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Pouvoir /Opposition : Un dialogue
pourquoi ?
Jeudi, 29 Janvier 2015 12:20
Et pour la énième fois, la question de dialogue politique
revient sur la bouche, se remet sur table. Tout a commencé par l’annonce faite
par le président de la République, le 04 janvier dernier, lors de son discours
d’ouverture pour la cinquième édition du
festival des villes anciennes, prononcé à Chinguitty. Le président a rappelé
dans ce discours, “sa constante
disponibilité à rester ouvert au dialogue avec toutes les composantes.’’ Et
à cette occasion disait-il, ‘’ je renouvelle notre entière disposition pour
l‘instauration d‘un dialogue inclusif pour la réalisation des intérêts suprêmes
de la nation.’’
Il faut dire qu’on ne s’attendait pas vraiment à cette
prédisposition du président pour une ouverture politique. Il sortait, quelques
mois auparavant, d’une élection présidentielle, boycottée par son opposition
démocratique, c’est vrai, mais il venait tout juste d’entamer son second et
dernier mandat.
Il ne réagissait, faut-il le rappeler, à aucune demande
d’ouverture de dialogue par une opposition, qui, si on s’en tient aux
déclarations de ses ténors, ne croit plus en une quelconque entente possible
avec cet homme.
Le 07 janvier, Messaoud Ould Boulkheïr rendait public une
proposition, sa proposition pour le dialogue, articulée autour de 12 points.
Campé à une station (depuis son boycott de la dernière
présidentielle après avoir participé aux élections législatives et communales,
décidées dans le cadre d’un commun accord à l’issue du dialogue qu’il a engagé
avec d’autres formations d’une opposition, dit modérée), ni tout à fait en faveur du pouvoir, ni tout
à fait proche de l’opposition démocratique réunie sous le FNDU, Ould Boulkheïr
n’est pas à sa première tentative de se proposer en passerelle de dialogue
politique.
La nouvelle réside dans la proposition parvenue du premier
ministère aux différents ténors de l’opposition. Une proposition de 18 points.
On y va jusqu’à proposer des discussions autour des questions jamais requises
par le FNDU, en tout cas.
Surprise ! L’opposition démocratique devait essayer de
décrypter une telle proposition d’une ouverture quelque peu extrême. Elle
s’entend après moult conciliabules à réagir officiellement à la proposition du
pouvoir. Elle allait rappeler tout de même que la proposition du pouvoir ne
saurait lui être adressée, pas en tout cas pour répondre à une demande
antérieure de sa part. Ce qui ne l’a pas
empêché de réitérer sa disponibilité au dialogue, tout en faisant parvenir, au
pouvoir, en guise de réaction, une ancienne plateforme qu’elle a produite pour
tout dialogue qu’elle jugeait sérieux et donc inclusif.
Avant-hier même, l’ancien premier ministre, Moulaye Ould
Mohamed Laghdhaf, nommé la semaine dernière ministre secrétaire général de la
présidence, a pris contact avec quelque milieu du FNDU pour réitérer la volonté
et la disponibilité du pouvoir à engager un dialogue inclusif avec
l’opposition.
Questions lancinantes…
Au-delà de l’éventualité ou de l’impossibilité d’un dialogue
entre deux partenaires qui ont épuisé toutes les réserves de confiances, il y a
bien de questions lancinantes et
pressantes qui surgissent. Est-il vraiment sincère, pour une fois, Mohamed Ould
Abdel Aziz, dans sa volonté affichée pour un nouveau dialogue ? Qu’est-ce qui
l’y pousse vraiment ? Il faut peut-être rappeler la conjoncture socioéconomique
que traverse le pays. La réponse ne passerait-elle bien nécessairement pas là, dit-on ? !
A l’heure où il annonçait sa disponibilité pour une
ouverture politique inclusive, l’opinion publique était sidérée par une
situation économique plombée, marquée par la mort tragique d’un discours de
moralisation publique vertueux, qui s’est avéré, au début de ce second et
ultime mandat, une fanfaronnade populiste. La prolifération de scandales
financiers et économiques auxquelles s’associe, directement ou indirectement,
le nom du premier citoyen du pays est plus que troublante.
C’est donc un homme qui a dit assez et souhaiterait négocier
son impunité sur la balance politique ? Serait-ce la fin d’une période de grâce diplomatique.
Un homme de plus en plus isolé à l’extérieur, qui espère redorer son image
interne ? Pour gagner un peu plus de temps. Un peu plus de temps et pour faire
quoi ? Des questions qui trouveraient peut-être des réponses à l’issue de ce
dialogue ou de ce non dialogue, dont on discute déjà…
AVT
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