L’Ambassadeur et « l’abus de crédulité »
Commentaires sur l’interview de l’Ambassadeur de
France à El emel El Jedid
par
Idoumou Ould Mohamed
Lemine
Professeur
d’Université (Nouakchott, Mauritanie)
Les prochaines lignes
commenteront certains propos tenus par Son Excellence Monsieur Michel
Vanderpoorter, Ambassadeur de France à Nouakchott, dans l’interview qu’il a
accordée au quotidien arabophone El emel El jedid du 22 décembre 2008 et
publiée le lendemain, en français, par l’hebdomadaire La Tribune dans sa 428ème
édition.
Je m’y attellerai, avec autant
d’objectivité qu’il sera possible pour un mauritanien et dans les circonstances
actuelles, de « lire » un point de vue qui compte sur la grave crise
politique que traverse mon pays et sur les voies et moyens d’en sortir. Que
deux concessions me soient faites cependant à la subjectivité : La
sélection des propos qui seront analysés - l’interview de Son Excellence étant
très longue et ayant abordé plus d’un sujet intéressant - et les erreurs
d’appréciation qui pourraient découler d’une mauvaise compréhension de ma part
de ce que j’ai lu.
Mon commentaire s’articulera
autour de trois grands axes : les propos de Monsieur Vanderpoorter sur le
coup d’Etat lui-même d’abord, sur les journées de concertations ensuite et sur
la solution envisageable pour l’Ambassadeur enfin.
Sur le coup d’Etat lui-même
L’Ambassadeur rappelle, à juste
titre, la condamnation ferme par son pays du coup d’Etat, précisant que cette
position « fondée sur des principes, le choix d’une forme démocratique
de gouvernement », « a été explicitée dans plusieurs
communiqués». On n’attend pas moins du représentant d’une grande nation
dont le modèle démocratique a très largement inspiré notre Constitution et
celles de plusieurs pays de la région et du monde. On aurait pu s’attendre, à
ce propos, que Monsieur Vanderpoorter eût repris les termes employés par le
communiqué rendu public par l’Elysée le 7 août 2008, pour exprimer cette « condamnation
très claire » qu’il réaffirme : «La France, à titre national,
réaffirme sa totale condamnation du coup d'Etat inacceptable ». Mais
mettons sur le compte de l’habileté diplomatique qu’un Ambassadeur puisse user
d’euphémismes pour tropicaliser les adjectifs employés par la Présidence de la
République qui l’accrédite, même si la fameuse ambiguïté de la position
française par rapport au coup de force mauritanien (ressentie aussi bien par
les pro que par les anti-putsch), découle justement de la multiplicité de ces
nuances qui, en littérature font la richesse et la beauté de la langue
française et en diplomatie sèment la confusion, au point de provoquer parfois
de graves conséquences sur le destin de nombreux pays. Les exemples, en Afrique
surtout, ne manquent pas.
Il se trouve qu’en ce qui concerne ce coup
d’Etat, il n’y a, en terme d’impact sur le cours des choses, que deux positions
possibles : Il est « condamnable et inacceptable » comme dit
dans le communiqué de l’Elysée ou « condamnable et accepté », comme
dans la position intenable de certaines formations politiques mauritaniennes -
et de certains milieux putschistes qui, eux aussi, usent d’euphémismes
alambiqués pour désigner le coup de force. Dans l’un et l’autre cas, il y a
deux directions diamétralement divergentes et inconciliables : la première
induit une annulation du coup d’Etat et de ses effets ; sa mise en échec
dit le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et une grande
partie de la
Communauté Internationale ; la seconde ouvre sur la
consécration du putsch à travers la concrétisation de sa finalité : le
changement de pouvoir. La première donne la suprématie à la Constitution et en
réhabilite l’immunité, la seconde en légalise la violation et la profanation. La
première, mène au camp de la démocratie regroupant les nations démocratiques
(et leurs Ambassadeurs) aux côtés de ceux qui luttent à l’intérieur, la
seconde, conduit au camp de l’Etat d’exception et des dictateurs.
Laquelle des deux directions
semble préférer Monsieur Vanderpoorter, si on analyse ses propos ? Pas la
première en tout cas, à en juger par l’acceptabilité du pouvoir militaire à ses
yeux (on dit qu’il fréquente souvent les membres de la junte et, en tout cas,
plus que le Président de la République auprès duquel il a été accrédité). Pas
elle non plus au regard du peu d’initiatives de contact qu’il a pris, jusqu’à
présent, avec cette « résistance démocratique »au putsch qu’il
qualifie pourtant de « remarquable ». Pour un diplomate qui
représente la Présidence en exercice de l’Union Européenne, un des principaux
promoteurs et garants de la démocratie dans les pays en voie de
démocratisation, cela est tellement inattendu, pour qu’on ne le soulignât pas.
Tout comme la mansuétude que Son Excellence semble avoir pour l’agenda de la
junte, notamment les fameux Etats Généraux de la Démocratie.
Sur les Etats Généraux de la
Démocratie
« Les Etats généraux sont
une occasion de débattre de tous les problèmes » et plus loin :
« En soi, les Etats généraux sont une bonne initiative, il y a des tas de
problèmes qui se posent en
Mauritanie », nous dit Son Excellence l’Ambassadeur de France
évacuant ainsi, d’un revers de phrase, la controverse sur l’opportunité d’une
concertation sous l’égide des militaires, et bien entendu tout le débat sur le
coup d’Etat lui-même. A le suivre, le putsch aide à résoudre « le tas
de problèmes qui se pose en
Mauritanie ». C’est en tout cas ce que nous suggère le raccourci
supersonique que l’Ambassadeur effectue, pliant les événements et brusquant le
niveau de préparation de la scène mauritanienne pour une solution concertée. En
effet, alors que l’ensemble de la Communauté Internationale,
y compris la France en est encore à la condamnation du coup de force et à la
recherche d’un compromis acceptable pour y mettre fin, Monsieur Vanderpoorter
en est déjà, lui, aux journées de concertation, la nécessité d’y participer et
même le « profit »
que la classe politique mauritanienne tirerait des résultats de la
panacée ! A entendre l’Ambassadeur de France, l’interruption de l’ordre
constitutionnelle est désormais un fait accompli qui, d’ailleurs, est le
bienvenue : « …c’est bien à ce moment de l’histoire de la Mauritanie,
de débattre sur des sujets graves qui, pour certains, n’ont pas vraiment été
traités au moment de la transition 2005-2007 et dont nous avons les effets
maintenant » soutient-il. On ne peut pas trouver mieux pour motiver
l’usurpation de la légalité constitutionnelle et la rendre acceptable, dans le
principe ! On retrouve curieusement le même argumentaire qui s’appuie sur
une remise en cause des résultats du processus de transition de 2005-2007, dans
la bouche du chef de la junte, qui l’a qualifié, surtout dans ses premières
déclarations aux médias, de « processus bâclé » et « trop
expéditif ». Qui, de Monsieur Vanderpoorter ou du Général Aziz, revendique
la paternité intellectuelle de cette thèse qui, soit dit en passant, égratigne
l’ensemble de la
Communauté Internationale (l’Union Européenne et la France en
tête) dont l’ensemble des composantes ont financé, supervisé et validé avec
force éloges ce processus cité comme exemple dans le monde entier ?
Il n’y a pas que cette question
qu’on pourrait être tenté de poser à l’interviewé d’El emel el Jedid. D’autres
interrogations surgissent à la lecture de ses propos : De quelles « questions
graves » et qui n’aient pas été débattues en 2005-2007, Monsieur
Vanderpoorter parle-t-il ? Du passif humanitaire dans le règlement duquel
le Président Sidi
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a franchi des étapes cruciales,
conformément à l’agenda tracé par les concertations de la transition ? De
l’esclavage- aujourd’hui presque oublié -, dont de nouveaux instruments de
l’éradication ont été mis en place dès
les premiers mois du mandat qu’on tente d’interrompre ? Ou alors de la
tutelle de l’armée sur le jeu politique qui constitue le vrai soubassement de
la rébellion des officiers limogés ? Serait-ce, par hasard, la question
fondamentale de la démocratie elle-même et de l’Etat de droit, dont on ne
peut que remarquer – que Son Excellence nous concède cette subjective
impression – le manque d’énergie dans ses propos les évoquant ? Lorsqu’il
parle de la « libération inconditionnelle du Président démocratiquement
élu » dont l’ensemble de la Communauté Internationale
fait un préalable pour tout processus de sortie de crise, c’est en ces
termes : « …c’est un élément de justice. Le Président a été
démocratiquement élu, il doit être libre de ses mouvements, et de sa
parole ». En d’autres termes, le seul droit que son élection fonde
pour le Président de la République, c’est d’être « libre de ses
mouvements, et de sa parole » comme n’importe quel autre citoyen.
Monsieur le Président Sarkozy devrait donc se sentir hyper choyé par l’armée
française qui le laisse jouir, en plus de sa liberté de mouvement et de parole,
de l’exercice du pouvoir que lui confère le suffrage universel ! Les
propos de Monsieur l’Ambassadeur peuvent être interprétés de manière encore
plus insidieuse : Si le Président Sidi Ould Cheikh
Abdallahi n’était pas démocratiquement élu, il ne serait pas « un
élément de justice » qu’il soit « libre de ses mouvements, et
de sa parole ». Ce n’est pas de l’interprétation tendancieuse, c’est
une déduction écrite (dite ?) à l’encre de l’évidence.
Mais avançons dans l’analyse des
propos de Monsieur Vanderpoorter.
S’agissant des restrictions des
libertés, on trouve une simple déploration - « en tant qu’amis de la
Mauritanie » de l’interdiction de manifester dont sont frappés les
partis membres du FNDD. Pas un mot sur les manifestations réprimées avec une
rare violence. Pas un mot sur les détentions pour délit d’opinion, ni sur les
arrestations politiques. Presque rien sur le recul proéminent des libertés en
général et de la liberté d’expression en particulier, pour la promotion de
laquelle les partenaires au développement, la France en tête, ont investi des
centaines de millions ces deux dernières décennies. L’on doit donc s’estimer
heureux en Mauritanie d’avoir des amis pour nous rendre le service de
condamner les exactions que subissent nos opposants à la rupture par la force
de l’ordre constitutionnel. En pleine quinzaine des droits de l’homme, on
s’attendrait, de la part de l’Ambassadeur de la Patrie de la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme, à plus de fermeté
sur les principes liés à cette question. Pas un mot de la mise au placard de
notre Constitution !
En revanche, un discours fleuve
sur ce que doivent faire les partis politiques, le rôle qu’ils doivent jouer
dans les « Etats Généraux de la Démocratie » et sur « ce
à quoi ressemblera la démocratie mauritanienne, disons dans les dix ans à
venir » - (Deux mandats pour le Général Aziz ?!ndlr). On voudrait
donner une leçon de morale politique, on ne s’y prendrait pas mieux ! Mais
ceux qui défendent la démocratie face aux chars blindés ont-ils encore besoin
d’en recevoir ?! N’en donnent-ils pas déjà une si belle et si « remarquable »
qu’ils méritent qu’au moins on leur épargne l’affront de vouloir les
renvoyer sur les bancs ?
Mais d’où donc Monsieur
Vanderpoorter tire-t-il la lecture contextuellement partisane de
la situation politique en Mauritanie, lui qui est venu dans notre pays alors
que la crise actuelle avait déjà pratiquement commencé ? Des fiches qu’il
a trouvées sur le bureau de son honorable prédécesseur ou d’autres sources
passées virtuoses dans l’art de faire des raccourcis historiques et
sociologiques au gré de leur interlocuteur et du moment ?
Pour mémoire, la transition
2005-2007 a été fondée sur le consensus de la classe politique. Elle a donné
l’occasion à des journées de concertation ayant produit des rapports qui ont
été approuvés par le Conseil des ministres de la junte (celle dont certains
membres ont repris le pouvoir cette année). Ces rapports ont servi de trame à
24 engagements pris entre la Mauritanie et la Communauté Internationale
représentée par l’Union Européenne. L’un de ces engagements – le numéro 10, le
principal – était que l’armée remettrait le pouvoir aux organes
démocratiquement élus, rentrerait dans le rôle qui lui est dévolu par la
Constitution et la Loi dans un régime républicain, et s’abstiendrait désormais
de toute immixtion dans le jeu politique. Cette transition s’est achevée sur un
processus électoral dont les résultats ont été acceptés par toute la classe
politique mauritanienne, y compris le candidat malheureux au deuxième tour de
l’élection présidentielle. La Communauté internationale l’a soutenu, accompagné
et s’en est portée garante.
Il est désormais établi que seuls
certains auteurs du putsch d’août 2005, récidivistes en août 2008 et quelques
segments de la classe politique dans leur orbite, n’ont jamais véritablement
accepté la prépondérance des institutions républicaines issues de ce processus.
Il ne fait plus aucun doute aussi que c’est là le vrai mobile du renversement
de la légalité.
Remettre en cause, aujourd’hui,
les résultats du processus 2005-2007 au motif qu’il n’a pas approfondi
certaines questions « graves », ne peut procéder que d’une
volonté manifeste de justifier le coup d’Etat et consacrer le fait
accompli. Prôner une participation aux fameuses journées de concertation sous
l’égide de la junte actuelle procède du
projet des putschistes de ne jamais accepter une solution qui remette en cause
le bénéfice principal attendu du coup d’Etat : le changement de
pouvoir. Monsieur Vanderpoorter peut-il soutenir le contraire ? J’en doute
fort et je suis loin d’être le seul. Peut-il nous convaincre que le processus
pour lequel il a ouvertement appelé l’opposition au putsch à participer - avant
le Général Abdel Aziz
lui-même ! - sera plus « exhaustif », plus
« transparent » et surtout plus « durable » que celui de
2005-2007 ? Peut-il nous assurer que les mêmes généraux (ou d’autres moins gradés) ne referont pas de
coup d’Etat qui donnera l’opportune occasion de « débattre sur des
sujets graves qui, pour certains, n’ont pas vraiment été traités au moment de
la transition…[de 2008,ndlr] » ? Je n’en suis pas certain non plus.
Tout l’argumentaire de Son Excellence procède, sauf erreur de compréhension de
l’arabe et du français de notre part, d’un désir de potabilisation de ce que Louis Michel, Commissaire
européen au Développement et à l’Aide Humanitaire a appelé, dans une excellente
formule le 22 Décembre 2008 sur RFI, « un abus de crédulité ».
Mais pourquoi donc un diplomate
étranger, français de surcroît, œuvre-t-il en faveur de ce raccourci suranné
et, ma foi, pernicieux pour résoudre une crise dans un pays dont la France
s’est toujours sentie « très proche (… )et auquel [elle est]très
attaché(e) ? » Pourquoi ce raccourci qui risque de ramener
la Mauritanie et l’Afrique tout entière – à moins que ce ne soit déjà fait – à
l’ère dévastatrice des coups d’Etat ? L’histoire nous le dira peut-être
très prochainement.
En attendant, penchons-nous sur
le scénario de la solution de crise ; celui de l’après-Etats Généraux de la Démocratie.
Monsieur Vanderpoorter a, à ce sujet également, des idées
aussi claires – et tranchées- que pour le reste.
Sur la solution envisageable
Sans chercher aucunement à le
caricaturer – loin de nous cette intention - le raisonnement de Monsieur
l’Ambassadeur de France, peut-être résumé ainsi qu’il suit : Sachant que « …l’objectif
est de revenir à l’application de la Constitution (…)le plus vite
possible », il y a deux scénarios envisageables :
1-
On «…applique totalement » la Constitution « c’est-à-dire
que le Président élu soit président ». Notons ici que Son Excellence
évite habilement l’expression « restauration du Président dans la
plénitude de ses prérogatives » ou même, celle plus interprétable, de
« restauration de l’ordre constitutionnel ». Ce n’est pas anodin,
loin s’en faut. Notons aussi que cette hypothèse, nonobstant son indéniable
conformité avec la Constitution et avec l’esprit et la lettre de la position de
son pays et de l’ensemble de la Communauté Internationale,
est balayée de manière péremptoire par Son Excellence : « …apparemment
l’opposition à cela est très forte », affirme Monsieur Vanderpoorter,
catégorique. Osons une série de déductions : « l’opposition au putsch
est très faible (quatre ou cinq personnes qui ont perdu leurs postes dirait le
Chef de la junte) ». « La revendication de la communauté
internationale ne pèse rien devant la « popularité » de la junte ».
« Le Président Sidi ne ferait pas 2% si des élections étaient organisées
aujourd’hui » (Qui avait dit ça, déjà et de qui le tenait-il ?). Etc.
Exit le
scénario constitutionnel, le vrai. En deux lignes seulement !
2-
On reste « aussi proche que possible de la
constitution », « …la voie retenue par les autorités en
place », c’est-à-dire « l’organisation d’élections ».
Ce scénario est tellement analysé en long et en large depuis le début de
l’interview, qu’aucun doute n’est possible sur l’intérêt que lui voue Monsieur
Vanderpoorter. L’Ambassadeur ose même un autre raccourci, juridique cette fois,
pour rendre « acceptable » une transition dans ce sens, avec le
Président du Sénat. « L’hypothèse d’un rôle ou d’un intérim confié au
président du Sénat n’est pas une invention de la Communauté internationale,
c’est ce qui est prévu dans la constitution mauritanienne ». Soit.
Mais cette même constitution, à l’instar
d’ailleurs de toutes les autres, n’intègre pas les coups d’Etat militaires
comme mode d’alternance politique, a fortiori la « vacance » de
pouvoir engendrée par un empêchement du Président de la
République décidé unilatéralement par
le Chef de sa sécurité ! Ensuite, tout coup d’Etat est par principe une
rupture de l’ordre constitutionnel et induit, par conséquent,
l’inconstitutionnalité de toute décision et de tout acte qu’il engendre, y
compris l’application de la Constitution elle-même ! Ne parlons même pas
d’une application sélective de cette dernière.
L’invalidité
de la thèse défendue par l’Ambassadeur et sérieusement envisagée par les
putschistes (après l’évacuation du Président du Sénat légitime, dit-on) est
encore plus opérante si l’on se souvient que le Président de la République dont
on veut prononcer l’empêchement est bien vivant (Dieu merci) en pleine
possession de ses facultés physiques et mentales et, qui plus est, décidé à
recouvrer la plénitude de ses prérogatives. Même si le Président Sidi Mohamed Ould
Cheikh Abdallahi en acceptait le principe, aucune transition ne pourrait être
jugée constitutionnelle ou même « proche » de la Constitution
(formule qui, du reste, ne veut rien dire en droit), si elle n’est pas placée
sous son égide.
L’ordre constitutionnel est un
tout. Il est global ou il n’est pas. De même, la promotion de la démocratie qui
est l’une des missions des Ambassadeurs des grandes nations démocratiques comme
la France, ne souffre pas de compromis sur les principes.
Mais pourquoi donc Monsieur
Vanderpoorter, qui exprime, à plusieurs reprises son attachement à une solution
constitutionnelle, n’envisage-t-il qu’improbablement une hypothèse
intégrant la restauration du Président démocratiquement élu dans ses
fonctions ? Pourquoi ne semble-t-il pas avoir souvenance de ce paragraphe
du communiqué rendu public par l’Elysée le 07 août, un jour après le coup de
force : La France "rejette le principe de nouvelles élections
présidentielles en Mauritanie qui seraient illégitimes au regard du cadre
institutionnel établi en 2007 à l'issue de la période de transition".
(Souligné par nous). Pourquoi la position de Son Excellence
s’inscrit-elle, non seulement en porte-à-faux avec celle du reste de la Communauté Internationale,
mais aussi en contradiction avec celle de son propre pays dont le Ministre des
Affaires étrangères, Bernard Kouchner affirmait, le 23 Décembre : « Nous
soutenons le dispositif qui devrait débuter le 27 décembre à condition que tous
les acteurs, y compris le président Abdallahi, considèrent que les conditions
sont réunies pour participer à ce dialogue », signifiant ainsi la
préférence de la France pour la solution qu’acceptera le détenteur de la
légitimité constitutionnelle (ce qui est conforme aux principes de la France)
et non celle qu’imposeront les « autorités en place » ?
Pourquoi, à le lire, L’Ambassadeur, semble-t-il faire de la solution sans le
Président Sidi un postulat – comme le
Général Aziz fait de la solution avec le Président de la République « une
ligne rouge »?
L’histoire seule nous donnera des
réponses à ces interrogations on ne peut plus légitimes. Et elle le fera. On
dit chez nous – la formule est si belle qu’elle n’est traduisible que par
interprétation – que le temps dénude toujours ce qu’il habille. En ce qui
concerne la position de Son Excellence Michel Vanderpoorter par rapport à la
grave crise mauritanienne, le présent a déjà fait une grande partie de l’œuvre
du temps. L’avenir fera le reste.
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