mardi 16 octobre 2012

note pour le Président français

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Sent: Tuesday, October 16, 2012 4:08 PM
Subject: pour la lecture du Président

Cher Monsieur le Secrétaire général,
surtout si le Président va aux nouvelles téléphoniques pour l'état de santé du général Mohamed Ould Abdel Aziz - pourriez-vous en urgence le prier de parcourir au moins les deux premières pages de la note ci-jointe, la suite n'est pas de mon crû ; elle est d'ailleurs, par cela, peut-être plus intéressante car elle émance des correspondances que je reçois d'amis mauritaniens, notamment d'anciens ministres et de grande qualité.
Chaleureuse reconnaissance pour votre amical intermédiaire.

à la haute attention de Monsieur le Président de la République


 Peu importe la cause des blessures par balles subies par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, que vous aviez rencontré quelques minutes à La Valette, le 5 Octobre dernier, en a parte du 5+5. Evidemment, par courtoisie autant que par sollicitude tout humaine, souhaiter son rétablissement est fort bien. Mais politiquement, le rétablissement au statu quo ante n’est pas souhaitable – selon vos déclarations de campagne, le soir de votre élection et maintenant à Dakar et à Kinshasa – et cette interruption inopinée, mais manifestement attendue depuis l’élection contestée du 18 Juillet 2009 du putschiste du 6 Août 2008, nous donne une bonne occasion, peut-être la première, de manifester une inflexion aussi nette que vous le voulez, du cours franco-africain. Je me suis permis de vous en entretenir à plusieurs reprises depuis l’automne dernier.

Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé au pouvoir par la traitrise, en renversant un président de la République dont l’élection s’était faite selon un scrutin pluraliste et par deux tours. Il a acheté notre soutien et notre caution, auprès de votre prédécesseur et de son secrétaire général. Il a été élu frauduleusement et n’a tenu aucun de ses engagements pour une tournure démocratique et consensuelle d’exercice du pouvoir. Un pays rongé par la corruption et le cynisme n’est pas un partenaire fiable au moment où nous nous engageons pour le nord-Mali, et où le terrorisme revendiquant ou non une étiquette islamiste, cherchera des bases de repli et des recrutements supplémentaires.

Les personnalités politiques mauritaniennes de toutes générations et de tous bords, de toutes ambitions aussi, attendent un arbitrage discret mais fort – de notre part et en faveur d’un passage de main. Sans doute par des élections anticipées pour la présidence de la République, juste dans le délai nécessaire pour que l’Union européenne et l’Organisation internationale de la Francophonie mettent en place de quoi soutenir une commission nationale électorale nommée consensuellement par toutes les forces locales, de quoi refaire les listes électoraes, et contrôler le scrutin et l’acheminement des dépouillements. Trois mois au minimum. Une personnalité, comme celle du président de la République renversé en 2008 et dont le discours de démission le 26 Juin 2009 pour faciliter à tous l’application d’un accord de paix civile que nous avions quasiment dicté à Dakar pour son paraphe le 1er Juin précédent, serait la plus indiquée, parce que la seule véritablement désintéressée pour la suite. Il s’agit d’ailleurs de l’ancien ministre de l’Economie du père-fondateur, Moktar Ould Daddah, dont le renversement – déjà par des militaires, le 10 Juillet 1978 – a inauguré tous les malheurs du pays et souvent nos soutiens inappropriés à des successeurs qui ne le méritaient pas.

Notre ambassadeur à Nouakchott connaît ou rencontre les principaux protagonistes. Je ne crois pas que nous devions avoir un favori. Il est certain qu’une nouvelle génération émerge. Certain aussi qu’un concours massif – pas tant en argent, qu’en savoir-faire pour la transparence des budgets, des procédures, des contrôles et pour la refonte des institutions politiques, selon les normes démocratiques mais aussi selon l’expérience des collectivités traditionnelles – est nécessaire. Nécessaire aussi de rendre l’armée à sa vocation, d’y réintégrer la garde prétorienne (appelée BASEP) qui a été constituée depuis vingt-cinq ans et restée tous ce temps, sauf trois ans, aux ordres personnels de l’allité de l’hôpital Percy…

C’est donc une opération au petit point, fondée sur l’écoute de tous les instants et dans tous les azimuts, et une contribution à une quantité de réglage dans le détail qui nous attend – dans la discrétion pour la montre internationale, mais que les Mauritaniens attendent de votre gouvernement et de votre ambassadeur parce que vos engagements étaient ceux qu’ils souhaitaient, et que ces jours derniers, ils ont été redits : en Afrique.

Remettre en selle Mohamed Ould Abdel Aziz, c’est reculer cette opération et ce concours au changement que – globalement – vous souhaitez. L’occasion peut ne pas se représenter ni être aussi facile à saisir.

Mais il me semble enfoncer des « portes ouvertes ».

Vous savez, Monsieur le Président de la République, tous mes sentiments de déférente confiance, et vous venez d’éprouver l’attente africaine, envers vous, renouvelant celle séculaire envers notre pays./.

Bertrand Fessard de Foucault,
ancien ambassadeur.

mardi 16 octobre 2012

Annexes


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Sent: Sunday, October 14, 2012 8:42 PM
Subject: Re : ce que je reçois

Bonsoir,
Il est passé hier soir à la télé mauritanienne, affirmant qu'il a essuyé des tirs par erreur de la part d'un poste de contrôle de l'armée nationale et que son état  n'est pas grave . Il a remercié l'équipe médicale qui l'a soigné.

Les rumeurs vont bon train à Nouakchott où je suis rentré il y' a trois heures. MOAA aurait reçu trois balles : l'une au-dessous de la clavicule, une seconde au bas-ventre et une troisième à la hanche. Une enquête a été semble-t-il ouverte et deux officiers auraient déjà été interpellés, selon plusieurs sites mauritaniens. La rue - qui généralement est l'écho d'informateurs crédibles mais en OFF- ne croit pas à la version officielle.
----- Original Message -----
Sent: Monday, October 15, 2012 12:45 AM
Subject: Re: ce que je reçois encore maintenant

Au sujet de l'incident ou l'attentat contre MOAA, la thèse officielle dont je doutais personnellement, comme tant d'autres, semble se confirmer.
Une imprudence caractérisée du président, combinée à un manque de professionnalisme ou de sang froid inquiétant du poste militaire, semblent être à l'origine de ce regrettable incident.
L'état de santé du président semble stabilisé, et l'espoir est de mise après son évacuation à Paris.
Sans doute ce évènement aura-t-il des incidences sur le pouvoir et la situation politique en Mauritanie.
Mais la priorité est pour le moment aux prières pour le rétablissement de MOAA et son retour en bonne santé à NKT.

----- Original Message -----
Sent: Monday, October 15, 2012 12:14 AM
Subject: Re: ce que je reçois encore maintenant

Aziz n'aurait jamais dû se montrer à la télé. Au lieu de rassurer son apparition pose plus de questions et, dans tous les cas, en Afrique et aussi dans le monde arabo-musulman, comme vous le savez, un chef ne doit jamais se montrer couché car c'est une preuve de faiblesse.

----- Original Message -----
Sent: Monday, October 15, 2012 11:35 PM
Subject: Enigme blessure MOAA

Bonsoir,
Rentré hier soir à Nouakchott, j'ai déjà pu recueillir, auprès des visiteurs venus me saluer, quelques unes des versions qui circulent ici sur les tirs qui ont blessé MOAA. Je vous en fais l'économie dans le fichier joint.


MOAA blessé par balles : L’énigme

Les tirs qui ont blessé MOAA samedi dernier et suite auxquels il a dû se rendre en France pour « soins complémentaires » continuent à alimenter les rumeurs à Nouakchott où plusieurs versions circulent maintenant :
(1)   L’officielle bien sûr, selon laquelle l’homme a été atteint par des tirs d’une patrouille militaire mobile à laquelle il ne s’est pas arrêté.
Cette version est affaiblie, selon ses détracteurs, par la nature des blessures de MOAA qui, selon des sources concordantes, a été atteint par des chevrotines, type de munitions qui n’est pas utilisé par l’armée mauritanienne. Elle est affaiblie aussi par l’absence totale d’une pièce à conviction de taille : La voiture et de témoins, de taille,  eux aussi : Le tireur ou, à défaut, le commandant de l’unité de celui-ci.

 A côté de cette version fortement relayée par les médias, au moins trois autres, tout aussi plausibles circulent maintenant à Nouakchott :

(2)    L’accident de chasse : Selon cette version, MOAA aurait été blessé par un tir de fusil de chasse, alors qu’il traquait, avec son cousin Ahmed Ould Abdel Aziz, un gibier dans le ranch (15x25 km) qu’il s’est taillé dans les environs de Toueyla. L’identité du tireur  n’est pas connue. Mais entre un garde du corps, son cousin, son fils (qui était semble-t-il avec lui) ou même une fausse manipulation de l’arme par lui-même, il n’y qu’une question de choix.
Cette version est très vraisemblable, mais elle est rendue faible par une chose : Pourquoi cherche-t-on à la cacher ?

(3)   Une tentative d’assassinat : Là aussi, les hypothèses sont nombreuses : un garde du corps mécontent, réagissant à une injure de MOAA (qui insulte souvent ses collaborateurs) ou même recruté comme tireur à gages, alqaïda, une victime des nombreuses injustices de MOAA ou de son entourage. Il revient souvent, dans cette version, que le tireur serait mort.
Cette version, tout aussi plausible, souffre de nombreuses faiblesses : comment le tireur est-il venu jusqu’à MOAA réputé très protégé (y compris par lui-même) ? Où s’est passé l’accident ?

(4)   Une rébellion maîtrisée au BASEP (l’unité d’élite que dirige encore MOAA et grâce à laquelle il tient le pays).
Suivant cette version, il y aurait des morts sur lesquels ont fait toujours le silence.
Peu probable pour de nombreux observateurs, cette version n’est pas à écarter

D’une manière générale, un flou total continue à entourer cette affaire. Une chose semble se confirmer cependant : les blessures de MOAA ne sont pas légères et les images montrées de MOAA (dont une sur son lit d’hôpital à Bercy-Clamart !!!!) le prouvent aisément : l’homme n’est pas touché au bras comme l’a dit son ministre de la communication mais semble-t-il juste au-dessous de la clavicule droite et au bas-ventre. 
A Nouakchott, l’expression « vacance du pouvoir » revient de plus en plus dans les conversations. 

----- Original Message -----
Sent: Monday, October 15, 2012 11:57 PM
Subject: Re: affaire du 13 Octobre 2012

Mohamed O. Maouloud a reçu, aujourd'hui, l'ambassadeur de France pendant plus de deux heures. La rencontre a lieu au siège de l'UFP mais je n'ai pas réussi à connaitre les détails. Ceci étant, l'on imagine aisément de quoi ils ont parlé.

Par ailleurs, les proches de Aziz disent partout que les médecins lui ont dit qu'il pourra regagné Nouakchott dans 2 semaines tout au plus. a mon avis deux semaines c'est beaucoup trop et s'ils le disent comme étant une bonne nouvelle, c'est qu'il restera plus longtemps.

Or, au dela d'une semaine, Aziz sera out et dès lors il faudra envisager tous les scénario : présidentielle anticipée, nouveau putsch, Ghazouani qui prend le pouvoir avec la bénédiction de Aziz (parce que sans elle il en est incapable) ... etc etc ...

A suivre...


----- Original Message -----
Sent: Tuesday, October 16, 2012 10:50 AM
Subject: Re: Enigme blessure MOAA


Je trouve que c'est un bon signe que M. Besancenot s'entretienne avec le Président de l'UFP Mohamed Ould Maouloud. J'espère qu'il en fera autant avec d'autres dirigeants de la COD, surtout que la situation créée par l'empêchementde MOAA (qui sera visiblement long)  et la perspective d'une guerre au Mali, impose d’œuvrer à un consensus le plus large possible pour gérer ce tournant très délicat. Pour ce faire, il est besoin d'un catalyseur de bonnes volontés pour "arrondir les angles"; rôle que l'ambassadeur de France est mieux placé que toute autre personnalité diplomatique pour le jouer.

Cela dit, il y a deux scenarii possibles pour l'après-13 Octobre 2012 :
(I) MOAA se rétablit et regagne le pays avant la fin de la semaine : Il reviendra affaibli physiquement, secoué psychologiquement(quels que soient l'auteur et le mobile des tirs, l'homme en gardera des stigmates profonds par superstition et/ou par manque de confiance dans son appareil sécuritaire) et très diminué politiquement (Sa majorité est quasiment absente, ces jours- ci, alors qu'il n'en a jamais eu plus besoin; son parti se bloque sur la promotion des conclusions de son Conseil national demandant la fixation d'une date pour les élections législatives et municipales!). Il faudra donc impérativement envisager soit son remplacement pur et simple, soit une nouvelle formule de gouvernance du pays qui rompra avec les méthodes autoritaires et arrogantes d'avant du général.

(II) MOAA doit séjourner au-delà d'une semaine à l'hôpital : Dans ce cas le pays risque une paralysie totale, car l'homme exerçait tout seul tous les pouvoirs, y compris celui de liquidateur des moindres dépenses. Il faudra alors constater une  vacance du pouvoir et envisager, rapidement, un changement de cette situation intenable longtemps pour le pays. Un transfert des pouvoirs de l'homme au Président du Sénat (Les militaires accepteront-ils cette fois ?) ou à Ghazouani ( Le Basep s'y pliera-t-il facilement?) ;  la suscitation d'un consensus autour d'une transition concertée avec l'opposition, plus ou moins courte et dirigée par une personnalité crédible (Sidioca par exemple) qui aura pour mission d'organiser des élections transparentes à laquelle ni elle, ni aucun membre du gouvernement qu'elle  aura à former, ni aucun militaire ne pourront se présenter.

Dans tous les cas, les partenaires au développement de notre pays doivent envisager d'aider les Mauritaniens à dépasser  ce tournant très très délicat. La France a un devoir  particulier d'agir pour éviter à la Mauritanie de sombrer dans le chaos, d'abord en tant qu'ancienne puissance colonial et de principal partenaire au développement de notre pays, ensuite en tant que responsable, en grande partie (en la personne de son ancien président), de l'installation de MOAA au pouvoir.


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Sent: Tuesday, October 16, 2012 1:06 PM
Subject: Re: affaire du 13 Octobre 2012

J'ai reçu et lu avec interêt tous vos messages d'hier et d'aujourd'hui.
J'ai passé en revue toutes les informations et commentaires que vous avez bien voulu me communiquer.
Je pense qu'au sujet de l'incident, il est surtout utile de retenir son caractère accidentel tout en sachant que les conditions dans lesquelles il s'est déroulé sont encore insuffisamment explicitées.
Sans doute le pouvoir a-t-il cherché à embellir le scénario et ses opposants à le noircir.
S'agissant de ses incidences sur l'avenir, il me semble encore prématuré d'imaginer un quelconque scénario.
L'équipe de généraux qui exerce le pouvoir avec MOAA est encore soudée et maitrise la situation.
L'évolution de l'état de santé de MOAA dèterminera probablement la suite.
Va-t-il se rétablir rapidement et reprendre la plénitude de ses pouvoirs? Va-t-il entrer dans une covalescence prolongée aux conséquences imprévisibles?
Selon toute vraisemblance, il sortira affaibli physiquement, moralement et politiquement de cette épreuve.
Quelque part, le mythe de l'homme de pouvoir tout-puissant et intouchable s'est fissuré.
Comme TAYA après le coup d'état de juin 2003?
Enfin, l'hypothèse d'un coup d'état plaçant l'un des généraux, GAZOUANI en tête, ou confiant l'intérim au président du Sénat est hautement improbable, sauf empêchement définitif dûment constaté et imposé par l'état de santé de MOAA.
En conclusion, restons sereins et lucides face à ces événements, et attendons, comme la sagesse nous y recommande, de voir ce que les prochaines jours nous réserves.
Bien cordialement

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