jeudi 24 janvier 2013

manifeste haratine - Octobre 2012


REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE
Honneur
Fraternité - Justice
DECLARATION
pour la Mauritanie de demain, égalitaire, unie et réconciliée
avec elle-même
Octobre 2012
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La Question Haratine :
l’interminable exclusion

Après plus d’un demi
-siècle d’indépendance, la Mauritanie, pays
multiethnique et multiculturel par excellence, demeure plus que jamais
confrontée au défi de la mise en place d’un véritable contrat social
fondé sur
l’appartenance commune à une Nation Unifiée.
Toute l’histoire du pays témoigne d’une constante exclusion politique,
économique et sociale d’une partie de plus en plus significative de la population
et ce sur la base de son origine.
Les Haratines, esclaves ou
abid et anciens esclaves ou leurs descendants,
sont confrontés, davantage que n’importe quelle autre catégorie socio
-ethnique,
à l’injustice au quotidien, au manque de perspectives et de débouchés, sans
compter les pratiques récurrentes de
l’état mauritanien moderne, pour les
maintenir dans la condition servile de citoyens de seconde zone.
Sur le plan symbolique, la stigmatisation est absolue : le sort des haratines
est à ce point si peu
enviable qu’une partie de leur communauté peine à assumer
son appartenance et son statut pour le revendiquer avec la fierté requise.
Casser le cercle vicieux de cette condescendance teintée de dédain, ayant
conduit à
cette mise à l’écart programmée, ne peut se concevoir que par une
refondation de la républiqu
e sur la base d’un réel partage du pouvoir et des
ressources du pa
ys entre l’ensemble de ses fils. Une telle option s’impose -plus
que jamais-
comme l’unique voie de salut pour mettre un terme à cette
sempiternelle injustice, générée par une histoire séculaire mais, hélas, toujours
inaltérée.
Dans la vie de tous les jours, la marginalisation des haratines est à la fois
évidente et systématique. Elle se traduit aussi bien en termes de liberté
in
dividuelle et d’autonomie collective, qu’en déficits d’accès à l’éducation, aux
services sociaux de base et encore plus aux richesses nationales ou au pouvoir
politique. La condition générale de cette communauté demeure marquée par
l’esclavage et ses séqu
elles : l’exclusion et la pauvreté y prévalent; dans
l’indifférence totale des pouvoirs publics.
De même, la survivance de l’esclavage traditionnel est restée une réalité
massive dans la Mauritanie postcoloniale et le demeure encore aujourd’hui, en
dépit des dénégations officielles et officieuses. Certes, les différents régimes
politiques du pays ont constamment adopté des attitudes ambiguës mêlant le
déni, l’embarr
as et le laisser-faire avant qu’en 2007, le gouvernement
mauritanien consente, de bien mauvaise grâce, et sous la pression du collectif
des victimes, à adopter un cadre juridique de pénalisation qui, malgré ses
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nombreuses insuffisances, est tout de même théoriquement abolitionniste mais
en pratique largement inappliqué. La mauvaise foi du gouvernement a été très
vite mise en valeur par les nombreuses altercations et violences verbales qui ont
émaillé toutes les réunions ayant rassemblé les organisations de la société civile
avec la commission ministérielle chargée, pourt
ant, d’expliquer la dite loi.
Parallèlement à ces timides avancées, de nouvelles formes d’exclusion et
d’esclavage modernes ont vu le jour.
Tant de Haratines sont enkystés dans des poches de misère : ils occupent
des Habitations de fortune, faites de bric-et-de-broc dans des enceintes
disséminées au milieu des quartiers chics de Nouakchott où ils s’e
ntassent les
uns sur les autres dans la promiscuité la plus totale
. Au sein des grandes cités,
l’essentiel de cette communauté
se concentre à la périphérie, dans les kebbas
(Bidonvilles)
et les quartiers pauvres où ils constituent l’essentiel de la
population. Pire encore est la situation de ceux qui restent à la campagne; la
plupart d’entre eux
vivent à portée de main de leurs anciens maîtres dans des
ghettos (Adwabas) de brousse où règnent la pauvreté, le
désoeuvrement et
l’
ignorance et beaucoup succombent à la délinquance quand ils quittent la
campagne pour la ville.
Nonobstant la centralité grandissante du débat sur cette question vitale
pour le devenir de la Mauritanie et les acquis symboliques du mouvement
national de lutte contre l’esclavage
, les conditions de vie des Haratines qui
connaissent une dégradation sans précédent - sonnent le glas
de l’ordre établi
dont l’essence inégalitaire et l’impossible
réforme conduiront inévitablement, à
un moment ou un autre, à
l’implosion sociale.
Sur le plan démographique, les haratines représentent pas moins de 45 %
de la population
du pays; ils continuent pourtant d’être, et de loin, la
communauté la plus défavorisée politiquement, socialement et économiquement.
Cette sujétion incomparable, avatar d’un asservissement multi
séculaire, se
perpétuer
par la volonté d’un système né de l’injustice et survivant de
l’inégalité. Cette inégalité de naissance,
normée par des us et coutumes
traditionnelles surannées
, s’est transformée en une inégalité des chances ou
« malchance structurelle » par le truchement des régimes politiques successifs
dont la plupart se sont évertués, insidieusement, à transposer et reproduire la
logique pyramidale de la tribu en lieu et place de la rationalité démocratique
supposée
de l’état moderne.
En effet, des dizaines d’années durant, l’arme de l’ignorance et de la
marginalisation économique ont été largement et abusivement utilisées contre
cette communauté et leurs dégâts sont tels,
qu’aujourd’hui, l’essentiel de ses
membres sont réduits à être presque les seuls à occuper, au degré de monopole,
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des emplois subalternes dans les activités urbaines et rurales. Les enfants
Haratines, privés de scolarité et réduits à ramasser les ordures ou peupler les
rues des villes et même des petits hameaux, constituent une preuve irréfutable
du caractère profondément injuste et discriminatoire des pouvoirs publics qui
continuent de cautionner, l
à où s’impose une rupture radicale, la pire des
injustices :
celle de l’inégalité des chances dans l’éducation des enfants.
L’absence
- très remarquée - des Haratines dans les filières d’emplois des
secteurs publics et semi-publics est à mettre sur le compte des politiques
délibérées d’un état,
patrimoine exclusif de bandes de prévaricateurs
communautairement très typés ; et de surcroît, continuellement assailli de
demandes pressantes de l’allianc
e militaro tribale dont il est la chasse gardée.
Toute tentative d’émancipation se trouve compromise d’office et bien
lourdement par le sabotage délibéré de l’école publique et l’obstruction
faite à
toute opportunité de réussite économique qui constitue la clé de voûte de toute
promotion sociale. Ainsi, patiemment, de pillages en détournements de deniers
publics et de contrats en prêts complaisants de banques
et d’institutions
étatiques
, s’est constitué, en toute impunité et au profit exclusif des seuls anciens
maîtres, un capital privé national, résultat du détournement de la fonction
politico-administrative, pendant un processus tri décennal. Dans le même temps,
des agglomérations (adwabas et kebba) et des générations de centaines de
milliers de Haratines sont maintenus hors du temps, dans le trou noir de
l’ignorance et de l’iniquité
.
Un tel état de fai
t n’est pas le fruit du hasard mais découle bien des choix
délibérés et conscients de la part des tenants successifs du pouvoir dont la
plupart s’avéraient incapables de saisir le sens du projet de nation
; en somme
l’intérêt général, au point qu’ils ne
semblent avoir comme ambitions pour ce
pays que de sauvegarder la rigide règle de rep
roduction des privilèges d’un
passé révolu. Règle qu
i a survécu à l’indépendance et s’est aggravée sous le
règne des militaires.
L
’accumulation des frustrations a eu pour résultat la différenciation
galopante dans le tissu social de ce qui était connu, jadis, sous le label de
« MAURES », en deux entités de plus en plus distinctes (Bidhanes et Haratines);
différenciation qui est à inscrire dans la logique de cette bombe à retardement
qu’on appelle injustice et dont l’histoire nous enseigne qu’elle explose toujours
à l’improviste et sans crier gare.
Partant du constat de cette réalité exécrable, qui ne fait honneur à
personne, le système militaro-féodal qui use et abuse de tous les moyens
étatiques pour pérenniser une domination devenue impossible, est appelé à
prendre conscie
nce, aujourd’hui, que les victimes, jusqu’ici consentantes de
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l’état mauritanien moderne, sont parvenus au seuil de l’insupportable et
en ont
ras-le-
bol de subir indéfiniment les affres d’un système irresponsable, sans foi ni
loi.
L’objet du présent document est de faire un état de
s lieux de cette
situation plus d’un demi
-siècle après l’indépendance et d’oser des propositions
pratiques
pour corriger ce qui doit l’être dans les délais les plus rapides possibles
sur la base des principes fondamentaux des droits de l’homme et
du citoyen en
vue de préserver la paix civile par le moyen unique de la justice. Les auteurs
sont pleinement cons
cients de l’existence d’autres injustices qui frappent
d’autres communautés et
segments de notre peuple, notamment les pauvres,
quelle que soit leur origine, les castes considérées « inférieures » -
particulièrement les forgerons-, certaines franges des communautés négromauritaniennes,
les femmes
…etc. Ils ne conçoivent le règlement définitif de la
« question Haratine » que dans le cad
re d’un effort global sur la voie de
l’égalité, de la rational
ité, de la fin de l’impunité et de l’abrogation des
privilèges tribaux
qui ne profitent qu’à une infime minorité, aux dépens des
intérêts de la collectivité nationale et même tribale.
L’états des lieux
:
des
chaînes de l’esclavage aux barreaux de l’exclusion
Le diagnostic de la situation passée et actuelle des haratines fait ressortir
un tableau sombre,
marqué par les ravages de l’esclavage, de la domination, de
l’exclusion et de l’injustice. Le mal s’est
perpétué sous la chape de plomb d’un
ordre empreint d’archaïsmes et d’inaptitude à l’autocritique
, finalement
réfractaire à toute remise en question interne.
Loin des discours idéologiques ou partisans, un simple survol de quelques
chiffres et indicateurs permet de donner la mesure exacte de cette triste réalité :
Plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers de haratines (les
estimations sont approximatives en l’absence d’études indépendantes du
fait des tabous nés du refus systématique par les gouvernements
successifs) sont encore réduits à l’abominable esclavage de naissance, de
statut et de condition avec toutes les sujétions et les traitements inhumains
et dégradants qui s’y attachent
: travail forcé et non rémunéré, viols et
exploitation sexuelle, séparation des familles, ignorance et pauvreté,
misère sociale et économique, absence de perspectives d’avenir et
exclusion…etc
;
Plus de 80% des 1 400 000 pauvres en Mauritanie sont issus de la
communauté Haratine ;
Plus de 85 % des 1500 000 analphabètes en Mauritanie en sont membres;
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Près de 90 % des petits paysans sans terre du fait de la tenure
traditionnelle du sol ou de l’exploitation féodalo
-esclavagiste, se recrutent
au sein de ce groupe;
Moins de 10 % des 30 000 hectares attribuées légalement et aménagés
dans la vallée du fleuve ont profité aux petits paysans locaux, le reste à
quelques dizaines de fonctionnaires, commerçants e
t hommes d’affaire
souvent natifs des Wilayas non agricoles ;
La parcelle d’un paysan local est en moyenne de 0,25 à 0,5 hectare contre
une moyenne de 200 hectares pour la parcelle d’un fonctionnaire ou
homme d’affaires agriculteur d’occasion
;
Moins de 10% des 2 à3 milliards d’UM de prêts accordés annuellement
par le Crédit agricole pour financer la campagne éponyme, profitent aux
milliers de cultivateurs locaux (à majorité Haratines) contre plus de 90%
pour les dizaines d’entrepreneurs de l’agro
-business (ou prétendus tels),
ressortissants de milieux et de zones sans vocation agricole dans leur
grande majorité;
Moins de 0,1% des villas et habitations de haut standing des quartiers
chics de Nouakchott appartiennent à des Haratines;
Moins de dix diplômés de cette communauté sur 200 ont profité du
programme spécial d’insertion pour les diplômés chômeurs dans le
secteur agricole au niveau de la plaine de
M’Pourié à Rosso ;
Plus de 90 % des dockers, domestiques, travailleurs manuels exerçant des
métiers pénibles et mal rémunérés sont des Haratines ;
Plus de 80% des élèves de cette communauté n’achèvent pas le cycle
primaire et moins de
5 % poursuivent jusqu’au bout du cycle secondaire ;
Moins de 5 % des étudiants de l’enseignement supérieurs sont issus de
cette communauté ; et une infime minorité de ce pourcentage perçoit des
allocations d’études
;
Moins de 2 % des étudiants des grandes Ecoles nationales (ENAMJ,
Ecole des Mines, Faculté de médecine, EMIA…etc) et étrangères sont
issus de cette communauté ;
Moins de 1% des opérateurs économiques (hommes et femmes d’affaires
importants) sont Haratines ;
Moins de 2% des hauts fonctionnaires et cadres supérieurs du secteur
public et parapublic sont Haratines ;
Une simple dizaine de parlementaires sur 151 élus au niveau des deux
chambres du parlement ;
Moins de 15 maires sur 216 et moins de 12 % de conseillers municipaux à
l’échell
e national;
2 Ministres en moyenne sur les 30 dernières années sur plus de 40
ministres et assimilés ; 20 ministres sur 600 de 1957 à 2012 ;
Un seul Faghih agrée sur plusieurs centaines ;
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Quelques dizaines d’Imams sur des milliers reconnus et agrées ;
2 Secrétaires généraux de Ministères et Institutions assimilées sur 40 ;
1 wali (gouverneur de région) sur 13 ;
1à 2 hakems (préfet) sur 53 ;
1 à 2 Chefs de Mission diplomatique sur 35 environ ;
3 à 4 Directeurs généraux d’Etablissement ou de sociétés publics sur 130 ;
2 Présidentes de Conseils d’Administration d’Etablissements ou sociétés
publics sur 130 ;
Moins de 20 médecins sur 600 ;
Moins de 20 professeurs d’université sur plus de 300 ;
Moins de 5 magistrats sur plus de 200 ;
Moins de 20 ingénieurs sur plus de 200 ;
Une dizaine d’administrateurs civils sur plus de 200 ;
Moins de 7 diplomates sur 130 ;
2 ou trois commissaires de police sur plus de 150 ;
Une dizaine d’administrateurs civils sur plus de 200 ;
Moins de 30 officiers supérieurs sur plus de 500 ;
Aucun général parmi les 12 que compte le pays ;
Aucune banque parmi la dizaine d’établissements bancaires que compte le
pays.
Le tableau illustre à suffisance la marginalisation
, voire l’exclusion des
membres de cette communauté qui cumulent tous les handicaps tant sociaux
et culturels que politiques et économiques ; et font face, par-dessus le
marché, à toute sorte d’obstacles et d’embuches, dressés d
evant leur
promotion. Les rares cadres Haratines qui parviennent à se hisser au rang de
l’élite natio
nale, atteignent très vite le plafond de verre et cessent, dès lors, de
pouvoir prétendre
à diriger les hautes sphères de l’état.
S’il est compréhensible que l’accès aux grands corps (médecins,
magistrats, administrateurs ou ingénieurs) soit soumis à des critères
académiques, il est difficilement justifiable que, pour les postes soumis à la
discrétion du Gouvernement ou simplement de
l’Administration, la
préférence ethnique s’avère aussi plus massive et durable. D’autant plus que,
chez nous, les critères de nomination aux fonctions gouvernementales et aux
charges étatiques, relèvent presque toujours du fait du prince et rarement de
la
compétence ou du mérite. Pour s’en convaincre, prenez un échantillon des
130
directeurs et chefs d’établissements publics ou parapublics; vous
trouverez que la plupart d’entre eux n’ont d’autre mérite que
de bénéficier
d’ententes tribales
et /ou d’appartenir à des réseaux mafieux qui
monopolisent les destinées du
pays au détriment de l’intérêt supérieur de la
nation, de la justice, de la cohés
ion et de l’unité nationales.
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Par ailleurs, comment comprendre que seuls 10 parlementaires sur 151
soient Haratines alors que le discours officiel ne cesse de ressasser le credo
de la représentativité du peuple ?
Pourtant, les 53 circonscriptions électora
les (Moughata’a) d’où
proviennent les députés et sénateurs, comptent toutes une majorité - absolue
ou relative - de Haratines.
Plus injuste est encore la situation du Gouvernement qui a exclu les
descendants d’esclaves jusqu’en décembre 1984. Depuis, tous les pouvoirs
qui se sont succédé, ont fixé le quota des Haratines à 2 ou 3 places au
gouvernement sur plus de 40 ministres et assimilés. La disproportion est
flagrante.
Ainsi, la Mauritanie devient le seul pays au monde où l’Etat a inventé la
discrimination négative ; laquelle postule la fixation
d’un quota plancher,
figé et profondément injuste pour les communautés défavorisées alors que la
discrimination positive, q
ui s’impose dans de tels cas, justifierait exactement
d’une logique inverse
.
Mais la situation la plus emblématique
de l’exclusion des haratines
demeure, sans conteste, celle des petits paysans sans terre, encore soumis à la
domination et l’exploitation esclavagiste et féodale, souvent fondée sur le
détournement de la réforme foncière de 1983 par des autorités
administratives et des magistrats au nom d’une solidarité de classe, parfois de
race, parée des oripeaux de la légalité républicaine et parfois sous couvert de
prescriptions religieuses.
Plus inquiétante encore est la faillite de l’école publique, jadis considérée
comme le principal levier de promotion sociale et le meilleur instrument pour
gommer les disparités matérielles et statutaires, en somme tendre vers
l’égalité effective. Tous s’accordent, aujourd’hui, à penser qu’elle n’est plus
en mesure de modifier en profondeur les rapports sociaux ou de former des
citoyens éduqués, aptes à s’intégre
r dans une nouvelle Mauritanie égalitaire
et unie.
Cette faillite retentissante a créé une école à deux vitesses : une école
privée pour les classes moyennes et/ou supérieures et les classes privilégiées
et une école publique pour les enfants des couches défavorisées et populaires,
très majoritairement composées des H
aratines. Alors d’instrument de
promotion sociale, l’enseignement est devenu
une machine de reproductionvoire
d’accentuation
- de l’ordre social injuste et des inégalités existantes.
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De fait,
la situation d’esclavage persistante, la faillite du système éducatif
et l’échec scolaire massif qui broie
nt, dans l’indifférence les enfants des
Haratines et leur avenir, la difficile condition des masses paysannes et
ouvrières, l’exclusion politique et
économique, la marginalisation
systématique de l’élite naissante,
rendent urgent un Sursaut National, porté
par un grand consensus social et politique pour refonder la République et
rebâtir ensemble un projet fédérateur pour le progrès, le développement et la
justice.
Il est donc grand temps de lancer un grand Débat sur la question Haratine
en vue de dresser un état des lieux rigoureux et exhaustif des formes de
persistance de l’esclavage comme institution, co
mme condition et comme
pratique; ensuite, il c
onviendrait d’explorer les formes d’exclusion politique,
économique et sociale des Haratines dans tous les compartiments de la vie
nationale ; enfin, il faudrait proposer des stratégies de lutte contre leur
exclusion ainsi que les politiques et les instruments pratiques et adéquats
susceptibles de mettre un terme à leur sujétion.
I - Propositions pour refonder la République :
de l’exclusion programmée à l’égalité réelle
Le diagnostic ainsi réalisé conduit à formuler des recommandations dans les
différents domaines en vue de corriger les injustices, déséquilibres et écarts
relevés.
Les propositions qui suivent devraient constituer la trame de fond d’une
stratégie de plaidoyer et d’action en faveur de la mise en place
de politiques
publiques et de programmes d’éradication véritable de l’esclavage et
d’émancipation
des Haratines.
Un grand Débat public auquel seront associés tous les médias, les experts et
personnalités qualifiées, les érudits et Fughahas, doit être organisé dans un
proche avenir pour discuter et enrichir les propositions ci-dessous et leur donner
le maximum de résonnance dans tous les milieux de la société
Une fois amendés et adoptés, les résultats et propositions de ce débat
pourraient constituer la
base d’un Plan d’action gouvernemental, visant à lutter
contre toutes les inégalités et discriminations et tendre résolu
ment vers l’égalité
réelle entre les communautés et les citoyens. Toutefois, cette orientation doit
être spécifiquement orientée en faveur des haratines qui accusent un retard très
important par rapport aux autres composantes nationales.
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L’approche de «
discrimination positive» à laquelle de nombreuses voix ont
déjà appelé, s’impose en urgence.

Les propositions concrètes sont les suivantes :
1- Engager, dans les meilleurs délais, une large concertation nationale pour la
mise en place d’un véritable contrat social
fondé sur l’appartenance
commune à une Nation Unifiée
2- Réaliser une véritable réforme agraire de grande envergure menée suivant
les principes connus : redistribution équitable, individualisée et définitive
des terres selon le principe de préemption pour le travailleur du sol (
la terre
appartient à ceux qui la travaillent
), sécurisation juridique de la propriété
par des clauses de sauv
egarde contre la spéculation, modernisation de l’outil
de production, accroissement de l’investissement productif, mise en place
de mécanismes garantissant une commercialisation rentable de la
production..etc
3- Mettre en application effective la Loi criminal
isant l’esclavage et les
pratiques induites par la révision ou le renforcement de certaines
dispositions, la création d’un Structure publique chargée de ce dossier et de
toutes les politiques publiques pour l’égalité réelle.
4-
La création d’un Fonds pour financer toutes les actions liées à ce projet, une
revue annuelle de l’état de mise en oeuvre de la Loi avec un débat public sur
ce rapport et une publication largement médiatisée.
Une telle action à trois niveaux devrait viser à établir enfin la vérité sur la
réalité de l’esclavage, définir un cadre d’action pour en éradiquer les
pratiques et survivances, initier une politique répressive sans complaisance
et accroître la lutte contre l’impunité par la conduite de procédures
d’instruction et de jugement exemplaires, d’arrestation et de punition des
contrevenants
5- Mener une enquête quantitative
et qualitative indépendante sous l’égide de
l’Etat et avec la participation d’organisation spécialisées aux fins de
mesurer la réalité exacte du phénomène de l’esclavage, d
e ses survivances
et de ses séquelles.
6- Initier un grand débat doctrinal associant les différentes écoles de pensée
islamique sur le discours religieux et leur rapport à
l’esclavage, contrôler la
diffusion des ouvrages des jurisconsultes et certains programmes des
médias officiels (Radio Coran par exemple) tendant à perpétuer l’esclavage
et l’inégalité entre les hommes. Il convient aussi de s’interroger sur le rôle
des Ulémas et Fughahas,
en tant qu’instance de légitimation de tout pouvoir
politique en place et de l’ordre social injuste, jusqu’ici réfractaires aux
enseignements éthiques de l’Islam, notamment les valeurs d’égalité,
d’humanism
e et de fraternité.
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7-
Affirmer le leadership des membres qualifiés de la communauté Haratine
dans le domaine religieux, culturel et symboliq
ue avec l’émergence
d’Imams et F
ughahas, écrivains et penseurs, femmes et hommes des arts et
médias, poètes et prosateurs
pour modifier l’image et la perception de cette
communauté et mettre en valeur sa contribution au système de production et
de diffusion des valeurs religieuses et culturelles.
8-
Affirmer, de manière claire et précise, le principe d’égalité réelle entre les
communautés et les citoyens
dans les programmes d’enseignement publics
et privés, les déclarations de politique générale du Gouvernement et de
l’Opposition, les différents plans de développement, les priorités des
Organisations de la société civile et des partenaires extérieurs ;
un Projet de
Charte pour l’égalité réelle et contre l’ex
clusion et les discriminations sera
proposé très prochainement à tous les partis politiques pour l’enrichir et
l’adopter,
9-
Créer des zones d’éducation préférentielle dans les espaces d’extrême
pauvreté (adwabas) avec tous les avantages liés à ce statut en termes
d’enseignement, d’infrastructures, de moyens budgétaires appropriés,
d’encadrement et de suivi pédagogique, d’évaluation et de motivation des
enseignants, des élèves et de leurs parents
; d’accès prioritaire et préférentiel
aux bourses dans l’enseig
nement professionnel et supérieur, de création
d’internats et de cantines scolaires…etc
10-
Mettre à l’étude la faisabilité de l’élargissement du Système de protection
sociale pour tendre graduellement vers un régime d’assurance maladie
universelle qui prend en compte la réalité actuelle caractérisée par le fait
que plus de 80% de Mauritaniens et probablement près de 100% de pauvres
et de travailleurs du secteurs informel se trouvent exclus de toute prise en
charge du risque social et de santé;
11- Revoir les règles de partage du pouvoir pour attribuer un quota stable de
40 % au minimum (de manière tacite ou solennelle) à la communauté
haratine au niveau des Institutions constitutionnelles, du Gouvernement, des
Administrations et Etablissement publics et des postes de hauts
fonctionnaires de l’Etat (Cabinets Présidentiel et ministériel, Administration
centrale et territoriale, Diplomatie, Projets de développement, Grands corps
de l’Etat..etc)
;
12- Instituer une règle imposant que les deux postes supérieurs du pouvoir
exécutif (Président de la République et Premier Ministre) ne soient plus
occupés par deux personnalités de la même communauté ; la mesure
permettrait de mieux favoriser le partage du pouvoir.
13- Etudier différentes formules pour instaurer une Législation fondée sur la
discrimination positive dans certains domaines (Accès aux établissements et
bourses d’enseignement, aux financements publics et investissements, aux
fonctions publiques et mandats électifs…etc) à l
a lumière des expériences
achevées ou non de certains pays confrontés à des défis similaires tels que
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(les Etats-
Unis d’Amérique, l’Afrique du Sud, le Liban, l’Inde, le Brésil, le
Royaume Uni
…etc)
14- Mettre en place des politiques assorties de mécanismes institutionnels,
juridiques et budgétaires contraignants en vue de réaliser tous les objectifs
liés à l’égalité réelle dans les différents domain
es et assurer un suivi grâce à
des mécanismes d’évaluation et des indicateurs chiffrés sous le contrôle du
Parlement et des Organisations de la Société civile ;
15- Enco
urager l’émergence d’une nouvelle classe d’opérateurs économiques
et d’industriels de cette
communauté en octroyant, dans des conditions
préférentielles, des facilités pour la création d’établissements bancaires et
financiers, de licences de pêche, des crédits et financements pour la création
d’entreprises et d’industries dans des domaines porteurs
, notamment la
pêche et l’agriculture, pour mettre un terme à l’interminable exclusion
des
Haratines dans le domaine
de l’économie et des affaires, élément le plus
constant de leur oppression.
16-
Favoriser l’accès des haratines en tant que tels aux mandats électifs et à la
haute administration par des moyens autres que les «quotas officieux» et ce
pour en finir avec les discriminations flagrantes situant la part qui leur
revient à un niveau insignifiant : souvent entre 1 à 2% de Haratines dans des
postes électifs et de hauts fonctionnaires alors que leur poids
démographique est évalué à plus de 45 % de la population totale ;
17- Inciter fortement à
la présence d’un député Haratine au moins dans toutes
les circonscriptions électorales dont la représentativité parlementaire est
supérieure ou égale à deux députés et ce compte tenu de leur majorité
absolue ou relative dans l’ensemble des Moughata’a du pays.
18- Refonder les politiques de lutte contre le chômage et la pauvreté avec un
meilleur ciblage des zones d
e pauvreté et d’extrême vulnérabilité et
l’application de mécanismes préférentiels en faveur des Haratines d’où
l’intérêt de
confier les politiques appropriées à l’Organisme public cité au
point 4;
19- Elaborer un programme spécial prioritaire en faveur des centaines de
milliers de jeunes déscolarisés et sans diplôme, victimes de la faillite de
l’école publique et de l’indigence
de leurs parents ; les grands gisements
d’emploi (Agriculture, Pêche, Mines, Services…)
méritent une meilleure
valorisation,
en plus éventuellement d’un nouveau Service national civilomilitaire
qui pourrait être pourvoyeur de
dizaines de milliers d’emplois ;
20- Mettre en place des outils incitateurs (fiscaux, allégement de charges
sociales, réduction des impôts sur les bénéfices, accès préférentiel aux
financements bancaires avec des taux d’intérêt bonifiés…) pour mieux
orienter l’investissement privé et accroître son volume vers les zones
d’extrême pauvreté et favoriser la création de richesses et d’emplois
;
21-
Mettre en oeuvre un Plan de formation professionnelle au profit des petits
métiers et des travailleurs du secteur informel avant de
leur ouvrir l’accès
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13
aux financements publics et privés permettant de mieux structurer leurs
activités, en améliorer la productivité et en accroître les revenus ;
22-
Revoir le statut des sociétés d’intermédiaires (telles que le BEMOP) pour
mettre fin à leurs scandaleuses pratiques relevant de l’esclavage moderne de
prélèvement confiscatoire de plus de 60 % sur les salaires des travailleurs
placés ; il convient, soit de les supprimer totalement et en confier la mission
aux syndicats de travailleurs, soit plafonner cette ponction à 10% maximum
conformément aux standards internationaux ;
23-
Concevoir et mettre en oeuvre un grand Programme de reconstitution du
cheptel au profit de petits paysans et éleveurs pau
vres pour les doter d’un
bétail composé au minimum de 10 à 15 têtes de différentes familles (Ovins,
caprins, bovins,
camelins) selon les zones d’élevage et le choix des
bénéficiaires. Ceci favorisera un élevage productif,
susceptible d’accroître
les revenus des haratines hors des villes et en réduire la misère;
24- Promouvoir une politique de logement social pour assurer l
’accès des
pauvres à la propriété et à un logement décent doté de l’eau et de
l’électricité
, avec une priorité aux demandeurs haratines;
25- Appuyer les Organisations de la société civile engagées dans le combat
pou
r l’égalité réelle, l’appui à la création d’Instituts de réflexions
stratégiques et de prospectives
, d’Observatoires dédiés à développer la
recherche, les études et les publications sur la problématique Haratine.
26-
Favoriser l’accès aux médias de tous les courants de pensée, des hommes
politiques, intellectuels et militants de la cause
de l’émancipation pour
contrebalancer la pensée unique du courant nationaliste conservateur et
négationniste qui refuse tout débat sur la réalité de l’e
sclavage et de
l’exclusion dans le but de pérenniser l’ordre socia
l injuste et inégalitaire au
péril de l’unité et de la cohésion nationales.
27- Faire de la journée correspondant à la date du vote de la Loi criminalisant
les pratiques esclavagistes une Journée officielle de souvenir et de mémoire
où la Nation rend hommage
aux victimes de l’esclavage et célèbre par la
production intellectuelle la plus variée les valeurs d’égalité, d’antiracisme,
de solidarité et de fraternité. Il importe
d’organiser à cette occasion des
cérémonies ponctuées de discours officiels, des débats dans les médias, les
écoles et universités ; des remises de décorations et de reconnaissances aux
militants de cette noble cause ;
28- Créer une Haute Autorité indépendante, inscrite dans la Constitution, en
charge de la promoti
on de l’égalité réelle et de la lutte contre les
discriminations et l’exclusion , dotée de pouvoirs d’investigation,
d’interpellation et du droit d’ester en justice pour
assister les personnes
victimes de discrimination, de racisme
ou d’esclavage.
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Cette Haute Autorité pourrait également saisir le Gouvernement et les
Autorités publiques
de tout manquement aux principes d’égalité et de
traitement équitable des citoyens,
quelles qu’en soient les causes.
Elle devrait établir un rapport annuel soumis au Président de la République et
aux Présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale ainsi qu’au chef de file de
l’opposition démocratique.
Ce rapport sera rendu public et alimentera un débat au niveau des deux
chambres du parlement.
Partant du constat de cette sombre réalité, le présent Mémorandum
constitue
un appel à la refondation d’un nouveau projet politique national, tout
entier tourné vers l’émancipation ré
elle de tous les marginalisés, à commencer
par
la communauté Haratine et l’éradication totale de toutes les formes
d’injustice, d’exclusion et de domination dont souffre
nt tous nos concitoyens.
Plus particulièrement, la présente initiative a pour ambition de traduire
une nouvelle prise de conscience de la communauté Haratine pour capitaliser les
acquis des luttes menées depuis la création du Mouvement El Hor en mars 1978,
tirer les leçons de ces combats et concevoir un nouveau projet à la fois
fédérateur et en rupture franche avec le système des hégémonies tribales.
Le grand mouvement civique que ce Mémorandum voudrait susciter et
animer, s’inscrirait
à contresens de l’ordre ancien, esclavagiste et féodal, pour
créer les conditions d’une ré
volution sociale et politique portée par une forte
mobilisation citoyenne, pacifique et démocratique, associant toutes les forces,
issues de toutes nos communautés nationales et transcendant les appartenances
partisanes de culture, d’opinion ou de couleur
.
Ce document est une invitation pressante à s’adapter
à la situation
nouvelle et aux exigences de la réalité pour réaliser un apaisement entre les
centres de pouvoir et la société et prévenir ainsi les effets délétères de
l’
insondable montée des frustrations qui s’accumulent jour après jour.
Il interpelle les forces politiques nationales (majorité présidentielle et
opposition démocratique
), les acteurs de la société civile, les leaders d’opinion
ainsi que tout patriote mauritanien sincère pour leur demander, à tous, de se
prononcer sur le contenu de ce modeste document.
En définitive, l’objectif
premier d’une telle démarche n’est autre que de
consolider la justice sociale, de consacrer l’égalité citoyenne et d’assurer l’unité
nationale sur des bases saines, solides, viables et durables.
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DISPOSITIONS FINALES
LES PROMOTEURS DE CE MEMORANDUM SONT DES CADRES
HARATINES APPARTENANT AUX DIFFERENTS PARTIS
POLITIQUES DE LA MAJORITE ET DE L’OPPOSITION
AINSI
QU’AUX ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE.
TOUTES LES PERSONNES PHYSIQUES OU MORALES QUI
ADHERENT A CE PROGRAMME PEUVENT SE JOINDRE AUX
INITIATEURS DE CE MEMORANDUM ET SIGNER UNE PETITION
EN VUE DE LE PROMOUVOIR.
A COURT TERME, CE MANIFESTE DEVRAIT SERVIR POUR LA
SENSIBILISATION, LE PLAIDOYER ET LA MOBILSATION POUR
LA GRANDE MARCHE NATIONALE ET PACIFIQUE DITE
MAR
CHE POUR LA JUSTICE ET L’EGALITE CITOYENNES.
SUR LE MOYEN TERME, CE MANIFESTE DEVRAIT ETRE
DEBATTU, ENRICHI ET VALIDE PAR LE PLUS GRAND NOMBRE
DE CADRES, DE GROUPES ET D’ENTITES Y ADHERANT POUR
QU’IL ACQUIERE LA FORCE ET LA LEGITIMITE NECSSAIRES
POUR DEVENIR UN DOCUMENT DE BASE, SUSCEPTIBLE
D’ETRE LE POINT D’ANCRAGE POUR L’OUVERTURE D’UNE
NOUVELLE ERE POUR LA MAURITANIE
IL CONVIENT, PAR LA SUITE, DE LUI DONNER LE MAXIMUM
DE RESONNANCE AU NIVEAU DE LA SOCIETE CIVILE, DE LA
CLASSE POLITIQUE, DU GOUVERNEMENT ET DES
CHANCELLERIES ETRANGERES.
CE MANIFESTE SERA RENDU PUBLIC A L’OCCASION DE CETTE
GRANDE MARCHE,
ENRICHI D’UNE DECLARATION POLITIQUE
ET LARGEMENT DISTRIBUE EN MAURITANIE ET AU NIVEAU
ARABE, AFRICAIN, EUROPEEN, AMERICAIN ET
INTERNATIONAL.
L’ACTION POUR L’EMANCIPATION DES HARATINES SERA
FEDEREE AVEC L’ENSEMBLE DES EFFORTS ET DES LUTTES
DESTINEES A DEFFENDRE LES DROITS DE L’HOMME ET A
ENRACINER LA DEMOCRATIE, LA JUSTICE SOCIALE ET LA
BONNE GOUVERNANCE AU PROFIT DE TOUS LES CITOYENS
DE TOUTES LES COUCHES SOCIALES ET DE TOUS LES
CITOYENS DE LA NATION.

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