lundi 11 août 2014

chronique d'Ould Kaïge - déjà publié dans le Calame . 12 Octobre 2010



75 .





14 Octobre 1957 & 7 Octobre 1991 



devant la Commission de tutelle des Nations-Unies,
le Maroc réclame la Mauritanie, le Rio de Oro et Ifni
&
le Comité militaire de salut national
promulgue la loi électorale,
sans fixer encore la date du scrutin présidentiel





Le 14 Octobre 1957, devant la Commission de tutelle des Nations-Unies, le Maroc réclame la Mauritanie, le Rio de Oro et l’enclave d’Ifni. Il présente en outre la thèse du F.L.N. algérien. Chacune de ces pétitions ou présentations a pour origine la reconnaissance de l’indépendance chérifienne par la France – dix-huit mois auparavant –, mais le Maroc, la France, l’Espagne et la Mauritanie, encore à naître internationalement peut-être aussi nationalement et déjà au centre de tout le débat, ont des préoccupations propres à chacun les faisant revendiquer ou répliquer sur plusieurs terrains à la fois. D’emblée, l’Afrique saharienne au nord-ouest du continent concerne beaucoup de partenaires étatiques alors que la géographie et les populations sont relativement homogènes. Artificiellement, la colonisation unifie ici mais divise là. Et la décolonisation n’est pas toujours pacifique : le 5 Octobre précédent, ont eu lieu de sanglants incidents à Ifni. Le 23 Novembre, l’Armée de libération nationale marocaine (A.LN.) attaque l’enclave d’Ifni qui est dégagée par l’aviation espagnole. Pourtant, le 18 Octobre, la presse avait fait état de la décision de l’Espagne de transférer au Maroc la Tekna ou province de Tarfaya. Le 9 Novembre,  Ahmed Balafrej, ministre des Affaires étrangères de Mohamed V proclame qu’il existe “un Sahara marocain” qu’il faut délivrer et, le lendemain, est créée au ministère de l’Intérieur une direction des affaires sahariennes et frontalières confiée à Abdel Kebir el Fassi.

Les premiers énoncés de la revendication marocaine coincident donc avec la reprise par l’Empire chérifien de sa souveraineté internationale qu’avait confisquée le traité de protectorat imposé à Fès, le 3 Mars 1912, par la France et accessoirement l’Espagne, et instituant un partage de fait. Considéré, le 11 Février 1956, par les accords Dubois-Si Bekkai, comme “de gestion et de négociation”, le gouvernement marocain avait, quatre jours après, ouvert les négociations pour l’indépendance du pays, à Paris, en présence du Président de la République française, René Coty, et du Sultan Sidi Mohamed ben Youssef . C’est alors qu’Al Alam publie, du 19-25 Février, des pétitions de Regueibats et d’habitants de Tindouf s’opposant à toute “sécession”. Dans le même temps,  la France supprime (le 19) le commandement des Confins algéro-maroco-mauritaniens et au Parlement sont déposées (le 9 Mars) des propositions de loi tendant à la création d’une Afrique saharienne française qui comprendrait notamment un département de Haute-Mauritanie formé par les cercles de la Baie du Lévrier et de l’Adrar, plus…Tindouf. C’est l’ivoirien, Félix Houphouet-Boigny, membre du gouvernement métropolitain, qui rend compte en conseil des ministres d’un projet d’organisation du Sahara en territoire autonome, regroupant les diverses parties du Sahara actuellement dispersées entre A.O.F., A.E.F. et Algérie et les rattachant directement à la présidence du Conseil [1]. Deux projets rivaux, dès lors. Celui du Maroc, dont le 2 Mars 1956, la France reconnaît l’indépendance, et celui de Paris organisant unilatéralement et pour son compte, l’ensemble du Sahara…

Pour le Maroc, il s’agit de s’entendre aussi avec l’Espagne que n’a pas engagée la France. Du 4 au 7 Avril, à Madrid, le Sultan s’entretient avec le général Franco : l’Espagne reconnaît l’indépendance du Maroc et son unité, mais les questions des présides, d’Ifni et du Rio de Oro sont réservées. Alors que, le  28 Mars, l’A.L.N. marocaine déclare cesser provisoirement les hostilités (contre qui ? dans le sud du pays) [2], Allal El Fassi, la veille, a pris, pour la première fois, position devant un auditoire de son pays sur “les droits politiques du Maroc sur le Sahara occidental ” : le Congrès de la Jeunesse de l’Istiqlal. Aucune résolution ne fait écho à ses thèses. Ce discours a pourtant été préparé par la publication d’une étude de Si Brahim el Ilghi, directeur de l’Institut islamique de Tetouan : “Sahara, terre marocaine” [3] . Assistant à Madrid, à la conclusion des accords avec l’Espagne, Allal el Fassi  déclare au Monde que la “Mauritanie a toujours fait partie du Maroc auquel elle a même donné son nom”. Sa pétition a d’autant plus de poids que c’est le secrétaire général de l’Istiqlal, Ahmed Balafrej, qui est nommé, le 26 Avril, ministre des Affaires Étrangères.

Pour la Mauritanie, se posent alors trois questions, avant même celle de l’autonomie interne et a fortiori de l’indépendance nationale. La vie au nord et, le 3 Février, le Conseil des Notables de l’Adrar demande la suppression de la commune mixte d’Atar et le rétablissement du régime de tolérance douanière au nord du 19° parallèle. La question de l’évacuation des minerais de la Kedia d’Idjil est examinée par la Commission permanente du Grand-Conseil de l’A.O.F. le 15 Février [4]. Ces deux problèmes : économie et pouvoir sur place, sont très pratiques. Le troisième est de principe : de passage à Casablanca, le 12 Avril, Sidi el Moktar N’Diaye dit : “ non aux revendications de certains leaders marocains et non aux promoteurs de projets qui sous le couvert de nationaliser le sahara, démembrerait la Mauritanie ”. Son élection comme député du territoire, est validée, une semaine plus tard, par l’Assemblée nationale repoussant par 218 voix contre 114 la demande d’enquête. La dissidence de son rival malheureux, Horma Ould Babana, ne se fera pas attendre [5], tandis que le député de la Mauritanie entretient tête-à-tête le Président de la République française de “l’inquiétude des populations devant certains projets tendant à faire du Sahara une entité autonome”et est reçu, le 11 Mai,  par le président du Conseil : il demande une déclaration officielle suivant laquelle le Territoire ne sera jamais démembré et restera intégré à l’A.O.F. [6]

L’initiative revient donc au Maroc et les revendications de celui-ci ne concerne pas que la Mauritanie. Recevant les Ait Ba Amrane de la région d’Ifni, Mohamed V leur dit : “tous les territoires historiquement marocains doivent revenir au Maroc unifié, car leurs habitants sont unis par la religion, la langue et l’histoire”. Le 19 Juin 1956, à tanger, Allal el Fassi  déclare : “ Notre indépendance ne sera complète qu’avec le Sahara ; les frontières du Maroc se terminent au Sud à Saint-Louis du Sénégal ” et huit jours après, au Caire, le prince-héritier précise : “ le problème de Tindouf est au premier rang de ceux qui se posent à la diplomatie marocaine ”. Le 5 Juillet, Al Alam publie la carte du “Grand Maroc” en l’accompagnant d’un “commentaire sur l’importance économique du Sahara”. Le 2 Août, une note française remise à rabat fait de même en présentant le projet d’une organisation commune des régions sahariennes (le Calame du 12 Décembre 2007 – chronique anniversaire de l’adoption du projet par l’Assemblée nationale française, le 14 Décembre 1956): “ la mise en valeur des régions sahariennes doit se faire en symbiose étroite avec les territoires périphériques ”. Le 8, en réponse, le Maroc demande “ que soit déterminée la souveraineté qui s’exerce sur ces régions, ainsi que leur délimitation ”, puis le 28 fait les plus “expresses réserves” sur le projet français d’O.C.R.S.

Dès lors et pendant dix-huit mois, c’est un dialogue de sourds. Côté marocain, n’importe que le débat sur les frontières [7] et donc sur la souveraineté : ministre d’Etat, Cherkaoui déclare à Paris le 26 Juin 1956, que la “frontière marocaine doit être gardée par des troupes marocaines ; il y aura cependant une commission mixte franco-marocaine pour superviser cette surveillance”. Côté français, c’est une coopération pour la mise en valeur des zones limitrophes et l’on présente, à Rabat, le 27 Février 1957, comme un bon outil le texte de la loi créant l’O.C.R.S. Le 6 Mars, paraît le premier numéro de “Sahara marocain” : “hebdomadaire national pour la défense des frontières nationales et historiques du Maroc”. François Mitterrand, rencontrant Ahmed Balafrej aux cérémonies de l’indépendance du Ghana, l’invite à faire escale au retour, à Dakar. Les 7 et 8 Mars, le ministre des Affaires étrangères du Maroc s’entretient avec le Haut-Commissaire et déclare même que le Maroc respectera la volonté des Mauritaniens. Il décline toute responsabilité vis-à-vis des éléments “incontrôlés” qui opèrent dans le sud. Mais depuis l’indépendance du Maroc, le débat est celui des faux semblants dans un contexte international avantageant d’abord Rabat : arraisonnement de l’avion royal transportant les chefs de la rébellion algérienne, nationalisation du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser, intervention franco-britannique concertée avec Israël. La question des frontières n’est pas résolue, simplement du fait de la crise franco-marocaine née d’un acte de piraterie… [8] . Le 14 Novembre 1956, répondant à une note française, le Maroc a beau jeu de réaffirme sa position sur le Sahara : “ une question toujours en suspens entre la France et le Maroc et qui figure d’ailleurs sur l’ordre du jour des négociations franco-marocaines ”. La France joue très mal les cartes politique et diplomatique. La confrontation militaire, au Sahara occidental, lui rendra la main et l’amènera à faire jouer par d’autres, l’Espagne – bien lentement – et  l’un de ses territoires d’Outre-Mer les plus démunis – vite et spectaculairement – , ces cartes politique  et diplomatique. A Madrid, on ne se décidera à rétrocéder Ifni que le 4 Janvier 1969, et ce qu’on occupait au Sahara occidental, que le 10 Novembre 1975, le général Franco mourant. Mais à Atar, dès le 1er Juillet 1957 (le Calame du 4 Juillet 2007 – chronique anniversaire du discours, antérieur donc de huit mois à celui de Mohamed V), Moktar Ould Daddah aura hissé les couleurs et ne cessera de les faire flotter [9].

Alors qu’atterrissent à Fort-Gouraud,  le 21 Septembre 1957, les premiers techniciens de MIFERMA, et que la la France fait une demande de prêt pour la société auprès de la B.I.R.D., le chef du gouvernement marocain, Si Bekkaï, à Alhucemas, affime que “le Maroc sera intransigeant. Il ne cèdera pas un seul pouce des territoires inclus dans ses frontières naturelles”. L’Espagne opte pour une stratégie subtile, de dérobade face au Maroc et de substitution au sud par la France. Depuis un an, dès Septembre 1956, à El Ayoun, se heurtent chroniquement pro- et anti-Istiqlal. Un an plus tard, le 24 Novembre 1957, au Rio de Oro, les Espagnols évacuent Tichele, le dernier poste qu’ils tenaient encore à l’intérieur, mais, le 7 Décembre, ils font une démonstration navale devant Agadir et protestent par … note diplomatique à propos des combats d’Ifni. Un message radiodiffusé du roi Mohamed V, lu par le prince héritier, le futur Hassan II assure que “ face aux événements d’Ifni et à la violation par la marine espagnole des eaux territoriales marocaines, notre position en ce qui concerne le retour du Maroc à ses frontières naturelles et historiques ne change pas. C’est le problème qui nous préoccupe le plus ”. En réalité, ayant échoué face à l’Espagne, le Maroc s’en prend maintenant à la France, c’est-à-dire à la Mauritanie, et Moktar Ould Daddah le voit bien : il demande à la métropole, le 16 Décembre que la sécurité des frontières du nord soit assurée malgré la carence espagnole [10]. La suite se prépare qui va mettre la sourdine aux revendications marocaines et à la question saharienne pour près de dix ans, au moins sur le terrain et en termes de violence. La décision militaire, acquise par l’opération Ouragan, circonscrira, dans le seul champ politique et diplomatique, jusqu’en 1976, revendications et question, mais vingt ans plus tard, l’enjeu restera le même : l’existence de la Mauritanie en tant que telle.

Les combats d’Ifni ont fait poser par le Maroc la question aux Nations Unies, l’opération Ouragan va faire énoncer, au plus près du champ de bataille, la revendication territoriale par Mohamed V en personne  (le Calame du 26 Février 2008 – chronique anniversaire du discours de M’hamid du Draa, le 25 Février 1958). La personnalité mauritanienne et la vocation particulière de la Mauritanie vont, paradoxalement, y trouver beaucoup plus aisément et spectaculairement qu’il n’était prévisible, leur expression, leur continuité et leur sérénité. Par contraste avec l’obsession marocaine et les hésitations – souvent – de la France.







Le 7 Octobre 1991, le Comité militaire de salut national que préside le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya depuis le « 12-12 », depuis bientôt sept ans donc, promulgue la nouvelle loi organique pour les élections. Le texte ne donne pas de date pour la tenue de celles-ci. Pour se présenter à l’élection présidentielle, il faut avoir quarante ans (la Constitution du 20 Mai 1961 permettait plus jeune : trente-cinq ans) et être présenté par au moins trente des deux-cent-huit maires ou quatre cent conseillers municipaux. Aussitôt, l’opposition proteste, observant que deux des deux-cent-huit maires ont adhéré au P.R.D.S. : le parti créé pour soutenir le candidat des militaires. Les députés (79) auront un mandat de cinq ans (celui du président sera de six ans, un an de plus qu’au temps de Moktar Ould Daddah) et, âgés d’au moins vingt-cinq ans, les candidats doivent payer une caution de 50.000 UM remboursés s’ils obtiennent 10% des voix. Les sénateurs (56 dont 3 représentant les Mauritaniens de l’étranger) auront un mandat de 6 ans et doivent avoir trente-cinq ans au moins.

On compte alors sept partis politiques depuis qu’il est de nouveau légal d’en créer (25 Juillet 1991). Ce sont le Rassemblement pour la Démocratie et l’Unité nationale (R.D.U.N., autorisé le 24 Août précédent et présidé par Ahemd Ould Sidi Baba, ancien ministre de Moktar Ould Daddah et maire d’Atar (le Calame du 29 Août 2007 – chronique anniversaire)), le Parti Républicain Démocratique et Social (P.R.D.S., le ), le Parti Mauritanien du Renouveau (P.M.R., le ), l’Union Populaire Socialiste et Démocratique (U.P.S.D., autorisé le 28 Septembre, quatrième à l’être, présidé par Mohamed Mahmoud Ould Mah, économiste, ancien maire de Nouakchott et secrétaire général de l’Union des économistes maghrébins (le Calame du 23 Septembre 2008 – chronique anniversaire)), l’Union des Forces Démocratiques (U.F.D. : autorisé le 2 Octobre, il est présidé par Hadrami Ould Khattri, que double un secrétaire général Messaoud Ould Boulkheir et qu’assistent deux coordinateurs : Mohameden Ould Babah et Amadou Mamadou Diop. C’est la formalisation de la coalition initiale des opposants au régime militaire constituée six mois auparavant, le Front démocratique uni des forces du changement F.D.U.C.), le Parti pour la Justice Démocratique (P.J.D.). Il y en aura dix au début de la campagne présidentielle.   

Devant leur tollé, le secrétaire permanent du Comité militaire (C.M.S.N.), le lieutenant-colonel Mohamed Lemine Ould Ndiayane concède, le 14 Octobre, que les candidats à l’élection présidentielle n’auront à justifier de la signature que de cinquante conseillers municipaux, dont 1/5ème au maximum provenant de la même région. L’U.F.D. qui semble, face au P.R.D.S., le seul mouvement d’envergure et de grande implantation, enregistre «  favorablement », mais réclame un gouvernement de transition pendant que les partis se concerteront en préalable à ces changements, que seront révisés les textes électoraux et les listes, et elle demande l’évidence : que soit fixé l’échéancier des scrutins, que l’on dissolve les conseils municipaux élus depuis 1987 dans des conditions douteuses, et les « structures d’éducation de masse » ayant survêcu à tous les renversements au sein de la junte. Qu’enfin s’ouvrent les médias publics aux partis sur une base égalitaire. Bref, « baliser ensemble le chemin susceptible de garantir une transition démocratique sereine et transparente ».

Chaque étape est une épreuve de force. Le 11 Novembre, est publié le calendrier électoral : élections présidentielle, les 24 Janvier et 7 Février 1992, puis législatives, les 6 et 13 Mars, et enfin sénatoriales, les 3 et 10 Avril 1992. Dès le lendemain, la coordination de l’opposition rejette le calendrier pour « absence de concertation » et réitère son exigence d’un gouvernement préalable de transition. Faute de quoi, elle boycottera l’ensemble du processus, dit – dès cette époque – de transition démocratique. Dès cette époque aussi, l’Union européenne est consultée comme arbitre, mais en conférence de presse, Henry Saby, président de la commission du développement du Parlement européen – à l’issue d’un entretien avec Ould Taya et d’une semaine d’enquête – se déclare « globalement satisfait ». Il assure que, même si demeurent les problèmes « inhérents à la mutation qui s’opère …, personne n’a intérêt à ce qu’il y ait une rupture de l’exécutif ». En réalité, depuis le milieu de l’été, la libéralisation et la transparence connaissent déjà leurs limites : pas de conférence nationale en Mauritanie et pas non plus de commission d’enquête indépendante sur les originaires de la vallée du Fleuve exécutés en Décembre 1990, alors même que ceux qui ont échappé au massacre sont radiés de l’armée. Le dogme politique du gouvernement, auquel ne toucheront pas les putschistes du 3 Août 2005 malgré leur pétition de démocratie, est le rejet de tout parti islamiste : la loi interdit formellement les « partis islamiques » au même titre qu’elle réprime «  toute propagande hostile à l’unité nationale ». Ainsi, est refusé l’agrément d’un parti ouvertement islamiste, celui fondé par Mohamed Ould Sid Yaya qui avait déclaré que le régime alors en place était « impie ». La tendance, au début de Décembre 1991, est donc au boycott du processus électoral par l’oppostion : la date limite pour le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle est le 24 ; le 10, le président du Comité militaire dépose sa candidature. Il est d’abord le seul. La campagne s’annonce aussi artificielle et courue d’avance que celle entamée en faveur d’un autre président de Comité militaire, près de vingt ans plus tard : le scrutin du 6 Juin 2009…






[1] - le  24 Avril 1956. Le gouvernement Guy Mollet a été formé le 1° Février 1956 et son président a déclaré vouloir “amener les territoires d’Outre-Mer à gérer démocratiquement leurs propres affaires … en faisant une totale confiance aux populations”.    Il tiendra parole : le 23 Juin, est promulguée la Loi-cadre sur l’outre-mer. Gaston Deferre est ministre de la France d’Outre-Mer : il choisit Pierre Messmer, ancien gouverneur de la Mauritanie pour diriger son cabinet. Félix Houphouet-Boigny est ministre délégué à la présidence du Conseil et Hamadoun Dicko sous-secrétaire d’État à l’industrie et au commerce
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[2] - pour finalement, le 28 Mai 1956, s’en remettre au Sultan pour le maintien de la sécurité publique, tandis que les goums formés par la France sont intégrés aux forces armées royales
[3] - Al Alam, 23.24.25 Mars 1956

[4] - le 25 Juin 1956, à Port-Étienne (future Nouadhibou) débutent les études sur le tracé de la voie ferrée destinée à l’évacuation des minerais de F’Dérick

[5] - le 23 Juin 1956, au caire, juste le jour de la promulgation en France de la loi donnant l’autonomie de gestion entre autres à la Mauritanie, Horma Ould Babana engage le Maroc à “faire valoir sa souveraineté sur Tindouf et la Mauritanie” lors d’une réception donnée par le Prince héritier du Maroc ; il déclare à l’AFP que le “Maroc et la Mauritanie sont un même  pays”. Il est abandonné aussitôt par ses anciens électeurs et partisans mauritaniens : dès le 28, le Comité d’action de l’Entente mauritanienne l’exclut et décide qu’une réunion ultérieure “décidera de l’orientation nouvelle à donner à l’Entente mauritanienne”. Le 4 Juillet, les responsables de l’Entente pour l’Adrar appuie le Comité d’action dans sa condamnation d’Horma Ould Babana, et, le lendemain, ceux de l’Assaba en font autant

[6] - le 19 Juin 1956, en réponse à une question du sénateur de la Mauritanie, Yvon Razac, le ministre des Affaires Étrangères Christian Pineau déclare au Conseil de la République  (équivalent à l’époque du Sénat français d’aujourd’hui) : “du fait que la Mauritanie, territoire saharien dans sa presque totalité jouit déjà d’une unité incontestable, il ne saurait être question de porter atteinte à son intégrité territoriale”

[7] - paradoxalement, il ne sera mené à bonne fin qu’entre Français et Espagnols : le 20 Juillet 1957, la pose d’une borne sur le Draa, mettant fin aux opérations de délimitation de la frontière franco-espagnole au Sahara, telle que convenue le 19 Décembre 1956
 
[8] - le 21 Octobre 1956,    le Sultan du Maroc (Mohamed V ne prend le titre de roi que le 15 Août 1957) reçoit à rabat les “chefs historiques” du F.L.N.. Le gouvernement français suspend immédiatement les négociations franco-marocaines. Le lendemain, tandis que le Sultan se rend à Tunis, pour y conférer avec Bourguiba et le F.L.N., en présence de Doolittle, ancien consul général des États-Unis dans la Régence — l’avion royal qui ramène à Tunis les chefs du F.L.N. est contraint d’atterrir à Alger. Le 23, Guy Mollet déclare au Palais-Bourbon que “la France restera toujours présente en Algérie” : massacres de français à Meknès , et refuse à Si Bekkai qui, à son retour de Tunis venait la lui demander, la libération des chefs F.L.N.. Le 25, l’ambassadeur du Maroc à Paris est rappelé. D’une certaine manière, l’enlèvement de Ben Barka en France, à l’automne de 1965, est la réciproque du détournement de l’avion royal, à l’automne de 1956, mais à l’assassinat près

[9] - Moktar Ould Daddah au congrès extraordinaire du Parti du Peuple, le 25 Janvier 1978 à Nouakchott
« . . . ceux qui font semblant de s’indigner devant la procédure suivie pour la restitution des deux parties de l’Ex-Sahara à leurs ayants droits historiques, font preuve, en la circonstance, d’une remarquable amnésie. Ils oublient que le territoire d’Ifni, occupé comme l’ex-Sahara, par la même puissance administrante, a été restitué au Royaume frère du Maroc il y a moins de dix ans, sans que personne ne s’en indigne parce qu’effectivement c’était, comme dans le cas actuel, la seule solution conforme au droit et à l’équité.
Quelle est vraiment la spécificité d’Ifni sinon d’être, comme la Saguiet el Hamra, comme Tanger, comme Marrakech, une partie intégrante du Maroc ; tout comme le Tiris el Gharbia la première et la sixième région de notre pays sont, au même titre, mauritaniens.
La question du Sahara et celle d’Ifni étaient d’ailleurs, comme on le sait, toujours évoquées ensemble devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, la seule différence étant qu’Ifni appartient tout entier au Maroc, tandis que le Sahara appartient pour partie à notre pays et pour partie au Maroc. . . . »  
 
[10] - l’opération a été envisagée plusieurs mois avant : le 20 Septembre 1957, à dakar, le général Bourgund, qui a troqué son commandement marocain pour celui des forces françaises en A.O.F. propose à la conférence franco-espagnole d’état-major l’opération “Ouragan”. Depuis le 25 Février précédent, les autorités espagnoles ont confirmé, à Port-Etienne, qu’elles acceptent le droit de suite. Il s’agira de détruire l’A.L. dans le Seguiet-el-Hamra et de “nettoyer” le Rio de Oro : une “opération de police” par exercice du droit de suite et ne dépassant pas le 27°40 de latitude nord
 


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