vendredi 1 août 2014

chronique d'Ould Kaïge - publié déjà dans le Calame . 11 Mai 2010



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17 Mai 1959   &  13 Mai 1977 


Premières élections à l’Assemblée nationale
&
Accord de défense mutuelle entre la Mauritanie et le Maroc




Le 17 Mai 1959, ont lieu les premières élections à une Assemblée nationale en Mauritanie. Dix jours après en Conseil de gouvernement, le président Moktar Ould Daddah en fait le bilan :  " les électeurs, malgré l'époque défavorable, ont participé d'une manière massive au scrutin, et en ont fait le test de l'unanimité nationale ". Le communiqué remplace l'appellation de Conseil de gouvernement par celle de Conseil des ministres : la Mauritanie nouvelle a commencé.

Sans doute, sous l’administration française, le Territoire avait-il une assemblée, dite territoriale et instituée par une loi métropolitaine du 6 Février 1952 [1]. Des élections avaient suivi le 30 Mars 1952 [2], puis le 31 Mars 1957 [3]. Celles de 1959 ont des résultats apparemment analogues [4] :  les Mauritaniens plébiscitent les deux listes du PRM, qui enlèvent la totalité des 40 sièges, répartis en deux circonscriptions, mais les statistiques ne doivent pas tromper. Il se produit de grands changements par rapport aux élections sous administration française. La participation a été massive malgré les consignes d'abstention des partis d’opposition. L’enjeu politique a été clairement défini par l’existence de ces deux oppositions et le droit public applicable est proprement mauritanien : l’administration française ne « fait » plus les élections.
Le Parti du Regroupement mauritanien est le parti gouvernemental, résultant de la fusion, au congrès d’Aleg tenu du 2 au 5 Mai 1958 1948 (Le Calame du 6 Mai 2008 – chronique aniversaire), des deux partis existant pendant les dernières années de l’administration française : l’Entente mauritanienne, fondée par Horma Ould Babana, le 17 Juin 1950 et l’Union progressiste de Mauritanie fondée le 20 Février 1948 (Le Calame du 12 Février 2008 – chronique aniversaire des 16-20 Février 1948).

Le premier mouvement d’opposition au gouvernement du P.R.M. présidé par Moktar Ould Daddah, selon la chronologie : la Nahda, s’est fondée les 25 et 26 Août 1958, à Kaédi, sans aucun lien avec Horma Ould Babana [5] mais selon des thèmes proches. Il s’agit " … de mener le pays dans la voie rapide de la décolonisation " (en rejetant) " le principe de charte octroyée " (et en se prononçant) " pour l'auto-détermination ". Le nouveau parti " met en garde la France contre l'habitude de se choisir des interlocuteurs … et dénie à ces créatures préfabriquées le droit d'engager l'avenir de la Mauritanie ". Autorisé seulement le 8 Octobre 1958, il n’a pu prendre à la campagne référendaire aboutissant au statut d’Etat membre de la Communauté : il préconisait le non, tandis que le P.R.M. avait pris position pour le oui [6] . Ahmed Baba Ould Ahmed Miske en est le chef et l’expression. A la suite de l’option gouvernementale pour l’autonomie interne, la Nahda, stigmatisée pour ses sympathies envers le Maroc, précise son identité [7] et des pourparlers ont lieu avec le pouvoir. Le 28 Janvier 1959, le bureau exécutif du P.R.M. est mis au courant de ces contacts avec la Nahda par Moktar Ould Daddah et Sidi el Moktar N'Diaye ensemble et il en est de nouveau débattu le 27 Février : Moktar Ould Daddah doit s’incliner : l'offre d'unité d'action de la Nahda est repoussée [8] et le congrès restreint du Comité exécutif du PRM (86 délégués représentant 22 sections) réuni du  17 au 21 Mars 1959, le confirme. Il " rejette purement et simplement les offres d'unité d'action faites par les dirigeants de la Nahda … et demande au Gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour pallier aux activités de tout mouvement subversif qu'il se dénomme Nahda ou autre ".

L’Union nationale mauritanienne, à sa naissance , n’affiche pas particulièrement sa sympathie fédéraliste et l’option souhaitable pour la Mauritanie d’adhérer au Mali que constituent au moins le Sénégal et le Soudan ex-français. C’est au contraire au sein-même du P.R.M. qu’est discutée et souvent préférée cette adhésion [9]. c’est une contestation des investitures données par le parti gouvernemental pour les premières législatives mauritaniennes : le 21 Avril 1959, le comité exécutif a dressé la liste des candidats du parti aux prochaines élections, et dans les huit jours le P.R.M. éclate. L'Union nationale mauritanienne se fonde le 28 [10], elle est de direction et d’inspiration très plurielle, sans programme au début. Une telle dissidence politique est aussitôt combattue par le gouvernement-même : du 2 au 4 Mai, Ahmed Saloum Ould Haiba, ministre de l'Intérieur, arpente le Trarza et discute devant Abdallahi Ould Cheik Sidya.  Souleymane Ould Cheikh Sidya et Mohamed Abdallahi Ould el Hassen déclarent se retirer du parti naissant, puis Hbib Ould Ahmed Saloum, le nouvel émir du Trarza [11], et Souleymane Ould Cheikh Sidya reviennent sur leur démission de la liste du P.R.M. aux prochaines élections (ce dernier y gagnera d’être sénateur de la Communauté). Finalement autorisée le 13 Mai [12], l’U.NM. avait jeté l’éponge, le 4 Mai précédent, par une consigne d'abstention. L’épilogue ultime – comme pour la Nahda – sera la table ronde de 1961 aboutissant au Congrès de l’Unité, mais dans l’immédiat, le 31 Mai, le bureau exécutif du P.R.M. exclut "pour travail fractionnel et néfaste au parti" deux de ses membres : Hadrami Ould Khattri et Hassane Ould Salah, ainsi que les cinq délégués de la section de Dakar au comité exécutif. Réunie le 17 Juin, cette dernière instance remplace au bureau exécutif les trois membres exclus du parti : Doullah Ould Moktar Lahi remplace Hadrami Ould Khattri comme secrétaire général adjoint ; Khattri Ould Dahoud remplace Hassane Ould Salah comme secrétaire administratif adjoint. A Dakar, l’avant-veille, la section P.R.M. communique sous la signature des représentants du Brakna, du Gorgol et du Guidimaka – et dont le "responsable provisoire" est Abdoul Aziz Sall : " la voie empruntée par leurs ex-délégués risque de compromettre en Mauritanie l'évolution de l'idée fédéraliste, en inoculant à celle-ci le virus du racisme et du régionalisme ". Commencement d’un clivage national et aussi d’un parcours de co-équipier du père fondateur…

Le droit applicable est, pour la première fois, proprement national et mauritanien. Ces élections, très anticipées, puisque le mandat des assemblées sous l’administration française était de cinq ans et que le précédent scrutin datait de deux ans seulement, n’ont pas été prévues dès l’option pour le statut  d'Etat membre de la Communauté, le 28 Novembre 1958. L’assemblée élue sous le précédent régime " décide de s'ériger en Assemblée Constituante et délibérante jusqu'à la mise en place des nouvelles institutions (et) charge le Gouvernement de la Mauritanie … de faire ratifier la Constitution par voie de référendum ". Ce n’est que le 14 Mars 1959, que le groupe parlementaire du P.R.M. propose la dissolution de l'Assemblée constituante et, le surlendemain, décide des élections pour Avril. La tournée du 11 au 23 Février précédents, pour présenter le projet de Constitution, n’a pas confirmé l’idée première d’une ratification par referendum. C’est encore l’assemblée de 1957 qui y procèdera et c’est le congrès restreint du PR.M. (celui tenu du 17 au 21 Mars) qui fixe la date des élections au 17 Mai, porte à quarante le nombre des députés, découpe en deux circonscriptions le territoire national et – surtout – confie l'investiture au bureau exécutif des candidats du parti. Le 2 Avril, le corps électoral est convoqué pour cette date. La veille, une ordonnance – premier texte adopté en vertu de la première Constitution mauritanienne, celle du 22 Mars – a entériné les décisions du parti gouvernementale : quarante sièges pourvus pour cinq ans au scrutin de liste majoritaire. C’est cette assemblée qui adoptera le régime présidentiel le 20 Mai 1961 et décidera la constitutionnalisation d’un parti unique de l’Etat, le 12 Janvier 1965 : au contraire de celle élue en 1957 dont le mandat avait été écourté de plus de moitié, elle verra ses pouvoirs prorogés d’un an, à la suite du congrès « historique » de Kaédi [13]. Dans l’immédiat, sa première session commence par la réélection (16 Juin) Sidi Moktar N'Diaye comme son Président puis l’investiture de Moktar Ould Daddah, comme Premier ministre, sur proposition le 23 Juin, de 25 députés et par un vote secret de 36 sur 37 présents : l'intéressé ne votant pas.





Le 13 Mai 1977, un accord de défense mutuelle entre la Mauritanie et le Maroc, est signé à Nouakchott par Ahmed Laraki, ministre d’Etat marocain aux Affaires étrangères et Ahmed Ould Mohamed Salah, ministre d’Etat à la souveraineté interne [14]. Il prévoit l’installation de 1.200 à 1.500 militaires marocains en territoire mauritanien [15] et a été très préparé.

Déjà, depuis le début de l’année, avaient lieu des opérations conjointes, telle le 3 Janvier un « ratissage » entre Metlani, Bou Craa, Smara, Amgala et Guleta. Mais la concertation s’institutionnalise, à partir du 28 Mars, quand Ahmed Ould Mohamed Salah se rend à Marrakech, accompagné du colonel M’Barek Ould Bouna Moktar, ministre de la Défense et du lieutenant colonel Ahmed Ould Bouceïf, chef d’état-major national. Le 10 Mai, Ahmed Ould Mohmaed Salah et Mohamed Ali Cherif, secrétaire général de la présidence de la République reviennent à Rabat et font le bilan de la coopération militaire : l’assistance marocaine ne peut suffire à tout, et notamment n’empêche pas le départ de l’assistance technique française à la S.N.I.M. sur le site de Zouératte [16] et la veille de la signature, le colonel M’Barek Ould Bouna Moktar, ministre de la Défense les relayait auprès d’Hassan II.        Six semaines plus tard (les 20 et 21 Juin), se tient à Nouakchott, la première réunion du Haut comité de défense maroco-mauritanien [17], sous la présidence de Moktar Ould Daddah. La délégation marocaine est imposante : le Premier ministre Ahmed Osman, Ahmed Laraki, ainsi que les ministres des Finances, des Travaux publics, le secrétaire d’Etat à l’ Intérieur, et le secrétaire général de la Défense nationale.

L’accord mauritano-marocain a été directement provoqué par l’attaque de Zoueratte par le Polisario, le 1er Mai. Six Français ont été enlevés et un couple de médecins tués. Dès le lendemain, un DC8 affrêté par la SNIM rapatrie en France 157 femmes et enfants (sur un effectif total de 187 femmes et 262 enfants). Le ministre français des Affaires étrangères, Louis de Guiringaud, met en cause des  forces d’agression qui viennent d’un pays voisin, mais le voyage prévu de Robert Galley, ministre de la Coopération n’est pas remis. Le Monde titre « la Mauritanie en danger » et donne un entretien avec le président Moktar Ould Daddah. L’ambassadeur de France à Nouakchott, Michel Removille, est reçu par le Président de la République : «  cette épreuve commune ne peut que contribuer à renforcer l’amitié qui existe entre les deux pays ». Le 4 Mai, plus de 1.500 soldats mauritaniens s’établissent pour barrer la route d’Atar à une colonne de 400 Polisario venant de Zouératte. Ceux-ci se retirent mais avec de nouveaux otages. Le surlendemain, le 6 Mai, Robert Galley est en Mauritanie. Le président Moktar Ould Ddah lui précise ne pas souhaiter d’aide militaire en personnel, mais des instructeurs et des ventes de matériels et d’armements. Ce qui est aussitôt entendu, tandis que de son côté, le roi Hassan II reçoit Ahmed Ould Mohamed Salah et Mohamed Ali Cherif et que la France demande officiellement à Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations Unies, d’intervenir pour la libération des otages. Sa réponse ne peut qu’irriter la Mauritanie, il aurait assuré, le 11, à l’Algérie « sa totale disponbilité pour rechercher les conditions d’une solution pacifique et juste du problème du Sahara occidental ».

Co-président du « Club des amis du Sahel », Moktar Ould Daddah est à Montréal les 31 Mai et 1er Juin pour ensuite déjeuner avec le président Giscard d’Estaing à Paris. Questionné sur une aide sénégalaise, il élude [18], puis s’entretient le lendemain avec le Roi à Rabat. Se succèdent à Nouakchott les fidèles voisins : les 16 et 17 Juin, Moussa Traoré en visite d‘amitié de Moussa Traoré [19], puis les 18 et 19, le Premier ministre sénégalais, Abdou Diouf en visite privée.

 Le 9 Juin, «  dans la simplicité et le recueillement, fête des forces armées et de sécurité » : Chaab titre sur  «  une armée qui a mérité la confiance ». Le 22, le Président de la République procède à l’Ecole inter-armes d’Atar au baptême de la promotion « colonel-Soueïdatt ». L’Ecole est dirigée par le colonel Ahmed Salem Ould Sidi. Est-ce la dernière rencontre entre le fondateur de la légitimité mauritanienne et l’un des martyrs de celle-ci ? (Le Calame du 11 Mars 2008 – chronique aniversaire de la tentative du 16 Mars 1981). Le lendemain, à Paris, Robert Galley déclare à l’Association française des journalistes que  «  la situation en Mauritanie est dangereuse ». De fait, le 3 Juillet, juste après une visite du colonel Dlimi, homme de confiance du Roi, nouvelle attaque du Front Polisario contre Zoueratte coordonnée avec une nouvelle tentative contre Nouakchott. Celle-ci avat été déjouée dans la nuit, le commando étant connu mais non repéré depuis l’avant-veille. Le Front Polisario communique : « maître du terrain et attaquant où et quand elle veut, l’armée populaire de libération sahraouie s’oppose à l’agression maroco-mauritanienne » mais la République sahraouie essuie un nouvel et spectaculaire échec diplomatique au sommet de l’Organisation de l’Unité africaine à Libreville, qu’elle avait cherché à impressionner. Une troisième attaque contre Zoueratte est lancée les 15 et 16 Juillet : sept heures de combat, cinq tués côté mauritanien, trente-sept côté sahraoui. Le 17, un avion Défender piloté par le lieutenant-colonel Abdelkader est abattu par le Polisario au nord-est de Zoueratte ; il peut se poser en catastrophe et cet autre futur martyr de la légitimité (Le Calame du 11 Mars 2008 – chronique aniversaire de la tentative du 16 Mars 1981), peut être recueilli par l’armée.

Pendant la bataille-même, d’importants changements sont effectués à la tête de l’armée mauritanienne « pour améliorer la qualité de l’encadrement supérieur par souci d’efficacité ». Le colonel M’Barek Ould Mohamed Bouna Moktar, ministre de la  Défense cumule sa respoonsabilité gouvernementale avec la fonction  de chef de l’état-major national. Le colonel Viah Oud Mayouf, jusques-là ministre de la Construction, reprend le commandement de la Tiris el Gharbia. Le colonel Ahmed Ould Bouceïf quitte la position de chef d’état-major pour la région militaire du Nord, et le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck quitte la direction de SONIMEX pour le commandement de la région d’Atar.

Ainsi l’accord de défense conclu avec le Maroc n’est nullement une inféodation mauritanienne [20] ; tout au contraire, la Mauritanie y gagne davantage d’initiative stratégique sans rien perdre d’un jeu diplomatique supérieur [21] à celui de Rabat où l’on pâtit des vieux antécédents de la revendication sur l’ensemble du Sahara jusqu’au fleuve Sénégal et à Saint-Louis et de la non-ratification du traité de Tlemcen signé en 1972 avec l’Algérie. La Mauritanie, un an avant le pustch du 10 Juillet 1978 – qui peut être considéré comme une « anti-fondation » – est encore intacte. Clôturant, le même 15 Juillet 1977, la session ordinaire de l’Assemblée Nationale, son président, Abdoul Aziz Sall déclare qu’ «  il existe un Etat mauritanien et un état d’esprit mauritanien. La guerre, que nous ne souhaitons pas, ne fait que renforcer l’un et l’autre ».

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[1] - il avait auparavant existé, dans chacune des colonies françaises d’Afrique occidentale, un conseil général, équivalant d’une « assemblée représentative territoriale », institué par décret du 25 Octobre 1946, mais un décret, antérieur de trois jours, avait imposé la condition de savoir lire et écrire en français pour être candidat à cette institution élective

[2] - l’UPM confirme la défaite du premier député de Mauritanie, l’année précédente : Horma Ould Babana en obtienant 17 sièges tandis que l’Entente, le parti de celui-ci n’en emporte que 4 et les indépendants 3

[3] - les abstentions passent de 42% en 1956 (pour la réélection de Sidi El Moktar N’Diaye comme député à l’Assemblée nationale française) à 28, 60% et l’U.P.M. emporte 33 sur les 34 sièges (le dernier allant à un indépendant) par 250,000 voix contre 13,000 à des listes d’opposition (Bloc démocratique du Gorgol, Union pour la défense des intérêts du Guidimaka, Indépendants)

[4] - première circonscription (nord du pays) -- tête de liste : Moktar Ould Daddah ; 19 sièges à pourvoir - inscrits 178.146 - votants 165.554 soit 92,2%, dont 164.871 voix pour le PRM
deuxième circonscription (sud du pays) -- tête de liste : Sidi el Moktar N'Diaye ; 21 sièges à pourvoir - inscrits 299.683 - votants 187.297 soit 88,4%, dont 185.255 voix pour le PRM
[5] - constitution d'un bureau exécutif : Bouyagui Ould Abidine, président - Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, secrétaire général - Yahya Ould Menkouss, secrétaire à la presse - Bamba Ould Yezid, organisation des femmes - Yahya oul Abdi, travail et jeunesse - Douahi Ould Mohamed Saleck, organisation du parti - Sidi Mohamed Ould Biya, trésorier général - Heiba Ould Hamody, trésorier adjoint

[6] - 9 Septembre 1958 - circulaire du secrétaire général du PRM, Moktar Ould Daddah : "faire voter partout et par tous oui et rien que oui"

[7] - du 6 au 8 Février 1959,   à Nouakchott se réunit le Comité directeur. Il préconise l’indépendance mauritanienne assortie de relations économiques avec le Sénégal et le Soudan, des élections générales avant l'adoption de toute Constitution, et décide d’attaquer en diffamation toute personne qui proclamerait que la Nahda est un parti marocain – un congrès du parti aura lieu à Aioun-el-Atrouss (lieu également élu par le comité exécutif du PRM le 17 Juin suivant, pour y tenir le congrès du parti gouvernemental au début de 1960…)

[8] - 28 Février 1959, circulaire du secrétaire général du PRM sur les "contacts politiques" avec la Nahda
 
[9] - le 20 Mai 1959, soit trois jours après le scrutin, Radio-Dakar diffuse un communiqué de la section PRM de Dakar favorable à la Fédération du Mali, communiqué émanant de ses cinq délégués eu Comité exécutif du parti – à quoi réplique dès le lendemain et par écrit, Moktar Ould Daddah en tant que secrétaire général du PRM :  " votre communiqué constitue un appel public à la dissidence du Parti … des membres du Comité exécutif jugent utile de faire rebondir une affaire que nous pensions avoir clarifiée et résolue pour de bon, et cela parce que d'aucuns se croient lésés lors des dernières investitures "


[10] - avec pour bureau provisoire : Souleymane Ould Cheikh Sidya, président - Hadrami Ould Khattri, secrétaire général - Mohamed Ould Abass, secrétaire général adjoint - Hassane Ould Salah, secrétaire administratif -Abdallahi Ould Dimam, trésorier général - Mohamed Abdallahi Ould El Hassen, propagande - Ahmed Ould Ely el Kory - Yacoub Ould Boumediana - Ba Abdoul Aziz, délégué à la presse

[11] - depuis le départ au Maroc de Fall Ould Oumeïr – ce dernier " absent pendant deux sessions consécutives ", a même été considéré, le 2 Décembre 1958 comme démissionnaire de l'Assemblée
 
[12] - avec pour bureau provisoire : Hadrami Ould Khattri, président - Hassane Ould Salah, secrétaire général - Abdallahi Ould Limam, trésorier général - Mohamed Ghali, presse et propagande


[13] - session extraordinaire du 6 au 13 Avril 1964, entérinant les décisions de ce congrès, lui aussi extraordinaire par rapport aux statuts initiaux du Parti du Peuple mauritanien
 
[14] - il ne sera confirmé à Rabat et à Nouakchott que le 18 Juin sous l’appellation d’ « accord d’assistance mutuelle en matière de défense »   

[15] - ce ne sera que les 18 et 19 Juillet, que transporté par 3 Hercules 130, arrivera à Zoueratte le premier bataillon marocain à Zoueratte : 600 hommes. Les troupes marocaines sont présentes désormais à Dakhla, Bir Oum Greïne, Aïn Ben Tili et Nouadhibou mais le nouveau commandant de la région nord, le colonel Ahmed Ould Bouceïf indique qu’ « aucune tâche particulière ne leur a encore été assignée »

[16] - évaluée à 276 agents pour la S.N.I.M., auxquels ajouter ceux employés par COMINOR, soit au total 320 Français

[17] - créé le 13 Mars précédent, il n’existait jusques-là que sur le papier


[18] - le 30 Avril précédent, l’Algérie avait qualifié de très dangereux l’éventuel soutien militaire sénégalais à la Mauritanie – le 26, en effet, des propos d’Assane Seck, ministre sénégalais des Affaires étrangères, avaient présenté le renforcement militaire de son pays comme une aide possible aux troupes mauritaniennes à la frontière nord

[19] - ce qui est suivi, le 18 Juillet, à Nara au Mali), d’une rencontre d’Ahmed Ould Mohamed Salah avec le ministre malien de la Défense au sujet des infiltrations du Polisario

[1] - Moktar Ould Daddah révèle dans ses mémoires : La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 669 pages), p. 477  qu’« il s’est agi d’abord d’une disposition spéciale de l’accord de défense signé  à Nouakchott, entre nos deux pays, le 3 Mai 1977. Il s’agit de la disposition selon laquelle si l’autorité légale de l’une des parties est dans l’impossibilité d’agir normalement pour requérir l’intervention de l’autre, cette dernière interviendrait automatiquement. Voyant dans cette disposition un abandon de souveraineté, je l’ai refusée contre l’avis de tous mes collaborateurs. Pour me convaincre, le Roi m’a cité son propre exemple à Skhirat où, pendant plusieurs heures, il lui était impossible de donner le moindre ordre.  “... Si j’avais eu un allié auquel j’aurai été lié par la clause que je vous propose, il m’aurait automatiquement secouru et délivré ...”.              Par fidélité aux principes et par jalousie de l’indépendance et de la dignité de mon pays, j’ai maintenu mon refus et la clause en question n’a pas été incluse dans l’accord. »

[1] - Moktar Ould Daddah le fait remarquer, op. cit. p. 476 : « Je dois à la vérité de dire que, durant cette période, combien cruciale pour nos deux pays, le comportement du Roi à notre égard futest irréprochable. Bien sûr nous sommes alliés, mais deux alliés dont l’un est faible, menacé dans son existence même puisque l’ennemi concentre ses attaques contre lui pour l’abattre en tant que maillon faible de l’alliance. Donc, un allié faible qui, pour résister, est obligé de faire constamment appel à l’autre allié, le plus fort, pour lui demander son aide en moyens humains et matériels.
                Durant cette période - combien pénible pour nous -, le Roi ne cessa de faire preuve de délicatesse, de finesse psychologique. Il comprenait parfaitement ma grande gêne d’être sur le plan militaire toujours en position de demandeur. Aussi, avec beaucoup de savoir faire, s’employa-t-il à me mettre à l’aise. C’est ainsi qu’à chaque rencontre, il me répétait : “... en aidant la Mauritanie à se défendre, j’assure la défense éloignée du Maroc. En vous aidant à défendre Zoueratte ou Nouadhibou, je défends Agadir, Marrakech ou même Rabat... » Ce leitmotiv revient constamment, non seulement dans nos tête-à-tête, mais aussi en présence de nos collaborateurs civils et militaires.
                Mais, si nous étions plus faibles militairement que nos alliés, il n’en était est pas de même sur le plan diplomatique. En effet, grâce à la crédibilité dont jouit notre pays à l’extérieur et, particulièrement en Afrique, crédibilité sans commune mesure avec son poids spécifique, grâce aussi aux solides liens d’amitié qui me liaient à un grand nombre de collègues pour plaider le dossier saharien devant les instances et les gouvernements africains. La République Islamique de Mauritanie était beaucoup mieux placée que le Maroc pour plaider le dossier saharien devant les instances internationales et les gouvernements africains.  Ainsi, par exemple, à l’Ile Maurice, en 1976, c’est grâce à la délégation de la République Islamique de Mauritanie fermement soutenue par des délégations amies - celle du Maroc étant absente - que le sommet a rejeté le projet de résolution proposé par le Conseil des Ministres, projet qui condamnait la politique saharienne du Maroc et de la Mauritanie. Le Président Senghor joua un rôle déterminant dans la discussion de la question.
                Ce rôle diplomatique de la Mauritanie, Hassan II le reconnaissaitt sans complexe et le mettait en exergue. Il en faisait un second leitmotiv qu’il répètait aussi souvent que le précédent, toujours dans le but de me mettre à l’aise. Fréquemment, il rappellait le que la guerre qui nous est imposée par l’Algérie comporte deux volets complémentaires aussi importants l’un que l’autre : le volet militaire et le volet diplomatique. Le Roi précisait en effet que “... si le Maroc a plus de moyens humains et matériels, la République Islamique de Mauritanie a une diplomatie particulièrement dynamique et efficace ... Donc, chacun des deux alliés supporte bien sa part du fardeau commun...”.
 

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