Mauritanie : Une sévère résolution condamnant la persécution des antiesclavagistes mauritaniens a été votée jeudi par le Parlement européen.
La Libre Belgique - vendredi 19 décembre 2014 Les eurodéputés en lutte contre
l’esclavagisme Mauritanie Une sévère résolution condamnant la persécution des
antiesclavagistes mauritaniens a été votée jeudi par le Parlement européen.
Les eurodéputés ont voté jeudi une
résolution qui avait été proposée par les sept groupes politiques du Parlement
européen. Il concerne l’esclavage en Mauritanie, le pire pays du monde en la
matière, et appelle les autorités de Nouakchott à libérer 17 militants
antiesclavagistes, dont Biram Dah Abeid, prix des Droits de l’homme de l’Onu en
2013.
Ils ont été arrêtés ces dernières
semaines, dans le cadre d’une recrudescence de la répression contre la campagne
pacifique antiesclavagiste. Les ennuis ont repris après une conférence de
presse de Biram Dah Abeid, 49 ans, président de l’organisation antiesclavagiste
IRA, fin octobre, pour rendre publique une déclaration des élus de Chicago
appelant la communauté internationale à mettre fin à l’esclavage en Mauritanie,
où il touche de 4 à 20% de la population, selon les sources.
Prêche contre les antiesclavagistes
Le mufti de la Grande Mosquée de
Nouakchott – propriétaire de nombreux esclaves, selon l’IRA – s’en est alors
pris aux membres de ce mouvement, appelant à les tuer. Des fidèles haratines
(ethnie noire dont sont issus les esclaves; 40 à 60% de la population) se sont
élevés contre les propos de l’imam; ce fut aussi le cas dans plusieurs autres
mosquées où l’on prêcha contre les antiesclavagistes. Des personnes qui se sont
opposées à ces prêches ont été arrêtées, ainsi que des participants à une
marche antiesclavagiste dans la vallée du fleuve Sénégal.
La résolution du Parlement européen est
très nette – malgré l’envoi lundi à Strasbourg d’une délégation mauritanienne
conduite par le commissaire aux Droits de l’homme de Nouakchott. Elle “condamne sévèrement” l’arrestation
et la détention de BiramDahAbeid et ses compagnons de lutte et appelle “à
leur libération immédiate”. En outre, le texte incite Nouakchott à “poursuivre
les officiels qui ont été impliqués dans les violences et la torture” de certains des détenus.
Plus largement, la résolution condamne “toute
forme d’esclavage” et appelle les autorités mauritaniennes à cesser toute
violence contre les protestations pacifiques; à “autoriser la liberté
de parole et de réunion” que la loi mauritanienne permet en théorie; à
lutter contre l’esclavage; à donner accès à tous à la propriété de la
terre ainsi qu’à l’éducation “afin que les anciens et actuels
esclaves, ainsi que leurs enfants” aient accès à un emploi.
Hypocrisie de la diplomatie européenne
Enfin, la résolution presse le service
diplomatique de l’UE d’“accroître ses efforts face à l’esclavage
en Mauritanie”. Il y a
quelques jours, le Représentant spécial de l’UE pour le Sahel, Michel Reveyrand
de Menthon, interrogé lors d’une conférence de presse à Nouakchott sur la
persistance de l’esclavage dans le pays, n’avait rien trouvé de mieux à
répondre – pour la plus grande honte de l’Europe – que: “Je ne sais
pas. Je suis incapable de me prononcer là dessus…”
Marie-France Cros
La Libre Belgique - vendredi 19 décembre
2014
Vidéo du Débat sur 'Mauritanie, notamment
le cas de Biram Dah Abeid'
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