mardi 12 août 2014

chronique d'Ould Kaïge - publié déjà par le Calame . 26 Octobre 2010



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24-26 Octobre 1960 & 28 Octobre 1969


première conférence, sans participation de la métropole, des chefs de gouvernement africains et malgache d'expression française
&  
le rapport de la commission nationale de réconciliation syndicale est adopté par le pouvoir





Du 24 au 26 Octobre 1960, se tient à Abidjan, une conférence des Chefs de gouvernement des Etats africains et malgache d'expression française. Cette réunion est la première à se dérouler sans la France. Chacun des territoires d’outre-mer – les anciennes colonies d’Afrique occidentale et d’Afrique équatoriale – est devenu indépendant, sans qu’aucun n’accepte finalement de se fédérer avec d’autres : « balkanisation » de l’Afrique ? ou affirmation d’identité pour ensuite former une union continentale ? Dans les mois ou les semaines qui suivent les proclamations d’indépendance, le moment est à des solidarités plus instinctives et sans visées institutionnelles. Ce sont les Africains qui spontanément – et sans modèle préétabli – prennent la suite des Conseils exécutifs de la Communauté, d’imagination française [1]. La République Islamique de Mauritanie qui n’a pas encore deux ans d’âge et ne sera formellement indépendante que dans un mois, participe à cette première réunion. On s’y accorde sur une position commune aux Nations Unies à propos du Congo ex-belge, à propos de l’Algérie et – sujet autant qu’objet – de l’obstruction qu’organise le Maroc contre l’admsission de la Mauritanie. A New-York, , dans le même temps, en groupe africain, la Tunisie et le Ghana font renvoyer la pétition marocaine jusqu'après l'indépendance mauritienne. Ainsi l’indépendance mauritanienne est-elle exceptionnelle parce qu’elle est davantage un événement international et pas seulement africain, qu’un grand moment national. Elle va peser sur l’évolution institutionnelle, puis philosophique des relations franco-africaines, elle va également démontrer – pour la première fois – que l’Afrique par elle-même peut peser dans l’Organisation des Nations Unies.

La seconde conférence des Chefs d'Etat africains et malgache d'expression française doit d’ailleurs tout à la Mauritanie puisqu’elle se tient en marge des festivités de l’indépendance de celle-ci : le 28 Novembre 1960, précisément à Nouakchott. Il se trouve que le Premier ministre français est lui aussi dans la symbolique « capitale-panneaux », mais seulement pour les cérémonies. Il ne participe pas aux débats. Les nouveaux émancipés conviennent de "se concerter sur tous les problèmes mondiaux touchant à leurs intérêts communs et pour organiser entre eux une solidarité réelle et agissante ". Ils se retrouvent presqu’aussitôt, du 15 au 19 Décembre, à Brazzaville, et y définissent " une politique commune de coopération africaine " fondée sur une " recherche obstinée de la paix ", la " non- ingérence " mais une diplomatie concertée. On convient d’une " coopération économique et culturelle sur la base de l'égalité " : un comité d'études pour la coopération économique est institué. Sa mission est vaste : mettre au point le modèle d’un code d'investissements, établir une organisation africaine et malgache de coopération économique,  créer un fonds de solidarit. Il s’agit aussi de se présenter ensemble à l’association en gestation avcec la Communauté économique européenne, dont l’ancienne métropole est l’un des membres déterminants.

A l'issue de cette nouvelle conférence de Brazzaville [2], Félix Houphouet-Boigny, Moktar Ould Daddah, Maurice Yaméogo, François Tombalbaye et Léon M'ba font une "tournée d'amitié" allant ensemble à Libreville, Bangui, Fort-Lamy, Niamey, Abidjan et Dakar du 19 au 24 Décembre. Le "groupe de Brazzaville" est né dont le premier acte – le 18 Décembre – est de déposer, à onze Etats, un projet de résolution aux Nations Unies pour que soit admise la République islamique de Mauritanie. Le soutien à celle-ci sera pendant une année entière un des éléments de consensus entre ces anciens territoires d’Outre-mer, mais la même Mauritanie commence, en même temps d’être l’un des partenaires qui poussent les autres à des comportements vis-à-vis de l’ancienne métropole qu’ils n’auraient peut-être pas eu d’eux-mêmes. Leur mouvement est de poursuivre, en faisant que la France soit moins apparente, les processus d’intégration se substituant à l’ancien régime. Moktar Ould Daddah  [3] au contraire fait de l’unité continentale la priorité institutionnelle. Et s’il faut des coopérations et des ouvertures régionales, elles ne doivent pas être tributaires ni des relations de chacun avec l’ancienne métropole : ainsi comment de s’entendre els Etats riverains du fleuve Sénégal, dont la Guinée bannie à l’époque par la France, ni même de l’expression française : ainsi se prend le long chemin de l’entente économique régionale en Afrique de l’Ouest.

Réunis à Dakar, du 30 Janvier au 4 Février 1961, les ministres des Etats africains et malgache d'expression française ébauchent une Organisation africaine et malgache de coopération économique. Un projet de traité instituant l'O.A.M.C.E. est écrit, les unions douanières existantes (dont celle de la Mauritanie avec le Sénégal) se renforceront, un mode de négociations avec la Communauté européenne est convenu. C’est ce qu’entérine, du 26 au 28 Mars, à Yaoundé, la conférence des Chefs d’Etat qui envisagent même des représentations diplomatiques communes, des ententes sur la nationalité et la citoyenneté, une          entraide judiciaire, une organisation commune des télécommunications et un accord de défense. Le traité créant l'O.A.M.C.E. est adopté avec siège à Yaoundé, et Air-Afrique est créée avec siège à Abidjan. En conférence du 10 au 13 Mars, à Paris, la France et huit Etats de l'Afrique occidentale s'accordent sur le maintien de l'union monétaire de l'Afrique de l'Ouest, la gestion de cette monnaie par un établissement multinational et sa garantie par le Trésor français avec cependant un début de décentralisation du crédit.

La Mauritanie est bien plus à l’aise à Monrovia (8-12 Mai 1961) car au "groupe de Brazzaville", s’adjoignent le Libéria, le Togo, la Nigeria, le Sierra-Leone et la Tunisie. On s’accorde sur appel à la paix en Algérie, sur le désarmement entre grandes puissances et contre l’apartheid et le refus du Portugal de décoloniser. La charte de Monrovia qui en résulte a comme principes l’égalité absolue entre les membres, la non ingérence, le respect des souverainetés nationales et la personnalité de chacun, la condamnation de la subversion. Pas de "leadership" et "l'union envisagée n'est pas l'intégration politique mais l'unité des aspirations et des actes considérés sur le plan convergent de la solidarité sociale et politique africaine". Le processus est en marche qui, à partir de la conférence suivante, tenue à Lagos, aboutira à la fondation de l’Organisation de l’Unité (Le Calame du 25 Mai 2010 : chronique anniversaire de la conférence d’Addis Abeba, du 22 au 25 Mai 1963). Réunie du 6 au 12 Septembre 1961, à Tananarive, la conférence constitutive de l'Union africaine et malgache U.A.M. à laquelle participent tous les chefs de l'Etat de l'Afrique d'expression française à l'exception de ceux de Guinée, du Mali et du Togo, convient sans doute d’un groupe de l'U.A.M. aux Nations Unies, d’un pacte de défense [4] mais surtout invite à la prochaine conférence de Lagos (prévue pour se tenir du 25 au 30 Janvier 1962) le groupe dit de Casablanca, formé autour du Maroc, qui ne s’y rendra pas faute que le G.P.R.A. y ait été également convié : c’était pourtant le souhait explicite de Nouakchott. Pétition et conversion qui sont en grande partie le fait personnel de Moktar Ould Daddah conférant du 14 au 16 Décembre avec Kwane N’Krumah, au Ghana. Il en partage publiquement la foi inébranlable dans le concept de l'unité africaine et l’exigence d’une " liquidation complète du colonialisme en Afrique ". Dès la fondation de l’O.U.A., la Mauritanie est en flèche, au sein de l’U.A.M. pour faire admettre que "les strucutures, appelées nécessairement à évoluer, doivent tendre soit vers une harmonisation, soit vers une fusion progressive avec les structures de l’OUA". C’est ce qu’elle obtient à la conférence tenue à Cotonou  du 27 au 30 Juillet 1963.. Et dans l’immédiat, dissolution du groupe de l’UAM à l’ONU. C’était moins radicalement exprimé la position de Sekou Touré : l’adoption de la Charte de l’OUA implique la dissolution de tous les groupements régionaux. Question divisant d’ailleurs l’OUA elle-même, comme il sera constaté lors de la laborieuse conférence ministérielle de Dakar, du 2 au 11 Août 1963, pendant laquelle sont convenues les structures de l’organisation panafricaine.

Dès lors, la Mauritanie fera son chemin, à l’écart du système français, souvent avec éclat : son retrait de l’O.C.A.M. confirmé le 23  Juin 1965, alors même qu’elle en exerçait la présidence fondatrice [5] (Le Calame du 17 Février 2009: chronique anniversaire de la conférence de Nouakchott les 10-12 Février 1965), sa mise en circulation d’une monnaie indépendante (Le Calame du 20 Juin 2007: chronique anniversaire du 29 Juin 1973), tout en militant pour des organisations régionales pratiques, telles que la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest. Celle-ci se fonde les 20-21 Mai 1970, à Bamako entre Etats membees de l’Union douanière des Etats de l’Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire, Dahomey, Mali, Sénégal, Haute-Volta, Niger, Mauritanie, le Togo étant observateur, Moktar Ould Daddah souligne aussitôt que « la nouvelle Communauté reste ouverte à l’adhésion de tous les Etats ». Ce sera la C.D.E.A.O. que ‘na toujours pas réintégré la Mauritanie, après dix ans d’un retrait initié par Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.



Le 28 Octobre 1969, le Comité permanent, élargi aux membres du B.P.N. et du Gouvernement, adopte le rapport de la Commission nationale de réconciliation syndicale (C.N.R.S.) prévoyant une campagne d’explication, le renouvellement à la base de tous les syndicats professionnels sous l’égide de la Commission nationale et la tenue d’un congrès extraordinaire de l’U.T.M. en Avril 1970. C’est la conclusion – espère-t-on – d’un difficile processus de réunification de la centrale syndicale mauritanienne jusques là unique, et aussi d’une intégration du syndicalisme, et en fait du salariat, dans la dialectique du parti unique de l’Etat. Intégration qui n’est pas une subordination mais une pleine participation pour notamment exercer la mission spécifique qui demeure : la représentation, la revendication, la conciliation avec les employeurs, fussent-ils l’Etat et ses organes.

Le processus est très difficile parce que plusieurs questions se traitent en même temps : 1° la réforme de l’enseignement qui mobilise les syndicats réunissant les adhérents les plus nombreux et les plus motivés, 2° la convivialité à organiser entre générations et formations intellectuelles dix après la proclamation de l’indépendance et neuf ans après l’unification de toutes els forces politiques d’alors, 3° la contestation sociale manifestée par des grèves qui ne sont plus seulement scolaires et qu’accompagne une contestation politique pas encore structurée mais déjà répandue. La vie et la sociologie politiques de la Mauritanie moderne jusques là faite des querelles tribales ou ethniques et des oppositions de personne – ce qui ne cessera pas jusqu’à aujourd’hui – se diversifient et prennent, pour la première fois, en 1969-1971, des expressions et des formes, dont le marxisme n’est pas absent et qui ont des analogies avec ce qui est vêcu en Europe occidentale et particulièrement en France. L’historien doit reconnaître que le système du Parti unique, s’il suscite des oppositions fortes, est paradoxalement un excellent cadre pour résorber aussi bien ces oppositions que des conflits ethniques ou sociaux : la discussion rétrpsective de ce régime, toute théorique, gagne à être éclairée de l’expérience historique, notamment mauritanienne, et du type d’animation que le pays devait alors à Moktar Ould Daddah.

La médication est double : celle du Parti peut prendre l’allure d’une querelle entre les anciens et les modernes, celle de Moktar Ould Daddah, plus en posture de Président de la République que de secrétaire général du Parti. Les co-équipiers changeront donc à mesure des étapes ou des impasses des divers processus d’intégration et de conciliation : Ahmed Ould Mohamed Salah, chargé de la permanence du Parti, puis Abdoulaye Baro, ministre des Affaires sociales et de al Fonction publique, enfin Abdoul Aziz Sall, ministre de l’Intérieur. Sans que ce soit jamais public, le Président manifestera souvent son mécontentement devant la rigidité de certains : son talent devenu charisme changera l’ambiance nationale par la tenue des séminaires régionaux, censément ceux des cadres du Parti mais ouverts aux opposants et aux non-adhérents.

De sa fondation en 1961 [6] à son intervention décisive le 13 Février 1966 pour résorber la querelle scolaire devenue une épreuve de force politique [7], l’Union des travailleurs mauritaniens, avait été une organisation spécifique et parallèle tout à fait distincte du Parti et de l’Etat. Organisation contribuant à la paix sociale et au calme politique alors que le Parti, au contraire, suscitait contestation externe et dissensions internes. Mais lors de son 4ème Congrès ordinaire, tenu à Nouakchott du 1er au 3 Février 1969, l’U.T.M. se scinde en deux tendances. La première, débattant à la Bourse du Travail, groupe neuf syndicats sur les quatorze que comprend la centrale : ceux-ci « considérant les manœuvres du bureau sortant et déterminés à faire traduire dans les faits la volonté de renouveau syndical » se retirent des assises du 4ème Congrès et déclarent continuer le véritable congrès de l’U.T.M. (S.N.E.M., enseignants arabes, plantons, P&T, météo et navigation aérienne, services administratifs, commerce et banque, union locale de Nouakchott). Ils élisent un nouveau bureau [8]. A la Maison du Parti, « l’U.T.M. orthodoxe » maintient à la tête du bureau national Fall Malick, par le vote de 75 délégués et «  engage le bureau national à renforcer et à développer chaque jour davantage une étroite et harmonieuse collaboration avec le Parti du Peuple Mauritanien et son Gouvernement ». Elle réélit son bureau [9] et engage les enseignants arabes et le S.N.E.M. (enseignants francisants) à faire fusion : ce serait syndicalement et surtout politiquement, décisif.

Réaction immédiate, le 4 Février : le Conseil des Ministres charge le responsable de la permanence du Parti, Ahmed Ould Mohamed Salah, de résoudre la crise de l’U.T.M. : « compte tenu du caractère politique de la scission intervenue à l’occasion du Congrès de l’U.T.M., le secrétaire politique et à l’organisation a été chargé de se saisir de ces problèmes et de se mettre en rapport avec les responsables administratifs et syndicaux intéressés en vue de trouver les solutions pouvant mettre fin à cette situation ».

Dès lors, réconciliation et hostilité divisent les politiques et les syndiqués, sans que les clivages ni les camps soient figés. Le 8 Février, le bureau national des syndicats des services administratifs de la R.I.M. décide de soutenir « le nouveau bureau de l’U.T.M. élu démocratiquement à la Bourse du Travail par l’importante majorité des syndicats professionnels dignes de ce nom » et réaffirme son attachement au Parti et au Gouvernement. Le 13, l’association générale des délégués du personnel des entreprises de Nouakchott « stigmatise le travail fractionnel d’une minorité de délégués, approuve sans réserve les travaux du 4ème Congrès tenu à la maison du Parti et engage le bureau national à développer chaque jour davantage sa collaboration étroite et harmonieuse avec le Parti et son Gouvernement (…) dans le respect de la personnalité et de l’indépendance du mouvement syndical de Mauritanie ». Le problème devient donc la relation entre le syndicalisme et la politique : le 14, le bureau national de « l’U.T.M. dissidente » élu à la Bourse du Travail demande audience au Président de la République. Elle n’est pas accordée. Et au contraire, le 3 Avril, une note de service du ministre du Travail interdit aux services intéressés de traiter autrement qu’avec « l’U.T.M. orthodoxe ». Le 4, Dahane Ould Taleb Ethmane, secrétaire général adjoint de « l’U.T.M. dissidente » démissionne de son poste tandis que divers enseignants sont convoqués par les services de la Sûreté pour qu’ils cessent leur agitation. Le 11, par écrit, « l’U.T.M. dissidente » dénonçant au Président de la République, l’ingérence du ministre du Travail dans les affaires intérieures syndicales et les violations par les autorités de la législation mauritanienne en vigueur et des conventions du Bureau international du travail ratifiées par la R.I.M. Le 1er Mai 1969, tandis que les forces de l’ordre empêche toute manifestation de « l’U.T.M. dissidente », le secrétaire général de « l’U.T.M. orthodoxe » Fall Malick – en présence du seul ministre du Travail  - fait appel à l’unité des travailleurs et assure que « le Parti et le Gouvernement ne se mêlent pas de la désignation des représentants des travailleurs ». Il explique surtout « que des personnes mal intentionnées tentent par tous les moyens de désorganiser l’unité syndicale pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le syndicalisme ou l’intérêt des travailleurs ».

Jusques là soutien du Parti, mais à titre indépendant, le syndicalisme mauritanien – « dissident » ou « orthodoxe » – est amené à solliciter l’arbitrage du Parti, et son concours. La réponse est donnée en session ordinaire du Bureau Politique National élargi pour la première fois aux secrétaires fédéraux. Du 12 au 15 Mai, la situation syndicale est exaùinée. Le Secrétaire politique et à l’organisation, Ahmed Ould Mohamed Salah, rappelle que « le groupe des dissidents est formé de deux éléments : ceux qui ont des griefs personnels contre Malick Fall et qui tenaient à l’éliminer, ceux qui sont opposés au régime et qui voulaient en s’emparant de sa direction, se servir de l’U.T.M. comme tremplin … tous furent confiants que le Gouvernement s’abstiendrait de se mêler de leurs affaires pourvu que l’ordre public fut respecté  …les adversaires de Malick Fall ont la possibilité de l’éliminer s’ils ont réellement la majorité ; il suffit tout simplement d’arriver par la voie démocratique à provoquer un congrès extraordinaire ».  Mais à l’initiative de Moktar Ould Daddah, le B.P.N. décide surtout d’organiser des séminaires régionaux au cours des prochains mois, sous la présidence du Secrétaire Général du Parti.

Dès lors, s’opposent les partisans de la confrontation – aussi bien dans le milieu syndical que dans les sphères politiques. Le 27 Mai, « l’U.T.M. dissidente » décide de tout mettre en œuvre dans le but d’attirer au mouvement le maximum des travailleurs de tous secteurs. Les enseignants sont chargés « de provoquer une grève généralisée au mois d’Octobre prochain pour obtenir du congrès extraordinaire qui s’ensuivait la destitution du bureau actuel » de « l’U.T.M. orthodoxe ». Au contraire, réuni du 30 Juin au 1er Juillet, après démission de son secrétaire général, le bureau national du syndicat des services administratifs de la R.I.M. « après avoir tiré les conclusions des effets négatifs de la dispersion résultant de la décision des travailleurs réaffirme son attachement aux objectifs et à l’orientation de l’U.T.M. orthodoxe » qu’il rallie donc en se désaffiliant de « l’U.T.M. dissidente »et le 9 Juillet, ce bureau communique à toutes les sections syndicales la décision de réintégrer « l’U.T.M. orthodoxe ». Le 10 Juillet, le S.N.E.M. en congrès présidé par Ba Mahmoud à la Maison du Parti (mais ne groupant que 11 des 25 sections traditionnelles), opte pour un position de neutralité vis-à-vis des deux bureaux issus du 4ème congrès de l’U.T.M. et demande la fusion des deux syndicats de l’enseignement. Très pratiquement, il demande au gouvernement d’améliorer les conditions de vie des élèves.

C’est alors que se tient, du 11 au 14 Juillet à Kaédi, le premier des séminaire des cadres du Parti. A ceux de la 4ème région ; Moktar Ould Daddah y précise : « nous entendons par séminaire un dialogue direct, franc entre la base et le sommet… Pratiquer la démocratie réelle pour permettre à chacun de s’exprimer librement, de dire ce qu’il pense de tous les problèmes nationaux ». Le Bureau Politique National, élargi aux secrétaires fédéraux, se réunit les 15 et 16 Septembre, et désigne une « commission du Parti chargée de la réconciliation générale syndicale » [10]. Dès le 18, dans une lettre au Secrétaire général du Parti, le S.N.E.M. prend acte « avec une profonde satisfaction de l’appel lancé par le B.P.N. en vue de récréer l’unité au sein du monde syndical » et fait appel à son esprit de conciliation « afin que s’instaure un dialogue entre le ministre de l’Education et nous », mais le lendemain… un vaste mouvement de mutations du personnel enseignant fait craindre au S.N.E.M. « que le ministre de l’Education n’ait pas encore épousé le même point de vue que le B.P.N. ». Ce qui n’empêche pas, le 20, la première réunion de la Commission de réconciliation syndicale. Celle-ci adopte à l’unanimité son ordre du jour : causes de la crise ; développement de la crise ; solutions, et se donne pour président Ahmed Ould Mohamed Salah. Le 1er Octobre, deuxième réunion de la Commission : elle examine les causes de la crise syndicale. Ce sont, selon elle, 1° le manque de contacts entre syndicats professionnels et centrale, et entre les sections et leurs syndicats, 2° la politisation du syndicalisme, 3° la non-application des statuts de l’U.T.M. lors du dernier Congrès. Le 19 Octobre, la troisième réunion de la C.N.R.S. enregistre que « la très grande majorité des membres tiennent à affirmer leur désir de voir les travaux de la commission couronnés de succès et par conséquent condamnent tout travail fractionnel de nature à entraver l’œuvre de réconciliation entreprise, en particulier le mot d’ordre de grève lancé par un groupe d’enseignants le jour même de la rentrée ». Le 21, le Bureau Politique National du Parti « stigmatise tout acte tendant à perturber les efforts déployés par la commission (nationale de réconciliation syndicale) dans sa recherche de solutions justes et satisfaisantes pour tous ».

L’adoption du rapport de la C.N.R.S. ouvre – imprévisiblement – nouevlle période de contestation. La méthode – proche de celle ayant établi une table ronde des partis et mouvements politiques en 1961, laquelle avait abouti au Congrès de l’Unité – semble donc échouer. Le 11 Novembre, Ahmed Ould Mohamed Salah anime un rassemblement populaire à la Permanence du Parti. Les thèmes sont évidemment polémiques : crise de l’U.T.M., grèves scolaires de l’année passée, grève des enseignants depuis la rentrée. Le mois suivant, la C.N.R.S. arrête la liste des syndicats professionnels, prévoyant ainsi la fusion des deux syndicats d’enseignants : S.N.E.M. et arabisants. Elle « dégage les voies et moyens permettant l’implantation rapide des sections des différents syndicats professionnels », les cartes étant signées par le ministre du Travail, au nom de la C.N.R.S., et nomme trois missions de réimplantation dont le rôle est définit avec précision. C’est la très lointaine anticipation de la C.E.N.I. de 2006-2007, mais pour le domaine syndical [11]. Il faut également un changement de meneur de jeu, ce ne sera pas le dernier. Le 9 Janvier 1970, les instructions à l’intention des membres de la Commission nationale de réconciliation syndicale, chargée de la réimplantation des syndicats, sont signée pour le président de la C.N.R.S. absent Ahmed Ould Mohamed Salah, par le ministre de l’Intérieur Abdoul Aziz Sall, mais le cap ne change pas : « l’unité syndicale ne peut se faire contre le Parti et ses objectifs » et il faut dans l’U.T.M. « un travail collégial et homogène ».








[1] - il s’en tint six en 1959 : d’abord à Paris, les 3-4 Février , les 2-3 Mars, les 4-5 Mai, puis à Tananrive les 7-8 Juillet, à Paris de nouveau les 10-11 Septembre, et enfin les 11-12 Décembre à Saint-Louis-du-Sénégal. Dernière réunion, le 21 Mars 1960,à Paris : les indépendances successives des Etats membres changent la nature de la Communauté dont les organes communs disparaissent de fait

[2] - la première du nom est celle durant laquelle le général de Gaulle, au nom de la France libre et combattante, anticipe la libération de la métropole et promet aux territoires d’outre-mer leur émancipation. : 30 Janvier 1944

[3] - dans ses mémoires, La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 664 pages, disponible en arabe et en français), le Président l’expose en détail, notamment pp. 244 à 247 et 266 & ss.

[4] - ce pacte n’aura aucune suite pratique, malgré la première session du Conseil de défense, du  14 au 17 Février 1962, à Ouagadougou : le Président y participe en tant que ministre de la Défense nationale

[5] - elle en refuse même le loinain succédané que peut constituer l’Agence de coopération culturelle et technique des pays francophones, fondée du  16 au 21 Mars 1970, à Niamey. Quoique Moktar Ould Daddah, dans la dfifficile ambiance de la guerre pour le Sahara participe à une conférence franco-africaine, la Mauritanie n’intègrera que bien après lui l’Organisation internationale de la Francophonie. L’eût-il fait ?

[6] - tenu du 29 au 31 Mai 1961, le congrès constitutif de l'U.T.M. à Nouakchott, Union des Travailleurs mauritaniens, fusionnait les centrales existantes en une unique centrale syndicale. Le bureau alors élu se composait et s’oganisait ainsi :
secrétaires généraux : Fall Malick et Wane Birane
adjoints : Elimane kane et Brahim Ould Derouiche
relations extérieures : Sidi o\Boubacar et Thiam Guelemn
revendications : Fall Abderrahmane et Lo Amadou
presse et éducation : Abeydi Ould Gharaby et Ly Mamadou
secrétaires administratifs : Abdou Ould Ahmed et Diabira Diaguili
adjoints : Souka Abderrahmane et Gandega Gay
trésorier général : Diop Samba ; adjoint : Sidi ben Hasser
organisation : Sy Ibrahima et Sall Issa

[7] - 13 Février 1966 – communiqué de l’U.T.M. : les travailleurs et syndiqués « réaffirment le soutien indéfectible de l’U.T.M. au président Moktar Ould Daddah symbole de l’unité nationale, et l’assurent ainsi que le Gouvernement de son appui sans réserve pour trouver dans le cadre national une solution qui sauvegarde la coexistence harmonieuse des deux ethnies »

[8] - Tourade Ould Brahime, secrétaire général
Dahane Ould Taleb Ethmane, secrétaire général adjoint
trésorier : Alassane Diallo ; trésorier adjoint : Ahmed Ould Mohamedou
membres : Ledji Traoro, Boumedienne, Madjigui N’Diaye, Ahmed Ould Dahi, Mohamed Ould Amar, Sy Mamadou, Mohamed Ould Nadji

[9] - Fall Malick, secrétaire général ; Ahmed Ould Habott, trésorier général ; membres : Nema Ould Kabache, Brahim Ould Haimouda, Robert Cheikh Malainine, Sy Yahya Segan Mohamed el Mamoune, Kane Daha, Sow Moussa Demba

[10] - elle est composée de
Ahmed Ould Mohamed Salah, secrétaire de la permanence du Parti
Bakar Ould Sidi Haiba, membre du comité permanent
Sall Abdoul Sidi Aziz, ministre de l’Intérieur, membre du comité Permanent
Abdoulaye Baro, ministre de la Fonction publique
Gandega Samba, ministre du Travail
Fall Malick, secrétaire général de l’« U.T.M. orthodoxe »
Cheick Malainine Robert, « orthodoxe »
Kane Daha, « orthodoxe »
Tourad Ould Brahim, « dissident », secrétaire général
Ba Mahmoud, S.N.E.M.
Mocktar Ould Mohameda
Sy Amadou, « dissident »
Mohamed Ould Deddah
Ahmedou Ould Hamma Khatta 

[11] - 1ère, 2ème et 3ème régions : Moktar Ould Hamada, Tourad Ould Brahim, Kane Daha
4ème, 5ème, 6ème régions : Fall Malick, Sy Mamadou et Ahmedou Ould Hama Kittar
7ème, 8ème régions et Nouakchott : Ba Mahmoud, Robert Malainine et Mohamed Deddah

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