samedi 29 septembre 2012

lecture du livre de Mohamed Saleck Ould Mohamed Lemine, par un de ses pairs


Je viens d’achever la lecture de l’ouvrage du Ministre Mohamed Saleck Ould Mohamed Lemine au titre de « l’expérience déçue » publié aux éditions l’harmattan. Sans partager certaines de ses analyses et ses conclusions, j’avoue que ce livre est passionnant et sort de l’ordinaire. Ce n’est pas vraiment un ouvrage politique, et ce n’est pas non plus un roman historique. Jugé à sa couverture ou à son titre (accrocheur), il ressemble à une chronique : celle d’une mort annoncée d’un « printemps mauritanien» piégé par un bataillon de l’Armée, et la chute programmée d’une «démocratie sans lendemain ». Mais, jugé au contenu de ses 261 pages… l’intérêt premier du livre est ailleurs.
Il se résume plutôt à un documentaire sérieux sur l’évolution récente de notre pays, un récit vivant de la vie politique nationale depuis 1984, écrit à partir de rencontres, discussions, échanges, réunions, entretiens… avec des Souverains, des présidents, des hommes d’Etat, ministres, ambassadeurs, professeurs, chercheurs… de tous les continents et de tous les horizons politiques. Il se lit très vite, et est rempli de détails, de petites confidences et d’anecdotes… ce qui en fait une lecture agréable. Une fois ouvert, il est difficile de le refermer. Ses mots, son style, sa manière de s’exprimer, son art dépouillé mariant aisément le français et l’information… captent le lecteur.
Mais au-delà de son intérêt documentaire, «l’expérience déçue» est aussi un livre chronologique qui retrace le parcours exemplaire d’un diplomate chevronné qui, guetté par les sollicitations, les dérives et les pressions dévastatrices d’un environnement ravagé par le népotisme et l’injustice, est resté honnête, professionnel et digne. L’ayant connu comme ministre et comme ambassadeur, je témoigne de son mépris pour la chose « politicienne », son courage, son esprit d’indépendance et de méthode, sa prodigieuse mémoire, et sa forte capacité de synthèse… Autant de qualités qui lui sont indispensables pour réaliser cet ouvrage. Je tiens à le féliciter pour cet exercice d’honnêteté intellectuelle, de rigueur et de recherche de la vérité dans le respect des devoirs de courtoisie, de réserve et de discrétion.
Vous l’avez donc compris, j’ai apprécié ce livre pertinent, vivant, fouillé, étayé, original, bien structuré, et sans complaisance ni concession pour le monde politique toutes couleurs confondues. Je le recommande vivement à nos dirigeants, à nos diplomates, à tous ceux qui s’intéressent à notre pays, à ceux qui cherchent à savoir plus sur notre politique extérieure et notre diplomatie, à ceux qui veulent comprendre comment et pourquoi Mohamed Saleck a pu gravir tous les échelons du MAEC, mais aussi à ceux qui ne connaissent pas ce jeune diplomate discret et compétent dont l’histoire retiendra qu’il fut en 2007 le successeur - au demeurant unique - de l’illustre disparu Hamdi Ould Mouknass à la tête du ministère des Affaires Etrangères en étant nommé, comme lui, par un président de la République civil.
Nouakchott, le 28/9/2012
Mohamed Vall Ould Bellal

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