la première cohabitation (MITTERRAND-CHIRAC 1986-1988), Michel AURILLAC est ministre de la Coopération, et lui avec Robert BOURGI en voisin de bureau. Sur celui-ci, peu à dire, ils se tutoient mais ne se sont sans doute pas revus depuis longtemps, puisqu’il n’a plus ses coordonnées. Lui-même, issu du Quai ( ?), ne s’occupait que d’affaires juridiques, essentiellement l’affaire Carrefour du développement (NUCCI…). L’autre avait déjà ses réseaux et avait été pris pour cela, sans doute, mais il n’est pas dans la confidence. Il a commencé son dire par : ah ! Raymond BOURGI… tant à dire, ai-je cru. En fait très peu. Le fils de son père surtout, de ces Libanais établis en Afrique, qui font tout, les affaires, la banque, du vrai travail, de l’intermédiation aussi. Des gens admirables : au Nigeria où j’étais, la guerre du Liban, l’ambassadeur n’était plus payé, l’ambassade n’avait plus de budget de Beyrouth, la colonie libanaise s’est réunie et ils ont pris en charge l’ambassadeur et l’ambassade… les Français à Londres. Certainement, un homme chaleureux, affable, qui ne nous nuit pas : au contraire mais qui, s’il peut au passage, y trouver sa rétribution, la prend… déjà l’homme de BONGO, lequel était déjà incontournable. On disait que Robert BOURGI – sans que je le vérifie positivement, j’étais loin de tout cela – s’occupait surtout de récolter l’argent de la campagne pour JC en 1988. Il me demande peu de dire ce que je sais, moi-même, et je ne le dis donc pas : il ne voit pas pourquoi ni comment BOURGI s’occupe à présent de la Mauritanie.
Nous sommes à la situation actuelle. Il a dit lui-même à NS que le système n’est pas bon : cumuler Président de la République, Premier ministre, plusieurs ministères et sous-chef de bureau à la colonisation, surtout chef du parti, c’est trop. Il se dit gaulliste, mais constate, ce qui n’est pas une révélation, qu’il y en a peu. D’accord avec moi : Nicolas DUPONT-AIGNAN ou MELENCHON se marginalise et ne peuvent plus rien faire-être. Convaincu qu’il faudra ressortir de l’O T A N, et que les Américains ne nous souhaitent que pour que nous payions, puisque l’Irak les a épuisés.
Il m’a demandé comment j’étais entré en contact avec lui, ne semble pas lire mes notes circulaires de politique, me demande toutes mes coordonnées, et surtout le blog. Je m’exécute. Il ne s’occupe plus de l’Afrique maintenant. Leçon de choses, mon interrogation sur sa carrière politique, après que j’ai évoqué Edgar FAURE et MARCELLIN pour ma propre expérience pontissalienne et vannetaise. Le pouvoir, on ne vous le donne pas, il faut le prendre, j’ai tapiné à Maisons-Laffite, j’étais déjà conseiller municipal d’opposition. En 1988, j’ai pris à un vieux le siège au conseil général, puis la mairie, et en 1993, la députation. Il m’a interrogé sur mon nom, mes origines géographiques, et aussi administratives. L’homme a sans doute son arrière-cour mais la suite impressionnante de ses communiqués, presque tous en flèche, et avec lesquels je m’accorde pleinement sauf un ou deux, et son accueil maintenant, plaide en sa faveur. L’homme est courageux, et certainement pas réductible par le seul air du temps.


Lundi 30 Mars 2009

… ex-Imprimerie nationale, rue de la Convention/rue de Javel, secrétariat d’Etat à la Coopération et à la Francophonie, 10 heures 30 + Un quart d’heure d’avance imprévue, une place de stationnement devant l’entrée au 48 rue de Javel et un horodateur hors service. Venu du périphérique par la porte de Balard, je passe non loin de la rue des Cévennes et du Prince, puis la rue de la Convention, Boucicaut, quartier de ma sortie d’adolescence, les restaurants que j’ai connus, la rue des Bergers (ma chère Marion), et la rue de Javel à ses débuts… l’ex-Imprimerie nationale. Comment un Etat peut-il n’avoir pas une imprimerie à lui, en régie ? le Journal officiel qui passe à la Documentation française laquelle était initialement la seule documentation du chef du gouvernement, partiellement mise à la disposition du public, comme en partage de l’information et diffusant surtout les fameuses Notes & Etudes documentaires. Aujourd’hui, tout se sous-traite, les rapports officiels sont vendus au prix d’un livre chez Odile Jacob… bientôt il en sera ainsi du JO… mais je reconnais que réagencés et mis à neuf, les bâtiments deviennent des bureaux très fonctionnels. J’ai recommandé depuis quinze ans la vente de hôtes particuliers de ministres, pour se faire de l’argent, pour que ce soit bien entretenu et pour rapprocher les gouvernants de leurs services, mais pour « la rue Monsieur » je ne l’aurais pas fait : fidélité de nos visiteurs et amis africains.
Je poireaute une grande demi-heure, couloirs et espace d’attente décorés de très beaux objets et encadrements africains. Connaissance de Mrs R…, l’aînée de ses patrons successifs. Puis d’un collaborateur dont je n’ai le nom et la fonction qu’en quittant les lieux : conseiller du ministre, ancien de l’Agence de développement, expertise et écrits en la matière, en poste au Mali et au Niger, en Centrafrique aussi, visage disgrâcié à première vue : E … qui croit m’avoir lu dans Projet, ce qui est possible, mais je lui ai dit mes plus fréquents publicateurs antan. F …. enfin, bras de chemise blanche, enveloppé de ventre et de visage, lunettes, un peu la tête de CHARASSE. Il se souvient de nos correspondances vaguement et mon nom – en dehors de la notoriété qu’il me prête et dont il faudra que je l’actualise : son fondement et son contenu – lui disait quelque chose quand A … m’a présenté en testament.
La conversation est informative et positive. D’abord mon homme. La Mauritanie, une seule fois, accompagnant Jacques CHIRAC, Atar inoubliable de foule et d’ambiance. J’évoque mes mises en garde d’alors auprès du conseiller diplomatique de Lionel JOSPIN (RIPERT) et sans doute de VEDRINE : caution à TAYA à trois mois de sa tentative de rééelection, couronnée de succès. Son parcours, je le sais (par A …) sorti administrateur à la ville de Paris, et donc à l’Hôtel-de-Ville en 1994. Il dit avec le sourire être de l’équipe JC à l’origine, mais qu’il a quitté à l’automne de 2004 pour NS. Il semble qu’hostile à DdeV (ou celui-ci lui étant hostile ?), il en a fait le motf de sa désertion (mot qui me vient, mais tout ce mouvement dont FILLON a été le plus spectaculaire adepte est intéressante, en même temps que le processus d’une prise du pouivoir d’Etat par la prise du contrôle d’un parti. Ce qui est inédit sous la Cinquième République). Comment ? il lui a préparé le rassemblement du Bourget, où celui-ci a été élu président (de l’UMP) et a aussitôt été placé à la tête des services du parti. J’évoque le livre de mon camarade de promotion Bernard BILLAUD, qu’il n’a pas lu mais dont il a  entendu parler. Arrivé où il est et où nous voyons, il y a seulement trois semaines et teinture de l’Afrique, mais son initiateur est donc notre tiers. Congratulation, conseiller du roi, Marie-France GARAUD mais on n’est pas roi. L’autre assure ne pas vouloir l’être.
Même exhorde que celui de A…, assorti de la promesse de démenti et dénégations énergiques si c’était rapporté. Deux lignes sur la Mauritanie. La première éthique et morale, qui condamne le coup et la seconde sécuritaire qui croit avoir des garanties de bonnes dispositions et d’efficacité avec la junte (mon hôte n’a pas l’occasion dans son parler d’évoquer les militaires ni leur chef autrement que par périphrase et ne les qualifie donc pas). La sécurité, les zones repérées et même à bombarder, le Mali qui a fait un deal avec Al Qaïda et moyennant finances, pour avoir la paix. Digression sur des zones climatiques, sur la trypanosomiase qu’ils croient un empêchement pour les chevaux de monter vers le nord, alors que c’est au contraire ka limite vers le sud à ne pas franchir par les chameaux. Je demande qu’il précise, la seconde ligne, favorable par utilité au fait accompli des militaires, est-elle celle de l’Elysée de source sécuritaire, ou de l’Elysée selon ce que « le secrétaire général » reçoit d’El GHAZOUANI. Il ne répond pas directement, qualifie de courageux « le petit » B …, assure que la ligne éthique est défendue par Bruno JOUBERT avec qui il faut communiquer (je le laisse faire et ce sera d’ailleurs le dernier échange, la main sur la poignée de porte : faire le point avec celui-ci des entretiens sans témoin du secrétaire général) mais que B … a eu le tort de présenter comme trop blanc le parti éthique. Selon lui, les généraux protestent de leur francophilie et sont crus comme tels. Sur BOURGI qu’il a peu fréquenté mais dont il sait qu’il est pourvoyeur de fonds, il est demandeur, je schématise le premier entretien avec celui-ci et ce que j’en ai tiré sur son parcours. Il m’apprend qu’il a quêté aussi pour PASQUA et, voyant la carte de MYARD dans mon rabat de carnet, m’apprend également un aller-retour vers le RPF et PASQUA… Nous commençons alors à revenir au schéma que je défends depuis le début de Décembre, insistant sur la nécessité d’obtenir d’ABDEL AZIZ un sursis à la dernière étape de son processus de « légitimation électorale », donc d’aller vite à la tentative de faire se parler les quatre principaux acteurs. Mon hôte a présent à l’esprit la date du renouvellement partiel du Sénat, passer l’intérim au président de cette chambre avant ce scrutin serait maladroit. Je dis aussi que ce président est sans équation personnelle. Et sera au service de la junte puisqu’il l’a ralliée. – A noter que D … n’est jamais invoqué, pas plus que le patron des lieux : JOYANDET. Mes deux interlocuteurs n’étant ni l’un ni l’autre de « la carrière » sont sans doute dans une certaine distance psychologqiue, créée et entretenue mutuellement avec le Quai. De mon côté au contraire, j’invoque autant le prédécesseur de mon hôte que le … au Quai.
 Je suis amené à caractériser les trois personnages civils et les questions reçues me montrent l’utilité d’un papier pour eux et en interne qui dirait les avantages vrais d’une victoire des civils et les inconvénients non perçus de la victoire des militaires. Réduire le point de vue sécuritaire, dont d’ailleurs je dis qu’il tient à l’inimitié Algérie-Maroc, donc à la question des frontières et principalement de Tindouf, encore plus que du Sahara ex-espagnol. La sécurité en répondre nous-même en nous organisant en force avec les Mauritaniens, la politique en favorisant, ce qui serait un immense service à rendre à tout le monde, une conciliation algéro-marocaine. Question sur un autre intermédiaire que BOURGI… je caractérise BOUAMATOU puisque ce doit être lui, disant qu’il a été le messager de la junte, confirmation par E … du petit déjeuner au Bristol, auquel il a lui-même participé y accompagnant JOYANDET. De toute manière, le « milliardaire » voit tout le monde, a donné quelque chose à la Fondation Moktar Ould Daddah et a visité depuis son séjour parisien, le président « déchu » à Lemden. Questions sur l’installation matérielle de ce dernier. Nécessité de savoir ce qui s’est dit entre ces intermédiaires et l’Elysée, et surtout EL GHAZOUANI-Claude GUEANT. Il est convenu qu’ils auront aux informations. Evidence qu’il faut faire vite, j’approuve. Enjeu la crédibilité de l’UE vis-à-vis de l’UA  et notre responsabilité dans la détermination européenne ou pas : pas d’allusion de mon hôte ni à mon courriel à NS ni au communiqué du Commissaire européen. F … assure, pour l’avoir pratiqué, que NS est capable d’entendre plusieurs points de vue, qu’il n’a sans doute pas sa religion faite et qu’il se défie en général de ce que lui disent les militaires (les nôtres).
Nous nous quittons au bout d’une grande heure, sans vraiment conclure : le temps presse, nous demeurons en relations.


Mardi 16 Juin 2009

. . . au Quai d’Orsay, reçu par G … [3], 16 heures 50 à 17 heures 10 +  Je poireaute, comme à l’habitude, une vingtaine de minutes. Ni fleurs, ni journaux sur le guéridon, plus d’exposition d’aucune sorte, que les tapisseries à contempler. J’évoque MJ photographié sur l’un de ces canapés. Quoique raides tous ces sièges sont con,fortables : rouges et dorée. Le cardinal FLEURY et GUIZOT sont de part et d’autre de la lourde cheminée, les bronzes de la magnifique pendule, sans doute Napoléon III sont de Victor PAILLARD.
Aux manettes depuis trois mois même pas, G …, grand, jeune, souriant, sympathique asusitôt, noir de poil mais d’un poil déjà rare, tête à porter des lunettes à fortes montures, mais en porte-t-il ? vient me prendre. Me présente une jeune femme, visage sévère, réprimant parfois quelque expression, mais fugitivement que je ne distingue si c’est de la sympathie, de l’ironie, de la bienveillance ou si cela s’adresse un autre. H … suivant les affaires africaines au cabinet depuis 2007. L’entretien est donc singulier, et me met peu à l’aise. En face de moi, le très jeune directeur, bras de chemise (rose comme la mienne, mais je n’ai pas tombé la veste) et en angle cette dame, à qui je donne – heureusement – du madame avec constance. La trentaine. Les bourreaux femmes sont bien meilleurs dans leur emploi que les hommes. J’en ai su quelque chose en Décembre 1996 avec une Claude RESMAN, casée du cabinet des ministres à Bercy, comme TPG je ne sais où, les situations financières les plus confortables que puisse offrir l’administration. Comme celui à qui je dois mes malheurs dans mon administration d’origine, tous deux trouvèrent que je me préoccupais davantage de ma situation personnelle que du service public, pour lequel on ne me proposait d’ailleurs plus aucun emploi approchant plus ou moins mon grade. Bref… Malaise aussi parce que le téléphone a sonné quatre fois, que du café fut évoqué mais pas commandé ou servi, qu’une réunion commençait ailleurs où mon hôte était attendu, parce que surtout mon texte ne provoquait aucune réaction et que le temps que je ne devinais pas, a priori, aussi limité, ne m’a pas été donné pour l’essentiel : qui eût été de savoir si la position française se fixait et surtout quelle elle est, à présent.  Je n’ai pu que la déduire ainsi que les visites des divers acteurs mauritaniens, des mines, moues, silences ou regards de la chargée de mission.
J’ai déballé ma disponibilité à réfléchir sur les sujets qui pourraient intéresser le ministre et son directeur, les ai énumérés : zones géographique. J’ai suggéré comme à chaque changement de main depuis 2002 une formation officieuse des anciens ambassadeurs sur chacun de nos pays partenaires pour qu’une mémoire orale et des réseaux se transmettent, et qu’il puisse y avoir une sorte de débat sur les stratégies à adaopter : note a été prise par mon hôte. Arrivant à l’Afrique et à la Mauritanie, j’ai suggéré une initiative de notre part pour que les procédures de l’article 96 du traité de Cotonou ne soient plus une occasion de ridicule ou l’enregistrement de parjure. J’ai mentionné les visiteurs de Claude GUEANT, théoriquement interdits de visas. Puis j’ai improvisé les portraits et les candidatures, celle de Messaoud m’a été confirmée quand j’ai décrit l’homme qui a tant mon estime – mais sa violence de tempérament et son origine ne seraient certainement pas un gage de paix dans les circonstances actuelles : cela je ne l’ai pas dit. Je n’ai pas questionné sur l’impression faite par Ahmed en Avril ni sur le fait-même de l’accueil ici. H … est allée en Mauritanie, à quelle occasion, mais ne semble pas avoir été séduite, elle n’est pas entrée dans mon explication faisant que n’importe quel Maure fait une impression dont le rendu est tristement identique depuis MoD : l’homme de silence, de modération, de majesté personnelle, l’anti-portrait d’Ely, que CM a pratiqué ainsi que Messaoud. J’ai insisté sur la rapidité peu fondée avec laquelle on a joué du consentement de Sidi et laissé prévoir que sa signature ne sera pas forcée, j’ai exposé la légalité venue enfin à la conscience d’une partie des Mauritaniens, la légitimité, le passage de relais d’un élu à l’autre. Impression que mon hôte a été de ma sensibilité, ni lui ni H … n’ont mes papiers de l’automne et du printemps vers D … et A…. J’ai conclu sur la novation à terme probablement rapproché : l’accès au pouvoir des anciens serviteurs, l’arrivée aussi d’une autre génération. On ne veut ni des militaires ni des sexagénaires, donc on va vers l’inconnu, mais peut-être un civisme inattendu en Afrique.
Aspect positif – le seul – de cet entretien : je vois qui me lira. Je vais interroger avec prudence A … et D … notamment sur la H … Moment de détente, l’huissier que je reconnais, âgé d’origine tunisienne : son nom quand nous nous quittons, Aziz SAHLI, de Sousse. Nous évoquons Michel JOBERT, il est arrivé dans son emploi en Janvier 1974, commençant d’abord « derrière », à l’hôtel du ministre. Puis, mis en uniforme pour les obsèques de POMPIDOU : il ouvrait la porte de l’ascenseur : NIXON, BREJNEV et… BOURGUIBA.



Annexe I

courriel à Nicolas Sarkozy, président de la République française


De : Bertrand Fessard de Foucault
Envoyé : samedi 28 mars 2009 15:09
À : directeur du cabinet du président de la République – qui m’en accuse réception le 31
J'ai bien reçu votre mail et je vous en remercie.   Bien à vous
Cc : D …; F … ; M° Robert Bourgi
Objet : conférence de presse conjointe du Président de la République à Niamey, hier vendredi 27 mars 209

Cher Préfet, cher ami,
pourriez-vous donner à lire les lignes qui suivent à Monsieur le Président de la République, et m'en accuser aussi réception. C'est - je vous l'assure - pour la bonne cause.
Grande et chaleureuse reconnaissance. 

Monsieur le Président de la République, vous me savez loyal depuis que nous correspondons - c'est-à-dire depuis 2000 et la mairie de Neuilly.

Permettez-moi - vous ayant écouté sur les ondes, tandis que vous donniez avec votre homologue nigérien une conférence de presse conjointe - de vous informer plus précisément, au moins sur la Mauritanie que j'aime et pratique depuis quarante-cinq ans (mon service national comme professeur l'ENA locale en fondation alors) et dont je connais aujourd'hui et depuis longtemps les principaux personnages, dont notamment le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Ahmed Ould Daddah, son compétiteur de 2007 et Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale.

La France a-t-elle été assez ferme contre les putchistes de Nouakchott, et ceux-ci n’ont-ils pas donné l’exemple à Bissao, à Conakry et à Tananarive ?

LE PRESIDENT – Ce n’était pas une question, c’était une fresque !
 ...
  Sur la Mauritanie, vous connaissez bien cela, est-ce qu’on a souvent vu un coup d’état sans manifestation et sans protestation, si ce n’est celle de la France ? Lorsque le Président, démocratiquement désigné, a été retenu, moi-même je l’ai appelé, moimême. j’ai exigé qu’il soit libéré, mais force est de constater qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté et qu’il n’y a pas eu une manifestation.

De fait, votre premier communiqué, au moment-même du coup du 6 Août 2008, était informé, de principe, et excellent. Quand il est apparu qu'au Quai d'Orsay et à la Coopération - certaines déclarations de M. Joyandet, employant par avance les termes exacts que vous avez eus hier matin - la position de la France paraissait plus émolliente, vous avez fait savoir que c'est vous qui décidez. Qu'allez-vous décider ? à la veille de la réunion du groupe de contact et à la suite du communiqué du Conseil de Paix et Sécurité de l'Union africaine ?

Factuellement, à vous entendre hier et à vous lire aujourd'hui sur le site de l'Elysée, vous avez été "désinformé".

Permettez-moi de vous rappeler que vous n'avez jamais parlé au téléphone avec le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ni pendant qu'il était au secret au palais des congrès de Nouakchott depuis le 6 Août, ni ensuite dans son village de Lemden où il est assigné à résidence. Ou alors, vos services vous ont passé quelqu'un d'autre... je vous donne les téléphones de votre homologue :
00 222 401 35 81 ou 00 222 406 40 09 - son secrétariat personnel 00 222 412 18 19.

Dès l'après-midi du coup,
1° le président de l'Assemblée nationale a protesté solennellement, a déclaré illégale toute session à venir de l'Assemblée et du Parlement, et persévère depuis par des réunions publiques, par un tour d'Afrique en début d'année et une venue en France, à l'automne, notamment reçu par son homologue à l'hôtel de Lassay
2° un Front national de Défense de la Démocratie s'est constitué, comprenant nombre de parlementaires entre autres personnalités

Dans la semaine suivant le coup, importante manifestation de l'opposition : réprimée. Puis, très durement, le 6 Octobre. Depuis le début de l'année, il ne se passe pas de semaines sans manifestations.

A l'Assemblée nationale, la junte n’a pas la majorité constitutionnelle : 67 députés sur 95 le 13 Août, mais plus que 56 le 20 Août & 39 sénateurs sur 56 le 13 Août et 37 le 20 – effectif évolutif selon le cours des événements – les résultats du vote de confiance au "gouvernement" de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, nommé par la junte, n’ont pas été publiés : en séance 57 députés, le 20 Septembre. Depuis, aucun scrutin (s’il y en a eu) n’a donné lieu à publicité. - Ce qui rend illégal le referendum projeté pour le 20 Juin. La persévérance des putschistes à organiser le plébiscite du 6 Juin prochain, a réuni en un seul front les légalistes - voulant la reprise des fonctions du président de la République légitime - et ceux qu'on aurait pu appeler les opportunistes parce qu'ils ont dit "comprendre" le coup militaire.

Votre secrétaire général a reçu à plusieurs reprises, et la dernière fois, il y a un peu plus d'un mois à ma connaissance, le numéro deux du régime. M° Robert Bourgi qui a l'amabilité de s'entretenir de confiance avec moi, a fait l'intermédiaire, mais sans assister à la dernière conversation. C'est le général El Ghazouani qui la lui a résumée. Sauf démenti, il semble que le scenario des putschistes - cosmétique - ait été agréé : le général-candidat défroque quarante-cinq jours avant le scrutin et le président du Sénat fait l'intérim (non de Sidi Ould Cheikh Abdallahi mais de Mohamed Ould Abdel Aziz). 

Comment ces entretiens peuvent-ils constituer votre information ? Je prends la liberté de vous donner ci-jointe une note exhaustive à jour, jusqu'à hier, ainsi qu'une lecture de la dernière lettre des "putschistes" à l'Union africaine - annotée tant les erreurs et contre-vérités sont nombreuses et flagrantes. 

De tout cela - parallèlement avec notre ambassadeur à Nouakchott - j'ai à plusieurs reprises entretenu les directeurs du cabinet des ministres, aux Affaires étrangères et européennes, et à la Coopération. Le "patron" de nos "services" a accompagné le directeur du cabinet du ministre des Affaires étrangères et l'un de vos propres collaborateurs, le 29 Novembre en Mauritanie. Ils ont rencontré "tout le monde", sauf le président de l'Assemblée nationale absent alors du pays, ils sont allés au village du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et ont terminé avec "l'homme fort" qui leur a fait médiocre impression de personne. Ils vous ont certainement rendu compte.

Il m'est revenu de Bruxelles que la lettre que vous avez adressée le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le 10 Décembre, en tant que président en exercice de l'Union européenne, pour la réunion du groupe de contact, n'a pas suivi jusqu'à cette instance.

Je vous en prie, Monsieur le Président de la République, favorisons au maximum les conversations entre les principaux personnages de la Mauritanie, y compris naturellement ceux qui sont en possession d'état, ne compliquons pas les choses pour l'Union européenne que l'Union africaine a choisie comme partenaire politique et comme modèle institutionnel.

Permettez-moi une conclusion qui n'a "rien à voir", mais comment vous entendre et lire ensuite ceci : 

 quand j’ai été en République Démocratique du Congo, que j’ai soutenu le Président KABILA dans sa main tendue au Rwanda, j’ai bien entendu que je n’étais pas ovationné parce qu’il y avait beaucoup de ressentiments encore entre le Rwanda et la RDC. Mais vous croyez que quand De GAULLE et ADENAUER ont fait la réconciliation franco-allemande, dans les familles françaises, cela n’a pas toussé ? Ils sont applaudis des décennies après mais sur le moment, ils n’étaient pas applaudis. Et la France est dans son rôle en soutenant ces gestes là.

Vous n'aviez que sept ans certes en 1962 - moi, je me souviens à mes quatre ans de l'élection présidentielle de Vincent Auriol et à mes onze ans de Geneviève de Gallard, des étoiles parachutées à Dien Bien Phu pour de Castries - en 1969, vous avez quatorze ans. Mais les voyages du général de Gaulle en Allemagne en 1962, ceux du chancelier Adenauer chez nous, la foule à Reims, les venues offcielles du président Luebke avec sa montée et sa descente des Champs-Elysée et l'Arc-de-TriomD ... , ont été plus que marquants. Jamais une orientation de politique extérieure n'a été aussi immédiatement populaire : les applaudissements à la réconciliation, à l'amitié et à l'entente franco-allemande ne se font pas entendre des décennies après, ils se sont déchaînés sur le champ de part et d'autre du Rhin.

C'était d'ailleurs tout naturel.  Cette réconciliation, cette entente furent souhaitées dès la Résistance. Le silence de la mer, Vercors. L'extrême qualité de nos amis, l'évidente admiration mutuelle, sinon la complémentarité des deux pays et des deux peuples. La synergie des deux économies.

Veuillez agréer l'expression de toute ma disponibilité à vous entretenir un instant de la Mauritanie, avant ou après que vous vous soyez entretenu avec le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, puisque tel était votre désir initial et votre premier mouvement, et aussi l'expression de mes sentiments très attentifs et déférents.



Annexe II

courriels à Claude Guéant,
secrétaire général de la présidence de la République française


----- Original Message -----
Sent: Thursday, April 23, 2009 9:06 AM
Subject: Mauritanie

Occupation de l'Assemblée nationale mauritanienne, hier, de onze heures à seize heures - par les parlementaires opposants et légalistes. Par le public aussi. Ambiance Odéon Mai 68.

19 Avril - bastonnade d'une manifestation de femmes parlementaires ou anciennes ministres

2 Avril - le président de l'Assemblée nationale et le président de SOS esclaves - qui a ses ramifications dans tout le Sahel - sont en cours de manifestation pacifique attaqués, roués de coup et assaillis au gaz

Comme je me suis permis de vous le courieller, je suis, Monsieur le Secrétaire général, à votre disposition, selon vos convenances pour parler avec vous de la Mauritanie. Nous pouvons faire que les choses tournent bien, et surtout tournent vite.

Dans l'attente.


----- Original Message -----
Sent: Friday, April 24, 2009 5:56 PM
Subject: Mauritanie


Monsieur le Secrétaire général,

depuis le 9 Avril, je demande à vous rencontrer à propos de la Mauritanie que vous savez en très mauvaise passe. J'ai renouvelé cette demande depuis le 15 Avril avec des pièces annexes exposant davantage le fond que pourrait traiter notre entretien et aussi pourquoi je m'adresse à vous nommément et es qualité. J'ai réitéré ces jours-ci, les choses empirant aussi bien pour les Mauritaniens dans leur ensemble, que pour la junte et son chef en particulier, malgré sa candidature au plébiscite ou à cause de celle-ci.

Je reste à votre disposition 06 80 72 34 99.

Il se trouve que depuis ce matin notre entretien pourrait également m'aider à dissiper un soupçon indigne d'un citoyen d'un pays comme le nôtre, la France à la démocratie irréprochable.

En effet, le lendemain de l'expédition du couriel que j'ai cru devoir adresser au Président de la République à la suite d'affirmations qu'il avait faites en conférence de presse conjointe à Niamey le vendredi 27 Mars, ma messagerie - réception - a été vidée inopinément de son contenu du 25 Décembre 2005 au 29 Mars 2009. J'ai pu croire à une saturation du logiciel, je dois dire qu'intuitivement ma femme a fait le rapprochement entre cette perte de données et mon courriel vers l'Elysée.

Hier soir, la situation m'amenant à beaucoup communiquer avec les principaux protagonistes de la crise mauritanienne, j'ai interrogé un correspondant à Bruxelles sur le point de savoir si - à sa connaissance - la junte était capable techniquement d'intercepter des communications électroniques internet. Il en a douté depuis le départ - théorique - de la Mossad de Nouakchott... Et ce matin, autour de neuf heures, tandis qu'honnêtement et banalement je conduisais notre fille de quatre ans et quatre mois à l'école et que mon ordinateur restait connecté pour que ma femme tienne notre comptabilité, un fichier - messages envoyés : Mauritanie - a disparu. C'est trop ciblé dans le temps et dans le thème pour que ce soit un hasard et il n'y a pas saturation. Je ne pense pas que les militaires à Nouakchott - dont je sais par M° Robert Bourgi, avec qui je suis en termes de confiance et de sympathie, qu'ils me lisent et me connaissent : je leur ai écrit à plusieurs reprises sur la crise et ai offert mon éventuelle intermédiation pour que chacun puisse parler sans précaution avec un messager de confiance mettant la Mauritanie par dessus tout - je ne pense pas que la junte se préoccupe à ce point de mes télécommunications.

Renseignements pris, l'attaque et la prise de contrôle de mon ordinateur pendant qu'il est connecté, sont tout à fait praticables. L'outil informatique "trojan" m'a été décrit.

Vous rencontrant, je saurai de vous que tout cela est coincidence ou lacune de mon logiciel.

Sinon, je vais réunir les moyens de preuve, porter plainte et j'irai en Cour européenne des droits de l'homme si je n'obtiens pas excuse et compensation équitable de mon dommage. J'aurai bien entendu quelques appuis. Si la cause de la démocratie et de la légitimité mauritaniennes sont traitées en même temps, je serai heureux d'en être une des modestes et désintéressées occasions.

J'espère cependant que tout cela est un malentendu et que vous êtes soucieux - comme le Président de la République - de réunir l'information la plus complète et la plus équilibrée sur ce pays qui nous est cher. J'espère aussi que la démocratie française est au-dessus de manoeuvres informatiques subalternes. Je peux en être de nouveau convaincu : je le souhaite.

Vous savez parce que je vous l'ai écrit dès la mi-Mai 2007 et que je vous les ai renouvelées depuis le 9 Avril - par internet... - tous mes sentiments attentifs et déférents.


----- Original Message -----
Sent: Wednesday, May 13, 2009 11:45 AM
Subject: Mauritanie - quand il en est temps

Monsieur le Secrétaire général,

l'entretien que doit avoir cet après-midi le président mauritanien - légitime, l'élu du 25 Mars 2007 - avec son homologue sénégalais Abdoulaye Wade, paraît bien celui de la dernière chance. Si le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui me fait l'honneur de son amitié depuis les années 1970 fait preuve de la plus grande abnégation - son point d'honneur, conforme au serment constitutionnel, étant de maintenir ou rétablir la démocratie, bien davantage que de s'accrocher à son mandat ou au pouvoir qui ne lui appartient actuellement plus, sauf moralement - ce serait une grande erreur que de considérer comme un faceur positif son effacement à l'occasion d'un arrangement global.

En effet, on ne voit pas quel meilleur "intérimaire" que lui pour une période de transition démocratique - appellation déjà usitée en 2005-2007 - qui vide enfin les abcès, lesquels ne sont qu'accessoirement la question de savoir qui peut candidater à la prochaine élection présidentielle et qui l'emportera s'il garde le pouvoir de fait en possession d'état. L'actuel "intérimaire" est d'une légalité douteuse, mais surtout d'une personnalité évanescente, il n'a jamais eu d'autorité propre, même à la seule présidence du Sénat.

D'autre part, il n'y aura pas consensus s'il s'agit de forcer la démission de Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

L'essentiel et le point pratique aujourd'hui - dont vont débattre Abdoulaye et Sidi - sont de surseoir au processus plébiscitaire et de re-proposer à tous les Mauritaniens, mais particulièrement aux quelques-uns qui mènent la junte, à défaut des forces armées dont nous savons peu, la structure faisant moyennant du temps ce consensus que la France, et le Président de la République, ont toujours souhaité, en Mauritanie comme ailleurs. 

Tel que je connais (et apprécie) ce pays, qui m'est cher depuis quarante-quatre ans que je le fréquente et l'arpente, en dialoguant selon le hasard et selon aussi les organigrammes et depuis longtemps les amitiés nouées, il me semble que le désintéressement en même temps que l'autorité morale de Sidi Ould Cheikh Abdallahi sont ensemble un atout pour la Mauritanie, et donc pour nous, si c'est le parti que nous choisissons finalement avec résolution. Qui peut mieux former un gouvernement d'union nationale ? qui a compétence constitutionnelle indiscutable pour anticiper le renouvellement de l'Assemblée nationale. Rodage de toutes les sincérités et des procédures, enjeu moins conflictuel qu'un scrutin présidentiel trop influencé et précipité.

Cette élection parlementaire - en même temps qu'on opèrerait le renouvellement triennal du Sénat auquel la junte a sursis en Avril pour éviter toute surprise, notamment dans la personnalité de l'interimaire qu'elle s'était choisi (le président du Sénat aurait été soumis à réélection et le scrutin aurait pu être contestataire) - aurait l'avantage de vider deux querelles : celle de députés soi-disant indépendants mais qui ont été fait, avant l'élection présidentielle de 2007, par la junte d'alors (dont les principaux d'aujourd'hui faisaient déjà partie), celle de l'équilibre des forces politiques compte tenu du putsch et des nouveaux clivages qu'il a suscités (ainsi qu'une prise de conscience civique et résistante, sans précédent dans le pays, et peut-être en Afrique sub-saharienne). Les putschistes auraient leur parti au lieu que ce soit de soi-disant indépendants, ce serait avoué. Mon ami (depuis notre première rencontre à l'automne de 1964) Ahmed Ould Daddah, qu'il est temps que la France considère beaucoup mieux, a le sien depuis 1991-1992 mais verrait qui lui est fidèle ou qui est passé à la junte, les nouveaux partis et surtout la coalition du Front national pour la défense de la démocratie auraient droit de cité.

La nouvelle assemblée n'aurait pas pour mission de contrôler le pouvoir intérimaire - la garantie morale et le désintéressement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi suffisent - mais de débattre et formuler le consensus sur les grands sujets, principalement la refonte à quasi zéro des institutions, puisque le décalque de la nôtre, version 1958-1962 n'a pas du tout empêché les truquages et l'autoritarisme de la période Taya (1992-2005) prolongeant les dictatures militaires de 1978 et ensuite, et n'est pas soutenue, les Mauritaniens l'ont compris depuis la crise du printemps de 2008, à un véritable parlementarisme dans les esprits et les comportements. Passif humanitaire (les massacres de militaires originaires de la Vallée du Fleuve, en 1987-1991 - les dramatiques pogroms au Sénégal et en Mauritanie en Avril 1989). Place de l'armée dans les institutions mais pas au-dessus (solutions à la portugaise à la suite de la "révolution des oeillets", que j'ai d'ailleurs vêcue à notre ambassade en début de carrière).

L'élection présidentielle en dénouement : Parlement reconstitué avec franchise, candidature des militaires vraiment civilisée. Date selon le bouclage du consensus au Parlement et entre société civile et société militaire.

Si nous soutenons ce genre de cadre - si nous indiquons à Abdel Aziz et à El Ghazouani que vous connaissez bien, que le plébiscite du 6 juin trompera d'autant moins qu'il y a cet effort sénégalais - je suis convaincu, et la plupart des Mauritaniens sont convaincus que la junte reculera et les façons de lui permettre de ne pas perdre la face sont aisées à imaginer de part et d'autre.

Vous savez qu'à défaut on entre dans le cycle manifestation-répression déjà bien commencé et que nous ne désapprouvons pas assez nettement, et dans l'ambiance des complots et contre-coup militaires, le tout dans un moment où au Sahara nous ne sommes sûrs de rien d'autant que le Mali a son jeu pour avoir la paix avec ceux que nous appelons les terroristes, et où au Sénégal se joue une succession pas évidente. Une solution mauritanienne - irréprochable - aiderait tout le monde à Madagascar et en Guinée. Dans l'Union européenne, vous le savez bien, on nous laisse, de fait, la compétence mais à condition que nous aboutissions et selon les valeurs de nos traités et du traité de Cotonou.

Il est excellent que ce soit Wade car une médiation venant du nord oppose systématiquement Maroc et Algérie (et nous avons vu ce qu'a donné Khadafi). D'autre part, tous les systèmes militaires depuis 1978 ont minoré les originaires de la Vallée du Fleuve.

Ce pays a été heureux, influent, respecté, stable dans un passé pas lointain et dont se souviennent tous les Mauritaniens - c'est la période fondatrice de Moktar Ould Daddah (1957-1978), seuls les putschistes et leurs "descendants" à chaque génération s'évertuent à camoufler ce fait - fondateur et garant de la possibilité d'un avenir autre que leur dictature et du désordre qu'engendre la monocratie. 

Pardonnez-moi, Monsieur le Secrétaire général, de vous prendre ainsi du temps, et de vous avoir si souvent sollicité depuis un mois, afin de vous rencontrer.

Et veuillez croire en mes sentiments déférents.



Annexe III

18 Novembre 2008
note à la présidence de la République française
et au ministère français des Affaires étrangères

elle n’a été concertée avec aucun Mauritanien,
et notamment pas avec le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avec lequel – après des entretiens téléphoniques et des échanges en Avril-Mai 2008 – je ne retrouve une relation téléphonique et électronique qu’à compter du 26 Mars 2009



Retour à l’ordre des choses en Mauritanie

Un « jeu à quatre »



réflexions et scenario
n’engageant aucune des personnalités évoquées – décédées ou en scène
& pas même le signataire qui les aura simplement à l’esprit
pour y « accrocher » ou pas ce qu’il entendra

il s’agit de contribuer à la rencontre de quatre points de vue et positions
et de parvenir à les rendre compatibles


I

Le projet


le projet est simple : faire se parler les quatre personnages dont l’ensemble a les clés d’une « sortie de crise » :
. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, président de la République, privé de sa liberté depuis le 6 Août
. le général Mohamed Ould Abdel Aziz en tandem avec le général El Ghazaouani, président du Conseil d’Etat substitué au président de la République
. Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale
. Ahmed Ould Daddah, président du parti politique le plus important

leur mise autour d’une seule table semble – actuellement – impossible : chacun a une position peu conciliable avec celle des trois autres . chacun a des atouts, de nature différente et une légitimité à faire valoir

procédé

le signataire rencontre tête-à-tête chacun des personnages : il en connaît trois personnellement (les civils) et a avec ceux-ci assez de passé et assez l’habitude de conversation intime pour obtenir le fond de leur pensée – il lui manque la relation avec les généraux, mais celui qui peut la lui procurer n’a pas le contact ni, a priori, la confiance des trois civils

il synthétise les propos de chacun, les rapporte – toujours en tête-à-tête – aux trois autres et fait autant de navettes que nécessaire pour aboutir à un accord dont on peut imaginer qu’il aura les traits suivants (grâce à des compromis acceptés par chacun)


la sortie de crise pourrait être la suivante, sans qu’aucun des quatre n’y perde vraiment
1° Sidi Ould Cheikh Abdallahi est rétabli, pour un temps très bref et à convenir, dans ses fonctions antérieures – il constitue un gouvernement d’union nationale – lui et ce gouvernement transmettront leurs pouvoir au vainqueur de la prochaine élection présidentielle – il parraine la restauration
2° l’élection présidentielle anticipée de trois ans et demi est constitutionnellement ouverte par la démission du président de la République
3° à cette élection, tout le monde et en tout cas chacun des quatre peut se présenter, le général Mohamed Ould Abdel Aziz acceptant cependant de n’être plus au pouvoir et de n’être plus en activité dans l’armée
4° l’élection présidentielle a lieu avec les garanties de 2007 : contrôle et organisation par la Commission électorale nationale indépendante C.E.N.I., elle-même encore plus appuyée et soutenue par la communauté internatiuonale et notamment par l’Union européenne – une garantie de plus qu’en 2007 apparaît, les militaires ne sont plus au pouvoir en tant que tels
5° les militaires et singulièrement le général Mohamed Ould Abdel Aziz, acceptent d’avance le risque de perdre cette élection à raison de sa parfaite transparence, et de ne pas réintervenir contre leur vainqueur civil, comme ils viennent de le faire contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi



    des variantes pour le gouvernement d’union nationale peuvent apparaître

le rôle de composition du président renversé peut se moduler : je prévois qu’il ne se représentera pas mais qu’une place d’honneur pour la suite et la constatation de sa contribution à la restauration des institutions pourraient le séduire, davantage qu’un semi-emprisonnement pour de longues années

les états généraux de la démocratie n’auront de sens que si la participation est générale ; les militaires le savent qui font campagne pour cette participation
leur objet pourrait être de tirer la leçon des quinze mois d’exercice du pouvoir par Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en matière institutionnelle ; manifestement, le système parlementaire et l’alternance au pouvoir ne produisent ni consensus ni patience chez les acteurs politiques mauritaniens

les militaires peuvent fort bien refuser tout accomodement – auquel cas la mission du signataire n’a aucune chance d’aboutir

mais si ce refus n’est manifesté qu’après quelques jours de navette et selon les résultats apparaissant, un recours possible pour l’avenir aura été constitué

conditions de mise en œuvre du procédé

les généraux sont gênés par la pression internationale, vulnérables au sein de leur junte aux critiques que certains de leurs pairs élèvent ou élèveront : ils acceptent le procédé et les résultats que celui-ci peut apporter ; ils comprennent que leur maintien au pouvoir supposent des formes, et même leur acceptation de risquer de perdre une élection présidentielle absolument sincère

ils le sont aussi par ce qu’ils savent de la résistance intérieure

le secret de ces rencontres et navettes est maintenu jusqu’à l’échec avéré ou jusqu’à la mise en œuvre de l’accord qu’elles auront fait apparaître

ces rencontres sont facilitées par les généraux
. ils reçoivent le signataire, expriment les concessions éventuelles qu’ils feront si l’intermédiaire parvient, en retour, à en obtenir certaines des trois civils
. ils assurent ses déplacements de Nouakchott au Brakna, et retour autant de fois que nécessaire
. ils s’engagent à ne pas confisquer ses papiers, ses moyens de communication et de mémorisation (ordinateur, cassettes, téléphone mobile)
. ils ne cherchent pas à écoûter les tête-à-têtes qu’il a avec les civils, et le laissent les mener absolument seul

bref ils lui accordent la même confiance
que celle dont il jouit auprès des trois civils depuis années



*
*   *


l’enjeu est l’avenir de la démocratie en Afrique et la crédibilité de la relation euro-africaine :
. les deux généraux sont en situation actuellement d’imposer à leur pays et à la communauté internationale les apparences d’un processus démocratique analogue à celui de 1991 où le président du comité militaire de l’époque avait remporté – en la truquant comme celles qui suivirent – l’élection présidentielle . la prochaine consacrera le général Mohamed Ould Abdel Aziz – lequel sera au pouvoir au moins pour dix ans moyennant un renouvellement de son premier mandat au bout de cinq ans ; une telle manière de faire provoquera à coup sûr une résistance, des complôts, des tentatives de renversement de la force par la force, une spirale qu’a déjà connue la Mauritanie de 1978 à 2005
. si les appels de l’Union africaine à la démocratie et les rappels de l’Union européenne au respect de l’accord de Cotonou, ne sont pas entendus, c’en est fait de leur crédibilité, d’autant que l’Union européenne soutient l’Union africaine
. les chefs des autres Etats africains n’ont aucune envie que l’intervention militaire en Mauritanie devienne un modèle applicable chez eux, par impuissance de la communauté internationale ou la tolérance de celle-ci
. un retour concerté au respect de toutes les parties mauritaniennes pour une Constitution et une démocratie, telles que les avaient restaurées un processus déjà consensuel, et unanimement approuvé (admiré) par l’Afrique et la communauté internationale, aurait au contraire valeur d’un précédent dont tout le monde a besoin – en Mauritanie et en Afrique




I I 

Situation et dialectiques en cours



le 6 Août 2008, deux généraux – principaux collaborateurs du président élu le 25 Mars 2007 – destituent sans qu’il y ait nulle part de résistance physique, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le mettent au secret à Nouakchott, puis le – le 13 Novembre – le placent en résidence surveillée dans son village du Brakna, où il n’y a ni électricité ni internet (visites et téléphones autorisés)

le Premier ministre, Yahya Ould Ahmed El Waghf, arrêté peu après, puis relâché, réarrêté et à nouveau libéré, est de nouveau appréhendé – le 15 Novembre – selon  une procédure judiciaire concernant la liquidation d’Air Mauritanie ; plusieurs ministres le sont aussi

les deux généraux constituent – après coup – un Haut Conseil d’Etat que préside le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui prend en outre le titre de chef de l’Etat . le général Mohamed Ould Cheikh Ahmed dit El Ghazouani, demeure chef de l’état-major national  

à l’exception des prérogatives du Président de la République que le Haut Conseil d’Etat, selon une ordonnance du 11 Août, exerçe collégialement, les institutions restent en place, notamment le Parlement bicaméral . en session extraordinaire, la Haute Cour de justice est constituée et un nouveau Premier ministre, nommé dès le 14 Août, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf – est investi le 17 Septembre

le 14 Septembre, le Parlement adopte une « feuille de route » pour sortir de la crise ; elle n’a pas été acceptée en tant que telle par les généraux, elle exige que le Parlement reste seul compétent pour la législation électorale

le 18 Octobre, une commission de préparation d’ « état-généraux de la démocratie » est constituée par le Haut Conseil d’Etat . elle est présidée par le Premier ministre qu’il a nommé

le 20 Octobre, l'Union européenne, se fondant sur l’article 96 du traité de Cotonou, avait donné un mois à la Mauritanie pour présenter des propositions en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel, faute de quoi elle déclencherait un processus de sanctions : conclusions de la première réunion de consultations mettant en présence Alain Joyandet et Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Le 17 Novembre, le secrétaire français à la Coopération – en tant que président en exercice semestriel – fait savoir que le premier mois n’est pas "un délai officiel" mais que "les conclusions à laquelle on arrive, c'est qu'il n'y a pas vraiment de changement à la situation en Mauritanie et qu'on devra envisager la suite à donner au dialogue de Cotonou dans les moments qui arrivent". Le 22 Septembre, le Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine demande un retour à l’ordre constitutionnel. Le 4 Septembre, le Parlement européen avait adopté une résolution, soutenant les efforts africains.

depuis le 12 Novembre, le Parlement est en session  ordinaire – le président de l’Assemblée nationale qui a contesté le 10 la légitimité de la destitution du Président de la République, et le 18 la légalité de la session extraordinaire, persiste à ne pas présider les débats



I I I

Positions en présence


Sidi Ould Cheikh Abdallahi, à son arrivée au Brakna, le 13 Novembre, aurait confirmé : sa première prise de parole publique
1) qu'il est toujours le président démocratiquement élu et qu'il n'a fait que changer de résidence surveillée.
2) qu'il n'a jamais négocié quoi que ce soit avec les généraux  contrairement à ce qui a été prétendu par le biais de son ministre chargé de la communication

il n’est donc pas démissionnaire et ne reconnaît pas le fait accompli

un Front national pour la défense de la démocratie (F.N.D.D.) – comprenant une minorité de parlementaires – le soutient et a diffusé, le 26 Août, un mémorandum donnant le bilan de son action et un argumentaire contre le cours des événements depuis le 6 Août



le Haut Conseil d’Etat, notamment par la voix de son président, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, énonce que les militaires qui ont restauré ou instauré la démocratie par leur intervention du 3 Août 2005 (déposition en son absence du colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, au pouvoir depuis le 12 Décembre 1984 et élu à trois reprises depuis le 24 Janvier 1992), sont réintervenus pour débloquer le fonctionnement des institutions . le président de la République qu’ils ont destitué est responsable de ce blocage et de la gabegie ayant caractérisé les quinze mois de son exercice du pouvoir

le général Mohamed Ould Abdel Aziz entend se présenter à la prochaine élection présidentielle, dont la date n’est pas encore fixée

en attendant, il fait valoir un changement total et bénéfique pour le pays, de l’action des pouvoirs publics

il n’est donc pas question de revenir à l’état des personnes et des choses tel qu’il était avant le 6 Août

les événements depuis le 6 Août ne sont qu’une « rectification » du processus entamé le 3 Août 2005, qui avait bénéficié du consensus des Mauritaniens, et de la compréhension de la communauté internationale à partir de Mai 2006

des marches de soutien ont eu lieu depuis le 6 Août, comme lors de tous les précédents changements opérés par les forces armées depuis le 10 Juillet 1978

une pétition est ouverte – visant le recueil d’un million de signatures – pour protester contre l’ingérence (que représenteraient les prises de position de l’Union africaine et de l’Union européenne) et l’embargo (ou les sanctions qui ne sont pas encore intervenues)



le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, élu pour cinq ans, réclame la reprise de fonctions du président de la République déposé par les militaires et la constitution par celui-ci d’un gouvernement d’union nationale

ces deux préalables remplis, l’élection présidentielle serait éventuellement anticipée par la démission – librement choisie et exprimée – de Sidi Ould Cheikh Abdallahi



le chef de l’opposition démocratique – au sens défini d’une fonction institutionnalisée au lendemain de la prise de fonction de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, – Ahmed Ould Daddah préside le parti le plus représenté au Parlement : le Rassemblement des forces démocratiques (R.F.D.)

il a exprimé sa compréhension des militaires et partage le bilan critique de ceux-ci sur l’exercice du pouvoir par Sidi Ould Cheikh Abdallahin, qu’il mettaitr régulièrement en garde en tête-à-tête et en public depuis l’automne de 2007

il a conditionné sa participation au gouvernement formé par les généraux à plusieurs engagements de ceux-ci : un calendrier pour l’élection présidentielle, leur neutralité pour ce scrutin, aucune candidature de militaires en activité le 6 Août, ce qui concerne aussi bien les généraux Mohamed Ould Abdel Aziz et El Ghazaouani, que le colonel Ely Ould Mohamed Vall, chef de l’Etat pendant la précédente période de transition démocratique (2005-2007)

il a assorti ces conditions de la proposition de se porter caution à l’ »étranger notamment de la bonne volonté des généraux et de leur convictions démocratiques

les généraux ont refusé – jusqu’à présent – de prendre ces engagements


*
*   *


les quatre parties ont des représentants sillonnant le pays

Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Ould Daddah se sont déplacés à l’étranger
des parlementaires du FNDD aussi
les généraux ont eu des contacts avec l’Elysée, et le général El Ghazouani s’est entretenu avec Claude Guéant

la délégation mauritanienne, dans quelques instances internationales que ce soit, et à quelque niveau que celles-ci se tiennent, n’a jamais été interdite d’accès

des financements arabes et africains continuent d’être signés



[1] - Nouakchott, 17 oct (AMI) 2008 - " Même en Mauritanie, les collectifs les plus attachés aux droits de l'homme ne demandent pas d'une manière ferme et définitive le retour du président " déchu, a déclaré vendredi le secrétaire d'Etat français à la coopération et à la Francophonie, M. Alain Joyandet. M. Joyandet qui répondait à des questions de Radio France internationale a précisé que " tout le monde dit quasiment aujourd'hui : il faut trouver la solution d'un retour à la constitution puisque c'est absolument impératif " mais que " personne ne dit Abdellahi doit être mis sur son siège ".
27 Mars 2009
Le président de la République française, en conférence de presse conjointe avec son homologue nigérien, à Niamey, est interrogé :
La France a-t-elle été assez ferme contre les putchistes de Nouakchott, et ceux-ci n’ont-ils pas donné l’exemple à Bissao, à Conakry et à Tananarive ? LE PRESIDENT – Ce n’était pas une question, c’était une fresque !  ...  Sur la Mauritanie, vous connaissez bien cela, est-ce qu’on a souvent vu un coup d’état sans manifestation et sans protestation, si ce n’est celle de la France ? Lorsque le Président, démocratiquement désigné, a été retenu, moi-même je l’ai appelé, moimême. j’ai exigé qu’il soit libéré, mais force est de constater qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté et qu’il n’y a pas eu une manifestation.

[2] - disponibles sur demande b.fdef@wanadoo.fr
6.8 Août 2008 - Réflexions impromptues sur le nouveau coup d’Etat
19 Août 2008 - Analyse des chartes militaires
21 Août 2008 - Ne pas reconnaître les putschistes ni leurs divers processus
24.25 Août 2008 - Persévérer dans le refus du coup militaire
16.20 Octobre 2008 - Décider
2 Décembre 2008 - Bientôt quatre mois de fait accompli
18.19 Février 2009 - Choisir
23.26 Mars 2009 - Le fait accompli ou le cas exemplaire
6.9.14.16 Juillet 2009 - Perpétuation militaire ou novation civique ?
l’entretien avec le futur président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le 19 Avril 2006, a été publié par Le Calame 14 Avril 2008 – au premier anniversaire de la prise de fonctions du premier président démocratiquement élu au suffrage pluraliste
[3] - j’ai demandé à le rencontrer depuis le 16 Avril

----- Original Message -----
To: G…
Cc: F … & D …
Sent: Thursday, April 16, 2009 3:55 PM
Subject: vous rencontrer

Monsieur le Directeur,
je ne crois pas que nous nous soyons rencontrés quand j'étais en poste soit pour le Département, soit pour la D.R.E.E. Si je me trompe, j'en suis confus et vous me le pardonnerez jen suis sûr. Notre ami, votre prédécesseur, vous aura sans doute dit mon vif intérêt - pécuniairement désintéressé et attaché à aucune raison sociale, ce qui ne pas sans dire aujourd'hui - pour la Mauritanie.
Les choses y vont, ces jours-ci, très vite au sens de ce que peuvent faire des gens quand ils ne possèdent que les institutions. On est dans un processus depuis hier de légitimation par plébiscite (moins le probable boycott des politiques authentiques et des électeurs) d'un coup militaire tout à fait personnel. Le premier mouvement de la France a été de le condamner, l'Union européenne, et l'Union africaine en ont fait autant.
Je suis convaincu qu'une admonestation - claire et "les yeux dans les yeux" de l'actuel "homme fort" - aurait de notre part un effet immédiat et absolu. Engranger sa démission pour la montre mais retarder de plusieurs mois au moins la consultation jusqu'à l'établissement d'un consensus des Mauritaniens. Quitte à ce qu'il y ait de nouvelles élections - pas seulement présidentielle - et le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi les organisera et supervisera s'il est rétabli dans l'exercice constitutionnel de ses fonctions, la manière unilatérale de la junte n'est pas recevable. Elle ne le sera pas par les Mauritaniens, elle ne doit pas l'être par nous.
Je serai heureux d'en parler avec vous, ce qui nous permettrait aussi de faire-refaire connaissance.
La décision paraissant - depuis le début de l'année - faite par le secrétaire général de la présidence de la République, selon les relations qu'il entretient avec les putschistes depuis Septembre (ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, au moins connaît-il celui qui est le mieux placé, en tant que numéro deux ou numéro un ex aequo, pour renverser le numéro un aux moindres frais humains), j'ai demandé à le voir. Il me semble que lui et le président de la République ne sont informés que partiellement. Naturellement, je vous tiendrai au courant de cet entretien s'il m'est accordé, ce que j'espère.
J'ai rencontré à deux reprises - avec sympathie d'ailleurs - Robert Bourgi, qui tutoie le président de la République. Et je l'ai indiqué à Claude Guéant, en sollicitant son audience.  
Ci-joint, un peu de papier. Le schéma d'un jeu à quatre, quoique ancien, mais que nous avions regardé avant Noël avec D …, A … et B …, me paraît tenir d'autant mieux la route aujourd'hui que les sanctions européennes ont été décidées, que le principal concurrent politique du président Sidi : Ahmed Ould Daddah, fait désormais bloc contre la perpétuation des militaires au pouvoir (un règne en fait de putsch en putsch et en révolution de palais depuis Juillet 1978) et que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi est prêt à toutes consultations électorales pourvu que l'ordre constitutionnel soit rétabli et que chacun ait le temps de contribuer au consensus.
Ordre constitutionnel et consensus, nous le voulons expressis verbis, mais ce n'est pas ce que construiraient les scrutins des 6 et 20 Juin. 
Sentiments cordiaux et très attentifs.


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