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25 Septembre 1978 & 28 Septembre 2004
les tombeurs de Moktar Ould Daddah
réécrivent l’histoire nationale
&
annonce de la mise en échec d’un énième
complot militaire contre Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya
Les
vingt premières années de la
Mauritanie contemporaine avaient une clarté, dont même
l’imagination s’est aujourd’hui perdue : le pouvoir tirait sa légitimité
de la marche à l’indépendance nationale qu’il avait initiée et continuait de
conduire, cette légitimité était incarnée et faisait consensus. Le droit
positif et les structures politiques, amendés à mesure des étapes
d’affermissement de la souveraineté nationale et internationale, y étaient pour
peu. La contrainte physique, l’abstention ou la corruption y étaient pour rien.
En 1978, est apparu un nouveau concept : les forces armées nationales
détiennent en dernier recours la légitimité et la souveraineté. Il a toujours
cours … cours forcé. La conséquence, de changement possible que par un énième
coup. Du moins, est-ce une lecture de l’histoire que corrobore beaucoup de
dates. Celles-ci… par exemple.
Le 25 Septembre 1978, le Comité militaire
qui s’est emparé du pouvoir le 10 Juillet 1978 et tient alors enfermés le
Président de la République
et ses principaux co-équipiers au gouvernement et au bureau politique du parti
unique de l’Etat, réunit les gouverneurs de région. C’est la première fois
depuis son avènement.
Le chef
des putschistes, le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck, réaffirme le souhait
du C.M.R.N. d’« une véritable décentralisation de l’administration » qui « doit cesser d’être
un simple outil de répression et de collecte des taxes et impôts, elle doit
devenir un outil précieux de développement économique et social au niveau des
régions ».
Cette analyse fait table rase de vingt ans de déclarations, d’efforts et de
constante remise en cause, qui avaient été le propre de Moktar Ould Daddah, et
même des propos les plus récents [1].
Seule, une performance sensiblement meilleure pourrait justifier cette amnésie.
Force est de constater que cette supériorité n’a jamais été vérifiée depuis
1978 et les régimes militaires ou défroqués en ont été réduits à amalgamer
leurs propres insuccès à ceux qu’ils prétendent avoir caractérisé la période
fondatrice : le colonel Ely Ould Mohamed Vall [2]
et le général Mohamed Ould Abdel Aziz [3]
à sa suite font un bloc des cinquante ans d’indépendance. Significativement
d’ailleurs, la corruption et les dysfonctionnements ne sont pas évoqués par les
putschistes de 1978 : il faudra le procès par contumace tenu à Rosso, du
18 au 20 Novembre 1980 pour que le président Moktar Ould Daddah soit, entre
autres chefs d’accusation, soi-disant coupable d’ « atteinte aux intérêts économiques de la
nation »… Ce qu’a été, tout récemment
encore, le régime défunt, pourtant riche en observations et débats – oraux ou
écrits – sur son propre fonctionnement et sur les diverses fonctions à remplir
par l’Etat et par les agents autant de l’administration que du Parti, semble
étranger aux nouveaux responsables.
Mais
c’est au lieutenant-colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, ministre de la Défense, qu’il revient
d’inaugurer la théorie du nouveau système politique mauritanien : cela
vaut préambule constitutionnel pour encore aujourd’hui. Il explique aux
responsables de l’administration régionale et du développement à l’intérieur du
pays que « l’armée n’est pas une armée de coup d’Etat et n’aspire pas au pouvoir.
L’armée mauritanienne n’est pas étrangère à ce pays, ni politiquement ni
moralement. Elle a vécu les peines et les espoirs de son peuple durant vingt
ans. Vingt ans pendant lesquels le pays a sombré dans la destruction et la
misère ».
Oubliant complètement les options et les débuts d’une intégration des forces
armées dans le Parti [4]
et surtout dans les stratégies de développement économique et social, il assure
qu’« il n’existait à proprement parler aucune politique de défense et
l’armée était confinée dans un rôle marginal et isolé par rapport à l’ensemble
de l’activité politique nationale. Cette armée n’a jamais été consultée sur
aucun problème politique ni même sur des problèmes strictement de défense ». Conclusion
étonnante et paradoxale : celui que les militaires ont accusé de
« jusqu’au-boutisme » parlait-il autrement ? simplement
mieux : si la
Mauritanie devait engager une guerre (n’est-elle pas alors en
guerre ?), « la responsabilité de l’armée et du peuple serait la
même, ils combattront jusqu’à l’issue finale, mais je confirme que désormais il
ne peut s’agir que d’une guerre dont nous connaissons tous les objectifs et
dont nous sommes tous convaincus ».
Le 28
Septembre 2004, le ministre de l’Intérieur, Ghali Ould Cherif Ahmed annonce
la mise en échec d’une nouvelle tentative de coup d’Etat : arrestation du
capitaine Abderrahmane Ould Mini, cerveau de la tentative du 8 Juin 2003 et
réitération de la mise en cause de Mustapha Limam Chafi, conseiller personnel
de Blaise Compaoré, du Burkina Faso et de la Libye. Infiltré en Mauritanie,
le commandant Saleh Ould Hanenna est de nouveau en fuite ; il avait été
radié pour propos politiques et critiques tenus en caserne contre le président
régnant.
C’est la seconde vague des complots contre
le régime du colone[5]l
Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. La première
avait pu sembler imaginaire et correspondait au vide démocratique ;
la période du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla avait vêcu selon le même
rythme et la même hantise [6].
La seconde est vérifiée et l’échec du coup de 2003 – dont l’histoire reste à
écrire, tant elle est trouble – commence au contraire une véritable série. Dès
qu’avait été consommé l’échec du putsch, le 9 Juin, Mustapha Ould Bedredine, secrétaire
général du principal parti d’opposition (l’Union des forces démocratiques,
U.F.D.), avait analysé l’événement qui avait d’ailleurs surpris : « aucune force politique ne peut être
derrière ce coup d’Etat… il s’agit d’un mécontentement interne à l’armée…
trouver dans le climat politique actuel un élément favorable à leur projet ». Le lendemain, un conseil de crise
des officiers supérieurs réunis autour du Président de la République, constate
que l’armée été politisée à tort,
réduite à son seul service et qu’elle est désormais dénaturée…
Les principaux putschistes en fuite ne
désarment pas, et la purge montre la densité des appuis dont ils continuent de
bénéficier. Le 13 Juin, limogage de celui qui commandait la gendarmerie depuis
1987, le colonel Né Ould Abdelmalek. Le 15, c’est le tour du chef d’état-major
de la garde nationale, en fonctions depuis 1990 : le colonel Wellad Ould
Haimdou, quoiqu’il ait été supposé le sauveur du régime, la semaine précédent.
Même, le colonel Abderrahmane Ould Kekwar, responsable de la marine nationale
depuis 1984, est remplacé (par son adjoint, le colonel Pathé Ba). Complices ou
pas, les proches parents du chef des mutins, sont démis de leurs fonctions, le
18 : Mohamed Ould R’Zeizimou, gouverneur de Nouadhibou, puis Mintate Mint
Hedeit, secrétaire d’Etat à la
Condition féminine et enfin Mahfoudh Ould Lemrabott, président
de la Cour
suprême. Enfin, le 21, on arrête le secrétaire fédéral du P.R.D.S. pour
Noukchott, Mohamed Mahmoud Ould Hamadi, également parent d’Ould Hanenna. Tout
cela à quelques mois de l’élection présidentielle et dans une ambiance
étouffante : le 30, est adopté un projet de loi donnant au gouvernement un
contrôle strict des mosquées et le 7 Juillet, c’est à huis-clos que sous la
présidence de l’homme fort se réunit improviste un congrès extraordinaire du
parti dominant. Louleid Ould Weddad, l’intime directeur du cabinet présidentiel,
est à son tour limogé. Le rapprochement des fins de règne suivant qu’il s’est
agi de Moktar Ould Daddah ou de ses épigones militaires suffirait à
caractériser les seconds, s’il est nécessaire.
L’analyse du président qu’on a failli
renverser inaugure une nouvelle psychose et surtout des ambiguités politiques
qui restent – aujourd’hui encore – décisives. Le 12 Juillet, Maaouiya Ould Sid’Ahmed
Taya amalgame les putschistes et les islamistes, ce qui n’est pas sans effet
politique intérieur puisque l’aile, réputée islamiste, du R.F.D. d’Ahmed Ould
Taya, fait alors sécession à l’initiative de Jemil Ould Mansour, l’ancien maire d’Arafat à Nouakchott qui a
trouvé asile en Belgique. Mais l’analyse militaire a moins d’impact. Selon le président,
les assaillants ont fait « croire à une attaque terroriste ou de brigands contre la
présidence de la République » mais surtout « l’armée est restée loyaliste,
républicaine et entièrement au service de la nation ». La fin de l’année 2003, et toute
l’année 2004, le démentent.
Le 2 Septembre 2003, dans un
enregistrement diffusé par Al-Jazeera, deux des putschistes, Mohamed
Ould Cheikhna et Saleh Ould Hanenna, annoncent la création d’un mouvement armé
clandestin : « les cavaliers du changement ». Objectif :
« un changement pacifique et démocratique en Mauritanie ». Le
pouvoir ne sait plus identifier ses ennemis ou en voit partout. Les 28 et 29
Juillet, une grève des avocats a été suivie à 70% dans tout le pays pour
protester contre l’empêchement de plaider de M° Mahfoudh Ould Bettah, dans des
procès d’islamistes. Il a bien fallu, le 25 Août, prononcer la mise en liberté
provisoire d’une quarantaine d’islamistes présumés, arrêtés depuis Mai pour
« complot contre l’ordre constitutionnel ». Ceux-ci apportent leur
soutien à l’ancien président du Comité militaire, le colonel Mohamed Khouna
Ould Haïdalla, qui s’est porté candidat à l’élection présidentielle. Le 8 Août,
ont été libérés quatre- vingt militaires dont il a été établi qu’ils n’ont pas
soutenu la tentative de putsch, mais le 7 Septembre, cent-vingt-neuf autres, soupçonnés
d’avoir participé à la tentative de pustch, sont inculpés de « haute
trahison » et de « complot contre l’ordre constitutionnel ».
Le scrutin présidentiel du 7 Novembre 2003
est immanquablement pollué par ces diversions ; il n’y manque pas même
l’arrestation – la veille et le lendemain des opérations électorales – du
principal compétiteur d’Ould Taya, son prédécesseur à la tête des comités
militaires, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla. Désormais, la vie
politique est déréglée, elle n’est plus que procès pour complots [7].
Ou tentatives militaires de putsch.
Le 9 Août 2004, arrestation d’un groupe
d’officiers censés prendre le pouvoir à l’occasion du déplacement du Président de
la République,
en France pour l’anniversaire du débarquement allié en Provence, à la fin de la Seconde guerre mondiale
(prévu pour le 15 Août) : les colonels Mohamed Ould Baba Ahmed,
Misqarou Ould Qweyzi, Cheikh Ould Ejdi, Tourad Ould Brahim avec les commandants
Sidati Ould Mohamed Mahmoud Ould Hammdi, Dia Abderrahmane, Salih Ould Sidi
Mahmoud, Brahim Ould Bakar Ould Saybah, Hammad Ould Mohamed Ould Lemine. Cela
fait du monde. Pour justifier cette rafle, le ministre de la Défense, Baba Ould Sidi,
assure que « ceux qui
ont planifié ce nouveau coup sont les mêmes qui avaient dirigé le putsch manqué
du 8 juin 2003 avant de prendre la fuite ». Le 26 Août, le commandant de la gendarmerie, le colonel
Sidi Ould Riha, annonce la fin de l’enquête sur la tentative du 8 Juin 2003 et met en cause le Burkina Faso,
et nommément un conseiller personnel du président Blaise Compaoré. Ce dernier
relaierait la Libye
pour soutenir les tentatives de putsch, alors même que vient de séjourner à
Ouagadougou, le ministre de la
Défense, porteur d’un message personnel d’Ould Taya : la
remise de trois des officiers, prétendûment acteurs dans ce putsch, lui est
refusée. Dès le lendemain, le ministre de l’Information cite nommément l’agent
libyen au Burkina, Mustapha Ould Limam Chafi, dont le père Limam Chafi est
membre du R.F.D. d’Ahmed Ould Daddah… ce qui tombe trop bien. Le 29, il faut
bien libérer « pour insuffisance de preuves » onze officiers et un
inspecteur de police, impliqués – eux – dans la nouvelle tentative de putsch,
celle découverte le 9 Août.
Epilogues ? le 4 Octobre 2004, on
découvre deux caches de matériels de télécommunication qui devaient servir à la
tentative d’Août et, le 9, c’est enfin l’arrestation – à Rosso – du commandant
Saleh Ould Hanenna : un procès équitable lui est garanti. Et l’amalgame
continue : dès le lendemain, arrestation de trois personnalités islamistes
et pas des moindres, le cheikh Mohamed El-Hacen Ould Dedaw, Jemil Ould Mansour
et Moktar Ould Mohamed Moussa, ancien ambassadeur dans le Golfe. Le 4 Novembre,
pour faire bonne mesure, Mohamed Khouna Ould Haïdalla, Ahmed Ould Daddah, et
Cheikh Ould Horma Ould Babana sont inculpés pour avoir financé les
« Cavaliers du changement » et d’avoir directement communiqué avec
Saleh Ould Hanenna. Ils sont laissés cependant en liberté, mais le procès de
Wad Naga se prépare. Sa mise en scène sera sans doute l’un des éléments
précurseurs de la chute du régime de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
Le 21 Novembre, s’ouvre le procès : les
cent quatre-vingt-un putschistes du 8 Juin 2003, tous ceux présumés de
tentatives du 9 Août et du 8 Septembre 2004, et les personnalités politiques
censées les avoir soutenus. Au total, cent-quatre-vingt-quinze prévenus !
Dans la semaine, la palinodie est raillée par une apparition, sur la chaîne
d’information iranienne El-Alem, du
commandant Ould Cheikhna au nom des « Cavaliers du changement ». Le
lendemain, le Président de la
République discourant pour l’anniversaire de
l’indépendance – c’est sa dernière prestation du genre – évoque des « tentatives
criminelles ». Mais c’est bien la nature des régimes militaires ou
défroqués de les appeler ainsi.
[1] - le secrétaire général du Parti du Peuple mauritanien, Moktar ould
Daddah, devant le congrès
extraordinaire, tenu à Noualchott, le 25 Janvier 1978
Nos difficultés sont de
deux ordres :
1- celles que je viens de
passer en revue, c’est-à-dire les effets de la guerre, de la sécheresse et de
la crise économique mondiale.
2- celles liées à nos
habitudes, à nos structures et à nos méthodes, qui se reflètent dans le
gaspillage, l’inefficacité, l’irresponsabilité.
Et il est évident que
pour faire face d’une manière correcte aux premières de ces difficultés, il est
nécessaire, je ne dis pas suffisant, mais nécessaire de surmonter les secondes.
Et là, une autocritique
sérieuse s’impose, et s’impose avec d’autant plus d’acuité que notre pays
connaît actuellement un déficit budgétaire important.
La première constatation
à faire à cet égard est qu’il y a eu, depuis quelques temps, un relâchement
évident dans l’application de la politique d’austérité décidée en 1963.
Ce relâchement concerne
beaucoup de services publics et tout particulièrement les sociétés d’État.
Mais il concerne aussi,
très largement le secteur privé, qui vit nettement au-dessus de ses moyens.
Ce relâchement
s’accompagne d’une tendance, très nette également, à l’enrichissement au
détriment de la chose publique, et peut-être même, aux dépens de l’intérêt
général.
Et c’est celui d’affirmer
avec force, à l’adresse surtout des responsables du secteur public, qu’il faut
choisir entre le service public et la course à l’enrichissement, entre le
pouvoir et l’argent.
La deuxième constatation
est qu’on assiste à des blocages parfois dus simplement à la négligence, au
laisser-aller, à l’irresponsabilité dans le fonctionnement des administrations.
La troisième constatation
est que certains blocages résident dans une compartimentation excessive des
responsabilités avec, pour conséquence, leur dilution dès lors qu’il y a
dualité au niveau des centres de décision.
Des deuxième et troisième
constatations, il résulte nécessairement des lourdeurs dans les rouages, qui
entraîne des lenteurs dans le processus de prise et d’exécution des décisions.
Mais il en résulte
surtout, car tout cela se chiffre, il en résulte une aggravation considérable
des coûts en hommes, en temps, en argent.
Il faut donc revenir impérativement à une appréciation plus juste
de nos moyens, pour les mieux gérer au profit de l’intérêt général.
déclaration
de Moktar Ould Daddah, publiée par CHAAB le 8 Juin 1978
Dans la conjoncture que
nous traversons, conjoncture caractérisée par le triple défi que nous
connaissons, il nous revient parallèlement aux mesures de redressement
économico-financières en cours, de nous pencher avec sérieux sur le problème de
la moralité publique, ou mieux, sur la qualité des rapports entre le
responsable à quelque niveau qu’il soit, et l’Etat.
L’Etat sera fort si ses
lois sont respectées. Les agents de l’Etat sont censés les respecter les
premiers et mieux que les autres.
Or malgré mes directives
maintes fois répétées verbalement ou par écrit, je constate qu’en dépit de la
conjoncture les comportements de certains responsables, loin de s’améliorer,
sont de plus en plus critiquables
(…) deux objectifs :
1° Faire en sorte que les
multiples sacrifices demandés à notre peuple soient équitablement partagés par
tous. Ainsi la paix sociale fondée sur la justice sociale n’en sera que mieux
assurée.
2° Conserver l’image de
dignité et de sérieux que notre pays s’est acquise à l’extérieur. En effet, la
grande crédibilité dont jouit notre pays ne peut être entâchée par des vices
intolérables.
La règlementation des
rapports du citoyen et particulièrement de celui qui détient une parcelle de
pouvoir, avec l’Etat, ne date pas, pour nous musulmans, d’aujourd’hui. En
effet, le Coran a consacré de nombreux versets aux obligations fondamentales du
citoyen vis-à-vis des institutions étatiques.
L’Etat mauritanien, fondé
sur les principes de l’Islam, s’est donné une Constituton et des lois qui ne
font que traduire fidèlement les principes moraux contenus dans notre religion.
Face à ces objectifs, à
la lumière de ces principes, que constatons-nous ?
1° que certains
responsables confondent les biens de l’Etat c’est-à-dire les biens de la
communauté, avec leurs biens propres.
On peut à cet égard
détourner les biens publics de plusieurs manières ; aussi bien en
s’appropriant les deniers publics qu’en utilisant à des fins personnelles les
biens de l’Etat.
2° que de nombreux
responsables ne considèrent pas l’obligation de payer l’impôt comme une
obligation fondamentale. C’est ainsi qu’il a été constaté que certains d’entre
eux ont des arriérés impayés depuis 1974.
3° que plusieurs
responsables qui, refusant de choisir entre le secteur public et le secteur
privé, comme la loi les y oblige, acceptent les fonctions et les salaires de
l’Etat tout en consacrant une partie de leur temps à la gestion de leurs
propres affaires, notamment lorsqu’ils sont actionnaires de sociétés privées.
4° qu’enfin, il y a ceux
qui malgré le sous-développement de notre peuple et la conjoncture difficile
que nous traversons, n’hésitent pas, sans aucune pudeur, à s’enrichir en
accumulant villas somptueuses et autres biens, qui ne correspondent nullement à
leurs revenus de salariés de l’Etat
Tels sont certains des
comportement que je suis décidé à ne plus tolérer. Il y va, je le dis, de la
justice à l’intérieur et de la crédibilité à l’extérieur.
Désormais que l’on sache
que les violations de nos textes, les spéculations et trafics de tous genres
seront combattus et sanctionnés selon les textes en vigueur. Je ne ferai en
cela qu’appliquer l’un des grands principes du 4ème congrès de notre
Parti : la réhabilitation de la récompense et de la sanction, pilier
fondamental de notre démocratie.
Cela dit, deux remarques
s’imposent :
1° Il y a de bons
fonctionnaires et il y a même des hommes et des femmes admirables, souvent
discrets qui, sans contrepartie autre que la satisfaction du devoir accompli,
servent leur peuple, savent respecter les lois de l’Etat.
Ceux-ci
seront dorénavant mieux récompensés qu’auparavant tout comme les malhonnêtes
seront punis plus souvent et plus sévèrement qu’auparavant.
2° Qu’on ne me dise
pas : « Seules des mesures
économiques et financières permettront de relever les défis auxquels nous
devons faire face », car je répondrai : « Sans le redressement
moral, que je viens d’esquisser, il ne peut y avoir de valable redressement
économique et financier. »
Le redressement est un tout. C’est tous
ensemble, chacun à sa manière et à sa place que nous relèverons les défis qui
sont autant d’épreuves dont nous devons sortir vainqueurs : le défi de la
nature, le défi de la crise économique mondiale, le défi de l’agression
algérienne, en bref le défi de notre existence dans l’indépendance, la justice,
la dignité et la prospérité.
[2]
- dans
un entretien accordé à François Soudan dans la nuit du 11 au 12 Juillet 2006 à
Nouakchott, et publié par Jeune Afrique
(n° 2376 du 23 au 29 Juillet 2006), Ely Ould Mohamed Vall évoque le « le système autocratique
en vigueur depuis l’indépendance », souligne que « le changement du 3 Août n’a pas mis fin à un
régime en particulier, mais à tout un système de pouvoir vieux de quarante-cinq
ans et usé jusqu’à la corde »
et indique qu’il n’y a « pas d’enquêtes en cours ou en vue, donc, sur l’origine de la
fortune ou de la propriété de telle ou telle personnalité ? Si nous
mettions le doigt dans cet engrenage, il nous faudrait pousser nos
investigations sur quatre décennies en arrière »
[3] - à
l’avant-veille de sa prestation de serment et de son investiture, Mohamed Ould
Abdel Aziz déclare au cours d’un entretien accordé à Hichem Ben Yaïche, pour New African n° 25, repris par Cridem, le 7 Août 2009 : « Je suis convaincu que
l'on peut faire beaucoup pour ce pays, qui est riche. Je n’ai cessé de le dire,
et je le prouverai. Malheureusement, la Mauritanie a été victime de son élite et d’une
classe politique qui ont régné sur le pays pendant 50 ans, de l’indépendance à
aujourd'hui. En parlant de classe politique, je ne désigne pas des individus en
particulier. Ce sont une vision, une stratégie, une conception et une façon de
faire qui ont été néfastes. Grâce au peuple mauritanien, la page est maintenant
tournée. »
[4] - décidée
par le 3ème congrès ordinaire du Parti, tenu à Nouakchott, du 23 au
27 Janvier1968, l’intégration des forces armées est très mûrie, concertée et
expliquée ; elle est débattue avec et entre les militaires, elle est
évidemment spécifique ; elle est tout simplement civique. En séminaire des
cadres de l’armée, les 24 et 25 Février
1969, le chef de l’Etat définit l’armée, école de civisme par
excellence, la vocation militaire et économique de l’armée et en conclut que le
soldat doit être un militant exemplaire – Paradoxalement, c’est le colonel
Cheikh Ould Boïdé, président des diverses cours de justice ou de sûreté de
l’Etat dans la première décennie des militaires, qui, au grade de capitaine,
est le « secrétaire de la mission chargée d’étudier le problème de
l’intégration au Parti de l’Armée et des autres Forces de Sécurité ». Il
rédige le compte-rendu de « la mission de préparation psychologique des
Forces (armée – gendarmerie – garde nationale) en vue de leur intégration
future au sein du Parti » qui, du 5 au 11 Juin et du 22 au 25 Juillet
1969, visite les garnisons de Moudjeria, Néma, Aïoun, Kiffa, Kaédi, Rosso,
Atar, F’Derick, Bir-Moghrein et Nouadhibou. – Ce compte-rendu, signé le 31
Octobre 1969, est visé par le président Moktar Ould Daddah le 11 Novembre… sans
annotation
7 Septembre 1986 : arrestation d’opposants accusés d’atteinte
à l’unité de l’Etat, parmi lesquels de nombreuses élites mauritaniennes
originaires de la vallée du Fleuve
22 Octobre 1987 : semblant de coup d’Etat militaire par des
officiers Toucouleurs et trois exécutions
6 Décembre 1990 :
tentative prétendue de coup d’Etat et, dans les semaines qui suivent, massacre
de 500 militaires Toucouleur
28 Avril 1980 : déjà en instance de départ à l’aéroport de
Nouakchott, Haïdalla annule au dernier moment sa participation au premier
sommet économique de l’OUA qui doit commencer le jour-même à Lagos ;
arrestations Mohameden Ould Babah, Abdoulaye Baro, Abdallahi Ould Ismaïl, Sidi
Ould Cheikh Abdallahi et d’Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre des Affaires
étrangères et cousin de l‘ancien chef d’état-major ;
16 Mars 1981 : tentative manquée des lieutenants-colonels Mohamed Ould Ba Abdel-Kader et Ahmed
Salem Ould Sidi, qui sont fusillés avec deux de leurs compagnons
6 Février 1982 : arrestations de
l’ancien président du Comité militaire et chef de l’Etat, le colonel Moustapha
Ould Mohamed Saleck et de l’ancien Premier ministre Ould Bneijara, accusés
d’avoir tenté un coup d’Etat
17 Mars 1982 : découverte d’un complot
« baassiste pro-irakien »
[7] - du 1er au 28 Décembre 2003, celui du colonel
Mohamed Khouna Ould Haïdalla et d’Ismaïl Ould Amar, député dont l’immunité a
été levée dans des conditions contestables
du 21 Novembre 2004 au 3
Février 2005, procès des complots de Juin 2003 et Août 2004, à Wad Naga
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