Le système
français en 2008-2009 .
condamner ou
soutenir ?
le putsch du
6 Août
Le Calame a publié – 28 Avril 2009 – des extraits de
mon journal personnel pouvant éclairer l’attitude française face au putsch du
10 Juillet 1978. Le Calame sous la
plume d’Ahmed Ould Cheikh a déjà synthétisé une enquête à Paris – 7 Avril 2009
– à propos des attitudes françaises
envers les putschistes du 6 Août 2008. J’y ajoute maintenant quelques notes
d’entretien avec de hauts fonctionnaires ou avec un avocat à l’influence
reconnue. Je crois continuer de servir
ainsi la meilleure amitié franco-mauritanienne. Ce que j’essaie de faire depuis
quarante quatre ans. Pour ne pas gêner (la carrière de) quelques-uns de mes
interlocuteurs, je remplace leur nom par une lettre, mais cite les responsables
politiques et M° Robert Bourgi : c’est le propre de la décision qu’elle
soit signée et que ses conséquences soient assumées.
La différence essentielle entre 1978 et
2008-2009 tient à ce que jusqu’en 2005, la présidence de la République
française n’a pas – envers l’Afrique – d’intermédiaire hors organigramme, et
que la structure décisionnelle correspond à la structure d’Etat.
Comment la France est-elle passée d’une
condamnation dès le 6 Août 2008 (« l’attachement
de la France à la préservation de l’Etat de droit en toute circonstance et son
hostilité à la prise du pouvoir par la force ») aux affirmations du
secrétaire d’Etat compétent, président en exercice de l’instance européenne
prévue par le traité de Cotonou, puis de son plus haut représentant et
décideur, à Niamey, le 27 Mars 2009 [1] ? Première
question non élucidée encore. Comment l’opposition au système pustchiste –
enfin unie – et manifestant aussi clairement qu’habilement en occupant
l’Assemblée Nationale le 11 Mai 2009 la pétition constitutionnelle, a-t-elle pu
entrer dans le système de Dakar alors qu’elle avait récusé le système
libyen ? Seconde question à élucider. Quelques pistes s’ouvriront si
l’agenda des principales personnalités est connu : seul celui du président
Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été, du putsch au discours du 26 Juin 2009,
accessible à tous. Les rendez-vous parisiens et bruxellois de tel et tel. Ceux
du général El Ghazouani se déduisent en partie des notes qui suivent, ils ont
préparé ceux du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz. Comment M° Robert Bourgi qui,
à l’entendre et je le crois, n’était plus venu en Mauritanie depuis sa période
d’enseignement à l’E.N.A. en 1977, a-t-il été recruté par Mohamed Ould
Bouamatou, agissant pour compte des putschistes, alors qu’il été
particulièrement lié depuis ses débuts en Françafrique au président Omar Bongo,
a priori peu soucieux de donner à ses propres militaires l’exemple
mauritanien ? troisième question…
Mais j’ai vêcu cette année autrement – dans
l’angoisse. En constant contact électronique avec des amis nouveaux et des
relations confiantes très anciennes, j’ai cherché à informer les décideurs
français et européens par une série de notes [2]. Celles-ci ont ouvert
les conversations dont je rends compte plus bas. Le point tournant a été la
mise au point d’une intermédiation – inofficielle et discrète – qui aurait eu
l’aval de la France et de Bruxelles. J’en donne en conclusion la proposition
écrite, datée du 18 Novembre 2008. Rencontrant à l’occasion d’un séjour à
Nouakchott qui aurait eu apparemment un tout autre objet mes amis que sont –
dans l’ordre chronologique de la rencontre, depuis 1964 Ahmed Ould Daddah,
depuis 1970 Sidi Ould Cheikh Abdallahi et depuis 2006 Messaoud Ould Boulkheir, j’aurais
écouté, chacun successivement puis proposé la même synthèse à tous, la synthèse
des compatibilités. Les pustchistes en revanche auraient été, d’entrée, au
courant de ma démarche et auraient pris l’engagement que je sois libre de mes
mouvements, que ma documentation écrite ou enregistrée serait resté inviolable.
Le chiffre de l’ambassade de France et celui de la délégation de la Commission
européenne à Nouakchott auraient été mis à ma disposition. M° Robert Bourgi
pouvait convaincre les deux généraux de l’intérêt de ma tentative leur faisant
connaître – pratiquement mais sans engagement de part et d’autre – les
positions de chacun. Une modulation serait devenue possible. Le silence me
répondit, je fis passer au président du Haut Conseil d’Etat des lettres à deux
reprises. Je n’ai pas reçu de réponse. Il y eut Dakar, après que j’eusse
ultimement tenté de rencontrer aussi bien le président de la République
française que son secrétaire général. Je donne ci-après les courriels proposant
un autre exposé de la question mauritanienne que celui auxquel chacun ajoute
foi.
Du putsch au soir du scrutin présidentiel,
il manque à tous – du peuple mauritanien dans son ensemble à chacun des
principaux personnages du drame, les deux généraux Abdel Aziz et El Ghazouani compris – deux éléments : la connaissance des
stratégies intimes de chacun des autres en Mauritanie, l’évolution des
appréciations de la situation mauritanienne à Bruxelles et à Addis Abeba.
Mohamed Ould Abdel Aziz, seul, n’a jamais changé de stratégie ni de discours,
ce qui a forcé tout le reste – des collectifs aux individus, dont aucun n’était
vraiment fixé dans son attitude – à s’adapter à lui. La pression internationale
n’a jamais porté un effort unanime et constant sur lui. Elle a très vite reçu
les concessions de forme du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi comme la
possibilité d’évoluer d’une position totalement réprobative le 6 Août 2008 à
son exact contraire les 19-20 Juillet 2009. La « communauté
internationale » – entretemps et décisivement – avait analysé, selon quels
entretiens encore secrets ? la ductilité des opposants au putsch et la
lassitude populaire. Privé de toutes racines, de tout héraut, le symbole et
l’acteur de la légitimité ne pouvait plus que s’incliner. Autrement, il serait
passé pour un fauteur de guerre civil après l’accord de Dakar, exacte posture
dans laquelle les généraux limogé l’avait déjà placé le matin de leur coup.
Responsabilité collective nationales et
internationales, bien davantage que génie du vainqueur de ces douze mois.
Et, en France, deux lignes différentes :
celle du pouvoir, celle des bureaux et cabinets ministériels…eux-mêmes
représentés à l’Elysée ! Mes tentatives d’informer n’ont pu porter que sur
les bureaux, les groupes d’amitié parlementaires s’ignorant les uns les autres
ne se sont pas ouverts. Je n’ai pas cherché à rencontrer les groupes
éventuellement intéressés : Gaz de France, Total …déjà peu portés à la
confidence quand j’étais ambassadeur en exercice. Bruxelles, au contraire, à un
niveau opérationnel, est ouvert mais l’atavisme est de laisser la France en
chef de file.
Bertrand
Fessard de Foucault
personnes
citées et abréviations
. MAA
– Mohamed Ould Abdel Aziz
. Robert Bourgi – avocat, né à Dakar
. Edgard
Pisani – ministre du général de Gaulle 1961-1967, de François Mitterrand
1984-1985 et entretemps membre de la Commission européenne chargé du
Développement
. Jacques Foccart – proche collaborateur
du général de Gaulle depuis Décembre 1946, il est secrétaire général pour les
Affaires africaines et malgaches à la présidence de la République de Mars 1960
à Mai 1974, puis conseiller de Jacques
Chirac, Premier ministre en 1986-1988 . ni ses mémoires ni son journal ne
mentionnent Robert Bourgi, mais son père Mahmoud Bourgi, décisif indicateur sur
la fragilité de Senghor
Journal
de l’Elysée éd. Fayard-Jeune Afrique (Février 2001 . 585 pages) tome V pp. 397, 401 & 533
. Louis Michel – membre de la Commission
européenne, chargé du Développement 2004-2009
. MoD – Moktar Ould Daddah – ses mémoires La Mauritanie contre vents et marées
(Karthala . Octobre 2003 . 664 pages)
. GP – Georges Pompidou, président de la
République française 1969.1974
. NS – Nicolas Sarkozy, président de la
République française depuis 2007
. Claude Guéant, préfet – secrétaire
général de l’Elysée, reçoit les putschistes Septembre 2008 . Juin 2009
. Henri Guaino – conseiller spécial du
président français, rédacteur du « discours de Dakar » prononcé le
par Nicolas Sarkoy : l’un et l’autre ont-ils lu la réplique
africaine ? L’Afrique humiliée (Fayard . Janvier 2008 . 295 pages) d’Aminata Traoé, et le collectif dirigée par Adame Ba
Konaré : Petit précis de remise à niveau sur l’histoire
africaine à l’usage du président Sarkozy (La Découverte . Septembre 2008 . 348 pages)
. ACP – groupe des Etats d’Afrique, des
Caraîbes et du Pacifique, signataires du traité de Cotonou avec l’Union
européenne et ses Etats-membres
. AntoineGlaser – auteur avec Stephen
Smith de Sarko en Afrique (éd. Plon .
Octobre 2008 . 213 pages)
. Geoffroy de Courcel, diplomate de carrière, aide-de-camp
du général de Gaulle, à Londres le 18 Juin 1940, secrétaire général de l’Elysée
en 1959 puis ambassadeur à Londres . oncle de Bernadette Chirac
. Maurice Couve de Murville, ministre
des Affaires étrangères du général de Gaulle – 1958-1968, Premier ministre
1968-1969
. DdeV – Dominique de Villepin,
secrétaire général de l’Elysée pendant le premier mandat présidentiel de
Jacques Chirac, ministre des Affaires Etrangères puis de l’Intérieur 2002-2005,
Premier ministre 2005-2007
. Jacques Myard – député-maire UMP de
Maisons-Laffite (au cabinet du ministre de la Coopération en 1986-1988, voisin
de bureau de Robert Bourgi, Jacques Chirac étant de nouveau Premier ministre et
Jacques Foccart suivant pour celui-ci les affaires africaines)
Vendredi 24 Octobre 2008
Une
première réunion, sous présidence française, entre la délégation mauritanienne
et les instances de l’Union européenne a eu lieu à Paris le lundi 20. En
principe, le secrétaire d’Etat Alain Joyandet doit se rendre le samedi 25 à
Nouakchott venant de Ouagadougou.
.
. . rue Monsieur, au ministère de la Coopération, 11 heures 30 à 12 heures 30 + Une vingtaine de minutes
d’attente, petit antichambre, les portraits-photos des ministres et secrétaires
d’Etat successifs : 28 en 48 ans… crèvent l’écran en magnifique :
Michel JOBERT (qui a dû faire l’intérim de Jean-François DENIAU en Mars 1974…)
et mon cher Jacques GODFRAIN. DEBARGE hideux et pachydermique, GALLEY chaque
oreille (décollée) plus vaste que le visage, et ainsi de suite. ABELIN (mis en
scène par Valéry GISCARD d’ESTAING comme doyen du gouvernement censément des
jeunes) est impérial à une table de travail, à la Berrichon au Mont-Blanc.
Délégation africaine, une ONG sur le
développement économique, c’est ce que m’explique celui que je suis venu voir,
jolie couloir repeint de frais, beige avec de nombreuses sculptures et
tapisseries africaines, belles. Les lieux vont être évacués, vendus à des
Russes ! et le ministère devrait partager de nouveaux locaux avec le ministère
des Affaires étrangères – Voici venir A…
Complet gris, ni maigre ni vraiment
corpulent, visage plutôt triste, sans âge mais pas âgé. Mes papiers édités et
reliés sous ses yeux, petite table ronde à marbre gris, bureau exigu, deux
pièces contigües, secrétariat du cabinet et secrétariat du ministre, écrans
d’ordinateur, fenêtres sur le semi-jardin vite limité par le boulevard des
Invalides – je connais ces lieux depuis longtemps. Il me fait un peu parler, je
donne des idées générales sur la Mauritanie, mon attachement pour ce pays et
sur ma carrière pour qu’il s’exprime, ce qu’il fait volontiers avec un
exorde : je serai transparent avec vous. Sa propre carrière,
administrative et non politique (il ne me dira pas sa relation avec Alain
JOYANDET et je ne la lui demanderai pas – son titre est d’ailleurs (…) au
cabinet commun avec celui de Bernard KOUCHNER, qu’il n’évoque pas non
plus) : administrateur civil à la Coopération au sortir de l’E.N.A. en
1991, chargé tout de suite en géographie du Mali puis de la Mauritanie. Il fait
alors la connaissance d’Edgard PISANI – rapprochement que je confirme – pour
apaiser un conflit avec les Touaregs, celui-ci accompagné d’Ahmed Baba Ould
AHMED MISKE, je situe celui-ci, connaissance depuis 1967. Il fait alors partie
de la représentation permanente à New-York, chargé de suivre le Conseil de
sécurité, un nouveau séjour comme attaché financier, en mobilité aux Finances.
Sans prendre de notes – mais en
esquissant le schéma dès que je l’ai quitté – voici ce que je retiens de trois
quarts d’heures ensemble.
Position française pas très
claire, deux lignes. La première est celle de B … , à l’Elysée, dans l’équipe de Bruno JOUBERT. Il était aux
Nations Unies, notre représentation permanente pour gérer la crise ivoirienne.
Réflexe légaliste quand il apprend le putsch, remettre Sidi au pouvoir, il n’a
pas changé depuis, c’est un homme carré, rude, plutôt violent. Naturellement,
avec le temps qui passe, cette position brutale a ses variantes. Deux scenarii.
MAA s’efface et passe le pouvoir à des civils pour la transition, mais à cette
condition il peut se présenter à l’élection présidentielle dans dix ou quinze
mois. Ou bien, MAA et les militaires sont organisés dans les institutions par
un genre Conseil national de sécurité, et il ne peut se porter candidat. La
seconde ligne à laquelle est sensible Alain JOYANDET, est de considérer le fait
accompli et de négocier avec les militaires, personne ne veut Sidi – je n’ai
pas laissé passer cela, ai redit les manifestations, la répression et que les
militaires ne peuvent de leur côté mettre grand :monde dans la rue, d’où
l’interdiction générale, bref dialogue sur le pourquoi de la déception générale
et j’ai minoré la charge habituelle sur sa femme – ligne défendu, moyennant
finances par un avocat que mon hôte suppose bien connu de moi : avocat de
lobby et de couloir, Pierre BOURGI ( ?), également chargé des intérêts de
BONGO, celui-ci préfèrerait que son homme ne se mêle pas de Mauritanie. Cet
avocat – que manifestement mon vis-à-vis juge négativement – est très lié à
Claude GUEANT… A ce point de l’exposé que je n’interromps pas, pas d’évocation
du président de la République ni d’un arbitrage ou d’un choix que celui-ci
aurait fait. Bruno JOUBERT est en lien constant et direct avec le président de
la Commission de l’Union africaine, il est conscient que l’UA est la clé de la
relation eurafricaine et par conséquent de la position française en Afrique, et
il fait bien le lien entre l’organisation et le test que constitue le coup
militaire. Les Mauritaniens font au contraire savoir que l’Union africaine
n’existe pas pour eux – propos qui sentent le racisme (mon interlocuteur,
dixit) – et que l’on doit s’arranger avec l’Union européenne, en fait avec la
France. Mon vis-à-vis semble en recevoir beaucoup, il situe très bien Ahmed
Ould DADDAH mais pour me dire que sa position n’est pas claire ni donc
saisissable depuis le début du coup. J’ai expliqué ce que j’en comprends et les
paramètres psychologiques aussi bien les siens que ceux de ses troupes. Il ne mentionne
pas et ne semble pas connaître Messaoud Ould BOULKHEIR. Il n’évoque pas de
lui-même l’actuel Premier ministre des pustchistes mais j’indique sa formation
bruxelloise et ACP, ni Ely Ould MOHAMED VALL. Les intérêts économiques ne sont
pas non plus présents, sinon la déception pour le pétrole, le silence de Total,
les deux réflexions provoquées par ma propre interrogation quant à la viabilité
budgétaire passée du pays, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pas non plus
les aspects sécurité. De Sidi, il retient qu’il aurait penché vers les
« islamistes ». J’ai fait le portrait que je tiens de mon propre
entretien du 19 Avril 2006 auquel je le renvoie.
La réunion de lundi doit
être suivie d’une autre à Nouakchott : je ne lui ai pas demandé s’il y
avait participé. L’Espagne est plus indulgente, l’Allemagne nous f… la paix.
Pas d’allusion à la Commission européenne ni en particulier à Louis MICHEL. Je
dis être en relation avec celui-ci. Il n’évoque pas non plus nos ambassadseurs
successifs, je dis du bien de C …
pour apprendre sa prochaine nomination à (…). Pas d’évocation de l’actuel que
je ne nomme donc pas. Le ministre doit aller à Nouakchott déjà demain – je
demande à ce qu’il se charge d’une lettre de moi sur papier libre pour Sidi,
puisqu’il entend le voir sans témoin et seul à seul. Mais venant de
Ouagadougou, donc trop tard pour examiner mes messages à moins de les lui
transmettre par télécopie ou courriel. Convention que je revienne – quoique je
rédige sur le champ ma lettre et la lui laisse – pour quelques idées mais avant
dix-neuf heures. Nous convenons de
demeurer en contact, j’ai eu l’impression de l’intéresser et que l’idée d’un
jeu à quatre : Sidi, MAA forcément, Ahmed Ould DADDAH et Messaoud Ould BOULKHEIR,
est aussi la sienne, mais il évoque « mettre tout le monde autour d’une
table », pour moi, il s’agit au contraire d’un intermédiariat très discret
et personnel. Je ne lui dis pas que je me vois dans ce rôle et que je vais
tenter de le jouer, dès mon prochain séjour à Nouakchott.
Vendredi 14 Novembre 2008
.
. . avec M° Robert BOURGI, chez lui,
11 heures 10 à midi + J’y arrive dans des dispositions intuitives que j’ai
depuis quelques jours – nonobstant la mise en garde, ou plutôt la
recommandation de prudence qui m’avait été faite par A … mais que j’ai gardée constamment à l’esprit, et ce que j’avais
lu sur internet ; la grande
probabilité de rencontrer un homme sympathique, et même très sympathique. Cela
commence aussitôt ainsi : l’antichambre minuscule, de plain pied sur le
hall d’un rez-de-chaussée spacieux sur cour (le 14 av. … , peut-être – à
vérifier – la même adresse que Jean SAUVAGNARGUES) est ornée de beaucoup
d’œuvres modernes, de moyennes dimensions, dont une très belle esquisse de
portrait coloré vivement bleu et orange, un lavis, et surtout de mots d’amour
enfantin, au crayon feutre noir, tous adressés à un papa manifestement aimé et
attentif. Je suis arrivé – embouteillages de l’entrée dans Paris – avec six
minutes de retard. Je suis introduit dans les trois minutes. Salle-bureau en
longueur, éclairée a giorno, fenêtres ou volets tamisant tout, murs ultra
garnis, vers le fond à pans coupés un tryptique. A gauche, Napoléon, avec
centralement, cette gravure que j’ai manquée à Vienne il y a vingt ans et qu’il
me faut trouver absolument et dont je ne me souvenais pas vraiment telle
qu’elle est, l’Empereur faisant jeune est sur un canapé à dossier et
accoudoirs, très détendu à lire un document, et le roi de Rome allongé
paisiblement sur le canapé repose, la tête sur les genoux sur père, et dort.
Une impression de confiance mutuelle, d’amour et de paix – d’autant plus
empoignante que l’arrière fond est forcément la démesure ou la puissance d’un
destin, de deux destins hors de toutes séries. D’autres images plus petites.
Vis-à-vis, à droite, de GAULLE : deux ensembles de photos. en encadrement
groupé, le Général à sa table de travail, le Général à Mururoa, etc. des
dessins gravés, tout cela connu. Un meuble devant, un buste de Bonaparte,
bronze noir, époque 1861. Cheminée, les aigles impériales, chenets ? ou
ornements ? provenant des Tuileries après l’incendie par la Commune. Une
pendulette, avec l’Empereur affalé sur une chaise, la pose 1815, époque Retour
des cendres. Sans format ni encadrement spéciaux, photo. noir et blanc, dédicacée
sans que j’ai lu le texte, par NS : portait noir et blanc de campagne, peu
signifiant. J’ai – forcément – commencé par ce cri d’admiration devant les
objets napoléoniens et la mémoire du Général, après avoir dit mon immédiate
affinité avec les mots d’enfant. L’homme m’accueille à son seuil, cordial, sans
réserve ni exubérance, naturel, sans doute plus jeune que moi, en tout cas
« faisant » beaucoup plus jeune, costume bien coupé, au bord de la
corpulence mais sans flacidité (il fait cependant « attention », recommandations
à Sophie pour le café déca. et sans sucre – servi avec le verre d’eau et les
biscuits), tissu gris-bleu-ciel, ruban de la Légion d’honneur, cheveux coupés
courts, à peine poivre et sel, visage équilibré, attentif, sans finesse ni
grossiereté. Il respire l’équilibre, notre conversation n’est pas interrompue
par le téléphone, pas d’ordinateur dans la pièce. Après qu’il m’ait identifié
chacune des pièces principales de sa collection napoléonienne, nous nous
asseyons, quatre chaises, copie du style Art moderne 1930, à dossier ronde
faisant aussi accoudoir. Une table ronde entre nous, les deux autres chaises
faisant cruciforme. D’autres photos, mêlant vie de famille et sans doute
grandes rencontres.
L’entrée en matière est aisée, je lui
dis mon réflexe de sympathie, ma venue à lui selon ce qu’il m’est dit
« dans Paris et quelques ministères », ma recherche sans acharnement
sur Google et internet, ma disponibilité. Il dit me connaître de longue date,
tant un peu partout qu’en Mauritanie, et à plusieurs reprises revient –
habileté et sincérité, je crois – sur l’autorité morale que me donnent les
Mauritaniens. Manifestement, il est heureux que je sois venu à lui. La suite
est informative, sans jamais un moment de tension ou de réflexion par censure.
Né à Dakar, père libanais gros industriel et importateur de tissus, arrivé du
Liban en 1918. Il est place Protêt pour serrer la main à DG en 1958, qu’il n’a
plus revu. Etudes de droit public à Dakar, un peu décalées avec les miennes,
déclinaison de nos enseignants et professeurs, les mêmes que ceux de mon DES.
La Mauritanie un peu plus tard, il enseigne à l’E.N.A. de Nouakchott en
1977-1979, ne partage aucun des préjugés habituels sur le pays quand on arrive
du Sénégal, des amis harratines, la découverte de Maures maures (il dit Maures
noirs pour les originaires de la vallée du Fleuve), remarquables, des élèves
tout autant, plusieurs deviendront Premiers ministres, ministres. Turkia
DADDAH, qu’il a revue récemment (son deuil d’avant l’été). Recommandé par FOCCART,
il est, à cette époque, reçu par MoD : sans qu’il s’étende beaucoup sur
une description de la personne, il assure que le courant passe (raison de cette
audience ? il ne la dit pas et je ne la lui demande pas). Au moment de le
quitter, j’évoquerai BONGO et, sans qu’il donne la nature ou l’ancienneté de sa
relation gabonaise, il me dit que les moments où il a revu ensuite MoD, c’était
dans la villa que mettait BONGO à la disposition de celui-ci, il allait alors
voir « tonton », surnom donné à MoD, qui peut lui aller d’une
certaine manière. A l’époque, il n’a pas d’affinité avec Mariem, qui passe pour
très arrêtée d’idées et francophobe. Je reprends la parole pour donner un
portrait plus explicatif de mon amie chère, tout en convenant de son caractère,
ferme, peut être rude et que nous nous sommes parfois opposés (je n’évoque que
la relecture des mémoires du Président, qu’il prétend avoir – ce dont je ne
suis pas sûr), et ce que le Président lui doit de la perception du rôle des
femmes dans le développement et la démocratie aux conevrsations ayant rallié la
jeunesse de gauche (les Khadihines). Il reprend pour dire qu’elle est
aujourd’hui très estimée. A MoD, il est – lui – très reconnaissant du décret
inscrivant sa propre femme au barreau de Nouakchott, ce qui en fit la première
femme et étrangère avocate en Mauritanie. Je dis l’éclectisme du Président et
sa sensibilité à quiconque apporte à son pays, de bonne foi et avec une
compétence avérée.
Il continue : après la période
d’enseignement en Mauritanie, il ne garde aucun lien avec la politique
mauritanienne et ses évolutions, mais il est visité à Paris par ses anciens
élèves devenus grands. Et le voici « approché » par les généraux – je
dis : putschistes, sans jamais qu’il me reprenne, j’ai à plusieurs reprises
l’impression qu’il m’a lu sur l’actualité aussi ? mais comment ?
puisqu’il ne semble pas maniaque d’internet. Ceux-ci veulent lui faire passer
des messages vers l’Elysée : faire comprendre les raisons de leur
intervention, se faire surtout connaître. Lui et l’Elysée. La rencontre de
FOCCART, m’en dit-il les circonstances ? ce semble Dakar et son père, et
donc de très longue date. Le portrait qu’il m’en donne : son sens et
surtout sa capacité du secret, la confiance du Général telle qu’il en est le
collaborateur le plus intime pendant trente ans, sans diplômes aucun,
s’imposant donc aux énarques et autres grandes écoles de l’entourage (tableau
erronné pour l’époque), le mot de POMPIDOU à lui, en tête-à-tête, au temps de
Matignon : pour le Général, je passe par FOCCART… comment a-t-il connu
GP ? par FOCCART. Je dis ma propre relation avec le personnage, bien plus
tardive et moins durable, la pudeur et l’intuition, la capacité de discerner à
qui l’on peut d’emblée faire confiance et de qui se défier. Il apprécie. Il ne
me dit pas comment il est « entré » à l’Elysée, mais chaque évocation
de NS – il dit : le Président – montre une intimité de posture
mutuelle : il rapporte les conversations sur le mode du tutoiement.
Récemment : tu as dépassé CHIRAC, tu as beaucoup évolué. Il l’explique par
le temps qui passe et surtout l’apaisement qu’a produit Carla, qu’il voit
également. Après cinq ou six ans de tension – ce qui handicape beaucoup un
homme, précise-t-il – il est maintenant tranquille. Relation directe et opérationnelle
avec Claude GUEANT. Ne connaissait rien aux relations africaines, mais apprend
très vite. C’est lui qui dirige tout, sa parole est celle du Président (ce
qu’il affirme à ses visiteurs). Il reçoit les chefs d’Etat et les ministres,
BOURGI assiste aux entretiens et en fait l’évaluation après le départ des
visiteurs. Quand NS reçoit ceux-ci, ce n’est jamais en tête-à-tête, Claude
GUEANT y assiste. Pas de difficultés personnelles avec la « cellule »
diplomatique, revoit Bruno (JOUBERT) ces jours ou heures-ci et déjeune avec lui
la semaine prochaine. Il ne rebondit pas à l’évocation de B … ou de M … ni de
GUAINO ? il ne le fréquente pas, mais celui-ci se tient mieux, parle
moins ; le discours de Dakar, évidemment… désastreux. Nous en sommes
d’accord ; pas lu ni concerté par avance ni avec lui. Le Président l’a
lu-découvert en voiture vers l’Université de Dakar ! je remarque que la
charge de l’agenda, excessive, fait qu’il y a ces bâclages ou ces
approximations, qu’en revanche les choses ont été meilleures poiur Toulon ou
pour le résumé des débats à l’euro-groupe. J’évoque l’appréciation, d’expert,
de JMJ, l’importance du coup d’œil des anciens ministres du Général. Il me
répond que les choses se règlent de mieux en mieux, surtout du fait de
l’évolution personnelle de NS, déjà notée.
Organisation d’une rencontre – dont je
constate in petto que personne n’a parlé ni en France ni en Mauritanie – du
général GHAZOUANI chef d’état-major, venu il y a quinze jours-trois semaines,
il ne me dit pas la date quoique je la lui demande : mémoire pas organisée
en ce sens, ou rétention ? – elle se déroule selon un questionnaire établi
à trois auparavant : NS, GUEANT et lui. Libération de Sidi – vous savez
que c’est fait … oui, mais assignation à résidence… non, non, il est libre dans
sa ville natale, chez lui – des élections transparentes, nous pourrons vous
envoyer des observateurs, que tout le monde puisse s’y présenter, AZIZ certes
mais aussi Sidi. Libération annoncée par téléphone de GHAZOUANI hier matin pour
que l’Elysée le sache, on y a été content.
Trois fois en Mauritanie depuis
l’embauche des putschistes. Certitude, la période Sidi est finie. Pourquoi et
comment ? celui-ci a-t-il échoué. Pas de réponse personnelle, il ne le
connaît que de vague présentation par des chefs d’Etat dans les années 80 ou
90. Pas plus qu’il ne connaît Ely. J’en fais un portrait plus proche. Son
interprétation de l’histoire récente : GHAZOUANI tirant les ficelles aussi
bien d’Ely que d’AZIZ ? C’est un couple qui travaille très bien ensemble,
qui marche bien. AZIZ l’apparence et le devant – c’est moi qui suggère pour
confirmation que je reçois – et GHAZOUANI qui tient les choses : unité de
l’armée. Certitude, AZIZ se présentera à l’élection présidentielle, et il sera
élu, évidemment il aura abandonné l’uniforme au début de la campagne. Nous
voici dans le vif du sujet. J’articule que le lien avec la légalité
constitutionnelle doit absolument être renoué. Sidi ? l’amener à
démissionner pour ouvrir l’élection présidentielle. Il acquiesce mais manifestement
ni lui ni les putschistes n’ont le contact. Mon interlocuteur me dit alors les
cartes que j’ai à ses yeux (et peut-être des putschistes) : la confiance
de Sidi. Il est demandeur aussi sinon surtout du contact avec Ahmed (Ould
DADDAH), il ne l’a jamais rencontré, celui-ci n’a jamais demandé à le voir. Il
sait que mon ami parle avec les généraux puisque ceux-ci ont le pouvoir. Ma
question : admettons que Sidi ne serait pas réélu, qu’AZIZ en possession
d’état a toutes chances d’être élu, ce ne serait pas nouveau, mais si, par
impossible, c’est Ahmed qui l’emporte… les généraux ne vont-ils pas le
satelliser puis l’empêcher ou le débarquer comme ils l’ont fait avec Sidi. Mon
homme répond, en insistant sur la confidence, que pour NS Ahmed Ould DADDAH, son
nom, sa personnalité, son prestige à l’international et dans le monde arabe, en
font en réalité le candidat le plus souhaitable et le plus présentable. La
question a donc été posée à GHAZOUANI qui a répondu que les militaires
joueraient alors le jeu. N’est-ce pas eux qui ont rétabli la démocratie en
2005 ? je ne conteste pas. Je résume : en somme, vous avez confiance
dans la bonne foi des généraux ? Oui. – Je dois reconnaître que l’homme
est convaincant, simple, direct sans être simpliste, qu’il joue fin mais cartes
sur table. Il est demandeur d’une nouvelle rencontre dans les dix-quinze jours,
comme s’il doutait que je le sois, moi aussi. Je comprends que ses entrées dans
le bureau de Claude GUEANT et son tutoiement du président régnant
impressionnent cabinets et administrations. Ce genre de relations que j’ai
connues sinon vraiment pratiquées presque depuis le début de ma carrière
administrative du fait de mon enquête sur le départ et le legs du Général, puis
mes « articles du Monde », ne m’a jamais impressionné et aujourd’hui,
comme je suis, quelle prise offrè-je ? je ne peux que recevoir, on ne peut
rien me prendre. Puisque je n’ai que moi, mes souvenirs, ma machine intime et
ma vie familiale.
Un jeu à quatre, car il y a un
personnage oublié. Vous avez commencé quand vous êtes venu enseigner en
Mauritanie, par évoquer les harratines et des amis parmi eux. Messaoud Ould
BOULKHEIR est un homme d’Etat et peut être, lui aussi, président de la
République. L’avez-vous rencontré ? Non. Il me semble même que la démarche
précédente des généraux (l’histoire BOUAMATOU, à laquelle il n’a pas fait
allusion) ainsi que le moment de Messaoud à l’Elysée et à l’hôtel de Lassay ne
lui soient pas connues. Je donne le caractère de cet ami, sa violence et son
courage, sa susceptibilité. J’avais esquissé mes hypothèses sur l’alliance
manquée entre Ahmed et Sidi, provoquant cette affirmation qu’Ahmed ferait un
excellent président de la République, et qu’il est indispensable au pays. Mon
vis-à-vis se porte garant de la bonne foi des frères DUPONT/D sans
l’argumenter. C’est un fait pour lui. On ne sera opérationnel, puis-je penser,
qu’en acceptant ce pari. J’aurais aimé qu’il me donne des éléments de la
psychologie de chacun des deux, il en est probablement capable.
Nous allons achever. Le bien commun, la
relation franco-africaine, modèle du nord-sud, matrice pour l’Europe. J’avais
d’ailleurs manié la brosse à reluire au début en disant mon intuition qu’il
avait le sens de ces relations dépassant les apriori, et aussi les approches par
la corruption, que l’Afrique est plus pérenne que les gouvernants français. Il
ne m’a nommé aucun des « M. Afrique » précédents, n’a pas non plus
évoqué les ministres successivement en charge de la Coopération. C’est
manifestement un homme qui appelle l’échange de bons procédés et qui apprécie
de tester ce que l’on peut faire en commun et ce que l’on a de complémentaire.
Nous y sommes, il exagère la connaissance qu’il me prête du monde arabe,
confesse à ma question son admiration pour Michel JOBERT, mais qu’il semble
n’avoir pas rencontré : la mort de GP a tout coupé, il était parti pour
être Premier ministre, et peut-être davantage. Je confirme amitié et intimité
avec ce « frère aîné ». En début d’entretien, il a fait allusion au
costume que lui taillent les journalistes : cela me durcit. Il s’attribue
aussi la reprise des relations avec Damas, qu’il a conseillée à NS : tu ne
peux rien au Liban sans la Syrie, et juge très sévèrement JC d’avoir choisi un
clan, quel qu’il soit, et surtout celui des HARIRI. Il n’a en réalité rien fait
au Proche-Orient et n’avait plus aucun crédit chez les Arabes.
(soir du même jour) Vendredi
14 Novembre 2008
.
. . avec A … 18 heures 40 à 19h 50 +
Arrivé avec quelques minutes de retard par le métro (Saint-François-Xavier), je
suis reçu presque aussitôt. Curieux ministère, dont les services ne sont pas
physiquement apparent et dont l’accès au cœur paraît si facile, un simple
couloir, le bureau du ministre, celui du directeur de son cabinet, la pièce du
secrétariat, et c’est presque tout pour un rez-de-chaussée, je n’ai jamais
remarqué s’il y avait des étages. Le tout, qui est peu, déménage dans les deux
mois vers l’ancienne Imprimerie nationale, rue de la Convention qu’a obtenu le
Quai d’Orsay pour sa prolifération. Bras d’une chemise grise épaisse, visage et
ventre fatigués, courant de sympathie, c’est lui qui par courriel a commencé
l’échange des prénoms. Quelques interruptions téléphoniques : son ministre
et des papiers à faire passer à celui-ci par internet et qui doivent encore se
rédiger au cabinet, des liaisons pour organiser, semble-t-il la journée de
demain à Strasbourg, à la charge d’une . . . , chef de cabinet. Incidemment et
pour répondre à ma question, il est plutôt sur le départ, pas en ambassade,
mais sans doute au Quai, sans qu’il précise. Recruté intuitu personae ? par le ministre en place ? non, mais
par Jean-Marie BOCKEL qui ne trouvait personne : il lui a été indiqué par
le mari de Rama YADE avec qui il est lié (nom que je ne retiens pas), et il est
resté à la demande des deux ministres se succédant l’un à l’autre. Je le
ferai parler une autre fois sur les circonstances et anecdotes du dévissage de
Jean-Marie BOCKEL (d’où son souvenir assez âpre de BOURGI). L’essentiel est mon
compte-rendu de la conversation avec ce dernier le matin. Il me donne une date
qui colle à peu près pour l’entretien GHAZOUANI-GUEANT (le 8 Octobre) auquel
son ministre a assisté. Accessoirement, il me donne la bonne impression
produite par Messaoud Ould BOULKHEIR, des comptes-rendus en ont été faits. Il
commente peu ce que je lui raconte mais semble d’abord le prendre comme un
roman-fiction bien donné. Nous sommes alors dans la sortie de crise et la
formulons petit à petit ensemble. Il continue de croire que Sidi n’a aucun
soutien dans la population ou presque ce que je démens, il n’est pas convaincu
non plus par le personnage et le parcours d’Ahmed. En revanche, il cherche ce
que l’on peut « donner » à Sidi. A mes questions, il répond que les
ACP – dont il n’a pas suivi, semble-t-il les débats avec Moulaye, le Premier
ministre des putschistes – n’ont rien soutenu ni levé la langue aux
consultations, les ambassadeurs étaient là comme le prévoit la procédure de
l’article 96 mais n’ont rien dit. Tout simplement – et BONGO en est
l’expression, qui n’est pas très heureux que son avocat soit recruté par les
putschistes – les chefs d’Etat africains n’ont aucune envie du sort de Sidi.
Nous convenons que la légalité ne sera sauve que si Sidi ouvre de lui-même et
en tant que président de la République, démissionnaire pour la circonstance,
l’anticipation de l’élection. Ce qu’il veut c’est la sortie de crise, le jeu à
quatre est le scenario – tout le monde autour d’une table – envisagé depuis le
début à Paris, mais je dis qu’il est physiquement impossible. Il abonde alors
dans le sens de BOURGI, m’assure que je serai couvert par la Coopération et le
Quai si je tente ce jeu, souhaite être tenu au courant de la faisabilité qu’il
me reste à obtenir vers BOURGI du côté des militaires, je verrai le ministre avant
mon départ, pourrai faire ma liste de demandes dont celle de l’accès au
chiffre : je téléphonerai, dit-il à Michel (l’ambassadeur VANDEPOORTER).
Nous convenons qu’il vaut mieux que l’Elysée ne rester informé des coups que
par BOURGI et le compte-rendu de ma conversation avec ce dernier, que je vais
lui adresser par courriel, ne sera donc que pour lui et D ….
Il accepte mon interprétation de la « libération » de Sidi. Nous nous
donnons jusqu’à Noël pour boucler, mais je vois la date du 28 Novembre comme
celle du consensus. Il me lit une note de la DGSE qui est bien faite, va en
gros dans mon sens, remarque la relative similarité des compositions du CMJD de
2005 et du HCE de 2008, assure que les membres autres que AZIZ et GHAZOUANI
n’ont été avertis qu’après coup : donc le culot et l’improvisation la plus
totale, de deux gars qu’on démissionne. Le rédacteur observe que les
putschistes s’installent pour ne pas quitter le pouvoir, mais que la junte est
potentiellement divisée, qu’il y a des jalousies (questions de personnes mais
pas de thèmes, dont la légalité) et qu’il y a le personnage douteux, le
directeur de la sûreté de nationale, un Ould DAOUD de l’Est qu’il était
impossible de laisser à l’écart malgré sa très mauvaise réputation (corruption
et autre). La note ne fait pas état de l’activité d’autres puissances que nous
et ne décrit pas non plus le processus plébiscitaire en cours, elle n’évoque
pas davantage la tentative de récupérer la mémoire de MoD, ni l’action des
contestataires et de Messaoud Ould BOULKHEIR. Mon interlocuteur ne considère
pas non plus sérieuse une alternative russe ou chinoise.
Mercredi 3 Décembre 2008
.
. . avec C …, au café Bourbon, 18
heures 40 à 20 heures 10 + Je suis place du Palais-Bourbon mieux que pile aux
six heures et demi convenues quand il m’appelle, me disant qu’il s’est installé
dans un coin et m’attend, je le rassure mais entre là où je l’entends et les
alentoyurs de l’église Sainte-Clotilde, les places sont rares, je prends les
rues en marche arrière. Parvis où Maurice COUVE de MURVILLE et sa femme Jacqueline
sont photographiés, la rue Saint-Dominique, celle de de GAULLE à la Libération.
– Mon homme un peu moins svelte, ressemblance avec VALL, les plantations des
cheveux, la moustache à l’anglaise, le visage travaillé, expressif, lourd, la panthère
rose toujours, il garde un manteau brun alors que je me défais de mon
imperlméable, je n’ai que mon carnet de terrain mais je ne l’ouvrirai pas, posé
devant moi sur les deux enveloppes pour SAPIN (ancien ministre socialiste de
Pierre BEREGOVOY et François MITTERRAND, sa région celle du Centre est jumelée
avec celle du Gorgol) et AYRAULT (président du groupe parlementaire
socialiste). Il est à un panaché, il en prendra un second, je prends une
pression Eineken, un type grisonnant,
à barbe peu taillée mais courte, sac à l’épaule, genre DGSE lui demande ce
qu’il fait là, il répond par le rendez-vous qu’ils ont lundi.
Nous commençons vite par ma provocation,
son mot au moment de monter dans l’avion en Mai dernier, ce pays n’est pas
gouverné. Il me reprend, je n’ai jamais dit cela, au contraire c’est un pays
très gouverné mais pas du tout à notre manière. Il me donne la chronologie, il
est arrivé l’avant-veille de la tentative de coup en Juin 2003 et il est parti
en Janvier dernier, il s’est meme demandé s’il n’allait pas détruire ses
lettres de créance, la rumeur était que les putschistes comptaient venir à
l’ambassade dans la pensée que TAYA s’y était réfugié. Il était à celle
d’Espagne ? non plus, mais dans un garage quelque part, à diriger la résistance
et la reprise en mains avec un téléphone cellulaire. Sans que j’ai à lui dire
pourquoi je viens prendre son opinion et apprendre de lui ce que je n’ai pas
vêcu : mieux comprendre, il va répondre tranquillement à mes questions, déviant
ou enchaînant moins vite que moi, mais étant sans réticences, moyennant
l’exorde : bien entendu, ce n’est
pas à diffuser. Donc, un portrait de ceux qu’il a connus au pouvoir, TAYA, Ely,
Sidi. Réponses… TAYA est un type plutôt bien (je ne sais plus s’il emploie le
présent ou le passé) mais l’usure du pouvoir, vingt ans, était telle que
c’était l’autisme, il se méfiait de tout le monde, n’avait confiance en
personne, était convaincu d’avoir raison. Il m’aimait plutôt et était plutôt en
confiance parce que le hasard de mon arrivée fit que la remise de mes lettres
de créance, le surlendemain de la tentative de putsch, lui procura des images
de télévision prouvant indubitablement – on ne m’avait jamais vu auparavant –
qu’il était vivant. Il m’en fut reconnaissant. Corruption ? pas lui
personnellement,d’ailleurs on n’a rien trouvé, pas de maisons, pas
d’appartement à Paris où quand il y venait, il fallait l’héberger à Marigny,
pas de château. CHIRAC disait de lui que c’était le seul chef d’Etat africain,
à sa connaissance, qui n’avait pas fait fortune, mais il a laissé son entourage
s’enrichir, c’était sa manière de se l’attacher et de le rétribuer. Je remarque
donc qu’il corrobore ce qui est couramment dit à Nouakchott.
Sur Ely, il a moins à remarquer, la fortune
de celui-ci était déjà faite quand il a pris le pouvoir. Il n’a eu la main
intéressée que quand il a vu que cela aurait une fin, alors ses exhortations à
l’honnêteté ont commencé de sonner faux : donner la troisième licence de
téléphonie mobile à son beau-frère ou parent… et la liquidation d’Air Mauritanie a été douteuse
(j’apprends ainsi que l’affaire n’est pas à la charge de Sidi ce qui est
pourtant proclamé en ce moment, mais à celle de son prédécesseur militaire… les
enquêtes et inculpations de maintenant ne peuvent donc que séparer ABDEL AZIZ
d’Ely…). A-t-il cherché à se maintenir ? certainement, mais il y a eu un
tel tollé que cela ne lui pas été possible. Etait-ce collégial ? Sans
doute, il n’avait pas toutes les coudées franches, ce n’est pas lui qui a
choisi Sidi, mais Abdel Aziz. Lui-même (mon vis-à-vis, qui parle avec justesse
et sans redondance, sur le ton d’une confidence qu’il lui plaît manifestement
de donner – il opinera tout à l’heure dans mon sens… on n’exploite nullement la
ressource humaine et surtout ce que pourraient apporter les ambasasdeurs
précédents, leur mémoire, leur carnet d’adresses à celui qui est en place et
aux gouvernants de chez nous dans leur moment souvent éphémère. La passation
dit-il est mieux organisé, mais j’ai vêcu ce qu’il m’a dit, la séance des
instructions où le sortant est convié à
entendre ce qui est dit à l’entrant), lui-même ne prévoyait pas Sidi, mais il
ne me dit pas qu’il voyait forcément Ahmed. Les élections ont été très
surveillées, c’est nous qui l’avons financé, on a épluché tout depuis les
listes électorales refaites jusqu’aux bulletins, mais que peut-on faire s’il y
a des autocars à la disposition de certains des votants et pas à celle des
autres ? Il touche là l’impossibilité pratique d’un scrutin équitable,
leçon pour l’avenir, dont je ne débats pas : il faut un gouvernement
« de service » comme en Grèce, pendant la campagne électorale.
Et Mohamed Ould ABDEL AZIZ ?
l’entrée en relations a été longue et difficile, mais une fois faite la
confiance était donnée, c’est un sécuritaire. Le terrorisme, la sécurité, c’est
son affaire. Et il est pour cela efficace et intelligent. Mais il n’a aucun
sens politique, et il l’a montré surabondamment depuis le 6 Août. Sans doute,
a-t-il cru que cela suffirait pour l’étranger, mais ce n’est pas le cas. Casque
à boulons… Et si Sidi lui avait laissé les coudées franches ? Oui, sans
doute les choses se seraient passées différemment. Sidi, au moment où je
partais n’avait pas encore déçu complètement, mais il y avait donc les aspects
sécuritaires qu’il ne traitait pas énergiquement, ou ne laissait pas traiter
énergiquement. Et il y avait sa femme. Sous influence des
militaires ? non, de sa femme et cela lui fut reproché. Les Mauritaniens
sont gouvernés par leurs femmes, chacun le sait et le vit, mais cela ne doit
pas trop se voir, cela s’est vu beaucoup trop, la femme de Mohamed Ould ABDEL
AZIZ est aussi de ce genre, la seconde épouse de TAYA était bien trop mise en
valeur par celui-ci. Je n’ai pas connu la première (il confirme ce qui m’a été
dit de celle-ci, sa discrétion et sa qualité). Sidi fut sans doute choisi pour
sa bonne image, les instances financières internationales, sa malléabilité
supposée surtout, son âge aussi, on a pensé qu’il ne briguerait pas un second
mandat, ne pourrait pas s’accrocher. Il avait aussi le handicap de ne plus
connaître la Mauritanie où il n’était revenu qu’un an et demi avant son
élection.
Alors, la suite ? il ne la voit
pas, ou plutôt il la voit malheureuse. Sans abonder dans ma prévision de
tentatives de coups militaires contre les actuels, il confirme que l’armée
n’existe pas, sous-équipée, trop nombreuse, pas payée, à l’exception du BASEP
que commandait précisément MAA. La situation est bloquée parce que chacun – MAA
et Sidi, maintenant, qui se sent soutenu par la communauté internationale et
voit donc là le moyen de reprendre le pouvoir – a beaucoup trop parlé. On va
vers des sanctions, il ne parle que des collectives, tandis que je ne crois
qu’aux individuelles et personnalisées, des sanctions qui peut-être ne feront
pas de mal au pays et apprendra aux Mauritaniens à travailler et à ne pas vivre
assistés. Depuis le coup, il a été sollicité et visité par tous les
Mauritaniens de passage, il a été au courant de la visite de BOUAMATOU, et y
associe Robert BOURGI dont le nom lui dit quelque chose mais qu’il ne connaît
pas directement, s’étonnant d’ailleurs de ce que je lui rapporte, son
recrutement par Turkia pour l’ENA s’il était déjà dans les réseaux de FOCCART.
Il ne semble pas avoir su la visite de GHAZAOUANI. Le couple avec MAA lui
paraît solide tant qu’il ne s’agit que des aspects sécuritaires, mais il faut
bien vivre, l’argent peut les diviser, puis-je comprendre sans qu’il développe.
A ses visiteurs et anciennes relations, il a conseillé systématiquement
l’Elysée : BOUAMATOU donc, la délégation parlementaire. Il a vu aussi
Ahmed, mais sa phrase est embarrassée, était-ce à Paris ? ce qui
signifierait qu’Ahmed désormais ne cherche plus mon contact … de celui-ci, il
trace un portrait juste. La compétence, la rugueur, l’aura mais aussi
l’autoritarisme même et surtout parmi les siens et l’image d’un vengeur qui
aurait la main rude s’il avait le pouvoir, vingt ans d’exil et de prison dont
il se vengerait, c’est sans doute ce qui lui a fait perdre l’élection. Je
confirme les traits de caractère et l’image rude et austère, mais pas les
desseins vengeurs. Enfin, l’homme est sans charisme, surtout à la télévision.
BOUAMATOU ? il en trace le portrait d’un homme d’influence et d’argent, dont
la fortune a commencé par des commerces de cigarettes et autres choses qui
peuvent se faire en Afrique de l’ouest, de manière plus ou moins recommandable.
Origine de peu de choses (il reprend mon expression-question), Smacide. Il est
capable de générosité, sa fondation l’hôpital pour les yeux. Il n’a jamais
voulu toucher la politique. Pourquoi soutient-il les militaires ? Classe
de gens d’affaires qui n’existait pas de mon propre temps (années 1960-1970),
surgie on ne sait comment, TAYA lui avait donné des gages.
Nous terminons par des réflexions et
figures libres sur la gouvernance, il se choque que nous en donnions la leçon à
l’étranger, il confirme que JOUBERT est chapeauté par GUEANT, il ne connaît pas
celui-ci, semble-t-il. – Ses définitions
du cabinet, son expérience des disconitnuités et de la multipolarité des
conduites de notre politique ou de nos poliiques en Afrique. Les ressources
mauritaniennes, pétrole, az et phosphates, le jeu des puissances, Etats-Unis,
Israel, Maroc, Espagne. Son expérience de la Libye, de KHADAFI entre 1982 et
1985, la période la plius idéologique.
Vendredi 5 Décembre 2008
.
. . avec A … rue Monsieur, 18 heures
40 à 19 heures 15 + Moment à plusieurs reprises décommandé, réarrangé. Nous
nous voyons enfin. Je pose le livre de mon vénéré (MoD) sur le petit guéridon,
il affectionne et me recommande les sièges à accoudoir, semi-fauteuils pas
raides. Un mot sur les mémoires, ma bonne surprise, le premier jet, non pas
convenable, mais exceptionnel. Le livre tel qu’il est, mais en matière
première, est unique : un chef d’Etat africain ou arabe, écrivant
lui-même, pas de nègre… Le vif du sujet. La situation est bloquée,
complètement. La mission de la semaine dernière le montre. D … donc, B …, et le nouveau directeur « des
services ». Il ne m’en dit pas le nom, mais Pierre ou Bernard BROCHANT (mon
camarade de promotion) a dû passer la main, ce que je commente
brièvement : il cultivait sa carrière et aimait progresser, il a
certainement désiré au moins demeurer ces derniers temps. – Je ne dis
évidemment pas que je ne pleure pas sur lui, chemins fréquemment croisés,
promotion la mienne ou au-dessus ? ce que m’en disait une autre âme pas
très belle finalement non plus : Pierre-Louis BLANC. – Ils ont fait
l’aller-retour dans la journée du samedi. Mon hôte a une grosse chemise bleue
ciel, épaisseur d’une grosse rame de papier, et me lit une double feuille bleue
également. Compte-rendu qui semble avoir été rédigé par B …. Ils semblent n’avoir vu
qu’ABDEL AZIZ, seul, et donc pas EL GHAZOUANI. Le général convient que la
situation ne peut durer, il souligne que le Haut Conseil d’Etat ne tient pas à s’incruster
au pouvoir. Il s’agit pour lui de rétablir l’ordre constitutionnel au plus vite
par une élection présidentielle à laquelle il compte se présenter. Consultation
préparée par des journées nationales de concertation, dites états généraux de
la démocratie. Pas de nouvelles élections parlementaires qui auraient été
couplées avec l’élection présidentielle. Il souhaite que tout le monde y
participe, et notamment Ahmed Ould DADDAH avec le R.F.D. Il évoque trois
choses, proposées comme des gestes de bonne volonté. La libération de Sidi,
complète, et en lui rendant son passeport. Lui-même quitte le pouvoir pour les
deux mois précédant la consultation. Une commission électorale supervisant et
contrôlant les opérations, et proclamant elle-même les résultats. L’ensemble du
processus bouclé d’ici Juin 2009. Réaction de ses visiteurs, deux mois sont
insuffisants, la Constitution prévoit trois mois, il faut un gouvrenement
indépendant et la dissolution du HCE, et que l’intérim soit exercé selon la
Constitution aussi, soit le président du Sénat. J’observe que le personnage n’a
aucune équation personnelle et que ce vœu correspond surtout à l’analyse de
Bruxelles, telle que je la connais. Ayant continué de recevoir des nouvelles de
là-bas et ayant vu avec intérêt et profit C
… hier, j’ai l’impression que « nous » avons commis l’erreur de
trop communiquer, Union européenne comme Union africaine ce qui permet à MAA chaque
fois de brandir le papier et d’exciter le nationalisme. Mais je note dans ce
compte-rendu que MAA a besoin d’Ahmed, et cela se monnaye. Du coup, mon A … revient à son papier qu’il allait
quitter. Ahmed est très critique contre Sidi (mon hôte prononce « chèque
abdallaÿ ») dont l’élection, truquée ou influencée par les militaires,
était très contestable, il a fait le cadeau à tous de ne pas les contester, et
l’action de Sidi au pouvoir ne l’a pas légitimé non plus. Il a donc admis et
compris sa déposition, mais il est autant hostile aux militaires qu’à Sidi, et
à leur maintien au pouvoir. Il réclame un gouvernement d’union nationale auquel
il participerait éventuellement, et a fait beaucoup d’efforts pour proposer des
solutions, son communiqué du 14 Septembre. Il prédit enfin (comme moi) une
succession de coups militaires si la donne ne change pas… Arrivé là, sans que
l’on soit venu à Sidi lui-même, j’observe qu’entre ABDEL AZIZ et Ahmed, il peut
y avoir un donnant-donnant puisque chacun croit à sa chance propre de gagner
l’élection présidentielle. Il y a enfin Messaoud que la mission n’a pu
rencontrer puisqui’il était – je l’ai couriellé aux deux cabinets – en tournée
africaine. Celui-ci a modifié sa position initiale et se prépare à l’élection
présidentielle. Il ne devancera pas Ahmed au premier tour mais peut l’empêcher
de gagner au second tour, il ne l’aime pas et Ahmed n’aime pas Sidi, les trois
civils ne se parlent pas entre eux, et qu’a Messaoud à gagner dans un
dénouement ?
Alors, situation bloquée, mais nos
partenaires ne tiennent pas à brusquer les choses, l’ultimatum de trente jours,
ils étaient réticents, ils préfèrent que l’on tente tout au moins jusqu’en
Février avant d’arriver à des sanctions qu’ils prisent peu. Une évolution
française alors ? puisqu’il est entendu à Bruxelles que c’est bien la
France qui continuera de mener le jeu. Notre position est de nouveau floue. Un
jeu double à l’Elysée ? non, GUEANT veut simplement que l’on en termine et
que l’on n’ait plus cela à gérer. Laisser du temps et du silence, ai-je
continué. Faisabilité de mon intermédiation, Sidi en sera très heureux, il
comptait se donner mes services en Juillet dernier. Ahmed est ductile quand il
est en position de faiblesse, il se croit en force (mon vis-à-vis le présente
comme se mettant en position centrale), mais je ne dis pas que je n’ai aucun
contact avec lui depuis le début d’Août, ni qu’il est probable qu’il est venu
en Europe, sinon en France, sans me faire signe... Gagnerait-il l’élection si
celle-ci est sincère ? Je brode aussi le portrait psychologique que je
commence à me faire de MAA et la possible division du couple des généraux à
propos de l’argent. Mais dans ce jeu – Ely excepté et dont on ne parle plus –
personne ne semble avoir fait fortune. C’est ce qui est retenu manifestement
ici et dans les allées du pouvoir. Ma tentative, savoir ce qu’en pense D …. Il projette une mission musclée
d’ici quelque temps : JA PING, le président de la Commission africaine,
Louis MICHEL qu’il a trouvé s’énervant facilement lors de la réunion de
consultation du 20 Octobre, il est vrai que les Mauritaniens avaient été
vraiment maladroits, et enfin le ministre. JOYANDET ? plus probablement
KOUCHNER.. Mais dans l’entretemps, pourquoi pas vous ? deux conditions que
j’y mets, la communication avec les généraux qui ne peut se faire que par une
lettre autograD ... et donc la valise
diplomatique, et la France n’apparaissant pas, et ensuite leur acceptation de
donner quelque chose à définir. Je suis désintéressé mais ce pays va mal tourner
si l’on reste ainsi. J’évoque les pronostics sombres de C …, l’isolement, l’autisme. A
… en est d’accord, confirme la sympathie marocaine pour les militaires sans
que cela déclenche l’hostilité de l’Algérie qui tient à garder, pour des
raisons sécuritaires, de bonnes relations avec la Mauritanie.
Donc, décision qui dépend de D …. Je dis que je le vois demain, A … n’a pas eu droit à plus de trois
minutes de compte-rendu depuis le retour de celui-ci. Je promets de lui
rapporter ce que j’entendrais, il proteste de ses meilleures relations avec le
directeur suprême du cabinet : point commun, chacun souffre de son
ministre ! Question sur Robert BOURGI, je dis ce qu’il en est, supposition
qu’il n’est plus intéressé ou qu’il en a reçu la consigne : des généraux ?
de BONGO ? de ce dernier selon mon hôte, je dédicace le livre de MoD, il
le feuillette en commençant par ce que j’ai longuement écrit, l’amitié née,
constate que j’étais fort jeune sur la photo. avec mon héros.
Demain, décisif, j’ai précisé mes
impossibilités de dates et la nécessité que les généraux maturent et éprouvent
le besoin de se donner de l’air. Sur le déménagement prochain vers les
bâtiments de l’ex-Imprimerie nationale, il est paisible, on reste loin du Quai
d’Orsay et les Africains ne seront pas mécontents.
Samedi 6 Décembre 2008
.
. . avec D …, au « Quai »,
10 heures + Il me fait attendre un quart d’heure. Les grands salons habituels.
Accueil depuis son bureau, il se lève,
toujours la même pièce, mais arrangée différemment de l’époque de Pierre
VIMONT. Il proteste contre l’analogie avec ce dernier confirmant qu’il dormait
souvent sur place, lui se réserve une part familiale mais, même en Mauritanie,
il n’a pas pris le temps du soleil, visage pâle. On se parle entre mur et table
de travail-conférence en verre, une cheminée a été ajouté là où l’on sentait le
décor et les coulisses de théâtre, le bureau est perpendicule au plan des deux
fenêtres, l’angle de vue est médiocre, plus de bâtiment que du jardin. Je viens
donc aux nouvelles et pour la faisabilité de ma proposition. Il commence
aussitôt par le compte-rendu, en me disant au préalable que je suis l’une des
principales sources d’ information et d’évaluation. Pas de papier dans la main
et moi mémorisant sans prendre de notes. Conversation se faisant, il vérifie
cependant ma crédibilité, je suis amené à lui dire que je suis attaché au pays
depuis mon service en Février 1965 et particulièrement que mon chemin est celui
démontré par MoD, j’évoque mes séjours et les tournées dans les années 1970,
moment où je fais la connaissance de Sidi et le pratique, Ahmed est de ce temps
mais aussi de la cité universitaire à Paris en 1964. Que je n’y suis pas revenu
depuis dix-huit mois c’est-à-dire avant l’élection présidentielle, je triche –
là – un peu. Lui-même, aucune idée ni connaissance sur le pays. Le secrétaire
général, le Président, il murmure la fonction, le secrétariat général a
souhaité que nous allions ressentir l’ambiance, faire le paysage. Il ne
mentionne pas le directeur « des services », ne nomme pas de tout
l’entretien B …, le lien est Bruno
JOUBERT qu’il connaît bien et avec lequel il semble bien s’entendre. Il me
demande si je « les » ai vus. Je dis avoir envoyé quelques messages,
mais pas tous… à B … (je n’ai rien
dit du silence de M … à mes
premières tentatives, il y a plus d’un an). Je crois comprendre qu’il serait
bon que je les vois, je dis ma disponibilité. Donc, là-bas, avec notre
ambassadeur (dont je m’empresse de dire du bien, d’autant que j’en entends dire
de mes correspondants – cela fait plaisir à mon interlocuteur, et c’est aussi
sa pensée, mais pas celle de tous).
Le trajet en voiture par la route,
j’avais oublié que la route de l’Espoir passe par Aleg. Plus de deux cent
kilomètres, mais aussi confortable que possible par la voiture de
l’ambassadeur, puis une trentaine de pistes pour Lemden. Ils voient le
président Sidi en premier, et il lui donne son titre chaque fois qu’il
l’évoque. Donc, Sidi. Empêché de prononcer son texte la veille, très monté
contre les militaires, en rien dans la disposition de rien lâcher, il est la
légitimité, pas question de remettre son mandat en jeu, mais si les militaires
s’en vont, tout est possible, et il le fait savoir. Il ne veut pas les voir et
AZIZ n’a pas non plus envie de le voir, donc aucun dialogue physiquement
possible. Il ne cède rien, se sent manifestement encouragé par la réaction de
la communauté internationale et aussi par la jurisprudence que créerait des
compromis et des concessions avec les putschistes, dans toute l’Afrique. Pense-t-il
à un possible contre-coup ? Il ne
le dit pas, mais il donne à penser qu’il s’appuie aussi sur cette possibilité.
Il est certain que certains des militaires sont jaloux de ceux qui se sont
ainsi auto-proclamés, généraux. Il était seul, avec un directeur de cabinet
pourtant qui n’était pas celui qu’il avait avant le 6 Août, mais l’ancien
directeur de la radio. Je dis que je retrouverai le nom. Réponse à ma
question : il n’est pas déprimé, il est en bonne santé. Il ne détaille pas
ce qui deviendrait possible s’il était réintégré dans ses fonctions, mais c’est
évidemment le gouvernement d’union nationale et probablement l’élection
présidentielle anticipée, à laquelle il ne s’interdirait pas de participer mais
en fait ne participerait pas. Tout cela, il ne le dit pas et – il est évident
que s’il le disait publiquement –, cela mettrait la junte en très mauvaise
posture. J’évoque ma relation avec lui, la reprise de langue en Avril-Mai, le
contact téléphonique qu’il m’avait donné et dont il se sépara, ces deux points
comme des premiers signes de crise et de son propre isolement. Récit sur lequel
Sidi s’est étendu, le calvaire vêcu depuis le changement de Premier ministre,
les généraux sans cesse dans son bureau pour protester, faire pression. Le
reproche d’une mauvaise gestion des deux bonnes décisions : régler la
question des réfugiés, la sécurité. Ils (mon hôte ne parle jamais de lui à la
première personne ni au mode possessif des positions qu’il a fait adopter ou
qu’il défend) lui ont dit que le temps ne joue pas forcément en sa faveur, que
l’on peut se lasser. D’entrée de jeu, Sidi avait demandé si la France allait
changer de position. Les prochaines présidences tchèque et suédoise parce
qu’elles seront peu informées, seront sans doute très à cheval sur les principes,
donc les droits de l’homme. Pas d’évocation de Khattou ni d’affaires.
Puis AZIZ, seul. J’avais esquissé –
selon ce que me donnait à broder C …,
auquel je fais allusion et qui se trouve être un « bon copain » de
mon hôte – un portrait de bon sécuritaire mais pas d’une tête politique, celui
qui depuis plusieurs années aurait tiré les ficelles et veut maintenant être le
chef effectif. Donc, le président du Haut Conseil d’Etat, c’est ainsi qu’il est
évoqué par D …. Il veut se
présenter, il promet toutes les garanties, une commission électorale
indépendante, une préparation par les états-généraux de la démocratie, mais pas
de changement de gouvernement, ce n’est pas dans l’intérêt du pays, trop de
changements fréquents. Il veut rester au pouvoir, mais aussi y être
légitimement, le beurre et l’argent du beurre, et il se présente manifestement
dans tout l’appareil du pouvoir d’Etat. Mon hôte ne mentionne pas le statut de
Sidi, sinon qu’il serait totalement libre. EL GHAZOUANI n’était pas là. Ils
auraient voulu rencontrer VALL, ce qu’ils n’ont pu faire. Je dis que ce n’est
pas très important, et qu’en cas de présidentielle, il n’a pas de réseau
propre.
Ahmed semble avoir fait une forte
impression. Un excellent français, une pensée très structurée et très précise,
une vive critique de Sidi, mais tout autant celle des militaires dont il ne
veut pas qu’ils participent à l’élection présidentielle. La question des
états-généraux de la démocratie reste ouverte, il a cherché à convaincre le
Front national de défense de la démocratie d’y participer, peine perdue.
Manifestement, il se place au centre. – Ils n’ont pu rencontrer Messaoud, puis
qu’il n’était pas là..
Maintenant ? j’avais déjà posé,
comme hier avec A … que la
« communiquite » (mot de MoD) devait cesser, qu’elle donnait un
aliment au nationalisme sur lequel s’appuie la junte. La délégation
d’aujourd’hui est à très faible niveau. Les politiques ne pourront revenir que
pour boucler, ne pas les faire intervenir avant. Ma proposition, je la
redéveloppe rapidement. Pas de problème pour l’acheminement de ma lettre aux
généraux, mais de l’ensemble de ma démarche – écoûter pour discerner les
éléments de puzzle qui peuvent être communs à tous, les généraux étant, au
départ, les seuls à savoir le but de mon intermédiation. Il va en parler.
Sous-entendu à Bruno JOUBERT et donc à l’Elysée. Nous avons été interrompus par
un appel téléphonique sur son mobile. Le ministre qu’il prend en se levant et
en s’éloignant pour se placer devant son bureau. Vous venez de perdre votre homologue
géorgienne, remerciée en même temps que le ministre de la Défense.
Questions-réponses, il sera là dans une heure et déjeune en famille. A nos
premiers mots, après qu’il m’ait donné mon titre, il a peu changé physiquement,
visage en rectangle doucement arrondi, des lunettes à la BRASILLACH,
d’intellectuel, le gilet à bouton défait, gris pas foncé sur chemise grise et
pantalon gris. Mentionne-t-il Pierre MOREL, rendez-vous suivant ? Le
ministre grippé ? à qui il conseille de se soigner.
Scenario de sortie et recherche du point
d’équilibre. Je décris : la remise au pouvoir, l’abdication à terme pour
permettre l’anticipation de l’élection présidentielle, un gouvernement d’union
nationale dont ne peuvent faire partie aucun des candidats, AZIZ pouvant se
présenter et notre souhait étant que la question se règle pour longtemps dans
les urnes, et qu’Ahmed l’emporte : j’en fais l’article, bien moins
nationaliste que son demi frère (j’indique son ascendance prestigieuse, les
CHEIKH SIDYA et la pénétration française – que lui avait un peu raconté
l’ambassadeur pendant leur trajet en voiture), europhile encore plus que
francophile, trrès construit en cela, l’Europe son partenaire naturel, au lieu
des Etats-Unis, de la Chine ou de la Russie. Pour mon hôte, Ahmed ne peut ni ne
veut accepter la candidature AZIZ. Je réponds que c’est le risque à prendre et
qu’il n’y a pas du tout le choix, ni pour le champion, ni pour nous. Pour D …. l’ensemble paraît cependant à un
niveau un peu bas pour satisfaire la communauté internationale et les autres
chefs d’Etat africains. Je réponds qu’il faut surtout laisser parler les gens,
s’exprimer longuement pour obtenir de quoi faire de la souplesse et faire
apparaître des compatibilités. Il en sortira probablement du nouveau auquel nous
ne pensions pas. Moi-même, je ne me présenterai qu’en ami du pays, des uns et
des autres. Il m’interroge sur mes relations avec Sidi et avec Ahmed.
Sur le pas de la porte, n’aller ni trop
vite ni trop lentement.Que nos gens d’affaires en fassent autant, notamment Total et Gaz de France (j’évoque Taoudenni et non plus
« l’off-shore »). Il en convient. Conversation informative mais pas
plus que celle d’hier, sinon que j’ai ici le récit vêcu. En revanche, la
confirmation et l’accentuation de la multi-polarité (le mot est de moi) dans la
conduite et la conception de notre politique, par exemple sur la Mauritanie).
Il ne semble pas que le ministre (Bernard KOUCHNER) s’y intéresse
particulièrement : nécessité de ménager JOYANDET qui veut être présent. Confirmation
implicite de ce que D … ne voit
jamais directement le Président. Tout passe donc et se délibère avec Bruno
JOUBERT. Lui-même certainement très subordonné. – Je ne suis pas parvenu à
échanger les prénoms, mais l’ensemble a été très chaleureux, je suis reconnu en
parcours général et en expertise : mes Fw de messages mauritaniens, les
photos. sont appréciées. Convenu que je refais du papier pour préciser ma
démarche et, à ce que je comprends, le détail de ce qu’il faudrait obtenir de
l’ensemble des quatre. Projet de lettre aussi, mais je le disjoindrai pour que
ma mission ne capote pas là-desxsus mais seulement sur le principe qu’elle ait
lieu ou pas. Reste maintenant – pour moi – à rétablir une communication, la
confiance sans doute aussi, avec Ahmed. Je m’en vais lui dire à peu près tout
mais sans que cela paraisse le point de vue actuel du gouvernement français.
(10 heures 15 à 10 heures 45)
Samedi 20 Décembre 2008
12
heures à 12 heures 50, réunion dans le bureau de D … qui, à partir de midi et demi, est censé aller chez
le ministre, recevant Pierre MOREL la Géorgie. – Arrivé le premier dans les
antichambres et décompressant de ma matinée de train, il est vrai à dormir, je
peux regarder les vitrines vidées de leur intéressant contenu : reliures précieuses
avec leur analyse, originaux de traités dans des reliures armoriées à la
ratification, et revoir la grande toile du congrès de Paris 1856, curieusement
non encadrée, donc probablement en premier jet ou en copie de propagande pour
l’époque (pour le Second Empire, un peu le pendant de notre présidence de
l’Union européenne en quasi-ouverture du décennat de NS). Par chance, B … arrive et nous avons un moment
tête-à-tête en partageant le canapé que j’avais inauguré (meilleur état que les
tapis). L’homme est très jeune, détendu, à l’aise et pourtant retenu et
nullement hableur, il est naturel, sa position ne l’a pas enflé. Il doit vivre
légèrement, il fait ce qu’il fait avec sans doute initiative, imagination, dans
un esprit de liberté et d’amusement, ce qui aux yeux d’un utilisateur ou d’un
supérieur le donne pour créatif, donc utile dans un système compassé ou sortant
difficilement des acquis. En nous quittant, lui, A ... et moi, il répond à ma
question : ni femme ni enfant. Imperméable, grosse écharpe brute de laine,
visage aigu, cheveux à épi, très étudiant ou jeune maître de conférence. Sorti
de l’ENA en 2000, au Quai d’Orsay : chance, il a le dossier algérien
quelques jours avant l’arrivée en visite officielle – historique puisque c’est
la première d’un chef d’Etat algérien – et il fait aussi la visite retour de JC
avec le trajet d’Alger à Oran, me confirmant l’enthousiasme et la réussite
physique. Ce qui ne l’amène pas à un premier parallèle entre JC et NS, auquel
je ne ne le pousse d’ailleurs pas. De là, sans l’avoir demandé, en 2002, il va
aux Nations Unies – une belle machine ? notre représentation
permanente, le Conseil de sécurité – il confirme, les derniers mois ou semaines
de Jean-David LEVITTE, l’arrivée d’Irak de LA SABLIERE (je me garde de dire l’impression
désastreuse que celui-ci faisait en riant-souriant au sortir d’une réunion du
Conseil consacrée au Liban à nouveau en flammes – et en 2007, il est aspiré par
Bruno JOUBERT qu’il avait connu comme directeur d’Afrique, et le voici. Il a
effectivement eu à gérer l’après-Marcoussis pour la Côte d’Ivoire et surtout
l’internationalisation qui était notre souhait et notre contraire, jouant
l’Union africaine. Il confirme que les Africains n’ont pas les têtes qu’il faut
aux Nations Unies et que tout se fait à Addis-Abeba et en vient. Mentalement,
cela s’organise – reste la logistique – oui. Sur l’Afrique, il ne connaissait
rien et avec donc le préjugé double d’une vive critique et du pari de la
possibilité d’être moderne. J’approuve, les vieilles tentes et selles et
maintenant. Jouer des deux semble son talent pour s’informer. Nous sommes à cet
instant introduit chez D …
Celui-ci, toujours en gris, affable.
Café, arrivée de A … par une autre
porte, chaleureux et co-confident implicite de l’ensemble, le mot complice
n’allant pas, compagnon peut-être pour l’affaire, mais, je le pressens pour
plus. Il y a longtemps que je n’ai rencontré un hôte devenant partenaire avec
lequel le lien s’est ainsi créé. Les choses commencent à l’initiative de D …, résumant la situation : la
perspective de la libération de Sidi le 24, les journées de concertation le 27.
J’observe que ces journées ont été inventées l’avant-veille des premières
consultations de Paris et que Sidi sera libre de faire ce qu’il veut pourvu
qu’il ne mette pas en cause la sécurité du pays : or, il est probable que
libre et ayant ses communications, il s’exprimera ce qui peut sembler contraire
à la sécurité du pays. Voire, ajoute D …,
prétendre exercer le pouvoir comme avant et réunir son conseil des ministres…
C’est sur l’exercice que je propose que nous nous sommes alors mis, et
l’esquisse de la sortie de crise développée par un de mes papiers – j’avais
liassé les deux sur le jeu à quatre ainsi que la lettre de Sidi à NS, laissant
à qui le souhaite (ce fut B …)
l’entretien avec Sidi en Avril 2006. Ce que j’esquisse correspond à ce qui est
pensé ou pensable au Département étant observé qu’en l’état actuel des choses
personne ne l’accepte puisque MAA ne veut en aucune façon ni en aucun cas le
retour de Sidi en place et que ce dernier ne veut pas parler avec les
putschistes. J’acquiesce évidemment, la raison de la mission que je propose est
précisément qu’en l’état tout est bloqué. Comment comptez-vous persuader les
uns et les autres ? je fais le pari qu’en passant du temps et en
confiance, il sortira des éléments compatibles et aussi des éléments que nous
ne connaissons pas, en ce moment. Jeu des concessions réciproques, pour le
moment inenvisageables : MAA se retire du pouvoir, désarme complètement,
dissolution du HC et du gouvernement qu’il a mis en place, mais il est persuadé
de gagner l’élection. Ahmed ne peut la gagner qu’allié à Sidi et qu’en
acceptant la candidature de MAA dans la pensée qu’il peut l’emporter. Il a
67-68 ans, c’est maintenant ou jamais plus. Mais Sidi ? objecte D ….
Ce n’est certes pas une marionette, il a du caractère. Discussion alors sur le
caractère d’AZIZ qu’ouvre B … Il a une idée piètre du personnage,
limité mentalement et peureux. AZIZ veut être élu, il a besoin de légitimité,
il craint de ne pas l’avoir ; il n’est reçu nulle part, sans doute la
Mauritanie n’est pas la première puissance mondiale, mais n’être reçu nulle
part… guère que le Koweit, en Janvier prochain. Il sait que les missions, et
nous-mêmes en venant, ne viennent pas le voir comme chef d’Etat mais pour
régler la situation. Il a certainement la pression des autres dans le HCE, qui
aurait débattu il y a quelques semaines sur la libération ou pas de Sidi,
GHAZOUANI et le patron de la gendarmerie auraient souhaité ce geste en
direction de la communauté internationale que MAA aurait refusé pour lancer au
bout de quelques semaines, envoyez-le à Lemden et qu’on n’en parle plus. Il a
peur des Américains qui peuvent l’envahir, les raisons ne sont pas dites par B … J’ajoute, le conjecturant depuis le
portrait que m’en avait donné C …,
que c’est surtout une tête peu politique. Ce que confirme d’ailleurs ses dires
et ses choix institutionnels depuis le 6 Août, surtout dans les premiers jours.
Deux dires donc. Une situation bloquée,
que résume D … Une sortie acceptable
si c’est mon scenario. Mais il y l’antithèse qu’esquisse B … et qui amène à la mienne, dont je partage les éléments. J’avais
fait l’observation que la date du 27 Décembre n’a pas été reprise par les
militaires, que c’est une annonce par leur Premier ministre– sans doute
autorisée mais dans une forme permettant le recul. L’exercice peut donc être
remis s’il apparaît que ni le « parti de Cheikh Abdallahi » ni le RFD
n’y participe, il y aura sans doute des ONG et autres mais cela ne légitimera
rien. Contraste complet. En 2005-2006, dans les trois mois, il y avait eu
consensus, calendrier, non-présentation de VALL, tout le monde avait signé et
un accord avait été conclu avec la communauté internationale. Nous allons à sept
mois, et il n’y a toujours rien. Probable impatience de certains des militaires
et pression sur AZIZ pour qu’on s’en sorte ou qu’il abandonne. Scenario de
remise du pouvoir à Ahmed, qui sera alors le nouvel ABDALLAHI des militaires.
Pour B …, ni libération, ni journées
de concertation. Ce seront les faits nouveaux, ai-je alors ajouté, et j’y crois
assez. Mon séjour là-bas avait éventuellement son impact dans l’optique de
donner aux militaires le moyen de réussir leurs journées par un début d’accord
à quatre, maintenant il faut attendre. B
… insiste aussi dans cette hypothèse du grand intérêt de voir les autres
militaires, membres du HCE, de connaître leur façon de voir, de leur dire aussi
que la France n’aime pas que les autres, mais les aime eux aussi.
D
… en venant, a pensé au montage d’une
contractualisation pour cette mission mauritanienne au Centre d’analyse et de
prévision. Frais divers et déplacements. Bonne couverture pour aller là-bas, se
documenter, voir tout le monde, possibilités de rencontre pendant les
états-généraux. Objection, cependant ne pas engager la France dont à Nouakchott
tout est scruté. Si vous voyez la gendarmerie, ce sera la préparation d’un coup
d’Etat. Nous sommes scrutés, conclut D …
De fait – j’enchaîne – on vous a chargés du renversement de Moktar Ould Daddah,
puis de Haïdalla, et vous avez passé pour soutenir Ould Taya. Vous plus que
nous, réplique D … avec l’argument
de la jeunesse. Je répète que la transmission de ma lettre pour audience de MAA
par l’ambassadeur suffit comme accréditation discrète, pour le parterre et pour
la réalité, je ne suis que moi-même, un Français ami de longue date du pays. La
France n’apparaît pas. B …
appuie : n’engager en rien, même selon les apparences. Déjà sa propre
mission avec D … (ni l’un ni l’autre
ne mentionne le troisième homme…) avait dû être « habillée »,
susceptibilités possibles dans l’Union, quoiqu’on s’y en fiche, et des
Africains, risque surtout du côté des Mauritaniens. En prenant congé mutuel, B … racontait – me donnant ainsi
indirectement l’ensemble de la journée du 29 Novembre – qu’ayant programmé un
dîner avec VALL, il avait dû le décommander par téléphone, ligne sécurisée ne
fonctionnant pas et l’autre guère mieux, mais presse et Al Jazeera devant le domicile de l’autre : « B … de l’Elysée, chez VALL »,
etc…. Il connaît d’ailleurs celui-ci depuis l’Irlande – ? – oui un stage
cet été. Soirée bousculée avec MAA à 21 heures ou 20 heures et Ahmed en
dernier, avant l’avion à deux heures du matin ( ?), donc l’essentiel du
temps consacré à Sidi, mais voyage en voiture compris… Suite de notre
conversation : j’amène Robert BOURGI que B … n’a pas évoqué. A …
évoque le compte-rendu que j’ai fait de mon entrevue avec celui-ci. Son
décrochage maintenant : selon moi, ses entremises pour BOUAMATOU et
GHAZOUANI n’ont pas abouti et BONGO le retient. RS a l’explication de ses
absences de Paris, démarcher les chefs d’Etat africains en faisant croire que
finalement BONGO est d’accord, pour qu’ils achètent le scenario de MAA.
Contradiction avec BONGO, alors ? fait D …. J’avance qu’en Afrique, il n’y a pas contradictions, il y a
plusieurs aspects que la personnalité qui les défend finit par faire accepter à
raison d’elle-même. Ce n’est pas qu’africain, insinue D … B … évoque sa
première impression de l’avocat, très bonne, drôle, humour, intelligence, pas
comme il s‘y attendait. Je crois l’homme surtout habile, et au total personnel
sans forcément avoir à se le dire à lui-même : c’est sa vie, et c’est
aussi sa rémunération.
Nous convenons, sur ma proposition, de
refaire le point par conférence internet le 30 ou le 31, D … revenu de congé, lequel est en général générateur de coup
d’Etat (le 6 Août mauritanaien) ou de coup dur (la Géorgie). Ma propre
disponibilité mais de préférence pas entre les 4 et 18 Janvier. D’ici là, me
documenter sur les divers membres du HCE, les aborder au su explicite de MAA à
qui je ferai miroiter un rapport, n’étant pas de la tribu je peux recevoir plus
qu’un compère patenté. – Contexte d’urgence cependant, la crise va aggraver les
circonstances éconpmiques et sociales locales, chute des cours de matières
premières. A … rappelle le
compte-rendu de sa conversation avec un de nos intervenants, exportateur en
Mauritanie.
De cette réunion de cinquante minutes
aisée et détendue, sans qu’aucun de nous quatre ne prenne des notes (D … et Jean-Pierre ANGREMY avec la
sensation que donne celui-ci à chaque entretien de chercher les matériaux de
quelque héros de son prochain romain, en être un ?) et où A … a été silencieux sauf à évoquer mon
portrait de BOURGI et le rapport d’un de nos exportateurs en Mauritanie, je
retiens que nous avons ensemble le propre d’une équipe complémentaire avec des
vues pour le moment communes ou concordantes et que nos caractères – comme nos
positions respectives – nous rendent aptes à accueillir les faits nouveaux et à
ne pas nous disputer le pas.
Mardi 3 Février 2009
.
. . chez M° Robert BOURGI, 16 heures
20 à 17 heures 20 + J’attends à peine, il s’entretenait avec une femme plutôt
jeune, très grande, plutôt blonde, pas forcément belle qu’il fait entrer dans
une autre pièce. Il n’y a pas vraiment d’antichambre et pour un personnnage de
sa mnanière, il serait peut-être expédient qu’il y en ait une et que le choix
soit possible de faire rencontrer les sortants avec les entrants, ou de
l’éviter. Il me prend dans la lettre du continent, constate que je lis donc
GLASER, je lui dis n’avoir commencé le livre qu’après notre première
conversation et ne pas l’avoir achevée. Nous sommes assis, même dispositif
qu’il y a deux mois… café proposé et accepté. Les choses vont d’abord vite.
Pour notre entretien, car pour notre sujet, il annonce que les choses vont
plutôt dans le bon sens et s’arrangent. Il a présenté le ministre des Affaires
étrangères – très bien – au « doyen » : BONGO. Mieux que le
Premier ministre ? sans doute. Il est retourné deux fois en Mauritanie,
depuis notre précédente conversation, la première juste après ce qu’il appelle
les journées de concertation, la seconde dont il ne me précise pas la date. Ces
journées, tout le monde y a participé saufg Sidi, les partis de l’opposition,
Ahmed Ould DADDAH. Sidi totalement libéré. Je n’ai pas observé, le laissant
continuer. Il y a rencontré pas mal de gens, mais ne me cite aucun nom, il a
manqué pouvoir s’entretenir avec Ahmed, mais était juste appelé par ABDEL AZIZ,
alors… l’impression qu’il a eu que le général serait certainement élu, que les
gens le souhaitent, et qu’à vue humaine, il peut naturellement se tromper,
personne ne peut le battre. Il vient une nouvelle fois d’introduire GHAZOUANI à
l’Elysée (il y a trois jours…), reçu comme les fois précédentes, ce serait la
troisième, par Claude GUEANT. Il n’a pas participé à l’entretien, mais l’a
préparé avec CG, puis a reçu – signe vers le canapé de gros cuir vert pas très
frais, sous la gravure célèbre de la bataille de Waterloo : je nous fais
prendre tous deux en photo. par son assistante – ici l’alter ego d’ABDEL
AZIZ ; GUEANT aurait été ferme et clair, il faut que tout se passe dans la
clarté, la transparence, irréprochable, une commission électorale avec tous les
partis, opposants compris, et que le général lui-même abandonne la place, et
que GHAZOUANI aussi, ou en tout cas ne se mêle pas du processus. L’autre se
serait récrié qu’il ne s’occupe de rien. A quoi GUEANT aurait répliqué, et si
vous dis que je ne suis que le secrétaire général et rien d’autre, vous me
croirez… J’ai alors embrayé. Et le gouvernement ? il resterait en place,
AZIZ ne s’en mêlerait pas. J’ai dit que ce ne serait pas possible. Toute
élection en Afrique est déjà contestable depuis toujours, il faut au moins
qu’elle ne soit pas contestée. Le génie de Moktar Ould DADDAH et de son régime
était que les élections étaient consensuelles, elles entérinaient un consensus.
Ce consensus n’existera pas si l’élection a lieu comme cela. Déjà, les
journées de concertation – le document en rendant compte est très faible –
n’ont pas eu la qualité de celles de 2005, et le coup du 6 Août a ruiné le
consensus péniblement établi sur les élections de 2007. Ahmed a pris sur lui ne
pas contester celles-ci, alors que dans le fond, il estimait qu’elles étaient
en partie truquées. Quelles éklections seront alors probantes, celles de 2007
certifiées par tout le monde et non contestées, ou celles de 2009, et celles-ci
à quel titre ? Il na pas le compte-rendu des états-généraux ni surtout le
plan de sortie de crise proposé par Sidi, et admettant les élections
anticipées. Je promets de les lui envoyer. Je serais venu à Nouakchott
éventuellement au moment des états-généraux pour faire un papier pour le Quai
d’Orsay, mais ce n’était pas le moment pour la médiation que nous avions
évoquée. Il me faut un signe des généraux. Mon homme me dit alors qu’ABDEL AZIZ
me connaît, qu’il a beaucoup d’estime pour moi et que mon autorité en Mauritanie
est reconnu, je suis adopté là-bas depuis longtemps, même si je suis cheveux
blancs et Français jusqu'au bout des ongles. Comment me connaît-il ? Ma
lettre donc dont le général lui aurait parlé, mais qu’il ne lui a pas
communiqué. Je la lui promets. Peut-il la montrer à Claude GUEANT : je lui
fais confiance, le but est d’arriver à une solution en Mauritanie, si cette
communication peut y aider. D’accord. Mais – je m’en rends compte en le notant
– aussitôt la contre-partie, rencontrer Ahmed Ould DADDAH si possible. Sait-il
que celui-ci a l’intention de venir en France. Nous convenons que je lui ferai
savoir la venue de mon ami. Il souhaite le voir avec moi, puis nous emmener
tous les deux chez Claude GUEANT avec Bruno JOUBERT aussi, mais sans que le
Quai le sache au préalable. On n’y ferait alors plus rien, si l’on sait quAhmed
est reçu par « le maréchal » (appellation que je ne savais pas :
la sienne ?). Question que je repose comme la dernière fois, je
crois : d’où vient ce tropisme ou cette compétence de GUEANT pour
l’Afrique ?
Réponse profuse, qui nous entraîne assez
loin, mais cet « assez loin » m’apprend… Quand j’ai rejoint SARKOZY
en Septembre 2005, il ne faisait rien sans GUEANT. Tous deux sentaient le sujet
africain important, mais ne le connaissaient pas. J’ai dit à GUEANT, c’est
simple, quand un chef d’Etat passe à Paris, et est reçu par CHIRAC, je l’amène
au ministren, sinon tu vas le voir. Il les voit tous depuis cette époque, et
ceux-ci me disent qu’il a la sensibilité, cette sensibilité africaine que
disait SENGHOR et que n’a pas du tout le Quai d’Orsay, une sensibilité
également orientale. Je renchéris car il me complimente trop sur cette
intuition-sensibilité qu’il me croit et opine surtout qu’au Quai d’Orsay comme
ailleurs, on veut expliquer et comprendre, donc des fiches, des renseignements.
Michel JOBERT … mais vous êtes Michel JOBERT, me coupe-t-il… je
continue : à mes questions sur le
pourquoi ou sur la complexité, le répondait au contraire qu’il n’y avait aucun
mystère, que c’était très simple. Nous allons en ce sens vers Jacques FOCCART,
puis moi vers Maurice COUVE de MURVILLE, tous simples et secrets par nature
mais pas par fonctions ou selon les affaires. Maîtres d’eux-mêmes. Je rebrode
sur le peu que j’ai connu de FOCCART, pour lui son mentor. Sens qu’ont les
Libanais en Afrique, oriental et africain. Il revient à nos deux
personnages : GUEANT et SARKO. (il ne dit jamais le Président). Quand il
est allé à Beyrouth, il y a quinze jours, il y était comme un poisson
dans l’eau. Il m’avait montré les « éléments de langage », qu’il
n’avait pas lus, j’ai regardé, il y manquait l’essentiel : nom que je ne
retiens pas pour le camp que je ne situe pas, tenu par Al Qaïda. L’amée n’y
arrivait pas : 350 morts dans l’armée libanaise. X convoque Michel
SLEIMANE, donne-moi deux jours et je te nettoie le camp. D’accord et ce fut
fait. Ils sont la main dans la main, geste. Je le dis à SARKOZY, tu peux ne pas
lire ce papier, vas-y comme tu es. Il a commencé, Michel, tu… et c’était vrai,
il me l’a dit à son retour. Il tutoie tout le monde – j’opine que c’est
accepté, mais que ce n’est pas le mieux (lui-même continue de m’appeler
monsieur, revenant sur ma francité, ma noblesse, ce qui me permet l’excursus
sur la lacune de SARKOZY, le manque d’atavisme français auquel il ne peut rien
mais qu’il doit compenser à cherchant à comprendre la France en tant que telle,
et à montrer aux Français qu’il l’aime. Je n’ai pas cité MAZARIN. Donc cette
sensibilité qu’a GUEANT. Que n’a pas le Quai. Le récit des entretiens du 29
Novembre en Mauritanie, il évoque le patron de la DGSE, et B … mais ne situe pas D … que j’évoque alors et dans une
relation pas facile avec KOUCHNER. Il fait alors écho à ce livre dont Marianne a fait sa manchette… (Pierre Péan mettant en cause le ministre des Affaires
étrangères ayant touché des honoraires de chefs d’Etat africains). Je reprends : VEDRINE eût été mieux, je ne peux
mieux dire, c’est sa propre idée. NS y penserait selon Le Figaro ( ?). Surtout pas DdeV. Il abonde. L’aime beaucoup,
un ami, mais… il hésite… un fou. Un soir, invité à passer à l’Elysée, vers 19
heures 40, un malt de 1963, ni glaçon ni eau bien sûr. Il est alors secrétaire
général de l’Elysée, tout puissant. J’arrive, c’est servi. Que
fêtons-nous ? Il me répond : vous avez devant vous le général de
GAULLE. Je lui réponds : vous m’avez peut-être précédé pour le malt ?
Pas du tout, j’ai 49 ans comme de GAULLE le 18 Juin 1940, il dit voir COURCEL
devant lui. Un fou comme VERLAINE ou RIMBAUD ou NIETZCHE, le deuxième ou le
troisième plan, très haut…Je l’aime bien, poursuit-il. – Je le coupe, la
qualité de son père, il situe celui-ci pour le Sénat, mais pas avant. Je vais à
l’autre lacune de NS : le père qu’il n’a pas eu politiquement :
CHIRAC. Oui… fossilisé, ajoute-t-il tout en protestant de leur relation (il
désigne une petite photo. que j’avais remarqué : bras de chemise, bien
cordialement – la mienne de 1980 est bien mieux : avec mon amitié et ma
confiance mais le soleil est passé dessus) ni familialement, c’est manifeste.
Il écoute avec approbation, mais sans enchaîner. Un fou… un poète, il a monté
Clearstream de toutes pièces, il va passer en correctionnelle, se faire
sûrement condamner, radier donc du barreau, humiliation, et devra rendre sa
décoration : au bout de six mois Premier ministre, on est grand-croix de
l’ordre du Mérite. Entre les deux tours, j’ai dit à SARKOZY, il faut lui donner
quelque chose pour qu’il fasse un meeting avec toi. Quoi ? le VIIème et la
commission des Affaires étrangères. Ce qu’avaient eu GISCARD puis BALLADUR. Je vais à Matignon : refus.
SARKOZY va exploser, Ségolène sera élue. Voilà où il en est, il se croit le
recours.
Des téléphones : le Premier
ministre du Mali, déjeuner demain à 13 heures au Flandrin. Des visiteurs, nous
sortons, quatre Africains d’un certain âge, je crois en reconnaître un,
j’évoque Dakar et le Tchad (il les a faits entre 1975 et 1977 – je déduis que
je suis son aîné, qu’il me doit le respect – démonstration appuyée à
l’intention de mon hôte…). Donc, la balle peut rebondir… nous étions debout
pour le congé mutuel quand j’ai conclu qu’un lien personnel et discret entre
l’Union africaine et l’Union européenne devrait être organisé et qui ne passe
pas par Bruxelles.
Jeudi 12 Mars 2009
.
. . reçu par Jacques MYARD, député à l’Assemblée nationale, 14 heures 30 à 15 heures + Venu à pied de nouveau
par la rue de Bourgogne (l’excellente pub. d’Israël : deux photos
accolées, un bas-relief romain, une boîte où s’abordent et danses des jeunes,
histoire après-midi, sciences naturelles le soir, je suis pile à l’heure. Monte
sans guide (formalité d’entrée habituelles, bagage et vêtement au détecteur,
pièce d’identité en échange du badge. Couloir au premier étage, pièce
minusucule en longueur. Deux secrétaires femmes, au coude à coude et dans la
pénombre d’un premier espace, pas trois mètres de large, puis l’impétrant qui
était venu dans le couloir me faire signe. Chemise bleu-ciel, col blanc, ventre
en ballon, taille de l’ordre du mètre soixante, le visage aussi rond que le
ventre, lunettes dorées, le cheveu blanc. Voici le député-maire de
Maisons-Laffitte, lancé – comment ? – par le cabinet ministériel, la première
cohabitation (MITTERRAND-CHIRAC 1986-1988), Michel AURILLAC est ministre de la
Coopération, et lui avec Robert BOURGI en voisin de bureau. Sur celui-ci, peu à
dire, ils se tutoient mais ne se sont sans doute pas revus depuis longtemps,
puisqu’il n’a plus ses coordonnées. Lui-même, issu du Quai ( ?), ne
s’occupait que d’affaires juridiques, essentiellement l’affaire Carrefour du développement (NUCCI…).
L’autre avait déjà ses réseaux et avait été pris pour cela, sans doute, mais il
n’est pas dans la confidence. Il a commencé son dire par : ah ! Raymond
BOURGI… tant à dire, ai-je cru. En fait très peu. Le fils de son père surtout,
de ces Libanais établis en Afrique, qui font tout, les affaires, la banque, du
vrai travail, de l’intermédiation aussi. Des gens admirables : au Nigeria
où j’étais, la guerre du Liban, l’ambassadeur n’était plus payé, l’ambassade
n’avait plus de budget de Beyrouth, la colonie libanaise s’est réunie et ils
ont pris en charge l’ambassadeur et l’ambassade… les Français à Londres.
Certainement, un homme chaleureux, affable, qui ne nous nuit pas : au
contraire mais qui, s’il peut au passage, y trouver sa rétribution, la prend…
déjà l’homme de BONGO, lequel était déjà incontournable. On disait que Robert BOURGI
– sans que je le vérifie positivement, j’étais loin de tout cela – s’occupait
surtout de récolter l’argent de la campagne pour JC en 1988. Il me demande peu
de dire ce que je sais, moi-même, et je ne le dis donc pas : il ne voit
pas pourquoi ni comment BOURGI s’occupe à présent de la Mauritanie.
Nous sommes à la situation actuelle. Il
a dit lui-même à NS que le système n’est pas bon : cumuler Président de la
République, Premier ministre, plusieurs ministères et sous-chef de bureau à la
colonisation, surtout chef du parti, c’est trop. Il se dit gaulliste, mais
constate, ce qui n’est pas une révélation, qu’il y en a peu. D’accord avec
moi : Nicolas DUPONT-AIGNAN ou MELENCHON se marginalise et ne peuvent plus
rien faire-être. Convaincu qu’il faudra ressortir de l’O T A N, et que les
Américains ne nous souhaitent que pour que nous payions, puisque l’Irak les a
épuisés.
Il m’a demandé comment j’étais entré en
contact avec lui, ne semble pas lire mes notes circulaires de politique, me
demande toutes mes coordonnées, et surtout le blog. Je m’exécute. Il ne
s’occupe plus de l’Afrique maintenant. Leçon de choses, mon interrogation sur
sa carrière politique, après que j’ai évoqué Edgar FAURE et MARCELLIN pour ma
propre expérience pontissalienne et vannetaise. Le pouvoir, on ne vous le donne
pas, il faut le prendre, j’ai tapiné à Maisons-Laffite, j’étais déjà conseiller
municipal d’opposition. En 1988, j’ai pris à un vieux le siège au conseil
général, puis la mairie, et en 1993, la députation. Il m’a interrogé sur mon
nom, mes origines géographiques, et aussi administratives. L’homme a sans doute
son arrière-cour mais la suite impressionnante de ses communiqués, presque tous
en flèche, et avec lesquels je m’accorde pleinement sauf un ou deux, et son
accueil maintenant, plaide en sa faveur. L’homme est courageux, et certainement
pas réductible par le seul air du temps.
Lundi 30 Mars 2009
…
ex-Imprimerie nationale, rue de la Convention/rue de Javel, secrétariat d’Etat
à la Coopération et à la Francophonie,
10 heures 30 + Un quart d’heure d’avance imprévue, une place de stationnement
devant l’entrée au 48 rue de Javel et un horodateur hors service. Venu du
périphérique par la porte de Balard, je passe non loin de la rue des Cévennes
et du Prince, puis la rue de la Convention, Boucicaut, quartier de ma sortie
d’adolescence, les restaurants que j’ai connus, la rue des Bergers (ma chère
Marion), et la rue de Javel à ses débuts… l’ex-Imprimerie nationale. Comment un Etat peut-il n’avoir pas une
imprimerie à lui, en régie ? le Journal
officiel qui passe à la Documentation
française laquelle était initialement la seule documentation du chef du
gouvernement, partiellement mise à la disposition du public, comme en partage
de l’information et diffusant surtout les fameuses Notes & Etudes
documentaires. Aujourd’hui, tout se sous-traite, les rapports officiels sont
vendus au prix d’un livre chez Odile
Jacob… bientôt il en sera ainsi du JO…
mais je reconnais que réagencés et mis à neuf, les bâtiments deviennent des
bureaux très fonctionnels. J’ai recommandé depuis quinze ans la vente de hôtes
particuliers de ministres, pour se faire de l’argent, pour que ce soit bien
entretenu et pour rapprocher les gouvernants de leurs services, mais pour
« la rue Monsieur » je ne l’aurais pas fait : fidélité de nos
visiteurs et amis africains.
Je poireaute une grande demi-heure,
couloirs et espace d’attente décorés de très beaux objets et encadrements
africains. Connaissance de Mrs R…,
l’aînée de ses patrons successifs. Puis d’un collaborateur dont je n’ai le nom
et la fonction qu’en quittant les lieux : conseiller du ministre, ancien
de l’Agence de développement, expertise et écrits en la matière, en poste au Mali
et au Niger, en Centrafrique aussi, visage disgrâcié à première vue : E … qui croit m’avoir lu dans Projet, ce qui est possible, mais je lui
ai dit mes plus fréquents publicateurs antan. F …. enfin, bras de chemise blanche, enveloppé de ventre et de visage,
lunettes, un peu la tête de CHARASSE. Il se souvient de nos correspondances
vaguement et mon nom – en dehors de la notoriété qu’il me prête et dont il
faudra que je l’actualise : son fondement et son contenu – lui disait
quelque chose quand A … m’a présenté
en testament.
La conversation est informative et
positive. D’abord mon homme. La Mauritanie, une seule fois, accompagnant
Jacques CHIRAC, Atar inoubliable de foule et d’ambiance. J’évoque mes mises en
garde d’alors auprès du conseiller diplomatique de Lionel JOSPIN (RIPERT) et
sans doute de VEDRINE : caution à TAYA à trois mois de sa tentative de
rééelection, couronnée de succès. Son parcours, je le sais (par A …) sorti administrateur à la ville de
Paris, et donc à l’Hôtel-de-Ville en 1994. Il dit avec le sourire être de
l’équipe JC à l’origine, mais qu’il a quitté à l’automne de 2004 pour NS. Il
semble qu’hostile à DdeV (ou celui-ci lui étant hostile ?), il en a fait
le motf de sa désertion (mot qui me vient, mais tout ce mouvement dont FILLON a
été le plus spectaculaire adepte est intéressante, en même temps que le
processus d’une prise du pouivoir d’Etat par la prise du contrôle d’un parti.
Ce qui est inédit sous la Cinquième République). Comment ? il lui a
préparé le rassemblement du Bourget, où celui-ci a été élu président (de l’UMP)
et a aussitôt été placé à la tête des services du parti. J’évoque le livre de
mon camarade de promotion Bernard BILLAUD, qu’il n’a pas lu mais dont il a entendu parler. Arrivé où il est et où nous
voyons, il y a seulement trois semaines et teinture de l’Afrique, mais son
initiateur est donc notre tiers. Congratulation, conseiller du roi,
Marie-France GARAUD mais on n’est pas roi. L’autre assure ne pas vouloir
l’être.
Même exhorde que celui de A…, assorti de la promesse de démenti
et dénégations énergiques si c’était rapporté. Deux lignes sur la Mauritanie.
La première éthique et morale, qui condamne le coup et la seconde sécuritaire
qui croit avoir des garanties de bonnes dispositions et d’efficacité avec la
junte (mon hôte n’a pas l’occasion dans son parler d’évoquer les militaires ni
leur chef autrement que par périphrase et ne les qualifie donc pas). La
sécurité, les zones repérées et même à bombarder, le Mali qui a fait un deal
avec Al Qaïda et moyennant finances, pour avoir la paix. Digression sur des
zones climatiques, sur la trypanosomiase qu’ils croient un empêchement pour les
chevaux de monter vers le nord, alors que c’est au contraire ka limite vers le
sud à ne pas franchir par les chameaux. Je demande qu’il précise, la seconde
ligne, favorable par utilité au fait accompli des militaires, est-elle celle de
l’Elysée de source sécuritaire, ou de l’Elysée selon ce que « le
secrétaire général » reçoit d’El GHAZOUANI. Il ne répond pas directement,
qualifie de courageux « le petit » B …, assure que la ligne éthique est défendue par Bruno JOUBERT
avec qui il faut communiquer (je le laisse faire et ce sera d’ailleurs le
dernier échange, la main sur la poignée de porte : faire le point avec
celui-ci des entretiens sans témoin du secrétaire général) mais que B … a eu le tort de présenter comme
trop blanc le parti éthique. Selon lui, les généraux protestent de leur
francophilie et sont crus comme tels. Sur BOURGI qu’il a peu fréquenté mais
dont il sait qu’il est pourvoyeur de fonds, il est demandeur, je schématise le
premier entretien avec celui-ci et ce que j’en ai tiré sur son parcours. Il
m’apprend qu’il a quêté aussi pour PASQUA et, voyant la carte de MYARD dans mon
rabat de carnet, m’apprend également un aller-retour vers le RPF et PASQUA…
Nous commençons alors à revenir au schéma que je défends depuis le début de
Décembre, insistant sur la nécessité d’obtenir d’ABDEL AZIZ un sursis à la
dernière étape de son processus de « légitimation électorale », donc
d’aller vite à la tentative de faire se parler les quatre principaux acteurs.
Mon hôte a présent à l’esprit la date du renouvellement partiel du Sénat,
passer l’intérim au président de cette chambre avant ce scrutin serait
maladroit. Je dis aussi que ce président est sans équation personnelle. Et sera
au service de la junte puisqu’il l’a ralliée. – A noter que D … n’est jamais invoqué, pas plus que
le patron des lieux : JOYANDET. Mes deux interlocuteurs n’étant ni l’un ni
l’autre de « la carrière » sont sans doute dans une certaine distance
psychologqiue, créée et entretenue mutuellement avec le Quai. De mon côté au
contraire, j’invoque autant le prédécesseur de mon hôte que le … au Quai.
Je suis amené à caractériser les trois
personnages civils et les questions reçues me montrent l’utilité d’un papier
pour eux et en interne qui dirait les avantages vrais d’une victoire des civils
et les inconvénients non perçus de la victoire des militaires. Réduire le point
de vue sécuritaire, dont d’ailleurs je dis qu’il tient à l’inimitié Algérie-Maroc,
donc à la question des frontières et principalement de Tindouf, encore plus que
du Sahara ex-espagnol. La sécurité en répondre nous-même en nous organisant en
force avec les Mauritaniens, la politique en favorisant, ce qui serait un immense
service à rendre à tout le monde, une conciliation algéro-marocaine. Question
sur un autre intermédiaire que BOURGI… je caractérise BOUAMATOU puisque ce doit
être lui, disant qu’il a été le messager de la junte, confirmation par E … du petit déjeuner au Bristol,
auquel il a lui-même participé y accompagnant JOYANDET. De toute manière, le
« milliardaire » voit tout le monde, a donné quelque chose à la
Fondation Moktar Ould Daddah et a visité depuis son séjour parisien, le
président « déchu » à Lemden. Questions sur l’installation matérielle
de ce dernier. Nécessité de savoir ce qui s’est dit entre ces intermédiaires et
l’Elysée, et surtout EL GHAZOUANI-Claude GUEANT. Il est convenu qu’ils auront
aux informations. Evidence qu’il faut faire vite, j’approuve. Enjeu la
crédibilité de l’UE vis-à-vis de l’UA et
notre responsabilité dans la détermination européenne ou pas : pas
d’allusion de mon hôte ni à mon courriel à NS ni au communiqué du Commissaire
européen. F … assure, pour l’avoir
pratiqué, que NS est capable d’entendre plusieurs points de vue, qu’il n’a sans
doute pas sa religion faite et qu’il se défie en général de ce que lui disent
les militaires (les nôtres).
Nous nous quittons au bout d’une grande
heure, sans vraiment conclure : le temps presse, nous demeurons en
relations.
Mardi 16 Juin 2009
.
. . au Quai d’Orsay, reçu par G … [3], 16 heures 50 à 17 heures 10 + Je poireaute, comme à l’habitude, une
vingtaine de minutes. Ni fleurs, ni journaux sur le guéridon, plus d’exposition
d’aucune sorte, que les tapisseries à contempler. J’évoque MJ photographié sur
l’un de ces canapés. Quoique raides tous ces sièges sont con,fortables :
rouges et dorée. Le cardinal FLEURY et GUIZOT sont de part et d’autre de la
lourde cheminée, les bronzes de la magnifique pendule, sans doute Napoléon III
sont de Victor PAILLARD.
Aux manettes depuis trois mois même pas,
G …, grand, jeune, souriant,
sympathique asusitôt, noir de poil mais d’un poil déjà rare, tête à porter des
lunettes à fortes montures, mais en porte-t-il ? vient me prendre. Me
présente une jeune femme, visage sévère, réprimant parfois quelque expression,
mais fugitivement que je ne distingue si c’est de la sympathie, de l’ironie, de
la bienveillance ou si cela s’adresse un autre. H … suivant les affaires africaines au cabinet depuis 2007.
L’entretien est donc singulier, et me met peu à l’aise. En face de moi, le très
jeune directeur, bras de chemise (rose comme la mienne, mais je n’ai pas tombé
la veste) et en angle cette dame, à qui je donne – heureusement – du madame
avec constance. La trentaine. Les bourreaux femmes sont bien meilleurs dans
leur emploi que les hommes. J’en ai su quelque chose en Décembre 1996 avec une
Claude RESMAN, casée du cabinet des ministres à Bercy, comme TPG je ne sais où,
les situations financières les plus confortables que puisse offrir
l’administration. Comme celui à qui je dois mes malheurs dans mon
administration d’origine, tous deux trouvèrent que je me préoccupais davantage
de ma situation personnelle que du service public, pour lequel on ne me
proposait d’ailleurs plus aucun emploi approchant plus ou moins mon grade.
Bref… Malaise aussi parce que le téléphone a sonné quatre fois, que du café fut
évoqué mais pas commandé ou servi, qu’une réunion commençait ailleurs où mon
hôte était attendu, parce que surtout mon texte ne provoquait aucune réaction
et que le temps que je ne devinais pas, a priori, aussi limité, ne m’a pas été
donné pour l’essentiel : qui eût été de savoir si la position française se
fixait et surtout quelle elle est, à présent.
Je n’ai pu que la déduire ainsi que les visites des divers acteurs
mauritaniens, des mines, moues, silences ou regards de la chargée de mission.
J’ai déballé ma disponibilité à
réfléchir sur les sujets qui pourraient intéresser le ministre et son
directeur, les ai énumérés : zones géographique. J’ai suggéré comme à
chaque changement de main depuis 2002 une formation officieuse des anciens
ambassadeurs sur chacun de nos pays partenaires pour qu’une mémoire orale et
des réseaux se transmettent, et qu’il puisse y avoir une sorte de débat sur les
stratégies à adaopter : note a été prise par mon hôte. Arrivant à
l’Afrique et à la Mauritanie, j’ai suggéré une initiative de notre part pour
que les procédures de l’article 96 du traité de Cotonou ne soient plus une
occasion de ridicule ou l’enregistrement de parjure. J’ai mentionné les
visiteurs de Claude GUEANT, théoriquement interdits de visas. Puis j’ai
improvisé les portraits et les candidatures, celle de Messaoud m’a été
confirmée quand j’ai décrit l’homme qui a tant mon estime – mais sa violence de
tempérament et son origine ne seraient certainement pas un gage de paix dans
les circonstances actuelles : cela je ne l’ai pas dit. Je n’ai pas
questionné sur l’impression faite par Ahmed en Avril ni sur le fait-même de
l’accueil ici. H … est allée en
Mauritanie, à quelle occasion, mais ne semble pas avoir été séduite, elle n’est
pas entrée dans mon explication faisant que n’importe quel Maure fait une
impression dont le rendu est tristement identique depuis MoD : l’homme de
silence, de modération, de majesté personnelle, l’anti-portrait d’Ely, que CM a
pratiqué ainsi que Messaoud. J’ai insisté sur la rapidité peu fondée avec
laquelle on a joué du consentement de Sidi et laissé prévoir que sa signature
ne sera pas forcée, j’ai exposé la légalité venue enfin à la conscience d’une
partie des Mauritaniens, la légitimité, le passage de relais d’un élu à
l’autre. Impression que mon hôte a été de ma sensibilité, ni lui ni H … n’ont mes papiers de l’automne et
du printemps vers D … et A…. J’ai conclu sur la novation à terme
probablement rapproché : l’accès au pouvoir des anciens serviteurs,
l’arrivée aussi d’une autre génération. On ne veut ni des militaires ni des
sexagénaires, donc on va vers l’inconnu, mais peut-être un civisme inattendu en
Afrique.
Aspect positif – le seul – de cet
entretien : je vois qui me lira. Je vais interroger avec prudence A … et D … notamment sur la H …
Moment de détente, l’huissier que je reconnais, âgé d’origine tunisienne :
son nom quand nous nous quittons, Aziz SAHLI, de Sousse. Nous évoquons Michel
JOBERT, il est arrivé dans son emploi en Janvier 1974, commençant d’abord
« derrière », à l’hôtel du ministre. Puis, mis en uniforme pour les
obsèques de POMPIDOU : il ouvrait la porte de l’ascenseur : NIXON,
BREJNEV et… BOURGUIBA.
Annexe I
courriel à Nicolas Sarkozy,
président de la République française
De : Bertrand Fessard de Foucault
Envoyé : samedi 28 mars 2009 15:09
À : directeur du cabinet du président de la République – qui m’en accuse réception le 31
Envoyé : samedi 28 mars 2009 15:09
À : directeur du cabinet du président de la République – qui m’en accuse réception le 31
J'ai bien reçu votre mail et je vous en remercie. Bien à vous
Cc : D …; F … ; M° Robert
Bourgi
Objet : conférence de presse conjointe du Président de la République à Niamey, hier vendredi 27 mars 209
Objet : conférence de presse conjointe du Président de la République à Niamey, hier vendredi 27 mars 209
Cher Préfet, cher ami,
pourriez-vous donner à lire les lignes qui suivent à Monsieur le
Président de la République, et m'en accuser aussi réception. C'est - je vous
l'assure - pour la bonne cause.
Grande et chaleureuse reconnaissance.
Monsieur
le Président de la République, vous me savez loyal depuis que nous
correspondons - c'est-à-dire depuis 2000 et la mairie de Neuilly.
Permettez-moi
- vous ayant écouté sur les ondes, tandis que vous donniez avec votre homologue
nigérien une conférence de presse conjointe - de vous informer plus
précisément, au moins sur la Mauritanie que j'aime et pratique depuis
quarante-cinq ans (mon service national comme professeur l'ENA locale en
fondation alors) et dont je connais aujourd'hui et depuis longtemps les
principaux personnages, dont notamment le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi,
Ahmed Ould Daddah, son compétiteur de 2007 et Messaoud Ould Boulkheir,
président de l'Assemblée nationale.
La
France a-t-elle été assez ferme contre les putchistes de Nouakchott, et ceux-ci
n’ont-ils pas donné l’exemple à Bissao, à Conakry et à Tananarive ?
LE
PRESIDENT – Ce
n’était pas une question, c’était une fresque !
...
Sur
la Mauritanie, vous connaissez bien cela, est-ce qu’on a souvent vu un coup
d’état sans manifestation et sans protestation, si ce n’est celle de la France
? Lorsque le Président, démocratiquement désigné, a été retenu, moi-même je
l’ai appelé, moimême. j’ai exigé qu’il soit libéré, mais force est de constater
qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté et qu’il n’y a
pas eu une manifestation.
De
fait, votre premier communiqué, au moment-même du coup du 6 Août 2008, était
informé, de principe, et excellent. Quand il est apparu qu'au Quai d'Orsay et à
la Coopération - certaines déclarations de M. Joyandet, employant par avance
les termes exacts que vous avez eus hier matin - la position de la France
paraissait plus émolliente, vous avez fait savoir que c'est vous qui décidez.
Qu'allez-vous décider ? à la veille de la réunion du groupe de contact et à la
suite du communiqué du Conseil de Paix et Sécurité de l'Union africaine ?
Factuellement,
à vous entendre hier et à vous lire aujourd'hui sur le site de
l'Elysée, vous avez été "désinformé".
Permettez-moi
de vous rappeler que vous n'avez jamais parlé au téléphone avec le président
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ni pendant qu'il était au secret au palais des
congrès de Nouakchott depuis le 6 Août, ni ensuite dans son village de Lemden
où il est assigné à résidence. Ou alors, vos services vous ont passé quelqu'un
d'autre... je vous donne les téléphones de votre homologue :
00
222 401 35 81 ou 00 222 406 40 09 - son secrétariat personnel 00 222 412 18 19.
Dès l'après-midi du coup,
1° le président de l'Assemblée nationale a protesté solennellement,
a déclaré illégale toute session à venir de l'Assemblée et du Parlement, et
persévère depuis par des réunions publiques, par un tour d'Afrique en début
d'année et une venue en France, à l'automne, notamment reçu par son homologue à
l'hôtel de Lassay
2° un Front national de Défense de la Démocratie s'est constitué,
comprenant nombre de parlementaires entre autres personnalités
Dans
la semaine suivant le coup, importante manifestation de l'opposition :
réprimée. Puis, très durement, le 6 Octobre. Depuis le début de l'année,
il ne se passe pas de semaines sans manifestations.
A
l'Assemblée nationale, la junte n’a pas la majorité constitutionnelle : 67
députés sur 95 le 13 Août, mais plus que 56 le 20 Août & 39 sénateurs sur
56 le 13 Août et 37 le 20 – effectif évolutif selon le cours des événements –
les résultats du vote de confiance au "gouvernement" de Moulaye Ould
Mohamed Laghdaf, nommé par la junte, n’ont pas été publiés : en séance 57
députés, le 20 Septembre. Depuis, aucun scrutin (s’il y en a eu) n’a donné lieu
à publicité. - Ce qui rend illégal le referendum projeté pour le 20 Juin. La
persévérance des putschistes à organiser le plébiscite du 6 Juin prochain, a
réuni en un seul front les légalistes - voulant la reprise des fonctions du
président de la République légitime - et ceux qu'on aurait pu appeler les
opportunistes parce qu'ils ont dit "comprendre" le coup militaire.
Votre
secrétaire général a reçu à plusieurs reprises, et la dernière fois, il y a un
peu plus d'un mois à ma connaissance, le numéro deux du régime. M° Robert Bourgi qui a
l'amabilité de s'entretenir de confiance avec moi, a fait l'intermédiaire, mais
sans assister à la dernière conversation. C'est le général El Ghazouani qui la
lui a résumée. Sauf démenti, il semble que le scenario des putschistes - cosmétique
- ait été agréé : le général-candidat défroque quarante-cinq jours avant le
scrutin et le président du Sénat fait l'intérim (non de Sidi Ould Cheikh
Abdallahi mais de Mohamed Ould Abdel Aziz).
Comment
ces entretiens peuvent-ils constituer votre information ? Je prends la liberté
de vous donner ci-jointe une note exhaustive à jour, jusqu'à hier, ainsi qu'une
lecture de la dernière lettre des "putschistes" à l'Union africaine -
annotée tant les erreurs et contre-vérités sont nombreuses et flagrantes.
De
tout cela - parallèlement avec notre ambassadeur à Nouakchott - j'ai à
plusieurs reprises entretenu les directeurs du cabinet des ministres, aux
Affaires étrangères et européennes, et à la Coopération. Le "patron"
de nos "services" a accompagné le directeur du cabinet du ministre
des Affaires étrangères et l'un de vos propres collaborateurs, le 29 Novembre
en Mauritanie. Ils ont rencontré "tout le monde", sauf le président
de l'Assemblée nationale absent alors du pays, ils sont allés au village du
président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et ont terminé avec "l'homme
fort" qui leur a fait médiocre impression de personne. Ils vous ont
certainement rendu compte.
Il
m'est revenu de Bruxelles que la lettre que vous avez adressée le président
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le 10 Décembre, en tant que président en exercice
de l'Union européenne, pour la réunion du groupe de contact, n'a pas suivi
jusqu'à cette instance.
Je vous en prie, Monsieur le Président de la République, favorisons
au maximum les conversations entre les principaux personnages de la Mauritanie,
y compris naturellement ceux qui sont en possession d'état, ne compliquons pas
les choses pour l'Union européenne que l'Union africaine a choisie comme
partenaire politique et comme modèle institutionnel.
Permettez-moi
une conclusion qui n'a "rien à voir", mais comment vous entendre et
lire ensuite ceci :
quand j’ai
été en République Démocratique du Congo, que j’ai soutenu le Président KABILA
dans sa main tendue au Rwanda, j’ai bien entendu que je n’étais pas ovationné
parce qu’il y avait beaucoup de ressentiments encore entre le Rwanda et la RDC.
Mais vous croyez que quand De GAULLE et ADENAUER ont fait la réconciliation
franco-allemande, dans les familles françaises, cela n’a pas toussé ? Ils sont
applaudis des décennies après mais sur le moment, ils n’étaient pas applaudis.
Et la France est dans son rôle en soutenant ces gestes là.
Vous
n'aviez que sept ans certes en 1962 - moi, je me souviens à mes quatre ans de
l'élection présidentielle de Vincent Auriol et à mes onze ans de Geneviève de
Gallard, des étoiles parachutées à Dien Bien Phu pour de Castries - en 1969,
vous avez quatorze ans. Mais les voyages du général de Gaulle en Allemagne en
1962, ceux du chancelier Adenauer chez nous, la foule à Reims, les venues
offcielles du président Luebke avec sa montée et sa descente des Champs-Elysée
et l'Arc-de-TriomD ... , ont été plus que marquants. Jamais une orientation de
politique extérieure n'a été aussi immédiatement populaire : les applaudissements
à la réconciliation, à l'amitié et à l'entente franco-allemande ne se font pas
entendre des décennies après, ils se sont déchaînés sur le champ de part et
d'autre du Rhin.
C'était
d'ailleurs tout naturel. Cette réconciliation, cette entente furent
souhaitées dès la Résistance. Le silence de
la mer, Vercors. L'extrême qualité de nos amis, l'évidente
admiration mutuelle, sinon la complémentarité des deux pays et des deux
peuples. La synergie des deux économies.
Veuillez
agréer l'expression de toute ma disponibilité à vous entretenir un instant de
la Mauritanie, avant ou après que vous vous soyez entretenu avec le président
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, puisque tel était votre désir initial et votre
premier mouvement, et aussi l'expression de mes sentiments très attentifs et
déférents.
Annexe II
courriels à Claude Guéant,
secrétaire général de la
présidence de la République française
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Original Message -----
Sent: Thursday,
April 23, 2009 9:06 AM
Subject: Mauritanie
Occupation de
l'Assemblée nationale mauritanienne, hier, de onze heures à seize heures - par
les parlementaires opposants et légalistes. Par le public aussi. Ambiance Odéon
Mai 68.
19 Avril -
bastonnade d'une manifestation de femmes parlementaires ou anciennes ministres
2 Avril - le
président de l'Assemblée nationale et le président de SOS esclaves - qui a ses
ramifications dans tout le Sahel - sont en cours de manifestation pacifique
attaqués, roués de coup et assaillis au gaz
Comme je me
suis permis de vous le courieller, je suis, Monsieur le Secrétaire général, à
votre disposition, selon vos convenances pour parler avec vous de la Mauritanie.
Nous pouvons faire que les choses tournent bien, et surtout tournent vite.
Dans
l'attente.
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Original Message -----
Sent: Friday,
April 24, 2009 5:56 PM
Subject: Mauritanie
Monsieur le Secrétaire général,
depuis le 9 Avril, je demande à vous rencontrer à propos de la
Mauritanie que vous savez en très mauvaise passe. J'ai renouvelé cette demande
depuis le 15 Avril avec des pièces annexes exposant davantage le fond que
pourrait traiter notre entretien et aussi pourquoi je m'adresse à vous
nommément et es qualité. J'ai réitéré ces jours-ci, les choses empirant aussi
bien pour les Mauritaniens dans leur ensemble, que pour la junte et son chef en
particulier, malgré sa candidature au plébiscite ou à cause de celle-ci.
Je reste à votre disposition 06 80 72 34 99.
Il se trouve que depuis ce matin notre entretien pourrait
également m'aider à dissiper un soupçon indigne d'un citoyen d'un pays comme le
nôtre, la France à la démocratie irréprochable.
En effet, le lendemain de l'expédition du couriel que j'ai cru
devoir adresser au Président de la République à la suite d'affirmations qu'il
avait faites en conférence de presse conjointe à Niamey le vendredi 27 Mars, ma
messagerie - réception - a été vidée inopinément de son contenu du 25 Décembre
2005 au 29 Mars 2009. J'ai pu croire à une saturation du logiciel, je dois dire
qu'intuitivement ma femme a fait le rapprochement entre cette perte de données
et mon courriel vers l'Elysée.
Hier soir, la situation m'amenant à beaucoup communiquer avec les
principaux protagonistes de la crise mauritanienne, j'ai interrogé un
correspondant à Bruxelles sur le point de savoir si - à sa connaissance - la
junte était capable techniquement d'intercepter des communications
électroniques internet. Il en a douté depuis le départ - théorique - de la
Mossad de Nouakchott... Et ce matin, autour de neuf heures, tandis
qu'honnêtement et banalement je conduisais notre fille de quatre ans et quatre
mois à l'école et que mon ordinateur restait connecté pour que ma femme tienne
notre comptabilité, un fichier - messages envoyés : Mauritanie - a disparu.
C'est trop ciblé dans le temps et dans le thème pour que ce soit un hasard et
il n'y a pas saturation. Je ne pense pas que les militaires à Nouakchott - dont
je sais par M° Robert Bourgi, avec qui je suis en termes de confiance et de
sympathie, qu'ils me lisent et me connaissent : je leur ai écrit à plusieurs
reprises sur la crise et ai offert mon éventuelle intermédiation pour que
chacun puisse parler sans précaution avec un messager de confiance mettant la
Mauritanie par dessus tout - je ne pense pas que la junte se préoccupe à ce
point de mes télécommunications.
Renseignements pris, l'attaque et la prise de contrôle de mon
ordinateur pendant qu'il est connecté, sont tout à fait praticables. L'outil
informatique "trojan" m'a été décrit.
Vous rencontrant, je saurai de vous que tout cela est coincidence
ou lacune de mon logiciel.
Sinon, je vais réunir les moyens de preuve, porter plainte et
j'irai en Cour européenne des droits de l'homme si je n'obtiens pas excuse et
compensation équitable de mon dommage. J'aurai bien entendu quelques appuis. Si
la cause de la démocratie et de la légitimité mauritaniennes sont traitées en
même temps, je serai heureux d'en être une des modestes et désintéressées
occasions.
J'espère cependant que tout cela est un malentendu et que vous êtes
soucieux - comme le Président de la République - de réunir l'information la
plus complète et la plus équilibrée sur ce pays qui nous est cher. J'espère
aussi que la démocratie française est au-dessus de manoeuvres informatiques
subalternes. Je peux en être de nouveau convaincu : je le souhaite.
Vous savez parce que je vous l'ai écrit dès la mi-Mai 2007 et que
je vous les ai renouvelées depuis le 9 Avril - par internet... - tous mes
sentiments attentifs et déférents.
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Original Message -----
Sent: Wednesday,
May 13, 2009 11:45 AM
Subject: Mauritanie - quand il en est temps
Monsieur le Secrétaire général,
l'entretien que doit avoir cet après-midi le président mauritanien
- légitime, l'élu du 25 Mars 2007 - avec son homologue sénégalais Abdoulaye
Wade, paraît bien celui de la dernière chance. Si le président Sidi Ould Cheikh
Abdallahi qui me fait l'honneur de son amitié depuis les années 1970 fait preuve
de la plus grande abnégation - son point d'honneur, conforme au serment
constitutionnel, étant de maintenir ou rétablir la démocratie, bien davantage
que de s'accrocher à son mandat ou au pouvoir qui ne lui appartient
actuellement plus, sauf moralement - ce serait une grande erreur que de
considérer comme un faceur positif son effacement à l'occasion d'un arrangement
global.
En effet, on ne voit pas quel meilleur "intérimaire" que
lui pour une période de transition démocratique - appellation déjà usitée en
2005-2007 - qui vide enfin les abcès, lesquels ne sont qu'accessoirement la
question de savoir qui peut candidater à la prochaine élection présidentielle
et qui l'emportera s'il garde le pouvoir de fait en possession d'état. L'actuel
"intérimaire" est d'une légalité douteuse, mais surtout d'une
personnalité évanescente, il n'a jamais eu d'autorité propre, même à la seule
présidence du Sénat.
D'autre part, il n'y aura pas consensus s'il s'agit de forcer la
démission de Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
L'essentiel et le point pratique aujourd'hui - dont vont débattre
Abdoulaye et Sidi - sont de surseoir au processus plébiscitaire et de
re-proposer à tous les Mauritaniens, mais particulièrement aux quelques-uns qui
mènent la junte, à défaut des forces armées dont nous savons peu, la structure
faisant moyennant du temps ce consensus que la France, et le Président de
la République, ont toujours souhaité, en Mauritanie comme ailleurs.
Tel que je connais (et apprécie) ce pays, qui m'est cher depuis
quarante-quatre ans que je le fréquente et l'arpente, en dialoguant selon le
hasard et selon aussi les organigrammes et depuis longtemps les amitiés nouées,
il me semble que le désintéressement en même temps que l'autorité morale de
Sidi Ould Cheikh Abdallahi sont ensemble un atout pour la Mauritanie, et donc
pour nous, si c'est le parti que nous choisissons finalement avec résolution.
Qui peut mieux former un gouvernement d'union nationale ? qui a compétence
constitutionnelle indiscutable pour anticiper le renouvellement de l'Assemblée
nationale. Rodage de toutes les sincérités et des procédures, enjeu moins
conflictuel qu'un scrutin présidentiel trop influencé et précipité.
Cette élection parlementaire - en même temps qu'on opèrerait le
renouvellement triennal du Sénat auquel la junte a sursis en Avril pour éviter
toute surprise, notamment dans la personnalité de l'interimaire qu'elle s'était
choisi (le président du Sénat aurait été soumis à réélection et le scrutin
aurait pu être contestataire) - aurait l'avantage de vider deux querelles :
celle de députés soi-disant indépendants mais qui ont été fait, avant
l'élection présidentielle de 2007, par la junte d'alors (dont les principaux
d'aujourd'hui faisaient déjà partie), celle de l'équilibre des forces
politiques compte tenu du putsch et des nouveaux clivages qu'il a suscités
(ainsi qu'une prise de conscience civique et résistante, sans précédent dans le
pays, et peut-être en Afrique sub-saharienne). Les putschistes auraient leur
parti au lieu que ce soit de soi-disant indépendants, ce serait avoué. Mon ami
(depuis notre première rencontre à l'automne de 1964) Ahmed Ould Daddah, qu'il
est temps que la France considère beaucoup mieux, a le sien depuis 1991-1992
mais verrait qui lui est fidèle ou qui est passé à la junte, les nouveaux
partis et surtout la coalition du Front national pour la défense de la
démocratie auraient droit de cité.
La nouvelle assemblée n'aurait pas pour mission de contrôler le
pouvoir intérimaire - la garantie morale et le désintéressement du président
Sidi Ould Cheikh Abdallahi suffisent - mais de débattre et formuler le
consensus sur les grands sujets, principalement la refonte à quasi zéro des
institutions, puisque le décalque de la nôtre, version 1958-1962 n'a pas du
tout empêché les truquages et l'autoritarisme de la période Taya (1992-2005)
prolongeant les dictatures militaires de 1978 et ensuite, et n'est pas
soutenue, les Mauritaniens l'ont compris depuis la crise du printemps de 2008,
à un véritable parlementarisme dans les esprits et les comportements. Passif
humanitaire (les massacres de militaires originaires de la Vallée du Fleuve, en
1987-1991 - les dramatiques pogroms au Sénégal et en Mauritanie en Avril 1989).
Place de l'armée dans les institutions mais pas au-dessus (solutions à la
portugaise à la suite de la "révolution des oeillets", que j'ai
d'ailleurs vêcue à notre ambassade en début de carrière).
L'élection présidentielle en dénouement : Parlement reconstitué
avec franchise, candidature des militaires vraiment civilisée. Date selon le
bouclage du consensus au Parlement et entre société civile et société
militaire.
Si nous soutenons ce genre de cadre - si nous indiquons à Abdel
Aziz et à El Ghazouani que vous connaissez bien, que le plébiscite du 6 juin
trompera d'autant moins qu'il y a cet effort sénégalais - je suis convaincu, et
la plupart des Mauritaniens sont convaincus que la junte reculera et les façons
de lui permettre de ne pas perdre la face sont aisées à imaginer de part et
d'autre.
Vous savez qu'à défaut on entre dans le cycle
manifestation-répression déjà bien commencé et que nous ne désapprouvons pas
assez nettement, et dans l'ambiance des complots et contre-coup militaires, le
tout dans un moment où au Sahara nous ne sommes sûrs de rien d'autant que le
Mali a son jeu pour avoir la paix avec ceux que nous appelons les terroristes,
et où au Sénégal se joue une succession pas évidente. Une solution
mauritanienne - irréprochable - aiderait tout le monde à Madagascar et en
Guinée. Dans l'Union européenne, vous le savez bien, on nous laisse, de
fait, la compétence mais à condition que nous aboutissions et selon les valeurs
de nos traités et du traité de Cotonou.
Il est excellent que ce soit Wade car une médiation venant du nord
oppose systématiquement Maroc et Algérie (et nous avons vu ce qu'a donné
Khadafi). D'autre part, tous les systèmes militaires depuis 1978 ont minoré les
originaires de la Vallée du Fleuve.
Ce pays a été heureux, influent, respecté, stable dans un passé
pas lointain et dont se souviennent tous les Mauritaniens - c'est la période
fondatrice de Moktar Ould Daddah (1957-1978), seuls les putschistes et leurs
"descendants" à chaque génération s'évertuent à camoufler ce fait -
fondateur et garant de la possibilité d'un avenir autre que leur dictature et
du désordre qu'engendre la monocratie.
Pardonnez-moi, Monsieur le Secrétaire général, de vous prendre
ainsi du temps, et de vous avoir si souvent sollicité depuis un mois, afin de
vous rencontrer.
Et veuillez croire en mes sentiments déférents.
Annexe III
18 Novembre 2008
note à la présidence de la République française
et au ministère français des Affaires étrangères
elle n’a été concertée avec aucun Mauritanien,
et notamment pas avec le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avec
lequel – après des entretiens téléphoniques et des échanges en Avril-Mai 2008 –
je ne retrouve une relation téléphonique et électronique qu’à compter du 26
Mars 2009
Retour à l’ordre des choses en Mauritanie
Un « jeu à quatre »
réflexions et scenario
n’engageant aucune des
personnalités évoquées – décédées ou en scène
& pas même le signataire
qui les aura simplement à l’esprit
pour y
« accrocher » ou pas ce qu’il entendra
il s’agit de contribuer à la
rencontre de quatre points de vue et positions
et de parvenir à les rendre
compatibles
I
Le projet
le projet est simple : faire se parler
les quatre personnages dont l’ensemble a les clés d’une « sortie de
crise » :
. Sidi
Ould Cheikh Abdallahi, président de la République, privé de sa liberté depuis
le 6 Août
. le
général Mohamed Ould Abdel Aziz en tandem avec le général El Ghazaouani,
président du Conseil d’Etat substitué au président de la République
.
Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale
. Ahmed
Ould Daddah, président du parti politique le plus important
leur
mise autour d’une seule table semble – actuellement – impossible : chacun
a une position peu conciliable avec celle des trois autres . chacun a des
atouts, de nature différente et une légitimité à faire valoir
procédé
le signataire rencontre tête-à-tête chacun
des personnages : il en connaît trois
personnellement (les civils) et a avec ceux-ci assez de passé et assez
l’habitude de conversation intime pour obtenir le fond de leur pensée – il lui
manque la relation avec les généraux, mais celui qui peut la lui procurer n’a
pas le contact ni, a priori, la confiance des trois civils
il
synthétise les propos de chacun, les rapporte – toujours en tête-à-tête – aux
trois autres et fait autant de navettes que nécessaire pour aboutir à un accord
dont on peut imaginer qu’il aura les traits suivants (grâce à des compromis
acceptés par chacun)
la sortie de crise pourrait être la suivante,
sans qu’aucun des quatre n’y perde vraiment
1°
Sidi Ould Cheikh Abdallahi est rétabli, pour un temps très bref et à convenir,
dans ses fonctions antérieures – il constitue un gouvernement d’union nationale
– lui et ce gouvernement transmettront leurs pouvoir au vainqueur de la
prochaine élection présidentielle – il parraine la restauration
2°
l’élection présidentielle anticipée de trois ans et demi est
constitutionnellement ouverte par la démission du président de la République
3°
à cette élection, tout le monde et en tout cas chacun des quatre peut se
présenter, le général Mohamed Ould Abdel Aziz acceptant cependant de n’être
plus au pouvoir et de n’être plus en activité dans l’armée
4°
l’élection présidentielle a lieu avec les garanties de 2007 : contrôle et
organisation par la Commission électorale nationale indépendante C.E.N.I.,
elle-même encore plus appuyée et soutenue par la communauté internatiuonale et
notamment par l’Union européenne – une garantie de plus qu’en 2007 apparaît,
les militaires ne sont plus au pouvoir en tant que tels
5°
les militaires et singulièrement le général Mohamed Ould Abdel Aziz, acceptent
d’avance le risque de perdre cette élection à raison de sa parfaite
transparence, et de ne pas réintervenir contre leur vainqueur civil, comme ils
viennent de le faire contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi
des
variantes pour le gouvernement d’union nationale peuvent apparaître
le rôle
de composition du président renversé peut se moduler : je prévois qu’il ne
se représentera pas mais qu’une place d’honneur pour la suite et la
constatation de sa contribution à la restauration des institutions pourraient
le séduire, davantage qu’un semi-emprisonnement pour de longues années
les
états généraux de la démocratie n’auront de sens que si la participation est
générale ; les militaires le savent qui font campagne pour cette
participation
leur
objet pourrait être de tirer la leçon des quinze mois d’exercice du pouvoir par
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en matière institutionnelle ; manifestement,
le système parlementaire et l’alternance au pouvoir ne produisent ni consensus
ni patience chez les acteurs politiques mauritaniens
les
militaires peuvent fort bien refuser tout accomodement – auquel cas la mission
du signataire n’a aucune chance d’aboutir
mais si
ce refus n’est manifesté qu’après quelques jours de navette et selon les
résultats apparaissant, un recours possible pour l’avenir aura été constitué
conditions de mise en œuvre du procédé
les généraux sont gênés par la pression internationale, vulnérables au sein de leur
junte aux critiques que certains de leurs pairs élèvent ou élèveront : ils
acceptent le procédé et les résultats que celui-ci peut apporter ; ils
comprennent que leur maintien au pouvoir supposent des formes, et même leur
acceptation de risquer de perdre une élection présidentielle absolument sincère
ils le
sont aussi par ce qu’ils savent de la résistance intérieure
le secret de ces rencontres et navettes est maintenu jusqu’à l’échec avéré ou jusqu’à la mise en
œuvre de l’accord qu’elles auront fait apparaître
ces rencontres sont facilitées par les généraux
. ils
reçoivent le signataire, expriment les concessions éventuelles qu’ils feront si
l’intermédiaire parvient, en retour, à en obtenir certaines des trois civils
. ils
assurent ses déplacements de Nouakchott au Brakna, et retour autant de fois que
nécessaire
. ils
s’engagent à ne pas confisquer ses papiers, ses moyens de communication et de
mémorisation (ordinateur, cassettes, téléphone mobile)
. ils ne
cherchent pas à écoûter les tête-à-têtes qu’il a avec les civils, et le
laissent les mener absolument seul
bref ils lui accordent la même confiance
que celle dont il jouit auprès des trois civils
depuis années
*
* *
l’enjeu
est l’avenir de la démocratie en Afrique et la crédibilité de la relation
euro-africaine :
. les
deux généraux sont en situation actuellement d’imposer à leur pays et à la
communauté internationale les apparences d’un processus démocratique analogue à
celui de 1991 où le président du comité militaire de l’époque avait remporté –
en la truquant comme celles qui suivirent – l’élection présidentielle . la prochaine
consacrera le général Mohamed Ould Abdel Aziz – lequel sera au pouvoir au moins
pour dix ans moyennant un renouvellement de son premier mandat au bout de cinq
ans ; une telle manière de faire provoquera à coup sûr une résistance, des
complôts, des tentatives de renversement de la force par la force, une spirale
qu’a déjà connue la Mauritanie de 1978 à 2005
. si
les appels de l’Union africaine à la démocratie et les rappels de l’Union
européenne au respect de l’accord de Cotonou, ne sont pas entendus, c’en est
fait de leur crédibilité, d’autant que l’Union européenne soutient l’Union
africaine
. les
chefs des autres Etats africains n’ont aucune envie que l’intervention
militaire en Mauritanie devienne un modèle applicable chez eux, par impuissance
de la communauté internationale ou la tolérance de celle-ci
. un
retour concerté au respect de toutes les parties mauritaniennes pour une
Constitution et une démocratie, telles que les avaient restaurées un processus
déjà consensuel, et unanimement approuvé (admiré) par l’Afrique et la
communauté internationale, aurait au contraire valeur d’un précédent dont tout
le monde a besoin – en Mauritanie et en Afrique
I I
Situation et dialectiques en cours
le 6
Août 2008, deux généraux – principaux collaborateurs du président élu le 25
Mars 2007 – destituent sans qu’il y ait nulle part de résistance physique, Sidi
Ould Cheikh Abdallahi, le mettent au secret à Nouakchott, puis le – le 13
Novembre – le placent en résidence surveillée dans son village du Brakna, où il
n’y a ni électricité ni internet (visites et téléphones autorisés)
le
Premier ministre, Yahya Ould Ahmed El Waghf,
arrêté peu après, puis relâché, réarrêté et à nouveau libéré, est de nouveau
appréhendé – le 15 Novembre – selon une
procédure judiciaire concernant la liquidation d’Air Mauritanie ;
plusieurs ministres le sont aussi
les
deux généraux constituent – après coup – un Haut Conseil d’Etat que préside le
général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui prend en outre le titre de chef de l’Etat
. le général Mohamed Ould Cheikh Ahmed dit El Ghazouani, demeure chef de l’état-major national
à
l’exception des prérogatives du Président de la République que le Haut Conseil
d’Etat, selon une ordonnance du 11 Août, exerçe collégialement, les
institutions restent en place, notamment le Parlement bicaméral . en session
extraordinaire, la Haute Cour de justice est constituée et un nouveau Premier
ministre, nommé dès le 14 Août, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf – est investi le
17 Septembre
le 14
Septembre, le Parlement adopte une « feuille de route » pour sortir
de la crise ; elle n’a pas été acceptée en tant que telle par les
généraux, elle exige que le Parlement reste seul compétent pour la législation
électorale
le 18
Octobre, une commission de préparation d’ « état-généraux de la
démocratie » est constituée par le Haut Conseil d’Etat . elle est
présidée par le Premier ministre qu’il a nommé
le 20 Octobre, l'Union
européenne, se fondant sur l’article 96 du traité de Cotonou, avait donné un
mois à la Mauritanie pour présenter des propositions en vue d'un retour à
l'ordre constitutionnel, faute de quoi elle déclencherait un processus de
sanctions : conclusions de la première réunion de consultations mettant en
présence Alain Joyandet et Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Le 17 Novembre, le
secrétaire français à la Coopération – en tant que président en exercice
semestriel – fait savoir que le premier mois n’est pas "un délai
officiel" mais que "les conclusions à laquelle on arrive, c'est
qu'il n'y a pas vraiment de changement à la situation en Mauritanie et qu'on
devra envisager la suite à donner au dialogue de Cotonou dans les moments qui
arrivent". Le 22 Septembre, le Conseil de sécurité et de paix de l’Union
africaine demande un retour à l’ordre constitutionnel. Le 4 Septembre, le
Parlement européen avait adopté une résolution, soutenant les efforts
africains.
depuis
le 12 Novembre, le Parlement est en session
ordinaire – le président de l’Assemblée nationale qui a contesté le 10
la légitimité de la destitution du Président de la République, et le 18 la
légalité de la session extraordinaire, persiste à ne pas présider les débats
I I I
Positions en présence
1°
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, à son arrivée au Brakna, le 13 Novembre, aurait
confirmé : sa première prise de parole publique
1) qu'il est toujours le
président démocratiquement élu et qu'il n'a fait que changer de résidence
surveillée.
2) qu'il n'a jamais négocié quoi
que ce soit avec les généraux contrairement à ce qui a été prétendu par
le biais de son ministre chargé de la communication
il n’est donc pas démissionnaire
et ne reconnaît pas le fait accompli
un Front national pour la défense
de la démocratie (F.N.D.D.) – comprenant une minorité de parlementaires – le
soutient et a diffusé, le 26 Août, un mémorandum donnant le bilan de son action
et un argumentaire contre le cours des événements depuis le 6 Août
2°
le Haut Conseil d’Etat, notamment par la voix de son président, le
général Mohamed Ould Abdel Aziz, énonce que les militaires qui ont restauré
ou instauré la démocratie par leur intervention du 3 Août 2005 (déposition en
son absence du colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, au pouvoir depuis le 12
Décembre 1984 et élu à trois reprises depuis le 24 Janvier 1992), sont
réintervenus pour débloquer le fonctionnement des institutions . le président
de la République qu’ils ont destitué est responsable de ce blocage et de la
gabegie ayant caractérisé les quinze mois de son exercice du pouvoir
le général Mohamed Ould Abdel
Aziz entend se présenter à la prochaine élection présidentielle, dont la date
n’est pas encore fixée
en attendant, il fait valoir un
changement total et bénéfique pour le pays, de l’action des pouvoirs publics
il n’est donc pas question de
revenir à l’état des personnes et des choses tel qu’il était avant le 6 Août
les événements depuis le 6 Août
ne sont qu’une « rectification » du processus entamé le 3 Août 2005,
qui avait bénéficié du consensus des Mauritaniens, et de la compréhension de la
communauté internationale à partir de Mai 2006
des marches de soutien ont eu
lieu depuis le 6 Août, comme lors de tous les précédents changements opérés par
les forces armées depuis le 10 Juillet 1978
une pétition est ouverte – visant
le recueil d’un million de signatures – pour protester contre l’ingérence (que
représenteraient les prises de position de l’Union africaine et de l’Union
européenne) et l’embargo (ou les sanctions qui ne sont pas encore intervenues)
3°
le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, élu
pour cinq ans, réclame la reprise de fonctions du président de la République
déposé par les militaires et la constitution par celui-ci d’un gouvernement
d’union nationale
ces deux préalables remplis,
l’élection présidentielle serait éventuellement anticipée par la démission –
librement choisie et exprimée – de Sidi Ould Cheikh Abdallahi
4°
le chef de l’opposition démocratique – au sens défini d’une
fonction institutionnalisée au lendemain de la prise de fonction de Sidi Ould
Cheikh Abdallahi, – Ahmed Ould Daddah
préside le parti le plus représenté au Parlement : le Rassemblement des
forces démocratiques (R.F.D.)
il a exprimé sa compréhension des
militaires et partage le bilan critique de ceux-ci sur l’exercice du pouvoir
par Sidi Ould Cheikh Abdallahin, qu’il mettaitr régulièrement en garde en
tête-à-tête et en public depuis l’automne de 2007
il a conditionné sa participation
au gouvernement formé par les généraux à plusieurs engagements de
ceux-ci : un calendrier pour l’élection présidentielle, leur neutralité
pour ce scrutin, aucune candidature de militaires en activité le 6 Août, ce qui
concerne aussi bien les généraux Mohamed Ould Abdel Aziz et El Ghazaouani, que
le colonel Ely Ould Mohamed Vall, chef de l’Etat pendant la précédente période
de transition démocratique (2005-2007)
il a assorti ces conditions de la
proposition de se porter caution à l’ »étranger notamment de la bonne
volonté des généraux et de leur convictions démocratiques
les généraux ont refusé – jusqu’à
présent – de prendre ces engagements
*
* *
les quatre parties ont des
représentants sillonnant le pays
Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed
Ould Daddah se sont déplacés à l’étranger
des parlementaires du FNDD aussi
les généraux ont eu des contacts
avec l’Elysée, et le général El Ghazouani s’est entretenu avec Claude Guéant
la délégation mauritanienne, dans
quelques instances internationales que ce soit, et à quelque niveau que
celles-ci se tiennent, n’a jamais été interdite d’accès
des financements arabes et
africains continuent d’être signés
[1] - Nouakchott, 17 oct (AMI) 2008 - " Même en
Mauritanie, les collectifs les plus attachés aux droits de l'homme ne demandent
pas d'une manière ferme et définitive le retour du président " déchu, a
déclaré vendredi le secrétaire d'Etat français à la coopération et à la
Francophonie, M. Alain Joyandet. M. Joyandet qui répondait à des questions de
Radio France internationale a précisé que " tout le monde dit quasiment
aujourd'hui : il faut trouver la solution d'un retour à la constitution puisque
c'est absolument impératif " mais que " personne ne dit Abdellahi
doit être mis sur son siège ".
27 Mars 2009
Le président de la République française, en
conférence de presse conjointe avec son homologue nigérien, à Niamey, est
interrogé :
La France a-t-elle été assez ferme contre les
putchistes de Nouakchott, et ceux-ci n’ont-ils pas donné l’exemple à Bissao, à
Conakry et à Tananarive ? LE
PRESIDENT – Ce
n’était pas une question, c’était une fresque !
... Sur la Mauritanie, vous connaissez bien cela, est-ce qu’on a souvent vu
un coup d’état sans manifestation et sans protestation, si ce n’est celle de la
France ? Lorsque le Président, démocratiquement désigné, a été retenu, moi-même
je l’ai appelé, moimême. j’ai exigé qu’il soit libéré, mais force est de
constater qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté et
qu’il n’y a pas eu une manifestation.
[2] - disponibles sur demande b.fdef@wanadoo.fr
6.8 Août 2008 - Réflexions
impromptues sur le nouveau coup d’Etat
19 Août 2008 - Analyse des chartes militaires
21 Août 2008 - Ne pas
reconnaître les putschistes ni leurs divers processus
24.25 Août 2008 - Persévérer
dans le refus du coup militaire
16.20 Octobre 2008 - Décider
2 Décembre 2008 - Bientôt
quatre mois de fait accompli
18.19 Février 2009 - Choisir
23.26 Mars 2009 - Le fait
accompli ou le cas exemplaire
6.9.14.16 Juillet 2009 - Perpétuation
militaire ou novation civique ?
l’entretien avec le
futur président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le 19 Avril 2006, a été publié par Le Calame 14 Avril 2008 – au premier
anniversaire de la prise de fonctions du premier président démocratiquement élu
au suffrage pluraliste
[3] - j’ai demandé à le
rencontrer depuis le 16 Avril
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Original Message -----
To: G…
Cc: F … & D …
Sent: Thursday, April 16, 2009 3:55 PM
Subject: vous rencontrer
Monsieur le Directeur,
je ne crois pas que nous nous soyons rencontrés quand j'étais en
poste soit pour le Département, soit pour la D.R.E.E. Si je me trompe, j'en
suis confus et vous me le pardonnerez jen suis sûr. Notre ami, votre
prédécesseur, vous aura sans doute dit mon vif intérêt - pécuniairement
désintéressé et attaché à aucune raison sociale, ce qui ne pas sans dire
aujourd'hui - pour la Mauritanie.
Les choses y vont, ces jours-ci, très vite au sens de ce que
peuvent faire des gens quand ils ne possèdent que les institutions. On est dans
un processus depuis hier de légitimation par plébiscite (moins le probable
boycott des politiques authentiques et des électeurs) d'un coup militaire tout
à fait personnel. Le premier mouvement de la France a été de le condamner,
l'Union européenne, et l'Union africaine en ont fait autant.
Je suis convaincu qu'une admonestation - claire et "les yeux
dans les yeux" de l'actuel "homme fort" - aurait de notre part
un effet immédiat et absolu. Engranger sa démission pour la montre mais
retarder de plusieurs mois au moins la consultation jusqu'à l'établissement
d'un consensus des Mauritaniens. Quitte à ce qu'il y ait de nouvelles élections
- pas seulement présidentielle - et le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi les
organisera et supervisera s'il est rétabli dans l'exercice constitutionnel de
ses fonctions, la manière unilatérale de la junte n'est pas recevable. Elle ne
le sera pas par les Mauritaniens, elle ne doit pas l'être par nous.
Je serai heureux d'en parler avec vous, ce qui nous permettrait
aussi de faire-refaire connaissance.
La décision paraissant - depuis le début de l'année - faite par le
secrétaire général de la présidence de la République, selon les relations qu'il
entretient avec les putschistes depuis Septembre (ce qui n'est pas forcément
une mauvaise chose, au moins connaît-il celui qui est le mieux placé, en tant
que numéro deux ou numéro un ex aequo, pour renverser le numéro un aux moindres
frais humains), j'ai demandé à le voir. Il me semble que lui et le président de
la République ne sont informés que partiellement. Naturellement, je vous
tiendrai au courant de cet entretien s'il m'est accordé, ce que j'espère.
J'ai rencontré à deux reprises - avec sympathie d'ailleurs -
Robert Bourgi, qui tutoie le président de la République. Et je l'ai indiqué à
Claude Guéant, en sollicitant son audience.
Ci-joint, un peu de papier. Le schéma d'un jeu à quatre, quoique
ancien, mais que nous avions regardé avant Noël avec D …, A … et B …, me paraît tenir
d'autant mieux la route aujourd'hui que les sanctions européennes ont été
décidées, que le principal concurrent politique du président Sidi : Ahmed Ould
Daddah, fait désormais bloc contre la perpétuation des militaires au pouvoir
(un règne en fait de putsch en putsch et en révolution de palais depuis Juillet
1978) et que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi est prêt à toutes
consultations électorales pourvu que l'ordre constitutionnel soit rétabli et
que chacun ait le temps de contribuer au consensus.
Ordre constitutionnel et consensus, nous le voulons expressis
verbis, mais ce n'est pas ce que construiraient les scrutins des 6 et 20 Juin.
Sentiments cordiaux et très attentifs.
1 commentaire:
RITUEL POUR ATTIRER UN HOMME OU UNE FEMME , RITUEL POUR REUSSIR SON AVENIR AMOUREUX
Je vis en France et Cela fait 1 an maintenant que ça n’allait plus bien avec mon mari car je souffrais d'une
maladie qui m'empêchait d'évoluer dans la vie et cette maladie nous faisais dépenser , 7 ans de mariage avec
mon mari, du jour au lendemain comme par envoûtement mon mari demande le divorce et ensuite il commence une
autre vie avec une autre femme. Avec tous mes soucis j’ai fini par perdre mon boulot. Sur internet je passais
du temps à faire mes recherches pour me distraire donc il est arrivé un jour j’ai fait la connaissance d’un
marabout d’AFRIQUE. Grâce a ce Marabout mes frères et soeurs, Mon mari est revenu du jour au lendemain
exactement comme par enchantement, mon mari lui n'a rien compris depuis jusqu'à ce jour, il existe vraiment des
choses dans la vie que nous ne pouvons jamais comprendre si on a pas essayé, j’ai repris mon travail et tout
est rentré dans l’ordre. Il est un Spécialiste du retour rapide de l?être aimé. Si vous , voulez vous faire
aimer ou si votre ami vous a quitté ce marabout peux le ou la faire revenir dans 3 jours . Il , elle va courir
derrière vous . amour durable. , obtenir sa nationalité , chance au jeux, désenvoûtement , fidélité maladie
inconnue, même cas désespérés. Pas de fausses promesses , travail efficace et rapide.100% de réussite garanti.
Ne restez pas dans l'angoisse, pas de problème sans solution. Il Est réputé pour trouver une solution à tous
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