Nouakchott, 05/08/2010 - Dans un entretien public radiotélévisé, le président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, a parlé des grands axes de la politique suivie par la Mauritanie depuis un an dans les domaines économique et social. Il a eu notamment à parler des efforts fournis par le gouvernement pour améliorer le pouvoir d'achat du citoyen, à travers la subvention de certains produits de première nécessité, comme il a parlé des infrastructures routières et sanitaires et des avancées enregistrées dans ces secteurs. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a répondu directement aussi bien à des citoyens qui l'ont interpellé sur des questions de leur choix qu'à des journalistes de la presse nationale et internationale, a parlé des efforts fournis en faveur de l'instauration de la bonne gouvernance, de la lutte contre le terrorisme et de l'équipement des forces armées. Parlant, dans ce cadre, de l'enveloppe de 50 millions de Dollars octroyée par un pays frère pour l'acquisition d'équipements en faveur de l'armée et des services de sécurité, le président de la République a souligné que l'enveloppe en question a été, en partie, investie dans des immobilisations concrètes dont jouissent, à l'heure actuelle, les unités opérationnelles de nos forces armées. Il a précisé que mêmes des aéronefs ont été acquis grâce à cette aide dont seulement 60 à 65% ont été jusqu'à présent décaissés. Ci après un compte rendu exhaustif de ce débat radiotélévisé:
Introduisant le débat, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a dit : "le 5 août de l'an passé, j'ai pris mes fonctions de président de la République et ce, au terme de l'élection du 18 juillet 2009. Un an après, j'ai jugé qu'il est de mon devoir de m'entretenir avec le peuple mauritanien tout entier, pour lui savoir gré de son soutien, de la confiance dont il m'a investi et de son enthousiasme en faveur du changement". Il a ajouté qu'après un an, il a voulu informer le peuple mauritanien sur les acquis réalisés depuis le 5 août 2009, précisant que ces réalisations sont, dans leur ensemble l'oeuvre du peuple mauritanien et, de ce fait, a-t-il dit, il nous appartient d'informer les masses sur ce qui se passe dans le pays. Il a dit en ce sens qu'il est du droit du peuple d'être informé sur tout ce qui se passe. Il a renouvelé ses remerciements à tous les citoyens mauritaniens, aussi bien ceux qui ont voté que ceux qui n'ont pas exprimé de suffrages, ceux qui l'ont soutenu que ceux qui ont choisi de s'opposer. Le peuple doit aujourd'hui unir ses efforts pour combattre les tares qui entravent notre progrès, dit le président, insistant en particulier sur l'ignorance, la maladie, la pauvreté et le déficit en infrastructures. Il a tout particulièrement fustigé la mauvaise gouvernance qui nous a conduits à cette situation. "Je convie tout le peuple mauritanien à participer à l'oeuvre du développement ", a-t-il dit en substance, soulignant que nous avons les moyens de parvenir à nos objectifs pourvu qu'on sache triompher de l'attentisme, qu'on sache compter sur nos propres forces et conjuguer nos efforts.
Il a souligné que, dans le pays, il y a une opposition, disant que c'est naturel dans un environnement démocratique. " Nous ne voulons pas que l'opposition applaudisse le pouvoir mais nous pensons qu'il est de son devoir d'être plus réaliste et qu'elle doit oeuvrer dans le sens de l'intérêt national". Le président de la République a soutenu que l'opposition doit appuyer toute action au service de l'intérêt public.
"Dans ce débat ouvert, les citoyens peuvent exprimer librement leurs opinions, cela ne nous gêne pas et il n'y a pas de sujets tabous", dit Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz qui a souligné que les intervenants doivent s'en tenir aux normes dictées par nos valeurs. " Nous répondrons à toutes les questions avec souplesse et compréhension. Je demanderai aux ministres de suivre avec intérêt tous les problèmes qui seront soulevés par les citoyens parce que cette tribune offre à ceux qui n'ont pas eu l'opportunité de poser leurs problèmes l'occasion de le faire. A cet effet, j'ai ordonné à la radio et à la télévision de se rendre partout, en milieu urbain et rural, pour permettre aux citoyens de faire part de leurs préoccupations. Il a dit que l'Etat n'épargnera aucun effort pour résoudre les problèmes posés aux citoyens.
Après cette introduction, le président de la République a répondu aux questions posées par les citoyens et les journalistes présents sur le plateau de l'émission.
A une question sur la persistance des tiraillements politiques de la période 2008-2009, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a expliqué que, pour la majorité, le pays est bien sorti de cette situation et se trouve désormais dans une situation beaucoup meilleure. Il a précisé que si nous faisons une rétrospective, on s'aperçoit qu'en 2005, il y a eu dans le pays, le changement auquel aspirait notre peuple. Il a toutefois regretté que ce changement ait été en deçà des aspirations de notre peuple. Il a rappelé la tenue d'élections générales mais a déploré que la situation dans le pays s'était largement dégradée, ce qui exigeait une intervention pour corriger cette déviation. Le président de la République a poursuivi en disant que ce nouveau processus a débouché sur une élection présidentielle honnête et transparente dont le résultat a été approuvé aussi bien à l'intérieur que par la communauté internationale. Il a souligné que, chaque fois qu'il y a des élections, des voix s'élèvent pour en contester les résultats et les mettre en doute. Mais, avec le temps, ces mêmes milieux qui contestent le verdict des urnes finissent généralement par revenir à la raison et reconnaître les résultats qu'ils ont commencé par contester. Il a considéré que la situation économique dans le pays est bonne et que les institutions républicaines fonctionnent normalement et que les libertés individuelles et collectives sont garanties. Il a toutefois reconnu que certains milieux peuvent avoir une lecture différente motivée par leurs visées ou ambitions subjectives. Cependant, a dit le président, la réalité est là et ne peut souffrir d'aucune mise en doute. La situation, a-t-il dit, s'est nettement améliorée, comme le montrent tous les indicateurs. La sécurité est garantie et vous savez qu'elle constitue une condition essentielle pour toute oeuvre de développement. Il a ajouté que les réalisations accomplies sur le terrain ne peuvent souffrir d'aucune contestation. A des questions posées par le citoyen Mokhtar Ould Djé, à partir de Kaédi, à propos du désenclavement de moughataas dans la wilaya du Gorgol et des interventions consécutives aux catastrophes naturelles et à la campagne agricole, le président de la République a dit que l'Etat intervient chaque fois qu'une partie du territoire national est frappée par une catastrophe.
Au sujet du désenclavement, il a souligné que les pouvoirs publics disposent d'un ambitieux programme qui couvre toutes les wilayas du pays, que l'Etat entend relier grâce à un réseau routier moderne. Il a noté dans ce cadre que les wilayas du Guidimakha et du Tiris Zemour ne sont pas connectées au réseau routier national. Il a révélé qu'il y a une étude visant le développement d'un réseau routier qui permettra de relier toutes les wilayas. Au sujet du Gorgol, il a souligné qu'il y a un programme de construction de voirie urbaine dans la ville de Kaédi, similaire à celui qui a été élaboré à Aioun et Kiffa.
A propos de la suspension des travaux sur le tronçon routier M'Bout Sélibaby, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a souligné que cela est imputable à la société portugaise chargée de la construction de cette route. Répondant à la citoyenne Roghaya Diagana, qui intervenait depuis Kaédi, le président de la République a remercié l'intervenante pour son appréciation de l'oeuvre accomplie, affirmant que les efforts fournis en faveur de la promotion féminine se poursuivront et que la femme jouira de toute l'attention requise.
Répondant à des questions posées, par téléphone, depuis Nouadhibou, par le citoyen Mohamed Salem Ould Ely, au sujet d'une mission de l'Inspection Générale d'Etat (IGE) au centre hospitalier de la ville de Nouadhibou et de la double nationalité, il a souligné que l'IGE effectue de nombreuses missions et poursuit ses investigations de façon efficace et continue. Il a affirmé que la politique suivie à l'heure actuelle est basée sur la lutte contre la gabegie qui est le phénomène le plus nocif et qui est à la base de tous les maux dont souffre le pays.
Le président de la République a exprimé son profond regret pour la situation déplorable révélée par l'inspection, soulignant que des cadres mauritaniens sont impliqués dans des malversations. Il a noté que le projet consistait à construire un hôpital à deux niveau sur une superficie de 2000 m2 avec des équipements de pointe pour une enveloppe de plus de sept Millions de Dollars. Il a précisé que l'ouvrage construit a été bâti sur une superficie moins grande et n'a pas dépassé le rez-de-chaussée et que les équipements dont il a été doté sont usagés, le tout pour une valeur de trois millions de dollars sur l'enveloppe total. Les 4 millions restants ont été partagés par l'intermédiaire mauritanien et l'entrepreneur étranger.
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a dit que ce cas n'est pas isolé et qu'il en existe beaucoup d'autres. Il a toutefois réaffirmé sa détermination à aller de l'avant dans la lutte contre les malversations.
Au sujet de la double nationalité, il a dit que la nouvelle loi est claire et n'interdit pas aux Mauritaniens l'acquisition d'une nationalité étrangère mais une fois qu'une nationalité étrangère est acquise, le citoyen perd automatiquement sa nationalité mauritanienne et ne pourra la recouvrer qu'à condition de renier sa nationalité étrangère et d'adresser une demande en ce sens au président de la République.
Sur une question relative aux pouvoirs constitutionnels, le président a déclaré que, lors des journées de concertation au début de l'année 2009, l'examen de ce sujet a été proposé au niveau de l'ordre du jour mais que certains partis politiques avaient alors estimé que la révision de la constitution n'était pas opportune en ce moment là. Ces partis avaient proposé de remettre à plus tard l'examen de cette question. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz s'est dit toutefois prêt à discuter de ce problème si les partis politiques le jugent nécessaire. Sur une question relative à l'éducation et aux problèmes posés à ce secteur vital, le président a souligné que la situation dans ce domaine n'est pas bonne et que ce secteur ne répond pas aux besoins du pays et encore moins à ceux du marché de l'emploi. Il a souligné que cela a abouti à une situation paradoxale qui fait que le nombre de chômeurs parmi les jeunes s'accroît au même moment où les emplois sont occupés par des étrangers. Il a précisé que des milliers de jeunes diplômes sortent des universités chaque année mais avec des spécialités qui ne sont pas demandées au niveau de l'emploi. Il a souligné que le système éducatif a besoin d'une révision complète et que cette révision suppose la participation de tous dans l'identification des problèmes et la proposition de solutions à y apporter. Il a indiqué qu'il a demandé au Premier ministre l'organisation d'Etats généraux sur l'éducation.
Evoquant une question portant sur le terrorisme en Mauritanie, le président de la République a tenu à préciser que le problème qui se pose à nous est un phénomène local. Nous ne faisons pas la guerre à Al Qaïda, devait-il souligner. Le terrorisme auquel nous faisons face concerne la région du Sahel. Il nous met en face avec quelques éléments terroristes qui se trouvent au nord d'un pays voisin. Nous avons répondu à ce terrorisme par la force. Pour la première fois, nous avons été attaqués en 2005 à Lemghaity où nous avions perdu 15 soldats, puis plus tard 3 autres soldats à Al Ghalaouiya. En 2008, nous avons perdu 12 soldats à Tourine auxquels s'ajoute un officier de police en 2007 à Nouakchott. Ce qui fait que 31 éléments de nos forces armées et de sécurité ont été lâchement tués par les terroristes qui nous viennent d'un pays voisin.
Le mobile avancé à l'époque était, en 2005, que la Mauritanie avait emprisonné des oulémas, les érudits de l'islam.
Après le changement intervenu en 2005, tous les oulémas ont été libérés. Malgré cela, ces mêmes terroristes ont continué à attaquer la Mauritanie sous prétexte qu'elle abrite une ambassade qui ne leur plairait pas. Les terroristes n'ont pas de principes. Ils n'ont aucun mobile précis et ils n'ont rien à voir aussi avec la Mauritanie. C'est pourquoi, nous avons engagé une stratégie pour sécuriser notre pays de l'intérieur. Vous pouvez certainement vous rendre compte que depuis Tourine, il n'y a pas eu d'attaque à l'intérieur de nos frontières de la part de ces terroristes que nous combattons désormais et auxquels nous avons opposé des groupements spéciaux d'intervention rapide. Ces unités de nos forces armées sont entrées en service juste après les changements d'août 2008 et à la suite de l'attaque de Tourine. Ces terroristes sont basés dans un pays voisin et n'ont aucun mobile politique, ni religieux. Ils s'attaquent à des personnes innocentes et agressent notre pays auquel rien ne les lie.
Pour arriver à leurs fins, ces terroristes prennent parfois des otages en exigeant des rançons, ce que nous condamnons et rejetons fermement. Nous sommes contre le payement de rançons à ces terroristes. Nous sommes opposés à l'échange de terroristes avec des otages. L'un et l'autre sont une manière de les financer ou de les encourager à persévérer dans les actions criminelles. C'est pourquoi nous avons décidé de les poursuivre et de les combattre avec nos propres moyens. Certes, nous sommes demandeurs d'aide dont nous avons effectivement besoin. Notre situation fait que nous devons faire tout ce qui est en nos possibilités pour améliorer notre système de sécurité et de défense. Etant donné que nos moyens sont limités, je crois qu'il est tout à fait normal qu'on s'adresse à des pays amis, parfois dans le cadre de l'assistance technique, de l'appui logistique ou des renseignements. Mais, parfois on ne peut pas attendre et on est donc obligé d'agir et au besoin, seuls. Nous sommes en face de terroristes qui n'ont pas de buts précis et qui, pour la plupart des temps, mènent des actions pour des mobiles financiers en échange d'otages ou en réclamant des rançons. Malheureusement, une partie de notre jeunesse, fragile s'est retrouvée entre les mains de ces terroristes. La plupart des ces jeunes sont passés d'abord par la délinquance avant de verser dans le terrorisme. Dans leurs actions, ils se sont retournés contre leur propre pays, prétendant défendre l'Iran ou l'Irak. C'est l'occasion pour moi de lancer un appel à ces jeunes qui sont vraiment dans l'erreur car le combat qu'ils mènent ou qu'on leur fait mener n'est pas juste. Il est contraire à notre religion, l'islam. D'ailleurs, leurs commanditaires ne se mettent jamais en avant.
Ces derniers sont connus et se trouvent quelque part dans le désert en dehors de notre pays dans lequel il n'existe aucune base de terroristes, ni de sites d'entraînement. Ces jeunes, le plus souvent à la fleur de l'âge, sont utilisés par leurs chefs qui les envoient se faire exploser alors qu'eux-mêmes ne daignent jamais donner l'exemple. J'en appelle donc à ces jeunes égarés et je leur demande de revenir à leur pays parce qu'ils sont en train de mener un combat perdu d'avance et qui n'est pas le leur. La Mauritanie n'est pas occupée par une puissance étrangère. Elle ne participe pas à l'agression d'un pays étranger et à l'occupation d un pays musulman. Je dirais à ces jeunes mauritaniens qui sont dans l'erreur de ne pas accepter de combattre en dehors de leur patrie, ni de servir aux velléités et aux intérêts purement égoïstes d'individus qui ne se mettent jamais au-devant. Il s'agit de jeunes qui sont manipulés par des vétérans du terrorisme qui se servent d'eux. Et pour preuve, le camp qui a été attaqué récemment ne comptait que des éléments terroristes d'un niveau très bas dans l'hiérarchie parce que l'ensemble des chefs se trouvaient dans les campements très loin des zones de combat. Notre lutte à nous est dirigée contre tous les agresseurs terroristes qui sont très limités en nombre mais qui sont très mobiles. La stratégie de la Mauritanie est de combattre ce fléau avec tous les moyens dont ils disposent et l'aide des pays qui voudraient bien nous appuyer. Dans tous les cas, la Mauritanie ne restera pas les bras croisés et n'attendra pas les solutions qui viennent de l'extérieur pour faire face à ce problème. Le combat de la Mauritanie a pour objectif de garantir la souveraineté et la sécurité nationales et d'assurer la stabilité du pays. Elle ne le fera pas au nom d'un autre pays, mais plutôt pour assurer la stabilité et le développement du pays. En ce qui concerne la question des langues, le président de la République a affirmé que notre constitution est claire à ce sujet: la langue de la République Islamique de Mauritanie est l'Arabe et il n'y a pas de changement jusqu'à présent. Pour ce qui concerne les autres langues, le Français ou l'Anglais, ils sont les bienvenus chez nous, nous ne sommes pas contre les langues. Notre souhait est de communiquer avec tout le monde. Et s'il est nécessaire de continuer à enseigner les langues françaises ou anglaises ou toute autre langue pour permettre aux Mauritaniens de bien communiquer entre eux, bien s'entendre, nous le ferons. A cette question, nous répondrons, de façon précise, parce que dans les semaines à venir, nous organiserons les états généraux de l'éducation. Nous n'avons pas le complexe de parler français ou apprendre le français et l'enseigner à nos enfants. Je crois que ce problème de langues doit être dépassé en Mauritanie comme il l'a été ailleurs.
A une question relative à la disponibilité du gouvernement au dialogue, comme cela a été exprimé par le chef de file de l'opposition en ce qui concerne son bord et à celle de savoir si ce dialogue se fera sur la base de l'accord de Dakar, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a réitéré, en sa qualité de président de la République, démocratiquement élu, sa disponibilité au dialogue avec tous les leaders politiques. Il a affirmé que l'objectif visé est en définitive la gestion de ce pays d'une manière qui satisfasse tous les acteurs et qui ait des retombées positives sur chaque citoyen mauritanien. Il a dit que ce dialogue doit se faire sur la base de la constitution approuvée par la majorité des Mauritaniens. Il a souligné qu'il n'est pas question de retourner à la situation précédant les élections de juillet 2009 et que toutes les questions peuvent être examinées sur la base du verdict des urnes. Il a affirmé que les accords de Dakar ne sont ni du Coran ni un texte constitutionnel mais qu'il s'agit d'un simple accord entre différentes parties pour dépasser une étape donnée et préparer des élections qui permettront au peuple mauritanien de se prononcer à travers les urnes et c'est ce qui a été fait le 18 juillet 2009. Cela étant, il n'est pas question de retourner à la case départ.
Répondant à un lot de questions portant sur l'emploi et les infrastructures de base, le président de la république, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a souligné qu'après avoir constaté la présence d'une main d'oeuvre étrangère dans certains établissements, l'Etat a commencé à prendre un train de mesures pour endiguer ce phénomène et une loi interdisant l'emploi des étrangers à des postes pouvant être occupés par des Mauritaniens a été adoptée. Cela a été appliqué effectivement à la société MCM et certaines entreprises qui n'ont pas respecté l'esprit de cette loi ont été pénalisées. Il a souligné que pour favoriser le développement d'un savoir-faire national, un département ministériel chargé de la formation professionnelle a été créé. Il a souligné que les centres de formation professionnelle ne remplissaient pas convenablement leur mission et qu'une révision de la méthodologie de la formation a été conduite. C'est ainsi, a-t-il dit, qu'il a été décidé que l'accent soit mis, dans une première phase, sur 4 ou 5 centres pilotes et 1100 jeunes ont été choisis pour une formation de deux ans au lieu de 6 mois auparavant. Il a été décidé d'accompagner ces jeunes dans la période post formation. Parallèlement à cela, il a été aussi décidé de réviser le mode de fonctionnement de l'Agence Nationale pour la promotion de l'Emploi des Jeunes dont le budget était consacré à des crédits sans rentabilité et qui sont généralement dépourvus de tout intérêt. Ainsi, nous avons bloqué le volet crédits de cette Agence depuis 2009 en attendant la sortie des élèves des centres de formation.
Répondant à une question sur des rumeurs sur les mauvaises conditions endurées par les populations dans les quartier nouvellement lotis, le président a dit que les citoyens savent très bien la réalité de ce qui a été fait en faveur des habitants des quartiers précaires. Il a dit que tous les leaders politiques honnêtes peuvent témoigner des mutations significatives opérées dans ce domaine. Les mises en doute exprimées par certains ne veulent pas dire que ce qui a été fait est empreint d'iniquité. Ces quartiers ont été lotis et les distributions ont été effectuées au profit des ayant droit et certains lots ont été retirés après avoir été attribués à des hommes d'affaires qui n'y ont pas droit. Le président de la République a indiqué que l'action dans le domaine du développement de l'habitat se poursuit, disant que d'ici la fin de l'année, Nouadhibou se sera débarrassé de tous ses bidonvilles. Il a assuré que les méthodes de distribution passées sont injustes et portent préjudice aux plus démunis, soulignant le cas des concessions rurales à Nouakchott, dont 882 d'une superficie de 3500 ha ont été attribuées à des individus limités, soit une aire suffisante pour loger 200.000 familles. Il s'est demandé pourquoi la distribution de parcelles au profit des familles démunies et la réhabilitation des quartiers précaires suscitent la désapprobation de milieux qui ne s'étaient jamais offusqués que les populations des bidonvilles n'aient pas, par le passé, bénéficié de logements décents.
Parlant de l'opportunité de la construction prioritaire des routes, le président de la République a souligné que les routes bitumées jouent un rôle non négligeable en matière d'amélioration des conditions de vie des populations en ce sens qu'elles participent à l'endiguement de la hausse des prix des produite essentiels. A propos de la campagne agricole, le président de la République a rappelé que l'Etat n'est pas intervenu la saison passée en raison de la gabegie qui gangrenait le secteur. En dépit de cela, a-t-il dit, les résultats de la campagne passée étaient nettement meilleurs qu'auparavant parce que la moisson a accusé une hausse de 80% par rapport à l'année qui a précédé. Il a indiqué que l'intervention de l'Etat, cette année, est empreinte de plus de transparence en ce sens que l'administration n'appuie que les promoteurs directs et ne leur affecte plus des montants pouvant être investis dans autre chose que la terre. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a souligné que l'Etat a mobilisé les intrants et semences à des prix réduits comme il a mobilisé les engins pour l'emblavement des périmètres.
Dans le domaine de la santé, le président de la République a répondu aux critiques par lesquelles certains visent l'acquisition d'équipements modernes en disant que les cadres nationaux de santé sont bien formés mais qu'ils accusent un déficit terrible en matière d'équipements. Il a dit que les acquisitions dans ce domaine permettront d'améliorer la qualité des prestations fournies en faveur du public. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a précisé qu'il y a un décret qui organisera l'importation des médicaments et mettra fin à l'anarchie qui a lourdement affecté ce domaine. Il a dit que cela ne veut pas dire que la CAMEC aura le monopole de l'importation des produits pharmaceutiques mais que cette entreprise travaillera aux côtés des autres opérateurs du secteur. Parlant de la justice, le président a dit qu'il s'agit d'un secteur qui doit être parmi les meilleurs, justifiant cela par l'intérêt que présente la garantie de l'équité pour toute la société. Il a rassuré le public sur l'existence d'une stratégie visant à promouvoir ce secteur essentiel.
En réponse à une question sur le départ de jeunes vers les camps d'Al Qaïda, le résident a souligné que les investigations ont montré que ceux qui ont rejoint les bases terroristes étaient auparavant en proie à des déviations et ont été floués par les réseaux terroristes qui les ont utilisés à leurs fins. Le président de la République a dit qu'il est de son devoir de protéger les frontières de son pays, ses citoyens et les étrangers qui y séjournent et qu'il assumera résolument ce devoir avec tout le dévouement que cela suppose. Il a commenté le déroulement de l'opération militaire de Lemzerreb, à 80 km de Lemghaïtty, soulignant qu'elle visait le démantèlement d'un groupe de contrebandiers équipé d'armes sophistiquées. Il a indiqué que l'armée mauritanienne a effectué cette opération dans le cadre de la traque de réseaux terroristes dans la zone. Parlant de la dernière opération militaire effectuée en territoire malien, il a dit qu'elle a visé un point de regroupement des terroristes, situé à 240 km à l'Est de Oualata et qu'elle fait suite à des renseignements faisant état de l'imminence d'une opération contre la Mauritanie. C'était donc une intervention préventive. Il a dit qu'en dépit de tout ce qui a été dit la dessus, il s'agissait d'une opération qui a été menée en coordination avec les pays amis et voisins. Il a démenti que cette opération ait été à la base de tension entre la Mauritanie et quel que pays que ce soit, comme il a démenti l'existence de bases militaires française sur le sol mauritanien. " il n'y a pas de bases militaires étrangères, américaines ou française en Mauritanie ", a dit en substance le président de la République qui a précisé que le pays entretient des rapports amicaux avec des pays comme l'Algérie, le Maroc ou la France. Il a affirmé que la Mauritanie est capable de défendre son intégrité territoriale et que les jours prochains le prouveront. Il a précisé que la coordination avec les pays amis dans ce domaine se limite à l'échange d'informations, soulignant la disponibilité des autorités à organiser des visites de terrain pour qui le veut afin de montrer qu'il n'y a pas de bases étrangères dans le pays. A propos du Sahara Occidental, le président a souligné qu'en sa qualité de pays de l'UMA, la Mauritanie oeuvre à tout ce qui peut favoriser l'union et la compréhension et que son unique objectif consiste à promouvoir l'unité maghrébine.
A propos de la pêche, le chef de l'Etat a souligné que la situation du secteur est déplorable et qu'elle résulte de l'accumulation d'erreurs. Il a indiqué que la société de Commercialisation du poisson souffre de la gabegie mais que des dispositions sont en train d'être prises pour opérer les correctifs qui s'imposent dans ce domaine. Il a noté que seuls 30% des recettes du secteur de la pêche profitent au pays, soulignant que 70% de ces recettes font l'objet d'un gâchis de la part de certains individus qui les bradent dans des boîtes de nuit à l'étranger. Le président a souligné que le crédit maritime n'a pas été arrêté définitivement mais qu'il s'agit juste d'un arrêt momentané en raison de la gabegie qui y prévaut. Il a souligné qu'il y a des personnes honnêtes qui ont subi des pertes en raison de la rigueur instaurée et a dit que l'élaboration d'une stratégie viendra mettre un terme à cette déplorable situation.
A propos du dialogue avec l'opposition et sur l'éventualité de le voir aboutir à un gouvernement élargi, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a noté que le pays n'est pas en crise et qu'il a besoin d'une opposition. Il a dit qu'il est de l'intérêt de l'opposition de rester en dehors du pouvoir et qu'il n'a nullement l'intention de la faire entrer dans le gouvernement.
Concernant une question relative aux rapatriés, le président a dit qu'il s'agit d'un sujet qui demande beaucoup de temps et qu'il demeure disposé à accorder une interview spécifique à ce sujet, indiquant qu'il se tient prêt à rencontrer les intéressés et à échanger avec eux.
Le président a enfin remercié les citoyens qui ont pris part à ce débat ouvert qui a été instructif pour lui et lui a permis de prendre connaissance d'opinions constructives. Il a également remercié les journalistes qui ont participé et leur a affirmé que les questions soulevées feront l'objet d'une attention particulière et que des solutions leur seront trouvées chaque fois que c'est nécessaire.
La rencontre s'est déroulée en présence du Premier ministre, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, du ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Me Hamdi Ould Mahjoub, d'un certain nombre de membres du gouvernement, de hautes personnalités et de spécialistes dans les secteurs du développement national, de représentants de la presse nationale et internationale et d'organisations de la société civile
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