Monsieur le Président,
dans l’urgence et compte tenu de l’enjeu
considérable pour votre pays et pour le mien, je recours à l’obligeance de ceux de vos compatriotes, visitant ce blog. et qui
vous transmettront sans doute ce message. En effet, malgré tous mes efforts et
les indications qui m’ont été données de personnes censées pouvoir vous
approcher et me mettre en relation directe avec vous, je ne suis pas parvenu à
établir autrement notre correspondance.
Selon ce que j’ai appris, par bribes
successives, vous êtes – seul – en position de défaire ce que vous avez
contribué à faire : la reconnaissance internationale sans précédent d’un
coup militaire sans précédent, puisque c’est l’ancienne métropole qui s’est
portée caution d’un militaire ayant renversé le seul président élu en
Mauritanie selon un scrutin pluraliste, tenu à deux tours, préparé pendant des
mois et contrôlé internationalement par des centaines d’experts et la mise à
disposition d’une Commission électorale nationale indépendante composée
consensuellement, de nombreux matériels et logiciels. Reconnaissance faisant en
sus bon marché d’une réelle résistance, aussi résolue que pacifique, de
beaucoup de vos compatriotes, qui firent – avec une maturité rare dans le monde
actuel – passer leur attachement à l’Etat de droit avant les critiques que
certains d’entre eux pouvaient opposer au président légitime, idi Mohamed Ould Cheikh
Abdallahi.
La légitimation de ce putsch dont votre
pays et vos compatriotes continuent de subir les conséquences, tiendrait
beaucoup à vous. Et peut-être aussi le financement de sa préparation.
Selon des mobiles ou des liens personnels
qui vous appartiennent et que je ne suppose pas, vous auriez mis en relation
les putschistes avec l’Elysée qui avait pourtant aussitôt communiqué sa
condamnation absolument formelle. Par Karim Wade, passant lui-même par M°
Robert Bourgi, chacun recevant son enveloppe, vous auriez fait recevoir le
général Mohamed Ould
Cheikh Mohamed
Ahmed dit El Ghazouani, pourtant interdit de
visa par l’Union européenne, et les putschistes grâce à vous auraient eu les
moyens d’acheter le secrétaire général de la présidence de la République
française.
Un million d’euros en liquide qu’il aurait
été compliqué, même pour vous, de mobiliser sur la place de Nouakchott :
plusieurs banques ont été mises à contribution puisqu’il fallait des billets. Et
tout de suite.
Si tout cela est vrai, le nom des banques,
la date de ces achats de devises, celles du déjeuner putschiste avec Karim Wade
et les premiers voyages du général El Ghazouani, d’abord reçu au Bristol à
Paris, puis dans le bureau-même de Claude Guéant, vous seraient familiers. Le revirement
de la France, spectaculaire, et décisif s’expliquerait bien tristement
pour le pouvoir de l’époque : mon pays présidait même le comité euro-africain
chargé de faire rendre raison aux putschistes de leur coup.
Le pôle financier du parquet de Paris
enquête, depuis cet automne, sur les sommes détenues en espèces par Claude
Guéant, qui a passé des heures en garde à vue. Du million, il n’y aurait plus
que cinq cent mille euros de reste, selon les indiscrétions de la presse
française. Les enquêteurs continuent de chercher l’origine de ces fonds et la
cause de cet enrichissement d’un si haut fonctionnaire et important politique.
J’ai appris aussi, en racompagnant de son
exil le président Moktar Ould
Daddah et en reprenant ainsi pied dans votre pays qui m’est
cher depuis que j’y ai accompli mon service national français comme enseignant
à la future Ecole
nationale d’administration de Nouakchott, combien votre générosité a été et
demeure grande et efficace. Votre capacité à organiser et aentreprendre a
permis – tant par la Fondation ophtalmologique qui porte votre nom que par des
initiatives importantes mais restées discrètes –à nombre de vos compatriotes
incurables ou dans le besoin d’être soignés, secourus, guéris.
Je sais donc que vous êtes patriote et j’ai
tendance à croire par conséquent qu’à l’expérience de ces cinq ans – si ce que
je viens de rappeler est exact – vous regrettez tout. Vous regrettez d’avoir
permis en grande partie ce changement du cours mauritanien et d’avoir ainsi
soutenu la personnalité maintenant au pouvoir. D’elle, vous savez d’ailleurs beaucoup
aussi.
En acceptant une convocation du parquet de
Paris ou en l’informant spontanément de ce que vous savez de cet enrichissement
sans cause…, en tant qu’auteur direct ou indirect, par vos avocats dont l’un –
remarquable défenseur des sans-papiers et des demandeurs d’asile en France – est
inscrit au barreau de Paris, vous défaites le maléfice de 2008. Vous montrez la
forfaiture d’un pouvoir français indigne de l’histoire franco-africaine commune
et si glorieuse dans les guerres mondiales, dans les grandes mises en valeur de
l’ouest et du centre du continent, dans la décolonisation. Vous
forcez l’ancienne métropole à se désolidariser du pouvoir régnant actuellement
dans votre pays – selon la promesse faite par l’actuel président de la
République française au soir de son élection, quand il prit congé de ses
administrés de Tulle et déclara aux Français, à l’Afrique citation
- Nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes la France, la paix, la
liberté, le respect, la capacité de donner aux peuples de s‘émanciper des
dictatures et des règles illégitimes de la corruption. - fin de citation et laissez – donc seul, sans référence que
son origine politique – le général Mohamed Ould Abdel Aziz solliciter l’été
prochain sa reconduction et un redoublement factice de sa légitimité.
Ce n’est pas même vous racheter. Je me
garderai de faire de la morale en histoire nationale mauritanienne, mais vous
fonderez. Vous permettez au pays de rebondir, vous rendrez à vos compatriotes
et à la France, honteusement égarée, ce discernement, cette vue que l’on donne
ou rend physiquement, thérapeutiquement dans votre établissement. Le mouvement
de générosité et de patriotisme sera le même. La médication analogue.
Je souhaite donc vivement vous rencontrer pour parler
avec vous de cela, pour entendre de vous la vérité sur des actes qu’on vous
aurait à tort attribués, vérité dont alors je me porteraui fort et que je publierai.
Pour vous accompagner si vous le souhbaitez, dans cette démarche réparatrice et
salvatrice.
Le Calame et Cridem qui me font l'honneur de publier ce que je comprends de votre pays, ainsi que vos deux avocats mauritanien et français, ont mes
coordonnées internet et téléphonique.
Bertrand Fessard de Foucault,
ancien ambassadeur
Le
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