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Sujet :
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ce que nous vivons et ce que nous avons à comprendre
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Date :
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Thu, 08 Jan 2015 07:14:11 +0100
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De :
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Bertrand Fessard de Foucault
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Pour :
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Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée
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Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
1° il n'y aura pas d'autre attentat du genre de celui perpétré contre l'une des deux-trois fleurs et pépinières de liberté et de talent, hier : Charlie-Hebdo. tout simplement parce que par rapport à tous autres attentats chez nous de cette ampleur et de ce spectaculaire, depuis 1961, c'est le seul ad personam, le seul ciblé, le seul inscrit dans une dialectique précise : venger (soi-disant) le Prophète insulté par des dessins, du texte et la persistance d'un organe de presse. Il y a et il y aura des menaces terroristes, mais elles sont de cible générale, et non personnelle : tuer et détruire, pas de chance pour les victimes a priori anonymes. Les assassinats ont d'ailleurs été nominatifs, selon quelques témoignages
2° les terroristes se savent et se veulent condamnés à mort, martyrs par avance. Il est donc impossible de négocier avec eux, ils sont d'ailleurs "électrons libres", dirigés seulement par une ambiance, même si celle-ci a son incarnation parfois, vg. Ben Laden, mais probablement pas de QG même opérationnel pour une action donnée. Donc, aucune prise ni avant ni après, sauf à être vraiment en "amont" par un renseignement qui a été mis en défaut hier et par une vigilance qui a également fait défaut hier : plus de présence permanente devant le journal, pas de contrôle d'accès, etc... et après, le procès n'aura intérêt, il est à espérer qu'ils résisteront et disparaîtront, d'une certaine manière, même identifiés, ils sont anonymes parce qu'interchangeables. En revanche, une préparation et une information des criminels : parfaite
3° le terrorisme, par une "chance" horrible, offre cependant une prise parce qu'il a pour la première fois une consistance territoriale et une organisation visible : le "daech", l'ambition khalifale, le fusionnement pratique d'une partie de la Syrie et de l'Irak. Cette consistance est ravageuse : martyre et dévastation de populations, attractions pour une jeunesse européenne en quête de radicalité (ce qui est une forme de folie mais aussi de générosité). Il faut donc nous en prendre à cette consistance et détruire le "daech" comme on a détruit le Reich nazi. Nations Unies, diplomatie vis-à-vis des Etats arabo-musulmans, c'est du métier. La résolution - et certainement les opinions en "Occident" y sont prêtes - ce sont des hommes au sol, une guerre conventionnelle et absolue, une submersion de la zone par tous les moyens techniques et humains dont l'OTAN est capable. La réorganisation du Proche-Orient se fera ensuite au calme, bien entendu Israël aura à entrer dans une forme régionale et internationale qu'il refuse depuis 1967
4° le risque pour l'unité nationale française n'est nullement la mise en cause de l'Islam, au contraire. Nos compatriotes musulmans et d'origine immigrée sont des personnes et familles qui nous ont choisis positivement pour nos valeurs et la liberté de chez nous, par opposition à ce qu'ils auraient vécu dans leur pays natal, généralement sous dictature. L'Allemagne se divise et peut avoir des dégénérescences en politique intérieure car sa population de confession musulmane ne l'a choisie que comme marché du travail et ne la connaît que depuis une ou deux générations. Chez nous depuis 1830, l'osmose est faite et elle est positive.
Selon ce que je vis - en province, une fille de dix ans - et ce que j'ai questionné tout hier, le clivage n'est pas du tout l'Islam. Il n'est pas du tout comme en Grande-Bretagne ou en Espagne, des inégalités ou des différences sociales, mentales, économiques entre régions Là aussi, nous avons réussi jusqu'à présent (mais l'excessive urbanisation est un risque majeur à tous égards) à maintenir une homogénéité entre "territoires" : je préfère pays et collectivités locales. Le clivage tient aux médias, aux moyens de s'instruire et de communiquer par soi-même. Il est "générationnel". Aussi bien notre fille que des lycéens hier après-midi que des vingt-vingt-cinq ans, le tout en province, ne sont pas vraiment touchés par l'attentat, ils le savent mais ne lisent pas du papier, a fortiori Charlie Hebdo ou le Canard. La chose est donc parisienne et elle est surtout d'une classe d'âge que Charlie-Hebdo a incarnée et enseignée : disons les plus de 40 ans. Vous, ma femme, moi, sans doute le Président et son prédécesseur mais à bien moindre degré, n'ayant que quatorze ans en 68
Sans doute, une jeunesse très engagée (je suis abonné aux réseaux sociaux "Résistons") fait-elle nombre et ardeur dans les belles manifestations d'hier après-midi et soir. Elle est d'ailleurs le lien entre générations, et elle est évidemment - par de la réaction civique, qui se manifeste sur tant d'autres sujets : l'écologie, les violences policières quand il y en a - faiseuse et mainteneuse d'unité
5° il n'y a d'attaque contre la liberté de la presse que selon un média qui pour la jeunesse est périmé : le papier. La communication, les influences se font par internet et les réseaux. Ce qui confirme d'ailleurs l'exceptionnalité de l'attaque d'hier. On peut détruire physiquement un journal et anéantir son équipe, on ne détruira pas les réseaux et le virtuel. La liberté de la presse est donc aujourd'hui rétrécie à un seul support, presqu'élitiste, si elle n'est conçue qu'en vulnérabilité physique ou financière. D'ailleurs la presse-papier elle-même tend au virtuel et à le privilégier
6° les condoléances et compassions étrangères - comme au moment du 11-Septembre - ne sont pas une aide ni à l'analyse (l'attentat serait une punition à raison de l'Irak et du Mali) ni à l'action tant qu'il n'y a pas résolution contre le "daech"
Je conclus par de la politique intérieure.
Le climat consensuel ne durera pas. L'actualité - grave - va à toute vitesse. Le changement de politique et une autre posture médiatique, tels que je me permets de vous les suggérer et les ai écrites au Président, tant de fois, sont indispensables. Nous ne sommes plus en démocratie : la réforme territoriale sans consultation, Alstom cédé à l'étranger sans nécessité propre à l'entreprise (que le choix d'un actionnaire) et l'élection présidentielle à venir est viciée puisqu'elle va se jouer à un seul tour, qui sera second au premier tour sera forcément élu au second contre Marine Le Pen. Je vous ai écrit et vous récrirai sur ce que je crois - techniquement - propre à éviter une telle impasse institutionnelle et idéologique. Et évidemment l'Union européenne ne fonctionnant qu'en intergouvernemental ou en contrôles et normes attentatoires aux Etats et ressentis comme des empêchements ou des dictées de l'étranger, est encore moins démocratique. Elle ne peut qu'être détestée
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Sujet :
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Charlie-Hebdo. et suites : codicille à mon précédent
courriel
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Date :
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Thu, 08 Jan 2015 07:26:09 +0100
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De :
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Bertrand Fessard de Foucault
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Pour :
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Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée
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La seule réaction opérationnelle et initiatrice d'avenir est le communiqué du Vatican : la liberté de la presse est aussi importante que la liberté religieuse.
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