LES VOIES, LES MOYENS ET LES EBAUCHES DE SOLUTIONS
Dans la précédente déclaration, nous avons – croyons nous- scrupuleusement fait le tour des principales raisons qui militent en faveur du départ du despote qui nous gouverne.
L’analyse ainsi effectuée, non exhaustive certes, ne saura cependant atteindre son objectif de faire prendre conscience des dangers qui nous assaillent, que si elle est suivie d’un effort volontariste de dégager les voies et moyens susceptibles de nous acheminer sur les sentiers du combat pacifique contre cet ultime avatar de la gestion militaire de notre vie depuis plusieurs décennies.
Cette démarche nous permettra à ce niveau de percevoir avec un maximum de visibilité les contours des remèdes à apporter aux maux multiples dont souffre notre société.
Loin des sas de décompression, des bouées de sauvetage qu’on propose ici et là, loin aussi de l’immobilisme et de la léthargie intellectuelle et d’action qui paralysent par moments nos gestes et notre façon d’appréhender nos problèmes, la vision que nous avons adopté devra, ainsi conduite, nous armer, face à l’opinion tant locale que régionale et internationale, avec les outils nécessaires pour mettre un terme à l’existence de ce pouvoir hors de son temps et faire vibrer notre pays au rythme des changements intervenus sur la planète.
Cette tâche est d’autant plus urgente quand on mesure, à sa juste valeur le poids du lourd passif que nous avons traîné trente années durant et que le pouvoir du Général ould Abdel Aziz n’a fait que densifier.
Il s’appuie, avec la force du désespoir sur les béquilles, qui, minées de l’intérieur par ses méfaits, ont, l’une après l’autre, cédé le laissant suspendu dans l’air qu’il empeste par les relents putrides des scandales financiers, du népotisme éhonté et des tentatives sisyphiennes d’étrenner des vagues qu’il ne saurait chevaucher, tels la fable qu’il sérine sur l’avance qu’on aurait prise depuis 2008 sur le printemps arabe, africain et mondial.
Ce disant, il ne leurre que sa propre personne et effectue un pas de plus dans la politique de l’amalgame qui lui fait apparenter un coup d’Etat à une rectification et le maintien d’un parlement croupion à un plein exercice de la démocratie.
En fait de démocratie, le système qu’il s’échine vainement à perpétuer est aux antipodes de celle-ci.
Le mandat dont il prétend avoir été investi et que nulle déviation et nulle aspiration aussi légitime fût-elle ne doit interrompre est une illusion que démystifie avant toute autre chose sa propension personnelle à interrompre les mandats des présidents élus et des magistrats irrévocables, par des coups de force pour les uns et par des décrets arbitraires pour les autres.
Sa récente bourde contre son Président de la Cour Suprême limogé pour conflits d’intérêts entre membres du même cénacle, n’aurait dans cette logique visé qu’à clamer que si le monde décrie la mesure, qui ne touchait qu’un « fonctionnaire », il serait plus condescendant dès lors qu’il s’agit d’un « Chef d’Etat »( ?!).
L’inaptitude du Général à gérer un Etat moderne l’empêche de méditer les attitudes variées de ses pairs à travers le monde : ceux qui s’accrochent au pouvoir et finissent dans leur linceul ou au fond d’une geôle et ceux qui, responsables et attentifs à leur opinion locale et celle de l’univers tout entier qui les scrute et les observe, s’inclinent devant leur peuple quand ce dernier les désavoue.
Que de mandats autrement plus légitimes et arrachés de hautes luttes ont été interrompus et le ciel est demeuré la même voûte étoilée qui recouvre la planète !
Son entêtement à persévérer dans cette voie sans autre issue pour lui provient de ce que ce prétendu mandat entre autres chevaux boiteux de bataille constitue la charpente du système qui, quand elle s’croulera emportera avec elle toute la litanie justificative du maintien de ce pouvoir anachronique et solitaire.
Mais jour après jour, les masques tombent et dévoilent la nudité extrême de ce système dont le vernis pseudo-démocratique ne cache plus la pudeur.
Tous ici, sous nos cieux et partout ailleurs dans les cercles démocratiques du vaste monde découvrent avec stupeur les méfaits de la mal gouvernance de ce régime bâti sur les sables mouvants d’un désert politique dont il a amassé les monticules. Ils découvrent qu’en commémorant chaque année son avènement au pouvoir effectif en août 2008, le Général auto-promu exhibe sa nature profonde de putschiste incurable, reconnaissent par là même qu’un coup de force ne peut être transformé par une simple verbosité stérile en un changement profond ou en une révolution porteuse de promesses sérieuses.
Mon Général (parce que vous affectionnez cet attribut mieux que celui de Président dont vous ne revenez pas encore de l’avoir mal acquis) vos saillies brutales compatibles avec votre humeur atrabilaire ont vite entamé le soupçon d’espoir né le 03 août 2005. Très tôt, vos manigances, les embûches et les obstructions que vous avez semées sur le chemin de tous vos compagnons de route, ont vite fait de dessiller nos yeux sur vos visées obscures. Les quelques rares incrédules qui gardaient, mordicus, foi en vous, l’ont vu s’estomper au fur et à mesure que s’effilochaient les pans du lourd manteau qui leur recouvrait la vue.
Votre incompétence criante et votre incapacité à gérer nos affaires et à prendre en compte l’inquiétude nationale, sinon par des vaticinations que ne comprendront que vos applaudisseurs, vous exhortent à partir si l’honneur y est encore.
Il est loin, très loin de vous en tout cas, le temps où un autre Général, certes plus prestigieux que vous, portant et méritant mieux que vous ses galons, un certain Charles De Gaule a, quand il s’est senti contesté, à une moindre échelle, quitté dans la dignité ce fauteuil à lui pourtant conféré par l’ensemble du peuple français.
Le vôtre que vous êtes prêt à défendre becs, ongles, lacrymogènes, et plus encore, vous l’avez usurpé. Seul le destin sous les traits du hasard vous y a porté, et seul le destin sous son vrai visage vous le fera quitter !
D’autres que vous, Général, plus ressemblants cette fois-ci, ont fui sous la colère des peuples tunisien, libyen et égyptien, pacifistes s’il en fût mais qui n’en pouvaient plus d’être la risée du monde en acceptant de subir pour la vie des tyrans que la luxure et les applaudissements hypocrites ont à tout jamais aveuglé et assourdi.
Cette coterie-là est la vôtre, sous peu vous lui tiendrez compagnie ! Lorsqu’en 2005 vous avez dérobé en le pervertissant le discours de l’opposition sur la gabegie et ses méfaits, habile de vos mains, vous avez également chapardé – c’est une manie chez vous – la paternité du processus de réconciliation entre nos communautés des suites de la gestion militaire létale des années 80-90. Au lieu d’en faire le fruit d’un consensus national toujours possible et aisé, encore aujourd’hui vous en avez fait un argument électoraliste et un glaive de menace à l’encontre de vos ennemis militaires et politiques. Nos communautés, puisant la force de leur cohésion dans l’enchevêtrement de leur tissu social, leur religion et leur destin communs, se rapprocheront, plus que jamais, après vous avoir démasqué et détermineront vos multiples responsabilités dans leurs déboires, leurs souffrances, leurs querelles et l’aliénation de leur liberté. Elles se demanderont – par de-là tout ceci comment un chef d’Etat qui détiendrait des preuves sur la culpabilité d’un citoyen dans une affaire donnée se contente de faire des allusions, de proférer des menaces, au lieu de passer en jugement les prétendus suspects. Ajoutées à l’accusation de gabegistes adressée à l’opposition dans vos meetings où l’on oblige sous menace de sanctions administratives les fonctionnaires à y assister, ces balivernes qui ont l’allure d’une potion sanative pour vous d’abord, reflètent une irresponsabilité sans égale où l’on persécute des hommes s’ils sont contre le Général et on les absout de leurs péchés quand ils sont moins critiques à l’égard de ses politiques et son rôle controversés.
En s’agrippant au strapontin que vous avez ravi vous vous donnez l’air de quelqu’un qui tire ses racines du tréfonds de la légitimité ou qui a hérité de ses ascendants un trône mérité ou plutôt quelqu’un qui a en face de lui un peuple condamné à vie à subir l’arbitraire d’un dictateur mal inspiré.
Là-dessus et c’est là où vos conseillers occultes et déclarés vous ont trompé, vous comptez sur la longanimité de notre peuple patient et prompt à pardonner, même à oublier. Cette vertu, il l’a certes, mais fait de chair et de sang, il la circonscrit dans un temps et dans des circonstances bien déterminés. La barre haut placée de la stoïcité nationale est maintenant dépassée. Elle est en passe de se muer en une explosion de toutes les colères rentrées, de toutes les frustrations jusqu’ici inhibées.
Malgré votre cécité, votre autisme et la feinte désinvolture que vous affichez, vous sentez les tensions monter, vous percevez de loin en loin le grondement sourd des âmes par vous châtiées.
C’est pourquoi vous agitez comme vos pairs dictatoriaux, l’épouvantail de la guerre civile, du chaos. Après vous, le déluge parce que vous avez miné le terrain en apprêtant la poudrière du déclenchement des haines inter et intra-ethniques, des conflits entre les générations, entre les genres, les villes et les régions.
De ce laboratoire de la concussion et du dévergondage politique, il ne peut sortir que prévarication, trahison et félonie et faire de vous ce que vous êtes au fond : le véritable problème de ce pays et non la solution qui soulage nos soucis.
A vous entendre ânonner des menaces et jouer à nous faire peur on croirait écouter Kaddafi traiter ses adversaires de rats surtout quand, incivilement et contre toute morale, vous avez traité les vôtres de vieillards atteints de sénescence et de bras cassés politiques.
Vous l’avez fait, sachant que ceux-là qui ont pratiqué la politique bien avant l’avènement du système militaire que vous incarnez en connaissent mieux les turpitudes que ceux qui n’ont connu que la dictature. Il fallait donc à tout prix tenter de les écarter de votre chemin pour libérer la voie devant le dévoiement de notre jeunesse qui, vous fera, vous le verrez à vos dépens, la mauvaise surprise de créer la déconvenue de se mettre au diapason des jeunes du monde entier qui luttent à Tunis, au Caire, à Tripoli, à Wall Street, à Madrid et partout pour un monde meilleur d’où vous et vos semblables serez exclus.
A ceux, demeurés autour de vous et qui ont gardé la tête hors de l’eau des gangues de vos perversions, sans doctes enseignements ni regard par le haut nous tenterons aussi longtemps que de besoin de les rendre attentifs à la vérité des illusions dont vous vous gargarisez.
Si vos fantasmes vous ont fait croire que notre peuple est insouciant ou soumis, les mouvements de masse qui secouent chaque jour les assises de votre pouvoir illégitime vous occasionnent chaque matin le mauvais réveil qui vous pousse de plus en plus à balbutier, tâtonner, répondre du tac au tac et improviser.
Il en est ainsi des fondements de la politique qu’obsessionnellement vous poursuivez :
- Fort de ce que vous savez que notre jeunesse n’a pas de modèle chez la plupart de ses aînés pervertis par votre système, et n’ayant connu que vos méthodes ‘’patricides’’ et bassement intéressées, vous êtes surpris de voir son regard rivé sur ses frères tant au nord qu’au sud du Sahara et partout ailleurs qui se battent, chacun à sa manière, pour bâtir un monde nouveau où pourra s’exercer leur génie créateur.
Négligée par vos soins, laissée sur le bord de la route en proie au chômage le plus dégradant du fait de l’inadéquation de l’éducation qu’elle a reçue avec les besoins d’une vie moderne, vous avez cru dans vos lubies qu’elle sauterait sur les appâts que vous lui jetez. Elle est demeurée consciente que des lendemains meilleurs que lui vaudront ses combats pour l’égalité de chances, la justice et l’équité, sont à mille lieues préférables aux raccourcis que vous lui proposez.
Inévitablement et malgré la chape de plomb sous laquelle le système veut l’enchâsser, elle déchire le voile pour suivre au plus près le mouvement universel de la marche des peuples vers l’émancipation, la démocratisation et le progrès.
- L’élite intellectuelle dans toutes ses variantes en grande partie, domestiquée par les pouvoirs du même système qui l’ont dévoyée, constituait pour vous un appoint irremplaçable pour justifier vos errements par ses actes ou à tout le moins par sa passivité. Aujourd’hui, cette élite singulièrement nos professeurs d’Universités, nos Ulémas éclairés, nos juristes, cadres et fonctionnaires, les membres de la société civile, même quand, dans leurs pérégrinations dans vos cours ils ont été entachés, se rattrapent avec abnégation et dignité, conscients que participer au changement les changerait, les purifierait d’avoir un jour perdu espoir et pris les chemins tortueux que répugnait le savoir dont ils sont imprégnés.
Ils indiquent allègrement à notre jeunesse que vous vous employez à déboussoler, le droit chemin des justes combats à mener.
Ils participent à leurs côtés au combat commun, leur prodiguent les conseils et les encadrements nécessaires à guider leurs pas sur les chemins du refus de l’arbitraire et du déni des libertés.
Eux aussi, ne vous en déplaise ont vu sur les toiles du web, leurs écrans TV et entendu sur les ondes des radios la douce mélodie des batailles des peuples comme nous longtemps sevrés de vision, de progrès qui secouent des trônes, des fauteuils, refondent leur société, chacun selon l’ampleur de ses tâches et ses besoins particuliers.
Ils ont surtout suivi des débats d’intellectuels qui, parfois sont leurs condisciples et amis et veulent désormais dissiper en eux d’abord cette dichotomie, cette schizophrénie dans leur vie. Cet intellectuel nouveau dont la résurgence vous effraie est bien là aujourd’hui : dans vos cours, les départements ministériels, les mosquées et dans la rue. L’inexorable lame de fond qui secoue la galaxie a atteint nos rivages et plus rien n’arrêtera le mouvement qu’elle a engendré.
Nos intellectuels, singulièrement les cadres-fonctionnaires parmi eux sont victimes par un autre jeu d’optique dont use le système : ils dépendent des bas salaires érodés par la cherté de la vie qu’un pouvoir radin et injuste leur concède avec des retards répétés. Avec le temps ils se sont aperçus que leur misère est sciemment provoquée par un système qui, en les appauvrissant croit pouvoir mieux les tenir, les retenir plutôt, afin que jamais ils ne puissent se soustraire aux diktats qu’il leur impose. Il veut également les rendre, en miroitant des jours meilleurs, plus souples et prêts à tout pour le satisfaire.
La supercherie est claire. Il faut trouver autre chose pour nourrir les chimères ! L’intelligentsia nationale parce que précisément dotée de savoir sait avec pertinence que nos immenses ressources si elles sont bien gérées, peuvent subvenir à nos besoins et si par moments elle semblait hésitante, c’était de dépit, de frustration face à l’ampleur de l’embrigadement qui assimilait ses mécontentements passagers à des remontrances d’envieux et au mieux à de futiles récriminations.
Le peuple, devenant – l’environnement mondial aidant – plus réceptif et plus vigilant, nos intellectuels sentent que leur discours qui commence à prendre sa revanche sur le temps, atteindra dorénavant les esprits et les cœurs des gens déjà excédés par la dégradation de leur niveau de vie, la perte de leur bétail, l’analphabétisation de leurs enfants, et par la semence de la haine dans leurs rangs.
Beaucoup de nos illustres Ulémas prenant exemple sur leurs homologues qui, dans toute les contrées de l’Islam soutiennent le changement, se départissent de plus en plus des fatwas exégétiques dans le sens voulu par les gouvernements pour ne plus être ce ‘’diable autiste’’ dont affuble le hadith tous ceux qui ‘’taisent la vérité’’.
Des ‘’Raspoutine’’ il s’en trouvera toujours dans les cours des seigneurs, comme les intellectuels justificateurs, les jeunes qui trahissent leur âge, leur vocation, mais la tendance générale demeurera toujours en faveur du sursaut du plus grand nombre pour sauvegarder les valeurs cardinales de la nation.
- Notre élite militaire, la fine fleur de la grande muette, les hommes de troupe de notre armée républicaine qui souffrent des mêmes tares qui alourdissent notre marche vers l’avenir meilleur, n’est la propriété de quiconque, même issu de ses rangs qui voudrait par ses méthodes perfides de distribution de subsides, de favoritisme en tous genres, de marginalisation, de purges ou épurations ciblées, la rendre co-responsable de ses exactions.
Il est de notoriété publique que le plus gros de nos troupes, tous grades confondus, étaient au départ issus des contingents qui, n’ayant pas pour des raisons multiples, achevé leurs études sont allés sous les drapeaux devenus des marchepieds aisés pour l’ascension recélant le pouvoir et l’argent.
Leur carrière se confondant à ce point avec celle du Général, ce dernier a cru trouver là le combustible nécessaire à la pérennisation du système qui rappelle assez tristement le contexte des années 70 où, faute de groupes organisés concurrents, l’armée faisait figure de force révolutionnaire. Une telle démarche se situerait aujourd’hui du mauvais côté de l’Histoire.
Fini le temps où après avoir profité à l’extrême de la prise du pouvoir par la force, l’officier félon entre-temps travesti en civil, le quitterait par la mort, pour le bonheur même souillé de ses héritiers, ou sorti indemne du coup d’Etat le renversant à son tour il se dirige vers le monde des affaires où avec l’argent de la nation il crée son entreprise, sa banque ou toute autre activité lucrative à nos dépens. La santé de l’économie du pays s’en ressent fortement : Ce nouveau businessman, habitué aux pratiques cauteleuses tout azimut, qui n’a au préalable pas eu le temps d’étudier la gestion moderne des entreprises s’appuie pour faire prospérer ses affaires sur le délit d’initié pour lequel il compte sur sa connaissance des méandres de l’administration malade qu’il a laissé derrière lui.
Avec l’argent ainsi accumulé, il s’adonne à ses heures perdues et pour protéger et blanchir le produit de ses larcins, à la politique, la pervertissant à son tour après avoir Sali l’armée et désorganisé l’économie. Il aura ainsi dans sa courte vie tenté d’être à la fois un Général d’armée, un businessman prospère et un homme politique hors-pair.
Le contexte ayant changé, les éléments de notre armée républicaine selon notre vœu le plus profond en tout cas, doit faire le bilan de sa gestion durant les trente dernières années. En procédant ainsi elle découvrira avec effarement que la cascade de coups d’Etat nous a coûté, proportionnellement à notre échelle et à nos mœurs, en vies humaines plus que les guerres que nous avons connues (guerre du Sahara, le Commando du 16 mars 1980, les mutilés baathistes et nasséristes, Inal, Oualata, …) !
La noblesse du métier des armes est de ce fait altérée par la cupidité de certains de ses éléments dont l’objectif premier était exclusivement la prise du pouvoir pour s’enrichir et s’enrichir encore et toujours. C’est ce qui se produira chaque fois que l’on mêlera l’armée à la politique. Elle y introduira les manières de la formation de ses hommes réfractaires à l’esprit démocratique et privilégiant pour le règlement des questions politiques une dose de violence nécessaire à ses yeux à l’affirmation de son autorité. Cette manière d’agir nous a valu des inimitiés durables avec le voisinage tant au nord qu’au sud du Sahara. Méditons, ne serait-ce que ce cas édifiant : nos relations en dents de scie avec le Sénégal. Les liens séculaires tissés pacifiquement tout au long de notre histoire commune sont pour sortir nos pouvoirs successifs de leurs crises, chaque fois mises à rudes épreuves fissurant par moments et par endroits le solide édifice de nos relations bâties sur le socle d’une même foi et d’un besoin spirituel croisé à la grande satisfaction des Qadiris qui l’assouvissent en Mauritanie et des Tidjanis qui répondent au leur dans le Sine Saloum et à Tivaoune.
Le Mali frère et ami, se plaint de notre mauvais voisinage qui a bafoué sa souveraineté et menace de l’amputer de la partie septentrionale de sa patrie. L’armée mauritanienne qui doit être le reflet de l’âme profonde de notre pays, doit en porter les valeurs pacifistes, protéger par analyse stratégique originale et non sur commande, ses frontières, ses institutions légales et la vie de ses populations.
C’est cela et seulement cela, le métier des armes et seule une armée de métier pourrait s’en acquitter !
Passer outre, c’est-à-dire s’aventurer sur le terrain marécageux de la politique en s’autorisant à instruire, à gérer et à conduire les affaires de la cité, reviendrait à donner droit à un journaliste, par exemple ou à un économiste de diriger un bataillon de notre artillerie. Cette impossibilité doit interdire dans la même logique à un commandant d’unité sur nos frontières, d’enseigner la philosophie existentielle de HEIDEGGER sur les bancs de notre université. Cette même interdiction doit frapper un garde du corps dans ses rêves de rétablir les grands équilibres économiques et politiques locaux et internationaux. Sa formation martiale, même parfaite ne l’y a tout simplement pas préparé !
Et puis qu’avons-nous de différent des peuples de ce monde ?
N’avons-nous pas le droit à notre tour d’être fiers de notre armée, de la voir, elle, dont les troupes et les officiers en dehors du quarteron des généraux, qui souffre comme nous de la misère, de l’irrespect et de l’injustice, dénoncer l’arbitraire et refuser d’être l’instrument de la démolition de notre Etat et de nos valeurs ?
Elle doit cesser d’être ce greffon qui, agrippé à cet arbre légendaire dans la sagesse populaire qui, ne pouvant tenir debout tout seul a besoin d’un appendice fortifiant pour l’aider à se maintenir.
C’est aussi le jeu que se livrent entre eux les extrémismes de tout bord avec le pouvoir militaire. Ils s’alimentent mutuellement afin d’assurer leur existence réciproque qui est la négation de la nôtre.
Le monde qui change fait voguer l’humanité vers des rivages où les hommes et les femmes de nos pays devenus adultes et mieux instruits par les bienfaits de ‘’la fée technologie’’, prendront à bras le corps leurs destins, en recadrant leurs repères civiques et moraux et en ramenant à la vie le sens qu’elle semble avoir perdu.
- Le pouvoir militaire, fidèle à la sacro-sainte doctrine de la Rome antique, s’emploie toujours à diviser pour faire perdurer son règne. Cette pseudo-maxime usée jusqu’à la trame par le temps et l’usage extrême, a tendance à être happée par la trappe des poubelles de l’Histoire contemporaine dont la marque dominante est aujourd’hui la multiplication des élans unitaires dans le monde qui nous entoure. Des fusions des Etats pour des raisons économiques et/ou politiques jusqu’au mariage de raison des holdings et des grandes entreprises, le monde se convainc de plus en plus qu’une page se tourne et que d’autres pistes se proposent pour renouveler l’élan vital qui régénérera, encore plus prospère, notre espèce pour s’accomplir et accomplir les tâches qui lui incombent dans sa marche vers la liberté, le progrès et la paix.
Ignorant ces réalités et en en faisant fi tout bonnement, le pouvoir militaire en place pour un ultime baroud d’honneur s’ingénie par tous les moyens à diviser l’opposition démocratique qui lui dispute pacifiquement un pouvoir qu’il sait illégitime. N’ayant pu obtenir la caution de toutes ses composantes, ses sirènes assourdissantes ont porté leur dévolu sur une partie de cette opposition dans le sombre dessein de marginaliser les ‘’récalcitrants’’ et faire figure, face au monde, de régime pluraliste ouvert et non partisan.
Ce régime n’a pu tenter de telles acrobaties que parce qu’une faille est demeurée dans les rangs des oppositions, un interstice suffisant pour qu’insidieusement il s’y engouffre.
En éparpillant les forces de ses composantes, l’opposition au régime du Général limogé se prive, pour le bonheur de celui-ci des vertus de l’union génératrice d’efficience. La désunion se nourrissait des disparités entre les vues et le caractère diffus des programmes, l’unicité des slogans de combat qui se résument dans le lutte commune pour le départ de Ould Abdel Aziz est heureusement devenue une réalité, après qu’il soit apparu que ce dernier est, par sa pratique permanente des coups d’Etat en tous genres, l’unique obstacle à la cohésion des bataillons de l’opposition décidés plus que jamais à le battre.
Si avant d’accéder à ce niveau de leur lutte, les partis politiques hors du camp du général en rébellion, se comportaient après les accords de Dakar pourtant vite oubliés, en opposition démocratique à un régime de même nature, ils savent maintenant qu’ils affrontent un autocrate doublé d’un homme d’affaires avisé mettant par mille entourloupes au service de ses visées, l’armée, les jeunes, les femmes, les deniers publics sur fond de délit d’abus de faiblesse de nos populations paupérisées chaque jour un peu plus pour une meilleure domestication de leur volonté.
Ils ont tous, même ceux de son camp, péché par oubli que Ould Abdel Aziz n’a pas d’amis dans le domaine politique qui constitue à ses yeux le lieu de la manifestation des idées, donc des intellectuels qu’il exècre parce qu’ils contrecarrent ses plans, les dévoilent et l’empêchent de les réaliser.
Pour sa nouvelle Mauritanie, il veut une nouvelle classe politique plus maîtrisable et moins gênante pour lui permettre, dans la duplicité la plus infamante de vaquer au pillage de nos biens en toute liberté.
Ce dont il s’est aperçu, entre autres défaillances, c’est que chemin faisant, il a poussé son régime aux limites dictatoriales les plus extrêmes se mettant à dos tous ceux qui ont une fibre politique et un tant soit peu de conscience encore vive qui se retrouvent au finish dans l’opposition.
Ils y demeureront et leurs rangs grossiront après que tous eurent compris à leur corps défendant, qu’on ne peut ne serait ce qu’entamer un printemps de démocratisation avec une dictature.. militaire de surcroît. Les partis de l’opposition qui comptent, et qui sont à ce jour au nombre de douze gagneraient pour vaincre l’arbitraire à se multiplier par douze et non à se diviser par ce nombre.
Une répartition des tâches où les éléments de chaque parti se trouvant dans la zone d’influence de l’autre s’entraideront pour qu’un jour et en même temps les neuf moughataa de Nouakchott et les principales villes de l’intérieur déclarent leur désobéissance au régime, ils auront hâté par ce pas décisif la chute du pouvoir qui ne finit pas de ne pas finir. Pour cela ils mettront à profit les atouts de chaque parti par la qualité de ses cadre, l’efficacité de son organisation, sa capacité de mobilisation de ses troupes. Dans la foulée, ils se spécialiseront, par de-là les étiquettes politiques qui, dans la conception des stratégies et contre-stratégies, dans la définition des priorités, et qui dans l’animation et l’encadrement des activités d’agitation pacifique de la rue dont les ras-le-bol est prêt à déborder.
En véritable pouvoir de l’ombre, l’opposition doit talonner les agents du régime pour effacer leur traces partout où le besoin se ferait sentir : au sein de la jeunesse, dans les syndicats, chez les femmes, et chez les tribus que le Général limogé, tel Kaddafi durant ses derniers jours, appelle à la rescousse pour sauver son régime fortement ébranlé par la montée de l’exaspération générale.
Il est à ce propos bienheureux de noter qu’il n’est plus question dans les débats et les manifestations de rue de programmes mais du départ ou du maintien du Général qui, un tantinet offensif est acculé à une posture défensive dont les termes de l’alternative sont : dégage ! pour les uns et reste pour les autres !
Ses partisans jetés dans ces batailles sans trop de gaîté de cœur pour la plupart, ont cependant aliéné leur libre-arbitre s’interdisant de voir et lui faire voir le désastre vers lequel il conduit le pays. Cette attitude accentue son fourvoiement et l’empêche de réaliser que par ses propres mains il creuse sa propre tombe.
D’autres que lui, dans le contexte que nous vivons, une fois contestés à ce point, se seraient empressés de quitter les lieux et céder la place pour une transition réelle qui consommerait la rupture systémique avec le pouvoir militaire et ses corollaires de despotisme et de dictature.
- Au chapitre des rapports intercommunautaires, on semble avoir la mémoire assez courte : on oublie que pour justifier son coup d’Etat de 2008 et s’assurer les suffrages de certains de nos concitoyens, par le biais de ses relais chauvins dans leur communauté, il a accusé son prédécesseur d’avoir accordé trop de concessions en acceptant le retour dans leur patrie des réfugiés mauritaniens au Sénégal. Son objectif atteint, il a, inspiré par d’autres sources, joué du double langage qu’il entretient sur la question pour provoquer à travers les déclarations il y a juste un an de son premier ministre et sa ministre de la culture un début d’insurrection à l’université sur le problème des langues, alors qu’en fait il ne s’agissait que de la commémoration d’une journée dédiée par l’Organisation Arabe pour la Culture , l’Education et la Science , à la langue arabe. Les écarts de langage, les maladresses dans la présentation ont trahi ce désir de tester la capacité d’actionner en cas de besoin cette charge explosive pour faire régner la suspicion permanente entre nos différentes communautés.
S’il avait été réellement motivé par le souci d’apporter des solutions à ce problème, il aurait laissé suivre son cours le processus enclenché durant les journées de concertation qui ont précédé son avènement et qui comportaient les prémices d’un réel consensus inspiré de nos valeurs islamiques, culturelles et civilisationnelles et puisant au tréfonds de notre fraternité et des passerelles sociologiques et humaines qui nous relient.
Mais comme tout le reste de ses actions, il tenait à en faire un ‘’exploit’’ personnel dont le fruit serait l’attachement des bénéficiaires du tintamarre et non les fait tangibles, à sa personne qui deviendrait garante d’une unité uniquement fragilisée par la provocation et la gestion militaire de ce dossier.
Pour conforter sa politique du ‘’tout-sécuritaire’’ qui le maintiendrait par ricochet au pouvoir, le Général limogé a vite saisi cette opportunité d’enfouir sous nos pieds cette autre mine prête à constituer un composant inflammable à volonté de la poudrière qui s’allumera chaque fois que des pas sont effectués sur la voie d’une vraie réconciliation entre les éléments indissociables de notre être-national.
Seulement ses mauvais calculs l’ont empêché de suivre les évolutions intervenues au niveau des mentalités à tous les niveaux au grand dam des ultras des deux bords dont les thèses chauvines et racistes ont été battues en brèche par le refus de la grande masse de les écouter et les changements planétaires qui placent les peuples face à des défis autrement plus mobilisateurs.
Ces peuples sont désormais conscients que la lutte pour leur pain quotidien, pour leur dignité et leur liberté, ne saurait triompher que si un peuple dans un sursaut unitaire dirigeait ses énergies vers un même but qui serait dans notre cas de dégager l’obstacle qui se dresse sur son chemin : le système militaire dictatorial qui a enfanté ces conflits et qui s’en nourrit à satiété !
L’herbe se coupe sous les pieds du régime quand on sait que les ex-FLAM ont déclaré apocryphes des passages entiers de leur manifeste de 1986 carabinés par les services secrets dans ce même but de semence de la haine interethnique, et que dans des forums multiples les extrémistes de l’autre bord se repentant ou se disculpant des pogroms perpétrés contre leurs compagnons d’arme et envers les paisibles civils de la vallée, des champs et des villes.
Ces questions traitées avec légèreté par le Général, doivent, pour leur caractère vital pour la survie de notre unité, être abordées de façon plus sereine, consensuelle et dépassionnée.
Les arabes, toutes couleurs confondues, désinformés pendant longtemps sur ces questions et tardivement devenus au fait de la réalité de ces douloureux événements ont ici l’occasion d’exprimer leur compassion agissante avec leurs frères négro-africains dont ils doivent s’enquérir des desiderata objectifs et prendre les devant pour les faire aboutir.
Les frères négro-africains, dont la douleur est réelle, et malheureusement encore lancinante faciliteront cet élan en se convainquant que seule la gestion militaire de nos affaires est responsable de ces graves atteintes aux droits humains et qu’ils ne sont imputables à toute une communauté qui, dans une moindre mesure certes a eu son lot de victimes dans les geôles et les pelletons d’exécution des différents régimes de ce système.
La miséricorde divine dont tous nous participons, aidant, les différentes composantes de notre nation arc-en-ciel sera le levier qui fera se déclencher un processus irréversible de réel rapprochement entre nous pour barrer le chemin aux ennemis de l’unité des peuples d’Islam entre eux et à l’intérieur de leurs Etats.
Sans devoir souffrir de complotite quoique justifiée, nous estimons qu’une vaste campagne de démembrement des nations de l’Islam est en cours depuis la chute du communisme. Le zèle mis à approfondir le schisme qui sépare le sunnisme du shiisme et l’islam ‘’arabe’’ de l’islam ‘’non-arabe’’ sont des exemples entre autres qui attestent cette vérité.
Nous sommes, qu’Allah en soit loué, tous musulmans ! Posons-nous la question dans notre intimité si haïr notre prochain pour sa couleur, sa différence est compatible avec notre islamité ? Demeurerons-nous adeptes de l’Islam si on agit à contre-courant des préceptes égalitaires Mohammediens qui nous enseignent que l’homme ne se distingue des autres que par sa piété ? Nos histoires sordides de pigmentation sont elles aussi importantes pour nous que notre salut ici-bas et pour demain ?
Pour désamorcer les bombes que place le régime dans notre tissu communautaire pour faire éclater notre unité exigeons plutôt l’ouverture de débats directs et francs sur les questions dans tous leurs aspects avec la pleine conscience que le décollage de notre pays ne peut être effectif que si, tel un bel oiseau qui, sans ses deux ailes ne peut prendre l’envol, nous renforcions notre cohésion par l’échange et la connaissance mutuelle ; car quand on peut prendre langue, il ne peut plus subsister de problème de langues et nous saurons trouver les bonnes résolutions pour un bilinguisme partagé et accepté d’abord, et pour un quadri-linguisme par la suite pour lequel nous œuvrerons de concert pour une meilleure entente des composantes de notre nation.
Une majorité numérique, se doit de l’être, de qualité aussi et partant elle aura à cœur à ne rien entreprendre qui puisse donner à la minorité en nombre et non en valeur d’être brimée, non écoutée ou exclue.
Cette disposition d’esprit que tous nous devons amplifier et qui fait à grands pas son chemin, est la soupape de sécurité qui nous préservera des déviations visant à nous divertir de nos problèmes réels que seule notre unité peut aplanir.
La psychose de terreur répandue par le régime et amenant nos différentes communautés à nous observer en chiens de faïence n’est qu’un néfaste aspect de la propagande insidieuse prétendant que le départ des militaires, le Général Ould Abdel Aziz particulièrement, ouvrirait la voie au chaos et à une anarchie dont seraient victimes telles ou autres communautés. Elle sera conjurée par la profonde conviction largement partagée que la recette ne prend plus et que la victoire sur l’arbitraire sous tous ses aspects réside dans notre unité.
Aux extrémistes des deux bords qui se manipulent mutuellement avec le pouvoir ont aujourd’hui un devoir de réexamen de conscience que leur dictent leur religion, la survie de leur patrie, et les changements en cours dans notre sous-région et dans le monde.
Il est impérieux au vu des résultats dramatiques de leur influence négative sur les régimes militaires face à ces impératifs de préserver notre pays du sort du Soudan ou celui du Mali de ne pas constituer, pour quelque revendication dont on se prévaudrait, de blocage que placerait un régime fini sur la voie de notre marche vers le progrès.
- Autre pilier de l’illusion créée et entretenue par le pouvoir : le soutien de l’occident à travers La France de Sarkozy. Une autre sublimation auto-suggestive qui lui fait croire que seul lui, peut garantir à l’Europe ses intérêts chez nous et dans la sous-région ; seul lui, peut endiguer le flux de l’émigration venant du sud Sahara pour atteindre les rivages de l’Eldorado européen.
Le terrorisme qu’il a, par ses accointances mafieuses avec ses auteurs, invité sur nos terres et dans les environs constitue, dans ces vues de l’esprit, un axe central dans cette arnaque universelle que les retournements de situation au Mali sont venus démentir.
Sur ce point, il se présente en Karzaï au ‘’Malistan’’ comme Sarkozy se prenait pour Bush en Afghanistan. Ces pivots d’une stratégie mal élaborée ont réduit notre pays à un rôle de garde-côtes dont la porosité des frontières est restée telle, mais faisant bénéficier le Général limogé de subsides au nom de la protection des frontières, pour renflouer davantage les caisses de son empire d’argent.
L’occident devait faire l’économie de ce soutien car nul n’accèderait dans nos contrées au pouvoir sans sentir le devoir et l’obligation de coopérer, mais équitablement, avec ces pays détenteurs de puissance sur tous les plans. Mais entourer une dictature de tous les soins en moyens logistiques et en financements de projets chimériques, non seulement maintiendrait tout un peuple sous le joug d’un tyran doublé d’un kleptomane impénitent, mais pourrait compromettre l’avenir en l’insultant.
Fort heureusement, l’occident commence à entrevoir la vanité des prétentions aziziennes en découvrant les résultats misérables des conquêtes de ce Don-Quichotte des sables. Il a, au lieu d’éradiquer le terrorisme de la sous-région comme il le clame en toute occasion, il a contribué à son ancrage dans notre paysage et fait peser une sérieuse menace de partition sur le Mali voisin, mettant en danger par là-même notre propre sécurité au nom de laquelle il a muselé l’opposition, restreint les libertés et enrichi les trafiquants d’armes en se sucrant au passage lui-même.
Une telle révision de l’attitude de l’occident rassérénerait les esprits de nos élites et nos concitoyens qui s’étonnent avec perplexité de voir les occidentaux, libres et démocrates depuis 4 siècles au moins contribuer largement à la chute des dictatures partout en Afrique, au Maghreb et au Moyen-Orient et maintenir notre peuple sous la botte d’un dictateur qui s’emploie avec leurs moyens à occire en nous toute aspiration au changement.
Après le départ de MM. Sarkozy le mentor du Général, et Guéant, son officier-traitant, la France nouvelle pour faire oublier qu’elle s’est acoquinée un temps avec ce tyran, doit aujourd’hui faire amende honorable en s’en séparant car son action jusque-là n’a produit que la dictature, le terrorisme et la perte des intérêts français au profit des chinois.
Nous avions, l’espace d’un rêve d’un instant, cru lorsque le Général félon a renié aussitôt après l’avoir signé l’accord de Dakar, qu’au lieu de l’adouber par l’entremise de Wade et Kaddafi, la France du droit l’aurait abandonné au sort qui l’attend.
La responsabilité entière dans ce dédoublement dans la posture, les mauritaniens la font porter à Sarkozy et son porteur de valises le sinistre Bourgi, qui ont cautionné l’interruption d’un processus de démocratisation qui aurait permis d’installer au final un pouvoir démocratique plus à même de préserver leurs intérêts sans susciter l’opprobre et le désaveu de nos concitoyens.
Comme si la France n’était plus celle de De Gaule ou de Mitterand qui, l’un nous a accordé l’indépendance il y a 50 ans, et l’autre, imposé la démocratie et le leadership du pouvoir transparent.
Qu’on aime la France ou qu’on l’abhorre, en Mauritanie, nous la respectons, mais seulement quand elle respecte elle-même ses propres principes et reste fidèle à sa vocation.
Aujourd’hui nous nous réjouissons que les français qu’on n’abuse pas tout le temps, ont retiré leur confiance à Sarkozy. Les effets néfastes de sa politique doivent suivre le même chemin !
Nous avons bon espoir que le Président Hollande qui aura fort à faire pour redresser la France , saura restaurer son image auprès des mauritaniens.
Quant à la communauté internationale, elle est, par rapport aux changements qui ont secoué notre sous-région arabo-maghrébine, passée d’une stratégie de non décryptage des réalités à une stratégie d’accompagnement des révolutions. C’était tout à son honneur d’avoir su, même avec du retard, humer à pleins poumons l’air du temps qui arrive. Seulement, elle doit veiller à ne pas s’en tenir là. Elle doit élaborer une stratégie préventive pour éviter au monde d’assister à de nouveaux massacres que des dictateurs encore en place et par eux soutenus n’arrivent à en perpétrer contre des peuples assoiffés de liberté que rien ne peut plus empêcher de se soulever.
Le souci que vous avez d’imposer avec rigueur l’application des règles de la démocratie dans vos contrées, doit vous animer pour la même cause dans notre univers où sévissent la corruption, la non-transparence, le déni des libertés et le non-respect des droits humains.
Si vous avez mis en avant pour les pays d’Europe encore à la traine des critères d’admission au sein du club européen sans l’adéquation avec lesquels, les portes leur resteront fermées, que n’appliquez-vous des normes tout aussi strictes pour décréter que nul partenariat dans quelconque domaine ne peut être envisagé avec un seul Etat quel qu’il soit s’il n’est pas érigé sur les bases du respect des règles de la bonne gouvernance, de la justice et de l’équité ?
N’arrange-t-il pas vos affaires, vos intérêts que le Maghreb soit gouverné dans la transparence démocratique, la fin des régimes corrompus et des passe-droit que les changements en cours vont supprimer ?
Pour harmoniser cet espace, n’est-il pas judicieux de soigner le canard boiteux qui en retarderait la marche vers le développement et le progrès ? Ou bien attendez-vous que, bloquées par votre soutien au Général limogé, les oppositions mauritaniennes tardant à en venir à bout, les pays maghrébins ayant fini de parfaire leurs révolutions opèrent chez nous le changement nivelant tant espéré ?
Il y a plus simple que tout cela. Il vous suffit de capitaliser l’expérience acquise tout au long de ces derniers mois de Rabat jusqu’en Syrie pour assister à moindres frais nos peuples en réel danger de mort, à faire triompher les idéaux que nous avons en partage.
Demandez des comptes à ces mauvais gouvernants, effectuez des audits de leurs gestions, avant de signer des contrats dont la contrepartie qui revient à nos peuples va dans les paradis fiscaux dans des îles lointaines ou dans les coffres des Etats-casinos !
S’il n’y avait pas de précédent, l’erreur pourrait être admise, mais forts de l’expérience des drames qui se jouent sous nos yeux, partout où un despote s’accroche au maroquin usurpé, vous n’avez aucune excuse de ne pas prévenir les catastrophes que tous nous voyons venir.
Partout où un peuple désavoue ses dirigeants, il s’attend de votre part à lui apporter le soutien. Que cette attente ne soit pas déçue et que nos espoirs ne soient pas vains !
Les propositions, les initiatives et autres actes de bonne volonté ou se présentant comme tels pour nous sortir de l’impasse politique chronique dans laquelle on engouffre par spasmes successifs notre pays depuis trois décennies et plus, doivent, pour assurer une sortie du tunnel s’accorder sur l’unique revendication qui vaille, aujourd’hui : le départ sans conditions, ni concessions du Général Ould Abdel Aziz.
Notre pays, dépecé jusqu’à l’os par le système militaro-klepto-médiocrate, avec un point d’orgue matérialisé par l’action dévastatrice du régime actuel, ne peut plus effectuer un pas supplémentaire avec ce pouvoir vorace et cupide.
La gabegie sous toutes ses formes est telle que s’il fallait dans ce fatras d’agissements sordides trouver une qualité à ce régime, elle serait que par l’ampleur de l’importance des dégâts, il nous aura au moins éclairé sur la voie des solutions. Il suffirait pour les appréhender de prendre tout simplement le contrepied de ses actions pour transformer l’état de notre société tout entière en bien.
Le diagnostic effectué, les recommandations édictées ne souffrent d’aucune gratuité ou émission de jugements de valeur. A partir du moment où un peuple et son élite s’aperçoivent des dangers qui les assaillent à cause des contre-performances de leurs dirigeants imposés ou légalement élus, la transparence devient l’unique règle du jeu et tout sera étalé au grand jour. C’est cela la grande différence entre la démocratie et les coups d’Etat où l’opacité règne parce qu’il s’agira là d’une conspiration qui se tisse dans le noir tandis que les élections, l’un des mécanismes du système de la transparence se déroulent au grand jour.
En démocratie la représentation est primordiale. Les rapports qu’elle reflète au sein de la société sont horizontaux et transversaux. Par contre les rapports verticaux, priment sous les régimes dictatoriaux où le chef n’a en face de lui que des subordonnés qu’il mène à la baguette sans prendre leur avis sur les problèmes de leur vie.
En démocratie, les hommes sont considérés égaux et gèrent leurs affaires à travers l’alternance entre une majorité et une minorité dont les rapports se règlent sur la base de l’extinction des ‘’égos’’, de la flexibilité et du bannissement de la haine et de la violence dont l’unique forme tolérée est verbale ou écrite. Sous une dictature militaire où les éléments des armées sont précisément formés pour cela, l’usage de la force est roi, mais à bon escient pour défendre les frontières d’un pays et le cas échéant pour instaurer la paix civile quand les institutions démocratiques ne peuvent, pour des raisons objectives avérées, fonctionner ou disparaissent momentanément.
Les canons et tout l’arsenal militaire sont dirigés contre l’ennemi. En démocratie, l’ennemi n’est qu’un adversaire auquel dans un changement organisé et concerté des rôles, on disputera au scrutin suivant ses prérogatives du moment. Ce faisant, la démocratie rassemble, tandis que la dictature, pour mieux régner, divise !
Ces propos émis pour rétablir de simples vérités, ne peuvent en rien altérer ni l’honneur, ni le rôle prépondérant dans un Etat moderne d’une armée de métier, véritable bouclier de la nation qui veuille comme sur sa pupille sur les frontières et dissuade quiconque rêverait de nous envahir. Son rôle ainsi compris et accepté relève uniquement d’une division positive du travail dans une société organisée. La société civile devenant, dans toutes ses déclinaisons, l’acteur principal des changements à introduire, et répondant à ce souci du partage non clivant mais complémentaire des tâches à accomplir pour le bien-être de la nation est désormais mûre pour s’acquitter de son devoir.
Les hommes et les femmes de notre pays se sont tus pendant longtemps, et vivant du produit de leur bétail, ils ne renâclaient point et n’aspiraient à rien. Leur cheptel décimé et les médias du monde aidant, ils réclament dorénavant leurs biens qu’ils voient pillés et spoliés au profit de quelques-uns. Ils demandent qu’ils leur soient restitués et que ceux qui les en dépossèdent s’en aillent définitivement. Au vu de l’expérience des 34 dernières années et la renaissance du monde ambiant, la solution qui les rendra maîtres et possesseurs de leur destin, ne peut être que l’instauration d’une démocratie totale à travers un processus y menant.
Cette panacée porteuse de guérison de tous les maux est cependant tributaire de l’application de ses principes et ses règles en fonction des spécificités de chaque peuple, chaque culture, chaque pays et chaque nation. Les occidentaux ayant une avance de quatre siècles sur ce plan, ont très peu réfléchi à son déploiement sous nos cieux assez loin de leurs soucis du moment. C’est à nous qu’incombe cet effort que, par paresse et sevrage forcé de liberté de penser, nous ne l’avons pas fourni jusqu’à maintenant.
Il n’est que temps d’entamer le processus en ayant à cœur, une fois une étape franchie, de ne jamais revenir en arrière. Toute une stratégie devra être élaborée et mise en œuvre pour atteindre cet objectif.
Notre propos ici n’est pas de livrer l’ensemble des éléments de notre vision effarouchés que nous sommes par l’extension malencontreuse des habitudes de détournement des deniers, au champ des idées pour un mauvais usage et sans citer les sources, à laquelle s’adonne le pouvoir avec les vues de l’opposition. Nous nous contenterons d’esquisser les contours de cette vision en précisant d’entrée de jeu que dans le cas de la Mauritanie , il s’agira après avoir fait table rase d’un passé peu ragoûtant pour une refondation de nos valeurs et nos comportements, d’entamer un processus de démocratisation qui devra à terme, s’il est conduit comme il convient à l’instauration d’une démocratie viable où tout sera visible et transparent.
Dans cet ordre d’idées, nous invitons tous ceux, - et ils sont légion – que n’agrée pas ou plus, la gestion militaire de nos affaires publiques d’accorder leurs violons sur la revendication du départ du Général en rébellion.
Et sans plus tarder, lancer au niveau de la COD et apparentés et même tous ceux qui, dans l’autre camp subodorent les prémices du changement, des campagnes de sensibilisation et ouvrir des universités d’été communes où, entre autres questions seront débattus les points suivants :
- Elaborer un programme commun de l’opposition.
- En appeler à la conscience universelle de plus en plus acquise à la nécessité de prévenir plutôt que de guérir afin d’imposer en renfort à nos combats quotidiens, le départ du Général félon et des ‘’Azimaniaques’’ qui l’entourent.
- Combler la vacance du pouvoir par la conduite constitutionnelle des affaires courantes par le Président du Sénat.
- Organiser sous la férule de ce dernier, un ‘’forum national’’ où seront, dans la concertation franche et directe, débattues toutes les questions pour baliser le chemin vers une saine refondation de notre être-national et où nous hiérarchiserons nos priorités, remettrons à plat nos soi-disant acquis, et nos aspirations. Un gouvernent d’union nationale se sera mis en place, entre temps. Au cours ou en amont du forum, les débatteurs devront s’accorder sur l’exigence d’organiser, sous le Général et ses suppôts des élections législatives et municipales concomitantes, libres et transparentes.
Les débats aussi houleux seraient-ils auxquels donneront lieu les échanges dans le cadre de ce forum scelleront également notre réconciliation nationale, en mettant fin à cette vision cauchemaresque de deux Mauritanie qui cheminent isolément sur la base d’une séparation ethnique fomentée par le pouvoir et le zèle des ultras des deux bords. Ils statueront, forts de l’expérience des pays frères du printemps arabe sur le type de démocratie à adopter à nos spécifiques réalités, en évitant les erreurs de ceux-ci et en s’inspirant des succès de ceux-là. Ces débats permettront, par-dessus tout de marquer, par une feuille de route commune, le chemin du vivre-ensemble que nous n’avons jamais tracé. Il y va de notre destin !
L’organisation des législatives et des municipales, voulue en toute vitesse par le pouvoir, acceptée puis rejetée à raison par l’opposition sont l’ultime issue pour dépêtrer le régime de l’étouffement qui l’enserre à mort dans la phase actuelle de son étranglement.
Après nous avoir ramenés en 2008, trente années en arrière, soit en 1978 par un coup de force contre un gouvernement civil ; en 2012 il veut rééditer les péripéties de l’an 1992, ou l’an I du processus de démocratisation.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, il tenait en renversant en 2008 le Président civil qui était membre du gouvernement d’avant 78, à signifier au peuple mauritanien et à ses élites politiques et intellectuelles que cette parenthèse n’est pas acceptée et que le pouvoir doit demeurer ad vitam aux mains de l’armée.
La réédition des balbutiements de 1992 est illustrée par son vœu secret que nous dévoilons volontiers : A travers le dialogue, taillé sur sa mesure, et autres stratagèmes versant dans le même moule, il vise deux objectifs :
1. Amener l’opposition, comme en 1992 à boycotter les élections et là le champ lui restera libre pour disposer d’un parlement quasi monocolore que viendront iriser quelques partis issus de l’opposition et les partillons qu’il a disséminés pour prétendre avoir introduit des jeunes surtout inexpérimentés et renouvelé la classe politique avec du vieux dans les méthodes, et du faux dans la démarche et les visées. Il tentera surtout de faire disparaître de l’hémicycle les députés gênants de l’opposition et ceux de la majorité qui n’ont pas été agressifs à ses yeux face au camp de la minorité.
2. Réussir à faire participer l’opposition dans sa totalité, par une prouesse ou un allèchement quelconques qui restent à trouver ; et là aussi il procèdera de la même manière que pour les accords de Dakar dont il s’est défait crânement en renvoyant tous ceux qui protestaient leur disant d’’’aller se lamenter sur leur sort’’ dans la Capitale sénégalaise.
Les nouveaux arrivants seront aux nues, comblés d’avoir été ainsi cooptés et promus par notre argent et s’activeront à ses ordres à décréter la mort de la politique et l’extinction de la ‘’vox populi’’.
Le dialogue qu’il croit avoir ouvert, ne l’intéresse que dans la mesure où il lui permet de réaliser ses fantasmes, en manipulant la nouvelle chambre d’enregistrement comme il a su en 2008 transformer des représentants du peuple en auxiliaires du BASEP pour parachever son coup de force contre un gouvernement civil qu’il a pourtant installé lui-même et auquel il a arraché son grade de Général.
Un homme quel qu’il soit ne peut échapper à son passé. Dans le cas d’espèce il nous éclaire par ses actes sur son avenir dont le reflet dans le rétroviseur de l’Histoire lui renvoie l’image de ce qu’il fût et ce qu’il demeurera pour la vie.
Parce qu’il est ainsi nous pouvons aussi déceler l’autre idée scabreuse qui se profile derrière cette attitude : sachant que les occidentaux se suffisent – ce qui n’est plus leur cas – généralement des formes pour les démocraties hors de leur espace, il voudra tenter une nouvelle fois, comme pour la guerre anti-terroriste, amener la communauté internationale à donner crédit à ses fausses velléités démocratiques. Il gagnerait, à ce niveau, et dès lors que ses plans ont été éventés, à se résigner à son triste sort pendant qu’il en est encore temps, et faire le deuil définitif de son maintien au pouvoir.
Il voudra aussi volontairement, s’exclure, si les choses restaient en l’état avec un parlement et un gouvernement à sa dévotion, afin de financer les campagnes de ceux qui le protègeront après un départ dont il dictera les conditions. C’est la sempiternelle théorie du coup d’Etat permanent et par anticipation.
Mais, c’est aussi, et nous sommes là pour éclairer là-dessus, la différence fondamentale, entre les élections démocratiques, et transparentes, sans procédés frauduleux, artisanaux ou chimiques qui sont faites pour élire et les coups de force qui sont faits pour rejeter, et exclure.
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