69 .
3 Juillet 1964 & 12 Juillet 1991
le Sahara administré par l’Espagne ne peut
être l’objet
de négociations qu’avec la Mauritanie et non le
Maroc
&
approbation par referendum d’une nouvelle
Constitution
La veille, Sidi Bouna,
ambassadeur à Madrid, a été reçu par Castiella, le ministre espagnol des
Affaires Etrangères : l’Espagne se dit surprise de la réaction mauritanienne
au sujet des entretiens qu’il doit avoir du 3 au 7, à Rabat. Elle n’est en
pourparlers ni avec les Mauritaniens ni avec les Marocains, et ce voyage ne
changera pas la position de l’Espagne sur ses territoires africains. Quelle est
cette position ? alors que les Canaries sont à cent cinquante kilomètres
des côtes sahariennes. Le 30 Avril
précédent, l’Espagne s’est déclarée en faveur de l’application du
principe de l’autodétermination au Sahara occidental ; elle fait
donc, pour la première fois, application de la résolution 1574 des Nations
Unies [3].
Mais comment la croire à Nouakchott puisque depuis l’indépendance marocaine,
elle rétrocède à Rabat ses possessions sans consultation ? Ainsi, le 1er
Avril 1958, en conclusion de la conférence de Cintra : l’Espagne cède au Maroc la Tekna, seul territoire au
sud du Draa à lui revenir et qui devient la province de Tarfaya. A partir
du 30 Mai 1959, le Maroc " décide
de procéder à une implantation massive des forces armées royales dans la
province de Tarfaya ". Le 1er Janvier 1969, l’Espagne rétrocèdera
Ifni au Maroc, à la suite d’une résolution, votée le 19 Décembre 1968, par
l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le Sahara encore administré par
l’Espagne et sur Ifni : le texte distingue nettement et pour la première
fois le Sahara et l’enclave d’Ifni.
La
Mauritanie ne se fonde
pas tant sur le droit, que sur le fait. Répliquant bien avant sa propre
indépendance à la pétition marocaine [4],
elle a retourné l’argumentation d’Allal el Fassi en montrant que l’ensemble
mauritanien est bien plus vaste que ne l’a été le territoire d’outre-mer
français, même compte-tenu du rattachement du Hodh [5].
Moktar Ould Daddah a consacré, le 1er Juillet 1957, son premier
discours (cf. Le Calame 4 Juillet
2007 & 1er Juillet 2008 . chronique anniversaire) – exprès hors du chef-lieu, Saint-Louis-du-Sénégal – à
appeler, depuis Atar, les populations administrées par l’Espagne, et même
celles que la France
administre alors depuis Bamako, voire celles des confins marocains [6].
En réponse, il reçoit la « soumission », le 10 Avril 1958, à Fort-Gouraud, de 3.000
Regueibat. Ceux-ci sont représentés au congrès d’unification des partis
mauritaniens, tenu à Aleg du 2 au 5 Mai 1958, par Khattri Ould Saïd Ould Joumani
[7].
Le 7 Novembre 1961, à El Ayoun, leurs
chefs tiennent conférence. Il est question d’une consultation des populations
et de la mise sur pied d’une armée commandée par Khattri Ould Joumani, Mohamed
Maouloud Ould Saleck et le caïd Salah. Moktar Ould Daddah leur adresse un message et la Mauritanie est
représentée par Ida Ould Khellil. Mais le processus d’une unification par la
base tribale s’interrompt. Prévue pour se tenir du 25 au 28 Décembre, la djemaa
Regueibat de Tifariti n'a pas lieu : elle aurait réuni les Regueibat des
quatre territoires mauritanien, espagnol, marocain et algérien. Le 1er Juillet 1962, au moment de l’indépendance
algérienne, Moktar Ould Daddah reçoit le chef des Regueibat nomadisant au
Sahara sous administration espagnole.
La relation du Maroc avec la République Islamique
n’est pas éclaircie. Sans doute, pendant sa
visite officielle à Dakar (du 24 au 27 Mars) le roi Hassan II
inaugurant, le 27, la
Grande Mosquée, a bien déclaré que « l’ère
des conquêtes est révolue. Je dirai aux pays d’Afrique qu’il n’est pas de salut
que dans l’unité et que l’immixtion dans les affaires intérieures d’un Etat
constitue le plus grand danger et que l’on doit respecter la volonté des
peuples qui se sont choisis un régime ». Sans doute aussi, du 17 au 21 Juillet, au
Caire, à l’occasion de la seconde
conférence des Chefs d’Etat de l’Organisation de l’Unité africaine, le roi du
Maroc, qui a accepté de venir, se trouve siéger aux côtés du président Moktar
Ould Daddah et les deux ministres des Affaires Etrangères, s’étant rencontré
informellement, ont mis fin à la « guerre des ondes ». Le 18 Juillet,
le Président a donc dit, en conférence de presse, espérer régler la question du
Sahara par la voie de négociations pacifiques, précisant même que « lorsque les circonstances seront
meilleures pour nous, les forces françaises évacueront la Mauritanie ». De fait, le 19 Août 1964, lors
d’un remaniement ministériel au Maroc, le ministère des Affaires sahariennes et
mauritaniennes est supprimé, ce dont Nouakchott prend acte
officieusement : l’ex-émir du Trarza, Mohamed Fall Ould Oumeir, ne figure
plus sur la liste gouvernementale marocaine [8].
Du 12 au 16 Octobre 1964, au « Comité
des 24 » des Nations Unies, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske et Dey Ould Sidi
Baba, respectivement représentants de la Mauritanie et du Maroc, polémiquent sur le Sahara
sous administration espagnole. Le premier a fondé, au moment du referendum
d’adoption de la nouvelle Constitution française et donc de nouveaux rapports
franco-africains, un parti passant pour favorable au Maroc, et le second a
participé au premier gouvernement de l’autonomie interne mauritanienne. Le
débat montre – s’il était besoin – que le Maroc ne peut seulement
« revendiquer » la possession espagnole au Sahara qu’en revendiquant
l’ensemble mauritanien. A terme, si cette revendication générale doit tomber, la Seguiet-el-Hamra et le
Rio de Oro ne peuvent qu’être réunis à la Mauritanie anciennement administrée par la France, co-partageante avec
l’Espagne depuis 1900.
En 1962, revendiquant [9]
les attentats perpétrés contre des Français à Nema, le 29 Mars, et à Nouakchott
le 19 Avril, depuis le Mali, Rabat n’a pas de prétention sur la seule
possession espagnole en tant que telle, mais sur l’ensemble mauritanien. Le
discours du trône, prononcé le 3 Mars,
annonçait que sera poursuivie "la lutte contre toutes les entreprises qui visent à
maintenir hors du territoire marocain et à les y soustraire les parties qui lui
ont été arrachées, en particulier mauritaniennes et à y libérer ses habitants ". Le 30 Juin suivant, Fall Ould
Oumeir, l’ancien émir du Trarza, réaffirme le caractère marocain de la Mauritanie qu'il
s'agisse de la Mauritanie
française ou espagnole.
Déjà belligène, mais militairement
contenue depuis 1958 par la
France et accessoirement l’Espagne, la revendication
marocaine tourne à la confrontation militaire avec l’Algérie dès l’indépendance
de celle-ci. C’est alors que la question change d’intitulé, elle n’est plus
mauritanienne mais saharienne. C’est la question de Tindouf. Sous l’autorité
française – le « commandement des Confins » [10]–
elle ne se posait pas. Des Tadjakant et des Regueibat de Tindouf se rendent à
Tetouan, le 15 Août, pour y rencontrer
le roi du Maroc et, le 4 Septembre, ce sont les premiers incidents à Tindouf.
Dès le 4 Juillet, surlendemain de la reconnaissance par la France et par la Mauritanie de
l’indépendance de l’Algérie, Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah et Touré Racine
s'étaient entretenus à Colomb-Béchar avec le préfet de la Saoura. La
« mauritanité » de la région leur avait paru évidente. Le 9 Octobre,
c’est dans la région de Tindouf, que des Regueibat se heurtent avec l'armée
algérienne.
Huit jours après de graves incidents
frontaliers entre Algérie et Maroc, le 19 Septembre 1963, le ministre mauritanien des
Affaires étrangères, Sidi Mohamed Deyine, expose, aux Nations Unies, devant le
"Comité des 24" la position mauritanienne sur le Sahara sous
administration espagnole. C’est une partie intégrante de la République Islamique
de Mauritanie, mais le problème sera réglé pacifiquement grâce aux excellentes
relations existant entre l’Espagne et la Mauritanie… contraste total avec le début de la
« guerre des sables » que marquent du 8 au 14 Octobre 1963, des accrochages entre les forces
algériennes et marocaines à Hassi Beïda et Tindjoub marquent le début
d’opérations de guerre dans la région de Tindouf et des Confins.
La Mauritanie, dès le début
des années 1960 a
donc une position très simple sur la partie du Sahara qu’administre
l’Espagne : 1° c’est une partie d’elle-même, 2° c’est donc avec elle que
le colonisateur doit envisager l’avenir, ce qui sera encore exprimé en dialogue
des ministres des Affaires étrangères, le 20 Août 1968 [11]
et auquel elle feindra de croire [12],
3° l’issue et les moyens doivent rester pacifiques et Moktar Ould Daddah
refusera d’organiser au sud de la possession espagnole la « marche
verte » déclenchée au nord par le roi Hassan II quand commence d’agoniser
le général Franco. Mais les initiatives marocaines, notamment la saisine des
Nations Unies, puis les répliques espagnoles sous forme de projets
référendaires rendront cette ligne mauritanienne intenable : la question à
partir de 1966 ne peut plus être bilatérale, si elle le fut jamais. Le paradoxe
– aujourd’hui – de l’impossibilité constatée par les Nations Unies de tenir un
referendum selon des modalités acceptées par toutes les parties prenantes ou
concernées, y compris le Front Polisario, est que la Mauritanie – à cause de
son retrait de 1979 – redevient probablement la solution à terme.
Le vendredi 12 Juillet 1991, les Mauritaniens approuvent
une Constitution par referendum : sur le papier, les résultats
impressionnent. Participation de 85,34% et 97,94% oui, pour 800.000 inscrits et
729.512 votants. L’improvisation est totale puisque le texte a été préparé et
rédigé à huis-clos et que la première autorisation d’un parti politique n’a
lieu que six semaines après la consultation [13].
Le 15Avril précédent (cf. Le Calame 7
Avril 2009 & 13 Avril 2010. chronique anniversaire), à la surprise de beaucoup, le président
du Comité militaire de salut national (C.M.S.N.), avait conclu le Ramadan sur
les ondes, en annonçant « un referendum pour l’adoption d’une
constitution ». la réponse
populaire est négative et l’ambiance franchement mauvaise : premières
émeutes de la faim, à Nouadhibou, le 2 Juin (cf. Le Calame 4
Juin 2008 . chronique anniversaire), réveil démocratique avec
pour réplique la répression par des arrestations systématiques des chefs de
l’opposition, laquelle est illégale puisqu’aucun parti ou mouvement politique
n’est plus autorisé depuis le renversement du président Moktar Ould Daddah, le
10 Juillet 1978, et la « suppression » du Parti du Peuple
Mauritanien, sans doute parti unique de l’Etat mais consensuellement fondé et
constitutionnalisé à l’époque fondatrice du pays, trente ans plus tôt.
Dès le 18 Juillet, depuis Paris, le Mouvement national démocratique assure que le gouvernement « a manipulé les résultats du récent referendum sur la nouvelle constitution en raison de la faiblesse de la participation ». Le M.N.D. l’évalue entre 8,02 et 23,08 %, en effet seules les régions désertiques ne comptant que 5% de la population, ont vraiment participé : Adrar 86,07 %, Tiris Zemmour 69,13%, Inchiri 92,52%. « Le refus du peuple mauritanien de participer au vote est un désaveu clair et sans appel de la tentative d’Oud Taya de transformer le processus démocratique en une simple opération de ravalement d’une dictature sanglante ». Pour ce parti, clandestin dès sa fondation plus de vingt ans auparavant [14], seul vaut le processus tenté ailleurs et recommandé au sommet franco-africain de La Baule : « convocation d’une conférence nationale souveraine et installation d’un gouvernement d’union nationale de transition ». Le pouvoir au contraire persiste dans sa démarche exclusive, mais si rien n’est concerté avec une opposition [15] qu’il ne reconnaît pas, les fondements législatifs d’un régime de liberté apparaissent. Le 25, le C.M.S.N. adopte deux ordonnances. L’une organisant l’autorisation de la création de partis politiques sauf des « partis islamiques » et interdisant « toute propagande hostile à l’unité nationale », et l’autre instaurant censément la liberté de la presse [16]. Le 29, une ordonnance proclame une amnistie générale pour tous crimes ou délits d’atteinte à la sûreté de l’Etat. La portée est limitée : en bénéficient les huit personnalités arrêtées au début de Juin et l’ancien numéro du régime, disgrâcié l’été précédent, Djibril Ould Abdallahi ; les expatriés pour raison politique peuvent rentrer « à tout instant » mais l’amnistie ne concerne pas les pseudo-putschistes noirs [17]. Certes, le gouvernement est remanié, le 27. Mais c’est pour que le colonel Ahmed Ould Minnih, précédemment chef d’état-major de l’armée après avoir été ministre des Affaires étrangères, devienne ministre de l’Intérieur en remplacement de Cheikh Sid’Ahmed Ould Baba. Il est lui-même remplacé à l’état-major par lieutenant-colonel Moulaye Ould Boukhreiss, précédemment directeur général d’Air Mauritanie. La junte reste plus que jamais au pouvoir, même si les commentateurs assurent que « la Mauritanie se lance dans l’expérience du multipartisme … le système du parti unique sous le régime civil du président Moktar Ould Daddah de 1960 à 1978 avant de connaître une dictature militaire … sous ces deux régimes, la liberté d’opinion et d’expression n’était pas reconnue. La répression et des emprisonnements ont frappé tour à tour les Kadéhines (marxistes), les Nassériens et les Baassistes (panarabes) et plus récemment les FLAM… ». Pourtant, exactement comme à la suite de l’élection présidentielle du 18 Juillet 2009, les F.L.A.M. apprécient positivement le nouvel état de choses et annoncent, le 30 Juillet, la « suspension immédiate de la lutte armée » ; « réponse à l’évolution politique récente, intervenue en Mauritanie, fruit de la lutte de notre peuple dont les FLAM ont été l’élément moteur », ce qui n’empêche pas, le 12 Août, une manifestation à Nouakchott de quelques 150 femmes réclamant une commission d’enquête sur les disparus : dispersion brutale, 40 blessées.
Ce contraste fort entre la promulgation de
textes libéraux et le maintien de l’arbitraire distrait d’un examen approfondi
de la nouvelle Constitution, d’autant que les opposants – penchant à l’époque
pour le boycott de l’élection présidentielle à venir tant le scrutin
référendaire a paru suspect – s’arrêtent à la dénonciation d’un article (104)
ajouté au texte référendaire, et qui leur semblent permettre la perpétuation de
la dictature.
Le texte [18]
approuvé par le Comité militaire le 9 Juin, consacre celui-ci comme autorité de
transition d’ici la mise en place des institutions prévues par la Constitution ;
visant in fine la Charte
militaire du 9 Février 1985, il en admet donc la légitimité, d’autant plus
nettement que les deux Constitutions originelles de la Mauritanie, celle du 22
Mars 1959 révisée le 20 Mai 1961, ne sont – elles – en rien mentionnées. Entre
deux fondations, celle du 20 Mai 1957 et celle du 10 Juillet 1978, la Constitution du 20
Juillet 1991 confirmé le 25 Juin 2006, a choisi. Pourtant, la rédaction combine
– parfois mot pour mot – la
Constitution française de 1958 et la Constitution
parlementaire mauritanienne de 1959 : ainsi, la dissolution peut être
obtenue de deux manières, ce qui fut dramatiquement oublié il y a deux ans… et
n’est-elle pas seulement une prérogative du Chef de l’Etat selon le modèle
français. Celui-ci semble n’avoir été repris par le constituant mauritanien
qu’à travers son adaptation par… l’Algérie ! : Constitution du 23
Février 1989 pour ce pays. Une Algérie, dominée pour quelques mois encore,
au moment de la mûe du régime de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, par un parti
unique : le F.L.N. et par l’armée.
Rédigé par un « cénacle de juristes
nationaux » [19],
prenant pour schéma directeur le discours du président du Comité militaire,
prononcé à la veille de l’Aïd El Fitr, le texte a été présenté en débats
publics, mais aucun travail préparatoire n’a été publié, la liste complète des
juristes préposés est restée intime, les tracts d’opposition et d’éventuels
amendements en conseil des ministres puis lors de l’examen final au sein de la
junte ont été d’un impact impossible à mesurer. Héritiers le 3 Août 2005 – sans
le dire, mais en fait et en esprit – du précédent Comité, celui X fois remanié
de 1985 à 1991, les membres du Conseil militaire pour la justice et la
démocratie ont procédé dans le même secret pour le referendum du 25 Juin
2006 : aucune publication des étapes de la rédaction du projet, sinon
lesdélibérations recueillies en journées de concertation nationale du 25 au 29
Octobre 2005, pas de liste des constituants ni des experts consultés.
L’originalité du referendum du 12 Juillet
1991 est donc double. Ce scrutin inaugure la manière des dictatures en
Mauritanie de se faire plébisciter sous l’apparence du pluralisme et de textes
aux intitulés importés ; il aura été contesté comme tous ceux qui
suivront, sauf celui de 2007. Le texte adopté permet que se perpétue un
pouvoir, originellement de fait, et ne changeant pas sa pratique autoritaire.
En regard, le système auquel a mis fin le premier des coups militaires – le 10
Juillet 1978 – était sans doute celui d’un parti unique constitutionnel, mais
c’était avoué, cela avait été consensuellement établi, les travaux
préparatoires de 1959 et de 1961étaient publiés à mesure, les modifications
débattues en séance publique de l’Assemblée nationale, le régime était
délibératif. Et évolutif.
[1] - si, depuis les campagnes de presse
d’Allal el Fassi et le « livre rouge » marocain, la thèse de Rabat a
été souvent publiée (son expression la plus récente est d’un ancien responsable
des forces armées royales au Sahara : Boughdadi Mohamed, Le conflit saharien . Une nouvelle
lecture dans un nouveau contexte international - éd. Arissala . Rabat –
2001 – 281 pages), il n’y a pas eu depuis le « livre vert »
mauritanien, antérieur à l’indépendance de la République Islamique,
un exposé suivi de l’argumentation de Nouakchott. Il faut considérer qu’en
tient lieu le remarquable exposé présenté à
[1] - si, depuis les campagnes de presse
d’Allal el Fassi et le « livre rouge » marocain, la thèse de Rabat a
été souvent publiée (son expression la plus récente est d’un ancien responsable
des forces armées royales au Sahara : Boughdadi Mohamed, Le conflit saharien . Une nouvelle
lecture dans un nouveau contexte international - éd. Arissala . Rabat –
2001 – 281 pages), il n’y a pas eu depuis le « livre vert »
mauritanien, antérieur à l’indépendance de la République Islamique,
un exposé suivi de l’argumentation de Nouakchott. Il faut considérer qu’en
tient lieu le remarquable exposé présenté à ma Courinternationale de La
Haye en Mars 1974, qu’a documenté et rédigé principalement
Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah :
156 pages dact. + 46 pages d’annexes +
XVI
[2] - Moktar Ould Daddah consacre un chapitre entier – le
dernier – de ses mémoires (La Mauritanie contre vents et marées Karthala . Octobre 2003 . 669 pages –
disponible en arabe et en français) à la
réunification, mais n’argumente pas celle-ci, qui va de soi : le
discours prononcé à Atar sur l’ensemble mauritanien fait l’exergue de son
livre-testament. Il ne s’attarde pas à l’exposé des discussions aux Nations
Unies sur le sort de la possession espagnole
[3] - le 9 Août 1963, l’Espagne avait annoncé sa décision
d’accorder une large autonomie à ses possessions d’Afrique équatoriale, mais
sans se référer à la résolution 1574 et sans rien dire sur la Sahara occidental
[4] - articulée le 27 Mars 1956, au Congrès
de la Jeunesse
de l’Istiqlal, c’est d’abord la position du seul Allal El Fassi devant un
auditoire de son pays à propos de “les
droits politiques du Maroc sur le Sahara occidental ”, mais aucune
résolution du Congrès ne fait écho à ses thèses – elle devient celle du roi
Mohamed V : le 25 Février 1958, s’étant rendu à M’Hamid du Draa, il
réplique ainsi à l’opération “Ouragan” dont la fin est annoncée le même jour
par les Français
[5] - le 5 Juillet 1944
[6] -
« cette solidarité déborde nos frontières, elle
englobe les populations Maures du Sahara Espagnol et des confins Marocains. Il
m’a paru nécessaire de faire connaître aux uns et aux autres ce que nous
entendons faire de la
Mauritanie pour susciter leur compréhension, les intéresser à
nos efforts et leur montrer la part qu’ils peuvent y prendre. (…)il faut encore
ajouter la vocation saharienne de la Mauritanie et c’est ici que je m’adresse plus
particulièrement à nos frères du Sahara espagnol.
Je
ne peux m’empêcher d’évoquer les innombrables liens qui nous unissent :
nous portons les mêmes noms, nous parlons la même langue, nous conservons les
mêmes nobles traditions, nous vénérons les mêmes chefs religieux, faisons
paître nos troupeaux sur les mêmes pâturages, les abreuvons aux mêmes puits. En
un mot, nous nous réclamons de cette même civilisation du désert dont nous
sommes si justement fiers.
Je convie donc nos frères
du Sahara espagnol à songer à cette grande Mauritanie économique et spirituelle
à laquelle nous ne pouvons pas ne pas penser dès maintenant. Je leur adresse et
je vous demande de le leur répéter, un message d’amitié, un appel à la concorde
de tous les Maures de l’Atlantique à l’Azaouad et du Draa aux rives du Sénégal.
(…) A ces Réguibats du Sahel et du Charg, nomades de
[7] - créé le 5 Août 1933 par le décret
organisant les confins algéro-marocains et instituant un commandement militaire
unique, il est supprimé le 18 Février 1956, quinze jours avant la
reconnaissance par la France
de l’indépendance du Maroc
[8] - à Bordeaux, les entretiens de Fernando
Castiella et de Hamdi Ould Mouknass, respectivement ministres des Affaires
Etrangères espagnol et mauritanien à propos du Sahara dit espagnol, aboutissent
à une coopération politique au Sahara, la Mauritanie fournissant des professeurs d’arabe et
des cadis, doublant la coopération économique générale entre les deux Etats.
L’Espagne affirme n’avoir jamais parlé du Sahara avec Rabat
[9] - le 30 Septembre 1970, commentant les réactions espagnoles au
« sommet » tripartite de Nouadhibou (Algérie-Maroc-Mauritanie),
l'ambassadeur de Mauritanie à Madrid rapporte à Noualchott que « le
Gouvernement espagnol n'a pas, croit-il savoir, des raisons de s'inquiéter à court
terme sur l'avenir du Sahara » et que « seules les revendications de
notre pays sont sérieuses et peuvent être prises en considération, répéterait
le général Franco »
[10] - 24 Août 1991, le Rassemblement pour la
démocratie et l’union nationale (RDUN) est autorisé officiellement : il
est dirigé par le maire d’Atar, ancien ministre de Moktar Ould Daddah, chef des
Smacides auxquels appartient tribalement le tenant du pouvoir à l’époque. Ahmed
Ould Sidi Baba, après avoir présidé le Conseil économique et social avant le
putsch du 6-Août, est depuis le congrès du parti d’opposition A.D.I.L., tenu
les 18-20 Juin 2010, responsable de son orientation politique
[11] - fondé en 1968 et étiqueté marxiste par les observateurs,
il publie en Février 1979 une très cohérente, quoique contestable, contribution
à l’étude de la question nationale
[12] - le 18 Mai 1991, six partis ont constitué un Front
démocratique uni des forces du changement
[13] - à la clôture de la campagne pour l’élection
présidentielle en Janvier 1992, on compte 27 journaux
[14] - le 21 Août, Amnesty international
publie une liste de 339 personnes tuées en détention « la plupart étaient
des officiers de l’armée ou des fonctionnaires appartenant aux groupes
ethniques noirs originaires du sud du pays … Bien que les autorités aient
affirmé qu’ils avaient participé à une tentative de coup d’Etat, il semble
qu’ils ont en réalité été arrêtés du simple fait de leur origine ethnique »
[15] - La nouvelle
Constitution mauritanienne étudiée par Ahmed Salem Ould Boubout,
professeur agrégé de droit public – recueil
Penant Mai-Septembre 1994, pp. 129 à 161
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