Vendredi 28 Septembre 2012
Par un ami commun, le fidèle, généreux et infatigable Ahmed Salem Chadli, j’apprends la mort – survenue il y a huit jours à l’Hôpital national de Nouakchott – de Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah. C’est un immense chagrin. Nous nous connaissions et fréquentions depuis 1965 et surtout avions travaillé intensément à deux reprises en Décembre 2002 et en Décembre 2005 sur ses hypothèses pour une histoire de la Mauritanie pré-coloniale. Travail, intuition, synthèse exceptionnels sinon révolutionnaires, justifiant tous les paris de son cousin éminent, le président Moktar Ould Daddah. Je terminais juste ces jours-ci la mise au net de ces entretiens pour la lui faire relire et corriger pour les noms propres – surtout – que j’avais mal saisis.
Je vais écrire mieux et plus, d’abord dans les colonnes que veut bien m’ouvrir le Calame.
Ce soir, simplement, quelques lignes après avoir quitté son campement semi-sédentarisé d’Aïn Selama, non loin de la route de l’Espoir, de Boutilimit et d’un émouvant cimetière où l’attendaient les siens, le président-fondateur aussi, les Ahel Cheikh Sidya enfin.
Portrait maintenant d’un Mauritanien de toujours :
Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah
Les notes enregistrées, et donc les trois jours de conversations suivies que j’ai eu le privilège de vivre à deux reprises, en Décembre 2002 et en Novembre-Décembre 2005, font ressortir progressivement le portrait d’un Maure très caractérisé.
C’est d’abord un homme qui aime s’informer, mû par la curiosité aussi bien pour ce qui l’entrainera dans des travaux scientifiques, que pour l’actualité de son pays. Une information surtout orale, la radio, les on-dits, les rapports faits après-coup par des gens dignes de confiance, mais le plus souvent de seconde main, quoique certains témoins soient des acteurs de ce qu’ils racontent. Au passage, dans les jugements faits sur la dictature, qui sont essentiellement le jugement d’une médiocrité intellectuelle et d’une corruption à la tête, plutôt que celui d’un système à exactions et atteintes au droits de l’homme, il y a la conscience (ou la pétition) d’appartenir à un groupe social exceptionnellement libre et mûr culturellement, et donc honnête intellectuellement et moralement : les Oulad Biri.
C’est un homme dont les recherches le confortent dans ce à quoi nativement il croit, en l’espèce un ensemble mauritanien bien plus vaste que l’actuelle Mauritanie, et comprenant le pays maure au sens extensif mais aussi le pays noir contigu qui partage avec le premier l’économie et l’histoire. Un ensemble à tendance commerciale et démographique nord-sud, ce qui accentue le caractère mixte – historiquement et ethniquement – du pays.
L’homme est imprégné d’une culture arabo-musulmane fortement marquée par une situation géographique le mettant aux confins occidentaux d’un monde immense et extrêmement évolué au moins jusqu’à une période récente : le monde arabe, et au contact avec un autre monde avec lequel les siens entretiennent des relations multiples, mêlant commerce et religion, le monde noir. Mais il a une méthode tout européenne de travailler en ethnologie et en sociologie historique.
samedi 14 janvier 2006
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