01-05-2013 12:22 - La montagne ne doit pas accoucher d’une souris
Cheikh Sid‘Ahmed Ould Babamine
Mais, curieusement, tous nos politiques, de tous les bords, semblent s’accorder dans leur impatience pour la tenue de ces élections. Comme si c’était une fin en soi ou que ces scrutins pouvaient constituer l’heureux épilogue d’une crise politique structurelle et aussi profonde que
Il faut pourtant être aveugle pour ne pas voir qu’aussi longtemps qu’on n’aura pas changé l’actuelle répartition constitutionnelle des pouvoirs et surtout la réalité de l’exercice qui en est fait au sein de nos institutions majeures, nous serions bien inspirés de continuer à faire l’économie de tous les scrutins.
En particulier, le renouvellement de notre parlement, bicaméral qui plus est, dont le nombre des députés a été quasiment doublé à l’issue du dialogue national partiel d’octobre 2011, ne peut servir dans la situation actuelle qu’à alourdir pour rien les charges budgétaires et élargir l’éventail d’un pouvoir notabiliaire déjà suffisamment apprivoisé par toutes sortes de prébendes.
Il est communément admis que les institutions ne valent que ce que valent les hommes et les femmes qui les animent. Mais il est encore aussi évident que les pouvoirs exorbitants octroyés à l’institution présidentielle par la constitution de certains Etats suffisent pour produire les monarques les plus omnipotents. Notre pays a toujours été l’archétype de ce genre d’Etats où tantôt la constitution et tantôt les chartes constitutionnelles ont systématiquement tout donné à nos chefs d’Etat qui en ont usé ou abusé selon l’éducation, le tempérament et le style de chacun.
Habilités à nommer, au niveau de l’appareil administratif, à toutes les hautes fonctions civiles, militaires, judiciaires et même religieuses, nos Présidents ne se sont pas souvent encombrés de scrupules liés aux compétences et autres considérations requises pour l’exercice de ces charges. Pas plus qu’ils n’ont hésité un seul instant, à chaque fois qu’ils l’ont voulu, souvent au mépris des lois ou des procédures en vigueur, à démettre de leurs fonctions, pour un oui ou pour un non, les titulaires de mandats légalement inamovibles : cour suprême, banque centrale et j’en passe.
Il en a résulté de facto, que les désirs de nos Présidents sont en eux-mêmes devenus des ordres impératifs ; non seulement pour le Premier et tous les ministres de nos gouvernements mais aussi pour nos Présidents du conseil constitutionnel, pour ceux de la cour suprême, du conseil économique et social, du haut conseil islamique sans oublier le Gouverneur de la banque centrale de Mauritanie pour ne citer que ceux là.
Au niveau politique, grâce aux privilèges et autres prébendes dont ils sont les dépositaires exclusifs et dont ils savent leurs compatriotes si friands, nos Présidents sont toujours assurés, au sein des deux chambres de notre parlement d’une majorité aussi automatique qu’écrasante et dont les membres leur sont invariablement inféodés.
Dans ces conditions de total monopole des pouvoirs par un seul homme, quel qu’il soit par ailleurs, n’est il pas grand temps de se poser une question ? Et surtout d’en finir avec cette aberration ?
Comment peut on continuer, encore en 2013, à payer si cher, pour se doter d’un gouvernement souvent pléthorique, dont le Premier ministre et tous ses collègues sont dépourvus de la moindre capacité d’initiative, d’un parlement qui ne sert qu’à voter, les yeux fermés, tous les projets de loi qui lui sont soumis d’en haut, d’un conseil constitutionnel, d’une cour suprême, d’un gouverneur de banque centrale etc, tous aux ordres, j’ai failli dire au garde à vous ?
Il nous devait largement suffire que par notre constitution, nous avons déjà tout délégué à un seul homme que nous nous sommes toujours complu à regarder faire de nous et du pays tout entier, ce qu’il veut, sans coup férir.
Il faut donc changer cette insupportable situation.
Après toutes les crises politiques qui en ont dramatiquement fragilisé le tissu social déjà historiquement héritier de toutes sortes d’inégalités qui ont fini par générer des extrémismes qui menacent dangereusement ce qui existe d’’unité nationale, après tant d’années d’exercice solitaire du pouvoir qui ont mis en évidence les failles de notre système et les abus qui peuvent être exercés en son nom, ne faisons plus l’insulte à nos concitoyens de leur demander d’aller encore cautionner par leur vote le choix de députés, de conseillers municipaux ou de sénateurs avant d’avoir révisé les attributions constitutionnelles de nos institutions majeures, en particulier la Présidence de la République, le Gouvernement, le Parlement, le Conseils constitutionnel,la Cour Suprême , dans le sens d’un indispensable équilibrage des pouvoirs et d’une réelle responsabilisation de ces hautes instances.
Une telle réforme devrait viser à doter les titulaires de ces hautes charges , non seulement des parcelles de pouvoir significatives mais surtout des garanties nécessaires à l’exercice confiant, plein et entier de leurs prérogatives respectives.
Pour cela et quitte à faire ronger leurs freins, encore quelque temps, aux candidats impatients des élections en perspective, nous nous devons d’organiser préalablement, après une large concertation au niveau national, un référendum constitutionnel qui comble par les amendements appropriés les lacunes plus haut évoquées.
Sinon, après une si longue et douloureuse gestation, la montagne de nos attentes aura accouché d’une souris ou, comme le dit un proverbe de chez nous, la rupture de notre long jeun se sera faite autour d’une bien maigre sauterelle.
Cheikh Sid Ahmed Ould Babamine
En particulier, le renouvellement de notre parlement, bicaméral qui plus est, dont le nombre des députés a été quasiment doublé à l’issue du dialogue national partiel d’octobre 2011, ne peut servir dans la situation actuelle qu’à alourdir pour rien les charges budgétaires et élargir l’éventail d’un pouvoir notabiliaire déjà suffisamment apprivoisé par toutes sortes de prébendes.
Il est communément admis que les institutions ne valent que ce que valent les hommes et les femmes qui les animent. Mais il est encore aussi évident que les pouvoirs exorbitants octroyés à l’institution présidentielle par la constitution de certains Etats suffisent pour produire les monarques les plus omnipotents. Notre pays a toujours été l’archétype de ce genre d’Etats où tantôt la constitution et tantôt les chartes constitutionnelles ont systématiquement tout donné à nos chefs d’Etat qui en ont usé ou abusé selon l’éducation, le tempérament et le style de chacun.
Habilités à nommer, au niveau de l’appareil administratif, à toutes les hautes fonctions civiles, militaires, judiciaires et même religieuses, nos Présidents ne se sont pas souvent encombrés de scrupules liés aux compétences et autres considérations requises pour l’exercice de ces charges. Pas plus qu’ils n’ont hésité un seul instant, à chaque fois qu’ils l’ont voulu, souvent au mépris des lois ou des procédures en vigueur, à démettre de leurs fonctions, pour un oui ou pour un non, les titulaires de mandats légalement inamovibles : cour suprême, banque centrale et j’en passe.
Il en a résulté de facto, que les désirs de nos Présidents sont en eux-mêmes devenus des ordres impératifs ; non seulement pour le Premier et tous les ministres de nos gouvernements mais aussi pour nos Présidents du conseil constitutionnel, pour ceux de la cour suprême, du conseil économique et social, du haut conseil islamique sans oublier le Gouverneur de la banque centrale de Mauritanie pour ne citer que ceux là.
Au niveau politique, grâce aux privilèges et autres prébendes dont ils sont les dépositaires exclusifs et dont ils savent leurs compatriotes si friands, nos Présidents sont toujours assurés, au sein des deux chambres de notre parlement d’une majorité aussi automatique qu’écrasante et dont les membres leur sont invariablement inféodés.
Dans ces conditions de total monopole des pouvoirs par un seul homme, quel qu’il soit par ailleurs, n’est il pas grand temps de se poser une question ? Et surtout d’en finir avec cette aberration ?
Comment peut on continuer, encore en 2013, à payer si cher, pour se doter d’un gouvernement souvent pléthorique, dont le Premier ministre et tous ses collègues sont dépourvus de la moindre capacité d’initiative, d’un parlement qui ne sert qu’à voter, les yeux fermés, tous les projets de loi qui lui sont soumis d’en haut, d’un conseil constitutionnel, d’une cour suprême, d’un gouverneur de banque centrale etc, tous aux ordres, j’ai failli dire au garde à vous ?
Il nous devait largement suffire que par notre constitution, nous avons déjà tout délégué à un seul homme que nous nous sommes toujours complu à regarder faire de nous et du pays tout entier, ce qu’il veut, sans coup férir.
Il faut donc changer cette insupportable situation.
Après toutes les crises politiques qui en ont dramatiquement fragilisé le tissu social déjà historiquement héritier de toutes sortes d’inégalités qui ont fini par générer des extrémismes qui menacent dangereusement ce qui existe d’’unité nationale, après tant d’années d’exercice solitaire du pouvoir qui ont mis en évidence les failles de notre système et les abus qui peuvent être exercés en son nom, ne faisons plus l’insulte à nos concitoyens de leur demander d’aller encore cautionner par leur vote le choix de députés, de conseillers municipaux ou de sénateurs avant d’avoir révisé les attributions constitutionnelles de nos institutions majeures, en particulier la Présidence de la République, le Gouvernement, le Parlement, le Conseils constitutionnel,
Une telle réforme devrait viser à doter les titulaires de ces hautes charges , non seulement des parcelles de pouvoir significatives mais surtout des garanties nécessaires à l’exercice confiant, plein et entier de leurs prérogatives respectives.
Pour cela et quitte à faire ronger leurs freins, encore quelque temps, aux candidats impatients des élections en perspective, nous nous devons d’organiser préalablement, après une large concertation au niveau national, un référendum constitutionnel qui comble par les amendements appropriés les lacunes plus haut évoquées.
Sinon, après une si longue et douloureuse gestation, la montagne de nos attentes aura accouché d’une souris ou, comme le dit un proverbe de chez nous, la rupture de notre long jeun se sera faite autour d’une bien maigre sauterelle.
Cheikh Sid Ahmed Ould Babamine
Commentaires : 6
Lus sur Cridemn : 817
Commentaires (6) sur Cridem
· iman 01/05/2013 16:52
Enfin un texte qui doit susciter débats et non BLABLA. Les mentalités changeront progressivement par l'habitude des bonnes pratiques, du respect des normes mais aussi de la crainte sans recours des… Voir plus
· Larhas 01/05/2013 16:25
Voici de bonnes idées, instructives et constructives. Le débat sérieux est ouvert, à vos plumes les politiciens et les intellectuels.
Oubliez un peu les recettes quotidiennes (terre à terre)… Voir plus
Oubliez un peu les recettes quotidiennes (terre à terre)… Voir plus
· Mariem Mohamed 01/05/2013 14:24
De Zouerate, je tiens à vous dire merci, qu'une personne de votre calibre décide de prendre part publiquement au débat. Votre réflexion est exacte et pertinente. Toutefois, il faut être conscient que… Voir plus
· bleil 01/05/2013 13:33
Serein et droit dans ses bottes... connaissant bien le pays, ces idées doivent servir aux tenants actuels du pouvoir pour aider à sortir le pays de sa torpeur!
· Ksaleh 01/05/2013 13:21
Une sage voix dans le tenebre de la surdité, mais qui vous ecoutera dans ce désert. Il faut espérer que Ould Abdel Aziz assouvisse sa soif du pouvoir en deux mandats, pour qu'il mette en oeuvre, au… Voir plus
· Dakoma 01/05/2013 13:10
Beau plèdoyer pour un oublié du partage du gateau
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire