mardi 31 juillet 2012
lundi 30 juillet 2012
dimanche 29 juillet 2012
journal de maintenant - dimanche 29 juillet 2012
Dimanche 29 Juillet 2012
D’un observateur – en tiers, mais bien placé pour voir et pour rapporter – je reçois ce commentaire
L'opposition n'a vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent pour chercher des scandales partout ...
Le scandale, c'est naturellement la perte de vies humaines, mais il s'agit d'un avion et non d'un hélicoptère, qui s'est écrasé au decollage pour des raisons que l'enquête élucidera. Le transport d'or est régulier, connu de tous, et ne prête pas à d'interprétations politiques particulières
J’interroge alors les principaux de l’opposition :
Chers éminents amis,
dans mes dialogues courriels avec des correspondants étrangers et français revient constamment une mésestime pour ne pas dire pire envers l'opposition, la COD et la plupart de ses personnalités.
En gros, l'opposition n'apporte rien et ne dit rien que de s'opposer, et de façon qui ne convainc pas.
Je ne suis peut-être pas à jour, mais la COD a-t-elle un programme commun de gouvernement - sans qu'il soit de ce registre d'examiner les conditions dans lesquelles elle aurait acquis le pouvoir ou de réénoncer des préalables - ou une plate-forme de gouvernement, en document unique. Et non la série de communiqués d'opposition, coup par coup. Arriver ainsi à quelque chose pour l'extérieur, un document de base. Très élaboré. Qu'on soit "dialoguiste" ou pasJe sais bien que pour vos compatriotes c'est et ce sera question de personne et aussi d'entente entre les personnes. Mais pour l'étranger - à défaut d'un "Mandela" mauritanien ? un homme ou une femme programme, à lui seul - il faut un document fort et visible. Existe-t-il ?
Sentiments chaleureux et déférents.
Et d’un éminent ancien ministre du président Moktar Ould Daddah, je reçois cette confirmation qui le hante
Vous vous posez la question essentielle. Le vrai problème de ce Pays est une opposition et une classe politique qui ne sont jamais arrivées, depuis qu'il y a eu les années 90 ce qu'on avait appelé une ouverture démocratique. Les Partis ne sont pas la tasse de thé des Mauritaniens! Il y a des hommes très bien qui chacun non seulement vise mais est convaincu qu'il est le seul à devoir présider aux destinées du Pays! Pourquoi pas ? Mais comment y arriver ? il ne semble pas que les uns et les autres soient arrivés à savoir que pour atteindre un objectif il y a une reflexion une Stratégie une patience, une continuité dans les idées !
Par ailleurs d'une façon générale ceux qui font de la politique ne semblent pas toujours se placer dans le long terme et même le moyen terme !Le fruit de leur "activité" politique doit être immédiat. L'avenir est loin et on s'en préoccupe rarement semble-t-il? Il n'y a pas de permanence ou de continuité!
Prenez le cas de nos amis Messoud et Ahmed et voyez leurs comportements depuis la crise qui a débouché sur Aziz:: si vous décortiquez les attitudes et les cheminements de l'un et l'autre vous vous rendez compte que c'est là que réside le drame de ce Pays.
Bref, vous comprenez la complexité de la situation de votre Pays d'adoption! La Françafrique avait une situation d'or pour faire ce qu'elle a fait.
Quelle sera la réponse de l’opposition ? Un pays ne se fait certes pas par la force – actuellement à l’œuvre et si autiste et égotiste, mais pas non plus par défaut.
samedi 28 juillet 2012
journal de maintenant - samedi 28 juillet 2012
Samedi 28 Juillet 2012
J’apprends incidemment d’un de mes amis, que le ministre français des Affaires Etrangères qui commence une tournée dans la région, "boude" la Mauritanie. Pourquoi ? Comme il semble que l’étape aurait été consacrée au seul tenant du pouvoir - à raison du sécuritaire dont Mohamed Ould Abdel Aziz passe pour le seul garant - je crois que c'est mieux pour l'avenir et plus élégant pour une opposition dont il n'aurait pu prendre la mesure en qualité humaine et en diversité, puisqu'il ne l'aurait pas rencontrée.
Mais je vais quand même aux nouvelles.
Mais je vais quand même aux nouvelles.
Je reçois ces précisions.
Le programme initial (28/29 juillet) concernait Niamey, Dakar et Nouakchott, auxquels s'est ajouté au dernier moment Ouagadougou (4 pays en 2 jours!). L'objectif principal de la visite était d'échanger sur le Mali et le Sahel, mais les questions de gouvernance étaient également prévues si le temps le permettait. Mais le ministre a dû changer ses dates au dernier moment, suite à un voyage en Pologne, et a souhaité avancer d'un jour son programme en Afrique.
La date du 28 ne convenait pas en revanche au Mauritanien qui avait un autre engagement. Aucune des alternatives n’a pu aboutir Ndjamena a donc été choisi au dernier moment comme étape de fin d'après-midi après Dakar. Laurent Fabius devait en effet être de retour à Paris dimanche.
Compensation, mais pour qui ? une conversation entre le ministre français des Affaires Etrangères et l’homme fort à l’issue du déplacement du premier et peut-être une visite, finalement, avant l’automne.
Je ne crois pas à cette manière de dire le choix français à l’opinion publique mauritanienne : il n’y a pas d’engagement de même importance pour le général, qui soit antérieur.
Si le ministre n'a pas daigner inclure la Mauritanie dans sa tournée, ce n'est pas pour lui consacrer une visite unique. La rentrée française et les agendas syriens vont se charger de plus en plus. L’homme fort aura du mal à « gérer » son exceptionnalité : la mise à l’écart. Surtout de son point de vue et dans sa situation, il a tort d'être demandeur depuis le 6 Mai dernier et il a déjà beaucoup reçu : la visite d'El Ghazouani à Paris, revenant à Nouakchott avec "la" cravate.
Et je reçois cette dépêche et son commentaire.
Scandaleux ! Le 14 juillet courant, un hélicoptère de l’armée de l’air mauritanienne s’écrase tôt le matin sur le tarmac de l’aéroport de Nouakchott. Bilan : 7 morts dont l’équipage militaire, ainsi que qu’un paramilitaire (un douanier) et des civiles.
L’accident émeut tout le pays et l’on commence à parler de zones d’ombres l’entourant : (1) l’avion est de fabrication chinoise, acquis dans des circonstances peu transparentes (2) il convoyait semble-t-il de l’or de Tasiast, dans des conditions tout aussi opaques (3) le Commandant de l’armée de l’air, n’est autre que le colonel Hraitani, un proche cousin de MOAA, signataire avec un autre cousin, Mélainine Tomy (actuellement Directeur des relations extérieures des Mines d’or de Tasiast) du marché d’armes avec les chinois !
Il n’en fallait pas tant pour qu’une odeur de scandale se dégage de cette tragédie.
Aujourd’hui, cette odeur est désormais plus forte, avec la constitution de la commission d’enquête chargée d’élucider les circonstances de l’accident. Voici un abstract de l’article publié par le site Al Akhbar sur le sujet (http://www.alakhbar.info/25670-0-FBAF-FCC50-F--F5C.html) :
La commission d’enquête sur l’accident de l’avion militaire suscite une polémique au sein de l’institution militaire. Des sources affirment que la composition de cette commission est entourée de zones d’ombres en raison de la sujétion de ses membres à la direction chargée de l’armée de l’air ;
Il est secondé par une personne étrangère à l’institution militaire mauritanienne, le Colonel français Gabriel Sallas, entraîneur à l’école et conseiller technique du Directeur de l’Armée de l’Air, le Colonel Hraitani.
Parmi les membres de la commission figure le Capitaine Mohamed Ould Abdi, Chef de la Base aérienne dont dépendait l’avion crashé et qui ne devait pas figurer dans la commission en raison des responsabilités administratives qu’il assume dans l’accident : C’est lui qui a délivré (bien que non habilité à le faire) l’autorisation de vol à feu Capitaine Hacen Ould Cheikhani Ould Med Saleh(Commandant de l’avion, ndt).
Participeront également à l’enquête Baba Ould Bneijara, officier de renseignement de la base aérienne militaire, Lieutenant Sidi Mohamed et Sergent Ndiaye Amadou, tous travaillant sous les ordres du Commandant de la base, ce qui les prive de toute prétention à l’indépendance.
Certains milieux affirment que des militaires membres de la commission auraient dû être entendus eux-mêmes, étant directement responsables, du fait de leurs fonctions, de ce qui se passe au niveau de l’armée de l’air mauritanienne au moment du crash.
Et un autre de mes amis résume nos interrogations, :
Je ne comprends pas pourquoi, à Paris, on s’obstine à miser sur ce rambotin kleptomane pour ramener la sécurité au Sahel, alors que tout prouve que son maintien au pouvoir donne exactement le contraire de ce résultat : le Mali durablement déstabilisé avec un émirat terroriste sur une partie de son territoire, Aqmi aux portes de Dakar, réussissant ainsi la jonction, précieuse pour les dealers sud-américains, avec le narco-Etat remuant qu’est devenue la Guinée Bissau , la Mauritanie transformée en plateforme de toute sorte de trafic et, dans quelques mois voire quelques semaines, en champ de bataille au conflit à grande échelle qui se prépare dans la sous-région ; son pouvoir qui trempe, selon de nombreux médias, avec celui d’autres pays de la sous-région (Burkina Faso) dans l’exécrable commerce d’otages au Sahara contribuant à enrichir fabuleusement les groupes terroristes qui tiennent la dragée haute au monde entier! Pendant ce temps, MOAA et sa bande pillent sans vergogne le pays qu’ils ont transformé en boutique familiale (savez-vous qu’ils nous vendent maintenant la pièce d’identité à 1000 ouguiyas (2euros 50 environ) payables en espèces au guichet de retrait de la carte et…sans reçu du trésor !!!!).
Ne voit-on pas cela à Paris ou alors est-on dans la duplicité et prépare-t-on, en réalité, une déconfiture totale du Sahel, dans le cadre d’une stratégie de délocalisation de la guerre contre le terrorisme vers une région plus « vaste » et moins « peuplée » qu’un Orient dont la reconstruction sera vraisemblablement la poule aux œufs d’or du premier cinquantenaire de ce siècle ? L’objectif est-il de vassaliser l’Algérie et d’en contrôler l’enrichissement fabuleux ? Ou s’agit-il tout simplistement de donner le change à l’expansionnisme américain en entretenant le dernier pion « jouable » dans une région qui, décidément, fait l’objet de convoitises aux mobiles pour le moment peu clairs ? Je ne comprends absolument pas, cher ami, et je crois que je ne suis pas le seul !!!
Comprendre donc… avons-nous la réponse : à Paris, on commence de voir ?
vendredi 27 juillet 2012
jeudi 26 juillet 2012
mercredi 25 juillet 2012
journal de maintenant - mercredi 25 juillet 2012
Mercredi 25 Juillet 2012
Je continue de consulter pour la note que je rédige : synthèse du moment mauritanien à soumettre aux nationaux comme aux étrangers, à ceux réputés décideurs et à ceux qui font l’Histoire parce qu’ils sont le peuple, désavouent ou tolèrent les autorités. Réponses…
Voilà ce que nos amis français doivent comprendre : la Mauritanie n’est ni le Gabon, ni la Côte d’Ivoire, ni même le Sénégal, le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie ; tous ces pays ont leur civilisation et leur culture certes estimables et respectables.
Celles de la Mauritanie diffèrent en ce sens qu’elles sont ancrées dans un passé, si je puis dire, encore présent, malgré son éloignement dans le temps.
Cela fait de l’ « homo mauritanien » qu’il soit beidane, halpular, soninké ou ouolof, un produit à part, non qu’il soit supérieur, par sa fibre originelle, à une autre, mais parce que sa complexion est faite d’équilibre spirituel et intellectuel et se trouve façonnée par la diffusion du savoir immanent et l’ancrage réel à des « valeurs sûres » d’ordre social et moral ; un produit donc mieux préparé et plus disposé que quiconque à l’exercice de la démocratie et à la pratique des valeurs de liberté, de tolérance et de justice.
Il est donc éminemment frustrant que ces prédispositions soient utilisées par des dictateurs aux fins de pérenniser leur pouvoir au risque de dévoyer ces prédispositions en développant l’esprit de crainte d’intéressement, d’opportunisme et de servilité avec le cortège de reniement, de fatalisme et de mensonge que cela implique.
Je dois dire, que des différentes autocraties que le pays a vécu, celle de Mohamed Ould Abdel Aziz se distingue de très loin des autres à cet égard.
Le pluri-ethnisme est, d’une manière ou d’une autre, la marque de toutes les Nations et cela depuis tous temps ; il n’a donc pas besoin d’être reconnu, il convient qu’il soit vécu et résorbé dans l’appréhension par chacun de son appartenance à une même Nation vivant sous l’égide de la justice, de l’équité et du pluralisme autant politique que culturel.
Et ce sont les pouvoirs monolithiques, leur déni de la liberté et leur besoin de durer, qui finissent par transformer, parfois avec l’aide extérieure fondée ou pas sur la bonne foi, le besoin légitime de droit à la spécificité et à la différence, en revendication extrémiste débouchant sur les aspects négatifs du communautarisme, du racisme et de la division nationale.
L’un des aspects les plus néfastes du totalitarisme et notamment dans nos pays où l’Etat est tout et donne le « la » sur tout, le seul de la réflexion politique est si bas que les meilleurs esprits ( classe politique, journalistes) se trouvent confinés à un niveau de débat qui ne risque pas de mener, ni aux grandes visions et ni, par conséquent, aux réformes fondamentales.
mardi 24 juillet 2012
reçu d'un ami à propos de ma lecture chrétienne du Coran - vg. sourate 110
Ce que je reçois d'un ami mauritanien - musulman :
----- Original Message -----
From: Souleiman SIDIALY
To: keija
Sent: Tuesday, July 24, 2012 1:00 AM
Subject: Ecrit apres vous avoir lu et en pensant affectueusement à vous
SOURAH 110 : Un ALLELOUIA ou UN CHANT DE VICTOIRE DE GUERRE
références
1° chouraqui
2° quranexplorer.Com . traducteur : non verifié ( cette référence est un point faible pour un esprit occidental . elle est forte pour un sahélien; prendre la première traduction sous la main pour l’opposer à une référence considéré comme forte par l’interlocuteur ; veut signifier le primat de la chose admise communément face à l’originalité de l’antithèse. Cela me convient assez en pratique, par paresse).
Référence du dictionnaire de français :
www.cnrtl.fr (centre national de ressources lexicale)
Référence de l’arabe : la parenté de ma langue maternelle, le Hassaniya avec la langue de référence arabe de la péninsule : contrôle par écoute, de la proximité des évocations engendrées, comparativement avec les traductions.
Chouraqui : « Quand le secours d’Allah vient AVEC la victoire(1), tu vois les humains entrer en masse dans la créance d’Allah (2) Glorifie la désirance de ton Rabb,fais-toi pardonner. Le voilà, c’est le Retour(3) »
Quranexplorer.com : « Lorsque vient le secours d’Allah AINSI que la victoire, (1) et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d’Allah, (2) alors, par la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au repentir. (3) »
Dans le coran, la foule vient adhérer simplement à la religion du seigneur, Dans Chouraqui, en première lecture, le contemporain entend que les gens contractent un crédit d’argent, puis comprend que cela ne veut rien dire. Voici ce que lui donne le dictionnaire.
Première option : « Action de considérer quelques chose pour vrai »
Le dictionnaire a la justesse de citer des exemples, qui illustrent que l’emploi du mot, en français ancien, est le plus souvent rattaché à une polémique. La créance mesure « un crédit » donné par une foule à une chose des plus aléatoire quand à sa vérité : Traduire n’est pas servir un texte, mais ce n’est pas le dénaturer.
Mais Chouraqui a une thèse, tout à fait défendable en discussion historique, ou même théologique mais déloyale vis-à-vis d’un texte à traduire. La 110° sourate nous dit-il en introduction « clôture, sous la forme d’un psaume triomphal, la révélation progressive » Mais le triomphe est t’il spirituel ou temporel ? Es-ce un chant de victoire guerrier ou un allelouia ? Un traducteur sans moque idéalement, Chouraqui, se charge de trancher pour nous par son interprétation.
« Quand le secours d’Allah vient AVEC la victoire » ET (pour la virgule) les humains entrer en masse dans la créance d’ allah. »
Chouraqui préfère que « WA » = « ET, ainsi que » devienne AVEC. et supprime le WA par une virgule pour la suite.
Alors le secours d’allah, aidé par la victoire militaire (ou l’inverse) font que :Intimidés, militairement menacés, opportunément dans tous les cas, les humains font crédit à la nouvelle religion.
Soit ! ce monothéisme, comme ceux qui l’on précédé, se sont souvent imposé par l’épée , ce n’est pas un scoop. Mais ce n’est pas ce dont parle le texte.
Le coran dit plus surement « Lorsque vient le secours d’Allah AINSI que la victoire ET que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d’Allah ».
C’est UN CONSTAT du succès de l’islam, qui n’est pas attribué à la victoire, il ne c’est pas fait AVEC elle, mais en même temps qu’elle ; le secours spirituel de dieu n’est pas arrivé AVEC la victoire mais en même temps. Il est simplement constaté. Laquelle victoire est là (celle de la religion secourue par l’esprit de dieu et non celle des armes qui font faire crédit, la main forcée.) ALORS d’évidence, viennent les LOUANGES et PRIERES à la manière d’un ALLELUIA chrétien : «alors, par la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. »
C’est un alleluia, pas un cri de victoire de guerre. LOUANGE et CELEBRATION auprès de celui qui reçoit et décide du sort à faire au repentir « Car c’est Lui le grand Accueillant au repentir. » Pas à la manière du dieu de la thèse de chouraqui, chef de guerre, qui une fois glorifié pardonne « glorifie la désirance de ton Rabb, fais tois pardonner » dans un automatisme de logique politique.
La « masse » remplace la foule dans l’interprétation de Chouraqui, mot équivalent en effet, dès lors que le mot ne cherche pas à conserver , à une représentation ,sa nature . Cela ne pose pas problème à qui fait œuvre d’érudit, de savant, d’historien. Le traducteur, occupé à traduire, lui, préfère « les gens qui entrent en foule ». La foule en plus d’être plus proche du sens du mot « avwaj » plait au traducteur honnête. Le mot continu à parler d’une addition d’hommes. Somme de personnes soumise à la grâce, par le secours de dieu. Que voulez vous que cela face à une « masse » !
deuxième option du dictionnaire : « La créance est l’action de considérer quelqu'un comme véridique, comme digne de confiance .Le dictionnaire cite alors très à propos, Charles Peguy:
« C'est Dieu qui nous a fait crédit, qui nous a fait confiance. Qui nous a fait créance, qui a eu foi en nous »
Chouraqui , nous parle t’il de la « créance » que donne allah à la « masse » des convertis ou de la créance que la masse « accorde » à dieu. ?
Le même dictionnaire vient en aide par un deuxième exemple illustrant le second sens du mot : « La Lettre de créance attestant la confiance officielle accordée par le pouvoir politique d'un État à un ambassadeur »
Ainsi, donc soit la masse accorderait sa confiance à l’ambassadeur de la nouvelle religion :(masse= les mecquois et leur leaders= la ville de la Mecque). Ou Posé autrement : l’Etat, le pouvoir = dieu, la confiance est reçu par les croyants.
Dans les deux cas c’est fort intéressant, c’est spirituellement non dénué de pertinences, mais hors propos du texte. Traduire n’est pas inventer.
Quand à « la désirance » de dieu dans le texte elle n’existe que dans l’esprit de Chouraqui, désireux que les dictionnaires modernes n’y comprennent rien ; que « l’étranger » se sente davantage en terre inaccessible.
Désireux sans doute, que les connaisseurs de la langue , les intellectuels et gens d’esprit trouvent des sens brillants, fussent ils insensés dans son coran. A chaque vanité sa nourriture, celle des gens d’esprit est toute trouvée.
Désir peut être aussi de faire résonnance auprès de certains lecteur d’un objet de quête chrétienne et soufi bien affirmé, mais absent de la 110° sourah : Le désir de dieu pour l’homme et réciproquement. Si le musulman ne s’y trompe pas, le procédé est pervers à l’encontre du chrétien qui vient naturellement au coran dans la poursuite de sa propre foi. Il n’est pas un étudiant en islam. L’amener sur le thème du désir « de et pour dieu » est facile, car c’est un lieu commun du christianisme. La déception sera d’autant mieux assuré que, « l’apparent » du coran est plus discret sur le thème et le chrétien n’est pas à l’étude chez un maitre soufi.
L’interprétation de la sourah 110 par Chouraqui est simple : l’adhésion des musulmans est une affaire de crédit conjoncturel accordé par « une masse » au prophète de l’islam vainqueur militaire , de retour à la Mecque. La sourah 110 célèbre le triomphe armé de ce dernier. Des musulmans peuvent tout à fait la vivre ainsi. La thèse en vaut une autre. Mais il est malhonnête d’en gâcher une traduction de texte.
Quand à vous cher ami, je ne m’étonne plus de votre saine naïveté à lire ceci « la traduction d’André Chouraqui, rugueuse et rapeuse, mais très mot à mot, dont je peux « contrôler » la précision et l’honnêteté puisqu’il a également traduit la Bible, dont j’ai cinq ou six autres traductions. »
Amitiés
lundi 23 juillet 2012
journal de maintenant - lundi 23 juillet 2012
Lundi 23 Juillet 2012
Je consulte quelques-uns de mes amis sur le premier jet de cette note de synthèse sur la moment mauritanien. Echange avec l’un des plus éminents.
En réponse à votre envoi du 22 Juillet, j’ai lu avec beaucoup d’attention votre projet de note « à circuler parmi [nos] compatriotes, puis à Paris et à Bruxelles ».
Je le trouve très bon et fort juste au plan de l’analyse historique et des projections pour l’avenir.
Seule chose sur laquelle je voudrais à nouveau insister : mon pays ( qui reste dans l’attente de l’émergence d’une Nation et de la constitution d’un Etat) est d’abord et avant tout une « civilisation», celle de l’Islam à ses origines dont l’inspiration humaniste et démocratique initiale sunnite-malikite, a été transférée telle quelle de Médine aux confins sahariens qui l’ont conservée intacte dans leur cocon désertique inaccessible aux remous ultérieurs consécutifs aux divergences intervenues à l’occasion puis à la suite de l’accès du Khalife Ali au pouvoir (mouvements khawarij, chiites, mutesilites, etc.), divergences dont nous assistons encore aujourd’hui aux conséquences et desquelles s’inspirent tous les syncrétismes fondateurs du folklore bâti en Occident sur l’Islam et ses « caractéristiques ».
Etant les héritiers d’une telle civilisation et baignant dans la culture de modération, d’ouverture d’esprit et de tolérance qu’elle a engendré, nous méritons, à mon sens, d’instaurer chez nous (d’autres, s’ils y réfléchissent suffisamment à partir de leurs propres valeurs, pourraient nous y aider s’ils le veulent) une « politique de civilisation » pour reprendre, encore une fois, le titre du philosophe et sociologue Edgar Morin.
Voilà, pour être bref, ce qui m’amène, pour ma part, à établir l’ordre de vos paragraphes, comme suit :
I. Mémoriser
II. Interpréter
III. Discerner
IV. Elaborer
V. Innover
J’ajoute et c’est, je le sais, un souci qui vous tient à cœur, que le caractère pluri-ethnique de la Mauritanie , (et vous en donnez la preuve en rappelant les faits de 1966 et suivants) n’est en rien antinomique de l’unité du pays ( garantie d’abord et avant tout par le ciment civilisationnel et culturel qui constitue tronc commun) et que les apparences tribales et claniques sont ici une richesse et une sécurité sociale qu’il convient certes de moderniser, mais qu’il est inutile et dérisoire de continuer à vilipender tout en en faisant un usage politique honteux pour le pouvoir et avilissant pour les individus.
Votre lettre est belle et ensemençante. Vous faites une percée - surtout pour un esprit français - en disant qu'un peuple, un pays comme la Mauritanie est d'abord une civilisation, et vous renvoyez-référencez évidemment à l'Islam qui est certainement pour le croyant nbien plus englobant que le christianisme l'est pour le chrétien. Ce qui m'a toujours frappé en Islam tel que je le partage avec vous, certains de vos compatrotes et avec le Président Moktar, c'est la tolérance et la culture du pluralisme. Certainement Chinguitt est un môle d'authenticité et de pureté. Un immense ribat.
Le pluru-ethnique quand il est accepté et reconnu est certainement le plus fort facteur d'unité. Le nier c'est aller aux fractures et aux dubitations, certains pays en Europe l'ont vécu, une partie de la crise française est de cet ordre.
Oui pour la sécurité - par la solidarité - sociale selon les liens de toujours et qui survivent. La leçon vaut pour les institutions politiques, il y a à puiser dans la manière traditionnelle de vos collectivités de débattre et décider.
dimanche 22 juillet 2012
IRRHAL - les voies, les moyens et les ébauches de solutions . texte reçu 22 juillet 2012
le « groupe des indépendants pour le salut de la Mauritanie »
GISM/IRHAL, né le 12 Mars 2012, en est à sa troisième déclaration,
la première a même circulé en cours de manifestations de rue
Dans la déclaration précédente nous avons essayé, en toute objectivité sous le titre ‘’IRHAL : Les raisons d’une revendication’’, de réunir l’ensemble des justifications, chiffres et raisonnements à l’appui, qui militent en faveur de l’exigence du départ du Général Ould Abdel Aziz.
Dans la déclaration n° 2 du GISM qui sera incessamment disponible, nous nous sommes attelés, comme il se devait, à dégager les voies, les moyens et les ébauches de solutions proposées.
Dans cet effort nous mettons en lumière la fragilité des pivots des politiques suivies par le régime qui, un à un, ont cédé sous les coups de boutoir conjugués de l’incompétence du pouvoir, la régularité de l’action des protestataires et le contexte régional et international qui a changé.
Un des chevaux de bataille du régime pour se dépêtrer de sa crise est l’empressement qu’il met, toutes affaires cessantes, à organiser au plus tôt des élections législatives et municipales rejetées à juste raison, dans l’état actuel des choses, par l’opposition.
Nous imposant depuis plusieurs mois un parlement croupion quasi-monocolore où des lois scélérates sont adoptées chaque jour, le régime voudrait dans ses moult fuites en avant, gruger encore une fois la galerie locale et dans le reste du monde en se mettant en règle avec la légalité que dès son avènement il a toujours malmenée.
Les élections législatives qui devront avoir lieu, n’auront, de crédibilité que si elles se déroulent sans lui, ses affidés les plus proches et de manière concomitantes avec la présidentielle et les municipales.
Les extraits ci-après, tirés de notre déclaration n° 2 l’explicitent plus clairement :
Au cours ou en amont du forum, les débatteurs devront s’accorder sur l’exigence d’organiser, sans le Général et ses suppôts des élections présidentielles, législatives et municipales concomitantes, libres et transparentes. […]
[…] Après nous avoir ramenés en 2008, trente années en arrière, soit en 1978 par un coup de force contre un gouvernement civil ; en 2012 il veut rééditer les péripéties de l’an 1992, ou l’an I du processus de démocratisation.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, il tenait en renversant en 2008 le Président civil qui était membre du gouvernement d’avant 78, à signifier au peuple mauritanien et à ses élites politiques et intellectuelles que cette parenthèse n’est pas acceptée et que le pouvoir doit demeurer ad vitam aux mains d’un Général (ou +) de l’armée.
La réédition des balbutiements de 1992 est illustrée par son vœu secret que nous dévoilons volontiers : A travers le dialogue, et autres stratagèmes versant dans le même moule, il vise deux objectifs :
Amener l’opposition, comme en 1992 à boycotter les élections ; et là le champ lui restera libre pour disposer d’un parlement quasi monocolore que viendront iriser quelques partis issus de l’opposition et les partillons qu’il a disséminés pour prétendre avoir introduit des jeunes surtout inexpérimentés et renouvelé la classe politique avec du vieux dans les méthodes, et du faux dans la démarche et les visées. Il tentera surtout de faire disparaître de l’hémicycle les députés gênants de l’opposition et ceux de la majorité qui n’ont pas été agressifs à ses yeux face au camp de l’opposition.
Réussir à faire participer l’opposition dans sa totalité, par une prouesse ou un allèchement quelconques qui restent à trouver ; et là aussi il procèdera de la même manière que pour les accords de Dakar dont il s’est défait crânement en renvoyant tous ceux qui protestaient leur disant d’’’aller se lamenter sur leur sort’’ dans la Capitale sénégalaise.
Les nouveaux arrivants seront aux nues, comblés d’avoir été ainsi cooptés et promus par notre argent et s’activeront à ses ordres à décréter la mort de la politique et l’extinction de la ‘’vox populi’’.
Le dialogue qu’il croit avoir ouvert, ne l’intéresse que dans la mesure où il lui permet de réaliser ces fantasmes, en manipulant la nouvelle chambre d’enregistrement comme il a su en 2008 transformer des représentants du peuple en auxiliaires du BASEP pour parachever son coup de force contre un gouvernement civil.
Un homme quel qu’il soit ne peut échapper à son passé. Dans le cas d’espèce il nous éclaire par ses actes sur son avenir dont le reflet dans le rétroviseur de l’Histoire lui renvoie l’image de ce qu’il fût et ce qu’il demeurera pour la vie. […]
[…] Mais, c’est aussi, et nous sommes là pour éclairer là-dessus, la différence fondamentale, entre les élections démocratiques, et transparentes, sans procédés frauduleux, artisanaux ou chimiques qui sont faites pour élire et les coups de force qui sont faits pour rejeter, et exclure.
En fait de démocratie, le système qu’il s’échine vainement à perpétuer est aux antipodes de celle-ci.
Le mandat dont il prétend avoir été investi et que nulle déviation et nulle aspiration, aussi légitime fût-elle, ne doit interrompre est une illusion que démystifie, avant toute autre chose, sa propension personnelle à interrompre les mandats des présidents élus et des magistrats irrévocables, par des coups de force pour les uns et par des décrets arbitraires pour les autres.».
Dans la déclaration n° 2 du GISM qui sera incessamment disponible, nous nous sommes attelés, comme il se devait, à dégager les voies, les moyens et les ébauches de solutions proposées.
Dans cet effort nous mettons en lumière la fragilité des pivots des politiques suivies par le régime qui, un à un, ont cédé sous les coups de boutoir conjugués de l’incompétence du pouvoir, la régularité de l’action des protestataires et le contexte régional et international qui a changé.
Un des chevaux de bataille du régime pour se dépêtrer de sa crise est l’empressement qu’il met, toutes affaires cessantes, à organiser au plus tôt des élections législatives et municipales rejetées à juste raison, dans l’état actuel des choses, par l’opposition.
Nous imposant depuis plusieurs mois un parlement croupion quasi-monocolore où des lois scélérates sont adoptées chaque jour, le régime voudrait dans ses moult fuites en avant, gruger encore une fois la galerie locale et dans le reste du monde en se mettant en règle avec la légalité que dès son avènement il a toujours malmenée.
Les élections législatives qui devront avoir lieu, n’auront, de crédibilité que si elles se déroulent sans lui, ses affidés les plus proches et de manière concomitantes avec la présidentielle et les municipales.
Les extraits ci-après, tirés de notre déclaration n° 2 l’explicitent plus clairement :
Au cours ou en amont du forum, les débatteurs devront s’accorder sur l’exigence d’organiser, sans le Général et ses suppôts des élections présidentielles, législatives et municipales concomitantes, libres et transparentes. […]
[…] Après nous avoir ramenés en 2008, trente années en arrière, soit en 1978 par un coup de force contre un gouvernement civil ; en 2012 il veut rééditer les péripéties de l’an 1992, ou l’an I du processus de démocratisation.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, il tenait en renversant en 2008 le Président civil qui était membre du gouvernement d’avant 78, à signifier au peuple mauritanien et à ses élites politiques et intellectuelles que cette parenthèse n’est pas acceptée et que le pouvoir doit demeurer ad vitam aux mains d’un Général (ou +) de l’armée.
La réédition des balbutiements de 1992 est illustrée par son vœu secret que nous dévoilons volontiers : A travers le dialogue, et autres stratagèmes versant dans le même moule, il vise deux objectifs :
Amener l’opposition, comme en 1992 à boycotter les élections ; et là le champ lui restera libre pour disposer d’un parlement quasi monocolore que viendront iriser quelques partis issus de l’opposition et les partillons qu’il a disséminés pour prétendre avoir introduit des jeunes surtout inexpérimentés et renouvelé la classe politique avec du vieux dans les méthodes, et du faux dans la démarche et les visées. Il tentera surtout de faire disparaître de l’hémicycle les députés gênants de l’opposition et ceux de la majorité qui n’ont pas été agressifs à ses yeux face au camp de l’opposition.
Réussir à faire participer l’opposition dans sa totalité, par une prouesse ou un allèchement quelconques qui restent à trouver ; et là aussi il procèdera de la même manière que pour les accords de Dakar dont il s’est défait crânement en renvoyant tous ceux qui protestaient leur disant d’’’aller se lamenter sur leur sort’’ dans la Capitale sénégalaise.
Les nouveaux arrivants seront aux nues, comblés d’avoir été ainsi cooptés et promus par notre argent et s’activeront à ses ordres à décréter la mort de la politique et l’extinction de la ‘’vox populi’’.
Le dialogue qu’il croit avoir ouvert, ne l’intéresse que dans la mesure où il lui permet de réaliser ces fantasmes, en manipulant la nouvelle chambre d’enregistrement comme il a su en 2008 transformer des représentants du peuple en auxiliaires du BASEP pour parachever son coup de force contre un gouvernement civil.
Un homme quel qu’il soit ne peut échapper à son passé. Dans le cas d’espèce il nous éclaire par ses actes sur son avenir dont le reflet dans le rétroviseur de l’Histoire lui renvoie l’image de ce qu’il fût et ce qu’il demeurera pour la vie. […]
[…] Mais, c’est aussi, et nous sommes là pour éclairer là-dessus, la différence fondamentale, entre les élections démocratiques, et transparentes, sans procédés frauduleux, artisanaux ou chimiques qui sont faites pour élire et les coups de force qui sont faits pour rejeter, et exclure.
En fait de démocratie, le système qu’il s’échine vainement à perpétuer est aux antipodes de celle-ci.
Le mandat dont il prétend avoir été investi et que nulle déviation et nulle aspiration, aussi légitime fût-elle, ne doit interrompre est une illusion que démystifie, avant toute autre chose, sa propension personnelle à interrompre les mandats des présidents élus et des magistrats irrévocables, par des coups de force pour les uns et par des décrets arbitraires pour les autres.».
début du Ramadan - une lecture fréquente du Coran par un chrétien (à suivre)
Une lecture fréquente du Coran
par
un chrétien
Bertrand Fessard de Foucault alias Ould Kaïge
jeudi 19 novembre 2009 au . . .
Moi, Dieu, je suis ton Dieu
psaume 50
Ton Seigneur est, en vérité,
le Tout-Puissant, le Miséricordieux
Coran – sourate XXVI Les poètes 68, 104, 122, 140, 175, 191.
Qui peut se soustraire à l’obligation
de vénérer Dieu en parole et en
action ?
Comme il est dit dans le Qoran : Rends grâce,
ô famille de David ; et très peu de mes
serviteurs sont reconnaissants.
Gulistan . introduction . premier dit
Appelle par le nom de ton Maître, le Créateur
Coran . sourate 96 . 1
Bref avertissement
Je réentreprends de lire le Coran, autrement que j’avais commencé de le faire, quelques jours de l’été de 2006, mais avec les mêmes motivations : connaître, comprendre, voir. Et si possible partager et dialoguer autant avec mes amis musulmans – dont j’ai, plus par hasard que délibérément, aperçu la prière personnelle de certains – qu’avec d’autres aux approches chrétiennes ou agnostiques différentes.
Avec mes amis mauritaniens, il y a eu – depuis 2006 – la communion dans l’angoisse, la rage et l’unique voie de pacification intérieure que sont la prière et l’espérance, avec la délbération peut-être des rebonds pour l’action : communion dans l’épreuve d’une année putschiste. L’Islam et son saint Coran sont une structure pour eux, et je souhaite donc la connaître.
S’y ajoute une motivation nouvelle : la dérive de notre époque, pour les grands enjeux comme pour beaucoup de décisions prises par des dirigeants, souvent de bonne volonté mais généralement autistes de leur propre fait ou du fait des structures de chacun des Etats et comportement courant des médias sans mémoire, adulateurs et « people », cette dérive est telle que le besoin de repères et d’autorité morale est urgent, criant. Un certain œcuménisme – par la rencontre de tous les religieux et priants du monde, quelle que soit leur voie, quel que soit leur texte de référence – me semble à la fois nécessaire et possible. Pas des colloques, pas seulement des dialogues de personne à personne, mais la pénétration mutuelle des textes de fond. Personne n’assénant le sien – avec légitimité – s’il n’a pas pris connaissance de bonne foi de l’autre, et si possible avec le point de vue de l’autre, en tout cas avec empathie pour le point de vue de l’autre. But, la prière ensemble, l’avancée ensemble vers le Dieu inconnaissaible et proche.
C’est un abbé de Cluny, Pierre le vénérable (abbé à vingt ans du plus important monastère de la chrétienté à l’époque où finissent d’échouer les Croisades – son abbatiat de 1122 à 1156) qui découvre le Coran à Tolède (les Almoravides, leur ribat de peut-être Nouakchott) et demande à un anglais, archiprêtre à Pampelune, de le lui traduire en latin.
Je lis dans la traduction d’André Chouraqui, rugueuse et rapeuse, mais très mot à mot, dont je peux « contrôler » la précision et l’honnêteté puisqu’il a également traduit la Bible, dont j’ai cinq ou six autres traductions. Elle a été achevée au printemps de 1990. Je l’ai offerte au fils cadet d’un éminent mauritanien, en même temps que je me l’achetais le 28 Juillet 2001, à un retour de Nouakchott où j’avais raccompagné Moktar Ould Daddah et sa femme, rentrant au pays d’un exil de vingt-deux ans…, et, à l’épouse du même éminent ami, j’avais offert celle de Régis Blachère (que je vais me procurer à nouveau – pour parfois comparer avec celle-ci et pénétrer mieux, par conséquent, le texte que je veux parcourir).
Je pense lire le grand texte d’une manière peut-être hétérodoxe, en le faisant selon la chronologie de sa révélation au Prophète – mon mentor mauritanien m’a ainsi fait l’indication de la première en date des sourates, la 96, puis de la dernière.
Chaque matin, je lis les textes de la messe catholique romaine, et diffuse à quelques amis et relations ce que j’en retiens. Phase parmi tant d’autres possibles de la prière. Et de la communion implicite ou explicite. Je m’engage donc à faire de même – sans doute le soir – pour le livre saint de l’Islam.
Amen est le même mot et la même attitude d’âme et d’intelligence – pour le juif, le chrétien, le musulman.
matin du vendredi 20 Novembre 2009
sommaire
96 6
110 7
22 8
76 19
6 11
76 19
89 21
94 22
24 24
66 28
107 30
90 32
82 33
86 37
111 38
103 39
sur Marie 19 40
4 40
110 41
3 42
67 44
77 46
78 48
88 50
92 51
93 52
91 54
81 56
98 57
114 59
113 61
110 63
112 63
109 63
103 65
102 65
27 66
26 72
28 74
41 78
55 80
56 82
57 85
58 87
59 89
60 91
48 101 La victoire . Al-Fath
soir du jeudi 19 Novembre 2009
sourate 96
Je commence cette lecture-recherche-prière par la première sourate dans l’ordre chronologique de la révélation – 612 après Jésus-Christ – , selon ce que m’a appris mon mentor, je continuerai demain par la dernière. Titre selon mon mentor : Le caillot adhésif, et pour Chouraqui La goutte. Donc, la sourate 96. Commencer ainsi que la Bible par la Genèse, mais celle-ci n’est pas cosmogonique, elle est humaine, il s’agit bien de la conception d’un être humain. Le Coran, lui aussi, mais prenant l’homme comme début et comme acquis, sans contexte, et dans son rapport de créé avec le créateur, débute sans préalable et hors du temps, sans aucune étape : directement la créature, le créateur. Il crée l’humain d’une goutte. Un Seigneur qui est créateur, qui est magnanime. (Je traduis Rabb, mot qui évoque Rabbi, par maître ou Seigneur – ai-je raison ?). Pas de récit de la « chute », de la tentation, du péché. Mais aussi directement et abruptement, l’attitude humaine de révolte : l’humain transgresse, il se voit opulent. Pas du tout le mythe de l’arbre de la connaissance ou de la vie, mais le portrait d’un être humain possédé par l’illusion. Le Coran est dépouillé, dépouillant.
Le style est au dialogue, ou plutôt à une adresse de Dieu à l’homme. A l’homme qui regarde un autre homme : vois-tu ? Et au conseil pastoral : qu’il implore son clan ! et prudent : ne lui obéit pas, prosterne-toi, approche ! Toute puissance de Dieu pour faire le parcours des hommes : ne sait-il pas qu’Allah voit tout ? le frémissement.
. . . évidence du style direct, d’un accompagnement précis et non pas d’un récit didactique d’apparence parfois naïve ou romanesque, d’allure historique ou biographique comme se présente à première lecture la Bible. Le Coran supposerait-il – au moins dans l’esprit du Porphète – l’assimilation antérieure et préalable de la Bible, dont il serait l’accompagnement pédagogique et spirituel, les travaux pratiques ? Piste qui m’apparaît…
Le retour appartient à ton Maître. Tout notre mouvement spirituel vient de Dieu et y aboutit. Des uns et des autres, nos sœurs et frères en humanité, que savons-nous d’eux vis-à-vis de Dieu et de la foi, l’agnosticisme-même est une foi, pas plus rationnelle que l’adhésion… vois-tu s’il renie ou se détourne ?
soir du vendredi 20 Novembre 2009
sourate 110
Je continue ma lecture par la dernière sourate dans la chronologie de la Révélation (selon Chouraqui, celle-ci se donna en vingt-trois ans). Donc Le secours : pédagogie du guide et accompagnateur spirituel que de titrer chaque sourate. Les titres des livres de la Bible, dans l’Ancien Testament, ne sont pas toujours évocateurs, et ceux du Nouveau renvoient à un auteur. Rôle de la mémoire plus explicite – pédagogie encore – que dans le judéo-christianisme (la première sourate, la 96, inculquée à Mahomet par une étreinte de l’ange Gabriel, faute que le Prophète ait pu lire).
Echo lumineux à ce retour, dont la présente sourate est la définition. Le Coran est donc commencé par la gestation humaine et abouti par ce retour qu’est la victoire divine et en fait un embrasement de toute l’humanité dans la foi. Quand le secours d’Allah vient avec la victoire, tu vois les humains entrer en masse dans la créance d’Allah. S’adresser constamment et directement au croyant, le Coran manuel de la foi, guide du rapport personnel à Dieu.
Glorifie la désirance de ton Maître, fais-toi pardonner. Est-ce le désir qu’a Dieu de notre foi et de notre amour ? est-ce notre propre désir ? l’attrait mutuel du créateur et de la créature. La mise en ordre de nos consciences, de nos vies. Le désir, émergence originelle de notre liberté, de notre âme. L’attrait de Dieu aussi. Tandis que cette recommandation d’avoir à solliciter le pardon, est un exercice réfléchi, fondamental, celui de la maturité spirituelel.
Le voilà, c’est le Retour. Parousie, nouvelle venue, il y en a eu une auparavant. Rien dans cette sourate ultime de la Révélation, rien non plus dans la première reçue qui s’oppose au christianisme, au contraire.
Secours, vision, action de tout l’homme spirituel : le désir, la demande. Deux pas de Dieu vers l’homme, deux pas de l’homme vers Dieu. Retour ? plus encore, réunion, union.
soir du samedi 21 Novembre 2009
Préparé ma lecture au préalable, en constituant la table de concordance entre la numérotation « canonique » – je ne sais comment dit le musulman – et l’ordre chronologique de la révélation ou de la proclamation. Ce travail a souvent dû être fait avec en sus des dates précises, et aussi la distinction entre ce qui fut dit à La Mecque, et ce qui l’a été à Médine, et enfin des redites d’une sourate à l’autre. Mon présentateur-traducteur (Chouraqui – mais je veux aussi me fonder sur Régis Blachère que je me procurerai, et j’attends la traduction qui m’importe le plus, celle du mauritanien Mohamed El Moktar Ould Bah, ministre de Moktar Ould Daddah, dans les premiers mois du gouvernement issu de la Loi-Cadre : je l’ai croisé sans encore vraiment faire sa connaissance et j’avais assisté à quelques moments du procès des « dissidents » dont il était l’un des plus éminents, l’été de 1965, deux ans après leur retour inopiné à Nouakchott, en plein premier congrès ordinaire du Partit : autorité morale, littéraire et scientifique pour mes amis, ce dont je ne doute pas), mon présentaeur actuel donc se trompe parfois dans cet ordre et j’aurai donc des conjectures à résoudre. Ainsi la Génisse (la sourate 2 – la plus longue) n’est pas située dans l’ordre chronologique, mais elle est la première donnée à Médine, alors que Mahomet est désormais chef d’une religion établie, mais qu’il espère encore rallier Juifs et Chrétiens. Je projette de ne la lire que vers la fin de mon parcours comme les 3 et 4, à peine moins longues. Mais je remarque la 22 – 103ème dans la chronologie, Le pèlerinage, présentée (ainsi que trois autres) comme « les cheminements de l’homme sur le sentier d’Allah » ; je l’aborderai comme la proposition de vie spirituelle. Et demain la 76 – 88ème dans la chronologie, L’humain, consacrée au temps : « penser que seul le Temps personnifié, détruit est une erreur, comme tout ce qui substitue les idoles à Allah, le seul vrai souverain. Le Temps est créé, il a son mystère, mais il n’est pas plus éternel que l’Espace ou la Matière, créatures éphémères : seul Allah est éternel, transcendant ». Je repère aussi que la 3 est un dialogue consacré à la question qu’oppose le chrétien au musulman : la relation entre Islam et christianisme, en chronologie. Un prophète après Jésus-Christ…j’ai toujours été interrogé d’ailleurs sans que la réponse me soit donné en exégèse par ces mentions, à trois ou quatre reprises, dans les évangiles du « grand prophète qui doit venir ». Un évêque venu tout exprès rencontrer Mahomet (ce qui serait à rapprocher de cet entretien entre l’empereur Comnène ou Paléologue et un musulman, dont Benoît XVI fit trop abruptement le thème de son audience à Ratisbonne). Enfin, pour après-demain, Il se renfrogne, le Prophète interrompu dans son prêche par un aveugle et le rabrouant, puis regrettant ensuite de l’avoir rabroué…sourate 80.
. . .
sourate 22
Donc, Le pèlerinage … une escathologie, un discours apocalyptique comme ceux du Christ donnant la parabole du figuier, de la météorologie, avertissant sur l’heure et le jour, sur la soudaineté, sur l’imprévisibilité et l’inexorabilité absolues. Le le séisme de l’Heure sera grandiose, le jour où vous verrez toute nourrice plaquer son nourrisson et toute porteuse d’un faix plaquer son faix. Tu verras les humains ivres, n’étant pas ivres : le supplice d’Allah sera inexorable. Présentation de ceux qui suivent tout Satan révolté. La Bible ne le présente pas autrement, mais ici c’est dit plus lapidairement : Voici, il fourvoie qui le suit et le guide vers le supplice du Brasier. Mais le Prophète ne s’attarde pas et ne nous arrête pas à la catastrophe cosmique ou à l’égarement personnel. La Résurrection est proclamée avec force : vous qui êtes dans le doute pour la Résurrection, voici … démonstration que n’avait pas osée l’Ancien Testament, ne commençant à l’évoquer que dans le livre de Job, et qui évidemment, étant le point central du Nouveau Testament, ne présente pas du tout la Résurrection en termes de foi ou de philsoophie, mais comme un fait fondateur, la propre résurrection du Christ. En revanche, le Prophète a les accents et la plume du psalmiste pour deux images décisives qu’il développe davantage que son lointain prédécesseur. Parmi vous, certains trépassent, d’autres descendent à la décrépitude de l’existence : après avoir su jadis, ils ne savent plus rien. Et l’autre, où nous sommes pris à témoin, à témoin par Dieu Lui-même, l’un des tons, des modes du Coran qui m’a aussitôt captivé : tu vois la terre s’éteindre, mais, quand nous lui faisons descendre de l’eau, elle s’ébroue, se gonfle et produit tous les couples splendides. Conclusion qui est de communion entre musulman et chrétien : Parce qu’Allah est la vérité : le voici, Il ressuscite les morts, le voici, puissant sur tout. Le Coran use aussi du terme : Relèvement, je le suppose synonyme de résurrection.
Le terme présenté, l’échéance aussi, voici les types d’incroyants ou d’incrédules : certains contestent Allah sans savoir… dodelinant du flanc pour fourvoyer loin du sentier d’Allah. … certains servent Allah, par à-coups : quand le meilleur leur échoit, ils en jouissent, mais, quand l’épreuve survient, ils détournent leurs faces. Ils perdent ce monde et l’autre : voilà leur perte évidente. Le Prophète raisonne en logique, avec une image audacieuse, et toujours sa pédagogie de l’apostrophe directe de l’auditeur, du lecteur, comment ne pas le suivre ? qui imagine qu’Allah ne l’aide pas en ce monde ni dans l’autre, qu’il accroche une corde aux ciels, puis la coupe. Il guettera si son stratagème dissipe ce qui l’irritait.
Deux conclusions. La première sur Dieu, à laquelle adhérer évidemment, elle est en tryptique : Allah fait ce qu’il veut …Allah guide qui il veut … voici Allah : il est le témoin de tout ! La seconde me passionne puisqu’elle est mon interrogation-même quoique j’en cultive la réponse (tous sauvés, pécheurs et moins pécheurs, et tous croyants, selon la religion et les rites reçus nativement ou en chemin, conversion de l’une à l’autre comprise) : Voici ceux qui adhèrent, ceux qui judaïsent, les Sabéens (les descendants et les disciples de la reine de Saba ?), les Nazaréens, les Mages (les étrangers, ceux de saint Luc) et ceux qui associent. Voici, Allah les départagera, le jour du Relèvement.
Prions pour y arriver et y être tous ensemble, chacun selon notre chemin mais manifestement comme ils se ressemblent ! ces chemins, ceux de l’incrédulité ou de la pusillanimité ou de l’inconstance, ceux de la foi, et le point de passage vers l’éternité est bien identifié dans les mêmes termes et la même lumière : la Résurrection, opérée pour chacun par Dieu-même. – Il est en revanche à pressentir que la lecture que je commence, ne départagera rien. Le Prophète lui-même, en fin de cette sourate, laisse le débat ouvert, donnant à Dieu de le conclure. Allah les départagera, mais à entendre Dieu, le Coran est tenu, par lui-même, pour décisif : ainsi, nous l’avons fait descendre en signes évidents. Avec l’affirmation d’expérience qui est aussi chrétienne : la foi est donnée, Oui, Allah guide qui il veut. Amen.
soir du dimanche 22 Novembre 2009
sourate 76
Choisi depuis hier cette sourate, thème le temps, selon mon présentateur. Elle fait écho d’emblée à la première que j’ai lue (La goutte) : Nous créons l’humain de sperme mêlé. Nous l’éprouvons le faisant entendre et voir. Avant même le temps, L’humain. Etait-il un temps où l’humain n’était pas mentionné ?
Le Prophète insiste sur l’accompagnement divin de toute vie, sur tout chemin. Retrouver, au moins dans les psaumes, cette même expérience-constatation d’une constance divine à nous entourer, et à considérer la vie comme un mouvement sur un chemin, et non comme une posture statique, défensive, acquise. Nous le guidons sur le sentier qu’il reconnaisse ou qu’il efface Allah. J’aime cette traduction de ce que je ne sais quel terme littéral de l’arabe pour effacer. Ce qui suppose et fait voir une action voulue positivement par l’homme, attitude qui n’est pas de refus mais de reniement. Le psaume du berger et de la table mise est ici aussi : Voici, les lumineux boiront à la coupe parfumée camphre, source jaillissante où boivent les serviteurs d’Allah, ô jaillissements. Thème également biblique de la source jaillissante. Les pauvres, les orphelins, les captifs. Véritable décalque et ambiance analogue, inspiration unique. Rétribution divine : ils s’acquittent de leur vœu, craignant le jour où le mal universel sera déployé…Mais Allah les protège du malheur de ce jour, il leur offre l’éblouissement, l’allégresse. Thème de la lumière qui est différent de celui de la Bible où il n’est que la lumière primordiale, la lumière de Dieu : pour le Prophète, il y a la luminescence humaine, le don de la lumière.
Description que nous n’avons pas d’un paradis précis, imagé, poétique. Il les rétribue dans un jardin, parés de soieries, accoudés sur des trônes d’où ils ne craignent soleils ni gelées. Sous les ombrages, des fruits leur seront humblement offerts, circulant parmi eux sur des plateaux d’argent et dans des calices de cristal, de cristal et d’argent harmonieusement ouvragés. Ils seront abreuvés, là, dans des coupes aux mélanges de gingembre, auprès d’une source au nom de Salbsabil. Ce nom est-il en géographie ? qu’évoque-t-il pour l’Arabe, le musulman ? Parmi eux circulent des éphèbes immortels : les voyant, tu les prendrais pour des perles serties. Les voyant, tu verrais le ravissement du grand royaume. Ils portent des vêtements de soie verte, des brocarts, et sont parés de bracelets d’argent.
Si l’image diffère de celle de la Bible, plus sensible à l’union nuptiale de la créature avec son créateur, le concept de rétribution et son application en termes de destinée est le même. La recommandation de fidélité, après la Pâque et la sortie d’Egypte, est donnée en des termes analogues : ceci est un mémorial. Qui le décide prendra le sentier de son Maître. Et c’est l’expérience ensemble du mystère de la grâce et de la liberté. Ce sentier, vous ne le déciderez qu’autant qu’Allah le décidera… Il fait pénétrer en sa grâce qui Il décide.
Au passage m’est donné l’un des exergues de mon livre, en gestation, sur la France et son prince régnant : ceux qui aiment l’éphémère s’aliènent le jour grave.
soir du lundi 23 Novembre 2009
sourate 6 1 à 12
Ce semble une apostrophe à l’incrédulité. Arguments déistes : Il crée les ciels et la terre, il met les ténèbres et la lumière, arguments spiritualistes : lui, il vous crée et vous fixe un terme, un terme ixé par Lui. Vous en doutez alors ! … Ils avaient déjà nié la vérité, quand elle est venue à eux, mais bientôt l’inspiration dont ils se raillaient, leur sera donnée – et arguments historiques : ne voient-ils pas combien nous avons détruit de générations avant eux ? Nous les avions fortifiés sur terre plus que nous ne vous avions fortifiés, nous leur avons envoyé, des ciels, l’abondance, et nous avons mis les fleuves qui, sous eux, courent. Nous les avons détruits pour leurs crimes, et nous avons fait naître, après eux, d’autres générations. Ici apparaît une différence essentielle entre la pédagogie biblique et celle du Prophète. La Bible se fonde sur la parabole historique – vêcue par les Hébreux – de la sortie d’Egypte, avec les pérégrinations, les infidélités et les retours à Yahvé qui ont suivi celle-ci ; elle articile le Nouveau Testament sur l’accomplissement de l’Ancien, tandis que l’Ancien détaille à la fois l’attente du salut et les raisons toujours antérieures et ancestrales d’y croire, jusqu’à l’acte de foi décisif inaugurant tout : celui d’Abraham. Abraham ancêtre commun dans la foi monothéiste. Le Prophète s’appuie moins sur l’histoire vêcue que sur la logique humaine d’une part et la révélation de la transcendance divine. Mais il rejoint la maieutique du Christ à propos des signes donnés aux incrédules, sans que ceux-ci en soient ébranlés. Il ne leur est jamais donné de Signe, parmi les Signes de leur Maître, sans qu’ils soient à s’en détourner. … Si nous avions fait descendre à toi un écrit sur parchemin et qu’ils l’aient touché de leurs mains, ceux qui effacent Allah auraient dit : « Ceci n’est que sorcellerie évidente ». Le Prophète comme le Christ, révèle, mais – au contraire de celui-ci – il ne prétend pas être par lui-même, en lui-même, parole de Dieu, signe-même de Dieu. Le Prophète n’est que prophète même s’il clôt tout cycle de la révélation (du moins à ce qu’il me semble avoir entendu jusqu’à présent de l’Islam, il se peut que je trouve l’amorce d’une attente et d’un autre à venir, dans la suite de cette lecture).
C’est cependant cet argument qu’examine le Prophète, que fait examiner le Prophète : Ils disent : « Si un messager descendait sur lui ! ». Or si nous faisions descendree un messager, ils n’attendraient plus rien : leur affaire serait réglée. Suit un verset troublant – le premier qui m’atteint à ce point, je ne sais si je le lis correctement (mais lire correctement ce que je lis, est-ce lire selon une éducation coranique traditionnelle ? ou en chrétien ? et puis-je lire n’étant ni chrétien ni musulman ? puis-je approcher un texte présenté comme révélé – la Bible est plutôt dite : inspirée - ? je lis simplement…). Si nous avions fait un messager, nous l’aurions fait homme, et revêtu de ce dont ils se revêtent. Donc littéralement l’incarnation ! De qui ? à lire et comprendre, ce ne peut être que le Fils de Dieu, et le passage induirait non seulement l’Incarnation, mais la Trinité… je vais loin.
Contrairement à la Bible qui met en avant – comme le Christ dans l’Evangile, prophétisant sa propre mort à l’instar des prophètes l’ayant précédé – le mauvais accueil des envoyés de Dieu par les Juifs, la Bible qui nous fait voir un peuple dévoyé, le Prophète au contraire souligne ce qu’il arrive à ce peuple : le châtiment des mécréants : Marchez sur terre et contemplez alors le châtiment des menteurs. La punition est tout simplement la logique-même du refus de croire : ceux qui se perdent, les voilà, ceux qui ne croient pas ! je note d’ailleurs, ce qui – je crois – récurrent dans toute la révélation du Prophète, un universalisme au discours direct, alors que la Bible s’adresse originellement à un peuple particulier, lequel – infidèle – se voit substituer l’universalité, pour être dans d’autres moments soit historiques, soit dialectiques, « le petit reste ». La Bible est au départ ethno-centrique, elle se fonde sur la foi d’Abraham et prescrit à ses descendants de ne pas risquer les contagions du paganisme. Au contraire, l’Islam se veut propagateur. Mouvement qu’aura le christianisme – avant lui - et qui n’était pas le principal du germe de l’Ancien Testament.
soir du mardi 24 Novembre 2009
Aisance et plaisir. Un enseignement qui me semble plus proche de l’accompagnement spirituel que d’une révélation dogmatique. Une psychologie qui n’est de l’homme ni de Dieu. L’homme n’intéresse que selon sa foi ou son désir, et Dieu ne pouvant se dire, sinon par Lui-même. Se dire par un autre ? Le Prophète ne dit pas Dieu, il lui prête sa bouche. Psychologie pourtant : celle de la relation. De la relation que Dieu demande à l’homme d’avoir avec Lui radicalement et sans partage. De la relation qu’a l’homme avec Lui : relation donnée, reçue, gratuitement. Sans qu’a priori se pose la question de l’élection ni de l’homme par Dieu (humanité, création ou personne individualisée), ni de Dieu par l’homme.
sourate 6 13 à 32
Si Allah te touche par une calamité, nul ne t’en délivrera, sinon Lui. S’il te touche par un bonheur, il est puissant en tout. C’est l’un des thèmes du psalmiste. Le texte se présente soudainement comme une objurgation dont le Prophète n’est qu’un truchement : dis et c’est répété six fois. L’unicité de Dieu, unique référence : ceux qui y perdent leur être n’adhèrent pas à Lui. Qui fraude plus que l’inventeur d’un mensonge contre Allah, ou d’un mensonge contre ses Signes. Illogisme foncier de l’incrédulité et du refus de croire : contemple comme ils mentent contre eux-mêmes, ils se fourvoient loin de ce dont ils se languissaient… ils ne font dépérir qu’eux-mêmes. Et le refus de croire qu’est-ce ? ils disent : « il n’y a que notre vie en ce monde ! Nous ne serons pas rappelés ! » … Ceux qui nient la rencontre d’Allah sont déjà perdants. Le raisonnement du Prophète n’est pas seulement fondé sur le jugement final, sur la fin du monde, sur la révélation que manque l’incroyant : ce qu’ils dissimulaient naguère leur sera montré, il tient à la nature-même du refus de croire. La Bible, le judaïsme, le christianisme situent la foi comme un problème, celui de croire en une parole, en une promesse, en un don de Dieu, tandis que l’Islam prêché par le Prophète, crié et proféré par le Prophète montre ce qu’est la foi par son contraire. Jusqu’à présent, je rencontre davantage une adresse à ceux qui refusent de croire, plutôt qu’aux croyants. Le Prophète s’intéresse et va aux récalcitrants. Et ceux-ci ne le sont pas vis-à-vis de lui, de sa mission et de ses paroles, ils sont récalcitrants directement et explicitement à Dieu. Le refus de croire est une dramatique erreur, aux conséquences lourdes pour l’avenir, et surtout il manque dès à présent de fondement : ils ne font dépérir qu’eux-mêmes et ne le conçoivent pas. Refus qui peut aussi bien être une contestation : s’ils voient un signe, ils n’y adhèrent pas. S’ils viennent vers toi, ils te contestent. Ceux qui effacent disent : « Oui, ce ne sont que racontars de primitifs ! » que le polythéisme, ce qui amène à la profession de foi décisive qui en est le contraire : témoignez-vous de ce que d’auprès d’Allah, il existe d’autres Ilahs ? ». Dis : « Je n’en témoigne pas ». Ainsi, la foi est le refus du refus de Dieu.
Si le Coran se distingue par cette dialectique, en revanche ce que je suis en train de lire a textuellement des accentrs bibliques, et même évangéliques : parmi eux, il en est qui viennent t’écouter, mais nous avons sur leur cœur une gaine pour qu’ils ne le comprennent pas. Tandis que le croyant s’ancre en logique : Changerais-je d’Allah, prendrais-je un autre protecteur, Lui, le fendeur des ciels et de la terre, Lui, le nourricier, le non nourri. … Eh quoi ? la vie de ce monde n’est que jeu, divertissement. L’Autre st meilleure pour ceux qui frémissent ! Ne le discernez-vous pas ? Apport à la présentation biblique de la résurrection et du « jugement dernier » : le jour où nous les rassemblerons tous. Pour la Bible et le chrétien, le rassemblement et l’unité se travaillent dès ici-bas, il semble que pour le musulman ce soit plutôt un aboutissement ultime.
Si l’on admet que le Prophète n’a rien écrit lui-mêle mais que tout a été recueilli de mémoire par ses disciples pour n’êrre consigné par écrit qu’après sa mort, comment comprendre le verset 20 : ceux à qui nous avons donné l’Ecrit le connaissent, comme ils connaissent leurs fils ? et qui sont ceux auxquels il s’adresse ? Les païens ? il semble que le commentaire autorisé assure que sont visés juifs et chrétiens. Ce n’est pas pour autant ue déclaration sur des incompatibilités religieuses ou des hiérarchies dans la fidélité à une révélation ou à une proclamation. D’ailleurs, l’Ecrit peut fort bien être la Bible elle-même, et non le Coran encore à naître. Disputer cela n’avance guère spirituellement.
Question que pose la traduction de Chouraqui : les associateurs ? Ne soyez pas des associateurs 14, ou bien : où sont vos associés, ceux que vous étiez à revendiquer ? 22
Je reste ce soir sur l’assurance de la résurrection (a contrario, les incrédules, nous ne serons pas rappelés) 29, sur la perspective que le dernier jour est celui du rassemblement 22, enfin sur l’évocation de la rencontre d’Allah avec cet accent analogue à celui du psalmiste : voici son ordre pour moi, que je sois le premier de la pacification 14.
soir du mercredi 25 Novembre 2009
J’ouvre plusieurs index : les mots-thèmes (Autre, Signe, Ecrit, Relèvement…), les récurrences bibliques (surtout dans les psaumes quand ceux-ci sont une apostrophe directe). A vérifier dans la chronologie des sourates, l’hypothèse d’un départ du ministère prophétique, comme un rappel à l’ordre, sans prétention dogmatique, et encore moins sans hostilité au judéo-christianisme, une sorte de réformation, d’exhortation à un retour aux sources, à une pureté de foi. Dieu seul… A partir de quand le Prophète ne comba-t-il plus seulement le refus de la foi ou le manque de zèle (quoique ma lecture jusqu’à présent me centre davantage sur la foi que sur les oeuvres ou le comportement, de comportement au fond que spirituel) mais s’attaque-t-il à l’erreur, au polythéisme, donc à la foi chrétienne, la Trinité. Il y aurait d’ailleurs à voir que le dogme trinitaire et ses définitions n’ont pas été immédiats dans l’histoire de l’Eglise, même si – pour le chrétien – la Trinité est implicite, dès les premiers versets de la Genèse, le Christ ne faisant que l’affirmer et la révéler en Sa personne-même. Pourquoi le Prophète en voudrait-il aux juifs et aux chrétiens, s’il n’est que réformateur ? pour les mêmes raisons ? ne pas le suivre, lui ? alors même que son message est parfaitement acceptable par ceux-ci. A quel moment et pourquoi la rupture se produit-elle ? sur quoi ? importance de la lecture chronologique.
sourate 6 33 à 73
Tribulations du Prophète – ce qu’ont notamment subi Elie, après lui Jérémie et que rappelle Jésus . Déjà les Envoyés, avant toi, furent traité de menteurs par ceux qui persévéraient dans leurs mensonges et leurs persévutions… leur répulsion est pesante pour toi… mais déjà l’inspiration des Envoyés t’arrive… déjà nous avons envoyé, avant toi, des messages aux matries… au contraire, leur cœur s’endurcit : le Satan embellit pour eux ce qu’ils font. Belle description du travesti opéré sur ceux qui refusent de croire. Argument répété sur l’un des empêchements à la foi : que leur être ne se perde pas en ce qu’ils acquièrent… ceux-là sont perdus par ce qu’ils ont acquis. Pénétration psychologique.
Place des prophètes dans le ministère : nous n’envoyons d’envoyés qu’en annonciateurs, en alerteurs. Le Prophète se met en scène : Je ne vous dis pas : « Je suis un messager » - je ne suis que ce qui m’est découvert 50. … Je n’ai pas ce que vous revendiquez de moi 57… Ah, si j’avais ce que vous revendiquez de moi, l’affaire serait décidée entre vous et moi. Allah connaît bien les fraudeurs 58… Je ne vous dis pas : « les trésors d’Allah sont à moi ! », je n’en connais pas le mystère 50. Humilité et accent indubitable de sincérité. Et constat qui va loin, y compris dans la relation dialectique et historique de l’Islam avec le judéo-christianisme : A toute prophétie, son temps : vous le saurez ! 67 Quelle est la mission du Prophète? Alerte ceux qui craignent d’être réunis à leur Maître : hormis Lui, pas de protecteur ni d’alerteur… Contemple comme nous déclinons les Signes. Peut-être comprendront-ils ?Allah comme Yahvé, Dieu dans la Bible, Dieu dans le Coran soutient son prophète, le maintient dans une interrogation positive devant ceux qu’il cherche à convaincre, avec même des trouvailles pédagogiques pour Mahomet : quand tu vois ceux qui contestent nos Signes, écarte-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils contestent sur un autre sujet 68, …ne t’asseoie pas avec le peuple des fraudeurs (cf. psaume I)… détourne-toi de ceux qui prennent leur foi pour jeu et divertissement 70.
Allah s’adresse directement à son Prophète : Quand viennent à toi ceux qui adhèrent à nos Signes, dis : « paix sur vous… que celui de vous qui agit mal par ignorance puis retourne ensuite et se corrige… Ne repousse pas ceux qui implorent leur Maître, matin et soir, voulant sa face (formulation biblique par excellence : rechercher la face de Dieu). Leur compte ne te concerne en rien, et ton compte ne les concerne en rien. En les repoussant, tu serais parmi les fraudeurs. Dans ma première compilation du Coran, seulement visuelle et pour les introductions, afin de me donner une chronologie approximative de la proclamation des sourates, repéré celle intitulée Il se renfrogne (80) le Prophète s’irrite contre un interrupteur de son prêche, un aveugle… est lui-même pris de troubles oculaires et de vertiges et doit se repentir. Nous éprouvons ainsi les uns par ce que nous donnons aux autres, pour qu’ils disent : « N’est-ce pas ceux d’entre nous qu’Allah comble ? » Allah ne connaît-il pas mieux ceux qui le reconnaissent ?53 Merveille de psychologie de la vie courante de gens censés pieux et remplis du sens de Dieu.
Ce dialogue de Dieu avec son envoyé, et du Prophète avec ceux qu’ils veut convertir, donne aussi un enseignement sur Dieu-même. Lui, l’Invincible… leur maître de vérité… Lui, le meilleur des décideurs … à lui, le Royaume, Lui, le connaisseur du mystère et du témoignage, Lui, le sage et l’informé. Souveraineté de Dieu : c’est Lui que vous appelleriez : il élimine ce pourquoi vous l’appelez, s’il le décide… Voyez-vous, si Allah prenait votre ouïe, votre vue et scellait votre cœur, quels Illah, sauf Allah, vous les redonneraient-ils ? Et nous mène à deux événements. La commune origine textuellement, la Genèse : Le jour où il dit : « Sois ! », c’est ! Son Verbe : la vérité 73. La communion de la vie éternelle : Oui, élevez la prière, frémissez d’Allah, lui, vers qui vous serez rassemblés.
le même soir encore . mercredi 25 Novembre 2009
Après ma lecture…
Prier mieux avec le Coran qu’avec l’Evangile ? les deux ne sont pas du même ordre. Le Coran rend le sens de Dieu, la Bible donne le fait de Dieu et y mène. Et le fait est une tradition riche et complexe. Dieu dans l’histoire, Dieu fait homme. Le christianisme met Dieu à la poprtée de tout homme, de toute créature, puisque Dieu entre Lui-même dans sa création, avec le sort des mortels, et tout ce que permet l’anthropomorphisme auquel la Bible dans l’Ancien Testament est déjà si encline. Dieu à notre portée, tandis que l’Islam ne nous offre que sa transcendance et l’incitation à la seule attitude qui vaille qui n’est pourtant pas l’adoration, mais la foi, une foi qui est reconnaissance du fait divin dans toutes ses implications pour la destinée humaine, celle-ci dominée par le choix de croire ou le refus de croire. Et le judaisme n’offre que l’attente, la promesse. Islam et judaïsme ne conçoivent le contact avec Dieu que selon la bonté et la magnanimité de Celui-ci : Dieu s’approche de l’homme gratuitement ; le christianisme n’enseigne qu’un fait, historique, l’incarnation, Dieu mort et ressuscité en tant qu’homme. Le parcours humain vêcu par Dieu. Pour le chistianisme, le péché n’est pas fondamentalement le refus de croire, c’est à l’intérieur de la foi le manque d’amour et le repli sur soi. L’Islam fait du refus d’adhérer à Dieu, ce péché contre l’esprit, dont le Christ dit qu’il est le seul à ne pas être pardonnable. Pour le chrétien, il y a la majuscule pour l’Esprit. Le judaisme est un comportement, un rite comme pour tromper/meubler une attente, du moins est-ce ainsi que je le comprends à travers l’Ancien Testament mais sans avoir jamais dialogué religion avec un pratiquant juif. Comportement pour manifester une liberté et la garantir.
L’Islam est le sens de Dieu, mais probablement pas de l’histoire. Le christianisme est la possibilité du dialogue entre l’humanité et Dieu, « les noces de l’agneau ». Vérifier si le Coran a une spiritualité sponsale, qu’a aussi le judaisme (pas seulement dans le Cantique des cantiques). Vérifier si le Coran a le vocabulaire de l’amour – non du désir : le désir n’est que préalable et mouvement de rencontre – mais l’amour est sollicitude, prédilection, attention.
Enfin, apport très original du christianisme : l’Eglise, dans la ligne spirituelle des épousailles humanité/Dieu. Différence avec la réalité du peuple juif, ou de l’Ouma des croyants ?
Enigme enfin qui va à l’encontre des explications historicisantes de l’Islam, né par afadissement ou querelles intestines du judaïsme et du christianisme dans la péninsule arabique. La force de l’Eglise aux premiers siècles est situé géographiquement dans ce qui sera l’aire d’expansion de l’Islam à son origine : les pays de saint Augustin (le Maghreb), de Cyrille d’Alexandrie et de Cyrille de Jérusalem, ces deux derniers ne précèdent Moahomet que d’un siècle et demi. C’est peu et ils furent les énonciateurs des dogmes décisifs : Dieu fait homme, la Trinité.
le matin du jeudi 26 Novembre 2009
Le Coran, sans récit ni événement, sans mémoire événementielle. Un exercice de contemplation ? car aucune action contre les infidèles ou un quelconque prosélytisme ne sont explicitement recommandés, du moins au point où j’en suis. Le journal d’Amiel, passionnant, onze volumes de quinze cent pages chacun, et il ne s’y passe rien. Une nuit d’amour en tout et pour tout, quelques épisodes de la révolution de 1848 dans le Valais qu’il n’a jamais quitté, sensations au cours des bains de riviière, discussion des homélies du pasteur. Plus de cinquante ans de vie sans sortir d’un rayon d’une cinquantaine de kilomètres, aucun événement, et c’est passionnant.
Le soir, le Coran, le matin, les textes de la messe catholique. Le matin, la prière explicite, le soir je passe d’une curiosité originelle au consentement d’être enveloppé d’une conception de Dieu, qui est une expérience véritable, et certainement inspirée, de Dieu. Les deux moments s’éclairent mutuellement.
soir du jeudi 26 Novembre 2009
sourate 6 74 à 110
Voici le Prophète disant l’histoire d’Abraham (Ibrahim pour le Coran a un père : Azar, avec lequel il discute). Bien autrement que la réponse à un appel divin : Va, quitte ton pays (donner les citations dans le Genèse), Ibrahim fait sécession. Je te vois, toi et ton peuple, ans un fourvoiement évident… O peuple, je renie ce que vous associez ! Me voici, je tourne ma face en fervent, vers celui qui a fndu les ciels et la terre. Le ton monte entre Ibrahim et ses compatriotes : Argumenterez-vous contre Allah qui me guide ? … Lequel des deux partis est-il le plus vrai en foi ? Ah, si vous saviez ! Ayant fait parlé Ibrahim, Mahomet fait parler Dieu qui énumère la descendance de notre père dans la foi, nom par nom, la génalogie bblique d’Isaac à Loth : nous les avons tous fait surabonder davantage que les univers. Parmi leurs pères, leurs descendants et leurs frères, nous les avons choisis et guidés sur un chemin descendant. 87.
Commentaire du Prophète sur cette généalogie : il guide qui il décide parmi ses serviteurs. Et entrée en discussion directe sur les Ecritures judéo-chrétiennes. D’abord l’Ecriture selon les Juifs, l’Ancien Testament des chrétiens : Qui a fait descendre l’Ecrit avec lequel Moussa est venu, lumière et guidance des humains en ? Vous l’écrivez sur des parchemins pour l’exposer, mais vous en cachez l’essentiel. Maintenant vous connaissez ce que vous ne saviez pas, vous, ni vos pères 91. Est-ce à dire que le Prophète apporte un nouvel Ecrit ? Voilà l’Ecrit que nous avons fait descendre pour que tu alertes la Mère des Cités. Le Coran et La Mecque, certainement selon les musulmans et mon traducteur. Ce n’est pas pour moi évident. Mahomet n’écrit pas, parce que l’Ecrit décisif lui est antérieur, la Bible, mais – lui, par sa prédication et sa présentation insistance de la transcendance divine – en donne le sens. Dépouillez-vous de vos êtres. Aujourd’hui, vous êtes rétribués par le supplice de l’humiliation, pour avoir dit contre Allah la non-vérité, et pour vous être enflés hors de ses Signes.
Discours positif en forme de louange totale, un véritable psaume d’action de grâces pour l’univers et pour la vie. Il fait sortir la vie de la mort, et sortir le mort du vivant. Voilà Allah ! Où vous détournerez-vous ? … nous distinguons des Signes our le peuple qui sait… Nous distinguons ainsi les Signes pour qu’ils disent : « Tu asd étudié pour que discerne un peuple qui sait ».
Et éléments de discussion contre les chrétiens : formateur des ciels et de la terre, comment aurait-il des enfants, n’ayant pas de compagne ? Il crée tout, Lui, savant en tout 104 Deux portraits spirituels saisissants : celui de Dieu lui-même, les regards ne l’atteignent pas mais Il atteint, Lui, les regards 103, Lui, le subtil, l’informé. Celui du croyant : qui est illuminé l’est pour lui-même, mais qui est aveugle l’est contre lui-même 104.
Conclusion pour l’ensemble à convertir : ils jurent par Allah, solennité de leurs serments, que, si un signe leur parvenait, ils adhèreraient à Lui. Dis : « Les signes sont chez Allah seul ! » Qui nous fait supposer que, s’il venait, ils n’adhèreraient pas. Attente et hantise du signe chez les Juifs, restitution à un rang anecdotique selon le Christ : au déploiement de signes, pas de mouvement brownien. Ert pour les récalcitrants, rien qui soit de main ou de jugement d’homme : nous les abandonnerons à leur rébellion qui les aveugle.
soir du vendredi 27 Novembre 2009
Je poursuis la lecture priée de la sourate 6 dite Les troupeaux – en la fête d’Id al-Adha (la fête du sacrifice). J’apprends (par le site Un écho d’Israël… faute de connaître déjà un site, francophone, sur l’Islam : il en existe certainement plusieurs) qu’il s’agit de la « Fête du mouton. C’est la plus grande fête des musulmans. Elle commémore le sacrifice d’Abraham prêt à immoler son fils en témoignage de sa foi. Elle dure 4 jours et indique la fin du mois de pèlerinage à la Mecque cinquième pilier de l’Islam. » Je lisais juste hier les versets présentant Ibrahim-Abraham.
sourate 6 111 à 126
Le Coran, au point où je le lis, est dominé par cet échec premier du Prophète : il n’est pas suivi, et tous les scenarii possibles montrent que de toutes manières, il n’aurait pas été suivi, là où il en est de son ministère, parvenu à La Mecque. Si nous avions fait descendre sur eux des Messagers, si les morts leur parlaient, et si nous avions tout exposé devant eux, si Allah l’avait décidé, ils n’adhèreraient pas : pour la plupart, ils l’ignorent. 111 … Si ton Maître l’avait décidé, ils ne l’auraient pas fait. Le ministère de Mahomet ne peut avoir de succès et de prise que selon Dieu.
Portrait de l’incroyant, de celui qui refuse de croire : pas de terra nullius en vie spirituelle. Responsabilité intégrale et positive et pas du tout par seul défaut. On croit ou pas (la phrase de Claudel ou à peu près… Seigneur, à ceux qui vous refusent la foi, demandez la vie). Ils ne suivent que l’imaginaire, et ne sont rien qu’à conjecturer… Nous avons lmis dans chaque cité les plus grands coupables pour qu’ils y sévissent, mais ils ne sévissent que contre eux-mêmes, sans en avoir conscience. Argument aux multiples expressions : le refus de la foi est d’abord un mal que l’on s’inflige à soi-même.
Portrait de l’homme croyant et indication de la manière dont il est accompagné : celui qui est mort, que nous avons ressuscité, et avec qui nous remis une lumière pour marcher parmi les humains, est-il identiquer à qui est dans les ténèbres, et n’en sortira pas ?... Allah dilate la poitrine (le cœur dilaté du psaume ou du cantique, à retrouver) de celui qu’il veut guider vers la pacification (traduction d’al-Islâm ?).
Concept et prédication faisant du péché non pas une matière, mais une erreur de parcours, une direction n’est pas vue, et elle est manquée. Si tu obéis à la plupart des hommes, sur terre, ils te fourvoient hors du sentier d’Allah … Plusieurs se fourvoient par passion, sans savoir… Dieu met l’angoisse au coeur de celui qu’il veut fourvoyer, oppressé comme s’il gravissait le ciel 125.
soir du samedi 28 Novembre 2009
Une lecture du Coran, pour un chrétien, ne peut être neutre, surtout si elle est empathique. J’apprends le sens que d’autres ont de Dieu, je vais à Dieu selon leur chemin et leur enseignant, et j’en reçois un regard me faisant différencier et caractériser mon propre chemin, celui que j’ai reçu. L’absence du Fils, la non-personnalisation de l’Esprit ne me désorientent pas, dans cette lecture coranique, elles me pèsent quand je suis en dehors. Le texte et ce à quoi il appelle, sont nus, d’autant plus impérieux, directs et sévères.
Sourate 6 127 à 165
En forme de recommandations au Prophète pour la justesse de son prêche. Chacun a le rang de ce qu’il fait : ton Maître n’est pas inattentif à ce qu’ils font 132. Ô mon peuple, agissez selon votre condition, j’agis selon la mienne… les fraudeurs ne sont pas féconds 135.
Toujours cette perspective de l’ultime rassemblement, le jour où il les réunira tous. Une dialectique presque pastorale : nous accordons notre protection à certains fraudeurs pour qu’ils châtient les crimes de certains autres… Ton Maître ne détruit pas des cités, par fraude, leurs tentes étant inattentives.
Et cette toute-puissance de Dieu, active constamment dans nos vies et dans chacune des circonstances si particulières qu’elles paraissent : Si Allah le décidait, ils ne le feraient pas : laisse-les à leurs illusions… 147 A Allah, l’argument péremptoire ! S’il l’avait décidé, il vous aurait tous guidés. La foi, l’agir, le croire sont donnés par Dieu
L’interrogation essentielle pour le chrétien sans doute, mais qui habita le Prophète, lucide et sincère sur sa situation dans la chronologie religieuse et spirituelle de l’humanité cheminant à la trace de Dieu : nous avons donné l’Ecrit à Moïse (Mûssa), perfection de ceux qui excellent, élucidation de toute réalité, guidance et matrice. Peut-être adhèreront-ils à la rencontre de leur Maître ? 154 Dialogue avec ceux de la « religion du Livre ». Voici l’Ecrit que nous avons fait descendre. Il est béni, suivez-le et frémsisez… Direz-vous : « L’Ecrit n’est descendu que sur eux peuples avant nous : voici, nous en ignorons les enseignements. » Ou direz-vous : « Si l’Ecrit était descendu sur nous, nous aurions été mieux guidés qu’eux. ». Mais l’évidence de votre Maître vous est déjà parvenue. 155.156.157 Et c’est le constat de rupture : Nul ne fraude davantage que le négateur qui se détourne des Signes d’Allah. Cette interrogation sur les Juifs et les chrétiens est précédée par un énoncé des commandements paraphrasant, mais avec une souplesse littéraire que n’a pas le hiératisme mosaïque, les « dix commandements » : 151 . 152 . 153 . Je regarderai la traduction Chouraqui de l’Exode pour que la superposition des deux testes soit homogène.
Je vous avertirai de ce que votre Maître vous interdit. Ne Lui associez rien. Excellez avec vos parents. Ne tuez pas vos enfants par crainte de la misère : nous veillerons à votre subsistance comme à la leur. Eloignez-vous des vices, apparents ou ccachés. Ne tuez personne sans droit. Ne touchez pas aux biens des orphelins avant leur majorité, si ce n’est pour leur bénéfice. Remplissez la mesure et pesez avec dexactitude. Quand vous parlez, soyez équitables, même pour le bien d’un proche parent. Le texte, non seulement est moins fruste, il a presque l’accent des Béatitudes, sauf sa tournure négative. Il est pastoral, familier, intime : Allah l’interdit. Voilà ce qu’il vous ordonne. Peut-être discernerez vous ? … Nous n’imposons à personne plus qu’il ne peut porter… remplissez le pacte d’Allah, cela, il vous l’ordonne. Peut-être l’invoquerez-vous ? Voici mon chemin ascendant, suivez-le, ne suivez pas les sentiers qui vous séparent de son sentier.
En fin de cette sourate, le Prophète se présente : Voici ma prière, mes titres : ma vie, ma mort sont à Allah, maître des univers 162. Mais ce n’est pas de lui-même, il est commandé : Dis… l’entier du Coran est d’ailleurs rythmé par cet impératif. Je suis le premier des pacifiés 163. Le Prophète, que Dieu exonère du refus des autres : Tu n’es responsable en rien de ceux qui morcellent leur foi et deviennent sectaires. Leur sort appartient à Allah seul. Il les informera de ce qu’ils faisaient 159. A contrario, c’est l’énoncé de la responsabilité que chacun a de soi-même devant Dieu seul, c’est donc la liberté humaine.
soir du dimanche 29 Novembre 2009
Je vais choisir une nouvelle sourate.
C’est avec un musulman que j’ai partagé mon émotion cette fin de journée : un ami très cher, mourant que j’allais veiller, moine bénédictin. … je communiquais avec une relation chaleureuse mais que je ne connais que par courriel encore, important journaliste mauritanien et concluais, parce que je débordais : Objet : votre message d'il y a une heure . Je suis troublé car je suis en train de perdre un ami, moine, bénédictin, très simple, pas prêtre, le bout du rang mais un saint. D'autre part, ma lecture de votre saint Coran est de plus en plus active en moi. – Par retour, il me répond Subject: Re: votre message d'il y a une heure . "perdre", dans quel sens ? s'il est rappelé par son Créateur, alors recevez mes condoléances. – Subject: Re : votre message d'il y a une heure . sens qu'il va mourir, mais je sais bien que le français dit bien mal ce passage à Dieu. Comment dites-vous en langue non liturgique ? Merci pour l'expression de vos sentiments. - Subject: Re : votre message d'il y a une heure . On dit qu'il se prépare. Si c'est un moine bénédictin, alors il n'a rien à craindre de sa prochaine rencontre avec Dieu, une rencontre qu'il a dû préparer sa vie durant. - Subject: vous, et mon ami bénédictin . Vous me faites plaisir et du bien, je vous en parlerai davantage. Ses dernières paroles, il y a déjà quelques jours : je suis comme un petit enfant dans la main de Dieu. C'est bien parti, je suis heureux. En fait, mon frère Claude avait - a rencontré Dieu de son vivant terrestre, et en totalité. Parcours assez étonnant, pas du tout d'un homme capable d'imaginer et de raconter des salades, un spirituel authentique et des phénomènes qu'il faut reconnaître comme surnaturels. C'était un homme de révolte contre les petites choses et d'abandon et de confiance pour les grandes, qui respectait la formation et les autorités qu'il avait reçues par voeu, qui respectait les gens et les âmes, croyait à leur guérison et qui témoigne du sens de l'existence et du sens de l'histoire. Qui enfin a reçu, chaque fois que nécessaire et selon ce qui lui était le plus adéquat, les secours intimes dont il avait besoin : délicatesse et présence de Dieu.Avec vous.
En partant vers le monastère, les nouvelles : participation à 52% des Suisses pour un referendum décidant à 57% l’interdiction des minarets sur le territoire de la Confédération, au motif qu’ils expriment la haine et la violence censées sourdre de l’Islam.
Sourate 76 L’Humain
.Parcourant les présentations de chacune des sourates, pour établir leur concordance avec la chronologie de leur proclamation, javais été retenu par cette description du « paradis » (plusieurs psaumes évoquent la « rétribution » mais sans dire quelle elle sera) : Parce qu’ils persévéraient, Il les rétribue dans un Jardin, parés de soieries, accoudés sur des trônes d’où ils ne craignent soleils ni gelées. Sous les ombrages, des fruits leur seront humblement offerts, xcirculant parmi eux sur des plateaux d’argent et dans des calices de cristal, de cristal et d’argent, harmonieusement ouvragés. Ils seront abreuvés, là, dans des coupes aux mélanges de gingembre… Parmi eux circulent des éphèbes immortels : les voyant, tu les prendrais pour des perles serties. Les voyant, tu verrais le ravissement du grand royaume. Ils portent des vêtements de soie verte, des brocarts et sont parés de bracelets d’argent. Leur Maître les abreuve de pures boissons. Telle sera pour vous la rétribution de votre zèle connu. La Bible n’a pas cette précision ou cette imagination, mais l’image est la même : voici, les lumineux boiront à la coupe parfumée de camphre, source jaillissante où boivent les serviteurs d’Allah, ô jaillissements.
L’ambiance est celle de l’évangile : ceci est un mémorial, qui le décide prendra le sentier de son Maître. Fins dernières, aboutissement jouxtant dans le même texte le premier commencement, toujours sous la signature islamique de la conception : était-il un temps où l’humain n’était pas mentionné ? Nous créons l’humain de sperme mêlé. Et entre ces moments de la vie, le spirituel : nous le guidons sur le sentier, qu’il reconnaisse ou efface Allah… le sentier de son Maître. Mais vous ne le déciderez qu’autant qu’Allah le décidera. Il fait pénétrer en sa grâce qui Il décide. Amen... mon frère aimé et aimant, préparé et au-delà.
Conclusion en vie de foi comme en conduite d’un Etat par quelques-uns : ceux qui aiment l’Ephémère s’aliènent le Jour grave. … Nous craignons notre Maître, pour ce Jour de débâcle et d’horreur. Mais Allah les proège du malheur. Il leur offre l’éblouissement, l’allégresse. Suit l’évocation du paradis, qui n’a pas de nom, que celui de la Bible, elle aussi : un Jardin.
soir du lundi 30 Novembre 2009
Je choisis cette sourate, simplement parce que sa présentation brève par mon traducteur (Chouraqui) jusqu’à présent, la donne comme une certitude du fidèle dans l’Au-delà. J’arrive du monastère de Sainte-Anne de Kergonan, où a été veillé, par le chant des psaumes, mon si cher ami Claude, qui nous a quitté hier soir – exactement à dix-neuf heures vingt. Lui et Dieu m’ont fait la grâce que je sois seul à cet instant avec lui, lui lisant deux de ses lettres recues à l’an dernier, il a cessé de respirer quand j’ai fini de lire à haute voix la seconde, a rouvert les yeux qu’il avait clos, donc délibérément fermés, depuis vingt-cuqtre heures.
Sourate 89 L’aurore
Par la nuit, quand elle passe…les imprécations divines : vous ne vous exhortez pas à nourrir le pauvre, vous mangez les héritages, mangeurs gloutons, vius aimez d’un amour effréné les richesses… arrive le « jugement dernier » : il dira ‘Aïe ! que n’ai-je progressé dans la vie !’ . Ce Jour-là, nul ne sera supplicié que de son propre supplice, nul ne sera enchaîné que par ses propres chaînes. Et au style direct, c’est l’invitation conclusive, l’aboutissement d’une destinée : entre parmi Mes serviteurs, entre dans Mon jardin. Douceur de même ton que les paraboles de rétribution et d’évaluation de chacun par le Maître ou le Roi dans les évangiles.
soir du jeudi 3 Décembre 2009
Double expérience. Je complète, chez l’éditeur Vrin, place de la Sorbonne , ce que j’ai de Louis Gardet, directeur avec Etienne Gilson, d’une collection : études musulmanes [1], car je veux creuser ce qui peut sous-tendre implicitement la conception d’institutions publiques modernes chez mes amis mauritaniens, qu’à mon sens égarent les constitutions et systèmes dits démocratiques, hâtivement calquées sur la France via une transcription algérienne de la fin des années 1980. Voir aussi ce qu’est le consensus dans la tradition islamique, car mon intuition est que la soxciété dite « tradionnelle » chez mes amis, en est une application fidèle, et que le système du parti unique de l’Etat, à la période fondatrice de la Mauritanie , pouvait correspondre à un tréfonds vraiment millénaire. Je vois soudain, « coupant » mes livres brochés, que Ghazzâlï, dont le nom ne me disait rien il y a quarante ans ni avant-hier, jusqu’à ce que lisant quantité de développements qu’il a inspirés, je me souvienne qu’il était l’un des rares que me cita Moktar Ould Daddah dans notre conversation du 13 Août 1972 – conversation décisive sur le tréfonds de son âme, plus encore que de sa politique, conversation d’identité musulmane, arabe, mauritanienne. Explication de la décision de révision des accords avec la France , explication aussi comme d’un aîné à son cadet, ou plutôt de compagnon à compagnon sur la providence et la liberté en religion, en Islam. Ghazzâlï qui prit comme hypothèse l’authenticité de l’évangile de saint Jean (al-Radd al-jamïl – présenté et traduit par Chidiac : La réfutation excellente de la divinité du Christ) [2] et avait tant étudié le Nouveau Testament que des Pères grecs de l’Eglise firent le recueil de ses logia tirés des évangiles. Et secondement tandis que mon deuil entre dans une nouvelle étape après la mise en terre ce début d’après-midi, de mon ami moine bénédictin, je prends le Coran et c’est lui qui me calme et m’inspire, en prière et en paix. Dieu alors innommé, désincarné – certes différent d’apparence et d’approche du Dieu, Père de Jésus-Christ – mais cette immanence rend, ce soir, l’accueil décisif. Et j’ai besoin d’accueil. Mon frère moine partait, à l’inverse, du plus parlant puisque sa spiritualité était sponsale – des épouses mystiques – lui qui mourut vierge de toute relation sexuelle, non que la tentation lui en ait fait défaut. L’abbé bénédictin, son supérieur, a choisi comme devise : cœur dilaté
Sourate 94 La dilatation
C’est Dieu qui parle et qui demande à sa créature de Lui demander la résurrection : Quand tu as fini, resurgis, supplie-Le, ton Maître. Et voilà que Dieu plaide sa cause auprès de l’homme, dans une dialectique qui – quoique très abstraite et mystique – rappelle celle, si concrète, d’un homme bafoué par son épouse, Osée qui reste fidèle à celle qu’il aime et convoque au désert pour le cœur à cœur, comme au temps des amours de jeunesse : ne t’avons-nous pas dilaté la poitrine et déposé loin de toi ton fardeau, celui qui persait sur ton dos ? Et voici mon ami, et chacun de ceux que ma vie, décalée chronologiquement avec celle d’autres, me fait pleurer et porter en moi : toujours. Pour toi, nous exaltons ta Mémoire. Et dit, avec une sorte de gaucherie qui rappellerait l’extraordinaire éloquence de la statuaire et de l’architecture romane parce qu’elles sont simples et crûes, dépaysantes aussi, de proportions inhabituelles, voici dit cette sorte d’épanouissement, de libération que doit être le passage d’ici à autrement, c'est-à-dire en Dieu uniquement : voici, près de la gêne, l’aisance !
soir du vendredi 4 Décembre 2009
J’aborde cette lecture, dans la disponibilité, comme un moment convenu de calme et de contemplation, comme un rendez-vous. Je choisis – depuis ma compilation initiale La lumière
Sourate 24 1 à 40
C’est elle qui contient un passage que j’ai découvert au début de ce cycle, et qui fonde les interdits et prescriptions vestimentaires qui – aujourd’hui – retiennent tant pour la caricature beaucoup de non-musulmans et même de musulmans vivant selon d’autres traditions, ainsi en Mauritanie, où les jeunes filles et les femmes ont le visage découvert. Problème qui agite la France en ce moment de débat – et que je crois bien mal posé de part et d’autre. Le Coran, au moins dans ce que je lis – qui est magnifique – ne prescrit pas et n’interroge pas, il prophétise, les termes sont au futur. C’est ce beauté qu’il est question, de beauté du corps, de la chair et, à la lettre, pas du tout de la relation homme/femme ou d’une quelconque minoration ou mise sous le boisseau de la femme. La « tirade » est d’ailleurs précédée d’un verset de généralité pour la pudeur, la pureté, une préservation. Sans doute, une civilisation peut-être se bâtir sur une interprétation. Il me semble que le machisme ou la prostitution ont mille ressources – le vêtement et ce qui est entendu comme prescription coranique ont « bon dos ». Il y a aussi l’évidence d’un mode de vie : la ville fait qu’en plein air, ailleurs, le corps éclate et tout respire jusqu’aux exagérations exhibitionnistes d’aujourd’hui, tandis que le nomadisme, la tente, le désert, le sable aussi implique un type de vêtements, le plus commode, que la promiscuité interdit la provocatiuon sauf à supposer chacun anormalement privé de libido. Respect mutuel, conditions de vie. Ce que cela produit peut-être beau, malicieux et cette sorte d’obstacle à des familiaritrés ou des indiscrétions, ainsi les relations des jeunes avec les aînés, ou des gendres et brus avec leur famille d’alliance. Ce que j’ai vu dit surtout du respect mutuel. – Voici 30 & 31 :
Dis aux croyants d’abaisser leurs regards, et de préserver leur nudité :
ce sera plus pur pour eux
…
Dis aux croyantes de baisser leurs regards, de préserver leur nudité,
de ne montrer que l’extérieur de leur beauté,
de rabattre leur voile sur leur gorge.
Elles ne montreront leur beauté qu’à leurs époux,
ou à leurs pères ou aux pères de leurs époux,
ou à leur fils ou aux fils de leurs frères,
ou aux fils de leurs sœurs ou à leurs femmes,
ou aux esclaves que leur droite possède,
ou aux esclaves exemptes de convoitise parmi les hommes,
ou aux garçons qui ne sont pas attirés par le giron des femmes.
Elles ne battront pas des pieds
pour révéler ce qu’elles dissimulent de leur beauté.
Lu sans culture musulmane et sans a priori ce verset est étrange, le cercle où la prescription ne s’exerce pas serait littéralement le lieu de beaucoup d’incestes, les éventuels cohabitants sont des parents de sang ou d’alliance mais aussi des garçons ou des hommes, étrangers à la famille, pourvu qu’ils soient asexués… ou tout comme. Je crois surtout à la conclusion : Rertournez à Allah, vous tous, les croyants, peut-être serez-vous féconds. Tout simplement l’essentiel et l’accessoire.
La suite des conseils est bien plus libérale que certains des passages de Paul à ses ouailles. Le Prophère sait la chair, sa faiblesse, les obsessions du manque : ceux qui ne trouvent pas à se marier seront chastes. C’est implicitement le libre choix, ce qui – pour un texte contemporain des Mérovingiens en France – est singulièrement libéral. Recherchant l’épéhmère de la vie de ce monde (la supériorité donc de la chasteté, très paulinienne), ne forcez pâs vos esxclaves à s’adnner à la prostitution si elles veulent pêtre vertueuses. Qui les force… Si elles ont été préalablement forcées, voici Dieu clément, miséricordieux. Générosité envers les « pécheresses »… très évangélique. Réserve totale pour la prostitution 3, procédures strictes pour les dénonciations en matière de meours et même dans le mariage : appeler l’exécration de Dieu sur lui-même s’il ment, la femme elle-même ayant sa chance en autant de serments pour, elle aussi, appeler le courroux de Dieu contre lle-même au cas où il aurait dit vrai. Ainsi dans ce droit de l’intimité et de la fidélité, si caricaturé par les tiers non musulmans, il est manifeste que le jugement de Dieu est seul décisif, que l’égalité homme/femme est organisée et reconnue 6 à 9. Conclusion : ceux qui aiment que la médisance se répande parmi les croyants subiront un terrible supplice dans ce monde et dans l’Autre 19. N’aimez-vous pas que Dieu vous pardonne ? 8. Ceux qui dénoncent les femmes vertueuses, croyantes, mais inattentives… ils sauront que Dieu est la vérité-même.
Ainsi préparés de mœurs, de chair, de discernement entre l’éphémère et l’éternel (recherchant l’éphémère de la la vie de ce monde 33), nous pouvons à la suite, notamment la suite de cette sourate – que je prendrai demain : Dieu est la lumière des ciels et de la terre… Dieu guide vers sa lumière qui il veut 35. Et voici qui évoque la vie cénobitique et le monachisme chrétien : Dans les maisons à l’écoute de Dieu, où son nom est exalté et commémoré, où ils le louangent de l’aube au crépuscule, il est des humains que nul négoce et nul troc ne distrait de la Mémoire de Dieu, de l’élévation de la prière et du don de la dîme. Ils craignent leur Jour où les cœurs et les regards feront Retour 36. Je m’arrête à cette image si juste, souveraine : Sous les nuages, la ténèbre est telle qu’un homme sortant sa main ne pourrait la voir. Celui en qui Dieu ne met pas sa lumière n’a pas de lumière en lui 40. Il me semble décisif que la même sourate – que l’on invoquera pour « preuve » e l’obscurantisme ou de la mysoginie coranique et musulmane – produise une méditation-contemplation de la lumière, effet-même de Dieu, une méditation sur l’ensemble primordial de la création. Le lien, si l’on est priant et attentif, je tâche de l’être avec la grâce de Dieu et en toute empathie, me paraît évident : la nature de l’homme appelé à Dieu et à la lumière, sensible au possible à la beauté… ici celle des femmes, à qui d’ailleurs est donné l’idéal de montrer la beauté seulement à quelques élus, ce qui n’est pas du tout ni l’art de plaire ni celui de racoler.
soir du samedi 5 Décembre 2009
Suite de La lumière. Un correspondant me courielle : C'est bien Continuez Avec la bonne foi on finit par se faire une idée ! Réfléchissez aux interdit qui ont été prescrit par graduation ce n'est pas un hasard tout cela! C’est la fin du conseil ou de la prédiction qui m’intéresse, le conseil d’être sensible à une dialectique. Attitude identique à celle du chrétien : dans le texte, y compris dans sa disposition la plus pratiquée, quand elle est le fruit de l’inspiration divine, article de foi, rien n’est hasard ou coincidence.
Sourate 24 41 à 61
Fulgurance des images alors que le Coran est dépersonnalisé, sauf à évoquer le Prophète apostrophé par Dieu. : L’éclat de son éclair fait fuir le regard 43. Le Prophète stigmatise les fraudeurs, situation de tout homme devant son jugement dernier. Mais donne des leçons de discernement : Dieu fait alterner la nuit et le jour. C’est en cela une leçon pour qui est doué d’un regard 44. Thèmes de l’incroyance et de la foi, que Chouraqui traduit par adhésion ou par créance. Cela sonne mal mais fait entrer dans le sens. Expérience du Christ, schématisée par la parabole du semeur : puis une partie d’entre eux se détourne, ceux-là ne sont pas des croyants… Quand ils sont appelés devant Dieu et son Envoyé, pour être jugés, certains se détournent. Réflexion plus psychologique : S’ils avaient le droit pour eux, ils viendraient à Lui, obéissants. Leur cœur est-il malade, douteraient-ils ? ou craindraient-ils que Dieu et son Envoyé les appréhendent ? Non : ce sont des fraudeurs. Si dans le fond la démarche – et l’expérience de la grâce de la foi – sont les mêmes que celles du chrétien : Dieu guide qui il veut sur le chemin ascendant 46, le critère n’est pas l’obéissance à la volonté divine, comme dans l’évangile, mais l’adhésion : ils disent, ‘‘nous avons entendu, nous obéirons’’. Les voilà, tels sont les féconds. Divergence d’expression ou plus fondamentalement de sens ? Dieu promet à ceux, parmi vous, qui croient et son intègres, de leur faire hériter la terre, comme il en fit hériter ceux qui vêcurent avant eux. En revanche, pleine concordance, Dieu promet aux siens d’affermir al foi qu’il agrée d’eux et de substituer l’amen (que je comprends comme la vérité et l’accord) à leur peur. Rôle du prophète : L’Envoyé assume seulement de transmettre le message évident 54
Des thèmes donnés par la traduction de Chouraqui ou plus fondamentaux : effacer, est-ce renier ? associer (à Dieu), est-ce aller au polythéisme ? Ces façons de traduire et peut-être, pour le Prophète, d’avoir proclamé font intenséement réfléchir. J’en suis d’accord si associer, c’est réinventer Dieu ou l’entourer des superstitions, des rites qui vident la foi du mouvement du cœur et font le marchandage avec Dieu. Mais si associer – ce que je pense qui est pour le sens pour le musulman – c’est croire à un Dieu trinitaire, donc Père, Fils et Esprit saint, là se fait la divergence. Elle ne me paraît insurmontable qu’en dogmatique et en théologie, mais pas du tout en mystique ni en prière quotidienne. Sans doute, des deux côtés, il y aura la même objection, pas de prière ni de mystique sans théologie juste. Sans doute, mais je persiste : l’expérience de Dieu dint témoigne le Coran est partageable, sans difficulté par le chrétien, et ce n’est pas là du synchrétisme. Tout dépend de ce qui, ensuite, s’en déduit. Encore que… l’Islam n’a pas été le premier à déduire une civilisation, une conception du droit et de la cité de ce qu’il recevait en sens et identité de Dieu. La Rome constantinienne et le Moyen-Age de l’Europe occidentale ont fait de même. Je rejoins là de nouveau l’interrogation chronologique, Mahomet postérieur au Christ, ce qui – au point où j’en suis de ma lecture – se comprend et s’admet tout à fait si l’Islam est commentaire de l’absolu de Dieu et si le Prophète est re-fondateur d’une spiritualité, d’une foi exigeantes, localement disparues ou dévoyées. L’Islam en retard ? sur l’évolution générale des civilisations allant à la séparation du religieux et du civil ? ou bien se dispensant d’une étape de plusieurs siècles en Occident pour que nous nous retrouvions en ce siècle ou au prochain sur une exigence – non laïque mais cependant consensuelle et tolérante – pour fonder nos cités ? Rôle
Prescriptions du Prophète qui sont déjà la description d’un mode de vie millénaire. Cette pérenité d’un mode de vie – qui a tant fait pour m’attirer, avec combien d’autres étrangers ? en Mauritanie, et que j’ai vêcu comme une liberté, et non comme une contrainte, peut-être parce que j’étais étranger ? – serait-elle déterminée par le Coran et une foi religieuse ? ou au contraire ce mode de vie était-il et reste-t-il le meilleur réceptacle, le meilleur accueil du Coran, c’est-à-dire de l’immédiate transcendance. Ohé, les croyants, les esclaves que votre droite maîtrise et ceux qui n’ont pas atteint la puverté vous demanderont, trois fois par jour, la permission d’entrer chez vous : avant la prière de l’aube, quand vous faites la sieste, après la prière du soir ; ces trois fois, vous vous dévêtez. A part cela, pas de grief contre vous ni contre eux, s’ils circulent librement 58. L’essentiel de la sagesse coranique est la conclusion, a priori sans rapport ! Dieu élucide pour vous les signes. Dieu, savant, sage. Ert en conclusion de cette sourate présentée comme mystique, sans doute par sa mise en évidence de la lumière comme effet et expérience de Dieu… voici une tolérance que devraient méditer tous les lapidateurs de l’Islam… pas de grief contre l’aveugle, pas de grief conbtre le boîteux, pas de grief contre le malade – cela s’entend – ni contre vous-mêmes pour ce que vous mangez dans vos maisons, dans les maisons… énumération de toute la parentèle de sang, ou dans celles dont vous possédez les clés, ou chez un de vos amis. Pas de grief contre vous si vous mangez ensemble ou séparément. Puis la salutation (évangélique – Jésus envoyant ses disciples en mission) recommandée : quand vous entrez dans les maisons, saluez-vous par ‘’la paix’’. Signature du Prophète : Dieu vous explique les Signes, peut-être discernerez-vous.
soir du dimanche 6 Décembre 2009
Je prends, à nouveau au hasard, L’interdiction. Prendre pour le moment un texte court, il est généralement de la période difficile et mecquoise. Donc, du plus pur jus, la révélation dont le Prophète se sent (se sent) porteur, sans en être pourtant vraiment reconnu. Message donc à son jaillissement. Calcul faux… la 66 est la 107ème dans la chronologie et elle est de Médine. Mahomet est donc « installé », sauf en mariage, puisqu’il répudie une épouse copte, Myriam ou Mariem ( ?), esclave affranchie. Le Prophète et les femmes, le Prophète et la prédilection humaine. ce que les apocryphes ont conjecturé sur Marie-Madeleine et le Christ, moins sur le Christ et « le disciple que Jésus aimait ». En mustique, c’est-à-dire en vérité, ce qui importe est le rapport de Dieu à chacun de nous, or il est total, permanent et de toutes les facultés humaines accomplies dans la magnificence de Dieu, Et qui est plus imaginatif que Lui, qui créa « le ciel et la terre ». Le Coran préfère dire, avec davantage d’exactitude, de précision… « les ciels ».
Sourate 66. En ce Jour, pas d’excuses : vous serez salariés selon vos actes. 7 Pourtant, l’obsession du Prophète s’adresse à ceux qui « effacent » (traduction Chouraqui) : l’image est forte, elle suppose un pré-existant, un tropisme naturel et inné vers Dieu, vers la foi, et elle met en scène le croyant qui abjure, qui oublie, qui détruit en lui-même sa mémoire, la mémoire originelle aussi forte qu’est le péché originel (mot de péché et concept de péché originel, que je n’ai pas encore relevé dans ma lecture – s’ils ne se trouvent pas dans le Cora, cela induit une différence psychique fondamentale entre chrétiens et juifs d’une part, et musulmans de l’autre). Pourtant, le châtiment est à raison des actes, ce qui n’est pas de foi. A moins, qu’effacer, cesser de croire, ou refuser de croire soit l’acte humain par excellence. Ce qui rejoindrait l’Evangile, qu’est-ce que la foi ? et Jésus répond, c’est de croire.
La vie du Prophète, donnée par lui-même comme une parabole, l’affaire de ses deux épouses, l’indiscrète et l’autre. S’il vous répudiait toutes deux, son Maître lui donnerait des épouses meilleures que vous, pacifiées dans l’amen, adorantes, repentantes, servante,s actives, épousées ou virginales. L’expression pacifiées dans l’amen 5 m’arrête : un de mes amis et confidents les plus chers, un moine cistercien, Dom Amédée Hallier (la Trappe Notre Dame de Grâce de Bricquebec) avait reçu de se construyire entièrement sur le fiat marial. J’y vois la traduction mutuelle en Islam et en christianisme du même mouvement d’adhésion à la constante proposition de Dieu. Le Prophète d’ailleurs accomplit mon intuition, la justifie par son éloge de Marie, précisément, Marie vierge ! alors qu’elle sera reconnue aussi mère de Jésus. Les deux Maryam bibliques (sœur de Moïse, et mère du Messie) sont de même vénération pour mes compagnons musulmans : Et Maryam, la fille de ‘Imrân, qui garda sa virginité. Nous avons insufflé Notre souffle en elle. Elle a authentifié les paroles de son Maître et ses Ecrits. Elle est parmi les adorantes. 12 On ne peut mieux suggérer l’action de l’Esprit-Saint et le rôle de maître spirituel que Marie joua auprès des Apôtres attendant la Pentecôte, puis de Luc documentant son évangile.
Deux autres éléments forts dans cette belle sourate, quoique composite ou traitant beaucoup de choses – par le biais des personnages – à la fois.
Cette espérance biblique du pardon divin. Retournez à Dieu, d’un retour sincère. Peut-être votre Seigneur (Rabb – je crois que c’est mieux le rendre que d’écrire systématiqument Maître) effacera votre malheur, et vous fera entrer dans les Jardins, sous lesquels courent les fleuves. Et ce qui semble une des lignes mystiques du Prophète, la lumière. Leur lumière ruissellera de leurs mains, à leur droite et ils diront : ‘’ Notre Maître, rends parfaite notre lulière, sois indulgent, avec nous. Te voici, Toi, le Tout-puissant.’’ Thème traité tout différemment de saint Jean, lui aussi, lui surtout habité par réalité mais la donnant totalement au Christ.
nuit du lundi 7au mardi 8 Décembre 2009
.
Je prends la sourate la plus courte possible du Coran, puisque l’heure est si tardive… rendez-vous qui m’est devenu nécessaire car il est très agréable à vivre, à la fois dépaysement, source et maintenant une certaine familiarité au moins avec les tournures du Prophète.
Sourate 107 . L’aide - Portrait féroce et si contemporain… As-tu vu celui qui nie la Promesse (Chouraqui traduit quel mot ? l’équivalent de la foi ? un système de confiance mutuelle : les lettres de créance… ?) chasse l’orphelin et n’encourage pas à nourrir le pauvre ? Les priants qui négligent leur prière, qui se font voir et empêchent les secours. Premiers jours de mon premier séjour à Nouachott : Février 165, « mon » premier mendant musulman, une barbe fine et grise, des guenilles courtes, aveugle il est conduit par un enfant et tous deux répètent : sobkhe, sobkhe ou quelque chose d’approchant : charité (obligatoire s’il est fait directemenet appel à vous, ce qui était le cas…) Vignette, diraient les psychiâtres. Caricature du pharisien, du bien-pensant. Il en ressort une espèce d’activité fébrile, quoiqu’entièrement négative : empêcher, négliger, chasser. L’expression « m’as-tu-vu », au moins le concept et l’image de rencontre, peuvent venir donc de l’Islam.
nuit du jeudi 10 au vendredi 11 Décembre 2009
.
Je crois aux structures – pour une vie politique, économique, sociale mais tout autant pour ma vie intime. Aussi bien le mariage que le rythme de la journée. Donc, ne pas manquer, sauf force majeure ou fatigue intense, ce rendez-vous avec le Coran, décidé et qui m’apporte tant. Avec l’énigme de la foi, même quand elle a apparemment des objets et des expressions qui différent sur des points de substance – le Coran est priant, on ne peut le lire et le reprendre sans rester indemne. Je n’y trouve pas seulement un autre relief à la Bible, mais j’y reçois une certaine communion avec des amis – l’un d’eux, éminent, a prié, je le savais, pour moi, à La Mecque – et avec des inconnus. Structures… et pourtant, je poursuis cette lecture en total libre-examen (la Réforme initiée par les « protestants » à une époque où la Bible était interdite aux laïcs et même aux clercs en apprentissage… et cela dura jusqu’à il y a peu).
Je prends encore une sourate courte, faute de temps. Et que je puis lire d’un trait. Boire…
Sourate 90 . Le pays – Ces sous-titres sont évocateurs par eux-mêmes. Trouvaille pédagogique, réussite poétique.
Nous créons l’humain dans la douleur 4 Le Prophète ne développe pas. Discours qui est le contraire du dolorisme, la souffrance n’est pas recherchée, elle n’est pas une voie de perfection par elle-même, elle est un état de fait. Comme e péché originel. Voir dans la suite de ma lecture, si cette réalité – dogmatique pour le chrétien, et d’évidente expérience psychique – est donnée et exposée dans le Coran.
Deux personnages dans le genre humain, ce soir. L’affectionné de Dieu : Nous le guidons vers les deux montées (mon traducteur Chouraqui, conjecture la route du bien et celle du mal… ce qui n’est pas très cohérent, si ce sont deux montées paraissant analogues). Que ne gravit-il la côte ? Qui t’apprendra ce qu’est la côte ?11.12 sensation que Dieu considère ce personnage, l’homme, puis s’en distancie, le laisser aller seul. Il s’agit pourtant que celui-ci discerne : le bien ou le mal ? situation d’Adam et d’Eve. L’autre est présenté comme un présomptueux : le manque de sens spirituel devient une manque d’intelligence même profane. Le Christ, lui aussi, a cette tournure d’esprit pour exhorter à la prévoyance. Compte-t-il que nul n’aura de puissance contre lui ? … Comptet-il que nul ne le verra ? 5 & 7 Figure du jugement dernier, les compagnons de la droite, les compagnons de la gauche. Celle de la Bible, mais le Prophète y ajoute un certain esprit de groupe, délibérément cultivé, par les « justes » entre eux, par les « damnés » aussi.
L’intitulé tenant aux deux premiers versets de la sourante : j’en jure par ce pays identifié avec La Mecque, est pour moi obscur. Le Prophète ne développe ni ses sentiments pour ce pays, cette ville et cette région, ni la dialectique qu’ils suscitent. L’ensemble du texte donne toujours une sensation de liberté, l’homme peut « adhérer » ou pas. L »’moniscience divine, la toute puissance de Dieu ne sont pas une entrave à la liberté humaine, au contraire celle-ci trouve dans la foi et en Dieu, son point d’application. Par l’engendreur, par l’engendré 3. . Le Credo catholique : engendré, non pas créé. Mais pour le Coran, l’engendré n’est pas le Christ mais l’ensemble de l’humanité, ce qui revient par un raccourci au destin humain de participer à la divinité-même, engendrés tous de Dieu et non d’homme et de femme.
soir du vendredi 11 Décembre 2009
.
Je me donne comme plan de lecture de ce soir et des prochains soirs les sourates 82 Le fendage, et 35 Le fendeur, qui – à ce que je comprends des introductions et du choix d’une telle traduction – traite de la création. Je sens de plus en plus le Coran comme un complément – facultatif pour un chrétien, mais extrêmement utile, enrichissant – complément mystique et prescripteur de la Bible, tirant au maximum humainement possible la révélation divine aussi bien que l’expérience humaine de la transcendance, et de l’indicibilité de Dieu.Je lirai alors la sourate 33, Les partisans, puisqu’elle semble mettre en scène le Prophète, ses premiers combats et donc expose sa place dans l’histoire spirituelle de l’humanité, et pour la révélation de Dieu.
Sourate 82 . Le fendage – Y a-t-il d’autres traductions possible, mes amis musulmans me le suggèreront, et je dois me procurer le « Blachère » et peut-être aussi recevrai-je le travail et la traduction d’un éminent Mauritanien.
Je suis, ce soir, d’emblée empoigné. Puissance de la poésie, du tableau, d’images beaucoup plus simples, plus étalées, plus fluides, plus universelles, que le détail et la crudité des apocalypses de la Bible, très « dessins animés », très tapisserie d’Angers. Le Coran, de fait, n’est pas figuratif. Puissance aussi de l’affirmation métaphysique conclusive du premier récit. Quand le ciel se fendra, quand les étoiles se disperseront, quand les mers déborderont, quand les sépulcres se soulèveront 1. 2. 3. 4. tout être connaîtra ce qui le devance et ce qui le suit 5. Notre ancrage dans le temps est tel qu’il semble l’éternité-même, parce que nous sommes voués à toutes les dimensions du temps, et à en recevoir la pleine connaissance, la pleine conscience. Je remarque aussi que dans la Bible les étoiles tombent, dans le Coran au contraire, elles se dispersent. Une fin du monde implosive ou une suite de l’expansion en cours ? Le thème du temps, au sens de la durée et de la complexité d’en pêtre maître ou sujet, me semble peu traité dans la Bible, mais se rencontre, donc, dans le Coran. Cette fin du monde, dite en termes spirituels et non – comme la Bible – de vigilance. Autre forme, mais indirecte, de la préparation à un jour où personne ne pourra rien pour personne 19 . Question que ne pose pas l’Evangile et ne se pose pas le chrétien, qui attend la parousie, le retour du Christ, donc d’un allié suprême, mais que logiquement doit se poser le musulman, seul devant la divinité qui ne peut être pour lui Trinité (encore que je suis convaincu qu’il y a place pour l’Esprit Saint dans le Coran, à découvrir…) : mais qui t’apprendra ce qu’est le jour de la créance ? 17 comme 18 . Viens cependant – dans ce drame cosmogonique et personne – la figure divine : Ohé, l’humain ! en quoi ton Maître, le Magnanime, te déçoit-il ? qui te crée, t’harmonise, t’ajuste (admirables formules que des mystiques chrétiens modernes ou les Pères du désert ont peut-être eues, eux aussi, mais que j’ignore), sous quelque forme qu’il ait décidé de te bâtir ? Comment mieux dire ce façonnement ? La Bible insiste plutôt sur la connaissance intime, dès le sein maternel, que Dieu a de nous. Davantage encore que la Bible, le Coran présente les anges, et leur accorde un rôle encore plus substantiel : la révélation même au Prophète, est le fait d’un ange. Dans la Bible : Ancien Testament ou Apocalypse, les anges, en fait, de textes, au plus expliquent..
soir du samedi 12 Décembre 2009
.
Simple rendez-vous du soir, après une journée de dépouillement des dépêches de l’Agence France Presse sur la Mauritanie : le premier semestre de 2005 (le dernier du pouvoir d’Ould Taya et le conflit de celui-ci avec les « islamistes » : le chagrin si sincère de ce Mohamed El Hacen Ould Dedaw, réduit, conférencier sur les questions religieuses, et du fond d’une prison injuste, effondré à la nouvelle de l’attaque de Lemgheity (si suspecte) qui, quelle que soit l’historique encore à faire, cause une vingtaine de morts, au nom usurpé de la religion qu’il prêche – si bien, selon mes amis déjà questionnés, il y a quelques années.
Sourate 35 . Le fendeur 1 à 28 – Exactement la prière de louange du chrétien, récapitulant sa vie personnelle et les merveilles de tout l’univers créé. Commémorez les ravissements de Dieu pour vous. Y a-t-il un autre créateur que Dieu ? Il vous pourvoit en tout des ciels et de la terre … il ajoute à la création ce qu’il veut. 3 . 1 Il fait pénétrer la nuit dans le jour, il fait pénétrer le jour dans la nuit. Il soumet le soleil et la lune : tous courent vers un but fixé. Tel est votre Dieu : à Lui le royaume ! 13 Mne le vois-tu pas ? Dieu fait descendre l’eau des ciels. Il en produit des fruits de diverses couleurs, et, sur les montagnes, des surfaces blanches ou rouges, de diverses couleurs ou d’un noir foncéêmes images que la Bible : il envoie un souffle et les nuages se soulèvent. 9 Belle image pour la résurrection, le vent et nous : Il envoie un souffle et les nuages se soulèvent. Nous les poussons vers un pays mort dont, après samort, nous ravivons les terres. Ainsi en est-il de la résurrection. 9 Introduction à la prière : ceux qui appréhendent leur Maître dans le mystère, et élèvent la prière. 18 Ceux qui proclament l’Ecrit de Dieu élèvent la prière. 29
Et constante du Prophète : la toute-puissance divine. S’il le décidait, il vous ferait disparaître et susciterait une création nouvelle (assertion et ton des Pères de l’Eglise, mais aussi des deux géants de notre pensée française au XVIIème siècle, Descartes et Pascal). Cela pour Dieu n’est pas difficile… Dieu fait entendre qui il veut. Tu ne feras entendre personne dans sa tombe. 16 . 17 . 22
J’apprends a contrario que la prière est un lâcher-tout. Dans les textes de l’Eglise, dans la Bible judéo-chrétienne qu’elle me donne, je peux à tout moment quitter le texte de n’importe quel livre, ils ne sont que des chemins, Dieu m’attend par ceux-là certes, mais aussi par d’autres. Il se révèle directement à moi et je m’adresse directement à Lui. C’est ce mouvement et cette liberté mutuels de Dieu avec moi qu’enrichissent les textes, ils sont outils. Parole de Dieu certes, mais le visage de Celui-ci peut m’être donné autrement. Cette lecture du Coran, dans les commencements que j’ai voulus en principe et que je choisis sans expertise, par des enchaînements que la Providence ne veut certainement pas de hasard – pas davantage le fait-même de cette lecture et de l’habitude prise – cette lecture me laisse timide. Je ne peux lâcher le texte, car la prière directe « à la chrétienne », oserai-je écrire ? m’éloignerait de beaucoup des images du Prophète et notamment de l’évocation que je ne retiens pas de ces punitions infernales : ceux qui effacent Dieu subiront un supplice terrifiant… parmi les Compagnons du Brasier… 7 . 6 Je suis sensible à cet écho si fréquent de la genèse humaine La goutte (la première sourate chronologiquement) : Dieu vous crée de poussière, puis d’une éjaculation, puis il vous accouple. Ce qui revient aussitôt à l’adoration et à la louange pour la toute-puissance : Nulle femelle ne porte ou ne met bas sans qu’il le sache. Rien n’est ajouté à l’existence, rien n’est retranché sinon selon son Ecrit 11
J’en reste là ce soir, car cette sourate me semble introduire à une doctrine sur l’Ecrit, donc sur le livre, sur le Coran en tant que texte, en tant que support de l’appel divin, en tant que transcription de ce que mes compagnons musulmans en humanité et en prière, croient avoir été révélé au Prophète. Point capital à aborder avec respect et selon son traitement par le Prophète lui-même.
soir du mardi 15 Décembre 2009
.
Tombant de sommeil ces deux derniers soirs, j’ai été infidèle à ma résolution de méditer quelques versets avant de m’endormir : dépouillement de l’A.F.P. sur la Mauritanie depuis 2005 et prolongeant au maximum au siège de l’Agence puisque je ne peux disposer de la console qu’une fois son utilisatrice partie. Je reste proche de mon sujet et de ma méditation, puisque dans ce dépouillement je cherche à comprendre ce qui a empêché ce cher pays de se retrouver, et que je ne crois pas fondée une réponse qui dirait le terrorisme, l’islamisme et donc une déstabilisation de toute tentative démocratique par ceux qui n’en jouent pas le jeu. J’ai contraire noté que ces « islamistes » mauritaniens sont les premiers, dans les graves occasions d’attaques de postes ou convois militaires ou d’assassinats de ressortissants étrangers, avant les autres partis, à condamner les fauteurs éventuels de ces drames, et qu’en revanche sous prétexte de sécurité – qu’ils n’ont pas assuré depuis au moins la tentative de putsch de Juin 2003 – les futurs putschistes de 2008 ont pris peu à peu le pas sur ceux leurs homologues légalistes dans la hiérarchie militaire. Cela ne répond pas à mes questions non plus sur l’exerice du pouvoir temporel en Islam. J’ai lu que la question du Califat et donc d’un pouvoir politique s’adressant à l’ensemble des croyants (musulmans) pouvait sous-tendre une des prétentions d’Al-Qaïda. J’ai instinctivement l’analyse qu’Al-Qaïda même a une naissance historique et chronologique d’une part, et une pénétration dans les psychologies de ceux qui la rejoindront, bien moins manichéenne, haineuse et anti-tout qu’on ne le croit. Le Coran – au point où j’en suis – mène au combat spirituel, à une grande intransigeance de la foi mais pas forcément à la « guerre sainte ». Ce ne sont pas les hommes qui se précipitent les uns les autres dans la Géhenne, mais le jugement divin.
Je reprends ce soir, pour quelques versets, cette lecture. Elle m’est a priori agréable par l’intense dépaysement qu’elle me procure – même spirituellement, car le Coran me parle de « mon » Dieu mais tout autrement que selon mes habitudes de lecture ou d’écoûte, tout autrement que selon ma formation, et cela va bien au-delà du spirituel, c’est le mental, l’intellectuel qui sont questionnés et relativisés. Il y a aussi dans cet Islam du Coran une sorte de renoncement à l’affectivité en tant qu’un des moteurs ou un des aspects de notre relation à Dieu et aux autres. D’ailleurs, la relation aux autres est très seconde, l’esentiel est l’attitude devant Dieu, et elle est de foi. Paul, notre apôtre, celui dit des Gentils, des païens donc, décrit et explique notre ancêtre à tous, Abraham, uniquement par la foi de celuici, les œuvres, la relation de générosité à autrui, sont secondes. Vont-elles de soi ? en islam. Dans le christianisme, où elles ne sont pas autant pratiquées que prescrits, il en est beaucoup question.
Sourate 35 . Le fendeur 29 à 45 – Passage que je crois décisif, puisqu’il s’agit du message de Mahomet, en tant que tel. Quoique celui-ci n’ait pas écrit la Révélation, c’est d’un Ecrit qu’il s’agit. Ce que nous te révélons de l’Ecrit est la vérité. Elle authentifie ce qui est entre ses mains du passé. 31 & 32 aNous avons fait hériter l’Ecrit à ceux que nous avons choisis de nos serviteeurs. La Bible judéo-chrétienne présente tout autrement le lien à Dieu : il s’agit selon ce texte d’une promesse, d’une alliance. La révélation est celle d’un Dieu qui a un plan actif et dialectique sur nous, la rédemption, le salut. Et la pétition des chrétiens, le fondement d’une foi transmise par tradition depuis les Apôtres, est une Parole, non un Ecrit. L’évangéliste Jean assimilant la Parole de Dieu au Fils de Dieu. Le Coran, de manière apparemment plus simple et moniste, révèle l’exigence divine de notre foi.
Oublier Dieu, l’effacer est notre perte. La Géhenne ne sanctionne pas nos mauvaises actions, elle sanctionne notre reniement, car implicitement nous aurions – tant Dieu est Dieu – la foi naturellement, ataviquement. Ceux qui effacent subiront le feu de la Géhenne. … Il ne leur sera pas précisé quand ils mourront : leur supplice ne sera jamais allégé. Logique très développée de la parabole de Lazare le mendiant et du riche, tous deux morts en même emps. Fais-nous sortir, nous agirons avec intégrité, non pas comme nous étions à faire… Au plus fort de leurs serments, ils jurent par Dieu que, si un alerteur venait à eux, ils seraient mieux guidés… Mais quand l’alerteur vient à eux, cela ne leur ajoute que répulsion. Nos œuvres, nous-mêmes – hors notre foi donnée à Dieu (le christianisme dirait différemment et insiste sur une foi reçue de Dieu, mais consentie par l’homme) – ne sont pas en considération : Si Dieu prenait les hommes pour ce qu’ils font, il ne laisserait pas une seule vivante. 45
Trilogie, les croyants accédant au paradis (voilà laq suabondance, la grande. Les Jardins d’Eden ! Ils parviendront là avec des parures d’or et de perles, avec des vêtements de soi, ils diront : ‘’Il a fait fuir loin de nous l’affliction’’ 32 à 34), les « fraudeurs » et les « effaceurs », les renégats, ce qui ne leur ajoute rien… sinon de l’aversion… que perdition 39), et Dieu : Lui, le connaisseur du contenu des poitrines… Dieu soutient les ciels et la terre pour qu’ils ne s’effondrent pas. S’ils s’effondraient, personne ne les soutiendrait, sauf Lui 38 & 41)
soir du jeudi 17 Décembre 2009
.
Rendez-vous auquel je tiens. Je prends au hasard une sourate qui puisse se lire/se méditer d’un trait. Le titre m’arrête autant que la brièveté. Un poème grandiose de la conception d’une personne humaine à un singulier monologue divin.
Sourate 86 . La nocturne
Est-ce un nouvel Abraham qui implore une ultime chance pour les mécréants : le Prophète sans doute… Sursois pour ceux qui T’oublient ou Te renient, sursois un peu pour eux. Faiblesse de l’humain : Que l’humain contemple à partir de quoi il est créé. Il est créé d’un liquide éjaculé, issu de reins et de côtes – le Coran a une vue biologique erronnée qu’il aurait pu éviter d’énoncer en n’étant pas « chimique » mais amoureux et psychologue : l’union de l’homme et de la femme – mais l’observation est d’autant plus forte spirituellement. Le Jour où les secrets seront éprouvés, l’humain sera sans force ni secours. Deux éléments que le chrétien vit aussi : les anges gardiens (ou la bonne étoile ?). Tout être n’a-t-il pas pour lui un gardien ? dévotion et sens du surnaturel totalement perdus au moins dans la chrétienté d’Europe occidentale. Et deuxième élément, évidemment … voici, le verbe décisif. Et comme rarement dans le Coran, me semble-t-il, un certain anthropomorphisme de Dieu, qui n'étonne pas le chrétien : les voici, ils rusent de ruses, mais, Moi aussi, je ruse de ruses. Pour sortir du cercle "vicieuxé", que la miséricorde divine, le sursis...
L’exégèse de mon traducteur : cette étoile inconnue, ne fait qu’accentuer l’énigme. L’étoile, né sous une bonne étoile, mon étoile (disait Napoléon, qui a connu l’Islam sans doute assez intimement pendant son séjour en Egypte). La nuit incite à la vérité, elle décape, la transperçante.
soir du vendredi 18 Décembre 2009
.
Les récits dans le Coran ne sont qu’allusifs, mais ils sont souvent autobiographique : je l’apprends ce soir. A première lecture, le Coran est bien plus simple que la Bible, pas seulement parce qu’il est écrit d’une seule main et en une seule époque, même si celle-ci dure plus de vingt ans et s’il dût y avoir plusieurs disciples pour colliger les dires de Mahomet ou les mémoriser ; bien plus simple parce qu’il ne traite que directement de la transcendance divine et donc d’un choix binaire pour l’homme ; adhésion ou reniement. Simplicité telle qu’elle a induit des commentaires qui semblent dogmatiques, des relations des faits et gestes du Prophète eux-mêmes gros d’une organisation sociale. Tandis que de la bible rien ne se déduit directement en institutions politiques et sociales, mais il y a eu et il y a le clergé et une centralisation. Mais à réféchir de l’intérieur, le Coran et la Bible aboutissent à la même mystique. En théologie, certainement en dogmatoque, aussi en philosophie tout peut paraître inconciliable du christiansme à l’Islam, pas en mystique.
Sourate 111 . Les fibres
Pendaison d’un oncle du Prophète ? et sa dépouille au feu ? A son cou, une corde de fibres… Malédiction initiale : ses richesses ne lui profiteront pas, ni ce qu’il a fait. Jésus maudit mais n’envoie pas, personnellement, au châtiment. Le Prophète, si ! Solidarité dans la Bible comme longtemps en droit de la femme avec l’homme. La porteuse de fagots, son métier ou bien est-elle le bourreau ? s’exécutant elle-même en même temps que le mari. Périssent les mains du père-la-flamme ! Qu’ont-elles fait ? pour qu’une vie, peut-être droite par ailleurs, ne soit pas circonstance atténuante ou droit à l’indulgence.
soir du dimanche 20 Décembre 2009
.
Dialogues passionnants pour moi, que suscite mon « partage » de cette lecture. Passionnants à deux degrés : découvrir la sensibilité religieuse sinon spirituelle de certains de mes amis mauritaniens m’offrant des mises-au-point ou des explications factuelle et découverte à mesure de ce qui, d’un texte, peut structurer une âme, une psyché, une société, des civilisations.
Sourate 103 . L’époque
Expérience déjà vêcue en lisant la Bible. L’adéquation des textes – ici le titre-même de la sourate – de ce que je suis en train de vivre, de chercher. C’est bien de mon époque que je m’inquiète. Mon traducteur donne le multiple sens (multiple, apparemment) du terme : al-‘asr. Le choix binaire, si constamment proposé par Dieu, et notamment dans l’Exode. Choix de la foi, insistance du Coran, du Prophète, choisir. Pour l’Islam, semble-t-il, la foi est positive, elle est active, elle n’est pas un donné-reçu.. Intégrité, vérité, constance. Constatation du Prophète : voici, l’humain est perdu. Ambiance rappelant celle de la montée dans l’Arche. Ne seront sauvés que ceux…
soir du mercredi 23 Décembre 2009
.
Un ami musulman, fils il est vrai d’un de mes mentors en Mauritanie, lui-même de la tidjania, me souhaite joyeux et bon Noël. C’est de Moktar Ould Daddah que j’apprends, il y a juste trente ans, que, selon le Coran, Jésus parla dès sa naissance. Je prends l’index qui me donne XXXIII Les adhérents, une certaine nativité ou est-ce l’accueil en « Egypte » ? Nous faisons du fils de Maryam et de sa mère, un Signe. Nous leur donnons refge sur une colline de fraîcheur et de sources 50. Mention de Jésus-Issa une quinzaine de fois, souvent en plusieurs versets. Je vais ce soir et ce temps de Noël aller à ces occurrences, pour ensuite reprendre l’ensemble de ma lecture sourate par sourate, sans aller plus à la pêche aux thèmes, au contraire, il faut que je laisse ceux-ci venir, à leur manière, celle du texte-même et de son rythme.
Sourate 19 . Marie 16 à 35
Jésus est présenté dans une succession d’enfants aux naissances et aux vies exceptionnelles, de même que Jean Baptiste, candide envers ses parents, sans être violent ni rebelle 14 & 32 candide pour ma mère, sans jamais être violent ni rebelle. Différence pas mineure, Jean le Baptiste a des parents, Zacharie est en scène 1 à 11 tout à fait selon l’évangile de Luc. Le Prophète a lu cet évangile ou en a été instruit. L’Annonciation – pour le musulman en termes voilés comme le sont tous les épisodes venus de l’Ancien Testament judéo-chrétien, mais très reconnaissables pour le chrétien – est intégralement paraphrasée. On n’est pas très proche du dogme chrétien. C’est bien Dieu qui mande un ange : nous lui envoyons un souffle : celui-ci devient un être charnel accompli, harmonieux… Je ne suis que l’Envoyé de ton Seigneur … 17 & 19 Les anges ne sont pas des êtres spirituels et uniquement spirituels pour l’Islam, si je lis bien, mais le soufle dont ils viennent ou qu’ils sont, peut aussi s’apparenter à l’Esprit saint (to pneuma : le souffle, en grec). Mahomet, explicitement, ni son texte, implicitement, ne remarquent que l’ange de la révélation coranique est le même Gabriel que celui de l’Annonciation. Réponse de la Vierge conforme à la version de Luc : comment un gaçon naîtrait-il de moi ? jamais être charnel ne m’a touchée et je ne suis pas impudique 20. Réponse de l’ange, péremptoire. Le thème de la liberté de Marie n’est pas donné. Vient alors la très poétique et figurative version coranique. On n’est plus à Bethléem, il n’y a pas eu Joseph, père nourricier, mais dans le désert : elle le conçoit et se retire avec lui en un lieu éloigné. Et Jésus prend en charge sa mère par un dialogue avec elle, tandis qu’elle accouche : Sous elle, il l’appelle… 24. Et c’est lui qui nouveau-né, atteste de lui-même, porté par les bras de sa mère devant le peuple 27 . Me voici, je suis un seviteur de Dieu, il m’a donné l’Ecrit : il fait de moi un inspiré 30 . Il évoque lui-même sa mort et sa résurrection 33 comme c’est dit pour Jean Baptiste 15 . Ils disent : ‘Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ! Jésus dit alors… 29 & 30. Proclamation chrétienne : Voilà Issa, fils de Maryam, et verbe de vérité dont ils doutent 34 . Mais au total, sans qu’il y ait démonstration ou question, Jésus non seulement n’est pas le Fils de Dieu, mais il n’est pas de la nature de Dieu qu’il ait un Fils : Ce n’est pas à Dieu de prendre un enfant. Je m’en tiens là ce soir. Jésus central pour les chrétiens, banalisé dans le Coran. Les autres passages le concernant continueront de m’apprendre.
soir du vendredi 25 Décembre 2009
.
Noël de ma foi, tout en interrogeant mes amis en Islam sur ce que peut signier pour eux cette fête chrétienne. Je continue d’apprendre ce que le Coran dit ou médite de Jésus (Issa) et de sa mère, Mariyam.
Sourate 4 – Les femmes 156 à 160 & 170 à 172
Dans leur oubli (reniement, effaçage), ils ont proféré une grandiose calomnie contre Mariyam 156 En quoi consiste-t-elle ? affirmation du Coran ? ou plutôt tentative d’expliquer l’inexplicable, la résurrection (avec une majuscule pour le chrétien, puisque c’est le point cardinal : Dieu fait homme, l’Incarnation, un homme qui souffre mort et passion, selon l’expression populaire française,)mais le troisième jour, selon les Ecritures, ressuscite) : ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, c’était seulement quelqu’un d’autre qui, pour eux, lui ressemblait. 157 Passage décisif, non littéralement, mais par le contenu implicite. Il apparaît bien – là – que le Coran est un commentaire de la Bible, et en l’occurrence le commentateur, le Prophète, recule devant la difficulté : plutôt que d’admettre le fait (c’est ce qui fonde les chrétiens), il cherche à expliquer et donne son explication comme révélée et dogmatique : ceux qui s’opposent à cela, et demeurent dans le doute, n’ont pas de savoir et ne suivent qu’une hypothèse. Ils ne l’ont certes pas tué. 157 La chose entendue ? on pourrait le croire. Non ! car le Prophète après s’être radicalement distingué et séparé des chrétiens, revient à eux : continuant sur le Christ, il déclare (pour lui, c’est l’explication évitant la résurrection), que Dieu l’a élevé à lui et il fait remarquer que dans les tentes de l’Ecrit (les Juifs fondés sur l’Ancien testament) personne n’adhérait à lui avant sa mort. Au jour du Relèvement (la résurrection de tous les morts), il en témoignera contre eux. La divergence se précise : Jésus n’est pas Dieu, et la résurrection des morts ne tient pas à sa propre résurrection. Honnête, le Prophète reconnaît : voici le Messie, Issa, fils de Mariyam, est l’Envoyé de Dieu et sa Parole, lancée à Mariyam, est un souffle de Lui 171. Tout y est quoique très autrement dit : le Messie n’a pas dédaigné d’être le serviteur de Dieu 172, tout à fait d’accord, acquiesce le chrétien que je suis. Mais pris par sa conception de Dieu – personnelle ? ou reçue en révélation ? (Dieu peut-Il varier dans sa révélation selon celui à qui Il se révèle) – Mahomet assure que Dieu se suffit comme défenseur (intuition ou glose du Paraclet, l’Esprit saint) et donc qu’il est impensable qu’Il ait un enfant de lui 171. Conclusion donc : ne dites pas : ‘‘trois’’. Cessez, ce sera mieux pour vous. 170.
Il n’est pas indifférent que la divergence fondamentale entre l’Islam et le christianisme porte sur Jésus. En ce sens, le Prophète a parfaitement compris le sens général des évangiles, même s’il est probable qu’il n’en a qu’une connaissance orale et de énième main. Il est honnête intellectuellement. Cette négation du Christ par l’Islam – car le chrétien ne se satisfait pas du simple rang de prophète ou d’envoyé pour celui que – lui, chrétien – considère comme le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité – ne peut se résoudre par des mots. En revanche, chacun ayant donc son chemin selon les filiations et les héritages des transmissions respectives, nous pouvons prier ensemble le Dieu unique et véritable, et même entendre et recevoir ensemble ce qu’assure l’Islam : une preuve est déjà venue de votre Seigneur, nous avons fait descendre pour vous une lumière. Ceux qui adhèrent à Dieu et se réfugient en lui… Il les guide vers Lui sur le chemin ascendant 174 & 175.
soir du dimanche 27 Décembre 2009
.
Toujours Jésus (Issa) et sa mère, la Vierge Marie (Mariyam), selon le Coran qui d’ailleurs les associe étroitement : Issa, fils de Mariyam, le verbe de vérité dont ils doutent XIX 34 . On ne peut mieux dire.
Sourate 5 – La table 110 à 116
Le Coran donne un récit du ministère public du Christ qui est honnête, les épisodes qu’il retient et surtout la présentation qu’il fait de Jésus dans la main du Père sonnent juste. Récit à la forme directe : Dieu s’adressant à Jésus 110 Ô Issa, fils de Mariyam, commémore mon ravissement en toi et ta mère quand je t’assistais par le souffle sacré. … Qand je t’enseignais l’Ecrit, la Sagesse, la Tora et l’Evangile… quand tu as guéri le muet et le lépreux avec ma permission, quad tu l’as fait surgir des morts avec ma permission. Jésus, selon Dieu (le Père, pour les chrétiens), en butte à ses détracteurs avec les arguments et les raisonnements de ces derniers, et même la philosophie implicite de ceux qui ont profité de la multiplication des pains : Ô Issa fils de Mariyam, ton maître nous dressera-t-il une table descendue des ciels ?... nous voulons y manger : nos cœurs se réconforteront et nous saurons que tu as dit vrai. Nous serons des témoins. 113 Et Jésus s’exécute : fais-nous descendre une table des ciels. Ce sera pour nous un festin, pour le premier et le dernier d’entre nous, en Signe de toi. Pourvois-nous, toi, le meilleur des pouvoyeurs ! 114 C’est Dieu, évidemment, qui a la réplique : Adhérez à moi et à mon Envoyé 111 Et Jésus lui-même répond : Craignez Dieu, si vous êtes croyants. 112 Mais, cela exposé et repris, le Prophète ne va pas vers la divinité du Christ, au contraire : la séparation est là, franche. Sous la forme, ingénieuse et littérairement belle, d’un dialogue entre Dieu (le Père, pour les chrétiens) et le Christ :
– Ô Issa fils de Mariyam, as-tu dit aux humains : ‘’Vous me prenez avec ma mère pour deux dieux distincts de Dieu ?’’
– Louange à toi ! Ce n’est pas à moi de dire ce qui, pour moi, n’est pas la vérité. Si je le disais, tu le saurais déjà. Tu connais mon être, mais je ne connais pas ton Etre… 116 Je ne leur ai dit que ce tu m’as ordonné 117
Ainsi, selon le Coran, le Christ lui-même atteste qu’il n’est pas Dieu, et encore moins le Fils du Père. Emporté par une vue – que les chrétiens peuvent juger « superficielle » et contraire à la lettre des évangiles – le Prophète va même jusqu’à stigmatiser ce qui, pour lui, semble l’élévation de Marie, mère de Jésus, au rang de Dieu : polythéisme effectivement insoutenable. Il est vrai que Mahomet peut avoir été mis dans une ambiance excessive et simpliste : la proclamation de Marie, théotokos, mère de Dieu puisque d’un fils qui est Dieu, n’est antérieure à l’Hégire que d’un siècle et demi – concile d’Ephèse (à vérifier).
.
Toujours Jésus (Issa) et sa mère, la Vierge Marie (Mariyam), selon le Coran. J’aborderai ensuite la sourate 67 – La souveraineté, qui me semble sans autre thème que l’admiration et l’adoration de Dieu : son apostrophe 22 m’appelle. Celui qui marche, penché sur sa face, guide-t-il mieux que celui qui marche droit sur un chemin ascendant ? inspiré divinement ou fruit du génie, ce dire comme tant d’autres du Coran, est exceptionnel.
Sourate 3 – La gent de ‘Imrân 45 à 55
Son nom : le messie Issa, fils de Mariyam… 45 Et que dit-il, qu’apporte-t-il ? Je suis venu à vous avec les signes de votre Seigneur. Voici, Dieu est mon Seigneur et votre Seigneur. Servez-le : voilà le chemin ascendant. Comment est-il authentifié ? exactement à la manière dont Jésuis, lui-même, répond aux envoyés de Jean Baptiste : par un renvoi aux prophéties le concernant. Le Coran reprend celles-ci 49 comme il le fera en V 110 le miracle des oiseaux, repris de l’apocryphe Thomas III 1-2 auquel je me reporterai, et cette manifestation à laquelle l’Islam est si sensible : le Christ capable de parler dès sa naissance 46 et XIX 30 Marie . Le Coran a alors une intuition forte – et qui touche le chrétien : J’authentifie la Tora, ce qui est entre mes mains, et vous permets une partie de ce qui vous étair interdit 50. C’est l’évocation la plus juste de la relation du Christ au judaïsme et telle que celle-ci est commentée par l’apôtre Paul : nous sommes libérés de la loi mosaïque. Compréhension également très juste de l’Ascension : Ô Issa, je t’assume, je t’élève vers moi, je te purifie de ceux qui m’effacebt, plaçant ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui effacent jusqu’au jour du Relèvement. Les disciples associés à leur Maître et à sa résurrection. Lire le Coran à sa manière et non à la nôtre. C’est-à-dire le comprendre comme une parole, supposant acquise la connaissance et la compréhnsion des deux Testaments de la Bible, Ancien et Nouveau. Le Prophète les prend en compte, les commente d’une façon elliptique mais très identifiable, et spirituellement juste. Seule nous sépare – ce qui, dans la prière, est accessoire, même si théologiquement c’est décisif – la divinité du Christ et la « forme » trinitaire de Dieu, Père, Fils, Saint Esprit, quoique unique (et parce qu’unique, dirait le chrétien). Mais la théologie ne doit pas séparer les spirituels et les priants, les « adhérent », les croyants.
Observation fine, en psychologie et en spirituel : Je vous jugerai sur ce en quoi vous vous opposiez.
soir du mardi 5 Janvier 2010
.
Je reprendrai plus tard les sourates dont j’ai « extrait » arbitrairement en apparence ce qui concerne Jésus, mais pour aller au fond d’un des différends entre islam et christianisme. Je viens à la sourate 67 – La souveraineté, comme je l’avais résolu, rien que par attrait pour le titre et l’un des versets. Mon traducteur (Chouraqui) indique d’autres manières de la titrer : la salvatrice, la préservatrice, la bénie, et commente : « Le Coran culmine ici en une série de brefs poèmes, hymnes ou psaumes d’une incomparable ferveur mystique. Allah y est célébré dans Sa gloire souveraine. » - Je pressens donc une réponse humaine à Dieu, et l’un des sommets de l’expression religieuse à la racine de l’Islam. Des jeux de mots possibles, semble-t-il en arabe : Mulk, souveraineté en ce monde et Malakût dans l’autre.
Sourate 67 – La souveraineté
L’interpellation directe : la forme la plus pédagogique de quelque enseignement que ce soit, faire que le disciple ou celui qui chemine trouve par lui-même – hors la biographie, ainsi celle du Christ, ou les fioretti de vies de saints dont l’Islam est également familier, puisque la vie et les dires du Prophète ont fait l’objet de récits, recueils et commentaires, davantage encore ceux du Messie. Tout simplement parce qu’une révélation selon Dieu lui-même, nature des évangiles, appelle davantage le commentaire sur le contenu de cette révélation que sur le personnage donnant la révélation : le Christ se révèle lui-même. L’Islam au contraire ne traite de Mahomet que pour attester l’authenticité de la révélation qu’il donne : le Prophète n’est pas le sujet du Coran. Alors que le Christ est celui de la Bible entière, implicitement dans l’Ancien Testament, explicitement dans le Nouveau.
Ecrit au discours direct, le Coran excelle dans l’interpellation : Tu ne verras dans la création de Dieu créateur aucune brèche. Pose sur elle, y vois-tu une faille ? Puis ramène ton regard, deux fois encore, il reviendra vers toi, lassé, éperdu. 3 & 4. Il la combine avec le discours de Dieu lui-même : Ainsi, nous avons embelli le ciel avec le monde des luminaires repris de la Genèse. Moyens de preuve qui me semble très proches de ceux Thomas d’Aquin (à six siècles de distance, le docteur de l’Eglise, postérieur au Prophète, l’avait-il lu ? regarder la relation islam-thomisme, l’élucider serait décisif pour le dialogue entre les deux religions, tant Thomas d’Aquin est, à l’égal de Paul et d’Augustin, celui qui a structuré le mode de raisonnement de l’Eglise chrétienne en Ocident) : présenter Dieu selon Lui-même et par définition. Le connaisseur du secret des poitrines, ne connaîtrait-il pas ce qu’il crée, lui, le Subtil, l’Informé ? 14 & 15 appellations qui pourraient être celles de l’Esprit Saint pour un chrétien. Argument de la toute-puissance divine, déjà rencontré mais développé concrètement, physiquement : croyez-vous que l’Habitant du ciel ne peut pas vous enfouir sous terre ? Voici qu’elle tremble ! Croyez-vous que l’Habitant du ciel ne pourrait envoyer contre vous un ouragan de pierres 16 & 17… Qui vous pourvoirait, s’Il retenait sa subsistance ? 21 … Voyez-vous, si un matin votre eau disparaissait dans un gouffre, qui vous donnerait l’eau des sources ? 30
Comportement de Dieu, comportement des hommes. Les oiseaux, ailes déployées ou repliées au-dessus d’eux ? Le Créateur seul les soutient 19. Lui, Il vous fait naître, vous donne des oreilles, des yeux, des entrailles 23… C’est Lui qui vous multiplie sur terre. Vous serez rassemblées à Lui 24. Attitude de l’homme, en réponse : nous nous abandonnons en Lui 29…Ceux qui tremblent de leur Maître, dans le mystère, recevront son indulgence, avec un grand salaire 12 Mais ceux qui refusent de croire ou renient ? les compagnons du brasier 11 , l’habituelle évocation du supplice de la Géhenne : pour ceux qui oublient leur Maître, voici le supplice de la Géhenne, le pire devenir. Quand ils y sont précipités, ils y entendent un rugissement : la Géhenne bouillonne 6 & 7 rien ne pourra sauver les effaceurs d’un terrible supplice 28 La leçon ainsi donnée, le Prophète se met, avec naturel et logique, en scène, lui-même élément de preuve : Que Dieu m’extermine avec mes compagnons, ou qu’il vous crée…bientôt vous saurez qui est dans un fourvoiement manifeste 28 & 29
Et j’aime terminer ainsi, par cette esquisse de ceux qui cherchent et de ceux qui marchent : Celui qui marche, penché sur sa face, guide-t-il mieux que celui qui marche sur un chemin ascendant ? 22 et par la prière la plus vraie et profonde : Il est béni, Celui qui a en ses mains la souveraineté, Lui, puissant sur tout et la contemplation la plus simple : Il crée, Lui, la mort et la vie pour vous éprouver 1 & 2.
Remarques. Il semble que l’homme soit généralement présenté en groupe, au contraire du chrétien, du psalmiste, de tout dialoguant avec Dieu dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. Seuls, deux personnages sont chacun au singulier : Dieu et son Prophète.
matin du samedi 23 Janvier 2010
.
Je reprends ma lecture, que je voulais initialement quotidienne et vespérale. Je vais essayer de la maintenir quotidienne, mais peut-être le matin, à la suite de ma lecture des textes de la messe catholique. Ou selon l’inspiration. Tant je dois me consacrer à ce travail décisif et attendu par mon éditeur – mon journal assorti de ma mémoire de maintenant pour alors 1967-1971, cristallisation de presque tout dans ma vie, Dieu, l’amour, la politique selon de Gaulle, la Mauritanie selon Moktar Ould Daddah.
Cette lecture d’un mois et demi m’a déjà apporté trois choses. La totale différence de posture et de mode de pensée entre le musulman et le chrétien, puisque le livre saint de l’Islam n’est pas une biographie ou plusieurs biographies, alors que pour la Bible, c’est le genre dominant, l’identité de Dieu, son dessein s’apprennent et s’expriment par l’histoire des hommes, par des histoires d’homme. Puisqu’aussi le Prophète prêche l’inacessibilité de Dieu, même si Dieu miséricordieux a sur chacun et sur l’humanité son plan. Dieu selon la Bible est accessible au point qu’il a été, humainement, mis à mort. La puissance littéraire, le souffle du Coran, sont tels que la prière, directement par ce texte, est malaisée : je suis plutôt conduit à une contemplation sans mot ni image ni récit devant un Dieu absolu, qui est tout autant, évidemment, celui de la Bible. Prier avec mes chers amis confessant l’Islam est donc possible et je le veux, en ce sens que nous nous tournons ensemble vers l’absolu d’un Dieu attentif et compatissant, mais est difficile car la posture induite par le Coran me semble la seule adoration, à tort ou à raison, le chrétien – comme Abraham, comme les prophètes, comme Jésus – dialogue avec Dieu. Cette différence est à approfondir avec mes amis : prier en Islam, la question ne s’épuisant pas par les horaires et les rites, qui sont aussi ceux du monachisme chrétien. Enfin, le Coran apprend comment a échoué une sorte d’évangélisation primitive puisque le Prophète reprend maints épisodes de la Bible, autant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, qu’il connaît aussi certains textes dits apocryphes par l’Eglise chrétienne. Il n’a retenu – intuition propre ou Révélation – que l’absolu et la transcendance du Dieu de la Bible, et l’écrit témoigne d’une intuition ou d’une Révélation tout à fait autonomes, les emprunts ou commentaires de la Bible me semblant détachables, sinon accessoires. L’Islam ne me semble pas avoir besoin de cette généalogie à laquelle les chrétiens sont si attachés – généalogie qui fait naître leur foi du judaïsme mais les en distinguent puisque c’est une généalogie aboutit et qui introduit au mystère central du corps mystique, de l’adoption de l’humanité par Dieu. Cependant, « au bout du compte », l’Islam arrive là où est aussi le christianisme, tout en le disant très différemment et d’une manière qui peut se lire soit au concret soit au poétique : le jugement et la Géhenne, le paradis.
Je rechercherai maintenant davantage les notions et enseignements sur la miséricorde, sur le pardon.
Sourate 77 – Les envoyées
Je l’ai choisie depuis le début de ce mois, par hasard, pour son souffle littéraire jamais rencontré nulle part à ce point. Qu’enseigne-t-elle religieusement ?
Par les envoyées en rafales,
par les tourmentes déchaînées,
par les trombes qui déferlent,
par les ruptures qui déchirent,
par le jaillissement de la mémoire
- excuse ou avertissement –
voici, ce à quoi vous êtes promis
arrive.
Manière très différente des chrétiens, d’exposer le concept de destinée. La promesse n’est pas adressée à tel ou tel, représentant l’humanité et tout le vivant. Nous sommes, les hommes sont objets de la promesse, une promesse qui enveloppe, transforme, concerne – semble-t-il. La mémoire est ici entendu comme une prophétie, renforcement, bienvenu, de la définition biblique et du rôle de la mémoire dans la vie spirituelle : elle transcende le temps selon ce texte.
Quand les étoiles s’effacent,
quand le ciel se fend,
quand les montagne se pulvérisent,
quand les envoyés sont convoqués…
Annonce de quoi ? avec une datation très évangélique par les signes et non par la chronologie. Le jour de la Répartition ? J’ai déjà remarqué, celui récurrent du Relèvement – que les chrétiens diraient celui de la Résurrection (même étymologie). Il faudrait entendre ce terme-ci comme équivalent du Jugement. Répartition de fait comme c’est figuré au tympan de nos basiliques et cathédrales : anéanti les premiers ? fait suivre les derniers ? Mode coranique. Dieu parle le plus souvent au discours direct, sans indication de contexte ni même de porte-parole. Mahomet est destinataiire – en notre nom à tous – de cette parole directe : Qui t’apprendra ce qu’est le Jour de la Répartition ? 14 ... En ce Jour où ils ne s’exprimeront pas, il ne leur sera pas permis de se disculper 35.36 Sans indiquer que le jugement soit contradictoire, les évangiles donnent la parole aux élus et aux pécheurs : Quand Seigneur t’avons-nous … ? quand Seigneur n’avons-nous pas … ? Le Coran ne nous met pas en situation de ce jugement, il l’annonce, ou nous en menace. Ce jugement est un attribut de Dieu : Nous voici, nous rétribuons ainsi les excellents 44 .Chemin faisant, rappel des conditions de notre naissance : n’avez-vous pas été créés d’un liquide fétide ? 20 et surtout de la toute-puissance divine, toujours exprimée de façon neuve et surprenant : ne mettons-nous pas la terre en habitacle des vivants et des morts ? Nous y mettons des massifs altiers : nous vous abreuvons d’eau douce 25.26.27. Et peut-être une chance laissée à l’homme, quand il est incrédule : Allez vers ce que vous étiez à nier… si vous avez une échappatoire, échappez-vous ! 29 & 39 La figuration de la récompense est – plus accidentelle mais aussi crûe dans la Bible : mangez desviandes grasses et savoureuses, buvez – toujours très précise et concrète, matérielle : les frémissants, parmi les ombrages et les sources, ont des fruits, ceux qu’ils désirent. Mangez et buvez à souhait pour ce que vous faisiez… Mangez et jouissez, mais peu, car, voici, vous êtes coupables ! 41.42.43 & 46 . La hantise du Prophète reste celle aussi du Seigneur : le refus de croire, quiand il leur sera dit : « Prosternez-vous ! », ils ne se prosterneront pas. Pour l’Islam, l’incroyant est fondamentalement un menteur. Les envoyées le sont à ces menteurs 15 . 24 . 28 . 34 . 40 47 : Aïe ! les menteurs, de Jour-là ! La dialectique de l’espérance en islam est retournée : le chrétien espère en Dieu dont la Bible lui répète pourtant que c’est Celui-ci qui attend et espère l’homme, le musulman d’une certaine manière n’a rien à espérer mais il lui est dit que Dieu attend sa foi, veut sa foi : à quelle geste, après cela, adhéreront-ils ? 50 Ce qui incombe à l’homme dans le dessein, le projet de Dieu est finalement le même dans les deux acceptions chrétienne et musulmane : croire, la foi, à cette nuance-près – passionnante – que pour le musulman la foi est native et l’incroyance une dénégation, une infidélité, un reniement (la trahison de Pierre affirmant à trois reprises ne pas connaître son Maître), tandis que pour le chrétien, la foi est reçue, elle est une conversion, elle n’est plus originelle depuis Adam et Eve.
après-midi du jeudi 28 Janvier 2010
.
Tranquillement à la suite de la précédente, mais attiré aussitôt par son souffle littéraire analogue à celui de la LXXVII. Lecture en la fête du grand théologien chrétien, Thomas d’Aquin au XIIIème siècle après Jésus-Christ. La révolution qu’apporte ce « docteur de l’Eglise » par sa méthode et son esprit, est fondée sur sa connaissance d’Aristode. Son grand prédécesseur au IVème siècle – saint Augustin – était de formation intellectuelle platonicienne. Averroès – rayonnant en médecine et en philophie à Cordoue, au XIIème – apporte à l’Occident chrétien Aristote : on l’y avait perdu. Thomas, célèbre autant pour sa curiosité intellectuelle que pour sa nature contemplative, doit donc beaucoup aux Arabes. Resterait à regarder – ce qui n’est pas actuellement mon objet, mais pourra être ma curiosité surtout si mes amis en Islam l’aiguisent – la relation d’Averroès aussi bien avec l’enseignement du prophète qu’avec l’Eglise de Rome où il est, dans un premier temps, apprécié avec reconnaissance, puis dans un second, condamné comme s’il en était le moins du monde un des adeptes…
Une piste commune par construction – face à l’agnosticisme ou/et au désespoir – a-t-elle explorée ensemble : juifs, chrétiens, musulmans (je prends ici l’ordre chronologique des fondations et révélations). Tout simplement déduire la philosophie des trois théologies. Si celles-ci diffèrent en des points majeurs, concernant essentiellement la personne-même de Dieu et sa manifestation aux hommes, en revanche elles produisent la même morale, si l’on regarde sans a priori culturel superficiel, et surtout elles montrent l’homme dans la même situation fondamentale face à la vie, à la naissance, à la mort et à la résurrection. Pour l’Islam (tel que je lis jusqu’à présent le Coran), la résurrection est un fait – fondant d’ailleurs le jugement, les punitions et les récompenses – tandis que pour le chrétien, elle est une promesse, plus fondée sur le précédent du Christ que sur la parole divine. Cette philosophie commune « contournerait » les différends théologiques entre les monothéismes révélés et présenterait à l’homme, en unisson, sa destinée, son salut, sa mission, ses chances et ses responsabilités. Ce serait une lumière pour notre temps, et les « religions » d’Extrême-Orient y reconnaîtraient certainement des éléments de dialogue et de convergence avec nous tous, nous trois, musulman, chrétien, juif.
Sourate 78 – L’inspiration
Construction et type d’apostrophe divines, analogues à la sourate Les envoyées. Dieu se pose, devant l’homme, en créateur, un créateur concret, attentionné dont l’œuvre est pour l’homme :
Ne mettons-nous pas la terre pour tapis,
et les montagnes pour piquets ?
Nous vous créons par couples,
nous vous donnons le sommeil pour repos,
nous vous donnons la nuit pour vêtement,
nous vous donnons le jour pour vivre. 6 à 11
une création dont l’ensemble n’est évoqué qu’ensuite, en grandiose décor :
Nous avons construit, au-dessus de vous, sept firmaments,
nous y avons mis un flambeau de splendeur,
y faisant descendre une eau abondante, des nuages,
pour faire pousser graines, plantes
et jardins luxuriants. 12 à 16
C’est pour répondre à l’homme, et plus particulièrement à celui qui le renie ou refuse de croire, rien que par son doute. Sur quoi s’interrogent-ils ? 1 D’une manière que n’eût pas récusée Paul de Tarse, la discussion porte sur la résurrection : débat contemporain du Christ et que ne tranchaient pas tous les livres de l’Ancien Testament, le psalmiste a comme argument devant Dieu, son Sauveur, qu’on ne saurait le prier ni le contempler dans la tombe. Sadducéens et pharisiens s’écharpaient à ce sujet, au point d’oublier leur alliance contre Paul. Aujourd’hui, le désespoir fondant l’agnosticisme, est bien le refus de croire à ce Relèvement, à l’Inspiration, à la Résurrection.
Récompenses aux fidèles, c’est-à-dire aux croyants : les prendre au concret ou au spirituel (le Cantique des cantiques n’est pas chiche d’évocations érotiques) est indifférent. Le sens de la prophétie est une satifaction totale de la personne humaine : Les frémissants goûtent le triomphe, vergers et vines, seins fermes des compagnes, coupes débordantes 31 à 35, saintes bacchanales, noces.
Aux renégâts et oublieux, le supplice : la géhenne sera aux aguets… un seul ébouillantement, une fétidité en récompense adéquate 30 & 40 . 21 mais l’essentiel porte sur ce qu’ils deviennent dans le moment du jugement, c’est-à-dire de la résurrection. Les voici, ils étaient à ne pas s’attendre à rendre des comptes, ils niaient nos signes en menteurs… Ils ne peuvent interpeller le Maître des ciels, de la terre et ce qui est entre les deux… Ils diront : « Ah, que ne suis-je poussière ?! » 27, 37 & 40. Ils regretteront résurrection et vie éternelle, tous repères perdus : Ouvert, le ciel, en ses portes, les montagnes en marche deviendront un mirage 19.20. Ah ! bientôt, ils sauront 4.5.
soir du samedi 30 Janvier 2010
.
Prise pour son titre sans doute différemment rendu par les traducteurs, et par l’acception que lui donne – en l’occurrence – le mien (Chouraqui) :
Sourate 88 – L’engloutissante
qui semble – pour une perspective que l’Islam partage très explicitement avec les chrétiens : la résurrection – en présenter une signification assez différente. La résurrection est plutôt un abandon ultime de l’homme à Dieu, plutôt qu’une sorte de triomphe sur une nature qui a failli et qui est restaurée. Elle est notre vulnérabilité, notre exposition au jugement, ce Jour-là, visages humiliés… ce Jour-là, visages ravis… 2 & 8. est-ce une description du paradis ? je ne le crois pas, c’est un lieu et un temps d’attente : dans un jardin sublime, ils n’entendront rien de futile, et là aussi se trouvent une source jaillissante, de hautes alcôves, des calices offerts, des coussins alignés, des tapis étalés 10 à 15 . Comme la description et les interdits de la beauté d’une femme ont pu être lus comme un carcan à lui imposer, la description d’un « salon » comme au pays maure il est fréquent, imposerait la disposition des lieux de repos au pays des chameaux : ne les contemplent-ils pas 17 et comment sont-ils créés ?. Je crois qu’il y a une autre leçon. D’abord un certain manichéisme, mais surtout une exhortation au Prophète, à toute personne se souciant d’une mission qu’il n’aurait pas, et qui le ferait se substituer à Dieu : tu n’es pas préposé contre eux, tu es un mémorisateur 22 & 21 en sorte que l’essentiel d’un prosélytisme est seulement de témoigner, d’annoncer Dieu. A lui seul appartiennent destins et jugement. Vers nous, leur retour se fera 25. Le texte lapidaire présente la réalité, ce qu’il advient aux croyants plus que le sort des infidèles, et une approximation de Dieu par sa création : l’auteur, cher aux philosophes du XVIIIème siècle européen, de tout ce qui nous dépasse, mais le Coran donne la mesure, elle est celle des chameaux : Ne contemplent-ils pas les camélidés ? Comment sont-ils créés ? Et le ciel ? Comment est-il élevé ? Et les montagnes ? Comment sont-elles hissées ? Et la terre ? Comment est-elle laminée ? 17 à 20. Titrée par la résurrection, cette sourate est paradoxale, elle est ou inachevée ou l’introduction à quelque chose qui devrait êre évident et qui ne l’est pas. Chameaux, ciel, montagne, terre sont si concrets. Les lieux de délice aussi. Le châtiment de ceux qui, visages humiliés, préoccupés, harrassés, rôtis au feu ardent, abreuvés à la source boueuse, n’auront pour nourriture que des bqies qui n’engraissent pas et ne calment même pas la faim 2 à 7, l’ensemble sévère et contrasté semble l’état définitif, tous comptes rendus.
Mon traducteur la dit souvent proclamée à la prière du vendredi.
soir du dimanche 7 Février 2010
Je ne peux prendre le Coran comme parole de Dieu – ce qui, en revanche, sous-tend toujours ma lecture de l’Ancien et du Nouveau Testament (la Bible), même quand le texte est un récit anecdotique. La Bible m’est donnée comme instrument et lieu de prière, de communion ou de chemin de communion avec Dieu, par son Fils (annoncé dans l’Ancien Testament, présenté par le Nouveau : un peu de biographie, beaucoup d’enseignement et surtout la confrontation entre deux accueils, l’un passionnément hostile, l’autre favorable mais très conditionnellement et à courte vue. Tandis que le Coran m’est un moyen de communier avec les hommes, avec les musulmans, de les rejoindre. Il est aussi – jusqu’à présent – un portrait de Dieu tout à fait conforme à celui donné dans la Bible, mais qui a une écriture, un autre souffle et une autre manière de se dire. Il est enfin centré – bien davantage que la Bible – sur le jugement, donc sur la sanction de l’accueil reçu par le Prophète, et en fait plus profondément et en nous faisant entrer vraiment dans le spirituel, sur la sanction ou la récompense, l’état de vie éternelle des croyants et des infidèles. Quant à la langue, je ne la pratique pas, mais les images, le rythme qui en sont restituées par les traductions, sont très motivants : le lecteur, le pratiquant du Livre sont haletants. Dieu exige, menace, alerte et, quoique répétitif si la lecture n’est que superficielle, le Coran surprend constamment par sa force.
Sourate 92 . La nuit
Effet littéraire très parlant, la puissance et la stabilité du cosmos et même de la physiologie, reflet de la divinité, parabole de Dieu et en regard les mouvements browniens des hommes : voici, vos démarches divergent 4. Argument des philosophes des Lumières, au XVIIIème siècle occidental, qui n’avaient sans doute pas la maîtrise du Coran. Dieu et les hommes, par la nuit quand elle engloutit, par le jour quand il éclate, par ce qui crée le mâle et la femelle 1 à 3. La reproduction humaine, souvent invoquée par le Prophète soit pour rappeler l’humilité de la condition humaine, soit – ici – pour en dire l’immuabilité. Justice distributive et manichéenne : Paradis et Géhenne, selon deux types d’hommes dans leur rapport à Dieu : celui qui donne, frémit et celui qui lésine, s’enrichit et nie 5 & 8. Le texte est d’une saveur particulière pour un chrétien qui s’y reconnaît assez bien ; la foi n’est pas intellectuelle mais elle vient du cœur, elle frémit. La pauvreté, le dénuement consentis valent la foi, la signifient : tout frémissant qui donne sa richesse pour se purifier 17.18 tandis que le mécréant : sa richesse ne lui profite pas, quand il sombre 11. L’auteur du livre des Proverbes n’a pas dit mieux et le psalmiste comme Jean de la Croix sont en symbiose avec le Prophète quand celui-ci s’écrie : Rien chez personne n’est récompensé par un tel ravissement, sauf le désir du visage de son Seigneur, le Sublime 19& 20 . Et une vue optimiste du dénouement : bientôt, il sera exaucé 21.
Ainsi, suis-je introduit à une souplesse plus grande qu’ailleurs dans le Coran, le jugement, le bonheur, la malédiction ont des degrés, et surtout le salut est possible, promis, déjà en filigrane.
Je peux ainsi lire le Coran quand les sourates sont courtes comme le moment d’une respiration mystique : le texte n’est pas un enseignement sur Dieu ou sur l’homme, il est une mise de l’homme en présence de Dieu, il est immédiatement une école de contemplation mais sans conseils pratiques ni de posture. Il place l’homme devant Dieu, subitement. Et si chacune des sourates est parente, analogue à beaucoup d’autres, c’est bien qu’il s’agit d’une même respiration permanente, éternelle comme la vie promise.
soir du lundi 15 Février 2010
La Bible, parce qu’elle donne tant de récits et de portraits, se prête aux images de toutes sortes, à l’imagination, elle se raconte et se laisse illustre, elle est prodigue d’aventures, de modèles – autant qu’elle écrit de la mystique, de la morale, de la chanson d’amour. Elle est épique et historique autant que transcendante et psychologique. Il y en a donc « pour tous les goûts » et beaucoup d’approches sont possibles, elle ne rebute pas mais se prête au contre-sens par cet abord facile. Le Coran, au contraire est difficile, même si sa beauté littéraire – dont la traduction m’est-il répété ne donne qu’une faible approximation à celui qui n’est pas arabisant – est un chemin d’accès. Sa force reste donc mystérieuse. En ce sens, son attractivité est celle de Dieu-même ; l’attractivité de Dieu est un de ses attributs, sinon son attribut le plus communément expérimenté par l’homme. La Bible s’autorise le truchement des récits, pas le Coran.
J‘étais ce soir à mettre au net un entretien enregistré avec Mohamzd Khouna Ould Haïdalla, le soir du lundi 5 Décembre 2005… mes bagages à enregistrer à l’aéroport après des heures d’examen du coup de 1978 puis des prolèmes de gouvernement entre 1980 et 1984, entretien interrompu par l’heure du départ… Je prenais donc congé. Soyez prudent, Monsieur le Président, mon colonel : ne faites pas de prison à nouveau. Parce que çà fatigue. Je ne savais pas que vous aviez été quatre ans en prison, quatre ans c’est dur. Cela m’a permis de faire le Coran entièrement. Totalement. Je n’en connaissais presque rien. Mais à l’école coranique, vous étiez censé l’apprendre par cœur. Oui, on l’a appris mais après, pendant les études, j’ai tout lâché. Et le Coran quand on le lâche pendant une année, on le perd. Moktar me disait, un peu avant sa mort, qu’il pouvait en réciter soixante pour cent. C’est beaucoup.
Je me mets à cette lecture dans leur esprit. Mon traducteur prévient que cette sourate a été « proclamée après une longue période de sécheresse spirituelle où les proches du Nabi pensaient qu’il risquait d’être à jamais abandonné par la Voix qui l’habitait ». Thérèse de Lisieux, dans les trois dernières de sa vie, a connu cette nuit de la foi, le mur s’élevant jusqu’au ciel.
Sourate 93 . L’aube
Je suis saisi par cette version brève des Béatitudes évangéliques, non plus proclamées ex cathedra mais en dialogue intime et mystique (qui par-delà la science et l’intuition du cœur de Dieu que manifeste le Prophète, attache à ce dernier : ce dialogue en forme d’interrogation aux réponses implicites, celles de l’espérance, est manifestement vêcu) :
Ne t’a-t-il pas trouvé orphelin ? – Il t’abrite.
Trouvé fourvoyé ? – Il te guide.
Trouvé indigent ? – Il te rend opulent. 6 . 7 . 8
La reconnaissance du Prophète, du croyant – et le Prophète est le croyant par excellence et le premier chronologiquement et ontologiquement, à l’instar de la Vierge Marie pour les chértiens dont elle est le prototype, le modèle dans la foi, le comportement et le consentement à Dieu – se manifeste aussitôt par des égards et une générosité envers ses semblables, analogue à celle de Dieu pour lui. Et à terme par la mission et la prédication qu’il assume, sur ordre divin. Apostoliquement.
Quant à l’orphelin, ne le brime pas. (Le Prophète l’aurait été ?)
Quant au mendiant, ne le repousse pas.
Quant au ravissement par ton Seigneur, répands-le. (Il me semble qu’il faut lire et comprendre : fais-le connaître) 9 . 10 . 11
La Bible et le Coran ont en commun la dialectique des promesses divines. Libellés différents, origine historique, sinon factuelle, dans la Bible, perspective du jugement, de la récompense ou de la damnation plus abrupte et individelle dans le Coran. Paradoxe : la Bible insiste autant sur le peuple (et la théologie chrétienne sur le corps mystique et la communion des saints) que sur l’individu dont la vocation est personnelle mais elle produit – par le Nouveau Testament – une chrétienté éparpillée et pluraliste, tandis que le Coran n’est pas l’histoire d’un peuple ou l’adresse à un peuple, une nation en particulier mais il distingue les croyants et les négateurs (les effaçeurs) de Dieu, et c’est lui qui engendre une forte communauté universelle et avec un noyau très homogène en langue et en ivilisation (la nation arabe). L’Islam, mieux que le judaïsme, réussit cette dialectique d’un peuple particulier, d’une ethnie qui a reçu la révélation ou la promesse, et d’une contagion universelle ; le judaïsme reste, sauf exceptions il est vrai de plus en plus nombreuses, limité à une ethnie.
Assurance donnée à l’âme qui prie sans consolation : par l’aube, par la nuit quand elle est sereine, ton Seigneur ne te délaisse ni te honnit… Bientôt, ton Seigneur te fera un don : tu l’agréeras 1 . 2 . 3 & 5. Théologie musulmane que l’Eglise peut reprendre à son compte, avec avantage : la Parole de Dieu est une grâce, autant sinon plus que la foi, notre réponse à cette Parole. Théologie et expérience psychologique : la Parole de Dieu, annoncée, transmise par les Apôtres dans le christianisme, par le Prophète dans l’Islam, quand elle est lue par le croyant ou par l’humble d’une autre éducation religieuse, est évidemment reçue et elle gratifie par elle-même le lecteur, l’auditeur. Elle nourrit.
soir du jeudi 18 Février 2010
Je viens avec joie à cette lecture de préférence à toute autre lecture ou écriture ce soir. Je sais que je n’y trouverai pas le support-instrument de la mémoire priée de ceux qui aujourd’hui m’ont rencontré ou dont j’entends la souffrance, la vie entière et donc un certain souffle d’âme, car se raconter ainsi en quelques phrases pour dire la contrainte que subit tout être vivant, c’est certainement avoir parcouru beaucoup. Joie alors ? celle d’entrer dans un lieu où l’on ne pénètre que nu et oreille ouverte, un texte qui contuareùent aux évangiles ne transforme pas celui qui entre et qui écoute, mais un texte qui nous prend debout ou couché, épuisé ou en forme, et qui nous met à genou dans nos dimensions et dans celles de Dieu. Voici le Coran, criez-le car Dieu est Dieu.
Sourate 91 . Le soleil
François d’Assise et quelques-uns des cantiques d’aujourd’hui, les envois modernes, la prière chantée de Brassens aussi … ont ce rythme invocatoire, celui des Laudes monastiques quand la journée est devenue certitude. Avec ce paradoxe que le crescendo du ton va cependant du plus haut et inaccessible, les astres, l’alternance des heures, au plus tangible, sous nos pieds.
Par le soleil et par son aube,
par la lune quand elle le suit,
par le jour, quand il le manifeste,
par la nuit, quand elle l’engloutit,
par le ciel qui l’édifie,
par la terre qui l’étend, 1 à 6
somptuosité, ingéniosité poétique, innovation totale dans ces images dont le grandiose correspond exactement au cosmos, au mouvement diurne, comment ne pas épouser cette solennité et donc retenir son souffle et faire grande attention à ce qu’il va se passer…
par l’être, et Celui qui l’harmonise,
qui lui inspire sa nuisance ou son frémissement 7 & 8.
Contenu certainement décisif et très dense de ce qui doit être l’un des cœurs de la théologie musulmane. L’être, nous, ce que nous sommes, notre ontologie, sens et vie, pas tant individualité que spécification. Celui qui harmonise : excellente formulation de l’action de l’Esprit-Saint selon une foi et une téhologie chrétienne, Dieu soutenant le monde, l’Esprit faisant l’unité et la paix. Je ne sais – et pour cause – la force du mot arabe que Chouraqui traduit : harmoniser, mais en français c’est déjà riche, le divers est respecté mais une sorte de heurt souffrant est évité, qui serait d’un pluriel mal arrangé, pas évangélisé, pas saisi spirituellement. Notre foi ou notre refus – toujours ce manichéisme qui semble un des traits forts de l’Islam, presqu’un trait de définition – ne dépendent pas de nous mais de ce Dieu qui nous réarrange, nous dispose et nous guérit. On est loin du concret de la Bible, on est certainement proche de l’école de Platon (qu’il me faudrait relire et posséder mieux, pas tant pour les lois et la société, la pédagogie, que fondamentalement pour ce qui fonda Kant). Le détail, la forme, la courbe de notre destinée, notre être et sa figure d’éternité : il l’a déjà fécondé, l’ayant innocenté, et déjà incriminé, l’ayant abaissé 10. Récompense ou sanction divines, évidemmment le fait de Dieu, mais la cause qui fait obtenir récompense ou encourir sanction, est aussi de Dieu. Apparent problème de la liberté, mais réalité de la vie, de l’expérience spirituelle. Aux deux versets théologique succèdent donc deux versets philosophique : notre situation devant Dieu n’est pas une position de l’homme dans le cosmos ou dans la création, elle est une évaluation de l’homme après jugement, reconnu.juste ou coupable, gratifié ou abaissé. Le Prophète prend un exemple dans l’histoire ant-islamique. Thamud serait une tribu à convertir ou à châtier.
Notion qui fait réfléchir : la relation à Dieu, si elle se disjoint est une sécession. Nous venons de Dieu, nous sommes en Lui. Le refus de croire n’est pas une réponse a nihilo, mais une trahison, un retrait, nous refusons un acuis, notre hérédité. La foi est native, le rapport à Dieu est donné de naissance. L’acte libre de l’homme est continuer comme il est né, ou de rejeter et de se détacher. Il n’est pas de s’attacher ni d’adhérer puisqu’au départ d’une vie, le lien est déjà organisé. Regarder la notion de péché originel – implicite ou explicite – ce doit être très riche mais, a priori, le contre-pied (voulu ?) de la doctrine chrétienne. Les Juifs croient-ils aussi au péché originel ? sans doute pas comme nous puisqu’ils vivent dans une dialectique de libération alors que le chrétien vit dans celle du rachat, une libération parce que c’est promis avec à la clé une terre et ce qui va avec, alors pour le chrétien il s’agit de transformer une nature abaissée. Justement : abaissé, est le mot du Coran.
La sourate se termine souverainement par le récit du péché actuel et par une sanction radicale. Leur Seigneur les élimina pour leurs carences, il les écrasa. Raccourci : quelle était donc la posture de ces gens qui ont péché. Pas tant la mutilation de la chamelle d’Allah ni de laisser perdre ou se répandre son breuvage 13, mais ils ne redoutaient pas leur fin 15. La Bible n’a pas de châitiment pire que la folie, la dislocation psychique. Le Coran propose l’inconscience, comme génératrice de tout malheur. Ne pas savoir ou ne pas vouloir savoir ce qui fait une destinée, constitue une personnalité. Cette tribu de l’Arabie anté-islamique symbolise le désastre d’une époque, d’un peuple, d’une civilisation : nier. Le chrétien combat l’agnosticisme parce que c’est un défi aux évidences que lui-même reçoit et dont il se nourrit : dans ce débat, les deux champions se croient supérieur à l’autre. Tant qu’on est en face et non en communion, il y a goût et culture de la hiérarchie, qui serait de nature et non pas instrumentale en vue du bien commun. Le musulman est sensible au refus, à la folie du refus, à l’attitude de celui qui nie : ce n’est plus un débat, c’est un constat. Attristé.
Quelle humilité, quelle sagesse et donc quel abandon à la Providence, chez ces amis musulmans qui écoutent, qui respecter la foi chrétienne et ne développent pas la leur ! Conviction de ne pouvoir convertir l’autre si enfermé voire supérieur ? je ne le crois. Expérience des prises de conscience, du tropisme natif vers Dieu et du refus. Le christianisme se fonde sur le consentement de Marie à ce qu’il lui est annoncé : le fiat qui est un commandement aux événements, à l’ordre de la nature et de la création plus qu’une obéissance ou une docilité personnelles. L’Islam se fonderait sur cette stigmatisation de ceux qui nient leur nature, qui renient – non un baptême, il ne semble pas qu’il y ait pour un musulman quelque moment analogue, début de tout dans une vie religieuse, spirituelle – qui renient Dieu. L’Islam place le fondement de son discours et de son exhortation sur Dieu – au paradis, au moment où l’homme (en couple) rompt avec Dieu, le nie. Il le nie par ignorance plus de sa destinée que de Dieu. Islam et christianisme sont alors exactement semblables. Il s’agit de destinée humaine, mais partis ensemble, ils se séparent pour la suite : le chrétien a besoin de l’histoire puisque la rédemption est une dialectique, un plan qui suppose le temps et une action dans le temps, tandis que le musulman me semble-t-il laisse Dieu et l’homme face à face dans ce paradis, dans ce lieu de rencontre dont l’homme voudrait sortir mais où Dieu le retient, le temps du jugement. Postérieur aux évangiles, le Coran est déjà au jugement tandis que le chrétien n’en finit pas de parcourir et vivre les chances, difficultés, suspenses de la rédemption.
soir du mercredi 24 Février 2010
Le Coran comme une annonce spirituelle, une véhémence, peut-être même à l’origine un simple commentaire-retour aux sources du judéo-christianisme, mais la guerre et les hostilités provoquées par cet imprécateur en font – politiquement d’abord – un corps autronome, une religion. Pas une réforme.
Sourate 81 . L’enroulement
Même construction et insistance sur le décor que pour le soleil, la nuit et l’aube soiurates 91, 2 et 93). Un proche pour le monument de la prière. Une considération de l’univers en ce qu’il peut être mentalement et poétiquement saisi par tout homme, car il ne s’agit pas des signes annonçant le jour du jugement. Tout est simple et quotidien même si la création est en remue-ménage, à commencer par cette image du soleil, tableau de Van Gogh, commenté quatorze siècles à l’avance… :
Quand le soleil sera enroulé,
quand les étoiles s’obscurciront,
quand, à dix mois, les chamelles seront débrudées,
qaund les fauves seront rassemblés,
quand les mers bouillonneront,
quand les êtres seront accouplés
quand l’enterrée vive sera interrogée 1 à 8,
la culture d’une époque, le sacrifice d’enfant dans le paganisme contemporain du prophète, mais pourtant l’événement prépare son cadre… lequel ? le voilà, le verbe d’un Envoyé magnanime, doté de force, chez le maître du trône, l’Immuable, obéi dans l’amen. Le verbe ? appellation chrétienne, le verbe de Dieu, le Christ. Mon traducteur (Chouraqui) le présente sans ambiguité comme l’ange Gabriel, celui de l’Annonciation à Marie. L’événement n’est donc pas tant le jugement : quand les feuillets seront déroulé, quand la fournaise sera attisée, quand le jardin sera proche, tout être saura ce qu’il devra présenter 10, 12, 13, 14 mais l’entrée en scène de Dieu. Dieu qui donne le discernement par son ange, par son prophète. Votre compagnon n’est pas un possédé 22 reproche fait couramment à Jean Baptiste, et parfois-même au Christ. Discernemnt qui est de l’ordre du spirituel, sinon du mystique : déjà il a vu l’horizon lumineux, et du mystère, il n’est pas avare 23 & 24. Expérience de la liberté et de la grâce : Vous ne le voudrez que si Dieu, seigneur des univers, le veut 29 . Deux fortes notions qui sont autant chrétiennes que musulmanes. Interrogation aux exégètes : qu’est-ce que la méoire des univers 27 . Le vivant et la cosmologie appliqué au rythme circadien de l’homme : par ce qui gravite, court et se cache, par la nuit quand elle rode, par l’aurore quand ele s’exhale 25 à 28.
Texte très synthétique me semble-t-il de tout l’Islam, le prophète, la sanctification de la création, le rôle du Prophète, et l’enseignement spirituel, non sur la nature de Dieu, mais sur le comportement des hommes : où partez-vous ? … celui qui parmi vous, se lève et le veut 26 & 28.
soir du jeudi 4 Mars 2010
Venir prier. Dans le Coran, c’est une écoûte, une docilité demandée à la plus vive des apostrophes, croyez ! Je sors d’un commentaire à quelques-uns âgés de ma paroisse d’adoption sur l’Eglise (chrétienne, catholique). Une des participantes cite l’Islam en exemple : ses croyants en sont fiers, ils se battent pour les signes religieux et sont entendus. J’ajoute d’expérience que l’Islam est particulièrement tolérant et que beaucoup de ses adeptes admettent un certain synchrétisme.
Je mets maintenant en regard la traduction de Chouraqui avec celle de Daniel Masson pour l’édition de la Pléiade. Naturellement, je n’approcherai jamais ni en sens, ni en image, ni en sons et musique, rythme, la langue naturelle arabe (dont c’était la journée mondiale était lundi dernier). Jean Grosjean que j’ai eu la chance de rencontrer chez mon ami Pierre Bichet, décédé il y a à peine plus d’un an, tous deux des hommes simples à la forte personnalité, parce que de conviction, Jean Grosjean écrit en conclusion d’une rapide préface où Mahomet est rapproché de saint Paul : d’abord persécuté, il s’imposa vite par la force de l’évidence. … Les chrétiens, se souvenant de ce que Rome leur avait influgé au nom du culte impérial, puis au nom des dogmes occidentaux, regardèrent le triomphe de l’Islam comme une revanche de Dieu. … Le Coran est aussi et surtout une parole intérieure. S’il sert de clé à nombre d’événements historiques jusqu’à nos jours, c’est parce qu’il est un événement intemporel de l’homme. Son langage reste un dévoilement et une délivrance pour ceux qui l’écoutent. Or il n’est ici, semble-t-il, qu’écouté. Il est une lumière dans l’âme.
Me voici dans cette écoûte et cette objurgation… je la lis dans la Pléiade.
Sourate 98 . L’évidence Chouraqui La preuve décisive Masson – éd. Pléiade
L’habituel manichéisme – bien moins fréquent dans la Bible quoiqu’aujourd’hui le psaume I et un passage de Jérémie soient tout à fait dans ce registre : les polythéistes seront dans le feu de la géhenne. Ils y demeureront immortels : voilà le pire de l’humanité. Quant à ceux qui croient et qui accomplissent des œuvres bonnes, voilà le meilleur de l’humanité 6 & 7. Qui sont ces polythéistes ? pas ceux que les chrétiens regardent comme des païens, mais précisément les incrédules, parmi les gens du Livre 6.
Deux apports de cette sourate.
Une sorte de mutualité entre l’homme et Dieu : Dieu est satisfait d’eux, ils sont satisfaits de lui : voilà pour celui qui redoute son Seigneur 8. Mais surtout une chronologie explicative de la scission entre gens du Livre. Elle est provoquée parle Coran lui-même : Un Prophète envoyé par Dieu, récite des feuillets purifiés, contenant des Ecritures immuables 2. Le Coran se présente par lui-même comme l’évidence, la preuve décisive et c’est cette preuve qui divise : ceux qui ont reçu le Livre ne se sont divisés qu’après la venue de la preuve décisive 4.
Au pasage, le Coran se reconnaîtrait simple commentaire ou une exégèse : Le Prophète, envoyé par Dieu, récite des feuillets purifiés contenant des Ecritures immuables 2. La traduction de Masson semble loin du texte tandis que Chouraqui traduit : un envoyé d’Allah leur scandera les purs feiillets, les écrits éternels. Dans un cas, le texte donné est moindre que le Livre propement dit, dans l’autre au contraire, le Coran est la quintessence de l’enseignement religieux et sur Dieu. Mais de toute manière, la foi se résume en un service divin, et le salut s’obtient par la prière et l’aumône. Ainsi, l’Islam se donne ici en deux versions, l’une implacable, les heureux et les maudits selon la foi ou l’incrédulité, et l’autre plus que tolérante et souple : les bonnes œuvres, la prière. Chouraqui en traduisant les associateurs pour les polythéistes, doit être plus près de la langue originale. Le Prophète est le crible entre croyants et incroyants, et non un zélateur parmi d’autres. Comme le Christ, il n’est pas séparable de la révélation qu’il proclame, mais au contraire du Christ, sa révélation ne porte pas sur lui-même, et s’il exclusif, c’est pour la véracité de son message. Il ne s’agit pas tant de croire en Dieu que d’adhérer à la révélation qui est faite de Dieu, dans le fond et dans la forme. Les siècles ont fait souve insister plus sur la forme : le décisif truchement du prophète que sur le fond. Par une analogie un peu distante mais qui parle, ce serait l’excessif cas fait dans l’Eglise par certains du seul évêque de Rome : le pape. Discussion sur le véhicule de la révélation, et non sur celle-ci.
soir du vendredi 5 Mars 2010
En plein travail, la nuit comme simple interruption. Responsabilité vis-à-vis de mes aimées, qui dorment : prier. La dernière sourate du Coran, souvent invoquée – est-il remarqué – par les croyants contre les forces du mal.
Sourate 114 . Les humains Chouraqui Les hommes Masson – éd. Pléiade
C’est une prière dictée par Dieu au prophète, à tout homme écoutant : Dis… et la posture suggérée, école de prière et d’abord de sincérité : je cherche la protection du Seigneur des hommes. Chouraqui traduit : je me réfugie… et Masson : je cherche… ce qui est bien différent. Point commun cependant, celui qui prie n’est pas immobile ni muet. Le mal est identifié, notes de Masson, pour le chuchoteur furtif ou le tentateur, il faut entendre (éd. Pléiade) : celui qui susurre à l’oreille des paroles destinées à tenter les hommes, à leur suggérer le mal. Ainsi, la prière la plus simple est déjà lourde de la scène capitale dnnée par la Genèse : la tentation… et celui qui chuchote du tréfonds des humains (Chouraqui) ou qui se dérobe furtivement (Masson) est montré (éd. Pleiade) comme celui qui s’esquive sans faire de bruit, c’est-à-dire : le Démon. Expérience du psalmiste récitée chaque soir à Complies. L’antithèse apparente : la place et la puissance de suggestion du Démon, dans le Coran, et la sécurité, l’invulnérabilité par protection, que la Bible constate chez le croyant. Accord dans les textes et dans l’expérience sur le fait que le débat a lieu dans les cœurs des hommes. Réflexe, recherche d’une protection contre le mal : la prière du Notre Père chrétien, mais délivrez-nous du mal sonne comme celle que le Coran propose à ses fidèles croyants contre le mal du tentateur… contre celui qui souffle le mal. Mouvement comme celui d’une respiration ;: d’abord une recherche désorientée, ce n’est pas d’un lieu mais d’une personne qu’il s’agit. Puis, le roi, le dieu étant identifiés, c’est la prière de demande et à qui de droit. L’ennemi est désigné à Dieu, le champ d’action est – au pluriel – universel et immédiat : les cœurs des hommes. Face à ces vœux de perfection, à la frugalité du désert ou du monastère, de ma vie quand elle est autant recueillie, centrée… la réponse divine n’est que très indirecte, exaucera-t-elle même ces malédictions ? Toute prière est transition, celle de la dernière sourate me paraît le tout premier pas : prière au bas de l’autel…
soir du mardi 23 Mars 2010
Je ne suis pas assez fidèle ni à cette lecture ni à ma résolution de m’y donner régulièrement. Ne pouvant prétendre à première lecture, tout saisir, je peux cependant m’immerger à condition de répéter souvent, ce que le texte sacré fait lui-même et ce qui semble la base de l’enseignement coranique originel, en début de vie. Je ne suis pas non plus attentif à cette tentative implicite que – chrétien avec vocabulaire et habitude tenant à ma formation – je prie Dieu avec les mots et selon l’expérience d’autres croyants d’une autre culture et d’une autre formation. Alors même que l’Islam peut confirmer ma foi, et même le dogme chrétien pas seulement par contraste qui fait ressortir l’essentiel et l’original de ma foi, mais positivement. Ainsi, ces deux textes d’exégètes et commentateurs contemporains, l’un de Beyrouth et l’autre de Tunisie, qui me sont tombés sous les yeux, Taleb m’arrivant par un ami délicat.
Abd-el-Karîm el-Jîlî
Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran
(Albouraq . Beyrouth . Avril 2002 . 280 pages) p. 180
Le Cosmos tout entier n’est que l’expression de rapports multiples entre l’Etre et Lui-même, et ce sont les nombres qui traduisent ces rapports en mode intellectuel et « logique », ce qui revient à dire que les nombres sont la pure expression du « Logos », ou disons plus précisément, de l’activité du Logos, le nombre apparaît finalement comme l’instrument nécssaire à la qualification et à la reconnaissance (l’intelligibilité) des rapports créés par l’apparente division de l’Etre-Unité.
Dans cet ordre d’idées, la première chose qui doit être établie, c’est que l’unité (nous ne faisons pas de distinction ici entre l’Unité métaphysique et l’unité aruthmétique qui la symbolise) ne peut être perçue qu’à travers trois. C’est pourquoi Ibn Arabî enseigne constamment que le « premier singulier (fard) est trois ». Ceci résulte logiquement de ce que, dès lors qu’il y a perception, il y a sujet et objet, ce qui fait trois avec la perception elle-même. Même lorsque l’Unité est envisagée pour elle-même, elle demeure impliquée dans trois : celui qui la contemple, Elle-même, et la contemplation qui est la relation entre contemplant et Contemplé. Ce n’est que lorsque la dualité est dépassée, par la réalisation métaphysique, que l’Unité subsiste seule, sans second (c’est le tawhîd dont nous parlions au début de cette introduction), mais alors, on ne parle plus de perception ou de quelque autre relation, car connaissance, connaissant et connu sont unis dans l’Etre-Un qui se connaît lui-même en Lui-même et par Lui-même.
De ce fait, on peut dire que, du point de vue de la conscxience individuelle, dès lors qu’il y a un, il y a trois ; deux n’étant qu’un état de passage entre un et trois, une « limite » instable entre eux, sans existence autonome réelle. De quelque manière qu’on l’envisage, deux n’existe que par rapport à un premier avec lequel il fait trois, ou un troisième qui est son produit : par exemple tous les contraires (actif-passif, haut-bas, noir-blanc, grand-petit, etc…) n’ont d’existence que par le terme de référence auquel ils s’ordonnent et par lesquels ils s’équilibrent ; quant aux semblables il en est de même : seul un terme qui leur est extérieur permet de mesurer (ou qualifier) leur similarité ; ou si l’on veut, pour que les semblables ne soient pas purement et simplement identiques (c’est-à-dire un seul), il faut nécessairement quelque chose qui les distingue, ce qui fait encore un troisième.
Mohamed Talbi
L’Islam n’est pas voile, il est culte (Cartaginoiseries . Tunisie . 1er trim . 2009 . 413 pages) pp. 99.100
Réversible ou pas, le temps en lui-même n’est pas. Il n’est pas quelque chose que nous puissions saisir dans le creux de nos mains. Il n’est pas un objet. Il est une grandeur de quelque chose qui apparaît, croît, décroît et disparaît. Sans le quelque chose qui bouge, change et se transforme en autre chose, il n’est pas. Il est un accidenty qui modifie l’étant. Il est un mouvement créateur, et la physique des particules aujourd’hui nous laisse entrevoir que le mouvement peut se transformer en matière, que l’énergie se transforme effectivement, bel et bien en matière.
. . .
Ce temps qui passe inaperçu, le jeûne le fait passer au premier plan de notre conscience, et plus nous prenons conscience du temps, plus notre jeûne prend du sens, et nous intègre dans le mouvement du temps. D’où notre souci de lui consacrer quelque temps, dans notre exposé consacré au mois du jeûne, sacré et consacré à Alllah, que des hadîths, sur lesquels nous reviendrons, identifient au Temps.
Sourate 113 . La fente Chouraqui L’aurore Masson – éd. Pléiade
Chouraqui défend ainsi sa traduction : « les interprètes voient en cette fente celle qui, dans la nuit, permet l’irruption du jour et ils traduisent l’aurore. Mais cette traduction semble être réductrice d’un terme d’une tout autre ampleur évoquant tout ce qui, en l’homme, dans le couple et dans la nature, est fente génératrice de vie ou de mort ». Il fait écho à ce que j’ai lu d’une autre sourate, le sexe féminin étant ainsi désigné, et c’est bien vie et mort. Je lis ce texte si court comme le psaume récité à Complies, l’office du soir : tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole le jour, ni le fléau qui marche à midi. Le Prophète transmet : Je cherche la protection du seigneur de l’aube
contre le mal qu’il a créé
contre le mal de l’obscurité lorsqu’elle s’étend ;
contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds ;
contre le mal de l’envieux lorsqu’il porte envie.
La traduction de Chouraqui que je ne suis pas ce soir, me parait meilleure, elle épouse d’ailleurs les images du psaume de Complies : à l’ombre de tes ailes, protège-nous ! Je me réfugie chez le Seigneur… comme les sourates 109, 112 et 114, celle-ci commence par un legs, tout à fait analogue en mode de transmission, sinon en contenu, au Notre Père : Dieu charge son Prophète de dire, il lui intime l’ordre directe, dis. Le Coran n’explique pas, ne discute pas, il prescrit. La Bible, dans ses deux parties, est un récit pour l’essentiel, y compris de son enseignement : on nous montre des modèles, on nous raconte des relations d’hommes avec Dieu, de générations successives avec Dieu. Et un récit s’interprète, se discute, le lecteur et celui qui prie sont acteurs, ils peuvent s’assimiler à tel ou tel personnage et héros. Le Coran donne un rapport direct et un rapport de commandement.
Position musulmane du « problème » du mal. En 114 et dernière sourate, il s’agit du mal du tentateur qui se dérobe furtivement, ici l’affirmation est nette : le mal qu’il crée ou le mal qu’il a créé selon la traduction que j’emprunte. Est-ce là seulement que le Coran avance cette affirmation si grave ? L’Ancien Testament avait déjà cette vue :
Je suis Yahvé, il n’y en a pas d’autre
Je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur, c’est moi Yahvé qui fais tout cela. Isaïe XLV 7
Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu,
comment ne pas accepter de même le malheur ! Job II 10
Bien et mal, vie et mort, pauvreté et richesse,
tout vient du seigneur Ben Sirac ou l’Ecclésiastique XI 14
Arrive-t-il un malheur dans une ville,
sans que Yahvé en soit l’auteur ? Amos III 6
Mais aussi bien les livres de Job que d’Amos insistent sur le dénouement : heureux et surtout maîtrisé par Dieu. En Islam, cette dualité reflèterait-elle le manichéisme du jugement dernier et surtout inciterait-il l’homme à choisir ? Choisir entre le bien et le mal ? entre la foi, l’adhésion au message transmis par le Prophète, et le reniement qu’est toute incrédulité ? reniement et refus de la situation où nous sommes : créatures. La réponse me paraît se trouver dans le texte-même : Dieu protège et Il nous demande de chercher cette protection, de nous réfugier. Réalisme : le mal existe quelle qu’en soit la théologie, comment l’éviter sinon en Dieu. Si le mal était créé par Dieu, selon ce qu’il est affirmé plus haut, comment en être protégé par Lui aussi ? le mal tient à ce que nous ne nous réfugions pas en Dieu, à ce que nous ne cherchons pas en Lui notre protection. Dialectique si décisive que le Coran se termine là-dessus, l’homme se réfugiant en Dieu. La Bible chrétienne achève le Nouveau testament par le verset final de l’Apocalypse de Jean, qui est un mouvement inverse : celui de Dieu venant à l’homme et sur la prière de l’homme ! Que celui qui entend, dise : « Viens ! » . . . Le garant de ces révélations l’affirme : « Oui, mon retour est proche ! ». Amen, viens, Seigneur Jésus ! Apocalypse XXII 17 & 20. Bible et Coran se concluent par une prière dictée . . .
soir du mercredi 24 Mars 2010
Continuant de m’en tenir aux sourates les plus brèves – celles de la fin dans la distribution actuelle du Coran – je lis les sourates 110, 112 et 109, saisi par la densité et la force, la chaleur du texte.
Sourate 110 . Le secours
Une ambiance mieux que triomphale, celle d’une réconciliation générale, d’un tournant immense du destin concernant l’ensemble de l’humanité. Ce n’est pas la fin des temps, une parousie, un retour de Dieu, c’est dans l’histoire humaine le dénouement tout humainement attendu, lorsque viennent le secours de Dieu et la victoire. Les deux sont liés, Dieu intervient et le combat se dénoue. Là où la Bible décrirait un peuple chantant sa reconnaissance à Dieu, cantique de la sœur de Moïse, le Coran va à l’essentiel : une conversion en masse, lorsque tu vois les hommes entrer en masse dans la religion de Dieu. Ce mouvement de foule est un signal pour le croyant, pour l’homme individuel. La consigne est simple : fais-toi pardonner. Et ce retour personnel est gratifiant, assuré de l’accueil : le Seigneur est, en vérité, celui qui revient sans cesse vers le pécheur repentant. Mes deux traductions, l’une elliptique, celle de Chouraqui (le voilà, c’est le retour), l’autre étendue, s’accordent sur le pardon : demande de l’homme sur conseil divin ou sur conseil du Prophète, attitude divine, Dieu, celui qui fait miséricorde, le miséricordieux.
Sourate 112 . Le culte pur Masson La purification Chouraqui
La traduction du titre est vraiment plurielle, mais le texte ne semble pas prêter aux ambivalences. Le fidèle ou le Prophète sont sommés de proclamer que Lui, Dieu est Un !. Le texte ne s’en tient pas là, il développe, détaille et prend le christianisme au cœur de sa dialectique et de sa révélation : il n’enfante pas et n’est pas enfanté. Il n’engendre pas et il n’est pas engendré. Cette interpellation du Prophète me paraît plus qu’utile : nécessaire, et elle demande à chaque génération une réponse chrétienne fondée. Y en eut-il aux débuts de l’Islam ? et aujourd’hui, comment se donne la théologie de la Trinité ? Le texte que je relevais hier soir (Abd-el-Karîm el-Jîlî - Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran Albouraq . Beyrouth . Avril 2002 . 280 pages - p. 180) me paraît significatif de toutes les confluences possibles, si nous cherchons ensemble. Car évidemment nous sommes unis dans cette contemplation de l’impénétrable Masson ou du numineux (que Chouraqui, de religion juive, explicite ainsi : le Numineux, As-Samad : cet attribut d’Allah est diversement interprété comme connotant son impassibilité, son ipséité, son impénétrabilité, son éternité, l’absolu de son être, Lui auquel la création entière s’adresse pour subsister. Dérivé du latin numen, connote les attributrs de la divinité dérivés de son mystère et de sa majesté – ce qui me ferait traduire, sans connaître l’arabe, par invulnérabilité ou indépendance). Dieu que rien n’entame…nul n’est égal à lui, incommensurable et indicible (heureusement – mais art magnifique de la langue et de la spiritualité de l’Islam : les 99 noms d’Allah, et comment ne pas saluer dans le 99ème, traduction de Chouraqui : le persévérant, ce Dieu le Père qui attend et accueille le fils prodigue.
Sourate 109 . Les incrédules Masson Les effaceurs Chouraqui
J’aime chez Chouraqui – lourdeur peut-être mais illustration d’un sens vigoureux – cette façon de traduire car elle suppose que la foi est originelle et que le péché décisif est de la renier, de l’effacer de soi : opération intime et catastrophique, une atrophie de soi que perpètre l’homme, et qui le conduit à aller désormais de leurre en leurre. Le Prophète s’emporte, le chrétien se résigne : la non-foi me paraît, quant à moi, une incompréhensibilité psychologique (comment peut-on ne pas croire, et croire n’est pas évaluer soi-même la véracité de ce à quoi l’on croit ou qu’on refuse de croire, c’est se donner, c’est risquer, c’est en fait se trouver dans la plus grande sécurité mentale possible) et aussi un manque-à-gagner, une clé perdue et difficilement remplaçable. La foi (comme l’amour dans un couple) n’est pas figée, elle est un cheminement permanent avec des rencontres multiples assurant ce chemin, elle est un véritable bassin fluvial de déversement : tout y afflue. La différence entre le croyant et l’incroyant – incrédule rend bien la posture de perplexité, que semblent ne plus avoir les agnostiques d’aujourd’hui, et moins encore la multitude des distraits – n’est pas de contenu mais de comportement, pas d’avoir mais d’être. Je n’adore pas ce que vous adorez ; vous n’adorez pas ce que j’adore Masson je ne sers aps qui vous servez, et vous n’êtes pas les serviteurs de qui je sers Chouraqui. Le Coran s’achève sur ces deux personnages décisifs pour l’homme et sa vie quotidienne, sa vie d’âme : celui qui revient sans cesse vers le pécheur repentant sourate 110 et celui qui souffle le mal dans les cœurs des hommes sourate114 mais au contraire de la Bible (Viens ! Seigneur Jésus), il ne conclut pas, sauf à considérer non plus l’ordre actuel de distribution des sourates, mais la dernière révélée 96 : Ne lui obéis pas, mais prosterne-toi et rapproche-toi de Dieu 19.
soir du samedi 27 Mars 2010
Entre les scandales de pédophilie, prétextes ou matières pour attaquer mon Eglise, et les heurts devant la faculté des sciences à l’Université de Nouakchott – lecture parfois atterrante de haine de ce que rapportent les dépêches de l’Agence France Presse ou le forum de Taqadoumy – je cherche l’unité ailleurs, au-delà ou au vrai centre de ces tourbillons. Le Coran paraît alors comme un môle. Pas tant par la parole de Dieu qu’il transmet et qui suppose foi et adhésion – toute l’objurgation du Prophète – qu’à mon sens par la vue des choses et des hommes qu’il impose, c’est-à-dire leur petitesse et leur relativité. Ce ne sont pas des considérations du genre de la philsophie des Lumières, c’est plutôt un rappel de nos destinées et de nos paramètres, de la vérité, qui n'est pas contingente, une vie n'est pas de trop pour le comprendre et encore moins pour que ce devienne source de prière et de tolérance, et non totalitarisme ou fermeture simpliste..
Sourate 103 . L’instant Masson L’époque Chouraqui
Oui, l’homme est en perdition, sauf ceux qui adhèrent et sont intègres (traduction alternative : à l’exception de ceux qui croient) : c’est le commentaire lapidaire de Paul sur Abraham trouvé juste par Dieu à cause de sa foi. Mais le Coran y ajoute les œuvres – ce qui peut paraître de bon sens – et surtout l’exhortation mutuelle à la patience (traduction alternative : à la constance). Ce qui suppose une communauté de foi et de mœurs. Une recherche commune de la vérité. L’accent est mis dans cette émulation, ce conseil, cette réciprocité qui est bien plus que charité ou coordination, que communauté. Du zèle ensemble, l’unité, l’union ainsi. Pourquoi ? du fait des circonstances, de l’époque, de l’instant : la clé de cette si courte sourate me semble là. Le moment est autant la fin du monde, des temps et l’approche du jugement que celui de la tranquille prière de l’après-midi. Béatitude tout évangélique : heureux ceux qui croient…
Sourate 102 . La rivalité Masson Les joutes Chouraqui
En regard, la dispersion : les joutes vous diverstissent si bien que vous finissez dans des tombeaux ! (traduction alternative : la rivalité vous distrait, jusqu’à ce que visitiez les tombes) 1. Le nombre apparent, la diversité de nos destinées humaines et la simplicité, l’unicité du dénouement : notre mort à chacun. Pourtant ce qui nous distingue et devrait nous mettre en préparation mutuelle, c’est ce jugement dernier : si seulement vous saviez de science certaine, vous verriez la fournaise (dialogue de l’homme riche suppliant Abraham et Lazare le miséreux, mort de faim et de dénuement sur le pas de sa porte, que ses frères soient avertis de ce qui les attend dans l’au-delà)… puis, ce jour-là, vous seriez interrogés sur vos plaisirs passés. 8
Intense simplicité d’un cimetière musulman, surtout au désert quand la nature est dûne, sable rouge et végétation intransportable, simplement là. Vous saurez bientôt. 2 & 3
soir du mardi 30 Mars 2010
Je viens – avec un plaisir préparé la veille, quand je l’ai choisie – à la sourate les fourmis. Je quitte donc, un moment, les sourates de la fin du livre, la fin au sens de la présentation et du classement actuels : sourates qui sont des objurgations lapidaires, pour consacrer du temps et de la méditation à un texte suivi qui m’attire car il semble présenter la version et la lecture coraniques d’une partie de l’Ancien Testament, une partie réciotative, événementielle, alors que ce n’est pas du tout le genre littéraire du Prophète ; A m’en tenir à la question de ce genre, il me semble que ce n’est pas non plus un livre de sagesse. C’est vraiment un prêche insistant pour n’être pas parjure mais au contraire adorateur conséquent et convaincu de l’Unique. D’une certaine manière, Mahomet prêche le ciel, un état de vie religieuse, une escathologie.
Sourate 27 . Les fourmis Masson & Chouraqui d’accord
Une bonne nouvelle pour les croyants. Non pas un enseignement ou une révélation qui produiraient conversion et foi nouvelles, mais un aliment pour une foi déjà acquise. Critère de celle-ci ? les adhérents qui élèvent la prière, donnent la dîme, certains de l’autre monde. 1 pas une conception de Dieu, mais un comportement, des actes. Quant à l’au-delà , il contient forcément la foi en Dieu, sans qu’y ait à décrire ou expliciter celui-ci.
soir du jeudi de l’Ascension (pour les chrétiens) 13 Mai 2010
Je me suis écarté de la structure que je souhaite pendant six semaines, j’y reviens. J’éprouve une dychotomie qui ne peut se résoudre que dans la méditation du texte. D’un côté des lectures ce mois-ci, trois livres que je crois décisifs, la biographie de Mahomet par Virgil Georghiu [3] et deux études, disant aussi bien la profondeur de ce que l’Islam apporte même à la théologie catholique (le dogme trinitaire) sur les points-mêmes de la plus essentielle divergence [4], que le méfait de lecture non empathique des Ecritures de l’autre et tournant à la haine [5], alors même que des vues sont suggestives [6]quand on ne développe que soi et non la vue qu’on a de l’autre et de sa sociologie. Le seul point que marquent ces derniers auteurs est qu’ils ont tenté de lire la Bible, alors que les détracteurs de l’Islam – dans le christianisme ou l’agnosticisme se transmettent une opinion caricaturale sans lire le Coran-même. Etant à saisir mon journal d’il y a quarante ans, j’ai moi aussi écrit au printemps de 1965 des absurdités conformistes sur l’Islam, telles que des religieux catholiques me les transmettaient et il n’y a pas six mois m’était rapportée une définition lapidaire, trop brillante et fausse de l’Islam par le cardinal Lustiger. Il est utile que dans un dialogue, chacun sache l’image que l’autre a de lui, a priori : mesure rétrospective ensuite du chemin parcouru.
Je réfléchirai, par écrit et séparément de mon présent exercice, à cette lecture – que j’ai résolu d’entreprendre et de mener à terme – lecture tranquille du Coran pour lui-même et comme s’il m’était directement adressé, tel que je suis et au moment où je suis de ma culture et de ma vie, de mes solidarités aussi avec tant d’amis musulmans, siolidarités personnelles et solidarités avec un pays précis : la Mauritanie. De l’autre côté, le texte lui-même à lire comme un apport essentiel au parcours de l’homme vers Dieu ou selon Dieu. Dans le premier cas, la discussion porte sur les conditions à remplir intimement pour être de bonne foi dans ce que l’on croit et dans ce que l’on découvre du fondement d’une croyance différente ; dans le second, le néophyte de bonne volonté avance sans le moindre secours et les résonnances se font non pas entre des passages du texte, mais entre ce texte et celui de ma foi, la Bible judéo-chrétienne, ou plus simplement entre ce texte et ce que j’en extrapole puisque cette lecture est la toute première et que je suis très loin d’aller et venir dans le Coran, et plus encore de savoir ce que la tradition ou l’exégèse disent de ce que je lis et que sans doute le musulman (arabisant) a, dans l’esprit et le cœur, quand il prie, récite, lit.
Sourate 27 . Les fourmis
Masson & Chouraqui d’accord sur cette traduction du « titre »
Une bonne nouvelle pour les croyants. Non pas un enseignement ou une révélation qui produiraient conversion et foi nouvelles, mais un aliment pour une foi déjà acquise. Critère de celle-ci ? les adhérents qui élèvent la prière, donnent la dîme, certains de l’autre monde. 1 pas une conception de Dieu, mais un comportement, des actes. Quant à l’au-delà , il contient forcément la foi en Dieu, sans qu’y ait à décrire ou expliciter celui-ci. Evidemment, je me sens en pays de connaissance, jusqu’à la dernière phrase du verset 3
Avec ses deux traductions : ils croient fermement à la vie future (Masson), certains de l’Autre monde (Chouraqui), le texte m’amène à réfléchir sur ce que les chrétiens, à la suite du Christ, appellent la vie éternelle. La vie, en fait, par excellence. Ni l’Islam, ni Israël ne disent donc et ne pensent ainsi.
Aveugler celui qui ne croit pas 4 & 5 semble tautologique ou vouloir poursuivre une vengeance. Mais qui est l’acteur ? qui dit : nous ? nous maquillons pour eux leurs œuvres (Chouraqui), nous avons embelli à leurs propres yeux les actions de ceux qui ne croient pas (Masson) : priver l’homme de discernement parce qu’il s’est perdu, pour qu’il se perde ? on verrait plutôt que ce soit une cause de cette perte et sans que Dieu, au contraire, l’ait voulu.
Moïse, premier messager, premier prophète du Coran-même, ce qui implicitement fait du Coran, bien plus qu’un successeur ou un complément de la Bible, mais bien l’englobant de la Bible, et à son origine… Tu reçois en vérité le Cora de la part d’un Sage, d’un Savant (Masson), te voilà, tu as rencontré l’Appel (le Coran) du Sage, du Savant 7 introduit par 6. Problème : Moïse n’est pas un savant, il n’est un sage que pour sa postérité spirituelle et politique. De même pour Mahomet. L’épisode du buisson ardent est traité spirituellement et pas factuellement. La Bible en a fait la première rencontre de Moïse avec Dieu, usant d’un subterfuge pour piquer sa curiosité et tester sa disponibilité. Le Coran fait du buisson ce qui aurait pour analogue dans la liturgie de la Pâque chrétienne le cierge pascal, le feu d’ouverture de la veillée : Oui, j’aperçois un feu, je vous en apporterai bientôt un nouveau (Chouraqui), une nouvelle (Masson), ou bien un tison ardent. Exhortation spirituelle en même temps que transmission : peut-être vous réchaufferez-vous ? L’ensemble est beau 7, typique des Pères de l’Eglise qui ont peut-être eu déjà cette méditation. La parole venant du buisson a deux auteurs, le premier situe le second, le second est Dieu Lui-même Deutéronome XXXIII 16 & ExodeIII 12. Ô Moïse, je suis Dieu, en vérité, le Tout-puissant, le Sage… 9 Dans la Bible, Dieu ne se nomme qu’à la demande de Moïse ayant déjà reçu son « ordre de mission » Exode III 14 et en première présentation, il se donne à reconnaître comme il l’avait fait aux patriarches : Moïse n’est pas prophète mais il reprend la lignée de ceux-ci : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob Exode III 6 ce qu’ignore le Coran qui anticipe sur ce que la Bible place chronologiquement plus tard : je suis en vérité celui qui pardonne et qui est miséricordieux (quoique conditionnellement) à l’égard de ceux qui ont, ensuite, remplacé un mal par un bien. 11 L’épisode du bâton 10 éprouvant Moïse est dans la Bible mais situé plus loin dans le récit au titre des arguments et preuves dont disposera devant Pharaon l’envoyé de Dieu Exode IV 2 à 5, celui de la main devenant lépreuse puis redevenant normale 12 y figure aussi Exode IV 6 à 8. Le Coran coupe court : quand nos signes leur parvinrent pour les éclairer, ils dirent : « c’est de la magie » 13 et il se présente – dans le portrait et le rôle donnés à Moïse – davantage comme le lecteur et commentateur de morceaux choisis dans la Bible que comme innovant, sauf – ce qui lui est familier et constitue son cachet, que j’apprécie beaucoup, et qui me le fait apparenter aux Pères du désert dont chronologiquement Mahomet n’est pas loin – quand il tire la leçon spirituelle : celle du bâton. Ô Moïse, n’aie pas peur ! Les prophètes n’ont jamais peur auprès de moi, à l’exception de ceux qui sont injustes 10.11 (Masson). Me voici : près de moi, les Envoyés ne craignent rien, excepté ceux qui fraudent (Chouraqui). Le Coran traite-t-il ailleurs la Pâque, le passage de la mer Rouge, les plaies d’Egypte ? à voir. La Bible, au contraire, détaille aussi bien la mission de Moïse que, oar avance, la manière dont se passeront les choses : une anticipation du divin rédempteur, plan de Dieu, mission du Fils de l’homme, accomplissement des prophéties.
Le texte va être beaucoup plus conséquent et surtout beaucoup plus variant de la Bible, à propos de Salomon (et de la reine de Saba) 15 à 44.
soir du samedi 15 Mai 2010
Je reviens simplement au texte.
Sourate 27 . Les fourmis 15 à 44
Nous avons donné une science à David et à Salomon 15 et cette science, c’est de reconnaître Dieu et la vocation à laquelle il nous appelle : Dieu qui nous a préférés. Le Coran opère une synthèse, alors que la Bible donne David dans les deux livres de Samuel ainsi que dans le 1er des Chroniques X à XXIX, et Salomon, plus parcimonieusement dans le 1er livre des Rois III à XI et aussi dans le 2ème des Chroniques I à X ; il est vrai qu’on peut conjecturer la perte d’un livre-source, l’Histoire de Salomon évoquée en 1er Rois XI 41 et surtout retrouver l’œuvre directe et ou l’inspiration des deux grands rois dans nombre de livres sapientiaux : Sagesse et Psaumes. La synthèse n’est ni littéraire ni historique, elle est centrée sur la reine de Saba et l’entrée en scène de celle-ci, dite Bilqis, est particulièrement romanesque : j’y ai trouvé une femme 23 mais celle-ci est traitée en termes de puissance seulement : elle rège sur eux, elle est comblée de tous les biens et elle possède un trône immense 23. La Bible laisse l’initiative du déplacement et de la rencontre à la reine, le Coran le donne au roi : pars avec ma lettre que voici, lance-la aux Saba puis, tiens-toi à l’écart et attends leur réponse 28 La reine n’est pas spontanée dans sa réponse ni dans son voyage, elle consulte : Qunt à moi, je vais leur envoyer un présent et je verrai ce que les émissaires rapporteront 35.
La consultation de la reine de Saba : l’affaire dépend de toi, vois donc ce que tu veux ordonner 33 cette déclaration d’incompétence des chefs du peuple veut-elle en sociologie politique d’un pays musulman ? Stratégie de la reine de Saba et comment Salomon a le comportement qu’elle prévoyait : quand les rois pénètrent dans une cité, ils la saccagent et ils font de ses plus nobles habitants les plus misérables des hommes. C’est ainsi qu’ils agissent… Nous allons marcher contre eux avec des armées, ils n’y résisteront pas, nous les chasserons de leur pays, ils seront alors misérables et humiliés. 34 & 37 Mais Salomon cherche un exécutant, deux se présentent, un ‘ifrit ou rebelle, puis quelqu’un qui détenait une certaine science du Livre 9 & 40. Salomon, en fait, veut mettre à l’épreuve sa partenaire et ne veut qu’à son trône : rendez-lui son trône méconnaissable ; nous verrons alors si elle est bien dirigée ou si elle est au nombre de ceux qui ne sont pas dirigés 8. Et la reine triomphe parce qu’elle est croyante, qu’elle a la foi et que si elle ne l’avait pas encore, elle l’embrasse : La Science nous a déjà été donnée et nous sommes soumis ! Je me suis fait tort à moi-même ; avec Salomon, je me soumets à Dieu, Seigneur des mondes 42 & 44. Etapes de la conversion et le récit se termine là, qui est l’inverse de celui de la Bible où Salomon avait étonné la reine par sa sagesse. Ici, l’héroîne est cette femme qui va de découverte en découverte jusqu’à la foi, mais pour triompher des apparences, et ne pas se contenter de la simple science (majuscule ou pas), il lui faut un mot de Salomon : on lui dit : ‘entre dans le palais !’. Lorsqu’elle l’aperçut, elle crut voir une pièce d’eau, et elle découvrit ses jambes. Salomon dit : ‘c’est un palais dallé de cristal’ 44. Le Coran, redondance de la Bible et commentaire de celle-ci soit factuellement, il est alors discutable pour le chrétien et sans doute aussi pour le juif, soit spirituellement il est alors l’un des orfèvres de la prière humaine et de la révélation.
soir du dimanche 16 Mai 2010
Spontanément, ma femme rapporte pour notre fille (cinq ans et demi) deux albums dessinés, le premier raconte l’itinéraire d’une petite Leïla, française à la seconde génération, les parents de l’Algérie à Boulogne-Billancourt [7], l’autre dans la série de « la vie privée des hommes » le récit des premiers siècles de l’Islam [8]. Je poursuis ma lecture, maintenant sans référence biblique.
Sourate 27 . Les fourmis 45 à 58
Nouvel épisode de la mission de Sâlih chez les Thamûd, elle est évoquée souvent dans le Coran, dès la sourate 7 Les hauteurs 73 & ss.Mes deux traducteurs n’ont pas de notice biographique sur ce prophète mais indiquent la tribu pré-islamique est désignée autant pour elle-même que pour la divinité qu’elle célèbre. Exhortation de l’envoyé à la paix domestique : Si seulement vous demandiez pardon à Dieu, peut-être vous serait-il fait miséricorde. 46
Là où la BibleExode XVIII 17 à XIX 29 donne un récit (le châtiment de Sodome et de Gomorrhe, l’intercession d’Abraham et la fuite de Loth) dont se déduisent le plan, la justice et la miséricorde de Dieu, le Coran – supposant l’épisode connu en version originale – commente et donne les pensées des uns et des autres, comme déjà donné par sourate 7 80 à 84. Au passage, condamnation de l’homosexualité : Vous vous approchez par concupiscence des hommes plutôt que des femmes : vous êtes ignorants 55 – ce que n’évoque pas la Bible, fort discrète (je vais descendre voir s’ils ont fait tout ce qu’indique le cri qui est monté vers moi ExodeXVIII 21, pas plus qu’elle ne suggère une expulsion de Loth par ses concitoyens : Chassez de votre cité la famille de Loth, voilà des gens qui affectent la pureté 56 et paradoxalement l’hétérosexuel est séparé d’autorité de sa femme, selon le Coran, alors que la Bible donne la perte de celle-ci du fait de sa curiosité qui la fit se retourner Exode XIX 26 après le départ de la famille au complet. Quant à l’inceste que pratiquent les filles de Loth avec leur père pour assurer une descendance (il n’y a pas d’homme dans le pays pour s’unir à nous à la manière de tout le monde. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui ; ainsi de notre père, nous susciterons une descendance Exode XIX 31) avec recours au vin et donc à l’ivresse (l’aînée vint s’étendre près de son père, qui n’eut conscience ni de son coucher ni de son lever Exode XIX 33), la Bible n’en fait pas un commentaire négatif de principe : la fin justifie les moyens. Ainsi, la matière des interdits, et leur degré, diffèrent-t-elles fortement entre les deux Livres. Le genre du Coran est donc spirituel au premier degré, la Bible, dans ses livres « historiques », privilégie le récit et Dieu ne parle qu’en dialogue, la morale et le sens spirituel sont réservés à d’autres livres. La législation qui peut se déduire, est littéralement plus laxiste dans la Bible, laxisme tenant aux omissions voulues davantage qu’à la tournure d’énoncés qui, eux, ne sont jamais flous.
soir du mardi 18 Mai 2010
Troisième partie de cette sourate, si originale : un commentaire ou une prolongation de l’Ancien Testament (la Bible) avec une mise en scène de Moïse, de Loth et de la reine de Saba, généralement un contre-pied dela Bible pour que l’initiative passe d’un personnage à l’autre – la mission de Silal d’application biblique mais sans doute d’origine arabe et intertribale – maintenant le retour à l’essentiel ; j’y vais dans la prière mais aussi l’excitation littéraire car le Coran est à ses sommets d’écriture et de composition quand il montre Dieu.
Sourate 27 . Les fourmis 59 à 93
Des maximes particulièrement fortes et universelles qu’aucun chrétien ne peut éluder : Ton Seigeur n’est pas inattentif à ce que vous faites 93, ou encore : Confie à toi, tu es certainement dsans la claire Vérité (Masson), abandonne-toi en Allah, tu seras dans la vérité évident (Chouraqui) 79 ni même aucun spirituel : Quiconque est bien dirigé est dirigé pour lui-même 92 Thème du « jugement dernier » que ne récuse pas le chrétien : la parole tombera sur eux, parce qu’ils ont été injustes et ils se tairont 85 ceux qui viendront en ce Jour avec une bonne action, recevront mieux encore. Ils seront à l’abri de toute frayeur. Ceux qui viendront avec une mauvaise action seront préciputés la face dans le Feu. 88 & 89
Démonstration de fond pour les Juifs : ce Coran raconte aux fils d’israël la plus grande partie des choses sur lesquelles ils ne sont pas d’accord 76 et avec les arguments qui seront plus tard ceux des déistes et de Voltaire, le reste des hommes, le monde entier est convié…le Coran d’ailleurs insiste autant, pami les œuvres et bienfaits de Dieu, sur les grâces spirituelles, notamment celle du discernement, que sur la cosmogonie ou l’architecture universelle : n’est-ce pas lui qui exauce le malheureux qui l’invoque ? n’est-ce pas lui qui vous dirige dans les ténèbres de la terre et de la mer ? n’est-ce pas lui qui a créé les cieux et la terre ? n’est-ce pas lui qui donne un commencement à la création et qui, ensuite, la renouvellera ? ne voient-ils pas que nous avons disposé la nuit pour qu’ils se reposent et le jour pour qu’ils voient clair ? 62, 63, 60, 64 & 86
Distribution des rôles enfin et description de chacun. Celui du Prophète : J’ai reçu seulement l’ordre d’adorer le Seigneur de cette cité qu’il a déclarée sacrée, j’ai reçu l’ordre d’être au nombre de ceux qui sont soumis et de réciter le Coran, je suis seulement chargé de vous avertir 91 & 92 . Celui des incrédules portaiturés très négativement :Voilà des gens qui donnent à Dieu des égaux… La plupart des hommes ne savent pas…Il y a peu d’hommes qui réfléchissent… Ils disent ‘’Quand donc cette promesse se réalisera-t-elle si vous êtes véridiques’’ 60,61, 62 & 71. Celui enfin de Dieu : ton Seigneur est plein de bonté envers les hommes, ton Seigneur connaît parfaitement ce que cachent leurs cœurs et ce qu’ils divulguent 73 & 74..
Mais l’essentiel me semble surtout dans l’affirmation en différentes formes que seule la foi sauve – diraient l’Eglise et l’Apôtre – ou autrement dit, selon le Coran, c’est l’absence de foi, l’incrédulité, le refus explicite de croire qui condamne. L’Islam introduit une forte liberté humaine, celle de croire ou celle de ne pas croire, et contrairement à la démarche et à la psychologie chrétienne qui faisant recevoir la foi par le croyant, suppose qu’à l’origine du destin humain il n’y a ni salut ni foi personnels, le baptême introduisant à l’un et à l’autre, l’Islam voit au contraire la foi originelle, tant Dieu est évident, et la possible démarche humaine seulement en incrédulité, laquelle est donc un reniement. Sans doute, à terme, arive-t-on – intellectuellement et spirituellement – à la même posture de l’homme, saisi par Dieu et croyant. Mais au jugement dernier, le critère en Islam est la foi, dans le christianisme il est les œuvres : ce que vous avez fait à l’un de ces petits … c’est à moi que vous l’avez fait ! Critère qui court tout le Livre (l’Appel) : Le jour où nous rassemblerons, de chaque communauté, une foule de ceux qui traitaient nos signes de mensonges, on les placera en rangs. Quand ils seront arrivés, Dieu leur dira : ‘N’avez-vous pas traité nos signes de mensonges, alors que vous ne les connaissiez pas ? Que faisiez-vous alors’. La Parole tombera sur eux, parce qu’ils ont été injustes, et ils se tairont. 83, 84, 85 Les œuvres nétant pas, je le note, complètement absentes de l’évaluation finale : ils ont été injustes.
Image conclusive, saisissante de réalisme et introduisant aussitôt au spirituel : Tu verras les montagnes, que tu croyais immobiles, passer comme des nuages. C’est une œuvre de Dieu : il fait bien toute chose, il est parfaitement informé de ce que vous faites. 88
soir du jeudi 20 Mai 2010
Je prends tout simplement la sourate suivante. A l’heure de la prière de tombée de la nuit. Les psaumes notamment et donc les « heures » monastiques se prêtent à une reconnaissance de soi, encore plus aisée, que le dévisagement de Dieu qu’ils nous donnent. Les deux exercices sont de consolation immédiate : Dieu se révèle à traits humains et nous nous assimilons au psalmiste l’accueillant ou dialoguant avec lui. D’être ainsi considérés et caractérisés, est gratifiant. Je n’ai pas encore rencontré cela dans le Coran : exigence du texte et de l’ « appel », puisque Coran signifie cela.
Mais cherchant le texte, je suis arrêté par la sourate précédente qui semble traiter avec plus d’ampleur la geste de Moïse et le drame de Sodome et Gomorrhe. Sourate XXVI jumelle par anticipation de la XXVII.
Sourate 26 . Les poètes
Des décalques de la sourate suivante, ou plutôt la réalisation du conseil divin : Moïse jeta son bâton et le voici : dragon véritable. Il étendit la main : et la voici blanche pour ceux qui regardaient 32-33 & Exode VII 8 à 12, puis IV 6 à 8, De même, l’expulsion de Loth par son peuple 160 à 168 ainsi que son salut, sauf celui de Sara 170-171 ou la condamnation de l’homosexualité : vous approcherez-vous des mâles de l’univers et délaisserez-vous vos épouses créées pour vous par votre Seigneur ? 165-166 et enfin l’échec de Salih chez les Thamoud.
Mais la force et l’originalité de la sourate et de l’angle choisi par le Coran sont dans l’énoncé, imagé, des relations entre les prophètes et ceux auprès de qui ils sont envoyés. Le peuple de Noé a traité les prophètes de menteurs, lorsque leur frère Noé disait : ‘Ne craindrez-vous pas Dieu ? Je suis pour vous un prophète digne de foi. Craignez Dieu et obéissez-moi ! Je ne vous demande pas de salaire. Mon salaire n’icombe qu’au Seigneur des mondes. 105 à 110. Aux seuls noms près, la même formulation pour les ‘Ad vis-à-vis de leur frère Houd 123 à 127, les Thamioud et leur frère Salih 141 à 145, et enfin le peuple de Loth et leur frère Loth 140 à 144 et les hommes d’al’Aïka avec Chut’aïb 176 à 180. Cette répétition est moins instructive que les dialogues entre Pharaon et Moïse : c’est en l’occurrence la Bible Exode VII à 10 qui est hiératique : Cependant le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas, comme l’avait prédit Yahvé, qu’il sagisse du bâton changé en serpent, de l’eau changée en sang, de l’invasion des grenouilles, des moustiques, des taons, ou des ulcères, de la grêle, des sauterelles et enfin des ténèbres : il ne laissa pas partir les Israëlites. Variantes ou ajouts : c’est Yahvé qui endurcit le cœur de Pharaon. Tandis que le Coran fait dialoguer – en termes de foi – le prophète et le souverain, les deux pouvoirs. Avec cette mise en scène que Pharaon reconnaît Moïse (ce que la Bible ne suppose même pas) : Ne t’avons-nous pas élevé, tout enfant ? N’as-tu pas passé avec nous plusieurs années de ta vie ? puis tu as commis l’acte que tu as commis et tu es ingrat 18-19 et Pharaon interroge Moïse sur Dieu : Moïse dit : ‘C’est votre Seigneur et le Seigneur de vois ancêtres les plus reculés 26.
Je suis tenté à ce stade de voir – là – la faiblesse et la force du Coran. La faiblesse, car le décalque de l’argument des Apôtres vis-à-vis des Juifs : le Dieu de leurs pères et ancêtres, n’est pas transposable à aucun autre peuple, ou alors c’est revenir à l’argument de l’homme contemplant la nature, l’homme espèce et non l’homme peuple. La force, car Mahomet a dû bénéficier d’une initiation ou d’une culture bibliques très originales. Le texte de l’Exode a été très enrichi par ces dialogues logiques – mais inattendus pour un chrétien – entre Pharaon donc et Moïse, avec l’entourage des conseillers et des magiciens. On est dans le vif du sujet quand Moïse conclut la première passe d’armes : Si tu adoptes un autre dieu que moi, je te ferai mettre en prison (ce ne peut être dans la bouche d’un Egyptien du premier millénaire, mais au contraire dans celle de César et des Romains). – Et si je t’apportais une chose évidente ? – Apporte-la, si tu es véridique ! 29 à 31.
Série d’épreuves, mais le Coran – dans cette sourate au moins ne retient que celle du bâton 43 à 45 cf. Exode VII 8 à 14 et n’évoque pas les « dix plaies d’Egypte ». Unique épreuve qui aboutit à la conversion des magiciens ; ceux-ci ont aussitôt les dires et le comportement des Maccabées ou Martyrs d’Israël: Je vous ferai couper la main droite et le pied gauche, puis je vous ferai crucifier – Ce ne serait pas un mal, car c’est vers notre Seigneur que nous nous tournons. Nous croyons au Seigneur des mondes ! Le Seigneur de Moïse et d’Aaaron 49, 50, 47, 48. Le passage de la mer Rouge est le second des signes 61 à 66. Dès lors le Coran peut scander : il y a vraiment là un signe, mais la plupart des hommes ne sont pas croyants 103, 121, 158, 174, 190. Réponse des hommes : clivage, mûe dans une vie. J’étais au nombre des égarés 20 nous étions dans un égarement manifeste… seuls des criminels nous ont égarés 97 & 99 pardonne à mon père, il était au nombre des égarés 86. Commentaires proches de ceux du Christ : Ils tendent l’oreille mais la plupart d’entre eux sont menteurs 223. Signes et avertissements : nous n’avons détruit aucune cité qui n’ait entendu des avertisseurs, et un rappel 208-209 Noé comme plus tard Mahomet assure : Je ne suis qu’un avertisseur 115 certes de châtiments pour ceux qui se refusent : nous avons englouti ceux qui les poursuivaient… nous avons ensuite noyé les autres… nous les avons anéantgis… le châtiment les saisit… ce fut le châtiment d’un jour terrible 66, 120, 135 & 158, 189 mais surtout de Dieu-même : Ton Seigneur est, en vérité, le Tout-Puissant, le Miséricordieux 9, 68, 104, 122, 140, 175, 191.
Cette très intéressante et attachante sourate – résumé méthodologique du Coran, me semble-t-il – se revendique explicitement : Oui, le Coran est une révélation du Seigneur des mondes. L’Esprit fidèle (un chrétien à la veille de la solennité de la Pentecôte est sensible à ce verset, même si les commentateurs assurent qu’il s’agit de l’ange Gabriel) est descendu avec lui sur ton coeurpour que tu sois au nombre des avertisseurs – c’est une révélation en langue arabe claire 192 (savoir si c’est la seule mise en évidence explicite de la langue arabe, comme langue de la Révélation). Elle a parfois le vibrato d’un psaume de l’Ancien Testament : Confie-toi au Tout-Puissant, au Miséricordieux. Il te voit quand tu te tiens debout et quand tu te trouves parmi ceux qui se prosternent. Il est, en vérité, celui qui entend et qui sait tout ! 217 à 220.
En revanche, énigme, cette mise au pilori des poètes, à l’exception de ceux qui croient, qui accomplissent des œuvres bonnes, qui invoquent souvent le nom de Dieu 227. Donc les poètes, titre de la sourate. Chouraqui assure qu’à l’époque du Prophète, les poètes étaient plutôt hostiles à l’Islam. Soit ! ils sont suiis par ceux qui s’égarent. Ne les vois-tu pas ? Ils divaguent dans chaque vallée ; ils disent ce qu’ils ne font pas… 224 à 226. Au contraire, cette sourate qui mériterait davantage de s’intituler : Les prophètes, dit bien le destin de ceux-ci, Moïse en est le prototype : je crains qu’ils me traitent de menteur 12 ce qui sera effectivement le cas de tous 117, 141, 160, 176, 189. Ils crient au mensonge ; mais bientôt leur parviendront les prophéties concernant ce dont ils se moquent 6 Le dilemme de la foi est posé – mais en termes humains : qui ment. Le Prophète, envoyé et inspiré : l’Islam, il se peut que tu te consumes de chagrin parce qu’ils ne sont pas croyants 3. Dieu s’attestant lui-même : le christianisme et l’impossible croix pour Jésus Christ. Car la résurrection n’est pas sujet de division entre musulmans et chrétiens (le jour où les hommes seront ressuscités 87) alors qu’elle l’était entre Juifs… une seule résurrection fait problème : celle du crucifié. Le problème n’ayant de solution, en foi comme en logique, que dans l’identité de ce crucifié. Ce n’est pas le thème de cette sourate puisque les prophètes et ceux qui les suivent, échappent à leurs ennemis et ceux-là sont châtiés.
soir du dimanche 23 Mai 2010
Je prends la sourate suivant les deux précédentes. Il me semble que cela se tient bien. Plus j’avance dans cette lecture, plus je me sens solidaire d’amis et de relations aux prises avec une destinée très difficile et malchanceuse pour leur pays, plus je sens que l’Islam n’est pas identitaire ni enfermant ses fidèles, qu’il n’est pas non plus un principe nationaliste, qu’il ne répond pas à l’image que beaucoup – hors ses fidèles et parfois chez ses fidèles – s’en font. Il me paraît universaliste, ouvert, intellectuellement très exigeant et pourtant accessible. Il prend directement à témoin celui qui pénètre dans le Coran. J’en suis là, et – sans doute parce que je suis de plus en plus chrétien de culture et de façon de prier – je trouve à chaque moment de lecture, d’étude et de méditation autant de plaisir que de gravité. Plaisir de l’intelligence, mais bonheur aussi d’un chemin vers Dieu, d’une description, d’une approche, d’un témoignage. Mahomet est authentique et il écrit bien... il a quelque chose à dire, qu’il ne peut retenir. Et par là, il attache.
Sourate 28 . Le récit 1 à 25
Nous te racontons, en toute vérité, à l’intention d’un peuple qui croit, l’histoire de Moïse et de Pharaon. 3 La manière de raconter Moïse et Pharaon, très différente, de celle des deux sourates précédents, qui avaient surtout une portée spirituelle. C’est écrit comme par cette Italienne paraphrasant les évangiles en dix volumes et réussissant, sans suspense, à écrire assez intuitivement et juste. La marque de Mahomet demeure : donner les pensées et arrière-pensées que la Bible suppose mais ne donne pas explicitement. Récit vivant, à relire en famille pour édifier les enfants, avec cependant les éléments du suspense : ils ne pressentaient rien 9. Le cœur de la mère de Moïse se vida. Elle aurait risqué de le montrer si nous n’avions pas raffermi son cœur pour qu’elle reste au nombre de croyants 10. Le texte suit exactement la Bible Exode ch. II mais, mieux que factuel, il donne les paroles, en plus des images, et il commente au spirituel. Ainsi, à la suite de son crime : Il dit : ‘Voici une œuvre du démon : c’est un ennemi qui égare les hommes’. Il dit : ‘Mon Seigneur ! je me suis fait tort à moi-même’. Dieu lui pardonna. Il est, en vérité, celui qui pardonne, il est le Miséricordieux. Moïse dit : ‘Mon Seigneur ! Grâce aux bienfaits dont tu m’as comblé, je ne serai jamais l’allié des criminels’. 15 . 16 . 17 Psychologie et spiritualité, dialectique du pardon et d’une certaine innocence.
Le récit me frappe par quelque chose qui est peut-être décisif. Les Hébreux, les Israëlites, les Juifs ne sont pas identifiés en tant que tels, pas désignés comme tels. Pharaon était hautain sur la terre. Il avait réparti les habitants en sections ; il cherchait à affaiblir un groupe d’entre eux 4 . Dieu lui-même dit son dessein, mais n’identifie pas et ne donne pas de nom à ce peuple, celui-ci d’ailleurs n’est pas non plus présenté comme un peuple. Nous voulions favoriser ceux qui avaient été humiliés sur la terre ; nous voulions en faire des chefs, des héritiers, nous voulions les établir sur la terre 5.6. Alors que la Bible écrit que Moïse vit aussi un Egyptien qui frappait un Hébreu, un de ses frères Exode II 11, le Coran raconte que Moïse y trouva deux hommes qui se battaient : un de ses partisans et un de ses adversaires. Celui qui était de son parti demanda son aide contre celui qui était au nombre de ses ennemis 13. D’une certaine manière, de l’anonymat religieux et ethnique. Le Coran met en scène des situations hors du temps, hors des circonstances, hors de l’histoire. Il n’est pas question non plus de la généalogie des patriarches, au moins dans ce récit des débuts de Moïse. Elliptique pour les identités, le texte est prolixe dans les dialogues, on est presque dans celui d’une pièce de théâtre ou à prendre connaissance d’un scenario de film. Génie littéraire. Là où la Bible écrit : elles vinrent puiser et remplir les auges pour abreuver le petit bétail de leur père. Des bergers survinrent et les chassèrent. Moïse se leva, vint à leur secours et abreuva le petit bétail. Exode II 16.17, le Coran raconte : Il y trouva aussi deux femmes qui se tenaient à l’écart et qui retenaient leurs bêtes. Il dit : ‘Que faites-vous, vous deux ?’. Elles dirent : ‘Nous n’abreuverons pas nos troupeaux tant que ces bergers ne seront pas partis, car notre père est très âgé’. Moïse abreuva leurs bêtes … 23.24. Ce choix du dialogue au lieu de la description ou du récit (malgré le titre de la sourate) permet d’introduire deux voix supplémentaires : celle de Dieu, et celle du priant. Les dialogues faisant évoluer la situation, le dessein de Dieu, la prière de l’homme, dessein et prière respectivement dits par Dieu et par Moïse. … puis il se retira à l’ombre. Il dit : ‘Mon Seigneur ! J’ai grand besoin du bien que tu feras descendre sur moi !’ 24. C’est du grand art et cela permet aussi la leçon spirituelle. Le Coran n’a sans doute pas les psaumes – joyau de la littérature ujniverselle et specimen décisif de psychologie humaine, version créature et version seigneur des mondes – mais il a ces paroles dans la bouche de Dieu ou dans celle des croyants. Car Moïse est tout simplement un croyant, mais Mahomet est aussi un conteur exceptionnel : une des femmes vint à lui en s’approchant timidement. 25
soir du vendredi 28 Mai 2010
Je continue l’histoire de Moïse – qui est pour les chrétiens le grand précédent et la parabole vêcue par un peuple, de la rédemption de toute l’humanité, telle que la révèle, par la biographie du Christ, le Nouveau Testament. Quel sens lui donne le Coran ?
Sourate 28 . Le récit 25 à la fin
Suite selon la manière déjà assimilée : la technique du dialogue pour avancer l’intrigue et sa dialectique, les incises pour la leçon spirituelle pas à pas. Mais curieux placage – hors chronologie biblique, telle d’ailleurs que celle-ci avait été endossée par les deux sourates précédentes – pour l’épisode du buisson ardent 29-30 comme XXVII 7-8 Les fourmis et celui de la main lépreuse 32 comme XXVII 12 & XXVI 33 Les poètes ou du bâton 31 comme XXVII 10 … tout autrement que dans les sourates précédentes : ce sont à présent les éléments d’une probation, nécessaire à l’envoi en mission. Le peuple va partager la puissance donnée à son prophète et le tête-à-tête avec le Pharaon, le défi commence aussitôt. Le Coran en donne la signification en faisant répliquer le souverain par la tour de Babel : dans la Bible, la puissance divine est manifestée par le contrôle de Dieu sur la psyché, l’âme et le cœur de Pharaon ; selon le Coran, l’épreuve de force est directement entre Pharaon et Dieu. Allume-mi du feu sous la galise, construis-moi une tour, peut-être, alors, monterai-je jusqu’au Dieu de Moïse 38.
soir du dimanche 30 Mai 2010
C’est alors que le texte bifurque. Mahomet est Moïse, en tout cas son successeur le plus autorisé, par pure libéralité de Dieu : mais voici une miséricorde de ton Seigneur qui te permet d’avertir un peuple auquel nul avertisseur n’était venu avant toi. 46 S’écartant de la ligne judéo-chrétienne : un peuple choisi, une sortie d’Egypte symbole de la libération universelle, le Coran présente un autre peuple, dont rien ne dit ici pourquoi il est bénéficiaire d’avertissement et de la chance de se convertir. Mahomet n’a pas plus de titre que ce peuple, qui n’est pas – ici – identifié. L’est-il dans le Coran ? Je ne crois pas qu’il y ait en Islam la dialectique d’un peuple choisi. Le manichéisme est universel, ceux qui croient, ceux qui renient la foi native de tout homme. Mahomet sans titre : tu n’étais pas sur le versant occidental, quand nous avons dicté l’ordre à Moïse ; tu n’étais pas au nombre des témoins… tu n’habitais pas parmi les gens de Madian… tu n’étais pas sur le flanc du Mont, quand nous avons appelé 44 à 46 Le décalage dans le temps est également suggéré : après avoir anéanti les premières générations…nous avons fait naître des générations dont l’âge s’est prolongé 43.45 Ce qui s’établit, c’est que l’incrédulité rencontrée par le Prophète est la même que celle dont a pâti Moïse : si seulement tu nous avais envoyé un Prophète, nous aurions alors suivi tes Signes, et nous serions croyants… Si seulement on lui avait donné l’équialent de ce qui a été donnà Moïse ! N’avaient-ils pas été incrédules à l’égard de ce qui avait été autrefois donné à Moïse 47.48 Réponse : nous leur avons fait parvenir la Parole 51. Mais aussi des maximes de vie spirituelle : Qui donc est plus égaré que celui qui se laisse guider par ses passions, sans aucune direction venue de Dieu ? Tu ne diriges pas celui que tu aimes, mais Dieu dirige qui il veut. Il connaît parfaitement ceux qui sont dirigés. 50 & 56. Au milieu des biens que Dieu t’a accordés, recherche la demeure dernière. Ne néglige pas ta part de la vie de ce monde. Sois bon comme Dieu est bon pour toi. Ne recherche pas la corruption sur la terre. 77 Enfin, des raisonnements : tout ce qui vous a été donné n’est que jouissance éphémère en vaine parure de la vie de ce monde. Ce qui se trouve auprès de Dieu est meilleur et plus durable. Ne le comprenez-vous pas ? 61
Le texte essaie alors – pour convaincre l’incrédule : peut-être réfléchiront-ils…ne le comprenez-vous pas ?... n’entendez-vous pas ? … ne voyez-vous pas ?... peut-être serez-vous reconnaissants ?... 51, 60, 71, 72, 73 – de se fonder à nouveau sur Moïse : c’est le sort de Coré Nombres XVI. La plume du Prophète, même quand elle emprunte aux faits bibliques, a sa saveur propre : Nous lui avions donné des trésors dont les seules clés semblaient lourdes à une troupe d’hommes robustes 76. Opulence que ne note pas la Bible, selon celle-ci il s’agit de ce que l’on appellerait aujourd’hui en politique un « travail fractionnel. Lui et son groupe furent orgueilleux, ils se dressèrent contre Moïse… ils s’attroupèrent contre Moïse et Aaron : ‘…pourquoi vous élevez-vous au-dessus de la communauté de Yahvé’ Nombres XVI 1 à 3 mais le Coran retient, cependant l’essentiel, qui est biblique en l’occurrence : Coré appartenait au peuple de Moïse mais il était rempli de violence envers lui 76. Alors que la Bible enregistre une discussion entre Coré et Moïse, le Coran place le dialogue au spirituel et avec Dieu : Coré dit : ‘Je ne dois ce qui m’a été donné qu’à la science que je possède’ 78. La Bible fait du dénouement une démonstration coranique : Si Yahvé fait quelque chose d’inouï, si la terre ouvre sa bouche et les engloutit, eux et tout ce qui leur appartient, et qu’ils descendent vivants au shéol, vous saurez que ces gens ont rejeté Yahvé Nombres XVI 30-31 ce que reprend le Prophète : Nous avons fait engloutir par la terre Coré et sa maison 81. Et – là – se trouve à mon sens l’articulation du Coran et de la Bible. Pour beaucoup de ses sourates, le Coran commente la Bible, suppose les faits rapportés par l’Ancien Testament et une partie du Nouveau, connus des auditeurs et lecteurs du Prophète, et il y a joute, parfois ligne à ligne, un commentaire spirituel : parfait et tout à fait salubre et gratifiant pour le chrétien, de ces faits. Soit en élévation vers Dieu et sa nature, soit en conseils de comportement pour nous. Les coupables ne seront pas interrogés sur leurs péchés 78 Il n’avait pas de troupe pour le secourir – en dehors de Dieu – personne ne lui porta secours 81. Il n’y a de Dieu que lui ! Toute chose périt, à l’exception de sa face. 88
Conclusion par l’apposition du double cachet coranique : la constante perspective du jugement dernier que – mieux ou plus nettement que la Bible, en tout cas avec quelle insistance ! – le Prophète lie au jour de la Résurrection 72 et la légitimité – bien sûr et décisivement – du message prophétique et du Prophète lui-même. La fin appartient à ceux qui craignent Dieu. Celui qui viendra avec de bonnes actions recevra quelque chose de meilleur que cela. 82-83. Oui, celui qui t’a inspiré le Coran te ramènera là où tous reviendront. Tu n’espérais pas que le Livre te serait envoyé ; cela ne se fit que par une miséricorde de ton Seigneur… Qu’ils ne te détournent pas des versets de Dieu, après qu’on les ait fait descendre sur toi. 85.86.87. Vocation du Prophète par une miséricorde. Chance de tout peuple d’être « averti » : Ton Seigneur n’a détruit aucune cité avant d’avoir envoyé à la Mère des cités (la Mecque ?) un prophète qui lui a récité nos versets. Nous n’avons pas à détruire de cités dont les habitants ne seraient pas injustes 59.
Jugement – que les chrétiens appellent « dernier » et que le Prophète ne qualifie pas que par son rattachement chronologique : celui à qui nous avons fait une belle promesse dont il verra l’accomplissement, serait-il comparable à celui à qui nous avons accordé les brèves jouissances de la vie de ce monde et qui, ensuite, le jour de la Résurrection, sera au nombre de ceux qui comparaîtront devant nous ? 61 Paradoxe de l’Islam qui pour le dehors paraît une religion si collective qu’il en détermine une nation, alors que dans le texte, il ne s’adresse pas comme la Bible à un peuple, déterminé ou pas (et dans le Coran, il ne l’est pas), mais bien à chacun des vivants. Et fond du jugement, la foi. La foi en un Dieu unique. Obsession du polythéisme qui pour le Prophète est le contre-sens majeur des chrétiens (alors que pour ceux-ci, le contre-sens de l’Islam est la négation de la divinité du Christ) : je crois que ces contre-sens selon l’autre, n’empêche ni une connaissance de Dieu ensemble, ni la prosternation et la prière ensemble. Dieu dira ensuite à chacun par quel chemin il l’appelle. Pour l’heure, dialectique du Prophète : Dieu leur dira, le Jour où il les appellera : ‘Où sont mes prétendus associés ?’... On leur dira : ‘Invoquez vos associés !’ Ils les invoqueront, mais ils ne seront pas exaucés et ils verront le châtiment. Si seulement ils avaient été dirigés ! 62 & 64. Mais Jésus, répliquant aux Pharisiens ou pleurant sur Jérusalem, fait le même constat que fera après lui Mahomet, l’un et l’autre à ses dépens : qu’avez-vous répondu aux prophètes ? Ce jour-là (celui de la Résurrection, donc du jugement) les messages prophétiques leur paraîtront obscurs. Ils ne poseront aucune question 65-66
Sourate richissime qui apprend sur la relation Coran/Bible, qui synthétise l’argument de légitimité du Prophète, qui caractérise le jugement final et pose enfin la question métaphysique par excellence : la liberté humaine. Ton seigneur crée ce qu’il veut, et il choisit, il n’y a pas de choix pour les hommes 68 avec toute l’angoisse qui sera celle des jansénistes : quant à celui qui se sera repenti, qui croyait et qui faisait le bien, peut-être sera-t-il parmi les heureux ? 67. La Bible a l’affirmation de certitude pour le destin humain : l’homme et la création sont sauvés et rachetés, mais elle sait dire l’interrogation sur Dieu, au point que ce sera celle du Christ en croix : pourquoi m’as-tu abandonné ? Luc XV 34 reprenant le psaume XXII 2 tandis que le Coran, assuré et définitif de ton et d’expression sur Dieu unique et miséricordieux, omniscient et tout puissant, donne à douter du salut de l’homme…
soir du vendredi 4 Juin 2010
Je reprends une nouvelle sourate… au hasard, mais me trouve tout de suite à l’aise – cette fois, parce que la construction est très apparente et l’objectif tout autant. Le Prophète est situé en tant que tel, ni plus ni moins. Le prêche s’adresse à des gens de bonne volonté, sans a priori que la conscience de leur propre faiblesse.
Sourate 41 . Les versets clairement exposés (Masson car Chouraqui retient plutôt le premier verset : H.M. Hâ . Mîm . d’autres titrent La prosternation ou encore Les signes intelligibles. Comme les Juifs , détracteurs ou poursuivants du Christ selon les évangiles, le Coran affectionne le signes)
Le Coran se présente de lui-même : Voici la Révélation de celui qui fait miséricorde, du Miséricordieux. Voici un Livre dont les Versets sont clairement exposés ; un Coran arabe, destiné à un peuple qui comprend ; une bonne nouvelle et un avertissement 2.3 Les termes de bonne nouvelle (traduction que je ne peux vérifier – rencontré déjà dans Les fourmis XXVII) sont familiers au chrétien, c’est littéralement l’évangile – ‘Ne craignez pas, ne vous affligez pas ; accueillez la bonne nouvelle du Paradis, qui vous a été promis’ 30 – tandis que l’avertissement est familier au musulman ; il fonde l’équité du jugement puisque l’incroyant aura été dûment prévenu. Le Prophète est également présenté, dans les termes-mêmes d’une sourate précédente XVIII 110 : Je ne suis qu’un mortel semblable à vous. Il m’est seulement révélé que votre Dieu est un Dieu unique. 6 La formulation ne doit pas être oubliée : Mahomet ne le dit pas de lui-même, mais sous la dictée divine. Enfin les auditeurs, comme le Prophète, se présentent eux-mêmes, et avec humilité pour un peuple qui comprend 4 : le sont-ils ? Nos cœurs sont enveloppés d’un voile épais qui nous cache ce vers quoi tu nous appelles ; nos oreilles sont atteintes de surdité, un voile est entre nous et toi 5 mais, à défaut d’un acte de foi, il y a une attitude confiante : Agis donc, et nous aussi, nous agirons. 5 Réponse du Prophète : Allez droit vers lui et demandez-lui pardon ! 6 Ce n’est donc pas une connaissance à acquérr, mais une conversion à opérer : Ninive ou appel de Jean Baptiste. La foi est minimale : pas de polythéisme, croire à la vie future. 7 Il est vrai que c’est celle-ci qui effraie ou aiguillonne les humains : Vous y trouverrez ce que vous désirez ; vous obtiendrez ce que vous demanderez comme un don accordé par celui qui pardonne et qui est miséricordieux 31-32 Le châtiment de la vie future est encore ignominieux 16 tandis que ceux qui croient et qui accomplissent des œuvres bonnes, recevront une rétribution qui ne sera jamais diminuée. 8 Un psaume dit de même : la foi en vue de la rétribution, ce qui n’est pas sans choquer aujourd’hui. Foi et œuvres : malheur aux polythéistes qui ne font pas l’aumône 7 et rétribution pour ceux qui accomplissent des œuvres bonnes 8. Accessoirement, une théologie des anges tout à fait plausible pour un chrétien à qui l’on en parle peu maintenant, et qui n’y croit donc guère… mais Les anges descendent sur ceux qui disent : ‘Notre Seigneur est Dieu’, et qui persévèrent dans la rectitude. … Nous sommes pour vous des amis dans le vie de ce monde et dans la vie future 31. ceux qui sont proches de leur Seigneur, célèbrent nuit et jour ses louanges, sans se lasser 38.
Foi qui sauve : Nous avons sauvé ceux qui croyaient et ceux qui craignaient 18. Ce salut n’est que lors du jugement, des épreuves pendant la vie terrestre, le Coran – au point où je suis de ma lecture – ne les évoque pas : secondaires, négligeables par rapport à l’enjeu, quoique l’homme ne se lasse pas d’appeler le bonheur. Il est désespéré et désolé lorsqu’un malheur le touche 49. Lorsque nous comblons un homme de bienfaits, il se détourne et il s’éloigne. Mais lorsqu’un mal l’atteint, il se livre à de longues prières 51. Plus originalement qu’ailleurs, le texte – ici – caractérise l’incrédulité : Si nous lui faisons goûter de notre part une miséricorde, après qu’un malheur l’ai touché, il dit : ‘ Ceci m’est dû ; je ne pense aps que l’heure se dresse, et si je suis ramené vers mon Seigneur, je jouirai auprès de lui, de la très belle récompense 50. Les incrédules, répartis par groupes, le Jour où ils seront rassemblés dans le Feu 19 sont les ‘Ad qui se sont injustement enorgueillis sur la terre 15, les Thamoud qui ont préféré l’aveuglement à la Direction 17 et des communautés de Djinns et d’hommes disparues avant eux 25. La sourate, contrairement à d’autres, n’est pas prolixe sur les châtiments mais plus vivement que d’autres, elle est spirituelle en conseils prodigués, en assurance théologique : Si le Démon t’incite au mal, cherche la protection de Dieu ; il est celui qui entend et qui sait tout 36 (attribut divin sur lequel il est souvent insisté : faute que Dieu ait partagé-vêcu lui-même – foi centrale du chrétien – la nature humaine, il connaît à fond chacun de nous) : faites ce que vous voulez, Dieu voit parfaitement ce que vous faites 40. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin de toute chose ? 53. Conseils de comportement, donnés elliptiquement, bibliquement mais dans des formulations, que même les approximations de traduction font pressentir magnifiques : L’action bonne n’est pas semblable à la mauvaise. Repousse celle-ci par ce qu’il y a de meilleur : celui qu’une inimitié séparait de toi deviendra alors pour toi un ami chaleureux. Mais cela n’est offert qu’à ceux qui sont patients ; cela n’est offert qu’à celui qui possède déjà un don incommensurable 34.35 Le texte n’identifie pas ce don : je pense que c’est celui de la foi. Tu vois, parmi les signes de Dieu, la terre comme si elle était prostrée ; mais lorsque nous faisons descendre sur elle l’eau du ciel, elle se ranime et elle reverdit. Oui, celui qui lui rend la vie, est celui qui fera revivre les morts 39.
La sourate se termine comme elle a commencé : la définition de ce qu’est le Coran : voici cependant un Livre précieux. L’erreur ne s’y glisse nulle part. C’est une Révélation d’un Seiogneur sage et digne de louanges. On te répète seulement ce qui a déjà été annoncé aux Prophètes avant toi : ton Seigneur est le Maître d’un pardon, il est aussi le Maître d’un châtiment douloureux. 41 à 43. Avec de nouveau, la mise en valeur de la langue arabe, cela se trouve-t-il aussi explicitement ailleurs ? La Bible n‘est pas, quant à elle, attachée à une langue, pas seulement parce qu’elle a été écrite en plusieurs (du fait qu’elle est à polusieurs mains et que sa composition écrite s’étend sur cinq siècles au moins) et surtout elle ne fait pas de la langue un élément d’appropriation par l’auditeur. La re-découverte du Deutéronome donne lieu à lecture publique, moyennant traduction à mesure. Les Apôtres, la Pentecôte,se font entendre dans toutes les langues parlées par une foule particulièrement nombreuse et disparate. Si nous en avions fait un Coran récité dans une langue étrangère, ils auraient dit : ‘ Pourquoi ses versets n’ont-ils pas été exposés clairement, et pourquoi utiliser une langue étrangère, alors que nous parlons arabe’44. Je me demande si c’est – cependant – un refus d’universalité (que démentirait d’ailleurs l’expansion de l’Islam autant en pays anglo-saxon aujourd’hui qu’autrefois et pour se pérenniser en péninsule indienne, en Iran et en Extrême-Orient, l’Indonésie) et si ce n’est pas tout le contraire : l’insistance sur le fait que le message doit être entendu dans la langue nationale, native, naturelle de l’auditeur. Pourquoi utiliser une langue étrangère, alors que nous parlons arabe ? 44. Je ne sais si, dans la Mauritanie qui m’est chère, et à l’époque de son fondateur, on n’a pas fait de ce verset, un mot d’ordre. Mais on peut le comprendre aussi comme le comble de la tolérance, ce qui vaut pour l’arabe, langue de l’auditeur du Prophète au temps de son ministère, vaudrait pour toute langue accueillant ses éponymes.
soir du mardi 8 Juin 2010
Au début de cette lecture, pas vraiment quotidienne mais que je reprends chaque fois avec des sentiments qui sont passés d’un plaisir de curiosité et d’intelligence à un recours au moins mental à ce qui m’apparaît de plus en plus comme un lieu ou un espace de renforcement de soi, de confiance – je m’interrogeais, je constatais que je ne pouvais prier vraiment. Non que ce ne soit le même Dieu, non que le Prophète ne soit pas respectable, déjà un tel génie littéraire force l’admiration et davantage que de la sympathie, et ce que j’ai commencé de lire de Virgil Gheorghiu m’apprend la sainteté réelle et le courage, la cohérence du personnage – mais les mots, les images ne sont pas celles de mon monde spirituel, quelque chose de bien commencé mais qui n’aboutit pas, tandis qu’à la suite Christ, Dieu fait homme, ayant souffert, étant mort, étant ressuscité la prière d’imitation, de demande, d’accompagnement est naturelle, la difficulté pour tant de non-chrétiens d’admettre la trinité ne se présente nullement, au contraire la trinité est nécessaire, s’impose et toute la Bible l’enseigne. Le Coran n’y enlève rien, car cette trinité est (« quand même ») le Dieu unique. Donc un compagnnonage plus humain qu’avec Dieu, dans ma lecture du Coran. Je prie avec des amis, et ce soir, c’est intense, j’implore car je sens ce pays d’adoption, à nouveau à un carrefour, et le prenant mal, risquant de le prendre mal s’il n’est agi que par ses chefs.
J’ai choisi au hasard, et je crois que je vais m’en bien porter…
Sourate 55 . Le miséricordieux
Un refrain, comme rarement aussi insistant dans le Coran, tel que jen connais (en ai lu) maintenant une trentaine de sourates : quel est donc celui des bienfaits de votre Seigneur que, tous deux, vous nierez ? 13 . puis un verset sur deux. Une poésie dont je sais la puissance mais pas toutes les images, et les aurai-je jamais ? L’étoile et l’arbre se proternent. Il a élevé le ciel…Les vaisseaux élevés sur la mer comme des montagnes, sont à lui… 6 . 7 & 24
Une théologie est donnée, très dépaysante pour le chrétien. Un dualisme, l’homme et le djinn, chacun défini par sa « matière première » : il a créé l’homme d’argile, comme la poterie, il a créé les djinns d’un feu pur 14.15 et ce sont eux deux, apparemment des contraires, qu’apostrophe avec insistance répétitive le Prophète. Dualisme des analogues : mers 19, jardins 48 & 62. 64. 68, sources 50 & 66, orients et couchants 17. La négation, le reniement ne portent pas expressément sur Dieu mais sur ses bienfaits, sur la reconnaissance de ses bienfaits. Quel bienfait ? La récompense du bien est-elle autre chose que le bien ? 60 Mais encore, très concrètement … figuration qui a beaucoup joué pour une image tronquée ou déformante de l’Islam, le paradis et la récompense d’un martyr, notamment. J’en note d’abord l’expression : Là, ils rencontreront celles dont les regards sont chastes et qni homme ni djinn n’a jamais touchées avant eux … Il y aura là des vierges bonnes et belles… des Houris qui vivent retirées sous leurs tentes, que ni homme ni djinn n’a jamais touchées avant eux … 56 . 70 . 72 . 74 Maintenant, méditer… le texte n’exalte ni sensualité ni possession ni prédation. Il porte à la contemplation, il donne les signes de la pureté. La femme n’est pas diabolique ou impure comme elle est si souvent ressentie – implicitement, au moins – dans le christianisme, et particulièrement le catholicisme. L’interdit musulman de certaines tenues vestimentaires pour lma femme et la recommandation d’autres, comme je l’ai déjà lu, ne se fonde pas sur la pudeur à préserver mais sur la beauté à réserver à un dédicataire. Il n’est pas une chape administrée par l’homme, il est un choix de femme (dans le texte). Cette présence féminine, au pluriel, n’appelant pas le couple mais participant d’un bien-être simple et général : jardins, floraison, toutes les espèces de fruits, jardins ombragés . Elle n’est pas accessoire, elle est centrale et insistante dans le texte qui en donne l’environnement, le décor, et les fait voir, seule couleur dite dans la sourate : le vert. Ils seront accoudés sur des coussins verts et sur de beaux tapis 76.
A élucider ce couple homme/djinn qui quoique de nature différente, semblent avoir un même destin et les mêmes possibilités, les mêmes goûts puisque les délices de la vie future ne sont pas différenciés : Nous allons bientôt nous occuper exclusivement de vous, ô vous, les deux charges (faut-il comprendre les deux lourdauds ?) … Ô peuple des djinns et des hommes ! si vous pouvez passer à travers les espaces des cieux et de la terre, faites-le ! mais vous ne les traverserez qu’à l’aide d’un pouvoir …On lancera contre vous deux, des jets de feu et d’airain fondu et vous ne serez pas secourus… Ce Jour-là, nul homme et nul djinn ne sera plus interrogé sur ses péchés… Les pécheurs seront reconnus à leurs marques et on les saisira par les cheveux et les pieds. 31 . 33 . 35 . 39 & 41 Dois-je les entendre comme les hommes et les anges, mais le Coran connaît et évoque les anges, en tant que tels. Réalités mystérieuses en toute religion, sauf pour les âmes très simples, sinon enfantines – ce qui n’est pas, selon moi, réducteur. Interroger là-dessus. Est-ce ce couple qui détermine la construction insistante de cette sourate – à la fois refrain, et tout en double, y compris la géhenne et une eau bouillante 43 & 44.
Enfin, l’enseignement – toujours et dit avec des images et des mots qui enrichissent la spiritualité et le bagage de tout homme qui prie ou s’étonne – l’enseignement sur Dieu, au mode affirmatif, si assuré qu’il appelle simplement à la contemplation : Tout ce qui se trouve sur la terre disparaîtra. La face de ton Seigneur subsiste pleine de majesté et de munificence (l’Apocalypse de Jean et tel psaume, Dieu est roi, vêtu de majesté infinie) 26 & 27. Béni soit le nom de ton Seigneur plein de majesté et de munificence. 78
Le Prophète – me semble-t-il à le lire – a pour auditoire principal, pas tant des incrédules, qui, pour l’Islam, sont des renégats tant la foi en Dieu et l’évidence de Celui-ci, font que l’homme est originellement et par nature croyant, et croyant en l’Unique, mais bien des croyants, donc, qu’il convient d’assurer dans leur foi et à qui il est dit : oui, votre dieu, c’est le bon, c’est Dieu. Vous ne vous êtes pas trompés, c’est bien Lui que vous adorez et révérez sans peut-être tout savoir de votre foi et tout savoir de Lui.
soir du jeudi 10 Juin 2010
Je prends la sourate suivante, elle me semble continuer celle que j’ai parcouru et qui m’a si bien répondu – à presque toutes les questions formes et de fond qu’lle me faisait me poser. Prier en communion avec tout homme, toute femme, tout enfant qui prie – au soir d’une journée où tout me gratifie, m’étonne et me mobilise : vingt-quatre heures de débats par courriels ou articles sur internet à propos d’un texte qui m’est attribué faussement et de lettres dont je ne retranche rien mais qu’on voudrait que je désavoue. Le débat de toutes époques sur l’écrit, et au fond l’hommage pour l’écrit. Il transperce et demeure, à condition qu’il soit sincère. Sans me dépayser, que ce moment dans le Coran me recentre : Dieu, seule vérité.
Sourate 56 . L’événement (Chouraqui) … Celle qui est inéluctable (Masson)
Y a-t-il d’autres rendus de ce titre ? Quel est cet inéluctable ? cette événement, cette heure inéluctables ? La mort ? Non, le jour, l’heure du jugement. Le Coran n’est – très simplement et absolument – qu’un avertissement solennel : il y aura jugement, jugement nécessitant la résurrection. La punition n’est pas le néant, il est une infernale, et la rétribution est une vie paradisiaque. L’heure du jugement et ce qui la précèdera. Le Coran est une escathologie. Jugement et annonce sont sa force. Le commentaire de la Bible n’a de vrai que la méditation spirituelle que les textes judéo-chrétiens inspirent au Prophète, car aux sens ou ommissions sont nombreux ; je les trouve peu embarrassants, ces lacunes n’empêchent pas le mouvement de haute contemplation, et à tant réciter unicité et puissance de Dieu, le musulman ne l’est-il pas – souvent – plus que le chrétien. Sans doute, une dimension manque textuellement : l’amour. Mais la psychologie musulmane est autre parce qu’elle a la pudeur qu’on n’éprouve et à laquelle on n’est obligé que par la promiscuité du désert, de la tente : la ville est indiscrète.
Il y aura là des Houris aux grands yeux, semblables à la perle cachée, en récompense de leurs œuvres 22 à 24. La beauté féminine, le regard plus que tout, récompense suprême de l’homme, véritable initiation à l’absolu… la Bible ne sait pas s’y prendre, nous prendre ainsi. C’est nous, en vérité, qui avons créé les Houris d’une façon parfaite. Nous les avons faites vierges, aimantes et d’égale jeunesse pour les compagnons de la droite 35 à 38. Thèmes du paradis : le rapport à Dieu, sa compagnie, sa présence, l’éternité pressentie par la liturgie ne sont pas textuellement l’Islam qui parle au discours indirect. Les jardins du délice…ils seront accoudés, se faisant vis-à-vis… ils jouiront de spacieux ombrages… ils se reposeront sur des lits élevés 16, 30, 34. Description qui permet la leçon spirituelle : cette heure du jugement, elle abaissera et elle exaltera ! … Ils n’entendront là ni parole futile, incitation au péché, mais une seule parole : ‘‘Paix ! … Paix’’ 3 & 25-26.
Aussi rigoureusement construite que la précédente, mais d’une tout autre manière – et pour une toute autre démonstration – cette sourate n’a ses refrains qu’en son premier tiers, celui de la présentation du paradis. Les compagnons de la droite ! – Quels sont les compagnons de la droite ? 8, 27 – interrogation plus répétés que celle sur les compagnons de la gauche ! – Quels sont donc les compagnons de la gauche ? 9, 41 – les deux groupes ne sont donc ni dénombrés ni identifiés autrement que par leur sort.
L’apport de la sourate me semble résider dans la distinction du troisième groupe, annoncé à son début 7 et dans sa caractérisation, plus que dans son sort. Lorsque l’âme remonte au gosier du moribond et qu’à ce moment-là, vous le regardez, nous sommes plus près de lui, que vous qui l’entourez et vous ne vous en apercevez pas. Mlais si vous n’êtes pas au nombre de ceux qui doivent être jugés, pourquoi ne feriez-vous pas revenir cette âme, si vous êtes véridiques ? 83 à 87
soir du vendredi 11 Juin 2010
Comment le comprendre ? après la surprise intense de la lecture : la force vêcue de l’image, l’appel à un retour dont les publications de ces trente dernières années sur « les portes de la mort » telles qu’elles sont approchées et vêcues par ceux dont le chemin a cependant rebroussé, montrent qu’il est écrit et évoqué avec une grande justesse ! certainement au moins comme une affirmation de la personnalisation, de l’individualisation de la destinée humaine. L’Islam n’est pas – me semble-t-il – théologiquement et textuellement grégaire. C’est l’ardeur de la foi de chacun qui fait la collectivité musulmane, humaine.
Le reste de la sourate n’est pas neuf, du moins dans la chronologie de ma lecture auquel le hasard donne beaucoup. Je retiens ou plutôt relis, à l’identique ou presque, le sceau d’authenticité du Coran d’abord. J’en jure par les couchers des étoiles : et c’est là un serment solennel, si seulement vous saviez ! – Voici, en vérité, un noble Coran, contenu dans un Livre caché. Ceux qui sont purs peuvent seuls le toucher. C’est une révélation du Seigneur des mondes ! Enoncé à certainement prendre mot par mot, l’accès à la révélation, son support. Je pense commencer un index, comme j’avais tenté de le faire pour la Bible. Sans doute, cela existe, mais accessible ? Index des mots, et index des concepts et ilmages ; peut-être croiser les deux index, Bible et Coran. Pourquoi tant de temps et de peine ? D’une part, parce que l’Islam est fils du judéo-christianisme, qu’il en fait partie explicitement et manifestement. D’autre part, parce qu’il importe de connaître le support de la foi d’un milliard d’hommes et de femmes (je ne sais pas le chiffre) certainement davantage déterminés par la prière et par cette révélation que le sont beaucoup de chrétiens, en tout cas de catholiques, et qu’il apparaît aussi que c’est une contagion bien plus aisée et efficace que la propagation de la foi chrétienne. Destination de la Révélation, du Livre ? elle est intéressante littéralement, mais aussi spirituellement : un rappel et une chose utile pour les voyageurs du désert 73.
Et les « preuves » de Dieu, anticipant les ‘’Lumières’’ du XVIIIème siècle… Avez-vous consdéré ce que vous cultivez ? Est-ce vous qui ensemencez, ou bien sommes-nous les semeurs ? … Avez-vous considéré l’eau que vous buvez ? Est-ce vous qui l’avez fait descendre des nuages ? Ou bien sommes-nous ceux qui la faisons descendre ?Si nous le voulions, nous la rendrions saumâtre. – Si seulement vous étiez reconnaissants ! – Avez-vous considéré le feu que vous obtenez par frottement ? Est-ce vous qui en faites croître le bois ? Ou bien en sommes-nous les producteurs ? 63.64 & 68 à 72. Et ce que dès la première sourate que j’ai lue, Mahomet relève notre naissances et notre mort, à proprement parler le mystère premier qui, durant toute notre vie, nous étreint : ne voyez-vous pas comment vous engendrez ? Est-ce vous qui créez cela, ou en sommes-nous les créateurs ? Nous avons décrété la mort pour vous – personne ne peut nous devancer – afin de vous remplacer par des êtres semblables aà vous et vous faire renaître dans un état que vous ignorez. Vous connaissez certainement la première naissance : si seulement vous réfléchissiez ! 58 à 62. Comment n’être pas sensible aux pistes et aux réflexions qu’ouvre le Prophète, par cette dernière interrogation ? et tout autant, sinon plus, à cette pédagogie, un véritable vademecum du catéchiste ou du prédicateur pour les « commençants ».
Enfin, ce qui hante le Coran : le jugement couplé avec la résurrection et présenté comme un rassemblement. Dis : En vérité, les premiers et les derniers seront réunis à un moment fixé d’un Jour connu 49.50. Rechercher la forme par laquelle l’Ange ordonne à l’apôtre et événgaliste Jean, d’écrire les éléments, images et évenements. Rechercher aussi la forme d’attestation de la Révélation, du témoignage et du Livre dans la Bible et particulièrement le Nouveau Testament. L’Apocalypse me paraissant la plus topique : je ne l’ai jamais lue sous cet aspect ou selon cette interrogation.
soir du dimanche 13 Juin 2010
Je continue, à la suite, mais parcourant des yeux, en m’arrêtant à peine, le texte, je vois que je tombe sur l’exception. Jésus, l’évangile mais aussi une théologie de la grâce.
Sourate 57 . Le fer (Chouraqui et Masson, d’accord sur le titre)
Les patriarches de la Bible considérés comme des prédécesseurs des Mahomet, les prophètes envisagés selon une lignée : Nous avons envoyé nos prophètes avec des preuves indubitables. Nous avons fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les hommes observent l’équité …Nous avions envoyé Noé et Abraham et nous avions établi, chez leurs descendants, la prophétie et le Livre. 25 & 26 Ce qui diffère de la Bible puisque Noé, Abraham et sa descendance sont plutôt les partenaires de Dieu et l’exemple non d’une révélation reçue mais d’une foi faite d’alliance. Jésus, pour le Prophète, n’est ici que l’un des éléments d’une chaîne : nous avons ensuite envoyé sur leurs traces nos autres prophètes et nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie.
après-midi du vendredi 10 Septembre 2010
Je reprends après trois mois d’interruption (pour de nombreuses raisons pratiques et aucune qui soit spirituelle) cette lecture. Avec la résolution de m’y adonner plus régulièrement –, avec la certitude qu’ainsi je communie avec une des plus grandes convictions de l’humanité contemporaine et que je m’approprie un peu, aussi, un des instruments à venir de la paix entre peuples, races, religions et plus encore entre les personnes. L’affirmation évangélique : quand vous êtes plusieurs réunis en mon nom, je suis avec vous. Parole de Dieu qui est également d’expérience. Et aujourd’hui, fin du Ramadan et Nouvel an juif.
Echo du psaume… la vie de ce monde… est semblable à une ondée. La végétation qu’elle suscite plaît aux incrédules, puis elle se fane. Tu la vois jaunir et elle devient sèche et cassante 20. Echo des Proverbes et de l’Ecclésiaste : la vie de ce monde n’est qu’une jouissance éphémèret et trompeuse 20. Très belle et juste expression, de fond analogue à la Bible mais de ton différent : Elancez-vous vers le pardon de votre Seigneur … Telle est la grâce de Dieu ! Il la donne à qui il veut. Dieu est le maître de la grâce incommensurable ! 21. Et pédagogie directe et explicite, en sorte qu’il peut sembler que le Coran à lui seul donne le suc sapientiel de l’Ancien Testament et l’expérience évangélique puis pastorale des épîtres aspostoliques : Il en est ainsi afin que vous ne soyez pas désespérés en perdant ce qui vous échappe et que vous n’exultiez pas de ce qui vous a été donné 23. Mais signature du Prophète assumant tout dans la généalogie religieuse qu’il termine : le livre et la balance 25, la prophétie et le livre 26, l’évangile… la vie monastique 27 avec une conclusion proche des bénédictions aussi bien de Moïse que de l’Eglise : Craignez Dieu ! Croyez en son Prophète pour que Dieu vous donne une double part de sa miséricorde, qu’il vous accorde une lumière dans laquelle vous marcherez et qu’il vous pardonne 28.
L’Isam n’est pas la religion du fatalisme mais de la miséricorde, et c’est cette miséricorde qui fait la destinée de chaque homme : pour que les gens sachent qu’ils ne peuvent en rien disposer de la grâce de Dieu. Oui, la grâce est dans la main de Dieu ; il la donne à qui il veut 29, même si les « œuvres » comptent : aux hommes et aux femmes qui se’acquittent de l’aumône, à ceux qui font un beau prêt à Dieu, Dieu le rendra avec abondance ; ils recevront une généreuse récompense 18. Et là où la parabole du riche et de Lazare met une infranchissable barrière entre l’enfer et la compagnie d’Abraham et de ses fils, Mohamed laisse une ouverture : une forte muraille percée d’une porte sera dressée entre eux, à l’intérieur se trouve la miséricorde tandis qu’à l’extérieur et en face se trouve le châtiment 13.
Religion de l’omniscience et de la toute-puissance de Dieu, mais aussi religion d’interpellation de l’homme par l’appel, l’interrogation prophétiques. Il fait vivre et il fait mourir, il est puissant sur toute chose… il connaît parfaitement toute chose…. Où que vous vous soyez, il est avec vous. Dieu voit parfaitement ce que vous faites (cf. psaume 135 Tu me scrutes Seigneur et tu me connais). Il connaît parfaitement le contenu des cœurs 2, 3, 4 alors pourquoi ne croyez-vous pas en Dieu, alors que le Prophète vous appelle à croire en votre Seigneur ? Pourquoi ne dépensez-vous pas vos biens dans le chemin de Dieu, alors que l’héritage des cieux et de la terre revient à Dieu ? 8, 10
soir du mercredi 15 Septembre 2010
Je prends à la suite. De plus en plus, le Coran me paraît un exceptionnel commentaire, une introduction au christianisme, l’œuvre de foi de quelqu’un, d’extraordinaires concision et sobriété, qui résume l’essentiel, mais il est moins pédagogue que la Bible , que le judéo-christianisme, il donne Dieu mais pas le chemin pour aller à Lui, encore moins pour Le saisir et Le voir. Le soufisme alors, mais je n’en suis pas là, et j’ai décidé de m’en tenir au texte, et en première lecture à ne pas chercher le commentaire, savant ou spirituel. Je n’attends pas une révélation ou la révélation, je cherche comment des centaines de millions, des millairds dans l’histoire spirituelle de l’humanité ont cheminé selon une attitude très forte, très constante, force et constance que collectivement les chrétiens, et surtout les catholiques ont bien moins eues. – La présente sourate est présentée par Chouraqui comme la doctrine de répudiation. C’est encourageant car le Christ, de son côté et avant le Prophète, n’a présenté le mariage que par opposition aux cas d’adultère, de veuvage qui lui étaient proposés, généralement pour le piéger. Je vais donc lire non pas le droit du divorce mais, en creux, l’idéal du mariage en Islam.
Sourate 58 . La discussion (Masson – Chouraqui titre La plaideuse)
Premier point, la question n’est pas régie humainement mais divinement. Elle est un problème relationnel. Dieu entendait votre conversation – Dieu erst celui qui entend et qui voit 1 – ce qui indique aussi qu’à travers la recherche de solution d’un problème humain, nous allons avoir de nouveau une présentation de Dieu. De façon identique à celle du Christ, le Coran examine le rite pour le déclarer inadéquat : ils prononcent donc une parole blâmable et fausse. – Dieu est celui qui efface les péchés et qui pardonne 2.
Deuxième point, aucun secret n’est possible – ce serait diabolique : l’entretien secret provient du démon qui veut affliger les croyants 10 ni ne tient devant Dieu. Dieu est témoin de toute chose. Ne vois-tu pas que Dieu sait parfaitement ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la ? Il n’y a pas d’entretien à trois où il ne soit le quatrième, ni à cinq où ils ne soient le sixième. Qu’ils soient moins ou plus nombreux, il est avec eux, là où ils se trouvent. 6 & 7 .Le sujet n’est donc pas traité, puisqu’il n’est pas question d’un tête-à-tête, et donc du couple.
Le mariage (ou/et le divorce) semble une question fort secondaire. Formules de compensation en cas de répudiation : affranchissement d’une esclave, jeûne de deux mois si c’est impossible, nourri soixante pauvres si cela aussi est impossible. L’épouse répudiée n’est pas la bénéficiaire des pénitences ou privations du mari volage. C’est Dieu.
Et c’est son Prophète du vivant de celui-ci : lorsque vous avez un entretien privé avec le Prophète, faites-le précéder d’une aumône. C’est préférable et plus pur. Si vous ne trouvez pas les moyens de le faire sachez que Dieu est celui qui pardonne, qu’il est miséricordieux. 12
Sens de Dieu, place de son Prophète mais pas de théologie – du moins ici – du mariage, de l’union homme/femme. Evidemment pas le parallèle entre les noces et la relation de Dieu avec les hommes, ou l’image de l’amour du Christ pour son Eglise. Théologie aussi de la chair ? la sourate présente donc au rabais ce qui dans la vie quotidienne importe tant aux hommes. J’aurai à compléter – certainement – par d’autres versets d’autres sourates ce qui ne donne lieu ici qu’à quelques préceptes juridiques. Piste déjà… ils prennent leurs serments comme sauvegarde, mais ils écartent les hommes du chemin de Dieu 16 . Exactement l’accusation lancée par le Christ contre les Pharisiens, les gens du culte, du rite et de la lettre. Entretenez-vous de bonté et de piété. Craignez Dieu ! 9 L’exhortation paulinienne.
La perspective est le Jugement (jugement dernier des chrétiens) ouvrant ou fermant le paradis. Le jour où Dieu les ressuscitera tous, ils lui feront des serments, comme ils vous faisaient des serments, pensant ainsi s’appuyer sur quelque chose de solide. Ne sont-ils pas menteurs ? 18 J’ai donc tendance à lire cette sourate comme une redondance de l’appel à la sincérité et à la foi, l’adhésion à Dieu plutôt que comme l’entier d’un message sur le mariage et son contraire, la répudiation. La rupture n’est pas détaillée en circonstances ni en sens, pratiquer de nouveau la cohabitation est le seul problème envisagé et ce n’est résolu que juridiquement. L’ensemble est traité en quatre versets sur les vingt-deux de la sourate ; il n’est donc pas plus l’objet principal qu’il ne prétend traiter le tout des relations de couple homme/femme.
soir du samedi 25 Septembre 2010
Je continue dans l’ordre canonique. Le titre inspire puisque le thème du rassemblement – supposant la résurrection et menant au jugement – est l’un des plus fréquemment rencontrés depuis le début de ma lecture. Définition et méditation. Peut-être une première ou une nouvelle étape. Je lis le texte vraiment pour lui-même et pour en recevoir des explications sur d’autres éléments de l’ensemble du Coran.
Sourate 59 . Le rassemblement (Masson et Chouraqui titrent de même)
Ouverture par une bénédiction toute biblique et toute chrétienne : ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre célèbre les louanges de Dieu. Il est le Tout-Puissant, le sage 1 de même, on croit lire le Notre Père en lisant à peine transposé, et aussi un peu amplifié : Notre Seigneur ! Pardonne-nous ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédé dans la foi ? Ne mets pas dans nos cœurs de rancune envers les croyants 10. Pour l’Islam comme pour le christianisme, l’homme doit se servir de son intelligence : elle mène à la foi. Tirez donc une leçon de cela, ô vous qui êtes doués d’intelligence ! 2 in fine. A contrario, ce sont des gens qui ne comprennent pas 13… ce sont des gens qui ne raisonnent pas 14. Peut-être réfléchiront-ils ! 21
Plus que toutes celles que j’ai déjà lues, cette sourate est un hymne exceptionnel au Dieu unique et créateur, un monument de la littérature inspiré, une contemplation proposée oecuméniquement :
Il est Dieu !
Il n’y a de Dieu que lui.
Il est celui qui connaît ce qui est caché
et ce qui est apparent.
Il est celui qui fait miséricorde,
le Miséricordieux.
Il est Dieu !
Il n’y a de Dieu que lui !
Il est le Roi, le Saint, la Paix ,
celui qui témoigne de sa propre véridicité.
Le Vigilant, le Tout-Puissant,
le Très-Fort, le Très-Grand.
(…)
Il est Dieu !
Le Créateur ;
celui qui donne un commencement à toute chose,
celui qui façonne.
Les noms les plus beaux lui appartiennent.
Ce qui est dans les cieux et sur la terre
célèbre ses louanges.
Il est le Tout-Puissant, le Sage. 22 à 24 .
Le ton apparaît d’abord si solennel, et le texte semble à première lecture si abstrait, qu’on ne perçoit qu’à la relecture, puis dans la prière, combien il est amoureux, combien l’âme dirigeant le compliment suprême dans une joie, qui est celle de tout être se donnant, se comble et est comblée rien qu’en reconnaissant ce qu’est Dieu, et donc qui Il est…
En revanche, cette sourate est parente de beaucoup dans sa déclinaison ferme de l’importance du Coran en tant que tel : Si nous avions fait descendre le Coran sur une montagne, tu aurais vu celle-ci s’humilier et se fendre sous l’effet de la crainte de Dieu 21 et donc de son Prophète, celui-ci pris aussi bien dans son magistère spirituel que comme homme de guerre et de fortune : ils se sont séparés de Dieu et de son prophète. Dieu est terrible dans son châtiment envers quiconque se sépare de Dieu 4 – Ce que Dieu a octroyé à son Prophète comme butin pris sur les habitants des cités, appartient à Dieu et à son Prophète, à ses proches, aux orphelins, aux pauvres, au voyageur afin que ce ne soit pas attribué à ceux d’entre vous qui sont riches. Prenez ce que le Prophète vous donne et abstenez-vous de ce qu’il vous interdit. Craignez Dieu ! 7 A méditer, le texte confirme que l’Islam ne connaît que la conversion ou l’apostasie, que la foi ou le refus de croire. Les degrés et les étapes, la marche vers la lumière seraient propres au christianisme ? le judaïsme connaît-il ce manichéisme musulman ou le cheminement, parfois rétrograde, du chrétien ? Les prescriptions sur le butin et l’attribution à en faire, directement par le Prophète, sont proches des consignes donnés par Yahvé à Josué notamment avant la conquête de la Terre promise.
Finesse psychologique : ne ressemblez pas à ceux qui oublient Dieu ; Dieu fait qu’ils s’oublient eux-mêmes. Ceux-là sont les pervers 19. Celui qui se garde contre sa propre avidité 9
Point de départ, enfin, d’un enseignement social. Les riches n’ont pas part au butin 7, le butin est destiné aux émigrés qui sont pauvres, qui ont été expulsés de leurs maisons et privés de leurs biens 8 : prophétie d’un retour des réfugiés palestiniens, exilés depuis 1948 ou 1967 ? ou des réfugiés mauritaniens au Sénégal en 1989 ? éloge en tout cas de ceux qui aiment celui qui émigre vers eux 9.
Sourate aussi qui appelle une culture historique : l’état du dogme et des textes chez les chrétiens au Proche-Orient contemporains de Mahomet, la biographie de ce dernier, car on est manifestement dans un contexte précis, une guerre contre les chrétiens et/ou les juifs, des alliances et des trahisons, une opposition entre des batailles de siège et de grands mouvements : vous ne pensiez pas qu’ils partiraient et ils s’aimaginaient que leurs forteresses les défendraient contre Dieu 2, tous ne vous combattront que retranchés dans des cités fortifiés ou derrière des murailles 14. Si les gens du Livre sont expulsés, les hypocrites ne partiront pas avec eux. Si on les attaque, ils ne leur porteront pas secours, ils leur tourneraient ensuite le dos, puis ils ne seraient pas secourus 12
soir du mardi 16 Novembre 2010
Je veux reprendre ma lecture du Coran, dans l’ordre ou dans le désordre des sourates. Pour le moment, comme cet été, dans l’ordre canonique. Reprendre aussi l’instrument que constitue la biographie de Georghiu en ce qu’elle fait – plus commodément que des commentaires – le raprochement entre les textes du Prophète, sa vie, les événements auxquels il fait face. La Bible a elle-même ses clés, le Coran suppose connu la vie du Prophète, me semble-t-il. D’autant que nous ne connaissons du Christ et de son enseignement, plus encore nous ne connaissons l’extraordinaire de sa révélation et sa place dans l’histoire du monde que par la Bible elle-même, et pas seulement les évangiles (le Nouveau Testament), tandis que le Coran et Mohamed sont présentés par de multiples autres sources, qu’il existe des biographies du Prophète indépendamment de ce que nous dit le Coran de sa vie, et que le Coran, d’un seul auteur, ne se commente pas lui-même mais commente l’histoire provoquée par la prédication du Prophète. Enfin, j’ai reçu une autre traduction – qui m’est précieuse, puisqu’elle est d’un Mauritanien : Mohamed El Moktar Ould Bah (MMB), et qui tout de suite m’a paru instructive autant par ses notes que par le vis-à-vis du français avec l’original, compréhension passive mais compréhension instinctive qui est, avant celle de l’âme, la prxière de l’intelligence, la posture de la communion.
Je reprends cette lecture pour la fête du sacrifice, celui d’Abraham invité à substituer un bélier à son fils, et justement : vous avez un bel exemple en Abraham et en ceux qui étaient avec lui 4.
Sourate 60 . L’éprouvée (MMB - Masson : L’épreuve – Chouraqui : La testée) 1 à 9
Sourate du discernement ? Ne prenez pas comme alliés mes ennemis et les vôtres 1. Echo direct aux avertissements du Christ : souffrir pour la foi. Ils expulsent le Prophète et vous-mêmes, parce que vous croyez en Dieu, votre Seigneur 1. Si jamais ces mécréants arrivent à vous dominer, ils n’hésiteront pas à vous traiter en ennemis, à porter sur vous une main féroce et à vous dénigrer avec une langue méchante, souhaitant que vous abjuriez votre foi 2. Mais il ne s’agit pas d’une persécution dont Dieu nous sauve : assurance donnée aux chrétiens, il s’agit d’un choix à opérer par l’homme sous le regard de Dieu : un regard qui est inquisiteur. Je sais, moi, ce que vous cachez et ce que vous divulguez… Dieu tranchera entre vous ; il voit parfaitement ce que vous faites 1 & 4. Le Coran passe à tort pour un enseignement de la fatalité à laquelle se soumettre. A le lire comme ce soir, c’est au contraire la mise de l’homme devant sa responsabilité, une responsabilité personnelle : ni vos parents, ni vos enfants, ne vous seront utiles en quoi que ce soit le jour de la Résurrection 3. regard et discernement, l’un et l’autre insoutenables, impossibles, sauf la prière, sauf la miséricorde, l’une et l’autre changent tout, permettent tout. La prière coranique, si chrétienne : Seigneur, nous nous en remettons à Toi. C’est à Toi que nous venons repentants. C’est vers Toi notre destin 4 (MBO meilleur que Masson : Notre Seigneur ! Nous nous confions en toi ! Nous revenons à tcoi ! Vers toi sera le retour !) Et attitude de Dieu, nature de Dieu. Dieu est tout-puissant, indulgent et miséricordieux 7.
Je lis souvent – en politique – les textes bibliques de la messe chrétienne quotidienne, mais ici comment ne pas lire ce verset en impératif contre la colonisation, contre ce péché – de bonne foi pour les uns, et de moins bonne pour d’autres, au plan des hommes, car il y eut les engrenages de l’Histoire et les ambiances, les « idéologies dominantes » qui emportent une époque et substituent au discernement d’étranges certitudes et d’étranges tolérances : Dieu ne vous interdit pas de traiter avec bienveillance et équité ceux qui ne nbous ont pas combattus en raison de votre foi et qui ne vous ont pas expulsés de vos foyers… Il vous interdit seulement d’être les alliés de ceux qui vous ont combattus à cause de votre foi, qui vous ont chassés de vos foyers et qui ont participé à votre expulsion. Ceux qui se rallient à ces infidèles sont vraiment des injustes 8 & 9. Texte indépendantiste et poussée à la rébellion, qui me fait mieux comprendre des réactions profondes et non dites de mes amis mauritaniens, et également ces départs en 1958 ou cette opposition « nahdiste ». L’Islam, tolérant dans ses acceptions, permet-il explicitement ces rapprochements. C’est l’un des débats chrétiens et ce peut être cette sorte d’unisson des religions mononthéistes contre les dérives actuelles de nos mondes et de notre époque ?
A partir du verset 10, un autre domaine est abordé. Après la relation avec les incroyants, celle avec les femmes. Je le regarde (et le prie) demain.
soir du mardi 23 Novembre 2010
Je continue de lire-méditer la sourate 60 – L’éprouvée. Islam et Eglise catholique ont en commun d’être caricaturés selon des préceptes et recommandations – « la morale sexuelle » à entendre le Vatican depuis Paul VI jusqu’à ce qui semble une atténuation ou un réalisme justifiés avec Benoît XVI, la place de la femme et la question conjugale dans l’Islam selon des faits divers, parfois dramatiques, les coups de fouet au Nigeria, la condamnation à la lapidation en Iran, la polygamie avouée chez des immigrés en Europe ou des Français musulmans – qui sont accessoires par rapport à la révélation qu’ils sont l’ambition et pour mission de propager.
Lorsque des croyantes qui ont émigré, viennent à vous, éprouvez-les. – Dieu connaît parfaitement leur foi. 10 La question est bien posée. L’homme éprouve mais sans certitude propre. Le système de dédommagement est le même qu’il s’agisse de femmes musulmanes ou non musulmanes. Pas de distinction pécuniaire selon la confession religieuse. Le Code civil, dans ses versions napoléoniennes, prévoyait certainement – dans le régime dotal – des dispositions analogues. Le Coran va loin puisqu’il prescrit des indemnisations même si quelqu’une de vos épouses s’enfuit chez les incrédules puis qu’à votre tour, vous l’emportiez sur eux, donnez en compensation à ceux dont les épouses sont parties, ce qu’ils avaient dépensé pour leur entretien. Sans doute, est-ce supposer une société où l’épouse – pas seulement la femme – est un bien. Mais un bien qui n’est pas fongible, et une personne libre de sa foi religieuse.
Au passage, la relation du croyant à Dieu : Dieu aime ceux qui sont équitables 8. Dieu connaît parfaitement leur foi 10. Dieu est celui qui sait, il est sage 10. Craignez Dieu en qui vous croyez ! 11. Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux 12.
En fait, le croyant est exhorté à ne se tromper si sur ses alliés, ni sur son épouse. La probation humaine de celle-ci est peu contraignante, elle ressortit du Décalogue juif (les dix commandements adoptés aussi par les chrétiens) : elles n’associeront rien à Dieu, elles ne voleront pas, elles ne se livreront pas à l’adultère, elles ne tueront pas leurs propres enfants, elles ne commettront aucune infâmie… 12. MMB rend autrement cette dernière prescription : attribuer à leurs maris la paternité d’enfants illégitimes 12. Le texte induit aussi un rite ou une formalité – sociale ? religieuse ? – que je ne sais pas : le Prophète reçoit l’allégeance de ces croyantes, une introduction dans la communauté ? Hypothèse donc de nouvelles venues, des croyantes qui ont émigré 10
Fin de la sourate : essentielle. Le critère de la foi… le croyant se reconnaît – chrétien, musulman – en ce qu’il professe la résurrection : Dieu est courroucé par ceux qui désespèrent de la vie future comme les incrédules désespèrent des hôtes des sépulcres (Masson – Pléiade) qui n’ont nul espoir en la vie de l’Au-delà, tout comme les mécréants n’ont nul espoir en la résurrection des enterrés (trad. MMB =Mohamed El Moktar Ould Bah) 13. Le chrétien n’espère pas, il croit. Ce n’est pas de l’aléatoire ; la récapitulation de la foi chrétienne qui n’est pas un texte d’évangile, mais un travail de l’Eglise, s’intitule par ses premiers mots, le Credo latin. Jésus, ressuscitant Lazare, pose à Marthe la question de sa foi en la résurrection : mais alors ce n’est pas de la même qu’il s’agit, c’est la résurrection au dernier jour, que l’Islam appelle celui du rassemblement. L’exceptionnalité chrétienne est que la résurrection du Christ, in tempore, gage ces résurrections ultimes. Le Coran rend avec force l’horreur de la condition mortelle, l’état du mort, constaté par les survivants, ceux-là conviés à espérer malgré ce qu’ils constatent. La résurrection de Lazare a le même réalisme : mais, Seigneur, il sent déjà.
Construction du Coran. Le sujet, apparemment accessoire, est enseigné à l’occasion d’un autre apparemment bien plus en vue. Ces confidences – sur Dieu, ou sur nous – discrètes sont décisives. Elle sont le bien commun de tous les croyants. Leur foi commune : Dieu est celui qui se suffit à lui-même (Masson) Il est bien suffisant (MMB) 6. Traduction sans doute approchée quel que soit l’exégète et qui ouvre une discussion dogmatique, puisque Dieu n’est Dieu que créateur, miséricorde et amour : cela suppose bien autrui, même pour Dieu quoiqu’en Lui.
Sourate 18 . La Caverne (MMB - Masson : L’épreuve – Chouraqui : La testée) 1 à 9
soir du dimanche 23 Janvier 2011
Je reprends le Coran, je sais que je vais m’y délasser, bien moins par dépaysement – ce qui fut l’expérience du début, doublée cependant de la confirmation que la communion est possible avec ce texte (pour moi, comme pour tout chrétien attentif et de bonne foi) puisque le sens, l’expérience de Dieu y sont patents, aussi l’expérience de l’homme dans la main de Dieu, ou de l’homme oublieux de Dieu. Me délasser parce que je reviens à l’essentiel et d’une manière moins familière, habituelle que par ma lecture quotidienne des textes de la messe catholique, c’est-à-dire de passages de la Bible.
J’ai choisi de lire la Sourate 18 . La caverne (MMB - Masson : L’épreuve – Chouraqui : La testée) au lieu de continuer dans l’ordre de la présentation actuelle, tout simplement parce qu’au hasard un verset m’a retenu : Celui que Dieu dirige est bien dirigé, mais tu ne trouveras pas de maître pour guider celui qu’il égare 17, et m’arrêtant j’ai reconnu la légende des sept dormants, illustrée notamment au tympan de la basilique de Vézelay. Le titre-même évoque un des textes les plus connus de Platon, le mythe de la caverne et la discussion faleuse sur le réel. J’ai vu aussi que je trouverai – là - la version musulmane de l’histoire et de la personnalité de Moïse. Convergence ? divergence ? avec les peuples de la Bible. Et aussitôt, la littéralité de la rupture avec le christianismse : ceux qui disent : « Dieu s’est donné un fils ! ». Ni eux ni leurs pères n’en savent rien. La parole qui sort de meurs bouches est monstrueuse. Ils ne profèrent qu’un mensonge 4 & 5.
soir du lundi 18 Avril 2011
Avec une résolution de régularité, plusieurs fois par semaine, et avec bonheur, je reprends le Coran. – Cela au début de ce que, dans mon Eglise une, sainte, catholique et apostolique, je vais vivre toute cette semaine, dite Semaine sainte. Je me suis donné en chrétien, cette semaine, de relire l’évangile de saint Jean pour y noter les étapes du complot politique contre Jésus, sous couvert de religion, et aussi de repérer dans les quatre récits des mêmes événements : procès, passion, mort, résurrection du Christ, les différences et les similitudes… afin de mieux prier et d’approfondir ma foi. Mais, en même temps, je veux rééinitier cette décisive lecture que j’ai entreprise du Coran. J’écrirai dans une note spéciale mais brève comment je vois – en croyant et en priant – la relation commune aux chrétiens et aux musulmans face à Dieu, et combien, selon ce que j’ai déjà lu du Coran – le Saint Livre d’amis qui me sont très chers, d’hommes que j’ai la grâce d’entrevoir prier, abandonnés, silencieux et vrais, tout différents des caricatures véhiculés par des images de prosternation de masse qui ne sont qu’une attitude et qu’un moment de la prière, peu compréhensible dans une autre civilisation, celle qui ne prie plus du tout. A terme, je prie Dieu, notre Seigneur à tous, de m’inspirer tranquillement de quoi synthétiser l’ensemble de cette lecture quand je l’aurai achevée et de quoi la présenter à mes frères dans la foi chrétienne et à mes frères d’un autre énoncé et d’une autre pratique de la foi en Dieu seul. Et unique. Amen.
Les « sept dormants » considérés dans la révélation prophétique comme une merveille parmi nos Signes 9 sont également honorés dans la chrétienté médiévale, même très postérieurement à l’Hégire. La légende des sept dormants d’Ephèse qui, endormis dans une caverne se réveillèrent deux ou trois siècles plus tard pour quelques heures, est sculpté au tympan de la basilique de Vézelay, celle-là même où fut prêchée la première croisade… Elle avait été recueillie (D. Masson, note pour la sourate XVIII éd. Pléiade de sa traduction du Coran, p. 874) au début du VIème siècle par l’auteur syrien Jacques de Sarouj et par Grégoire de Tours. Louis Massignon dans ses Opera minora, tome III, 1963, pp. 104 à 180.
Je suis donc devant un fait, commun au christianisme et à l’Islam. Ce dernier en fait un signe, donc un instrument de conversion : tu vas peut-être, s’ils ne croient pas à ce récit, te consumer sur leur façon d’agir 6 . Je suis aussi devant un exemple, non marqué par les divergences dogmatiques entre chrétiens et musulmans, de traitement d’un fonds commun.
Enoncé de la thèse : dans la caverne, nous avons frappé de surdité leurs oreilles pour de nombreuses années. Nous les avons ressuscités afin de savoir quel est celui des deux groupes qui avait le mieux calculé la durée de leur séjour 11.12. Enseignement direct ou indirect non seulement sur la résurrection, mais sur la mort-même et ce qu’il advient concrètement entre celle-ci et la résurrection. Nature et conscience du temps : Combien de temps êtes vous restés ici ? … Votre Seigneur sait parfaitement combien de temps vous êtes restés ici 19. En réalité, l’enseignement vise tout autre chose
Autant que la Bible (ainsi le livre des Proverbes) mais d’une manière souvent plus péremptoire, le Coran sait caractériser la relation de l’homme, même au plus quotidien, à Dieu en forme de portrait : Celui que Dieu dirige est bien dirigé, mais tu ne trouveras pas de maître pour guider celui qu’il égare 17 (à rapprocher par exemple du psaume I : ).
soir du lundi 1er Août 2011
Je reprends le grand texte, comme promis à mes compatriotes mauritaniens d’adoption : les accompagner dans ce Ramadan. Essayer de poursuivre plus régulièrement et assidûment la lecture du saint Livre de tant de millions de gens. Façon aussi d’éprouver si le Coran peut soutenir une prière-discernement-approfondissement de plusieurs jours et à longueur de journée : une retraite, le Coran s’y prête-t-il ? Je suis convaincu que nous pouvons prier ensemble ce Dieu unique et miséricordieux qui nous a été révélé à tous, pas ensemble à l'origine, mais certainement ensemble dans la perspective du Jugement, de la Résurrection et dès aujourd'hui de la prière.
Présentation de l’énigme. : tu les aurais crus éveillés, alors qu’ils dormaient… si tu les avais aperçus, tu aurais sûrement pris la fuite, tu aurais été rempli de frayeur. Nous les avons ressuscités pour leur permettre de s’interroger mutuellement. 18 . 19
soir du jeudi 11 Août 2011
Je ne savais encore si un chrétien peut prier avec le Coran. Je le crois maintenant puisqu’il s’agit pour moi d’être uni à un très grand ami – un homme d’Etat, un homme fraternel et paternel, un surdoué de l’empathie et de l’indignation, de la conviction, du dévouement – Abdoul Aziz SALL entré dans ma vie quand j’arrivai pour la première fois et un séjour de dix-huit mois à Nouakchott (Février 1965-Avril 1966). Il dirigeait le cabinet du Président. Le retrouvant en Mars 2002, après une vingtaine d’années d’interruption dans une relation très confiante et vive, je le vis intact mais entrais aussi dans sa piété musulmane, simple, assortie à tout et surtout à son humilité de quelqu’un qui a œuvré. Ce soir, je reprends ma lecture, demandant à Dieu de comprendre bien cette sourate et d’aller jusqu’à la fin de son texte.
Je reprends d’abord cette compassion divine pour le prophète, qui est autant biblique que coranique : Tu vas peut-être, s’ils ne croient pas à ce récit, te consumer de chagrin sur leur façon d’agir. 6 Les dormants, bercés par Dieu : nous les retournions vers la droite et vers la gauche, tandis que leur chien se tenait sur le seuil, les pattes de devant étendues 18. Les dormants, réveillés, sont isolés dans un contexte religieux différent du leur et ils se savent un moyen de preuve divine : Si ces gens vous apercevaient, ils vous lapideraient ou bien ils vous ramèneraient à leur religion, et vous ne seriez plus jamais heureux 20. Mais à l’inverse, si tu les avais aperçus, tu aurais sûrement pris la fuite, tu aurais été rempli de frayeur 18. Le récit très scénique a son récitant, son « chorifè ». Dis : 22.26.29. Récit cependant suspendu pour que soient données des instructions de fond et de forme. De fond : Récite ce qui t’a été révélé du Livre de ton Seigneur – il n’y a pas de changement dans sa Patrole – Tu ne trouveras pas de refuge en dehors de lui 27 Et de forme, la conduite de la vie, stricte proposition d’une vocation monastique : Reste en la compagnie de ceux qui, matin et soir, invoquent leur Seigneur en désirant sa Face. Que tes yeux ne se détachent pas d’eux en convoitant le clinquant de la vie de ce monde 28 Maxime qu’illustre la jolie parabole des deux hommes, chacun possesseur d’une vigne. Les deux jardins donnaient leur récolte, sans que rien n’y manquât et nous avions fait jaillir un ruisseau entre les deux jardins 33. Forte explication de la conception musulmane de l’unicité et de l’absolu de Dieu, mais elle me convient très bien et le chrétien n’a rien à y redire. L’un des deux a « déifié » son bien et de plus s’est persuadé qu’il ne sera pas jugé : Je ne pense pas que ceci périsse jamais ; je ne pense pas que l’Heure se dresse. Cependant si je suis ramené vers mon Seigneur, je ne trouverai certainement rien en échange qui soit préférable à ce jardin 35.36 Ainsi, le matérialisme, pour l’Islam, serait le polythéisme ; le péché de ce présomptueux est tout simplement dans la dénégation de sa dépendance, de sa relation à Dieu : si tu avais dit en entrant dans ton jardin : « Telle est la volonté de Dieu ! Il n’y a de puissance qu’en Dieu ! » 39 Punition et traduction qui fait revenir à lui le pauvre homme : Sa récolte fut ravagée… Il dit : « Malheur à moi ! je n’aurais jamais dû associer personne à mon Seigneur ! » 42 Conclusion : Aucun parti ne le secourut contre Dieu et il ne fut pas secouru. La protection, en pareil cas, ne dépend que de Dieu. 43.44
soir du vendredi 12 Août 2011
Deux affirmations encadrent une énième présentation du jugement, mais celle-ci est très développée. Dieu est puissant sur toute chose 45 L’homme est cependant, le plus querelleur des êtres 53. Obstacle à la foi : il est bien observé en ce qu’il est indirect, la perte de vue qu’il y ait jamais un jugement, des comptes à rendre, une échelle de valeurs : leur refus d’admettre que le sort traditionnel réservé aux Anciens, les atteindra, ou que le châtiment les touchera de face 55. Une autonomie proclamée vis-à-vis de toute règle, vis-à-vis de Dieu. Fondamentalement, le refus de la foi serait une proclamation naïve de la modernité, de l’absence de tout précédent pour ce que nous vivons. Ils se moquent de mes signes et de ce dont ils ont été avertis. Qui donc est plus injuste que celui qui se détourne des signes de son Seigneur après que ceux-ci lui ont été rappelés, et qui oublie ce que ses mains ont accompli ? 57. Même nos oeuvres nous sont données. La foi a fortiori. Pourquoi Dieu refuse-t-Il de la donner ? Le Coran le donne comme un fait qui ne saurait provoquer d’interrogation. Il décrit Dieu tel qu’Il est sans dialogue ni objections de la part des hommes. Dieu s’impose, pas seulement par Son être propre, incommensurable, mais par comportement : Nous avons placé un voile épais sur leurs cœurs afin qu’ils ne comprennent pas et nous avons rendu leurs oreilles pesantes. Ils ne seront donc jamais dirigés, même si tu les appelais dans la voie droite 57.
Le Coran n’est ni un récit événementiel, ni un dialogue entre Dieu et sa créature, entre Dieu et son Prophète ; il est une déclaration d’identité appelant de l’homme une semblable déclaration, qui est la foi ; il est aussi une discussion des résultats obtenus ou à obtenir par le travail du Prophète. Il est donc doublement une direction spirituelle, au sens moderne, voire ignatien de cette manière de faire (manière plutôt que concept puisque tout est dans la pratique).
Quel est le jugement, en quoi consiste-t-il ? puisqu’il est la pierre de touche d’une foi en Dieu. Ce qui est décrit n’a rien de philosophique : tout est visuel, les circonstances, la hantise de chacun, dialectique du collectif et du personnel : Ils seront présentés en rang devant ton Seigneur 48 Un rendez-vous a été fixé à chacun et nul ne peut y échapper 58 Pas de description ni de la félicité ni du drame, critère de jugement : Ils trouveront, présent devant eux, tout ce qu’ils auront fait 49 La notion d’éternité, celle de vie si insistante dans les évangiles, les promesses dès ici-bas telles qu’une terre ou une descendance, ne sont pas l’enseignement du Coran : je n’en ai pas encore rencontré l’évocation ou l’instrumentation. En revanche, le fond de Dieu est dit à peu près comme dans la Bible : Ton Seigneur est celui qui pardonne : il est le maître de la miséricorde 58. Le monde attributif me semble rare dans le Cora, alors qu’il est commun dans la Bible
soir du mercredi 31 Août 2011
Au lendemain de l’Aïd El Fitr, terminer la lecture de cette sourate et sans autre ambition que de vivre et prier, d’apprendre ce qui est dit de Dieu par d’autres voix que les miennes de naissance.
Histoire d’un Moïse qui n’est pas celui de la Bible et dont les aventures pourraient avoir été tirées d’un récit de voyage : celui accompli par un rabbin célèbre du IIIème siècle Yoshua Ben Lévi, en compagnie du prohète Elie, et que compile un Nissim Ben Jacob vivant à Kairouan au XIème siècle (Pleiade Masson p. 876 – Chouraqui ne commente pas , sauf pour la généralité de la sourate qui avec les quatre autres XVII, XIX, XX et XXI esquissent une histoire spirituelle de l’homm – Mohamed El Moktar Ould Bah, pp. 435 et suivantes, est polarisé par le récit de l’initiation de Moïse). Donc un initiateur, découvert grâce à un poisson, providentiellement oublié : Il a repris son chemin dans la mer. Quelle étrange chose ! Moïse dit : « Voilà bien ce que nous cherchions ! » puis ils revinrent exactement sur leurs pas. 63 Double leçon, discernement de ce Moïse, recherche de quelque chose ou de quelqu’un…
soir du jeudi 1er Septembre 2011
Moïse sait voir et reconnaître, mais ne sait pas se conduire. Il cherche un maître. Dialogue totalement inédit et qui ne se prête pas, a priori, à une lecture spirituelle. Le personnage de cet « initiateur » est secondaire : il est voulu de ieu et enseigné explicitement par celui-ci. Un de nos serviteurs à qui nous avions accordé une miséricorde venue de nous et à qui nous avions conféré une science émanant de nous 65. A ce personnage sans nom ni fonction précisés par le texte, Moïse s’adresse (l’homonymie avec le patriarche de la Bible et de l’Exode, est-elle voulue ?) : Moïse lui dit : « Puis-je te suivre pour que tu m’enseignes ce qu’on t’a appris concernant une voie droite ? ». Il dit : « Tu ne saurais être patient avec moi. Comment serais-tu patient alors que tu ne comprends pas ? ». Moïse dit : « Tu me trouveras patient, si Dieu le veut, et je ne désobéirai à aucun de tes ordres ». 66 à 69 La condition mise par le Serviteur (appellation paradoxale, puisqu’il est le maître de ce disciple…) est apparemment aisée à remplir : Le Serviteur dit : « Si tu m’accompagnes, ne m’interroge sur rien avant que je t’en donne l’explication ». 70 En réalité, c’est d’une confiance qu’il s’agit, mais d’ordre seulement intellectuel. Et c’est l’échec : quatre anecdotes, quatre chances (le bateau, le jeune homme tué, l’inhospitalité, un mur à relever), trois observations de bon sens mais intempestives. Dialogues : Ne t’avais-je pas dit que tu ne saurais être patient avec moi ? 72.75 … Ne me reproche pas mon oubli ; ne m’impose pas une chose trop difficile ! … Si désormais, je t’interroge sur quoi que ce soit, ne me considère plus comme ton compagnon ; reçois mes excuses 73.76 Le sens est donné, qui tient à un contexte, à une vue d’ensemble que Moïse ne pouvait avoir par lui-même : Voilà venu le moment de notre séparation ; je vais te donner l’explication que tu n’as pas eu la patience d’attendre. 78.82 Mais le Serviteur, mystérieux, révèle surtout sa propre démarche : Je n’ai pas fait tout cela de ma propre initiative 82. Leçon qui n’est qu’implicite, la relation entre tout enseigné et enseignant.
J’ai suivi la traduction de Masson. Chouraqui est éclairant, au lieu de patience il donne : persévérance, et au lieu d’explication, il rend : différence, interprétation. Et ce qui est expliqué n’est pas le sens de chacune des aventures, mais ce pourquoi à l’avance le disciple a été averti par le maître qu’il s’était trouvé. Voilà toute notre différence ! Que je t’explique ce qui t’empêchait de persévérer ! … Voilà l’interprétation de : « Tu ne persévéreras pas auprès de moi ». 78.82 Et le savant traducteur, juif de culture et de naissance (en Algérie française…), et qui l’est aussi de la Bible , commente : La philosophie de cet exemple est transparente : la sagesse d’Allah est insondable, et l’homme, immergé dans son mystère, ne peut ni ne doit que persévérer. La parabole met en cause Mûssa pour souligner que les prophètes eux-mêmes ne sont pas à l’abri de la faute d’impatience. Mohamed El Moktar Ould Bah introduit mieux que les deux précédents : Comment pourrais-tu être patient devant certaines choses que tu n’arriveras pas à t’expliquer ? 68 alors que Chouraqui traduisait : Comment persévèrerais-tu en ce que tu n’embrasses pas pleinement ?Et notre savant mauritanien souligne : Je t’expliquerai les faits qui t’ont paru insupportables… Voilà l’explication des faits que tu n’as pu supporter. 78.82. Plusieurs lectures sont donc loisibles, l’une centrée sur les faits, l’autre sur le comportement du disciple. Point commun : le Serviteur, en fait le maître, Dieu-même. J’y vois aussi – objet de ma recherche de lecteur de ce saint et vénérable Coran – que Dieu, quel que soit le chemin qu’Il nous donne ou propose pour aller à Lui, est intangible, y compris dans le reflet qu’Il permet à l’esprit humain d’avoir de Lui. En ce sens, la foi en un Dieu trinitaire ou le refus de croire en l’incarnation du Christ car celle-ci serait la voie du polythéisme ou de la négation-même de Dieu, me paraissent peu substantiels. Le musulman insiste sur l’unicité de Dieu, le chrétien en est d’accord. Le chrétien propose, depuis deux mille ans, ce qu’il considère comme un fait, qui n’est pas de l’ordre de la foi ni de la révélation à proprement parler, qui est transmis par des témoins dont a été recueillie la tradition, et non des prophètes. Le fait est l’incarnation du Fils de Dieu, incarnation qui révèle par elle-même la trinité, la « forme » de Dieu, trois personnes, incarnation qui se développe en passion et mise à mort, divinité (et rapport au Père) qui se manifeste en résurrection et ascension, envoi de l’Esprit saint. Je pense que non seulement la prière ensemble est possible, mais qu’intellectuellement beaucoup est soluble, compatible. Reste le rapport personnel de chaque croyant ou agnostique à Dieu, à lui-même, aux autres. Ce rapport ne me paraît pas essentiellement différer d’un musulman à un chrétien, et réciproquement… synchrétisme ? non, mais dans cette sourate XVIII il y a tant d’éléments, non directement scipturaires que chrétiens au Moyen-Age et musulmans à leur origine empruntent au même fond judaïque. Ce qui autorise une méditation non étiquetée d’avance par quelque appartenance religieuse que ce soit.
après-midi du dimanche 4 Septembre 2011
Maintenant l’histoire de Dhou al Qarnaïm, que Masson et Chouraqui identifient comme Alexandre. A nouveau un fonds emprunté à des légendes très antérieures au prophète de l’Islam. Qu’en fait celui-ci ? Succession de chemins, vers l’ouest, vers l’est ou entre deux (montagnes) qui mènent à la rencontre de peuples très différents : un peuple auprès de cette source bouillante (fontaine de vie, selon un Jacques de Sarouj, cité par l’auteur d’une histoire d’Alexandre complilée d’un pseudo-Callisthène en 1889, cf. Masson, Pléiade, p. 877) 86, un peuple auquel nous n’avions pas donné d’abri pour s’en protéger 90, un peuple qui pouvait à peine comprendre une parole 93. Récit d’une œuvre politique : la séparation physique de deux peuples, et conclusion spirituelle, quand viendra l’accomplissement de la promesse de mon Seigneur, il rasera ce rempart. Nous laisserons, ce Jour-là, les hommes s’agiter et fondre les uns sur les autres comme des vagues. On soufflera dans la trompette, puis, nous les réunirons ensemble 98.99. Le jugement mais avec l’affirmation développée que c’est la foi qui fait la qualité des œuvres : Vous ferai-je connaître ceux dont les actes sont les plus inutiles ? et ceux dont l’effort se perd dans la vie de ce monde alors qu’ils pensent avoir bien agi ? 103.104 par opposition à ceux qui auront cru et qui auront accompli des œuvres bonnes 107.
Deux conclusions pour cette sourate qui en contient, en fait, plusieurs, si je m’en tiens aux habitudes françaises d’exposer. La première est un poème d’inspiration exceptionnelle, disant autrement cette affirmation de Jean l’évangéliste sur l’abondance du message et de la biographie du Christ [9] et celles aussi des écoles rabbiniques [10] sur l’intangibilité de sa parole. Si la mer était une encre pour écrire les paroles de mon Seigneur ; la mer serait assurément tarie avant que ne tarissent les paroles de mon Seigneur, même si nous apportions encore une quantité d’encre égale à la première. 109 La seconde conclusion est fréquente, c’est le cachet, la signature-même du Prophète : je ne suis qu’un mortel semblable à vous. Il m’est révélé que votre Dieu est un Dieu unique et que celui qui espère la rencontre de son Seigneur doit accomplir de bonnes actions et n’associer personne dans l’adoration de son Seigneur. 110 Comment ne pas retenir l’apostrophe à celui qui espère la rencontre de son Seigneur ? Mohamed El Moktar Ould Bah traduit : Que quiconque espère la rencontre de son Maître… et Chouraqui : qui est à vouloir la rencontre de son Rab. L’espérance, une volonté ! Oui. Certainement pas une passivité ou quelque fatalisme.
Le concept ou l’intuition de l’éternité : juste. Ils demeureront immortels sans désirer aucun changement 108 (Masson) … Là, en permanence, ils ne voudront rien changer (Chouraqui) … où ils vivront pour toujours sans jamais vouloir le quitter (Mohamed El Moktar Ould Bah).
J’essaierai de commencer de lire-méditer demain La vache (sourate II ou 2) car je trouve – hasard ? – des correspondances avec ce que je viens de terminer de lire ; le rapport à l’argent, à l’usure ; le développement de la foi et ce qu’il advient du croyant : Ceux qui croient, ceux qui font le bien, ceux qui s’acquittent de la prière, ceux qui font l’aumône : voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils n’éprouveront plus alors aucune crainte ; ils ne seront pas affligés. II 277 Je me sens d’avance à l’aise dans ce grand texte. Grâce…
matin du lundi 28 Novembre 2011
Tandis que commence l’Avent (attente de l’événement de Noël, naissance incarnation du Fils de Dieu, selon les chrétiens) et que se fête le cnquante-te-unième anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie , je reprends cette lecture. Tranquillement.
Sourate 48 . La Victoire 1 à 9
hhh
[1] - Intoduction à la théologie musulmane avec la collaboration d’Anawati 1948 ; La cité musulmane, vie sociale et politique 1981 4ème éd. ; avec Anawati 1986 4ème édition Mystique musulmane : aspects et tendances, expériences et techniques ; L’accord unanime de la communauté comme fondement des statuts légaux de l’Islam, d’après Abû I-Hussayn al-Basrï Marie Bernand 1970 ; Dieu et la destinée de l’homme 1967
[2] - Louis Gardet, Mystique musulmane, p. 49
[3] - Virgil Gheorghiu . La vie de Mahomet trad. du roumain par Livia Lamoure éd. française Plon 1962 & Robert Laffont 1974 . 349 pages – l’œuvre est dédiée à Jacques Benoist-Méchin
[4] - Abdel-el-Krim el-Jîlî . Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran trad. et annoté par Jâbir Clément-François, précédé d’une introductrion générale à la Non-Dualité dans l’ésotérisme islamique (éd. Albouraq . Beyrouth . Avril 2002 . 277 pages) pp. 120 à 123
[5] - Mohamed Talbi . L’Islam n’est pas voilé, il est culte – Rénovation de la pensée musulmane (éd. Carthaginoiseries . Tunis . 1er trim. 2009 . 410 pages) pp. 212 & 206
[6] - ibid. p. 180
[7] - Valentine Goby & Roman Badel . le cahier de Leïla, de l’Algérie à Billancourt (coll. Français d’ailleurs . éd. Autrement Jeunesse . Mars 2007 . 79 pages)
[8] - Moktar Moktefi, textes & Sedat Tosun illustrations . Aux premiers siècles de l’Islam . VII°.XIII° siècles . 600.1258 ap. J.C. de Mohamed à la chute de Bagdad (Hachette Jeunesse . Novembre 1986 . 67 pages) . évoque entre autres que les fables de La Fontaine doivent beaucoup comme celui-ci le reconnaît au recueil de contes indo-iranien (Le livre de Kalila et Dsimma ou fables de Bidpaï) traduit au VIIIème siècle par Ibn Al Moukaffa, qui l’enrichit considérablement – illustration aussi de l’universalité de la langue et plus encore de l’écriture arabes
[9] - Il y a encore bien d’autres choses qu’a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait. Jean XXI 25
[10] - Si tous les cieux étaient du parchemin, tous les arbres des calames et tous les océans de l’encre, tout cela ne suffirait point pour enregistrer mon savoir que j’ai appris de mes maîtres. Cf. Massekhet Soferim XVI 7 et Aboth de Rabbi Nathan XIV in fine – indiqués par Masson en note Pléiade p. 878
Inscription à :
Articles (Atom)