vendredi 22 février 2013

sortie de crise - propositions


Ce que je reçois

initiative pour la sortie d'une impasse systémique des pays à besoins démocratiques spécifique
(approche théorique et pratique)
Mohamed ould Mohamed El hacen
Brahim Abdallahi
L’homme, même dans les phases primitives de son évolution, avait toujours eu en lui, le ‘’germe’’ social qui, – ne serait – ce qu’à partir de la première cellule, la famille, le conduisait à s’organiser en groupes, clans, tribus, sociétés, etc…
Cette inclination à se gérer pour mieux se nourrir et se défendre, introduit un système d’organisation sociale où les membres des structures mises en place pour ces desseins se répartissent les tâches, de façon pyramidale dans laquelle le chef assisté des hommes les plus vaillants du groupe, pourvoit aux besoins de l’ensemble ainsi constitué.
Les décisions prises individuellement ou de manière collective sont reçues ou contestées suivant les codes que se donnent et respectent les éléments de ces ensembles.
Six siècles avant le Prophète Issa, les grecs, plus évolués du genre dans le monde connu à l’époque, ont inventé pour gérer les affaires de leur cité, la démocratie dont l’avènement marquait le premier pas effectué dans le sens du refus du pouvoir d’un ‘’seul contre tous’’. Même si par ailleurs, elle ne concernait qu’une oligarchie élargie d’hommes libres par opposition à la plèbe, aux esclaves , aux galériens et autres étrangers qui n’avaient pas accès aux bienfaits de ce système, la ‘’Demos kratein’’ Athénienne permettait aux ‘’citoyens’’ au cours de longues joutes et palabres de participer à la prise de décisions touchant à leur vie pour un mieux-être auquel l’homme a aspiré de tout temps.
Les prophètes, les sages et les philosophes avaient et continuaient à théoriser ce bonheur espéré, préparant les esprits et les âmes à cet appel d’humanisation et de sociabilisation de l’homme dans sa conduite, ses comportements et son commerce intelligent avec autrui.
Forts de ce legs et en ce qui nous concerne en particulier, renforcés dans cette aspiration par l’apport indéniable de la ‘’démocratie chouratique’’ de l’Islam dans son âge d’or qui ne faisait prendre par le chef de la ‘’Umma’’ aucune décision sans consulter ‘’ceux qui pourraient dénouer les problèmes’’, nous avons à notre tour connu tout au long de notre histoire, des formes d’organisation qui s’apparentaient à ces différents systèmes. Le plus marquant était celui de la ‘’DJEMAA’’, cette assemblée de notables, cooptés pour leur droiture, leur sagesse et la poigne que leur conférait le poids de leur tribu ou clan par leurs hauts faits de guerre et/ou leur générosité innée ou atavique, mais jamais intéressée.
La colonisation, ayant charrié avec elle, la destruction de nos sociétés, nous a plongés par un saut dans l’inconnu dans un monde totalement nouveau. Passés les moments traumatiques que ce grand bouleversement  a occasionné, nous nous sommes insérés sans autre choix possible, dans le moule du monde moderne sans y être préparés ; qui plus est par des nations qui avaient connu et vivent depuis deux siècles au moins, ces types d’organisation auxquels sur le tard on nous conviait.
Après la phase des indépendances octroyées, la gestion néo-colonialiste de nos affaires au lieu d’arranger celles-ci, a, plutôt ouvert la voie à l’émergence de partis uniques conçus pour servir de creuset où doivent venir s’enterrer toutes les velléités d’une vie participative pour la construction de pays parfois exsangues ou totalement démunis.. Cela même quand ces pays, comme le nôtre, avaient connu auparavant et sous le contrôle vigilant de la puissance occupante, une vie démocratique, à leur mesure, où des partis existaient, des représentants sont élus et une presse indépendante informait ceux qui savaient déjà lire sur les événements qui s’y déroulaient.
L’air de ce mauvais temps s’y prêtait, nous dira-t-on. Mais là résidait la genèse de la contre-culture démocratique et c’est là où les contempteurs de ce système puisaient leurs arguments fallacieux pour justifier leur refus d’ouverture.
Au nom d’une batterie de soucis grossis par les besoins de la mauvaise cause, ils arguaient tantôt de la fragilité de notre unité que feraient éclater les tiraillements des partis, de la quasi inexistence de l’Etat ou même de tradition en la matière… et nous en passons des plus saugrenues de ces idées ‘démocraticides’.
Il est tout de même déplorable à ce propos que les puissances qui nous ont colonisés n’avaient pas apporté avec elles, ce ‘’moins mauvais des systèmes’’ qu’est la démocratie ; et à nous la charge  de contribuer à son perfectionnement afin qu’il puisse devenir, ainsi revu en permanence et corrigé, le meilleur des systèmes et non l’absolu d’un moment qui, très vite sera relativisé.
Sitôt la décennie des indépendances et celle de l’effervescence révolutionnaire qui l’a suivie, terminées, on nous commanda d’adopter, sans ménagement ni aménagement adéquat, la transparence dans la gestion des affaires publiques et privées, la démocratie. Tournant casaque, à l’issue du sommet franco-africain de La Baule, nos dictateurs devenus par une opération du Saint-Esprit des démocrates, organisèrent illico presto des élections locales, nationales et présidentielles mêmes, qui n’en avaient que le nom exit la forme et le contenu. Une mascarade qui sans gêne disait bien son nom… Mais elle avait cet avantage en ce qu’elle confortait la position de nos censeurs et assurait à nos dirigeants par cette mue reptilienne, la pérennisation de leur pouvoir.
On a pu alors assister, subjugués d’un côté par  la magie du mot démocratie et déçus de l’autre par l’usage qu’on en faisait, à une farce politique dont les acteurs avaient agi dans l’oubli ou l’indifférence coupable face aux progrès accomplis en parallèle dans les domaines de la communication, de la scolarisation, du savoir et de la mondialisation, tous vecteurs d’un éveil croissant par l’échange, par l’avancée de la prise de conscience des hommes et des femmes qui peuplent la planète de leurs droits et des devoirs qui rendent ces droits exigibles.
Nos censeurs-inspirateurs externes et nos dirigeants-dictateurs internes ont mis, intentionnellement – ce qui est plausible pour les uns – ou par ignorance - ce qui l’est encore plus pour les autres – par ces édifices pseudo-démocratiques mal bâtis, nos pays au bord du précipice. Sans ancrage au sein des populations dépourvues de culture démocratique, et pilotés par des timoniers que le souci de ne pas ‘’perdre le Nord’’ empêchait de regarder dans les autres directions, ces échafaudages n’ont fait que réveiller les démons tout juste assoupis du tribalisme, du clanisme, du népotisme, du clientélisme, de la corruption, du racisme et du chauvinisme.
Dans le cas de la Mauritanie, où les premières années indépendance ont quasiment gommé une part importante de ces tares, un retour en force à ces repères d’un autre temps, notamment le tribalisme et le racisme, a été constaté même avant la Baule quand des pas timides vers une démocratisation locale par les élections municipales ont été tentés.
Cette démocratisation succédait à un succédané du parti unique sous forme de ‘’Structures d’Education des Masses’’ dont la pratique et les effets ont constitué le socle d’une gendarmisation de la société où tout le monde s’épiait et vouait sa foi et son admiration à un chef unique.
On vivait déjà il est vrai sous le règne du second palier de l’interminable escalier du système militaire qui nous régit depuis juillet 1978 !
Les militaires, n’ayant  pas d’assise populaire autre que la
famille et la tribu qui, même si elles vous ignoraient auparavant, se révèlent plus proches dès votre avènement au pouvoir, ont, - ne serait ce que par leur premier acte qui a, consisté à ramener les appellations ancestrales de nos régions - donné le ‘’la’’ pour une résurgence tous azimuts du régionalisme et du tribalisme. Et l’on a vu, de nos yeux vu, les notables tribaux, les chefferies jadis enterrées se donner à cœur joie à ce jeu nouveau, la démocratie qui leur accordera, si leurs  anciens obligés sont au rendez-vous, une seconde vie pour qu’en leur nom comme au bon vieux temps de la coloniale, du makhzen, profiter des subsides et prébendes généreusement (hier) et parcimonieusement (aujourd’hui) distribués par l’Etat-providence devenu entre temps… l’homme providentiel. Celui-là sa famille, sa tribu et ses affidés qui comptent bien des alliés dans les autres groupements comme par le passé, incarne l’Etat dont il use sans contrôle des biens pour l’usage qu’il voudrait souverainement en faire.
Tous se ligueront, conjugueront leurs efforts pour ourdir par sa récupération, un vaste complot contre la démocratie. En en confondant les étapes, d’abord. Ainsi un processus de démocratisation à peine ou avant même d’être conçu ou entamé se dénommera déjà démocratie, nichant ipso facto le ver dans le fruit même pas germé encore. Et c’est ainsi, qu’une fois mis sur pied le parti que, dans la hâte, le potentat du moment a créé pour canaliser ces énergies gagnées à bas prix et qui est en fait le reflet de l’omnipotence de sa tribu de sang et d’intérêts, on s’employa par cet assemblage d’ingrédients antinomiques avec la démocratie, à tuer dans l’œuf cette gestation qui n’arrivera jamais à terme. Le parti du pouvoir qui est en fait celui de la tribu dont le président-dictateur est le chef s’acharneront contre les autres, perçus comme étant des tribus concurrentes que l’on se donne pour devoir d’écraser.
Pour cela, après avoir usé de toutes les méthodes d’intimidation, policières et pseudo-juridiques, on les étouffe financièrement pour démontrer que ce sont de mauvais exemples à suivre. De leurs rangs pourraient en effet surgir un jour, des groupes baignant dans la culture ambiante, dans le monde qui nous entoure et, ayant une vision claire du devenir de la nation, enclencher un processus irréversible de remise en cause de cette primauté et ces privilèges que rien sauf la force des armes, l’absence de tout contrôle ou l’abus d’exploitation de l’ignorance des peuples, ne peut justifier.
Comparées au parti unique qui, à des moments et sous certaines conditions, peut être amené à tolérer l’existence de courants divers de pensée en son sein, les entités pseudo-démocratiques des régimes militaires sont exclusivistes et excluantes de tous ceux, hommes ou opinions que n’agrée pas le pouvoir autoritaire qu’ils ont installé. Ici, tout se ramène à un homme. Un seul, qui prend en otage tout un pays. Au nom d’un pouvoir qu’il a pris par le bout du fusil, et qu’il continue d’exercer avec les mêmes méthodes iniques par le trou des urnes bourrées à l’occasion, il devient la source de la puissance des siens, nouveaux et anciens, l’unique détenteur des biens publics, de la vie de ceux qui trépassent et de celle de ceux qui échappent à son courroux mortel.
Si un tel homme est, comme c’est le cas très souvent, incompétent pour diriger un Etat moderne, les ravages qu’il peut causer sont incommensurables. Ils vont de la légitimation par des élections truquées quand des impératifs de démocratisation lui sont imposés, jusqu’à la mise sur pied d’une véritable association de malfaiteurs qui s’activera en ordre groupé, à se partager les ressources de tout un peuple terrorisé par un usurpateur dont les actes mêmes les plus répréhensibles ont acquis force de loi.
Fort de ce qu’il se croit légitime, il se donnera pour tâche première l’impérieux devoir d’éliminer toute opposition à son régime. La situation ainsi créée le rendra invulnérable car il ne peut plus être délogé que par un coup d’Etat militaire qu’il prendra soin de conjurer en verrouillant par tous les moyens toutes les issues qui pourraient le rendre possible.
L’acte deux dans cette démarche l’orientera vers l’embobinage de l’occident qui, s’il n’avait pas été au départ mis à contribution pour son avènement, capitulera devant le fait accompli et se résignera à succomber à la magie des mots ‘’démocratie, pluralisme, liberté de presse’’. Et plus le temps passe, la dictatorisation du pouvoir s’accélère et l’usage de la force s’impose comme outil de garantie du maintien du ‘’démoctateur’’ au pouvoir. Les peuples, mêmes les plus pacifistes parmi eux, arrivant très vite au point terminal de leur capacité de patience, et la violence qu’ils subissent devenant insupportable, ils se rebellent en jonchant leur parcours de vies humaines, de déchirements, de traumatismes et de dégâts matériels dont l’unique responsable est la folie meurtrière d’un homme, d’un seul, auquel le pouvoir et ses privilèges désuets ont fait perdre l’âme, l’esprit et le cœur.
Quand, voyant leurs intérêts de groupement corporatiste pour la prise du pouvoir, menacés par cette révolte, d’autres militaires saisissent l’opportunité ainsi offerte et, dans un moment de cet éternel recommencement font redémarrer le cercle vicieux des coups d’Etat, compromettant à nouveau toute velléité de changement dans nos contrées.
Chemin faisant, ce type de régime aura aménagé, par son recours à la violence et l’injustice qu’il fait régner, le terrain propice à l’éclosion du terrorisme. Ce fléau n’est en fait lui aussi qu’un coup d’Etat civil… auquel la paupérisation des populations, l’arbitraire et l’absence de perspectives d’avenir, ont ouvert la voie pour sévir à son tour.
Très tôt, pour s’auto-financer, le terrorisme enfantera les trafics en tous genres, particulièrement celui de la drogue et ciblera pour grossir ses hordes armées les éléments de la jeunesse en panne d’idéal et désœuvrée.
Une telle succession de soubresauts nous éloigne encore plus de la démocratie ! Le tout-sécuritaire sciemment et cyniquement érigé en système de gestion des affaires publiques, prend alors le pas sur la démocratisation tant espérée, réduisant l’occident à une attitude formaliste se contentant de l’étroite marge de manœuvre à lui concédée pour sauvegarder ses seuls intérêts.
Ignorant nos réalités et paniqués par la nébuleuse terroriste très souvent liée en sous-mains aux régimes qu’ils protègent, les pays occidentaux s’en tiennent aux effets ainsi produits et délaissent les causes qui les ont engendrés. Ils poursuivent avec acharnement la trajectoire de la pierre laissant courir celui qui l’a projetée !
Cette attitude fait précisément le lit du terrorisme. Elle apporte l’eau à son moulin… à vent, que dessécherait définitivement l’élaboration d’une stratégie visant à faire disparaître les causes de son fleurissement, consécutives à la misère dans laquelle à force d’injustice et de pillage des richesses, les potentats qu’ils soutiennent soumettent leurs peuples au vu et au su de toute la planète.
En brandissant l’étendard de l’Islam utilisé tout juste comme slogan protecteur, les terroristes, en poussant vers cette collusion entre l’occident et les dictatures ont réussi à faire passer les pays de tradition judéo-chretienne pour des Etats et des peuples islamophobes qui fournissent et fourbissent leurs armes pour le clash des civilisations qui déclencherait cette guerre d’’’Armagedon’’ que des oiseaux de mauvais augure, les ‘’néo-conservateurs’’ en Amérique annoncent pour demain.
Ceci au moment où une interaction dynamique avec l’Islam, précisément dans ces aspects de démocratisation, pouvaient et peuvent encore constituer une base de rencontre et une abondante source d’enrichissement réciproque que les extrémistes des deux bords voudraient tarir.
Les effets pervers de ces démocraties mal tropicalisées ne s’arrêtent pas là. Cette falsification historique a eu, par ailleurs, une influence néfaste sur les mentalités des hommes et des femmes dans nos cités. Elle a engendré des attitudes morbides, installant, peut-être à tout jamais dans nos esprits une ambivalence dans les postures et les jugements qui fait que le citoyen qui soutient le président et son parti peut se soustraire par là-même à toute décision de justice. Aucun juge, aussi téméraire fût-il ne saurait se mettre à dos le délinquant ainsi couvert. Cette impunité provient du simple fait qu’apparenté au pouvoir du moment, ce sinistre personnage croit dur comme fer, que ses droits sont précisément tout ce à quoi il n’a pas droit ; et il ne se fait point prier pour en jouir à outrance.
A l’opposé de celui-ci, le citoyen dont la conscience encore vivace lui a dicté de se placer du mauvais côté, c’est-à-dire dans l’opposition, demeurera un défouloir opportun pour les juges et la justice frustrés qui l’attendront toujours au virage.
Si l’un peut se soustraire à ses obligations parce qu’il est ‘’le bon électeur’’ du ‘’bon candidat’’, l’autre par contre a l’insigne obligation de les remplir faute de quoi il se verrait, surtout s’il évolue dans le monde des affaires, frappé de façon foudroyante et régulière de fortes impositions et surtaxes parfois créées uniquement pour l’occasion.
Les déficits budgétaires et le manque à gagner occasionnés par le non-paiement par les ‘’bons électeurs’’ de leurs obligations seront comblés par l’appauvrissement programmé du ‘’mauvais électeur’’ qui aura fait le ‘’mauvais choix’’ en rejoignant l’opposition.
La corruption et le détournement des deniers publics hier stigmatisés dans les repères moraux et culturels de nos peuples, deviennent sous ces ‘’dictatures démocratiques’’ un faire-valoir, qui vous confère un statut et une stature sociale auxquels rien dans le parcours de votre vie ne vous y préparait.
Les gabegistes de tout poil engraissés par ces pratiques condamnables s’y livrent sans la moindre retenue parce que l’amalgame est tel que la nouvelle mentalité façonnée par ces régimes klépto-médiocrates considère que le détournement de nos deniers, quand il est commis pour la ‘’bonne cause’’, cesse d’être considéré comme un crime ou même comme un simple délit.
Cet acte abominable est aussi toléré et même encouragé parce qu’il constitue la première concentration du capital devant servir de financement de l’achat des voix pour les échéances électorales à venir.
Dans ce schéma sinistre, les campagnes électorales deviennent alors des sources de revenus assurées et garanties pour les applaudisseurs, les mouchards, les incompétents qui occupent les administrations où la capacité technique n’est plus de mise. Seule, comptera désormais l’allégeance au président et son parti, qui récoltent les dividendes du long conditionnement des âmes et des esprits avec le bâton de la terreur et la carotte de l’argent du peuple abusé, spolié et meurtri.
L’impact négatif de ces pratiques sur l’économie libérale de laquelle les dictateurs néo-démocrates se réclament, assombrit davantage les perspectives. Il n’est plus question dans l’organisation de la libre entreprise d’appliquer les règles de la concurrence, de la compétitivité qui doivent en principe déterminer les gagnants et les perdants dans l’attribution des marchés !
Dorénavant, la proximité ou non du pouvoir, vous fera, seule, bénéficier ou perdre les marchés publics et les financements sélectifs de projets qui viendront enrichir davantage les soutiens politiques du pouvoir.
L’on ne peut plus s’étonner dès lors du retour en force du tribalisme, du népotisme pratiqués avec zèle au niveau suprême de l’Etat qui, non content d’avoir suffisamment introduit ces dysfonctionnements mortifères dans la vie de son peuple, se met, selon les cas, à instrumentaliser les différences culturelles qui pèsent lourds dans la balance électorale.
Par ces désarticulations, que l’occident, ayant d’autres chats à fouetter laisse gangréner nos sociétés, le dictateur, exporte ses méthodes par contagion aux voisins où se multiplieront les coups de force avec leurs corollaires en s’inspirant du modèle pervers mais adulé qu’ils ont vu prospérer dans l’impunité la plus totale.
Sur ce chapitre de la démocratie, nos sociétés sont réellement mal parties… En confondant démocratisation et démocratie qui devait être l’aboutissement à parfaire au fur et à mesure, d’un processus qui commence, pour mieux finir, par une patiente propagation de la culture démocratique.
En allant vite en besogne, nous avons bâti ici et là dans nos contrées des châteaux de cartes, que le moindre souffle menace de faire écrouler. Il a été ainsi du Mali où il a suffi d’une mutinerie dans une garnison pour faire échouer une expérience de deux décennies et quatre mandats électoraux alternatifs !
AU Sénégal, l’ultra libéral Abdoulaye Wade a failli par son entêtement à briguer un troisième mandat anticonstitutionnel, rayer son pays de la courte liste des Etats-références des pays démocratiques du continent.
Il a été ainsi dans ces expériences parce que, à aucun moment, nous n’avons tenu compte de l’inaltérable principe que les commencements déterminent les aboutissements et qu’on ne peut enfouir dans les sillons des graines d’oranger pour voir surgir des pousses de palmiers !
La comédie politique présentée sous le label de la démocratie par des dictatures conscientes de leur forfaiture a, tout le long de ses déambulations servi, tour à tour, de cache-pudeur pour ces régimes aux antipodes de ses principes et de coupe-faim pour les appétits de liberté, d’égalité et de justice des peuples qui en ignorent les bases les plus élémentaires.
Ceci a été rendu possible, uniquement par le simple fait que le système labellisé démocratique, a été décrété sous les tropiques comme on édicterait par exemple une loi pour l’organisation d’élections ou une quelconque manifestation qui ne requerrait pas un temps obligatoire de réflexion et de préparation.
Cela étant, la démocratie a été comprise, sur un substrat féodalo-néo-colonialiste qui était la marque prégnante de nos sociétés, comme l’expression d’une compétition nationale pour le choix d’un chef de tribu, de clan ou de village.
Depuis lors, la démocratie ainsi présentée et ainsi admise a produit un double effet négatif en démobilisant d’une part, les populations qui, une fois accompli le devoir de vote, ferment la parenthèse démocratique, et d’autre part en mystifiant tout le monde en nous faisant croire qu’il y avait du nouveau sous le soleil. Pendant ce temps, les mentalités et les pratiques des hommes au pouvoir ou dans la rue étaient restées identiques, sans changement porteur d’espoir pour des lendemains meilleurs.
Les choses resteront, en l’état, aussi longtemps que l’on ne nous aura pas présenté la démocratie sous la forme d’un processus de démocratisation dont les élections ne constitueront qu’une première étape qu’il faudrait impérativement prendre le temps de bien franchir.
S’obstiner à brûler cette phase de démocratisation c’est ignorer ou feindre de ne pas savoir que la démocratie comme envisagée par les initiateurs étrangers et les déformateurs locaux s’adresse à une société encore archaïque qui a ses codes et ses normes propres et qui est encore influencée par la culture coloniale de soumission au chef que l’on n’aimait pas toujours. Une telle attitude pousse ces populations à donner des gages apparents d’obéissance, tout en usant de mille stratagèmes pour contourner les ordres.
Les élections que l’on organise chez nous ont, pour ces populations un caractère ludique où l’on s’occupe, le temps d’un scrutin, laissant la politique stricto sensu à ceux dont c’est l’affaire… aux chefs qui croient ‘’mener’’ la barque alors qu’ils sont menés en bateau.
Dans ce jeu feutré de cache-cache, la démocratie déjà mal accueillie parce que non comprise, se perd comme notion et comme exercice entre des dictateurs acharnés à la dévoyer et des populations maintenues dans l’ignorance de sa portée. Si la démocratie a été semée sur nos terres, le terrain qui doit voir fleurir ses bourgeons premiers est resté en jachère !
Cette démocratie, octroyée comme nos indépendances, portait déjà en elle les germes d’un échec inéluctable. En confiant sa mise en œuvre à des régimes militaires issus de putschs contre les premiers gouvernements civils de leurs pays, on ne pouvait en attendre autre chose qu’une conspiration légalisée pour réduire la démocratie à des formalités à remplir et à un tremplin vers l’occident duquel on attendrait et obtiendrait la bénédiction. Le peuple, lui, calfeutré dans son ignorance continue de restreindre la démocratie aux seules élections.
Les néo-démocrates bien installés à présent, mettent à profit l’état de grâce permanent dont ils bénéficient pour fomenter des coups d’Etat contre la démocratie en la défigurant, en la galvaudant et à en détournant tous ceux qui y croient encore.
L’injonction de la Baule, venue peu de temps avant le changement de majorité en France, même édictée à bon escient ne pouvait tenir ses promesses. Très vite, la droite, généralement très   peu engagée dans la démocratisation du continent, a mis en veilleuse cette exigence Mitterrandienne et répugnant à assumer un héritage socialiste, préféra frayer avec les dictatures en place.
Cette politique atteignit son zénith avec Sarkozy qui, en dépit de toutes ses dénégations de campagne, a bien fait revivre la françafrique et contribué à la sape de la démocratie sur le continent. Ce chemin dédaléen l’a conduit à s’acoquiner avec Kaddafi pour des raisons non encore éclaircies, mais qui n’arrangeaient d’aucune manière, la problématique de la démocratie en Afrique.
La grande erreur de la Baule était d’avoir cru et fait croire qu’une dictature militaire ou même civile peut être transformée en démocratie et que par simple décret, l’amertume consubstantielle du sel peut se muer en la succulence du sucre ou du miel !
Avant même le travestissement des régimes putschistes en civil, les pères des indépendances avaient déjà concocté des constitutions largement ou totalement copiées sur la constitution de la Ve République Française.
Cette dernière taillée évidemment sur la mesure de l’homme exceptionnel qu’était De Gaulle qui l’a conçue dans des circonstances exceptionnelles, elles aussi, ne tenait pas compte des réalités spécifiques des pays qui l’ont adoptée, sans penser à l’adapter. Sans discernement aucun, ils n’en retinrent entre peu d’autres choses que la concentration de pouvoirs exorbitants entre les mains d’un seul homme.
Cette constitution polycopiée, et copiée-collée n’en constituera pas moins une aubaine pour ces régimes dont les chefs pouvaient en s’accoutrant de l’habit de De Gaulle exercer le pouvoir dans l’acceptation générale, même s’ils sont foncièrement antidémocrates. Ils avaient dès lors tout loisir de saper dans ses fondements mêmes, la démocratie et écraser les démocrates.
L’ère Baulienne favorisa cependant l’apparition des oppositions à ces régimes obligés de paraître, sous l’œil vigilant de la France, respectueux des droits fondamentaux des libertés d’organisation, d’expression et d’association.
Dans l’euphorie suscitée par ce vent venant de la Baule, les leaders et partant les cadres et les bases de ces oppositions ont cru à de possibles alternances au sommet des Etats grimés en démocraties pour la circonstance.
Sentant le danger, et n’étant au départ pas du tout acquis à l’idéal démocratique, les dirigeants militaires et civils de ces Etats, leurs familles, tribus et clans eurent tôt fait de mettre en place le dispositif nécessaire à l’écrasement de ces oppositions. Ils savent qu’un début de réforme même forcée, peut se transformer en véritable révolution !
Dans ce sombre dessein, leur mission première était d’éreinter les oppositions en les mettant, à force de les appauvrir, et les diviser, au bord de l’anémie physique et politique.
C’est ce qui explique qu’un cadre supérieur, un intellectuel ayant foi en la démocratie, mais soucieux de vivre, de faire carrière, de subvenir à ses besoins propres et ceux de sa famille restreinte et élargie, ne peut se placer que du côté du pouvoir, détenteur des biens publics et seul habilité à en faire profiter ceux qui ont l’heur de ne pas lui déplaire.
Cette intelligentsia qui a malencontreusement adopté le mode de vie occidental dans ses habitudes de consommation sait que dans des pays pauvres, comme les nôtres, elle ne peut accéder à un tel niveau qu’en adoptant une posture qui l’assurerait de la proximité avec le pouvoir.
Absorbés par la course à leur bien-être personnel, cette frange de la société ne dispose plus de temps pour réfléchir à la démocratie, au grand dam de nos citoyens livrés à eux-mêmes et privés de l’effort que seuls peuvent consentir les intellectuels qui ont le devoir de les éclairer, les guider sur le long chemin du recouvrement de leurs droits spoliés.
Les anciennes métropoles, à Londres et à Paris, occupées à organiser leurs sociétés au lendemain d’une guerre meurtrière et face à des défis nouveaux qui accaparent toutes leurs énergies ont mieux à faire pour eux-mêmes que de s’occuper de réfléchir à notre lieu et place pour résoudre nos problèmes. Et quand bien même ils le voudraient, cet effort ne pourrait être efficace car ils pècheraient par l’ignorance de la psychologie de nos peuples. Dans le meilleur des cas, ils se résoudraient à nous conseiller et à financer l’organisation d’élections, auxquelles on réduirait dans les faits et dans les esprits le plein exercice de la démocratie.
Mais, aussi longtemps que des solutions de rechange aux échecs des ces expériences, et tant que des stratégies de mise en œuvre basées sur des analyses concrètes de nos situations concrètes et spécifiques, n’ont pas été conçues, le mirage démocratique continuera de reculer jour après jour, et échéance électorale après échéance…
En attendant, nos concitoyens risqueront de s’en tenir uniquement à ce à quoi on les a habitué des décennies durant : le vote tribal, sur fond de régionalisme, d’hypocrisie et d’applaudissements intenses pour des hommes et des slogans auxquels ils ont cessé de croire.
C’est cette situation d’euphorie déçue que nous avons vécu en 2005 en Mauritanie où, on avait un tantinet cru à une rupture possible nette et définitive avec le système militaire qui nous gère depuis 1978. Mais l’opposition anémique à en tomber dans le coma n’avait pas de solution de rechange et préférait dans le vague espoir d’un changement réel de la situation du pays, soutenir un pouvoir qui allait très tôt se révéler une simple prise de relais entre les représentants d’un même système.
Deux années et deux coups d’Etat plus tard, visant à revigorer un système arrivé à ses limites, l’on constate avec amertume l’ampleur des dégâts et de l’obsolescence des méthodes auxquelles les autorités dépassées ont recours pour s’agripper au pouvoir.
Mais à quelque chose, malheur est bon : la classe politisée se réveille, les élites médusées devant le caractère anachronique de la mal vie qu’on leur impose, se redressent et font prendre conscience à la grande masse, de l’urgence qu’il y aurait à s’insérer dans le vaste mouvement qui traverse le monde par la refondation de leurs Etats et la résurgence de leurs nations.
Une ultime tentative désespérée de ces régimes de sauver leurs fauteuils, trônes et autres supports vacillants, est le recours aux vieilles recettes connues en marketing et qui consistent à ‘’fourguer’’ dans un nouvel emballage, à un client crédule, à l’esprit grégaire, un produit frappé d’une mévente qui menace dangereusement de faire déclarer la faillite de son producteur.
C’est ainsi que partout on a entendu ces chefs aux abois prononcer tardivement des discours enflammés contre la gabegie, la corruption et annoncer des réformes qu’ils avaient pourtant eu tout le temps d’engager durant leurs règnes qui, parfois couvraient quatre décennies.
Pour entraver la classe politique et l’élite intellectuelle, ils pratiquent une politique populiste dans le vain espoir d’empêcher les avant-gardes du changement de réfléchir à ses modalités et tracer les contours du type de démocratie à adopter qui doit débuter par l’identification des différentes étapes d’un processus de démocratisation pensé par et pour nos pays qui n’ont que trop attendu son heureux avènement.
Conscients de l’existence de ce vide, et déterminés à actionner le levier de la conception de ce système nouveau et indispensable pour éclairer nos combats présents et futurs, des groupes d’intellectuels s’activent depuis quelques mois dans le cadre de l’action des mouvements protestataires nationaux aux fins de dessiller les yeux de leurs concitoyens, et rendre l’occident attentif à la réalité du pouvoir dans leur pays respectifs.
Les systèmes qu’ils proposent nous permettront, entre autres garanties, de fermer l’accès au pouvoir aux assassins, aux dictateurs et aux voleurs de biens publics !
Par leur caractère d’hypothèses heuristiques, ces réflexions devront, nous osons l’espérer, ouvrir la voie à un large débat au sein de tous les groupements politiques et des cercles d’intellectuels afin que disparaissent les clichés et se perpétuent et se raffermissent les bases de la renaissance d’une véritable culture démocratique dans nos pays.
La démocratie de type occidental, riche d’une expérience de deux cents ans au moins, apparaît dans le contexte de nos sociétés encore sous-développées comme une greffe impossible. Elle doit chez nous être l’aboutissement d’un processus de démocratisation, exactement comme on suit au plan économique des stratégies de développement devant conduire au bout du chemin à l’édification d’une société moderne et développée. Par une harmonie totale entre les différents ressorts qui doivent être actionnés pour parachever le processus, les domaines politiques, économiques, et socio-culturels doivent viser de concert cet objectif.
La Mauritanie qui a constitué jusque-là un laboratoire des coups et contre coups d’Etat, des machinations en tous genres ourdies contre la démocratie, doit à contrario servir aujourd’hui de machine à produire des idées pour la conception d’un type de démocratie spécifique, irréversible et qu’une simple brise qui soufflerait des casernes ou d’ailleurs ne pourrait plus briser.
L’immensité de son espace physique et sa culture méditative, ajoutées à ce qui, dans les expériences d’autres nations pourrait s’intégrer dans son patrimoine, sont des atouts irremplaçables que nous pouvons mettre à profit pour ouvrir les chantiers de cette réflexion. Si jusque-là nous avons exporté les mauvais exemples des coups de force, nous pouvons devenir, en rompant définitivement avec le système militaire, le foyer ardent de la recherche du modèle démocratique qui sied aux peuples qui, encore, en voie de développement, sont également en voie de démocratisation.
Les idées que nous véhiculons dans ce cadre doivent comporter en elles-mêmes les antidotes nécessaires à l’éradication de tous les virus qui pourraient à terme freiner le développement du modèle proposé.
Dans ce contexte, nous devons, derechef nous accorder sur la terminologie idoine à utiliser, en décrétant 1que nos pays ne sont pas et n’ont jamais été des démocraties, mais qu’ils sont, quand les conditions en sont réunies, des pays à démocratiser. Nous rabattre les oreilles en prétendant le contraire, reviendrait à nous flatter, à alimenter nos fantasmes et à nous démobiliser face aux combats réels à mener.
Il est unanimement admis que l’obstacle majeur qui se dresse sur ce chemin est l’Etat lui-même, tel qu’il a été mal fondé dès le départ, et tel qu’il continue de se dérober à ses missions régaliennes. Depuis son apparition, précisément à l’aube des indépendances, tout s’est organisé autour de lui de sorte que rien ne pourrait être entrepris sans son initiative ou à tout le moins son concours.
L’entreprise privée qui devait exister de façon autonome, a été suscitée par l’Etat, à force de crédits et de facilités en tous genres.2 La démocratie, qui doit être l’œuvre commune des pouvoirs publics, des partis politiques et de la société civile doit jouir de la même attention et être, à l’instar de toutes les actions de développement, subventionnée par l’Etat.
Il y a quelques années, la Banque Mondiale, par le biais de l’Etat a accordé à la Mauritanie Dix-huit Millions de Dollars pour la vulgarisation agricole et qui a servi à des choses autres que sa destination première. 3 Un montant plus substantiel devrait être alloué à une fructueuse opération de propagation de la culture démocratique et de soutien aux partis politiques au prorata de leur action en ce sens et aux succès électoraux qu’ils auront réalisés.
Sans une démarche semblable, les partis politiques frappés d’impécuniosité chronique, nous renverrons toujours cette image d’entités faméliques qui ne pourront jamais jouer leur rôle premier d’instruments pour une démocratisation fiable de nos sociétés. L’argent qui retrouve dans le domaine politique l’illustration de sa véritable vocation de nerf de la guerre est accaparé par l’Etat qui l’utilise pour engraisser le parti au pouvoir et les affidés du régime. Ainsi alimentés, ces derniers peuvent compétir confortablement avec des partis ne se réveillant sur ce plan qu’à la veille des campagnes électorales et, allés très tard à la chasse des rares donations font souvent buisson creux.
Là réside, croyons-nous, la véritable raison du recul de la démocratisation dans nos pays !
Les partis politiques, devant, pour moderniser nos sociétés, supplanter les tribus qui envahissent leurs platanes, doivent être perçus comme des entreprises idéelles, capables, si elles sont dotées des moyens nécessaires, de créer l’homme nouveau qui aura la charge de faire émerger les sociétés modernes que nous voulons édifier. Il va sans dire que cela va au-delà des maigres subventions que l’on distribue parcimonieusement à des chefs de partis ou de groupes très souvent cooptés pour leur proximité avec les pouvoirs du moment.
Ce qu’il faudrait envisager aujourd’hui c’est de placer le développement politique au même niveau que les autres secteurs de développement pour un essor harmonieux de tous les segments du corps sociétal.
De la même manière qu’on vote, ou inscrit un budget pour l’armée ou pour l’éducation, il doit être procédé, au grand jour et par les voies adéquates à l’octroi d’un budget suffisant aux partis politiques. Ces organisations, quoique disputant le pouvoir à ses tenants de l’heure, ne doivent pas, outre mesure, pâtir de cette posture.
Leur performance durant les échéances électorales se trouveront améliorées car, disposant de moyens financiers le leur permettant, ils auront, entre deux scrutins pu ouvrir des centres d’alphabétisation, voler au secours de populations sinistrées et rétribuer leurs cadres dégagés à plein temps de toutes autres activités, pour se consacrer à l’action politique.
Pendant cinq longues années, ces partis, qui prennent le départ dans la compétition avec un retard équivalant à cette durée, se trouvent largement distancés à la ligne d’arrivée par le parti au pouvoir courant sans peine sur les pistes soigneusement aménagées par l’argent des contribuables électeurs subventions de l’Etat. Et comble du ridicule, on se donne le droit de les noter, de les juger à l’aune de résultats aussi mitigés.
Comparées au domaine de l’agriculture, dont les projets sont accompagnés dès le stade de l’ensemencement jusqu’à la récolte, en passant par l’irrigation, la livraison d’intrants etc… toutes les étapes par lesquelles les partis politiques passent avant la récolte des voix électorales, doivent être objet de financement.
La paupérisation voulue, créée et entretenue par les dirigeants au pouvoir, rend impossible toute alternance démocratique et réduit les programmes des partis politiques à de faramineuses promesses que ne viennent pas soutenir des analyses de fond des ressources devant les financer. Pour ce faire, il aurait fallu armer ces partis de budgets sur les fonds publics pour financer le travail de recherche et de réflexion que leurs cadres libérés des contraintes de la vie s’attèleraient en toute sérénité à fournir. Ce qui permettrait aussi de mettre un terme au subjectivisme et à la personnalisation des partis qui, maintenus dans cette situation, ne vivent que par l’effort consenti sur les biens propres - ou qui le sont moins - de leurs dirigeants.
Car, quel que soit le charisme de tel ou autre chef de parti ou de groupement politique et quelle que soit la popularité de tel député ou sénateur, ils ont besoin de cette armée de concepteurs de programmes et d’assistants parlementaires qui rendront intelligibles leurs discours et leurs critiques et propositions de lois.
Tous les partis politiques, ceux au pouvoir compris, doivent lutter avec acharnement contre les handicaps qui peuvent freiner l’élan démocratique. Leurs actions de sensibilisation doivent être orientées vers la reconversion des mentalités, le civisme, la justice et l’égalité, l’équité et le combat farouche contre le racisme, le chauvinisme, le tribalisme et le régionalisme.
C’est  l’unique voie pour l’apparition d’une classe politique réellement nouvelle et non le choix éclectique de thuriféraires aveuglément acquis au régime et précisément choisis pour barrer le chemin aux démocrates et aux hommes politiques de valeur.
Le parti au pouvoir, fort justement de cette position, dispose de moyens financiers énormes pour assurer la diffusion de ses idées et récolter au moment des échéances électorales le fruit de ‘ses efforts’. Seulement, ces moyens destinés au financement des actions politiques ne doivent pas être affectés uniquement au seul pouvoir ; les autres partis, singulièrement ceux de l’opposition, doivent aussi en bénéficier suivant des critères que les partis concernés définiront ensemble.
4 L’aide concédée par l’occident qui ne doit pas se limiter à l’argent mais englober l’assistance technique en matière de démocratisation, doit, même si elle passe par l’Etat, être suivie, pour s’assurer qu’elle parvient à ses destinataires qui l’auront méritée en fonction de leur poids politique, parlementaire ou selon les actions d’envergure qu’ils auront menées  entre deux échéances électorales. A chaque étape, ces montants seront soumis à des audits sévères pour fermer la porte aux détournements auxquels ils peuvent faire l’objet.
Accusant du retard dans les domaines économique, social et culturel, nous sommes également à la traîne au plan du développement politique dont la démocratie constitue de nos jours le pivot central.
Le hiatus qui s’élargit, jour après jour, entre nous et les nations développées nous astreint à brûler les étapes en capitalisant d’abord à notre compte le patrimoine universel commun pour ensuite prendre le temps de réfléchir à son adaptation à nos réalités distinctives.
Aujourd’hui, la cause de la démocratie avançant, le respect dû aux nations se mesure à l’aune de l’intérêt qu’elles portent à... leurs oppositions ! Elles ne sont pas jugées sur la base du traitement de faveur qu’elles accordent à leur majorité. C’est : ‘’dites-moi comment vous traitez votre opposition, je vous dirai où vous vous situez !’’ Est-ce du côté des démocrates qui croient en la vertu de ce système ou de celui des faussaires qui l’utilisent comme paravent pour vaquer à leur basse besogne de perversion de la démocratie ?
5. Un débat national doit être engagé sur la question entre les élites politiques et intellectuelles pour déterminer les différentes étapes de la démocratisation.
Ce grand moment de notre histoire contemporaine donnera lieu à des joutes salvatrices qui nous permettront d’apporter des remèdes et des solutions aux grandes questions nationales qui ne peuvent être résolues que dans le cadre de l’application effective des règles d’une démocratie pensée par et pour nous-mêmes.
Ainsi, dans une ferme volonté de refonder les bases de nos sociétés et organiser notre vie commune sur cette terre, les problèmes posés par les séquelles de l’esclavage, du racisme, des langues et de la répartition des richesses, trouveront, dans la concorde et la sérénité, des solutions définitives à même de préserver notre unité et nous mieux préparer à relever les défis du développement dans tous les domaines.
Ces échanges nous permettront par-dessus tout cela, de réfléchir aux sources des pouvoirs qui, parce que concentrés dans les mains d’un seul homme nourrissent et fécondent les abus de toutes sortes et ne sont bridés par aucune contrainte constitutionnelle ou juridique qui en limiterait les conséquences désastreuses.
Une fois élus, ou installés manu militari et se prévalant pourtant dans les deux cas de la démocratie, nos dirigeants, désormais libres de toute entrave, n’en font plus qu’à leur tête, ne consultant jamais et ne rendant compte de leurs actes à personne.
Dans le contexte décrit plus haut, la responsabilité dans ce gâchis est imputable à notre mimétisme sans discernement qui nous fait copier le mode de scrutin des pays développés, qui, déjà démocratisés depuis des siècles, peuvent s’offrir le luxe d’accorder deux mandats de suite ou même plus à un président, démocratiquement élu par les suffrages de citoyens pétris de culture démocratique.
6 Chez nous, seul le mandat unique peut nous préserver des mauvais usages qui consistent en la pratique de la fraude, du tribalisme, du népotisme et de l’impunité. Ce mandat non renouvelable, dans cette phase de démocratisation est la garantie contre les risques de dévoiement qui pèseraient sur le processus quand on laisse un homme, un seul, disposer de l’avenir de tout un peuple.
Ces dirigeants, pompeusement affublés du statut de garant de la démocratie, sont malheureusement l’unique menace pour l’existence ou la survie de celle-ci.
La tentation du second mandat ou de la magistrature à durée illimitée fausse le jeu démocratique. Dès le départ les dés sont pipés. Le principe de la libre concurrence appliqué au jeu politique est vicié par ce fait inouï qui met en compétition un candidat sortant, doté des moyens de l’Etat et un homme politique ayant pour seules armes son programme de campagne et une capacité supposée de conviction qui, dans le contexte de nos sociétés, l’apparente au mieux à un sage qui prêche dans le désert.
Dans ce cas de figure, les compétiteurs ne se lancent pas au même moment et avec les mêmes moyens à partir de la même ligne de départ. Quand l’un amorce son sprint, l’autre est déjà sur la marche supérieure du podium à la ligne d’arrivée. Celui-là qui disposait déjà de solides outils le favorisant dans la course, peut, en cas de besoin disposer à sa guise de la liberté de son concurrent le plus menaçant qu’il incarcère à loisir en invoquant des raisons très souvent fantaisistes. Comme sur un ring, ce combat inégal qui mettrait aux prises un mastodonte et un lutteur chétif et malingre, est d’avance gagné. Personne ne parierait, pour la victoire, sur le boxeur, d’entrée de jeu, mal en point et qui plus est n’est pas connu et craint comme c’est le cas d’un président qui, tout au long de son mandat a eu le temps de susciter ces émotions.
L’histoire récente et l’expérience nous enseignent que le président sortant une fois réélu, et parce que, contesté, se transforme en criminel, massacrant par-ci, pillant par-là, réglant des comptes et assouvissant des vengeances personnelles. Le triste exemple de la Côte d’Ivoire de Gbagbo est là pour nous le rappeler. La guerre civile qu’a provoqué son entêtement à demeurer au pouvoir a coûté au pays plus de 3000 morts sans compter les mutilés à vie, les exilés, les énormes dégâts matériels et par-dessus tout, le préjudice porté à la démocratie.
Pourquoi pensez-vous qu’un président sortant ayant effectué un plein mandat s’obstine-t-il à rempiler ?
Il le fait tout simplement parce qu’au cours de cette mandature, il a été amené, pressé par le temps, son entourage et sa personnelle cupidité, à commettre des actes répréhensibles : tels les meurtres, les détournements de deniers publics et il veut à tout prix briguer et obtenir ce second mandat dans le vain espoir que son immunité lui assure l’impunité.
D’autres effets pervers de cette démocratie par les élections en exclusivité résident dans l’acharnement du président ‘’sortant-rentrant’’ à dilapider les biens publics qu’il prélèvera sur le budget de l’Etat afin de pourvoir au financement de sa campagne et à l’achat des voix. Ce faisant, il ouvre le chemin de la rapine à ses soutiens publics et privés pour un pillage systématique des ressources du pays. L’administration, ailleurs institutionnellement neutre, est mise à contribution dans ce carnaval insolite de mise à genoux de l’économie de la nation.
Des nominations, méritées uniquement par le dévouement des récipiendaires au chef suprême, pleuvent, alourdissant des appareils déjà aux limites de leurs capacités. Ces derniers sont très souvent sans qualification et n’ont dans leur cœur aucune once d’amour pour leur patrie.
Le président-candidat a, en sus, cette possibilité de recevoir des dons de ses homologues dans la région et dans le reste du monde pour le soutenir dans sa réélection. Le quidam qui se présenterait contre lui, au nom et avec les seuls moyens souvent minimes de son parti, a très peu de chances de lui ravir le fauteuil convoité.
7.Au lieu de se contorsionner de la sorte et battre campagne pour une improbable impunité, le président-sortant, serait mieux avisé de s’occuper plutôt de dresser le bilan de son exercice et rendre compte à son peuple des actes qu’il aura posés durant son parcours. Car il est tout de même sordide que ce personnage qui refuse de se soumettre à la question sur les résultats de son mandat, veuille obtenir de nouveau les suffrages d’électeurs devant lesquels il ne se sent pas comptable de ses agissements.
Nos pays, dans ce domaine ne ressemblent en rien aux pays occidentaux dont les exécutifs sont l’objet chaque jour de critiques et dont l’action est freinée par des contre-pouvoirs vigilants  et pointilleux. Le seul palliatif contre ces dérives, ne peut être pour nous que cette exigence d’inventaire en fin de mandat qui décidera de la destination du postulant : la prison ou la rue !
C’est le cas ici de se demander : pourquoi est-on si exigeants envers les PDG des sociétés au moment de la présentation de leurs bilans que l’on sanctionne par un quitus quand ils sont positifs et de la mise en examen quand leurs comptes sont anormalement négatifs, et comment est-on si conciliants avec les présidents sortants ? Est-ce parce que dans le premier cas il s’agit de l’argent privé, et là de l’argent du contribuable, donc de personne ?
L’entêtement du président sortant à demeurer en place, parfois ad vitam peut, dans certains cas, relever du domaine psychiatrique. Durant son long règne, usé et éreinté par celui-ci il peut avoir nourri un lien affectif avec le pouvoir, ses ors et les lambris de ses palais qui lui donne le sentiment en le perdant, qu’il se détache d’un être cher que rien ne pourrait le consoler de sa disparition.
S’il avait réfléchi auparavant que si le  pouvoir  pouvait demeurer pour la vie entre les mains d’une seule personne, il ne serait pas parvenu jusqu’à lui, il aurait peut-être, pu envisager la chose avec plus de sérénité, de paix de l’esprit et de l’âme.
Plus sûr encore : s’il avait dès le départ, un niveau intellectuel suffisant pour appréhender sa mission, le choc du départ en serait amorti et l’alternance se passerait dans la bonhomie et le fair-play.
Nous avons en souvenir l’exemple de l’ancien président sénégalais, L. S. Senghor, poète et écrivain à ses heures qui, une fois sorti du sérail a pris sa plume et est entré de plain-pied à l’Académie Française. Son successeur a fait de même en remettant les clefs du palais à qui de droit et s’est retrouvé sans déprime et sans verser de larmes sur un fauteuil qu’il n’occupe plus, à la tête d’une importante Organisation Internationale. C’est, peut-être dans le choix d’hommes cultivés pour présider aux destinées de la nation, que réside la singularité du Sénégal, modèle de démocratisation réussie que n’est jamais venu perturber un coup d’Etat militaire.
En plus, et nous le savons, un second mandat n’a jamais été meilleur, en termes de performances qu’un premier. On a au contraire vu en Côte d’Ivoire, au Mali, en Libye et partout où les chefs d’Etat s’éternisent dans leur fauteuil, des préjudices énormes portés à la démocratie, à la vie des hommes et des femmes de ces pays.
Le temps avançant, l’esprit de ces despotes - à considérer qu’il l’avait été auparavant - devient moins fécond, parce que s’engonçant, dans leur tour d’ivoire, ils n’ont plus de contact direct avec leurs peuples et s’enferment dans le ronron de l’expédition des affaires courantes dans l’attente de la catastrophe qui les fera déguerpir.
La même rigueur doit être de mise dans les deux cas pour un fonctionnement sain et serein de nos Etats. A cause de l’absence totale de transparence dans la gestion de nos affaires publiques, nous n’apprenons l’ampleur du gâchis occasionné par la persistance des présidents sortant à demeurer en place, qu’après le départ de ces derniers. Il ne nous restera alors comme moyen de contrôle et de vérification, en l’absence d’outils d’évaluation en cours d’exercice que l’introduction de l’alternance automatique, que ne peut conférer que le mandat unique, non renouvelable.
Le verdict des urnes ne peut pas être le seul paramètre à considérer. Sans la prise en compte de tous les mécanismes de la démocratie, il n’y a pas d’alternance possible !
Ce système qu’il faut savoir mettre en place, dans les règles a, d’abord, une vertu didactique qui permet d’éveiller les consciences que les faussaires et les faux dévots de la démocratie sont prompts à embrumer.
Ils font croire aux populations que les élections, au lieu de mettre en compétition deux candidats ayant, en théorie les mêmes chances de réussir ou d’échouer, visent plutôt à répondre à la question : quel est votre président ? et habitués sur les écrans TV et sur les ondes des radios à ne voir et entendre que le nom et les remontrances du président sortant, leur choix est vite fait pour celui-ci.
On peut en sourire ailleurs, mais chez nous cela produit des drames !
D’autres, exploitant l’ignorance de la grande masse, des préceptes de la religion les menacent des foudres du ciel si d’aventure ils ne votaient pas pour le tuteur universel (le waliyou al amr) quasiment doté d’un pouvoir divin. L’alternance automatique se passant entre des hommes qui n’ont jamais exercé le pouvoir, et celui-là frappé de vacuité provisoire, arrache aux tenants de cette thèse alambiquée cet argument douteux.
Ceux-là seraient mieux écoutés si un jour, ils relevaient la tête et s’opposaient, par des arguments plus authentiquement religieux, à l’odieuse entreprise de l’achat des consciences qu’on pourrait facilement assimiler au faux témoignage stigmatisé et rejeté par notre foi islamique.
L’on se demande par ailleurs pourquoi ceux qui rédigent les textes constitutionnels et soucieux de réduire la durée des mandats des présidents, ne vont-ils pas directement vers leur limitation à un mandat unique au lieu de deux par exemple ?
A cela, plusieurs réponses possibles dont nous retiendrons la crainte instillée des décennies durant dans les esprits, qu’inspire le statut du président, et, l’égoïsme aidant, le souci de se ménager la chance de profiter de cette longue durée, le jour où on serait soi-même investi de cette fonction.
8.Les intellectuels, penseurs et autres partis nouveaux qui se refusent à s’arrêter au milieu du gué, et à entériner les demi-mesures en démocratie inspirées par la peur ou la subjectivité, vont même au-delà, en demandant à l’occident soucieux de la propagation de la culture démocratique dans le monde, d’adopter lui-même le mandat unique pour l’exemplarité.
Pour une fois, le mimétisme qui nous anime généralement pour copier des modèles inappropriés, sera curatif des mille maux dont souffrent nos sociétés.
Une telle démarche serait à coup sûr plus bénéfique et moins coûteuse en biens et en vies humaines que l’imposition de l’exercice de la démocratie par les chars blindés et l’usage de la force.
Il n’y a qu’à comparer, à titre d’exemple, l’apprentissage de la conduite d’une voiture à vitesse automatique et d’une autre à vitesse mécanique dont le levier est tout le temps sollicité pour suivre le rythme du régime du moteur. Celle, automatique ne requiert qu’un léger coup d’accélérateur pour le changement de vitesse, tandis que l’autre demanderait d’appuyer du pied sur l’embrayage et de la main sur le levier de vitesse, avec des risques de ‘’cliquage’’ très fréquents en période d’apprentissage.
Telle est, schématiquement, la différence formelle entre l’alternance automatique, aisée, sans soubresauts et le retour aux conséquences incertaines d’un président-sortant, trainant le plus souvent d’assourdissantes casseroles.
La démocratie pour mieux progresser a besoin, pour faire circuler son sang, d’une arrivée périodique d’air pur. En s’oxygénant de la sorte, tel un ‘’yogi’’, elle doit alterner l’expiration et l’inspiration pour rejeter les pollutions et avaler l’air vivifiant que rendait délétère la routine gabegique et spoliatrice dans laquelle la maintenait le président-sortant.
9.Afin de prévenir les remous et les bouleversements que son premier mandat aurait suscités, ce candidat éternel à sa propre succession ne doit pas échapper à la fin de son exercice à se soumettre à celui du contrôle. Des audits indépendants devraient être conduits par des organismes à créer pour ce faire, ou par des instances onusiennes ou des bureaux internationaux reconnus pour leur compétence, leur probité et leur impartialité.
Au sortir de ces audits pluridisciplinaires, le président sortant sera placé devant trois destinées possibles pour son devenir :
1.     S’il a fait un parcours sans faute, non entaché d’enrichissement, de crimes ou autres exactions, l’organisme de contrôle lui remettra au nom de la communauté nationale un quitus le blanchissant de tout mauvais usage de son pouvoir. Il lui allouera également une pension conséquente de retraite et lui donnera droit, après un ou deux mandats de ses successeurs, à une nouvelle mandature. Entre-temps, son successeur immédiat pourra le consulter sur les questions pour lesquelles il détient une réelle compétence.
2.     S’il a connu quelques succès et des échecs ne comportant pas de pillage de biens publics ou de crimes, il aura droit à une pension et ne pourra plus jamais se représenter.
3.     S’il a commis des crimes, pillé les richesses du pays, commis des abus en tous genres, il devra être passé en jugement devant une haute cour de justice. Il ne lui sera versé aucune pension et ne pourra évidemment plus briguer un mandat électif.
Ainsi, le mandat unique, non renouvelable en plus de ses vertus démocratiques, constitue un barrage infranchissable contre la dictature, tout comme il libère la conscience des hommes qui, usés par l’attente dix ou vingt années durant, du départ du président, pourront ronger leur frein le temps d’une courte magistrature.
Dans nos sociétés, il n’est pas rare de voir apparaître ex-nihilo sur la scène politique des hommes venus de nulle part, adulés et entourés de toutes parts, sans qu’on sache d’où leur vient cette aura et cette vénération que leur vouent des franges importantes de nos populations.
A y regarder de près on s’aperçoit que cette célébrité factice provient précisément du vide occasionné par l’absence de critères d’évaluation des hommes que supplante une matérialisation effrénée de notre vie où l’argent-roi souvent mal acquis sert de référence. Il est très rare, en revanche qu’un homme soit jugé sur sa valeur intrinsèque, sur le message politique ou culturel dont il est porteur.
Dans ce contexte la mise à contribution de l’Etat dans le financement des partis et des activités politiques devient une nécessité impérieuse et constitue un garde-fou de taille pour barrer le chemin à l’intrusion de personnages incultes et rapaces dont les seules qualités se ramènent au volume de leur compte bancaire.
C’est le cas ici de définir les critères suivant lesquels les postulants à la magistrature suprême de nos Etats doivent être choisis.
10.Une première précaution pourvoira à ne retenir la candidature que de ceux qui, avaient suivi une formation académique de 3eme cycle. L’univers dans lequel le postulant évoluera, une fois élu, le mettra en contact avec des chefs d’Etat d’un niveau d’études, supérieur, avec lesquels il ne pourra communiquer ni négocier que si des aptitudes cognitives sérieuses l’y auront préparé.
En occident par exemple, l’apprentissage commence depuis la cellule familiale, ensuite à l’école, dans la rue, à l’université et dans la vie active. Dans nos pays il n’y a que deux creusets possibles : l’école, le cursus académique et les partis politiques. Or, ces derniers sont chez nous bloqués dans leur action par les dictatures militaires et civiles qui se donnent comme devoir prioritaire, pour asseoir leur pouvoir, de ligoter les formations politiques et de museler leurs animateurs. Ces moules qui auraient pu façonner, avec leurs connaissances académiques, des hommes capables de diriger des Etats modernes, sont la cible de tous les médiocres de nos pays qui voient dans l’avènement de ce type d’hommes, leur totale disparition.
Il est tout de même absurde qu’à des niveaux inférieurs dans les sociétés d’Etat et les administrations, on trouve normal d’exiger des compétences certifiées par des diplômes, et que, s’agissant de la plus haute fonction, du poste de Chef de l’Etat, on soit si laxiste !
A ce rythme on s’installera dans la mauvaise habitude légitimée par l’usage, de remettre les rênes du pouvoir aux mains d’hommes incultes dont l’action non éclairée par le savoir et l’expérience tuera à terme l’Etat. En nivelant la société par le bas, on attente également à l’existence de cadres qualifiés et compétents qui verront fermées devant eux toutes les portes donnant accès à l’emploi.
Le chef d’Etat incompétent, complexé vis-à-vis d’eux et ne souffrant généralement pas la contradiction, s’entourera, pour chasser la gène de devoir diriger des cadres aussi bien formés, des médiocres, des derniers de la classe qui ne demandent qu’à jouir le plus longtemps possible de sa condescendance à leur égard.
Cet homme, pourrait-on nous rétorquer, est un citoyen qui jouit pleinement de ses droits civiques et peut avoir, en autodidacte, acquis un savoir équivalant à celui des plus instruits parmi la classe des hommes cultivés.
Cette objection serait bien reçue si nos sociétés avaient déjà atteint le niveau de plein exercice de la démocratie. Mais étant toujours au stade de la démocratisation où des périls multiples menacent le processus de perversion ou parfois de coup d’arrêt définitif, nous ne pouvons qu’imposer un critérium, une discipline favorisant la poursuite sans anicroches du développement politique de nos pays.
11.Le candidat à la magistrature suprême doit en même temps qu’il déclare son patrimoine livrer avec précision les sources de ses acquisitions personnelles. Si elles sont le fruit d’un effort exceptionnel d’une épargne non consommée, ou d’une part d’héritage vérifié ou d’un crédit bancaire apuré obligatoirement à cette date, des documents dûment certifiés doivent en attester.
On le sait depuis toujours : le ciel ne pleut pas de l’or ! et ces ressources doivent avoir une provenance. Le candidat doit être exempt de dettes, car le surendettement pourrait le ligoter et aliéner sa volonté au point d’être capable de détourner les biens publics pour s’en acquitter.
S’en tenir uniquement à la déclaration du patrimoine peut aussi se révéler n’être qu’un tour de passe-passe pour annoncer les montants qu’il compterait détourner une fois élu ou justifier soi-disant à priori qu’étant riche, le candidat ne risque pas de puiser dans les caisses de l’Etat. Un tel argument, à l’emporte-pièce ne justifie absolument rien dès lors que la provenance de ses ressources est délictueuse, et l’argent appelant l’argent, rien ne pourra garantir que cette première nature chez lui ne reviendrait au galop !
Une telle mesure dissuaderait tous ceux qui auraient des difficultés à justifier leur enrichissement, de se porter candidats, tout comme elle faciliterait, pour ceux qui auront passé le cap de vérification de leur patrimoine, le contrôle en aval, à la fin de leur mandat durant lequel les intéressés n’auront perçu que leur salaire qui doit être connu.
Elle aura également un impact certain sur l’élévation du niveau de conscience des citoyens qui sauront que leur bien est sacré et que nul ne peut plus en abuser pour satisfaire ses caprices.
C’est pour cela que nous estimons que l’exigence de bonne gouvernance qui requiert le respect de ces impératifs doit constituer le correctif incontournable des déviances en démocratie. Car si les principes généraux de la démocratie sont connus, leur mauvaise application peut les dénaturer.
Nous avons vu, des chefs d’Etat mal intentionnés accorder une large liberté de la presse qui a rempli les kiosques des journaux de plus de 800 titres pour deux millions d’habitants aux trois quarts analphabètes.
Pour ce même nombre d’habitants, on a accordé la liberté éminemment démocratique s’il en fût, de disposer de 70 partis politiques. Dans les deux cas on ne visait pas moins que pervertir le concept, la pratique et la portée des règles démocratiques.
La bonne gouvernance démocratique, doit, à ce moment précis intervenir pour rectifier, corriger cet état de fait en limitant le nombre des partis et des médias indépendants sur la base d’une sélection opérée en fonction de critères que les instances concernées définiraient pour ce faire.
Dans la panoplie des critères qui seront proposés, on privilégiera ceux de l’efficience et l’efficacité au détriment du paravent du respect des règles ‘démocraticides’ de liberté tous azimuts, pour, en réalité, la vider de son essence profonde et créer un désintérêt pour l’usage des franchises qu’elle accorde.
12.L’obligation d’appartenir à un parti, organisation ou groupe politique, doit être rigoureusement observée. Les ‘’outsiders’’ et autres indépendants, aussi longtemps que l’on demeurera dans la phase de démocratisation, ne peuvent pas avoir droit de cité dans la compétition pour la conduite de nos Etats.
Dans cette étape cruciale de la vie de nos nations, ces derniers ne trouveront appui qu’auprès de leurs tribus, leurs alliés traditionnels et les consciences des hommes et des femmes qu’ils auront achetées avec un argent dont la provenance est toujours douteuse compte tenu du niveau d’enrichissement monétaire dans le laps de temps qui l’a vu naître dans nos contrées.
La politique, étant par définition l’apanage des hommes politiques, le postulant à la présidence doit être lui-même un homme politique, issu d’une formation politique et investi d’une mission de même nature. A charge pour lui, une fois élu, d’être le président de tout le monde et non celui du parti qui l’a porté au pouvoir.
13.Seront également exclus de l’accès à la compétition, les anciens militaires en faveur desquels ne pourra plaider la qualité de citoyen-ayant-comme-tous-les autres-le-droit-de-se-présenter. Car ce serait faire fi de l’expérience, de nos concitoyens qui ont eu à subir plus de trente années durant les affres des régimes militaires dictatoriaux par essence et , ennemis de la démocratie et des libertés.
Pour mieux mener le processus de démocratisation à son terme, il nous faut opérer une rupture totale  avec ce système. Les militaires nous ont suffisamment grugés en promettant au départ de remettre un ordre qu’ils ont eux-mêmes perturbé, et passer le relais aux civils.
Prenant très tôt goût à l’exercice du pouvoir, ils se travestissent en civil et s’éternisent dans le fauteuil. A leur retraite, ils adhèrent ou constituent eux-mêmes leurs partis politiques et veulent revenir au pouvoir pour la reconquête duquel, ils comptent sur les compagnons d’armes restés sous les drapeaux.
On ne serait donc pas sorti des ornières du pouvoir militaire parce que ces anciens de l’armée auront toujours un œil sur les Etats-majors pour se prémunir contre les coups d’Etat éventuels, et en retour, les officiers ou les moins gradés parfois auront le regard rivé en permanence sur le palais présidentiel qu’ils comptent bien investir un jour.
En attendant de parachever avec succès la phase de démocratisation de nos sociétés, les anciens militaires intéressés par la gestion des affaires politiques et ayant les capacités requises pour s’en acquitter convenablement, pourront occuper les postes de chefs du gouvernement, de ministres, ou de se faire élire députés, maires, etc…
Ces différents exercices auront une vertu cathartique pour eux, car ils permettront de discipliner les instincts spartiates encore vivaces inhérents à leur formation militaire, donc anti-démocratique et leur apprendront qu’en démocratie l’armée ne peut pas être le tremplin vers le pouvoir auquel seul le combat d’un parti politique pourrait faire accéder.
La nation tout entière pour laquelle l’armée sacrifie même la vie de ses hommes, leur demande de consentir un ultime don de soi en aidant à mettre un terme à la gestion militaire des affaires de la cité. La nation a besoin d’eux ailleurs, tout au long de nos frontières que les politiques aventurières de nos dirigeants ont fragilisées et entourées de foyers de tension régionaux dont les brasiers ne s’éteignent que pour s’enflammer de nouveau.
14.Le processus de démocratisation, s’il est bien conduit, devra s’achever après l’organisation de trois élections à deux tours chacune, menées dans une transparence dûment attestée par les observateurs locaux et internationaux. Il aura, ainsi arrivé à terme, rehaussé le niveau de conscience de nos populations, propagé la culture démocratique et fait mûrir les conditions pour une meilleure application de ce système auquel, chemin faisant, des correctifs adéquats auront été apportés.
15. L’âge des postulants à la magistrature suprême, utilisé pour sortir de la course des chefs de parti qui effaroucheraient le président du moment, ne sera pas un obstacle à la candidature de quiconque souhaiterait compétir. La seule condition sera d’exiger un certificat médical attestant que l’intéressé jouit de toutes ses capacités physiques et morales pour exercer cette fonction. Ce document sera délivré par un médecin commis spécialement pour cette tâche.
16..Cependant, s’il n’y a pas de limite à l’âge maximal des prétendants, un âge minimal de 40 ans révolus, l’âge de raison dans notre patrimoine culturel, sera fixé pour l’admission des candidatures.
Le président s’il est bien élu, a, certes, dans les systèmes appliqués de nos jours, un mandat franc de son peuple. Mais sans contre-pouvoirs réels et efficaces il devient l’unique référence à bord, sans contrôle et sans devoir rendre compte de ses actes. C’est lui qui désigne les hommes devant faire fonctionner les rouages du système. Il nomme et dénomme les présidents de la Cour Suprême, de la Cour des Comptes, du Conseil Constitutionnel, de l’Inspection d’Etat et parfois même il en désigne les membres.
Ces pouvoirs étendus dont il dispose créent facilement un despote non éclairé prêt à commettre tous les abus. Cette omnipotence qui caractériserait cet homme généralement sans inclination particulière pour la démocratie et ses principes constituerait un danger mortel pour le processus de démocratisation.
Débordé par l’ampleur des responsabilités et le devoir d’expliquer ses actes à son peuple, ce despote décidant de tout, tout seul, finit par ne plus rendre compte qu’à sa propre personne. Cette attitude fera naître le cortège de maux dont souffrent nos sociétés. Elle ouvrira la voie aux détournements des deniers publics, du déni des libertés, aux exactions et abus de toutes sortes faisant le lit d’un règne de l’absolutisme qui ne doit plus être de notre époque.
Face à ce monstre que la négligence nationale aura ainsi créé, il faudrait agir au plus vite pour sauver la nation en choisissant la meilleure des trois postures possibles :
1.     Renoncer à la démocratisation et opter pour la dictature organisée autour de l’argent, l’armée, les tribus et le parti-Etat.
2.     S’accommoder d’une démocratie factice utilisée comme simple paravent… ce qui nous ramènerait aux pratiques de la première option.
3.     Combler le déficit personnel des dirigeants et les lacunes du processus par l’introduction d’éléments externes qui serviront de garde-fous pour endiguer la propension du despote en gestation à abuser de ses pouvoirs énormes.
17.Dans cette démarche, le premier acte à poser sera d’exiger l’adoption du ticket présidentiel. Les partis devront, surtout dans les pays pluriethniques, présenter des listes comportant les noms d’un candidat à la présidence de la République et un vice-président. 18.Ces listes comporteront également les noms des candidats de ces partis pour les postes de président de la Cour Suprême, de la Cour des Comptes et de l’ensemble des organismes de contrôle.
Une fois le ‘’ticket’’ d’une liste admis, les candidats aux postes de vigilance démocratique seront choisis dans la liste adverse, pour contrôler l’action du président élu. Ainsi, il sera mis fin au ‘’despotisme démocratique’’ de la majorité, et l’opposition ne se sentira plus marginalisée et obligée de végéter en attendant les échéances futures libérant le champ de l’action publique au pouvoir délié de toutes contraintes.
On dissipera aussi par là-même l’amalgame créé autour de l’indépendance de ces rouages par rapport à l’exécutif qui, en fait n’est que théorique, dans les systèmes actuels compte tenu de la réalité de leur mode de désignation qui rétrécit leur marge de liberté vis-à-vis de celui qui les nomme à ces postes et qui les révoque selon son humeur sans tenir compte du statut d’inamovibilité de ceux que la loi rend irrévocables.
En occident de telles précautions seraient superflues et inutiles car les contre-pouvoirs de la culture démocratique d’abord, des médias, des parlements et des conseils d’Etat ensuite, fonctionnent en optimum depuis deux siècles au moins.
Dans nos pays, une majorité au pouvoir agit comme une armée médiévale en territoire conquis. Elle s’accapare de tout dans l’impunité la plus totale et l’on entend à peine les voix des oppositions minoritaires au sein des parlements et quand bien même elles arrivaient à percer le mur du silence, la portée de leurs ‘’vociférations’’ demeurerait nulle.
Dans le système proposé, si la majorité est au pouvoir, l’opposition disposera des moyens de constituer un contre-pouvoir indépassable pour la bonne conduite des affaires publiques.
Les dispositifs qui seront mis en place seront délimités de telle sorte qu’elle ne pourra pas se poser comme une minorité de blocage. Le président conserve toutes ses prérogatives, seulement il ne pourra plus agir à sa guise.
Pourquoi d’ailleurs cette crainte de voir bloqué le fonctionnement de l’Etat qui n’a jamais été mise en avant quand les potentats, pillaient en silence ou tambours battant les richesses de nos pays ? On n’apprend généralement leurs méfaits qu’après leur départ au grand étonnement feint ou réel des oppositions et des opinions locales et étrangères.
Avec le système que nous préconisons, il sera possible de s’informer et d’informer en temps réel sur la gestion de ces prédateurs, grâce notamment à la disponibilité fonctionnelle des moyens technologiques nouveaux, venus à point nommé au secours de la démocratie.
Autre retombée positive non négligeable de la remise en cause des systèmes dépassés et inadaptés, la conjuration de la violence que causait entre autres raisons l’étalage de la richesse insolente de quelques-uns qu’ils ont tirée de leurs positions officielles, face à la misère dans laquelle vit la grande masse des déshérités.
Il est vrai que pour un observateur ou intervenant occidental, il serait plus aisé de trouver devant soi des organigrammes, des procédures analogues à ceux qu’il connait dans son pays, que, mal copiés et de toutes manières mal adaptés nous avions greffé chez nous.
En se départissant d’une certaine vision occidentalo-centriste, ils pourront, en voyant nos systèmes originaux, se déployer en reflétant fidèlement nos réalités, s’accommoder de nos options et même prospecter avec nous ces pistes de recherche qui ancreront davantage dans les esprits, ce souci universel de démocratisation.
La démocratie qui siérait à la solution de nos problèmes ne saurait aujourd’hui se limiter aux seules élections. Sans avoir besoin de disserter sur les formes, les déviances, notamment l’achat des consciences qui la marqueraient, il est clair que la démocratie ne s’y révèlera pas dans sa dimension de réelle participation et de transparence permettant la mise en place d’institutions solides et fiables, capables de résister à toutes les tempêtes.
Elle sera toujours entachée de déformation, parce qu’elle laisserait grande ouverte, la porte devant toute velléité d’altération du processus que favorisera immanquablement la séparation intéressée dans la durée de l’organisation des différentes échéances : présidentielle, parlementaires et municipales qui, en se déroulant à des intervalles échelonnés dans le temps, fausseraient à chaque étape l’opération électorale.
C’est ainsi que si le président de la République est élu en premier, pour être suivi plus tard des députés et des maires, il influencera négativement le choix des populations qui orienteraient leur vote dans le sens voulu par le chef.
Il en sera ainsi aussi longtemps que nous n’avons pas dépassé avec succès la phase de démocratisation dont le déroulement et le parachèvement enfanteront l’éclosion de la conscience démocratique déliée des contingences et aléas des choix subjectifs.
De même s’il est procédé au choix séparé des autres échéances, de nos députés, l’autorité chargée de conduire la phase de transition, parce qu’elle détient le pouvoir et ses moyens, pourra elle aussi peser sur le verdict des urnes, plaçant le président qui sera élu devant un champ de mines qui aliénerait son action par les ‘’tirs de barrage’’ d’un BADEP aguerri (entendez Bataillon de Députés d’un Président de l’ombre qui tirerait les ficelles).
Au mieux, le président se trouverait l’otage de ces députés devenus par le choix des populations de grands électeurs auxquels il saurait gré tout au long de son mandat, de l’avoir fait élire.
19.Cette situation équivoque ne pourra être clarifiée que si les élections pour choisir le président, les membres du parlement et les maires se déroulent en concomittance, lors d’une échéance électorale unique où les protagonistes se présentant pour la première fois et ne détenant pour l’heure aucune parcelle de pouvoir peuvent concourir allègrement sans s’influencer ni influencer négativement le choix des citoyens.
En plus de l’énorme économie de temps et d’argent qu’un tel système conférerait, il aura une incidence positive, à valeur didactique, sur les esprits de nos populations qui y percevraient l’importance de leur force et que c’est elles qui, librement avaient choisi ses représentants et ses dirigeants. C’est ce phénomène qui, par accumulation, créera l’homme nouveau qui fera renaître nos nations et donnera un sens à notre existence en ce troisième millénaire où l’ignorance est mauvaise conseillère.
Le choix aussi délicat soit-il, par de-là tout ceci, sera rendu aisé par la concession d’un temps précieux pour la concentration des esprits et des énergies sur une échéance unique au lieu de se perdre dans la dissipation que causerait l’attente des autres rendez-vous électoraux qui pourrait à son tour faire apparaître une incohérence incompréhensible dans ces différentes étapes.
20.Pendant que nous y sommes, il serait peut-être judicieux de proposer ici l’ablation de cet appendice inutile qu’est le Sénat qui, de par son mode de désignation ne  peut être intégré dans la concomittance, étant entendu que dans nos sociétés, il n’y a nul espoir de démocratiser sans l’adoption de ce système d’imbrication des durées des élections.
Cette chambre dite haute de nos assemblées, est un exemple flagrant du double emploi et de la complaisance politique. Son unique apport aujourd’hui se limite à l’achat des voix des conseillers municipaux, portant à son summum la honte de nos systèmes où l’on peut s’adonner aussi ouvertement et à ce niveau, à de telles pratiques.
Là, la concussion est à son comble : non seulement ces représentants du peuple dans nos municipalités se vendent corps et âme, mais, monnayent, sans leur verser de ristourne, les voix des populations qu’ils représentent. La nation gagnerait amplement à supprimer cette institution en reversant les moyens énormes qui lui sont alloués dans l’édification des écoles destinées à la formation continue en politique dans la capitale et dans nos villes intérieures.
L’autre raison généralement invoquée pour son maintien pour assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir, tombe automatiquement à l’eau dès lors que le système que nous proposons prévoit l’élection, en même temps que le président de la République d’un vice-président.
21.Une autre malformation congénitale de nos prétendues démocraties est la présence de l’armée au pouvoir. Ce phénomène, malheureusement propre à nos sociétés est incontournable quand, paradoxalement, on traite de la démocratie dans nos pays. Mais c’est aussi la preuve illustrative que, quand on se sent obligé de passer par là, que nos sociétés ne peuvent pas se considérer comme démocratiques et que nous sommes toujours en voie de démocratisation !
Dans les pays démocratiques on peut à longueur de journée discuter de politique sans jamais citer la grande muette, très bruyante chez nous. Dans nos pays, on trébuche là-dessus au tournant de chaque discours, de chaque intervention dans un débat quand ceci n’est pas interdit comme certaines constitutions ou autres décrets des présidents ne l’édictent clairement.
A tout moment dans notre recherche des voies et moyens pouvant nous remettre sur les chemins de l’émancipation et du progrès, nous nous trouvons freinés dans nos élans par ce ‘’deum ex machina’’ qui, tel un loup sortant de nos bois, surgit pour compromettre nos velléités de changement. A chaque fois nous craignons le retour intempestif de l’armée. Cette situation nous oblige toujours à remiser nos espoirs et nos rêves dans l’attente qui dure pour certains depuis plus de trois décennies, de circonstances plus clémentes que nous croyons arrivées maintenant avec la déferlante des révoltes des peuples qui submerge le monde en ce moment.
L’immixtion de l’armée dans la gestion des affaires publiques en plus qu’elle soit ‘démocraticide’, coûte à nos Etats parfois plus de 5% de leur PIB qu’aucun apport de cette force, pourtant active, ne vient rentabiliser.
Pour nous qui cherchons des solutions, nous sommes en droit, les choses étant ce qu’elles sont, de nous poser des questions sur la nécessité d’avoir des armées aussi budgétivores et peu rentables en termes de valeur ajoutée au produit de la nation.
D’entrée de jeu, nous décrétons que supprimer une armée n’est pas une action létale pour nos populations. Par contre, les coups d’Etat le sont : ils massacrent nos citoyens, musèlent et marginalisent nos élites, pillent nos richesses et nous en passons…
Déjà le premier président de la Mauritanie, Me Moctar Ould Daddah qui ambitionnait de faire de son pays une Suisse Maghrébo-sahélienne envisageait de doter la Mauritanie uniquement d’une police ‘’noble’’ et se passer, avec une prémonition malheureusement non suivie, de l’armée qui a fini par le dégager du pouvoir n’ayant pas d’autre chose à faire.
Les guerres justes qui sont sa raison d’être et que l’armée n’a jamais menées jusqu’au bout, quand elles se déclareront, elles seront l’affaire de tout le monde. Tout le peuple, instruit à l’école de la démocratie, du patriotisme citoyen, portera les armes et boutera dehors les envahisseurs d’où qu’ils viennent !... Peut être d’ailleurs plus efficacement qu’une armée, dans le contexte mondial où les peuples et leurs gouvernements démocratiques voleraient plus promptement au secours d’un peuple victime d’une agression, qu’ils n’interféreraient entre deux armées de pays aux régimes autoritaires se disputant des arpents de sable dans un désir d’extension de leur espace et de leur hégémonie aux voisins.
En tout état de cause, si le choix se posait en termes d’option pour l’armée ou pour la démocratie, les deux, étant antinomiques, il irait de soi-même. Nous porterons sans hésiter notre dévolu sur la démocratie qui, elle, peut nous doter des moyens pour notre défense, le cas échéant, tandis que la militarisation ne peut à aucun moment nous laisser entrevoir la moindre possibilité de pouvoir jouir des bienfaits du système démocratique.
Le monde qui nous entoure et qui a connu les affres des guerres de toutes natures, se dirige - certes timidement encore - vers la promotion de la paix, à travers notamment l’internationalisation du règlement des conflits.
Il n’est plus loin le jour où on verrait des légions sous-régionales, régionales ou internationales camper dans des casernements sur le sol d’un pays-tiers où, sans caractère d’occupation, elles maintiendraient l’ordre à sa demande ou défendraient ses frontières.
Les premières victimes de l’omniprésence de l’armée au sommet et dans les coulisses du pouvoir sont les militaires eux-mêmes.
Nous l’avons vu, nous l’avons vécu dans notre chair et notre dignité que pour s’accaparer du pouvoir, ces hommes en armes et prêts à dégainer s’entretuent au physique et au moral à l’occasion de chaque coup de force qu’ils entreprennent. Une armée ne doit pas exister exclusivement pour se trucider de la sorte, nous faisant perdre parfois des cadres valeureux, des frères et des pères qui laissent derrière eux des foyers éplorés, sans soutien, dans une vie qui devient de plus en plus difficile.
L’expérience que nous avons des coups d’Etat nous apprend que chaque conflit qui se déclare pour protéger celui qui veut à tout prix garder le pouvoir et ouvrir la voie à celui qui veut le remplacer, a conduit à des boucheries sans nom, décimant les armées et détruisant les fragiles et peu nombreuses infrastructures des pays, avec leur lot inévitable de dégâts collatéraux en vies humaines parmi les paisibles citoyens.
Si la situation doit demeurer ainsi, il est urgent de réfléchir à d’autres formules !
Mélangées aux contingents nationaux, ces armées que pourrait diriger un chef d’Etat-Major d’un membre de la région considérée, n’étant pas autochtones n’auraient pas l’ambition de prendre le pouvoir dans le pays hôte.
Ces questions doivent amener nos militaires à s’en poser aussi sur l’utilité réelle de leur institution. Si la réponse qu’ils trouveront est la défense des frontières nous leur rétorquerons de s’y mettre pour de vrai et ne pas lorgner le pouvoir qui ne servira entre leurs mains, qu’à en faire une force de colonisation interne.
Cette remise en cause, par eux-mêmes peut avoir un effet pédagogique bénéfique, porteur de stabilité pour nos pays.
Si l’armée demeure obnubilée par le pouvoir uniquement parce qu’il est source d’enrichissement personnel, elle doit après cet examen de conscience se persuader que ces temps-là sont révolus et que l’heure est au contrôle populaire à travers les mécanismes dont il se dotera désormais pour que les pouvoirs nouveaux puissent arrêter le pouvoir et l’empêcher de s’adonner aux abus qui freinent la marche des peuples vers le progrès et le développement dans tous les domaines.
Si par contre elle se pose en armée républicaine, elle doit permettre à la démocratie de fonctionner afin d’éviter que son entêtement n’engendre des drames dont le moindre serait l’embrasement des guerres civiles des dégâts desquelles personne ne sera épargné.
A l’examen, il est apparu avec une netteté aveuglante que l’argent est l’enjeu de ce goût prononcé pour le pouvoir. Qu’ils viennent de l’armée ou de la société civile, les candidats au pouvoir n’ont à l’esprit que la manière la plus sûre et la moins risquée pour eux de s’accaparer du budget de l’Etat dont ils disposeraient comme d’un bien personnel.
Il faut tout de suite préciser que non seulement, il ne leur appartient pas, mais encore moins à l’Etat central qui consacrerait la portion congrue des recettes à quelques projets dans la capitale au détriment des villes de l’intérieur très souvent livrées à elles-mêmes sans moyens et sans ressources.
22.Désormais, le budget national doit, dès sa confection prévoir une part conséquente de ces richesses au développement des régions.
L’administration centrale peut contribuer à l’élaboration des projets à exécuter dans le cadre du développement local et vérifier en aval, en les auditant, les résultats des travaux effectués par les communautés régionales.
Ainsi, les populations sentiront mieux l’utilité de l’Etat et acquerront par là-même une conscience patriotique qui leur fait encore défaut.
L’encombrement et la pollution de la vie politique par les intérêts tribaux et régionaux qui empiètent sur la démocratie et créent des tiraillements entre les citoyens seront dissipés pour le grand bien des populations que l’on pourra mieux fixer dans leurs terroirs et par les notables qui se libéreront de la dépendance ancillaire vis-à-vis de l’Etat.
Les députés nationaux, à leur tour, pourront dans la nouvelle configuration, en se dépêtrant des problèmes locaux, se consacrer avec toute leur énergie aux grandes questions et à l’élaboration des lois devant régir et organiser la vie de la cité.
Il va sans dire qu’avec une telle vision, l’influence néfaste de l’exécutif, désormais contrôlé et suivi, sera atténuée sinon carrément éliminée.
Afin qu’un tel système puisse être opérant, il nécessite l’existence d’une opposition démocratique, qui a foi en ce système et dont l’action, à aucune phase de son parcours ne doit servir de caution, ni de légitimation d’un pouvoir qui, en la tolérant parce que non dérangeante pour lui, l’utilise à son insu ou avec son assentiment comme un faire-valoir pour son maintien.
On peut comprendre que la majorité dont le président est issu soit attachée à ce dernier, mais quand les oppositions donnent la même impression, on est enclin à conclure au doute légitime sur leur attachement réel aux principes et aux règles de la démocratie et leur désir profond d’opérer le changement attendu.
Bâillonnées, clochardisées et marginalisées, ces oppositions sont réduites le plus souvent à se croire déjà en démocratie et se comportent comme si elles disputaient le pouvoir à un régime démocratique lui aussi. L’on est en droit ici de se demander quel changement pourrait-on alors en attendre ?
23.La dynamique du changement doit transparaître au travers de la cohésion de ces oppositions afin d’imposer l’alternance démocratique et gouverner le pays. La recherche du pouvoir pour le pouvoir uniquement est antidémocratique !
Le recadrement programmatique des factions composant l’opposition doit aboutir à l’adoption d’une candidature unique derrière laquelle tous s’aligneront pour abattre les régimes dictatoriaux. Et, partant de leur entente retrouvée, elles se répartiront  les tâches dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale pour enclencher la phase de démocratisation de leurs pays et engager ce dernier sur les chemins du développement dans tous les secteurs de la vie.
L’attitude oppositionnelle conséquente commande cette démarche. Son contraire reviendrait à amener l’opposition à tuer l’opposition, à force de tiraillements auxquels la main du pouvoir ne serait pas étrangère. Ce comportement serait incompréhensible car on se demanderait à juste raison comment peut-on être mu par les idéaux de démocratie et combattre d’autres démocrates, laissant la vraie cible de nos luttes rire sous cape ou ouvertement à nos dépens ?
Sans cette coalition, la prise du pouvoir des mains d’une dictature serait vaine et illusoire, et ces oppositions disparates auront en tout cas signé leur aveu d’impuissance et d’inefficacité.
24.Pour notre part, nous estimons que le premier pas à effectuer dans cette direction sera d’adopter sans faux-fuyants ni louvoiements le concept de ‘’processus de démocratisation’’ qu’il faudra développer et enrichir pour faire contrepoids aux méthodes hélas bien rodées des dictatures.
Les intellectuels, les partis politiques, les Etats démocratiques, doivent pour leur part, dans le cadre de la gouvernance mondiale qui s’impose de plus en plus, prendre conscience du besoin pressant de démocratisation de nos pays qui doit aller de pair avec nos soucis de développement économique, culturel et social. La conscience universelle se doit aujourd’hui de relever ce défi : l’assistance technique et financière aux pays en voie de démocratisation!


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