mardi 10 juillet 2012

anniversaire de l'anti-fondation - 6 - une explication de Mohamed Khouna Ould Haïdalla (1), publiée par Le Calame le 12 Juillet 2011




entretiens d’Ould Kaïge avec
Mohamed Khouna Ould Haïdalla





Nous nous étions entrevus à l’inauguration de la Fondation Moktar Ould Daddah (grande salle de la maison de jeunes, à Nouakchott), le 27 Novembre 2005. L’ancien « homme fort » du Comité militaire de salut national (C.M.S.N.) de Mai 1979 à Décembre 1984 – de la mort d’Ahmed Bousseif à son propre renversement par un homologue, qui fut pendant quatre ans son Premier ministre, le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya – a accepté de me recevoir.

 Le jeudi 1er puis le lundi 5 Décembre 2005, en fin d’après-midi, nous sommes chez lui : assis ensemble sur un divan, moi en bou-bou comme lui, bou-bou des années 1960. Un jeune journaliste, de sa confiance, est là. Il y a la pierre pour la prière, il y a du thé bien sûr, du silence aussi. La liste de mes questions est devant lui. Je souhaite obtenir le récit de son gouvernement, l’explication, selon lui, de 1978, des portraits et l’ouverture de dossiers. Quoique nous nous rencontrions à deux reprises, la conversation aura été loin de tout traiter – rien que pour la période où il avait exercé le pouvoir. De la suite, des prisons et procès, de l’actualité vingt-cinq ans après, il n’a pu être question. Seulement faute de temps, car, d’une majesté naturelle physiquement impressionnante, Mohamed Khouna Ould Haïdalla est d’une franchise et d’une honnêteté sans détour.

Il a ensuite relu la mise au net de nos conversations, puis a rédigé lui-même leur compte-rendu, pendant la fin de Mai 2011. Quelques notes factuelles ou pour la chronologie, ont paru nécessaires : elles figurent à la fin du texte, mais n’engagent pas l’ancien chef de l’Etat. Les sous-titres sont de la rédaction du journal.

Cet entretien donne surtout la psychologie des années 1978 à 1984 et plus encore celle de ce haut responsable, ainsi que les clivages successifs au sein du Comité militaire. Le lecteur a ainsi de nouvelles clés pour comprendre la Mauritanie de Moktar Ould Daddah et des coups militaires : les questions de personnes et les rapports entre elles sont décifs. Ici, nous entendons les affrontements et les suspicions – sans avoir à les admettre ou pas, nous comprenons beaucoup des raisons qui ont déterminé des officiers : en tout cas, nous les apprenons. Sur fond d’amour – et même de dévouement – pour une Mauritanie paisible et protégée dans son unité. Avec le paradoxe – rétrospectivement saisissant – de putschistes voulant rebâtir presque trait pour trait ce qu’en renversant Moktar Ould Daddah, ils avaient détruit. Tous les problèmes, les argumentaires et les faux semblants d’aujourd’hui encore, de 1984, de 2008 ont là  – je crois – leurs racines. 

                                                          Ould Kaïge alias Bertrand Fessard de Foucault



questions et dires de Bertrand Fessard de Foucault
dires de Mohamed Khouna Ould Haïdalla


Votre vision de la Mauritanie ? chez le président Moktar Ould Daddah, on ne pouvait pas entamer une conversation avec lui sans que il vous dise sa hantise de son pays, de certains thèmes qui l’obsédaient, sur à la fois la tradition, la modernité le trait d’union, les difficultés de démarrage. Vous-même, vous avezcertainement une vision qui tient à votre personnalité, qui tient à vos origines, et qui ont gouverné votre vocation militaire, et probablement ensuite inspiré votre action, soit en défendant votre pays quand vous étiez militaire, soit quand vous étiez au gouvernement.

Au début des années d’indépendance, j’étais encore étudiant. Je suis né en 1940, à Port-Etienne (Nouadhibou aujourd’hui). J’ai grandi dans cette même ville où j’ai fait mes études primaires. Je suis ensuite allé à Rosso en 1953-54 pour faire mes études secondaires (c’était le seul collège qui existait en ce temps-là en Mauritanie). En 1959-60, je me suis trouvé à Dakar pour préparer ma terminale. En 1961-62, je suis allé à Strasbourg pour la préparation à l’entrée à Saint-Cyr. De 1962 à 1964, j’étais à Saint-Cyr où je suis sorti sous-Lieutenant en 1964. Durant l’année 1965, j’ai fait mon année d’application à l’école d’infanterie de Saint-Maixent. Je suis revenu au pays à la fin de l’année 1965 où j’ai été aussitôt affecté au centre d’instruction de Rosso. Depuis lors et jusqu’en 1978, j’ai voltigé entre Akjoujt, Zoueratt, Bir-Moghrein et Néma. Cest seulement en 1978, après le coup d’Etat, que j’ai commencé un peu à m’intéresser aux affaires de l’Etat. C’est dire que j’étais très loin de la conduite des affaires du pays et de ce qu’il se passait au gouvernement.

En 1978, la Mauritanie était encore en guerre. Son économie était à bout de souffle. Nous avions énormément de problèmes sur le plan économique et social. Mon premier souci était d’arrêter la guerre, car sans l’arrêt de la guerre, on ne pourrait pas penser à développer l’économie et à renforcer l’unité nationale. Je rêvais, en ce temps-là, d’une Mauritanie en paix, unie et prospère ; une Mauritanie trait d’union entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire, comme l’avait pensé le Président Moktar Ould Daddah.


La relation avec le Président Moktar Ould Daddah après le coup

Moktar Ould Daddah était pour moi l’idéal du chef de l’Etat. Il incarnait pour moi la grandeur et la responsabilité [1]. Nous faisions très souvent, mes amis et moi, référence à ses ministres et à tous le shommes qu’il avait choisis ; c’étaient des hommes qui n’étaient pas comme les autres.

Dans mon esprit, le coup d’Etat n’avait pas pour but essentiel le renversement de Moktar, mais plutôt l’arrêt de la guerre.

Moktar, quelques mois avant le coup d’Etat [2], avait réuni l’Etat-Major de l’armée et les principaux officiers du front, commandants régions et commandants des secteurs. A la clôture de la réunion, il nous a déclaré ceci : « A partir de maintenant, nous ne devons plus compter que sur nos propres moyens. La plupart des pays amis ont arrêté leur aide. Cette guerre est ruineuse mais nous ne pouvons pas l’arrêter. Nous sommes obligés de la continuer, même avec des bâtons. »

Cette conclusion a été interprétée par certains officiers, comme une invitation au coup d’Etat. Pour nous, la poursuite de la guerre devait conduire le pays à la catastrophe. Il fallait donc arrêter la guerre et cet arrêt ne pouvait se faire que par le renversement du régime en place.

Et vous avez visité le Président à deux reprises à Oualata, c’est un genre de conversation que vous avez tenue avec lui ?

Pour moi, Moktar est le père de la Nation mauritanienne. Je l’ai toujours abordé avec tous les égards dûs à son rang. Je lui ai demandé, vu son expérience, s’il pouvait nous servir de conseiller. Il m’a répondu qu’il était prêt à nous aider mais pas à partir de l’intérieur de la Mauritanie.

Il pensait que si jamais il s’installait à Boutilimit, des renseignements malveillants pourraient nous parvenir à son sujet et qu’il n’était pas prêt à vivre cette expérience. Je lui ai demandé par la suite ses intentions pour l’avenir et ce qu’il pouvait nous dire sur la situation du pays. Il m’a répondu que le Président Houphouet-Boigny lui a promis une aide financière, à la fin de la récolte, en Côte d’Ivoire e qu’il fallait lui envoyer quelqu’un de sa part.

C’est la première visite que vous lui avez faite ?

La deuxième était avec Maître Boissier-Palun. Moktar a été très surpris de voir M° Boissier-Palun. Ils se sont salués très brièvement et Moktar a fait signe à son visiteur de plutôt attendre. Quant à moi, il m’a fait comprendre qu’il avait quelque chose d’important à me dire et qu’il souhaitait que nous soyons seuls. J’ai fait signe au commandant de région qui m’accompagnait, de sortir. Moktar m’a tenu alors une longue conversation, au cours de laquelle il m’a dit qu’il n’aurait pas souhaité que des étrangers interfèrent pour sa libération. Il a par la suite adressé un message au Comité militaire pour sa libération. Il a dit qu’il souhaitait être libre pour s’occuper de l’éducation de ses enfants dans un pays où l’on enseigne l’arabe et le français. Après une longue analyse pour éliminer, avec des raisons objectives, l’Algérie et le Maroc, son choix s’est porté sur la Tunisie, petit pays qui a soutenu la Mauritanie, dès ses premiers mois d’indépendance.


Méfiance et dissenssions au sein du premier Comité militaire

Quelle était l’ambiance dans le Comité la première année ? entre le 10 Juillet 1978 et le 31 Mai 1979. Y avait-il des personnalités plus fortes que d’autres ? comment étiez-vous entre vous, parce qu’il y a eu un certain nombre déjà d’ajustements : en Mars 1979, la nomination de Bouceif en Avril, une nouvelle Charte ? cela a beaucoup bougé en quelques mois.

En fait, les choses ont commencé très tôt à ne pas bien marcher. La cause est la suivante. Pendant que nous préparions le coup d’Etat, le colonel Moustapha et le commandant Jiddou nous disaient que nous devions nous méfier particulièrement de deux officiers qui étaient très liés au régime de Moktar. Il s’agissait des colonels Bousseif et Kader.

Moustapha et Jiddou souhaitaient un sort particulier à ces deux officiers. Nous avions alors convenu de les nommer ambassadeurs, dans des pays très éloignés de la Mauritanie. A notre grande surprise, alors que moi j’étais enore   à Zoueratt, Moustapha nomma le colonel Kader au poste de chef d’état-major particulier du Président et Bousseif, ministre de la Pêche.

Je pense que Kader qui connaissait profondément Moustapha, avait réussi à l’amadouer pour rentrer dans son système afin de le détruire, de l’intérieur. Fin officier de renseignements, le colonel Kader avait réussi très tôt, en utilisant le directeur de la Sûreté nationale, et les comamndants de la gendarmerie et de la garde nationale, à mettre Moustapha sur le dos de ses principaux amis du coup d’Etat ; d’abord sur le dos du colonel Ahmedou Ould Abdallah, ensuite sur moi-même et enfin sur le commandant Jiddou Ould Saleck.

Moi, je suis venu à Nouakchott huit jours après le coup d’Etat. J’ai trouvé le colonel Ahmed qui était prévu comme mon adjoint à l’état-major, accusé de trahison par Moustapha. J’ai donc reçu la consigne de me méfier de lui et de lui faire passer tout par-dessus la tête, ce que je fis avant de m’apercevoir que tout cela était un montage pour éliminer Ahmedou. Le colonel Ahmedou était un très grand officier, sérieux, compétent et cultivé. Pour moi, tout peut lui être reproché sauf la trahison.

De mon côté, ma première entreprise, au niveau de l’état-major était de faire un vaste mouvement pour sécuriser le régime et asseoir les principes de l’armée. J’ai aussitôt désigné les officiers les plus anciens et les plus compétents à la tête des régions militaires. Moustapha et Kader ont trouvé que ce mouvement était une préparation à un coup d’Etat. Ils ont d’ailleurs été très rapidement renforcés dans leur idée par un bulletin de renseignements, que le capitaine Mohamed Vall Ould Lemrabott, commandant de la région de Nema, leur a adressé, au moment de ma deuxième rencontre avec le Président Moktar. A partir de ce moment, j’ai été tout le temps suivi et surveillé par deux véhicules.

On était à quelle époque ?

C’était fin 1978 début 1979.

Si l’on revient en arrière, est-ce qu’il y avait eu des précédents de pensée ou de tentatives de putsch avant 1978 ?

Je n’ai jamais été courant de cela.

Il y a des gens qui « ont murmuré »… en 1966 : Mohamed Ould Cheikh, avec éventuellement Soueidatt comme bras militaire ?

J’ai entendu parler vaguement de cela.

Mais Soueidatt se refusant ?

Je ne sais pas. En 1966, Moustapha était déjà chef d’état-major national [3]. Mohamed Ould Cheikh était ministre de la Défense, et Kader son secrétaire et son aide-de-camp.

On a raconté en ce temps-là que Moktar avait survolé Nouakchott pendant les événements et que Mohamed Ould Cheikh lui avait conseillé de se poser à Saint-Louis. Mais Moktar avait tenu à se poser à Nouakchott. Cette rumeur de coup d’Etat du secrétaire d’Etat à la Défense, avec l’aide de certains officiers, avait circulé à l’époque et Mohamed Ould Cheikh a été limogé depuis lors.


Genèse et suite du coup d’Etat, du 10 Juillet 1978 ?

Et vous avez pensé au putsch à quel moment ?

Nous avons pensé au coup d’Etat à partir de 1977. Les troupes marocaines avaient déjà envahi le pays : d’abord à Zoueratt [4], puis à Bir-Moghrein, ensuite à Nouadhibou, puis à Choum, Atar et Akjoujt.  La présence de ces troupes à la porte de Nouakchott nous avait fait peur pour l’avenir de notre pays. Il y avait déjà quelques milliers de Marocains sur notre sol, mais ils occupaient des positions statiques.

C’est vous qui portiez le poids de la guerre ?

Effectivement, c’est sur nous que reposait l’effort principal de la guerre. Le Polisario était bien armé et faisait beaucoup de dégâts.

Et il était bien armé parce qu’il y avait l’Algérie derrière, ou il avait plusieurs sources de forces ?

Je crois qu’il avait plusieurs sources de ravitaillement : l’Algérie, la Libye et la Russie en particulier. Le Polisario était armé jusqu’aux dents.

Et vous-mêmes, vous étiez en infériorité d’armement ?

Oui, de beaucoup.

Ce que je n’ai pas compris, à l’époque, c’est que vous aviez… – vous-même ou bien Soueïdatt – vous étiez des militaires éprouvés et courageux physiquement, que vous n’ayez jamais cherché à faire des coups de main à l’intérieur du territoire algérien, une espèce d’ « opération coup de poing » : vous faites sauter quelque chose de pétrolier en vous faisant parachuter, vous n’êtes qu’une vingtaine, vous vous éparpillez et vous rentrez, et vous montrez à l’Algérie que vous pouvez frapper, puisqu’elle vous frappe chez vous.

En réalité, ce n’est pas l’Algérie, qui nous frappait directement. L’Algérie est un pays très puissant et il ne fallait pas lui donner l’occasion de s’engager directement contre nous. C’était trop risqué.

Vous n’avez pas eu à cette époque-là, vous-même ou Mustapha, des conversations avec le Président, à partir de 1977, pour le mettre en garde…

Non ! de mon côté, je n’ai jamais parlé au Président de cette question, et Moustapha ne m’a jamais parlé, à ce sujet.



Préparation du putsch et ambiance dans le comité, la première année.


La préparation du putsch a commencé en 1977. J’ai été abordé pour la première fois par le colonel Moustapha et le commandant Jiddou Ould Saleck. Ils m’ont brossé un tableau sombre de la situation du pays et m’ont dit qu’ils ont pensé à un coup d’Etat pour sauver le pays. Ils m’ont suiggéré d’aller avec eux. J’ai aussitôt pris cet engagement et ils m’ont demandé de travailler le colonel Ahmedou Ould Abdallah à ce sujet. Eux, de leur côté, ils se sont chargés de contacter le commandant Moulaye Ould Boukhreïss qui était, en ce temps là, adjoint du colonel Moustapha à Atar. A partir de ce moment et jusqu’au 10 Juillet 1978, toute la préparation du coup d’Etat et son exécution, ont été organisées par les trois officiers : Moustapha, Ahmedou, Jiddou et moi-même. Le commandant Boukhreïss n’a jamais assisté aux réunions mais il a toujours été informé de l’avancement des préparatifs.

Le coup d’Etat devait initialement avoir lieu le 8 Juillet 1978 et le Président Moktar et la plupart de ses ministres devaient être arrêtés lors d’une réunion du bureau politique du Parti le samedi 8 Juillet, au soir. Mais l’imprudence d’un des membres de l’aile civile du putsch, Sid’Ahmed Ould Bneijara, a retardé cet événement de vingt-quatre heures. En effet, juste avant la réunion du B.P.N., Bneijara s’est ouvert à son adjoint de la Banque centrale, en l’occurrence Ahmed Ould Zein, qui était membre du B.P.N. Celui-ci a aussitôt informé le Président. Sans attacher une importance particulière à cette information, Moktar a cependant chargé son ministre de la Défense, Mohameden Ould Babah, de voir ce qu’il se passait du côté des militaires. Le colonel Moustapha, ayant appris la nouveelle, avait suivi Mohameden dans tous ses déplacements. Il n’était revenu de sa poursuite qu’à onze heures et demi à l’état-major où le colonel Ahmedou, qui était chargé de l’exécution du coup d’Etat, attendait depuis dix heures. Ce retard a provoqué la colère du colonel Ahmedou qui a claqué la porte au nez du colonel Moustapha et a demandé à ses troupes de rejoindre leur point de départ.

Moustapha s’est trouvé dans l’embarras et s’est enfermé dans sa maison toute la journée du dimanche. Dans l’après-midi du dimanche, trois officiers : les capitaines Cymper et Athié Hamath [5], et le lieutenant Turiaf sont allés rendre visite au colonel Moustapha. Ces trois officiers ont remarqué l’état inhabituel de leur chef et ont insisté pour savoir ce qui n’allait pas. Moustapha s’est enfin ouvert à eux et leur a raconté ce qu’il s’est passé avec Ahmedou. Cymper a pris la parole et a dit à Moustapha : «  Turiaf et moi, nous avons les armes et les véhicules, et Athié a les hommes. Nous pouvons vous arrêter tout le gouvernement ce soir-même ». Moustapha a mis à leur disposition les lieutenants Moulaye Hachim [6] et Moktar Ould Saleck, et leur a demandé d’être prudents.

Dans la nuit du dimanche au lundi, Cymper et ses amis ont pris tous les points sensibles de la capitale, et les lieutenants Moulaye Hachim et Moktar Ould Saleck ont pénétré, dans la Présidence, à quatre heures du matin, pour arrêter le Président Moktar. [7]Celui-ci a été immédiatement conduit au camp du génie militaire, commandé par le capitaine Athié. Les troupes du secteur d’Ausserd, commandées par le commandant Jiddou Ould Saleck, qui se trouvaient déjà près de Jreida, sont rentrées aussitôt à Nouakchott. Au même instant, les troupes d’Atar aux ordres du commandant Moulaye Ould Boukhreiss, firent mouvement sur la capitale.

Moi, j’avais pour consigne de contenir la principale garnison marocaine qui se trouvait à Zouératt.



La mésentente avec le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck

Moustapha s’est installé à la Présidence, aussitôt après le coup d’Etat. Il s’est fait entourer très tôt des gens qui l’ont éloigné de ses véritables amis. Kader et Bousseïf ont profité de l’occasion pour s’attirer la sympathie de la plupart des officiers et la première réunion du Conseil consultatif a été pour eux une grande victoire. En effet, Moustapha avait pris comme engagement pour revenir à la démocratie, la constitution d’un Conseil consultatif représentatif du peuple mauritanien. Mais la constitution de ce Conseil a été contestée par tous les négro-mauritaniens et toutes les populations du Sud se sont solidarisées avec eux. Cette première réunion a été un échec total et a provoqué le désordre dans la rue.

Confrontés à cette situation, les officiers supérieurs qui se retrouvaient, déjà depuis un certain temps, se sont réunis et ont décidé de créer dans le pays un régime parlementaire. J’étais membre de la délégation qui a été envoyée à Moustapha pour lui annoncer la nouvelle. Moustapha a hésité avant de s’engager dans la nouvelle structure, mais il a fini par donner son accord sur mon insistance [8]. C’est ainsi que Bousseïf est devenu Premier Ministre [9].

L’accident du 27 Mai, d’avion…

Oui ! La mort de Bousseif était vraiment un accident. Moustapha était un officier très expérimenté et sérieux. Il était aussi très religieux et cultivé. Bousseïf était aussi très cultivé, mais fougueux et fonceur. Le premier, Moustapha, était pour le changement du régime de Moktar et pour l’arrêt de la guere. Le second, Bousseïf, était très attaché au régime de Moktar et à l’axe Rabat-Dakar.





La succession revient, par un vote secret, à Haïdalla

Alors comment, malgré tout, vous qui n’étiez pas – jusqu’à présent, pour le public -  l’homme dominant du C.M.S.N., comment est-ce vous qui allez devenir Premier ministre et prendre la succession de Bousseif ?

Dès la première réunion pour le remplacement de Bousseïf, deux tendances d’officiers se sont révélées : celle des officiers supérieurs, attachés à l’ancien régime, et celle des jeunes officiers attachés à une rupture totale avec l’ancien régime.Tous les commandants de région étaient devenus membres de droit du comité. Ils étaient tous officiers subalternes.

La première tendance était menée par le colonel Ahmed Salem Ould Sidi, Cheikh Ould Boïdé, Thiam El Hadj, et l’autre tendance par le colonel Louly, Ahmedou et moi-même. Pour notre tendance, le meilleur candidat était Ahmedou Ould Abdallah. Mais celui-ci a décliné, trouvant que la situation du pays était trop complexe en ce temps-là. Pour ma part, j’ai refusé d’être candidat, pensant franchement que je ne pouvais remplir aucune fonction civile. Mais les jeunes officiers et un certain nombre de cadres civils tenaient à ma candidature. Au moment de passer au vote secret, un seul candidat s’est déclaré : il s’agissait d’Ahmed Ould Sidi. Pour ma part, j’ai voté pour lui. Mais le résultat du décompte des bulletins de vote a révélé une très grande majorité en ma faveur… j’ai dit alors : je sais que, avec Moustapha, je ne pourrai pas travailler.

Mais la Charte vous donnait l’essentiel du pouvoir.

Oui, en ce temps-là. Mais quand même, je ne veux pas… je connais mon Moustapha. Il faut voter aussi pour le président… nous avons voté, scrutin secret encore… ils ont élu Louly. Le vote secret, on n’a pas voulu de candidats.

Entre vous, vous connaissant chacun, chacun votait comme il voulait.

Effectivement, chacun votait comme il le souhaitait. Mais j’avoue que la majorité des officiers voulait à l’avance que je sois désigné comme successeur de Bousseïf. C’est comme cela que je suis devenu Premier ministre…

Vous  êtes le Premier ministre, vous êtes le personnage dominant : c’est vous qui lisez le message à la Nation pour le 28 Novembre, c’est vous qui recevez… vous présidez le conseil des ministres… vous êtes chef du gouvernement, mais pratiquement, le chef de l’Etat, sauf la position honorifique : le colonel Louly ne fait pas grand-chose.


Le colonel Louly était président du Comité Militaire de Salut National, il était le chef de l’Etat, il recevait les lettres d’accréditation des ambassadeurs et avait son mot à dire pour tout. [10]

… qui a donné l’impression – les commentaires que j’ai entendus – plutôt d’un homme assez effacé.

Il n’est pas aussi effacé que cela. Je me rappelle par exemple que lorsqu’on nous a annoncé la maladie du président Moktar, Louly tenait à ce qu’un médecin soit dépêché de l’extérieur  sur place, alors que moi je tenais à son évacuation.

Vous étiez plutôt, vous, pour le départ de Moktar ?

Oui, bien sûr ! Je préférais en effet que, si quelque chose devait arriver à Moktar, il soit à l’extérieur, et non chez nous.

C’était dans la ligne de vos conversations avec lui, l’année précédente.

Non, il n’a pas été question de sa maladie pendant nos conversations. J’avoue d’ailleurs que dans mon esprit, on ne devait pas garder le président Moktar en prison mais cette question n’a jamais été débattue en Comité.

Les formes…
J’ai tenu quand même à faire dire à Moktar par l’intermédiaire du colonel Ahmedou Ould Abdallah que nous l’envoyons en consultation sans accompagnateur, mais que nous comptons sur lui pour retourner. Dans mon esprit, le retour de Moktar de son propre gré, devait me donner la raison de le libérer.

Et, à partir de ce moment-là, vous n’avez plus eu de contacts avec le Président ?

Non [11].

Il part en Octobre. Louly est en tandem avec vous, si je peux me permettre… depuis le mois de Mai, et à partir du 5-6-8 Janvier, les choses vont changer à nouveau. Vous allez cumuler les deux charges.

Les premières semaines de Premier ministre n’ont pas été faciles. J’ai été à plusieurs reprise contrarié par Louly et ses amis. D’abord, au moment de l’évacuation de la Tiris El Gharbia. Les amis de Louly demandaient qu’on évacue la Tiris El Gharbia en entier ou qu’on y reste. Alors que moi, je tenais à conserver La Guera pour des raisons stratégiques de sécurité. La mise à la retraite de quelques officiers supérieurs très anciens – par mes soins – a été très mal accueillie par Louly qui y voyait un règlement de comptes alors que, dans mon esprit, je voulais plutôt éviter à ces officiers l’humiliation de servir sous les ordres d’officiers plus jeunes. J’avoue que, sur ce dernier point, j’ai regretté ma décision car ces officiers auraient pu servir comme ambassadeurs, mais mon inexpérience en ce temps-là ne m’a pas permis d’y penser. Tous ces points de divergence avec le président Louly m’ont paru un frein au règlement des problèmes urgents qui se posaient au pays en ce temps-là : la guerre du Sahara qui continue, l’unité nationale en mauvaise posture et la situation financière et économique catastrophique. C’est pour cette raison que, dès la réunion du Comité en Janvier 1980, j’ai déclaré que le bicéphalisme entre le Président et le Premier ministre était néfaste pour le pays, et que je demande au Comité de confier la charge de Premier ministre au président Louly, la cumulant avec ses fonctions. Mais Louly a demandé plutôt à ce que toutes les charges me soient confiées. Son refus a entraîné un grand débat au Comité et, en fin de compte, j’ai été choisi comme le Président.

Et il y a eu un vote à nouveau ?

Vraiment, je ne me rappelle plus.

Donc, l’entente se fait pour que finalement Louly s’efface et que vous concentriez le pouvoir [12].

Oui, c’est cela.



Le désengagement du Sahara

Comment s’est passé le désengagement du Sahara, quelle a été la genèse de l’accord d’Alger du 6 Août ? quels étaient les contacts ? il semble que cela a été extrêmement difficile de se désengager et d’obtenir une paix honorable.

Oui ! il y avait déjà des contacts depuis Moustapha par l’intermédiaire d’Ahmed Baba Miské. De mon côté, je n’ai fait que prendre le train en marche en maintenant ce contact, avec Miské C’était juste avant le sommet de Monrovia. Un événement inattendu avait alors perturbé ces contacts. Il s’agissait de l’attaque de Tichlé. Tichlé était la localité du Sahara qui était la plus proche de la frontière mauritanienne et de la voie ferrée. Le gouverement mauritanien en avait fait une préfecture et, durant la guerre, Tichlé était aussi le P.C. de la première région militaire.

Après le coup d’Etat du 10 Juillet, le Polisario avait pris la décision unilatérale d’arrêter les hostilités avec la Mauritanie. de notre côté, nous avons donné des consignes à toutes nos unités de ne plus tirer sur le Polisario. Mais l’arrivée de Bousseif au pouvoir avait été interprétée par le Polisario comme une préparation du retour de la Mauritanie dans la guerre. C’est pour cela qu’ils ont pris les devants en attaquant Tichlé, tuant un ou deux soldats et emmenant avec eux le reste de la garnison et le préfet.

Au moment de l’ouverture du sommet de Monrovia, la délégation du Polisario, conduite par le second du mouvement : Moustapha Seyid, avait demandé de prendre contact avec moi par l’intermédiaire du Président Moussa Traoré du Mali. J’avais refusé, exigeant le retour du préfet et des soldats récupérés à Tichlé, avant tout contact. Moussa Traoré avait insisté pour que l’on se retrouve chez lui. Maintenant mon exigence, cette réunion s’était terminée par un échec. Durant le sommet, le Président Chadli d’Algérie, avait tout fait pour que je me rencontre avec Moustapha Seyid, et s’était engagé à ce que cette rencontre soit tenue au secret et que tous les Mauritaniens seront ramenés par les Algériens.

C’est ainsi que je me suis retrouvé avec Moustapha Seyid en tête-à-tête. Ce monsieur m’avait semblé particulièrement sérieux. Il parlait bien et montrait toute l’assurance dans ces décisions. La discussion a tourné autour d’un accord de paix possible. C’est ainsi que j’ai déclaré à mon interlocuteur que, pour moi, seules deux possibilités sont acceptables et ne pourront pas être torpillées par le Maroc :
1°) la Mauritanie garde la Tiris El Gharbia pendant un temps convenu et organise l’auto-détermination des populations, à l’issue de ce temps,
2°) la Mauritanie rend l’administration de la Tiris El Gharbia à l’O.N.U.

Sur le champ, j’avais pris contact avec M. Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations Unies, qui était là, à Monrovia : il m’a demandé de le lui écrire. Mon interlocuteur, Moustapha Seyid, avait donné son accord pour l’une ou l’autre des deux solutions.

A mon retour à Nouakchott, j’ai aussitôt désigné une délégation conduite par le colonel Ahmed Salem Ould Sidi, premier vice-président du Comité militaire, et comprenant le colonel Ahmedou Ould Abdallah, chef d’état-major de l’armée nationale. Comptant sur la parole de Moustapha Seyid, j’avais demandé à la délégation de ne retourner qu’avec un accord signé. Malheureusement, Moustapha Seyid n’a pas tenu parole et a exigé de la délégation, la restitution de la Tiris El Gharbia au Polisario. J’ai commis la maladresse de ne pas exiger la présence des Algériens à ces entreteiens.

Les avions algériens ont ramené à Nouadhibou le préfet et tous les soldats récupérés à Tichlé. Mais ma délégation, après huit jours de discussions avec le Polisario, m’a rapporté un accord dont une partie secrète prévoyait la restitution de la Tiris El Gharbia au Polisario dans neuf mois. Cet accord m’a plongé dans le plus grand embarras : si je l’accepte, je n’aurais aucune possibilité de restituer la Tiris au Polisario dans neuf mois, et si je le rejette, je reviens au point de départ.

Moins d’une semaine après, le Maroc décidait d’envahir Dakhla, une localité attribuée à la Mauritanie par l’accord de Madrid, mais occupée par une garnison marocaine de plus de deux mille soldats, contre seulement quarante soldats mauritaniens. Cette décision marocaine m’offre alors l’issue de mon embarras. Je saute aussitôt sur l’occasion pour déclarer que la Mauritanie a signé un accord avec le Polisario pour sortir d’une guerre et non pour entrer dans une autre. Je décide donc de me désengager de la Tiris El Gharbia, en conservant cependant la localité de La Guera pour des raisons stratégiques de sécurité.[13]

                                            (à suivre)





Ces notes d’information n’engagent qu’Ould Kaïge, leur rédacteur

[1] - au retour, le 17 Juillet 1981, du prestigieux exilé, seul de ses « successeurs » militaires, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla est venu saluer le président Moktar Ould Daddah ; il lui a publiquement présenté ses excuses et, en hommage tout traditionnel, lui a offert une chamelle – chacun sait combien l’ancien président du Comité militaire et chef de l’Etat est attaché à ses animaux et en connaît l’élevage. 

[2] - en réalité, cette réunion est plus tardive : elle s’est tenue du 3 au 5 Juillet 1978, à huis-clos et à l’insu de la plupart des membres du Bureau politique national

[3] - du 25 Décembre 1965 au 10 Février 1967 par intérim de M’Bareck Ould Bouna Moktar, stagiaire en France ; il l’est de nouveau, cette fois en titre, du 15 Juillet 1968 au 5 Octobre 1970 pour être remplacé par Ahmed Mahmoud Ould Houssein et nommé adjoint du gouverneur de la 1ère région ; enfin une troisième fois à partir du 20 Février 1978 succédant à M’Bareck Ould Bouna Moktar (qui avait cumulé cette fonction avec la charge de ministre de la Défense)  

[4] - c’est le 2 Janvier 1978  qu’y est positionné un bataillon marocain de 600 hommes – le 1er Mai 1977, le Polisario attaque Zoueratte et enlève 6 Français, tuant un couple de médecins (il y avait lors 276 ou 320 français employés par COMINOR, sans compter 187 épouses et 262 enfants) – l’accord de défense mutuelle Mauritanie-Maroc est  signé à Nouakchott, le 13 Mai 1977, par Ahmed Laraki, ministre d’Etat marocain aux Affaires étrangères et Ahmed Ould Mohamed Salah, ministre d’Etat à la souveraineté interne : il ne prévoit alors que de 1200 à 1500 hommes installés par le Maroc en Mauritanie

[5] - qui a donné à Agence Nouakchott Information – 16 Juillet 2008 – son témoignage sur le coup militaire

[6] - le scenario initial du coup prévoyait l’arrestation du Président parmi ses ministres et les membres du Burerau politique national, en réunion le samedi 8 Juillet 1978. La confidence de Sid’Ahmed Bneijara à Ahmed Ould Zein (double jeu ?) en empêcha l’exécution et en fit improviser un autre, avec d’autres acteurs. Seul à pouvoir pénétrer à toute heure chez le Président sans éveiller la méfiance des sentinelles, son aide-de-camp, le lieutenant Moulay Hachem Ould Moulay Ahmed devint l’homme-clé du putsch et donc le responsable ultime d’un changement du cours de l’histoire nationale mauritanienne. De lui, l’affirmation historique – aujourd’hui encore source de la légitimité du pouvoir régnant : « l’armée vous retire sa confiance », déduction inscrite dans les Chartes militaires et dans les faits, mais pas encore dans la Constitution : « les forces armées détiennent en dernier recours la souveraineté nationale ». Moktar Ould Daddah pensa commencer ses mémoires par la réfutation de ce syllogisme 

[7] - voir aussi les mémoires du président Moktar Ould Daddah : La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 669 pages) p. 20 à 22

[8] - Le Calame a publié les 8, 15 et 22 Juillet 2008 un entretien avec le premier en date des présidents militaires, le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck

[9] - le 6 Avril 1979, un « Comité militaire de salut national » (C.M. S. N.) reprochant à Mustapaha Ould Mohamed Saleck son « indécision » et son « manque d’autorité », se substitue au « Comité militaire de redressement national »  - le lieutenant colonel Ahmed Ould Bousseïf devient Premier ministre et Ahmedou Ould Abdallah, chef d’état-major - les lieutenant-colonels Mohamed Khouna Ould Haïdalla à la Défense et Mohamed Ould Bah Ould Abdelkader chargé de la permanence du C.M.S.N. – le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck reste « Chef de l’Etat »

[10] - plus exactement, la nouvelle Charte adoptée par le Comité militaire, le 11 Avril 1979, et selon laquelle le président du C.M.S.N. est Chef de l’Etat et chef suprême des armées, mais ne prend aucune décision et ne nomme personne sans l’accord du C.M.S.N. tandis que le Premier ministre « conduit la politique intérieure et extérieure du pays, conformément aux orientations et aux options du C.M.S.N.. Le chef du gouvernement ne peut cumuler plus de sept jours ses fonctions avec celles du Chef de l’Etat »

[11] - dans ses mémoires, le président Moktar Ould Daddah évoque ces conversations, ainsi que celle avec le chef d’état-major national à l’instant de quitter le pays, op. cit. pp. 35 à 38

[12] - le 4 Janvier 1980, ouvrant une session plénière de dix jours, le C.M.S.N. procède à « d’importants changements afin d’adapter sa structure politique aux tâches importantes de redressement national, à la consolidation de paix » - il attribue à Haïdalla déjà chef du gouvernement, les fonctions de chef de l’Etat et de président du Comité – sont  évincés le lieutenant-colonel Cheikh Ould Boide, le commandant Thiam El Hadj, le lieutenant-colonel Mohamed Ould Ahmed Louly, le lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi (2ème vice-président et chargé de la permanence) pour « se débarrasser de tous ceux qui n’oeuvrent pas avec engagement et détermination à la tâche de redressement national » - le lieutenant de vaisseau Dahane Ould Ahmed Mahmoud chargé de la permanence

[13] -  le 7 Août 1979, le C.M.S.N. entérine donc l’accord d’Alger  et reçoit une motion de soutien de 400 cadres ; le 9 Août, le Maroc décide de retirer ses troupes stationnées dans la région de Zouerate (4000 hommes) et, le 10, le Premier ministre Mohamed Khouna Ould Haïdallah se rend à Rabat : situation après l’accord de paix et relations bilatérales ; « le Maroc et la Mauritanie s’engagent à ne rien faire qui puisse porter atteinte à la sécurité réciproque de leurs deux pays », mais le 11, une colonne du Polisario, forte de « 3000 hommes » ? marche contre Bir Anzaran, près de la frontière mauritanienne. Le jour-même, le Maroc prend alors le contrôle de la zone mauritanienne du Sahara occidental, occupe par la force Dakhla et rebaptise la Tiris-el-Gharbia en Oued Ed-Dabat (traduction littérale de Rio de Oro), la Mauritanie demande au Maroc de retirer ses troupes de son sol, et le lieutenant-colonel Abdel Kader, ancien membre du CMSN, annonce la création d’un comité d’ « officiers libres » opposés à l’accord d’Alger

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