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Sent: Sunday, April 13, 2014 2:02 PM
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Mauriweb - Cridem
13-04-2014 11:19 - Le Président, les engagements, les dialogues et les accords
par Yeslem Ould Ebnou Abdem
Mauriweb
- Au moment où s’engage un nouveau dialogue entre le Pouvoir et les
composantes de l’Opposition autour des voies et moyens d’organiser des
élections libres et consensuelles, il m’est venu à l’esprit, dans ce
contexte où les leçons doivent être tirées du passé pour envisager
l’avenir avec lucidité, de faire certains rappels relatifs à la longue
expérience du Pouvoir en place avec les engagements, les dialogues et
les accords, afin de rafraîchir la mémoire des négociateurs et de ceux
qui les délèguent.
- L’ensemble des membres du Conseil Militaire pour la justice et la Démocratie (CMJD) avaient, au lendemain du coup d’état du 3 Aout 2005, pris l’engagement solennel et officiel, devant le peuple mauritanien et devant la Communauté internationale, de regagner leurs casernes et de renoncer définitivement à toute activité politique une fois les élections organisées et les nouvelles institutions constitutionnelles installées.
Tous ont tenu cet engagement sauf le Chef de l’Etat actuel qui s’est maintenu à la tête du Bataillon de la Sécurité Présidentielle (BASEP) qu’il a utilisé comme moyen de pression et de chantage sur le nouveau pouvoir.
· L’ensemble des membres du CMJD s’étaient engagés publiquement sur leur honneur d’observer une stricte neutralité dans tout le processus électoral, notamment les élections présidentielles de 2007. Tous ont fondamentalement respecté cet engagement. Ceux qui, parmi eux y ont dérogé, ont eu la pudeur de le faire de manière timide et indirecte. Quant à Mohamed Ould Abdel Aziz, il avait installé, au grand jour, un quartier général de campagne dans l’enceinte du BASEP et répété à qui veut l’entendre qu’’’aucun autre candidat que le sien ne posera pied à la Présidence, même si toute la population de la Chine vote pour lui’’.
· Lorsque le Président élu a voulu exercer les prérogatives que lui confère la Constitution, à savoir nommer aux fonctions civiles et militaires, il le renversa, prit le pouvoir par la force et se proclama chef de l’Etat.
· Après le coup d’Etat, il entra dans des négociations avec les pôles de l’Opposition et signa avec eux, en présence et sous la caution de la Communauté internationale, ce qu’il a été convenu d’appeler l’’’Accord de Dakar’’ qu’il bafoua en convoquant le collège électoral derrière le dos du Gouvernement tripartite et en tournant le dos au dialogue inclusif qui devait suivre les élections
· Après la reconnaissance de sa légitimité par l’Opposition, le Pouvoir signa un accord avec le parti AJD/MR sur des points précis en contrepartie de l’entrée de ce dernier dans la majorité présidentielle. Après une longue attente, et voyant que ceux avec qui il avait signé ne se soucient point du respect des engagements qu’ils prennent, l’AJD/MR reprit le chemin inverse vers l’opposition.
· La même expérience a été tentée par le parti ADIL qui signa avec le Pouvoir un accord portant sur des réformes et un partenariat politique et qui, en désespoir de voir l’autre partie tenir ses engagements, tira la conclusion qui s’impose.
· Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a ouvert lui-même, en grande pompe et dans un tintamarre médiatique sans précédent, un dialogue avec les partis qui forment la CAP. Ce dialogue avait été présenté comme un tournant dans la vie démocratique du Pays. Il déboucha sur des réformes constitutionnelles et plus d’une dizaine de lois. Mais, à la première expérience (les élections législatives et municipales passées), les engagements et les accords relatifs à la liberté des élections et à la neutralité de l’Administration se transformèrent en mirages de l’aveu des partis de la CAP eux-mêmes.
· A la veille des élections législatives et municipales passées, le pouvoir invita la COD à un dialogue qui se révéla n’être qu’une manœuvre destinée à la consommation médiatique.
Il y a lieu de relever ici trois contrevérités sur lesquelles le Président a insisté dans sa dernière conférence de presse :
· La première, quand il dit que le pouvoir a reculé les élections législatives et municipales de deux ans dans l’espoir de voir l’Opposition participer à ces échéances. La vérité est toute autre. Ce recul est plutôt dû à l’improvisation et à l’amateurisme du Pouvoir qui avait détruit l’état civil quelques mois seulement avant ces échéances, créant une situation où il n’y avait plus ni cartes d’identités, ni fichier ou liste électorale pour voter. D’ailleurs, l’enrôlement qu’il avait entamé à l’époque peine toujours, après trois ans, à offrir à beaucoup de mauritaniens la possibilité d’avoir des pièces d’identité qui leur permettent de participer aux élections en vue.
· La deuxième réside dans le fait d’accuser l’Opposition de ne se soucier du dialogue concernant les élections qu’à la veille de celles-ci. La vérité est que c’est le Pouvoir qui ne veut aller au dialogue qu’au seuil des élections. Nous n’en voulons pour preuve que son appel au dialogue avec la COD quelques jours seulement avant le démarrage du processus électoral des législatives et municipales passées, et le fait qu’il n’a appelé au dialogue actuel que quelques semaines avant l’élection présidentielle.
· La troisième réside dans le fait de dire que le Gouvernement ne joue plus un rôle dans le processus électoral. Or, tout le monde sait que le Gouvernement est l’acteur principal des élections dans la mesure où c’est lui qui mobilise l’administration, les forces armées et de sécurité, les moyens et l’autorité de l’Etat au profit du candidat du Pouvoir. Le rôle de la CENI est confiné aux questions techniques dont l’impact sur le cours des élections est devenu marginal avec les améliorations successives des opérations électorales. D’ailleurs, si le rôle du Gouvernement est insignifiant dans les élections, pourquoi le Président y tient-il tant ? Pourquoi est-il prêt à lâcher tout sauf le Gouvernement ? Pourquoi répète-t-il si fortement : tout sauf le Gouvernement ?
Ce sont là quelques rappels que j’ai jugé utile de faire pour rafraîchir les mémoires, tout en espérant plein succès au dialogue et à ses résultats éventuels de trouver leur chemin vers l’application.
- L’ensemble des membres du Conseil Militaire pour la justice et la Démocratie (CMJD) avaient, au lendemain du coup d’état du 3 Aout 2005, pris l’engagement solennel et officiel, devant le peuple mauritanien et devant la Communauté internationale, de regagner leurs casernes et de renoncer définitivement à toute activité politique une fois les élections organisées et les nouvelles institutions constitutionnelles installées.
Tous ont tenu cet engagement sauf le Chef de l’Etat actuel qui s’est maintenu à la tête du Bataillon de la Sécurité Présidentielle (BASEP) qu’il a utilisé comme moyen de pression et de chantage sur le nouveau pouvoir.
· L’ensemble des membres du CMJD s’étaient engagés publiquement sur leur honneur d’observer une stricte neutralité dans tout le processus électoral, notamment les élections présidentielles de 2007. Tous ont fondamentalement respecté cet engagement. Ceux qui, parmi eux y ont dérogé, ont eu la pudeur de le faire de manière timide et indirecte. Quant à Mohamed Ould Abdel Aziz, il avait installé, au grand jour, un quartier général de campagne dans l’enceinte du BASEP et répété à qui veut l’entendre qu’’’aucun autre candidat que le sien ne posera pied à la Présidence, même si toute la population de la Chine vote pour lui’’.
· Lorsque le Président élu a voulu exercer les prérogatives que lui confère la Constitution, à savoir nommer aux fonctions civiles et militaires, il le renversa, prit le pouvoir par la force et se proclama chef de l’Etat.
· Après le coup d’Etat, il entra dans des négociations avec les pôles de l’Opposition et signa avec eux, en présence et sous la caution de la Communauté internationale, ce qu’il a été convenu d’appeler l’’’Accord de Dakar’’ qu’il bafoua en convoquant le collège électoral derrière le dos du Gouvernement tripartite et en tournant le dos au dialogue inclusif qui devait suivre les élections
· Après la reconnaissance de sa légitimité par l’Opposition, le Pouvoir signa un accord avec le parti AJD/MR sur des points précis en contrepartie de l’entrée de ce dernier dans la majorité présidentielle. Après une longue attente, et voyant que ceux avec qui il avait signé ne se soucient point du respect des engagements qu’ils prennent, l’AJD/MR reprit le chemin inverse vers l’opposition.
· La même expérience a été tentée par le parti ADIL qui signa avec le Pouvoir un accord portant sur des réformes et un partenariat politique et qui, en désespoir de voir l’autre partie tenir ses engagements, tira la conclusion qui s’impose.
· Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a ouvert lui-même, en grande pompe et dans un tintamarre médiatique sans précédent, un dialogue avec les partis qui forment la CAP. Ce dialogue avait été présenté comme un tournant dans la vie démocratique du Pays. Il déboucha sur des réformes constitutionnelles et plus d’une dizaine de lois. Mais, à la première expérience (les élections législatives et municipales passées), les engagements et les accords relatifs à la liberté des élections et à la neutralité de l’Administration se transformèrent en mirages de l’aveu des partis de la CAP eux-mêmes.
· A la veille des élections législatives et municipales passées, le pouvoir invita la COD à un dialogue qui se révéla n’être qu’une manœuvre destinée à la consommation médiatique.
Il y a lieu de relever ici trois contrevérités sur lesquelles le Président a insisté dans sa dernière conférence de presse :
· La première, quand il dit que le pouvoir a reculé les élections législatives et municipales de deux ans dans l’espoir de voir l’Opposition participer à ces échéances. La vérité est toute autre. Ce recul est plutôt dû à l’improvisation et à l’amateurisme du Pouvoir qui avait détruit l’état civil quelques mois seulement avant ces échéances, créant une situation où il n’y avait plus ni cartes d’identités, ni fichier ou liste électorale pour voter. D’ailleurs, l’enrôlement qu’il avait entamé à l’époque peine toujours, après trois ans, à offrir à beaucoup de mauritaniens la possibilité d’avoir des pièces d’identité qui leur permettent de participer aux élections en vue.
· La deuxième réside dans le fait d’accuser l’Opposition de ne se soucier du dialogue concernant les élections qu’à la veille de celles-ci. La vérité est que c’est le Pouvoir qui ne veut aller au dialogue qu’au seuil des élections. Nous n’en voulons pour preuve que son appel au dialogue avec la COD quelques jours seulement avant le démarrage du processus électoral des législatives et municipales passées, et le fait qu’il n’a appelé au dialogue actuel que quelques semaines avant l’élection présidentielle.
· La troisième réside dans le fait de dire que le Gouvernement ne joue plus un rôle dans le processus électoral. Or, tout le monde sait que le Gouvernement est l’acteur principal des élections dans la mesure où c’est lui qui mobilise l’administration, les forces armées et de sécurité, les moyens et l’autorité de l’Etat au profit du candidat du Pouvoir. Le rôle de la CENI est confiné aux questions techniques dont l’impact sur le cours des élections est devenu marginal avec les améliorations successives des opérations électorales. D’ailleurs, si le rôle du Gouvernement est insignifiant dans les élections, pourquoi le Président y tient-il tant ? Pourquoi est-il prêt à lâcher tout sauf le Gouvernement ? Pourquoi répète-t-il si fortement : tout sauf le Gouvernement ?
Ce sont là quelques rappels que j’ai jugé utile de faire pour rafraîchir les mémoires, tout en espérant plein succès au dialogue et à ses résultats éventuels de trouver leur chemin vers l’application.
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