mercredi 12 septembre 2012

journal de maintenant - mercredi 12 septembre 2012

Mercredi 12 Septembre 2012

Ce très proche correspondant, grand ministre de la transition 2005-2007, revient sur  l’article et les réflexions d’Isselmou Ould Abdel Kader. Je les ajoute au dossier de l’Elysée.

J'ai bien reçu et lu avec grand intérêt les réflexions de votre correspondant. Voici quelques observations pour clore nos échanges si utiles et enrichissants:

1-La population touarègue du Mali est selon des estimations convergentes de 550 000 personnes environ,soit moins de 4% des habitants du pays et moins de 20% du Nord-Mali.Tous les observateurs sont unanimes au sujet des injustices subies.Il aurait d'ailleurs été intéressant que le MNLA publie une étude documentée sur le partage du pouvoir et de richesses entre les différentes communautés nationales et entre le Nord et le Sud pour mesurer la réalité et l'ampleur des inégalités et injustices;

2- Le problème des négro-mauritaniens est bien identique à celui des Touarègues ou des arabes du Mali;c'est celui de l'exclusion politique et économique,et de la non-reconnaissances des droits culturels;les négromauritaniens représentent 20% environ de la population de la Mauritanie mais leur part du pouvoir politique et économique ne devrait pas dépasser 6 à 7% contre 1à 2% pour les Haratines.Il y'a bien des citoyens de seconde ou même de troisième catégorie dans le Bilad Chinguitt;

3-La crise de l’État en Afrique est surtout celle de l’État néopatrimonial qui redistribue suivant une logique privée,ethnique et clientéliste les ressources publiques.Un Etat incapable d'assurer une égalité réelle entre les citoyens et les communautés nationales,au Mali,en Mauritanie,au Soudan ou en Afrique du Sud....

4- Le régime de MOAA n'a en rien approfondi les déséquilibres et les clivages entre les communautés;il s'est plutôt inscrit dans une parfaite continuité avec ceux de Taya, Ely Md Vall Ou Sidi conformément au consensus qui postule la pérennisation de l'hégémonie écrasante et la suprématie de leur communauté;

5- Toute élite d'un groupe dominant fonctionne comme une instance de légitimation de l'ordre injuste établi.A cette fin, elle développe des discours aussi savants qu'inopérants pour masquer la triste réalité que n'importe quel visiteur étranger de passage peut constater à l’œil nu...

En conclusion,je pense modestement que le vrai intellectuel est celui qui pense contre lui-même et contre sa communauté,qui éclaire les enjeux d'avenir sur la base d'un diagnostic sans complaisance de la réalité pour tracer le chemin du possible en engageant les politiques à le rendre réalisable.

Avec mes amitiés

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