pour Le Calame
Tout simplement
Détenir un passeport n’est pas en soi une
preuve de nationalité du pays qui le délivre. Les passeports ont, entre autres
mentions obligatoires, celle de la nationalité. Celle-ci
n’est donc pas présumée par la détention d’un passeport.
La France, comme la plupart des Etats et
depuis qu’il en existe, accorde des passeports de courtoisie aux personnes de
son choix qu’elle souhaite aider et dont elle est heureuse (et fière) de
répondre, en leur facilitant vie chez elle et déplacements à l’étranger. C’est
le cas pour les exilés ou pour les demandeurs d’asile. Ce fut donc le cas pour
la famille du président Moktar Ould
Daddah, depuis 1978. Le Président, lui-même, condamé par
contumace en Mauritanie aux travaux forcés à perpétuité [1]se
vit offrir – et il l’accepta – un passeport de courtoisie, ivoirien, de la part
du « doyen », le président Houphouët-Boigny. Celui-ci mit d’ailleurs
en Octobre 1979 son appartement parisien, rue Albéric Magnard, à la disposition
du Président et de Mariem. Il organisa aussi en Côte d’Ivoire des retrouvailles
familiales qui ne pouvaient se
vivre en Mauritanie, ainsi mère et fils pour le Président en
Décembre 1984.
Azeddine Ould Daddah n’est donc
nullement en illégalité. Dernier né de ses parents, ce n’est pas non plus un
« fils à papa ». C’est au contraire lui qui a protégé ses parents
(tandis que l’aîné, Mohamedoun, les veillait à Nice), en organisant leur retour
d’exil, sans déchoir, directement avec le directeur du cabinet présidentiel de
l’époque, Weddad Ould Louleïd [2],
pour ne dépendre de personne, y compris de ceux qui avaient lancé une pétition
pour ce retour : Cheikhna
Ould Mohamed Laghdaf pourtant du côté des putschistes, et
même leur ministre des Affaires Etrangères, en 1978, et les militants du
Rassemblement des Forces démocratiques, succédant tout juste à l’Union ds
Forces démocratiques-Ere nouvelle…
C’est en revanche le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui manque de mémoire
et de sens politiques. Evidemment en faisant savoir que c’est lui qui a empêché
le voyage d’Azeddine Ould
Daddah, alors qu’il a une forte dette envers celui-ci et
envers la veuve du « père de la Nation ». L’inauguration d’une
avenue-panneau au nom du fondateur de la Mauritanie contemporaine, en Novembre
2008, alors que le pouvoir putschiste cherchait tous appuis et toutes cautions,
a été honorée de la présence de Mariem Daddah et même de sa prise de parole,
reconnaissante et élogieuse pour le nouveau pouvoir : Mohamed Ould Abdel Aziz en demandait-il
tant ? La photo. qui orne la couverture des mémoires du Président – prise
par moi à Maghta-Lahjar en tournée de prise de contacts au printemps de 1974 –
lui a été donnée, à mon insu, par Azeddine Ould Daddah pour
confectionner une banderole de propagande en recherche de légitimation
électorale en Juin-Juillet 2009 : le parallèle du pouvoir usurpé avec 1960
et la grande naissance consensuelle, faisant croire que la
« rectification » serait de même nature et de même postérité. C’est
beaucoup.
La double nationalité n’existe ni en droit
mauritanien ni en droit français. Azeddine Ould Daddah, mon jeune frère
et mon ami affectionné, ne la demande pas. En revanche, l’homme fort, né à
l’étranger et marié à une étrangère qui n’a pas renoncé à la nationalité
marocaine, est demandeur d’identité personnelle et politique, autant que d’alliances. Il vient
de commettre une erreur du même ordre que son obstination à maintenir un
scrutin dont il est peu probable que les résultats vaillent pour toutes les
cinq années à venir.
Bertrand
Fessard de Foucault,
ancien
ambassadeur
[1] - le
procès de Rosso, à l’issue duquel le colonel Ould Abdel Kader, également par
contumace, fut – lui – condamné à mort, se tint juste au vingtième anniversaire
de l’Indépendance, Mohamed Khouna Ould Haïdalla présidant alors le Comité
militaire et tenant donc lieu de chef de l’Etat
[2] -
l’avoir fait battre à Ouadane est également une erreur du pouvoir en
place : Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, quoiqu’à Doha, en sait autant et
peut autant contre lui, que Mohamed Ould Bouamattou, quoiqu’à Marrakech… un
débiteur doit honorer ses créanciers, surtout s’il ne paye pas ou plus
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