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Sent: Friday, April 25, 2014 9:03 PM
Subject: D'un citoyen français d’extraction Bidhane
Réponse à votre
honorable ami Mauritanien « éberlué » par l’ambassadeur de
France.
Assurément, notre
ambassadeur est déficient mental et moi
parfaitement débile. Nous ne comprenons pas les évidences de cet honorable
notable.
Aux points 1 et
5:
L’actuel président
Mauritanien, aurait inauguré
l’insouciance et l’absence d’Etat en Mauritanie. Il s’inscrit en rupture
avec un pays «réel» qui aurait
démontré le contraire avant lui. Le
président mauritanien serait un personnage hors sol, échu à une
Mauritanie «profonde», à qui il ne ressemblerait d’aucune manière. C’est
sûrement évident!!
La non appropriation de
ces évidences serait acceptable si notre «obscurantisme» ne semblaient avoir
reconnus que « l’aberration biram » était peut être annonciatrice de la plus importante refondation de la société
bidhane depuis char bebbe.
Sur ce point notre
Ambassadeur peut admettre, pour mieux se faire
voir, que des «obscurantistes»
n’entendent rien à l’histoire. Qu’ils peuvent confondent les faits de
portée historique avec de simples
conjonctures des luttes politiques. Mais
cela ne résoudrait pas « la question biram»!
De la même manière que
l’on peut plaider à décharge, pour ceux
qui sont trop accaparés par l’emprise de
« l’ici et maintenant» occasionnées par
les fragilités structurelles de la vie
quotidienne. Lesquelles expliquent peut
être tout mais n’autorise pas à
la myopie paradoxale de la part d’un peuple face à son histoire en
accélération.
Quoi qu’il en soit,
l’honorable notable ne voudrait pas seulement que l’on boive sa parole mais aussi que l’on agisse selon son expérience!
La capacité «prospective» de sa
génération, n’ayant pas prévu «le fait biram», il s’agit nécessairement d’un artéfact de l’histoire!
Sauf que l’ambassadeur déficient y voit une mutation et se cramponne à un fondement de son métier: accompagner les
invariants préexistants ou acquis du pays où il sert.
Le malentendu est
inévitable dans ces conditions. Le notable est tout à fait disposé à recycler
«l’aberration biram» comme la question
de l’esclavage, comme toute autre
matière première, pour servir les luttes autour du pouvoir. Il est dans «le moment». Quand l’obscurantiste
se perd à donner stature à l’insignifiant….. .. Ou ce qui serait trop pénible à
regarder en face !
Qui est aveugle? Notre
ambassadeur ou le notable «éberlué» ?
L’ambassadeur bien entendu, puisque la
Mauritanie est si spéciale, si
singulière que seuls les
mauritaniens peuvent la comprendre!! Leur médiation indispensable est
attendue et souhaitée accompagnée de leur
agenda historique. Lequel sera absolument respecté, dès lors qu’il sera
disponible.
Au point
2 :
Le colonialiste
déficient, va sans doute reconnaître «l’Africain»; à court d’arguments et
de moyens!!! Lequel croit intimider la
conscience de «l’européen» en se drapant de l’offense qui lui serait faite en
déni de « civilisation et de sa
culture »
Si cet ambassadeur
valait quelque chose, il devrait rester pétrifié par sa mauvaise conscience,
comme certains mauritaniens le sont, face à un esclavage encore effectif et
commun il y a 40 ans. Après tout,
l’abolition du travail forcé des indigènes d’Afrique ne date que de 1946.
Mais que voulez-vous?
L’émoussement des affects fait parfois la force de certains déficients mentaux!
Notre Ambassadeur semble affranchi de l’histoire coloniale culpabilisante et se
croit obliger de comprendre la Mauritanie
comme elle est et non
comme elle a peur de devenir ou comme elle souhaite paraître.
Décidément, il n’y a
plus que des affranchis en Mauritanie!!!........... Même Biram pourrait s’en
rendre compte… Un jour!
Dans l’accusation de
«gâchis en matière d’état de droit, de justice, d’économie » notre ambassadeur
n’entendra rien. Car en mauvais colonialiste,
il verra encore «un
africain» qui oppose «à l’occidental » ce qu’il fait si mal,
pour son propre compte! Car si la
démocratie était de désir, d’initiative
et de construction mauritanienne, cet
ambassadeur aurait-il quelque chose à y faire?
Au point
3 :
Arrive l’immanquable
reproche de mépris. L’inculture de cet ambassadeur est manifeste. Il ne prend
plus la peine d’honorer par ses visites les «résidences de territorialité»
ethno-tribales de l’élite locale. Il
n’aurait pas appris à se donner à « l’intégration familiale» qu’apprécient les
africains et que décrivent tous les bons manuels de la période post coloniale
immédiate. Le notable peut être compris dans son étonnement de voir un diplomate
ne pas rester figé dans un type de médiation qui crée du lien.
Par quelle prétention
d’anticipation de l’avenir notre ambassadeur est-il encore égaré? L’obsolescence
de la propension africaine « à mettre»
dans la famille, les gens que l’on aime bien?
Au point 4 :
Assurément notre
ambassadeur de France n’a même pas fait ses classes chez les Jésuites: il dit les
choses!
Il constaterait le
«désastre» que constitue pour les
opposants traditionnels la dernière législative. Mais semble ignorer «qu’en
Afrique on à jamais vu un ancien chef de village» (1)
L’ambassadeur constate
l’ascension d’une génération nouvelle et une nouvelle opposition incarnée par
Tawassoul. Il semble aussi que le notable en convienne dans la substance: «Les Islamistes sont d’une
importance relative mais de toute façon
ils sont avec l’opposition immuable». Comme c’est mieux dit!
Mais «l’obscurantiste»
voudra entendre ce qu’il a déjà entendu: un chef de village soninké, constate
que le champ de mil est mieux tenu par son lointain cousin; mais gaspille son énergie à rappeler sa
prééminence gérontocratique tout en
insistant sur le fait que « le petit» est de sa famille.!!
Pour conclure, j’invite
notre ambassadeur à davantage
correspondre avec mon ami ould kaige.
Lui, regarde autant devant, qu’il
sait parler aux notables et aux
prétendants à notabilité.
Mais qu’il reste en
poste en Mauritanie, car un ambassadeur plus jeune risque de nous faire passer pour des sauvages au lieu
d’obscurantistes.
Il ne faudrait tout de
même pas que les mauritaniens apprennent que nous mettons nos quadras en catégorie seniors et que nous ne
savons plus valoriser nos «has been»….. A tort, il est vrai!
(1) de Félix Houphouët boigny
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