mercredi 16 janvier 2013

communiqué de la C.O.D. en meeting à Nouakchott

بسم الله الرحمن الرحيم

Coordination de l’Opposition Démocratique

Déclaration

Le citoyen mauritanien vit aujourd’hui des conditions de vie extrêmement difficiles à tous points de vue :
-        Un chômage endémique ;
-        Des salaires très bas ;
-        Des prix insupportables ;
-         Un système éducatif dégradé ;
-        Un système sanitaire délabré ;
-        Un habitat primitif ;
-        Une pénurie d’eau et d’électricité ;
-        Un développement sans précédent de la criminalité.

En matière d’emploi, les statistiques officielles affichent un taux de chômage de 31.5%, avec un pic de 62% au niveau des jeunes et des femmes. Pire encore, le phénomène du chômage s’aggrave avec le temps, car 55000 demandeurs d’emploi viennent chaque année grossir les rangs des chômeurs en l’absence de toute offre réelle.

En matière de salaires et de prix, il est de notoriété publique que le SMIG ne dépasse pas 30000 ouguiyas, alors que les prix des produits de première nécessité augmentent de manière vertigineuse,  non pas suite à la crise économique mondiale comme le prétend la propagande du pouvoir, mais bien à cause de l’appétit du gain d’une coterie d’importateurs monopolistes, bénéficiant de la protection du pouvoir.
Ainsi, le nombre d’importateurs est passé de plus de 10 au cours des années précédentes à un nombre allant de 1à 3 trois, selon les produits (sucre, riz, blé, huile, produits laitiers).

Depuis l’avènement de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir, les prix de ces denrées ont augmenté suivant le tableau ci-après :

Taux de l’augmentation
2012
2008
Produit
40%
280
200
Kg sucre
35%
270
200
Kg riz



 Blé
50%
600
400

75%
1400
800
Kg lait en poudre

Il est du droit de chacun d’entre nous de se demander à quoi peut servir  un SMIG de 30000 ouguiyas face à la hausse inexorable des prix ?

Dans ce contexte, il faut souligner qu’Ould Abdel Aziz a fait de l’augmentation injustifiée du prix des hydrocarbures un véritable hobby, pressurant impitoyablement les pauvres citoyens, même pendant l’implacable sécheresse qui a décimé plus de 50% de notre cheptel et dont le Général a tenté, par tous les moyens, de nier l’existence !

S’agissant des fameuses « boutiques de solidarité » dont le gouvernement se sert pour expier sa collision avec certains commerçants, elles ne couvrent que 20% des ménages et laissent  les 80% autres en proie à la hausse intenable des prix des produits de consommation. Pas de commune mesure donc avec l’expérience du Sénégal voisin qui, avec des ressources pourtant limitées, a baissé les prix des produits de première nécessité et du gaz, tous subventionnés sans aucune propagande gouvernementale, pour les 13 millions d’habitants ! Mais où est donc le fameux excédent budgétaire dont parle Ould Abdel Aziz et quel meilleur usage en serait-il fait si ce n’est pour faire face aux situations d’urgence ?

Dans le domaine de l’enseignement, il a été constaté une baisse sans précédent des niveaux, à cause de l’improvisation devenue une caractéristique de ce secteur. Ironie du sort, les recrutements de nouvelles cohortes d’instituteurs sont provoquées, délibérément et en toute irrationalité, par la mise en disponibilité d’autres ! A cela s’ajoute que l’instituteur, pierre angulaire de l’opération éducative, vit des conditions morales et matérielles déplorables, en termes de salaire, d’environnement professionnel, d’encadrement, de supervision et d’évaluation.
Le résultat est une école transformée en lieu de parcage pour les fils des pauvres, qui y passent leur enfance et leur adolescence avant de rejoindre, ensuite, les cohortes des demandeurs d’emploi.

Dans le domaine de la santé, la réponse aux questions suivantes suffira pour nous éclairer sur la situation du secteur :
- Est-ce que le nombre de citoyens mauritaniens qui se soignent dans les cliniques du Sénégal, de la Tunisie et du Maroc a diminué ou pas ?
- Est-ce que le nombre de médicaments contrefaits dans nos pharmacies a reculé ou non?
- Est-ce que le prix des médicaments et le coût du traitement a baissé ou pas?
Les réalisations revendiquées par Mohamed Ould Abdel Aziz dans le domaine de la santé se résument, en réalité, à la conversion de quelques bâtiments publics construits avant qu’il n’usurpe le pouvoir  en établissements de santé, ainsi qu’à l’achat d’équipements à ce jour inutilisés, dans le cadre de marchés suspects conclus avec des amis proches.
 
 Dans le domaine du logement, les autorités se vantent de grandes réalisations qui se réduisent, en fait, à la déportation de groupes importants de citoyens pauvres qui habitaient dans les villes ou dans les proches banlieues, vers des endroits perdus, sans eau, ni électricité, ni centres de santé, encore moins des écoles et ou des marchés. Sans compter que ces endroits sont très éloignés des lieux où il est possible de trouver de l’emploi. Obligés donc de se rendre quotidiennement en ville pour gagner leur vie, les citoyens déplacés sont désormais contraints à dépenses qui ne sont pas à leur portée (parfois plus que le SMIG).
Il est maintenant certain que le vrai motif de la déportation de dizaines de milliers de personnes, était l’accaparement des terrains qu’ils occupaient, afin de les revendre à des commerçants influents, à des amis politiques ou à des proches de Ould Abdel Aziz.
S’agissant des programmes de logement prétendument mis en œuvre par la société «Iskane» qui, soi-disant, construit des logements pour les citoyens à faible revenu, ils ne sont que fausses promesses et mensonges ! Pourtant, plus d'un million de personnes habitent toujours sous les tentes ou dans  baraques.

A ce sujet, il est impossible de ne pas évoquer la souffrance des populations de Tintane, qui attendent toujours la réalisation des promesses vaseuses qui leur ont été faites. On se souvient pourtant que le général Mohamed Ould Abdel Aziz avait justifié son coup d'Etat en 2008 - entre autres – par les peines de ces habitants et la nécessité d'accélérer la reconstruction de leur ville. Cinq ans après, cela n’a pas eu lieu pour autant.
Pour compléter ce tableau noir de la situation du logement dans notre pays, signalons que 40% de la population, n'ont pas d'eau potable et 50% n'ont pas accès à l'électricité.

Dans le domaine de la sécurité, la société mauritanienne, paisible de nature, vit désormais en permanence dans l’anxiété et l'incertitude, à cause d’une criminalité endémique sans précédent : assassinats à domicile et dans la rue, suicides, violence scolaire, vol à main armée, viol et délinquance juvénile sous l'effet de la drogue et de l’alcool.
 Ce tableau effrayant - que le pouvoir tente pourtant de camoufler par le mensonge, la propagande et l’indifférence – n’échappe plus aux populations qui, ayant pris conscience des dangers qui pèsent ainsi sur leur vie, sont de plus en  plus nombreux à protester - tous secteurs professionnels et toutes franges sociales confondus - à Nouakchott et dans nos villes de l'intérieur. Ces protestations prennent la forme de manifestations, de meetings et de sit-in sur la place publique, devant la présidence, les ministères et les services gouvernementaux.

À cet égard, nous ne pouvons que rendre hommage aux luttes courageuses qu’ont menées et mènent toujours la plupart des forces vive de notre peuple, en exprimant, à cette occasion, notre solidarité et notre soutien à toutes les victimes d’injustices, et en particulier :
- Les étudiants de l’Université et des instituts ;
- Les Jeunes du 25 février ;
- Les jeunes du MJM ;
- La lutte des femmes ;
- Les jeunes de Mishaal ;
- Les professeurs et les enseignants ;
- Les médecins, les pharmaciens et les infirmiers ;
- Les employés de l'Etat non permanents ;
- Les victimes des injustices à la Gazra ;
- Les rapatriés de Libye ;
- Les rapatriés de Côte-d'Ivoire ;
- Les travailleurs marins à Nouadhibou ;
- Les travailleurs de la SNIM à Nouadhibou et Zouerate ;
- Les travailleurs de la société MCM
- Les travailleurs de la société TASIAST ;
- Les travailleurs journaliers ;
- Les travailleurs municipaux ;
- Les Diplômés chômeurs ;
-Les travailleurs de la pêche à Nouadhibou ;
- La lutte contre l'esclavage de l’IRA ;
- La lutte de Touche Pas à ma Nationalité

Les villes:
- Les populations de Maghta Lahjar ;
- Les populations de Guérou
- Les Population de Kiffa
- Les populations d’Aïoun ;
- Les populations de Néma ;
- Les populations de Fassala ;
- Les populations de Adel Begrou ;
- Les populations de Doureirara ;
- Les populations de Adel Begrou ;
- Les populations de Kaédi ;
- Les populations de Maghama ;
- Les populations de Tidjikja ;
- Les populations de Tiguint ;
- Les populations de Mederdra ;
- Les populations de Rkiz ;
- Les populations de Nouadhibou
- Les populations de Zouerate.

La Coordination de l’Opposition Démocratique exprime son admiration et sa considération aux quatre groupes suivants pour l’endurance et le courage dont ils ont fait preuve dans leur lutte héroïque :
 
- Les étudiants de l’Iseri qui ont imprimé un bel exemple de courage en faisant face à une répression barbare et injustifiée pour recouvrer après plusieurs mois de lutte, leurs droits spoliés.

- Les professeurs persévérants qui poursuivent leurs sit-in depuis quatre mois devant la primature et le ministère de l'Éducation, donnant ainsi un modèle d’endurance et de détermination pour conquérir leurs droits légitimes en dépit des conditions pénibles auxquelles eux et leurs familles se trouvent confrontés.
- Les travailleurs journaliers de Nouadhibou et Zouerate pour les sacrifices remarquables qu’ils consentent inlassablement depuis des mois et dont certains ont entrepris depuis quelques jours, une longue marche de Zouerate à Nouakchott pour manifester leur détermination.
- Les 4000 marins licenciés par les navires des pays de l’UE et de l’Europe de l’est.

Face à toutes ces crises et injustices, Ould Abdel Aziz n’a rien trouvé de mieux que de recourir, comme à l’accoutumée, au mensonge éhonté et l’intoxication anachronique pour faire étalage de prétendues réalisations instrumentalisant, pour sa propagande, les médias publics et les opportunistes de tout poil ; les mêmes qui ont toujours été à la cour de tous les régimes. Ce faisant, l’actuel gouvernant continue sans aucun scrupule, le pillage systématique et méthodique des ressources minières, halieutiques, foncières et financières du pays.
A cela s’ajoute sa volonté affichée d’organiser des élections truquées en usant et abusant des moyens de l’Etat, de l’armée et des finances publiques et privées pour l’achat des consciences avec comme finalité de pérenniser son régime corrompu.

Au regard de tout ce qui précède, et considérant le tort porté à la démocratie dans notre pays par le coup d’Etat perpétré par Ould Abdel Aziz en 2008:

Considérant le blocage politique inhérent au report sine die des élections législatives qui a plongé le pays dans une crise institutionnelle ;

Considérant le mépris systématique de Ould Abdel Aziz pour des questions fondamentales touchant à l’unité nationale telles que l’esclavage et le passif humanitaire ;

Considérant le refus de Ould Abdel Aziz de déclarer son patrimoine, objet de toutes les suspicions, comme le lui impose la loi ;

Considérant l’opacité avec laquelle Med Ould Abdel Aziz a entouré les circonstances douteuses de l’incident du 13 octobre ;

La présence de Mohamed Ould Abdel Aziz à la tête de l’Etat s’avère, jour après jour, un véritable danger pour le pays, d’où l’impérieuse nécessité d’en délivrer la Mauritanie pendant qu’il est temps.

La COD lance un appel pressant à tous les Mauritaniens et particulièrement aux victimes de l’arbitraire et de l’injustice, aux jeunes, aux étudiants, aux travailleurs ainsi qu’à l’ensemble des partis politiques et personnalités pour se regrouper au sein d’un large front afin d’intensifier les luttes démocratiques pour chasser Mohamed Ould Abdel Aziz du pouvoir et ouvrir la voie à une transition viable qui permette l’émergence d’un pouvoir démocratique et opère une rupture radicale avec le despotisme et les régimes militaires dans notre pays.

Au moment où nous retrouvons dans ce meeting, se déroule à nos frontières orientales, une guerre dont les conséquences sur notre pays et sur la sous-région sont difficilement prévisibles.

La COD ne peut, en ce moment grave, que réitérer sa position constante qui s’articule autour des cinq points suivants :
-        Le refus catégorique du terrorisme sous toutes ses formes ;
-        L’attachement à l’intégrité territoriale de la république sœur du Mali ;
-        La mise en garde contre les exactions à caractère ethnique qui mettent en péril l’avenir et la cohésion du peuple malien frère ;
-        La nécessité d’engager un dialogue entre les parties prenantes pour aboutir à des solutions consensuelles ;
-        Le rejet de toute implication de nos forces armées hors des frontières et son déploiement sur la frontière afin de préserver l’intégrité territoriale et de sécuriser les citoyens et autres résidents.

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