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Sent: Saturday, April 05, 2014 2:48 PM
Subject:
1° rapprocher les "camps" pour qu'ils s'affrontent en
élection présidentielle, revient à morceler l'opposition à MoAA qui l'est déjà
assez face à une candidatur forcément unique de l'impétrant. En revanche, vous
auriez une position arbitrale, vous ne desserviriez pas MoAA qui du seul fait
de sa possess
a) de solliciter le contrôle international, en pratique celui de
l'Union européenne et accessoirement celui de l'Organisation internationale de la francophonie. Si
les délais paraissent trop courts, il sera aisé pour le régime actuel de
reporter le scrutin aux dates recommandées par les contrôleurs. Au surplus, on
évitera l'hivernage.
b) de revoir le recensement électoral qui est en train de faire
contre les procédures à l'oeuvre depuis deux ans... une unité, qui ne s'est
jamais produite dans l'histoire contemporaine, de toutes les ethnies et strates
des populations originaires de la Vallée du Fleuve. Rien que l'expérience
parisienne, a été édifiant. On empêche de voter des Mauritaniens et on les
prive de leur nationalité. C'est injuste, c'est illégal et c'est attentatoire à
l'unité miraculeuse de cette nation multi-tout. L'évidence d'irrégularité sera
là.
2° Ahmed
Ould Daddah a certes son caractère, j'en pâtis moi-même, et
il a ses ennemis. Mais c'est sans doute l'une des têtes les mieux faites et les
plus structurantes de Mauritanie, toutes générations confondues. Il a
l'envergure et l'expérience d'un homme d'Etat, déjà éprouvé. Enfin, ce qui ne
gâte rien, il est sans doute l'une des personnalités politiques mauritaniennes
les plus proches de nous, la
France. Non en vassal ou en créature, mais en partenaire
adute, conscient jusques dans le détail des affaires ou de la stratégie, de la
concurrence internationale sur la Mauritanie et la région, de ce que nous
pouvons faire ensemble. Il a une prédilection pour nous, et il n'a pas la fibre
un peu sentimentale de certains autres qui souffrent vraiment de nos attitudes.
Il est froid et conséquent, lucide. Il est donc sûr quand la signature ou la
parole sont données. Il est capable de perspective, et l'a montré toute sa vie,
malgré l'erreur d'avoir cru que le putsch de 2008 ferait glisser en quelques
mois le pouvoir et l'élection vers lui. Entre lui et son demi-frère (le
président Moktar Ould Daddah),
le plus nationaliste des deux, est bien l'aîné. Mais de tempérament très
rentré, Moktar Ould
Daddah ne le montrait que dans des circonstances très
précises et en ayant évalué les rapports de force. Il ne se trompa qu'à propos
de l'Algérie pour le Sahara, mais un sentiment l'emporta alors, la dignité d'un
pays qui ne peut accepter la dictée ni la satellisation : les heures
dramatiques à Béchar (Mohamed Ali Cherif, actuellement du côté de MoAA et que
vous connaissez peut-être, peut vous donner l'ambiance d'alors. Il y était).
Avec de Gaulle, cela rapait mais cela marchait. Avec Pompidou, nous étions
demandeur. Avec VGE, ce fut vraiment quelque chose de décomplexé de part et
d'autre. Réaliste y compris pour le Sahara et de la part de VGE y compris une
fois le putsch de 1978 perpétré. Il n'y avait pas alors les procédures
européennes.
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Sent: Saturday,
April 05, 2014 6:59 PM
Subject: Re: notre
correspondance
A vrai dire, mon souhait depuis l'automne de 2008 a été - et
demeure avec maintenant l'échéance de la prochaine élection présidentielle - de
contribuer à la stabilité de votre cher pays, et à l'état de droit. J'ai failli
me rendre à Nouakchott et à Lemden en Décembre 2008 avec l'accord et le soutien
du Quai d'Orsay et de la
rue Monsieur (qui existait encore avant un déménagement rue
de la Convention toujours à Paris), et même de la cellule diplomatique de
l'Elysée, version Sarkozy mais il y a eu le veto de Claude Guéant. J'ai
depuis écrit à plusieurs reprises au général. Déjeuner avec l'ambassadeur Khlil
à la suite d'une lettre que je lui avais confiée : voeux de rétablissement : on
était en Octobre-Novembre 2012, et souhait comme aujourd'hui de contribuer à
l'état de droit. En juillet
(dernier) 2013, j'ai su par notre ambassadeur qu'il était disposé à me
recevoir, mais me considérait comme demandeur et n'avait donc pas à m'inviter
formellement. ce que je peux comprendre.
En fait, je veux connaître l'homme. Il est méprisé, comme homme,
par une partie de l'élite mauritanienne, avec laquelle je suis en
correspondance depuis longtemps. Il y a aussi le passif du putsch quelles qu'en
soient les raisons, et quel qu'ait été, dans les premiers mois, le soutien
d'Ahmed Ould Daddah. Le mystère est que Mohamed Ould Abdel Aziz a inspiré
confiance à tout le monde de Maaouyia à Ahmed et plus encore au président Sidi.
Les descriptions qui me sont faites de lui n'expliquent pas ni cette capacité à
inspirer confiance, ni cette habileté exceptionnelle pour ensuite
"posséder" tout le monde et avoir si bien joué, dans son intérêt,
sinon celui du pays, de la hantise sécuritaire des "Occidentaux" qui
ainsi ferment les yeux sur le régime. Je reconnais qu'il n'y a sauf accident
(deux à ma connaissance) pas mort d'homme ni dans les manifestations de rue, ni
en prison. Que les prisonniers politiques notoires sont finalement libérés,
mais sans prcès c qui les rend débiteur du pouvoir en place.
Bref, l'énigme. La prochaine élection ne sera légitime que
moyennant contrôle international qu'il appartient au seul général de demander.
En pratique, l'Union europénne et l'OIF comme en 2006-2007, quitte à reporter
de quelques mois la consultation si le contrôle - et surtout la révision des
listes électorales, puisque le recensement est contesté par une bonne part de
vos compatriotes du Fleuve - demande davantage de temps que les trois mois à
venir. Ce que je crois bien.
Dans cette perspective, l'évocation du président Moktar Ould Daddah est tout à fait
justifiée, d'autant que le régime fondateur n'est pas compris des militaires.
Ely Ould Mohamed Vall
a comparé le Parti du Peuple au PRDS parti Etat, alors que tout ce qui fut mis
en place et vécu par le Président - en sus de son tempérament personnel - ne le
fut que comme outil de participation de tous, et pas du tout comme un
instrument de dictature ou d'une légalité forcée. Mohamed Ould Abdel Aziz a
souvent évoqué en 2008 cinquante ans de gabegie avant le pustch... or si l'on
compte bien, cette année-là, cela englobe tout depuis 1958 et donc Moktar Ould Daddah (il est vrai
condamné en Novembre 1980 par un tribunal ad hoc à Rosso, aux travaux
forcés à perpétuité pour dilapidation du patrimoine national et aussi pour
trahison de la Constitution avec la mise du pays en état de guerre contre
l'Algérie)... souvent. I
Voilà mon état d'esprit.
Je vous laisse donc juge de l'opportunité et de la possibilité. Je
n'ai aucune inimitié particulière pour le président régnant. Je suis intrigué
par ce contraste entre une grande habileté politique qui n'est pas seulement le
parti tiré des tropismes que le pouvoir exerce toujours sur une population
souvent nécessiteuse et sur des cadres cherchant des positions. Il y a plus.
Mais je ne sais pas.
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