mardi 25 mars 2014

" passif humanitaire " - le pardon est impossible sans la vérité


Journée du 25 mars: «Pour nous, les orphelins, cette journée n’est pas celle de la réconciliation nationale», dixit Lamtoro Camara


                    Les orphelins des martyrs des événements de 1986/1991 ont célébré, dans le recueillement, la journée du 25 mars. Au cours d’un rassemblement ayant réuni, ce mardi, au siège du collectif des victimes de la répression (COVIRE),  les  orphelins, les veuves et les présidents du collectif de défense des  rescapés civils  et  militaires, de TPMN, Dia Alassane,  du collectif des orphelins  des martyrs des années ci-dessus mentionnées, Lamtoro Camara a déclaré que pour les orphelins, «  la journée du 25 mars n’est pas une journée de réconciliation  nationale  en Mauritanie ». Et pour cause, renseigne-t-il, le gouvernement du  président de la République qui s’est personnellement déplacé à Kaédi, en 2009  pour la  prière aux morts n’a pas respecté son engagement de régler définitivement  le passif humanitaire. «Non seulement, le protocole d’accord signé avec les veuves était un leurre,  mais  également, les réparations dérisoires, les auteurs des crimes continuent à bénéficier de la protection de la loi d’amnistie de 1993, et aujourd’hui, nous ne savons pas où sont enterrés nos papas qui, sous le drapeau national, se sont pourtant sacrifiés pour la nation, particulièrement, lors de la guerre du Sahara.»

                     Poursuivant son propos, le jeune orphelin, âgé de 31 ans aujourd’hui martèle que le pouvoir en place continuer à rester sourd aux revendications de l’ensemble des organisations de défense des droits des victimes des évènements de 86/91, en dépit des marches de protestations, parfois réprimées.
Le président du collectif des orphelins a enfin réitéré la revendication de son organisation de voir le gouvernement instituer une « commission nationale indépendante et autonome pour le règlement du génocide  perpétrée en Mauritanie, sous le régime d’Ould Taya» afin de connaître les raisons qui ont poussé les auteurs à commettre ces exactions, aussi bien contre les militaires que contre les civils,  l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993, pour permettre aux ayants droits  d’intenter ses actions en justice contre les auteurs des crimes de sang, car «personne ne peut se substituer à nous pour pardonner ou non» et considérer les orphelins comme pupilles de la Nation. « Nous continuerons à réclamer que justice soit rendue à nos papas », a expliqué  Lamtoro Camara.

                     Rappelons qu’après avoir pris le pouvoir en août 2008, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a présidé, le 25 mars, à Kaédi,  « une prière aux morts », c’est-à-dire aux victimes  des exactions militaires  et de forces de sécurité, des années 89/91. Depuis, cette journée est dénommée,  la «journée de réconciliation nationale ». Au cours de son discours, il avait reconnu la responsabilité de l’Etat avant d’octroyer des « réparations » ou «aides» aux veuves, orphelins et rescapés militaires. Ces derniers continuent, cependant,  à réclamer  droit de  vérité et droit de justice avant, éventuellement de pardonner ou non.

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