Mouvement pour l’Unité et
le Développement du Congo
M.U.D.C
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Le Secrétaire Général
190B, rue des Landes
78400 Chatou
France
Monsieur OBAMA Barack Hussein, Président des Etats Unis
d’Amérique,
1600 Pennsylvania, Ave NW Washington, DC 20500
Paris, le 30 juillet 2014
Objet : Avez-vous bien compris le rôle
historique qui vous
attend pour
que les choses changent en Afrique ?
Monsieur le
Président,
Les 5 et 6
août prochains, vous allez accueillir, à Washington, les chefs d’Etat africains
à l’occasion du premier sommet Etats Unis / Afrique. Il s’agit d’un grand
moment historique, qui ouvre une nouvelle ère dans les relations entre les
Etats Unis d’Amérique et l’Afrique. Mais c’est surtout pour nous, Jeunes et
Démocrates Africains, l’opportunité de vous poser cette question fondamentale :
Avez-vous bien compris le rôle historique qui vous attend pour que les
choses changent en Afrique ?
Cette question
devrait interpeller votre conscience, en tant que démocrate mais aussi en tant
que le fils de votre père, Barack OBAMA Sr, qui s’était beaucoup battu en son
temps pour cette problématique cruciale de la démocratie dans son pays, le
Kenya. Aujourd’hui vous êtes face à l’Histoire et c’est tous les peuples
opprimés d’Afrique qui ont placé leurs espoirs en vous et qui attendent de ce
sommet des mesures concrètes et non pas de simples postures diplomatiques sur
cette problématique cruciale de la Démocratie et du respect des Constitutions
en Afrique. Ce sommet USA / Afrique est le sommet de tous les espoirs et c’est
tout un continent qui retient son souffle et attend ses conclusions. Ne les
décevez pas.
Aussi, compte
tenu de l’importance et du caractère historique de ce sommet, et pour que
chacun prenne bien conscience des enjeux historiques qui se jouent actuellement
sur le continent africain, nous avons pensé qu’il était de notre devoir de vous
apporter un certain éclairage, en mettant en exergue quelques éléments
d’appréciation avant la tenue de cette rencontre tant attendue de Washington.
Vous avez dit,
à Accra, au Ghana, que l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes
forts, et parmi les Institutions fortes, il y a la Constitution. Pourtant,
comme vous le savez, ils sont un certain nombre de chefs d’Etat africains qui
sont concernés par la limitation du nombre de mandats et qui sont tentés par
des modifications constitutionnelles. Nous pouvons citer, pêle-mêle : le
Béninois Thomas Boni YAYI, le Burkinabè Blaise COMPAORE, les Congolais Denis
SASSOU N’GUESSO (Congo Brazzaville) et Joseph KABILA (République Démocratique
du Congo), le Rwandais Paul KAGAME, etc.
Parmi eux,
certains affichent à leur compteur 27 voire 30 années d’exercice de pouvoir
sans partage, une longévité au pouvoir hors norme. Et d’ailleurs, nous ne vous
apprendrons rien si nous vous disons que Denis SASSOU N’GUESSO
par exemple, qui est aujourd’hui âgé de 72 ans dont la moitié passée au
pouvoir, était déjà Président, en 1979, quand vous n’étiez vous-même encore
qu’un jeune garçon de 18 ans, loin, très loin même, d’imaginer que vous
deviendriez un jour le premier Président Noir des Etats Unis d’Amérique.
Nul doute qu’ils seront tous présents à Washington les 5 et 6
août. Ils vous écouteront sagement mais au final, ils vous rétorqueront que
chaque Etat est souverain et que par conséquent, ce qui est important, c’est ce
que pense le peuple.
Leur stratégie est simple et c’est une stratégie commune. Il
s’agit d’utiliser l’arme constitutionnelle du référendum pour abroger le verrou
constitutionnel de la limitation du nombre de mandats. Nul besoin donc de
s’appeler Cassandre ou Protée pour deviner qu’ils se concertent régulièrement
et en parlent entre eux. De toute façon en Afrique c’est bien connu, dès qu’un
chef d’Etat ouvre la marche, tous les autres suivent comme par reflexe. C’est
un vrai club d’amis et ils agissent par mimétisme.
Le principal argument avancé pour défendre leur projet de
référendum sur la modification ou le changement de Constitution, c’est de dire
que le peuple est souverain et c’est à lui de décider. Or, cela suppose que le
vote soit totalement libre, honnête et transparent ; ce qui, chacun conviendra,
est très loin d’être le cas dans tous ces pays aujourd’hui. Il s’agirait en
réalité d’organiser de pseudo-référendums en trompe-l’oeil pour masquer leur passage
en force. Et d’ailleurs, ils disent tous, « je vais gagner car le peuple est avec moi ».
Et puisque
leurs peuples sont avec eux, seraient-ils donc prêts à accepter que, dans un
souci d’équité, de sincérité et de transparence, le référendum que chacun d’eux
appelle de ses voeux soit organisé, en amont et en aval, par un organe
véritablement indépendant, sous le contrôle strict et la supervision totale des
Nations-Unies ? Si tel n’est pas le cas, il s’agit donc bien là d’un argument
purement fallacieux. En vérité, chacun sait que s’ils envisagent tous
d’organiser des référendums pour abroger le verrou constitutionnel sur la
limitation du nombre de mandats destiné à limiter la durée de vie au pouvoir de
chefs d’Etat, c’est tout simplement parce qu’ils savent qu’ils vont en truquer
les résultats.
Quant à l’idée
selon laquelle la limitation du nombre de mandats serait anti-démocratique, le
moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne tient pas la route non plus car
cela reviendrait à mettre en question la réalité même de la démocratie aux
Etats Unis, qui est la plus grande démocratie du monde, et où la limitation, au
nombre de deux maximum, des mandats présidentiels est pourtant la règle admise
par tous et incontestée.
C’est autant
dire que le véritable enjeu est là. Il faut donc à tout prix maintenir ce
verrou constitutionnel sur la limitation du nombre de mandats, seul gage de
l’alternance à la tête de l’Etat dans ces pays où l’histoire des élections
prouve à chaque scrutin que les gens ne peuvent pas faire leur choix librement
et en toute sincérité.
L’autre
argument tout aussi fallacieux qui est également avancé c’est de dire que ces
chefs d’Etat sont indispensables notamment pour la paix et la stabilité de leur
pays mais aussi plus généralement pour le reste du continent. Véritables
artisans infatigables de paix dans l’espace continental, que deviendrait donc
l’Afrique sans eux ?
Ce genre
d’argument montre à quel point ces chefs d’Etat manquent cruellement de sagesse
et d’humilité. Ils se considèrent comme étant irremplaçables. C’est à se
demander qu’en serait-il advenu du peuple de l’Inde sans le Grand GANDHI, du
peule Noir-Américain sans le Grand Martin LUTER KING ou du peuple Sud-Africain
sans le Grand Nelson MANDELA ? C’est dire que notre Humanité a connu bien de
Grands Hommes d’exception mais qui pourtant ont bien fini tous par partir un
jour sans pour autant que cela n’interrompe la marche de l’Humanité. Nul n’est
éternel et il faudra donc bien partir un jour. Ainsi va le cycle de la vie.
On voit bien
qu’il s’agit là encore d’une insulte à l’intelligence collective des peuples
africains. La vraie question ne serait-elle pas de savoir si ces chefs d’Etat
qui passent pour d’incontournables négociateurs, médiateurs et
pacificateurs, souvent autoproclamés, de la plupart des conflits
sociopolitiques sur le continent et qui en ont fait leur assurance-vie et leur
fonds de commerce pour se rendre indispensables, notamment aux yeux de la
France, ne seraient-ils pas tout simplement de véritables « pompiers pyromanes
» ? Et puis, faudrait-il croire par ailleurs en l’existence d’une corrélation
intrinsèque entre le fait d’être un grand négociateur, un médiateur et un
pacificateur des conflits sociopolitiques et le fait d’être chef de l’Etat, en
ce sens que l’un n’irait pas sans l’autre ?
Si l’on s’intéresse d’un peu plus près au cas particulier de
Denis SASSOU N’GUESSO, l’homme qui fait feu de tout bois, médiateur
autoproclamé dans les crises sociopolitiques en Centrafrique et en République
Démocratique du Congo, qui, selon sa propagande officielle, serait devenu
semble-t-il l’infatigable et l’incontournable artisan de la paix dans cette
partie du continent, eh bien, hormis la fanfaronnade et le spectacle qu’il fait
en organisant chez lui, à Oyo ou à Brazzaville, des rencontres à coups de
millions de pétrodollars dont son peuple est privé, est-ce qu’il peut énumérer
les francs succès qu’il aurait déjà obtenus dans le cadre de ces médiations et
qui pourraient par conséquent être unanimement reconnus et salués par
l’ensemble de la communauté africaine et internationale ?
Quant à l’argument qui consisterait à faire croire au monde
entier que ces chefs d’Etat seraient les seuls hommes forts capables de
garantir la stabilité dans leur pays, il faut tout simplement souligner que la
véritable stabilité d’un Etat ce sont des Institutions fortes, l’indépendance
de la justice et le respect du droit et de la Constitution. Ceux
qui oppriment leur peuple, qui privent leur peuple de liberté et musellent leur
peuple, sont ni plus ni moins que des dictateurs et certainement pas des
garants de la paix et de la stabilité.
Un argument qui est également utilisé par ces chefs d’Etat
africains pour justifier les bilans de leurs longs règnes à la tête de leur
pays, qui sont largement négatifs à tout point de vue, c’est de dire qu’on a
trop tendance à appliquer un peu facilement à l’Afrique les concepts
occidentaux de gouvernance et de démocratie. Selon eux, être à la tête d’Etats
africains, cela n’a rien à avoir avec être Président de la France ou des Etats
Unis.
Il s’agit là encore, d’une insulte inacceptable faite à
l’Afrique et aux Africains. Car cela reviendrait à dire que les pays et les
peuples d’Afrique seraient un monde à part. De quoi accréditer cette théorie
méprisante et insultante chère à l’ancien Président français Nicolas SARKOZY
selon laquelle l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire, ou
donner raison à un autre ancien Président français, Jacques CHIRAC, lequel
affirmait que l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie. C’est
dire combien de telles assertions émanant de surcroit de chefs d’Etat
africains, dans ce monde mondialisé et interconnecté du 21ème siècle, sont tout
simplement insultantes et inacceptables. Cela ne peut que témoigner de
l’indignité de ces chefs d’Etat.
Pire, alors qu’ils ont déjà passé 10, 15, 20, 25 voire 30 ans
au pouvoir, ils disent tous qu’ils ont encore besoin de plus de temps pour
obtenir des résultats.
Par exemple, à 72 ans dont la moitié passée à la tête d’un
petit pays riche en pétrole, avec une faible population d’à peine 3,5 millions
d’habitants, Denis SASSOU N’GUESSO ne se gêne guère de dire haut et fort, au
mépris total du principe élémentaire de la continuité de l’Etat, qu’il a besoin
de plus de temps pour mener jusqu’à leur terme les « grands travaux »
d’infrastructures qu’il aurait engagés et qui feraient, selon lui, du Congo un
pays émergent en 2025. Autrement dit, il ne veut pas quitter le pouvoir avant
2025, au moins.
Or, tous les Congolais savent que Denis SASSOU N’GUESSO est
le seul Président du Congo qui a eu et l’argent et le temps et la stabilité
politique qui auraient pu lui permettre de faire beaucoup de choses pour ce
pays mais il n’a rien fait.
Faudrait-il lui rappeler que la production pétrolière
journalière du Congo s’élève à pas moins de 300 000 barils/jour et le prix du
baril de pétrole est en moyenne de 100 dollars depuis 2008, avec des pics
allant jusqu’à 150 dollars/baril ? Et qu’a-t-il donc fait de toute cette manne
pétrolière pendant toutes ces années ?
En 30 ans de pouvoir sans partage et couronnés de booms
pétroliers ayant généré des flux financières colossaux dans le pays, est-il
parvenu à améliorer significativement le niveau de vie des Congolais ? Eh bien,
pas du tout. Et pour cause, dans son rapport 2014, la Banque Mondiale
note que la moitié des Congolais vivent toujours sous le seuil de pauvreté,
avec moins de 1 dollar US par jour et le Congo est classé 136ème sur 182 à
l’Indicateur de développement humain (IDH) du PNUD. Et que dire de la situation
sanitaire du pays, de l’école, de la couverture du pays en électricité et en
eau potable…
Quand il n’a pas servi à acheter des armes en Chine, en
Russie ou en Corée du Nord (en violation de l’embargo international) destinées
à massacrer le peuple en cas de révolte populaire, l’argent du pétrole
congolais est utilisé à des fins purement personnelles de Denis SASSOU N’GUESSO
et sa famille, qui le détournent et le placent dans leurs comptes bancaires
privés, en Chine, au Maroc et dans des paradis fiscaux ; ou achètent des biens
mobiliers et immobiliers de luxe en France (cf. Affaire des Biens Mal Acquis), à Dubaï et un peu partout ailleurs
dans le monde ; ou organisent de somptueuses fêtes d’anniversaires à
Saint-Tropez ou encore de pseudo-forums à Brazzaville, qui ne sont en réalité
que des opérations de communication à la gloire de Denis SASSOU N’GUESSO
lui-même, à l’instar des forums Build Africa et du fameux Forbes Africa.
Ces messes à
sa gloire sont des moments qu’il affectionne particulièrement car cela lui
permet surtout d’affirmer sa grandeur et d’afficher ostensiblement sa puissance
financière devant des personnalités venues du monde entier et qui pour la
plupart sont devenues ses obligés, et dont il ne boude même plus son
plaisir de les voir à ses pieds et de les cadeauter à sa guise. C’est le cas
notamment de l’ancien Président français Nicolas SARKOZY, lequel rêve pourtant
de retrouver son fauteuil présidentiel en 2017 mais qui n’a pas hésité le moins
du monde d’interrompre ses vacances, le 25 juillet, pour aller faire honneur au
tout puissant Denis SASSOU N’GUESSO en échange de 100 000 euros. Et avant lui,
le désormais ex-président de l’UMP, Jean-François COPE,
s’était lui aussi plié à cet exercice, en 2013, et avait empoché 30 000 euros.
Denis SASSOU N’GUESSO est donc devenu le maître du jeu. Pas sûr que si Nicolas
SARKOZY redevenait Président de la France, il ait encore le courage de monter
sur ses grands chevaux face à ce dernier.
Et, pendant
que Denis SASSOU N’GUESSO s’amuse et dépense sans compter l’argent du pétrole
congolais, les Congolais eux, broient du noir. A titre d’exemple, plus de deux
ans après la catastrophe des explosions d’armes de guerre du 4 mars 2012, les
milliers de sinistrés vivent toujours dans des abris de fortune et ne sont
toujours pas indemnisés, tout comme les parents des victimes de cette
catastrophe. Idem pour d’anciens salariés des entreprises étatiques ou
multinationales qui ont été dissoutes (Office National des Postes et
Télécommunications, Banque Commerciale du Congo, Compagnie Minière de Logoué,
AIR AFRIQUE…). Le chômage est endémique et dépasse les 30% au niveau national,
plus de 48% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique…
Bref, partout
dans le pays la situation devient intenable et le ressentissement est
grandissant, à cause notamment de toutes ses frasques financières et de son
mépris évident pour le peuple. Pourtant, Denis SASSOU N’GUESSO continue
d’affirmer, avec le cynisme quasi-diabolique qu’on lui connaît, que s’il veut modifier
ou changer la Constitution c’est parce que le peuple le réclame. Qui peut
croire à cela surtout quand on sait que dans l’histoire de ce pays, d’autres
Présidents avant lui comme Fulbert YOULOU ou Joachin YHOMBI-OPANGAULT ont été
vilipendés pour avoir été accusés, à tort ou à raison, de détournement des
deniers publics ? Comme tout le monde entier, tous les Congolais connaissent l’affaire
des Biens Mal Acquis et l’affaire des 350 Disparus du Beach ; quel
peuple au monde voudrait avoir à la tête de son pays des dirigeants véreux, qui
le tuent et qui détournent à grande échelle l’argent public ?
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