Vendredi 5 Juin 2009
matin
Je reçois d’un ami : Dans l'ensemble, l'opinion publique a très bien réagi à l'accord de Dakar, hormis quelques faucons de l'entourage de Aziz. D'une part, la majorité des gens veulent éviter au pays le spectre des sanctions et de l'isolement. D'autre part, nous sommes tous persuadés que si l'élection se déroule avec un minimum de transparence, Aziz ne passera pas le premier, surtout que la candidature de son cousin va lui arracher une partie de son électorat. Et si jamais il passe au second tour, il ne bénéficiera d'aucun report de voix, si ce n'est celui de Kane ou de Sghair dont les scores seront ridicules.
Et d’un autre : Je suis votre raisonnement sur l’attitude que pourrait avoir le président Ould cheikh Abdallahi face au compromis de Dakar. Néanmoins il ne tiendra pas la posture que vous décrivez. Puis revenant vers moi, il ajoute : Il est probable que le vote prévu confirme le président Ould Abdel Aziz. Dans cas contraire (un élu issu ou promu au premier tour par l’opposition), la transition qui dure depuis quatre ans aurait matière à se prolonger : vous évoquez le jeu parlementariste de contestation entre autres éléments d’instabilité. Cette transition n’à que trop duré pour tout le monde. Le pouvoir devrait « se poser » dans ce pays. C’est un besoin des politiques locaux, pour qui, il y a besoin de toucher de façon stable l’objet de leur luttes et un besoin de la poignée d’Etats concernés par le pays : Les positions acquises ont à présent besoin de « mauritaniens qui retournent au travail », sans quoi la crise de pouvoir risque de se transformer en une crise politique pour coup ! Et puis « le monde » n’a pas que la Mauritanie comme objet de préoccupation.
Les médiateurs iraient à Lemnden voir le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, mais en quelle qualité ? et pour quoi ? lui faire promettre quoi ? puisque celui-ci ne peut avoir d’interlocuteur constitutionnel que l’éventuel Premier ministre, que lui présenterait – selon l’accord de Dakar – le consensus des partis politiques mauritaniens. La nomination de ce dernier est à la signature du président élu, l’article 40 de la Constitution ne la donnant pas à l’intérimaire.
ARTICLE 40: En cas de vacance ou d’empêchement déclaré définitif par le Conseil constitutionnel, le Président du Sénat assure l’intérim du Président de la République pour l’expédition des affaires courantes.
Le Premier Ministre et les membres du gouvernement, considérés comme démissionnaires assurent l’expédition des affaires courantes.
Le Président intérimaire ne peut mettre fin à leurs fonctions. Il ne peut saisir le peuple par voie de référendum, ni dissoudre l’Assemblée Nationale.
L’élection du nouveau Président de la République a lieu, sauf cas de force majeure constatée par le Conseil constitutionnel dans les trois (3) mois à partir de la constatation de la vacance ou de l’empêchement définitif. Pendant la période d’intérim, aucune modification constitutionnelle ne peut intervenir ni par voie référendaire, ni par voie parlementaire.
On est évidemment dans un tissu de contradictions, puisque le président du Sénat ne fait l’intérim qu’irrégulièrement, son assemblée n’ayant pas été renouvelée dans la proportion prévue par la Constitution : cela devait se faire en Avril, mais les putschistes pouvaient perdre leur intérimaire de choix, et censément du fait de la démission du général putschiste des fonctions qu’il a usurpées, et non du fait d'un empêchement constaté de l'élu du 25 Mars 2007. Et que faire signer quoi que ce soit au président légitime mais renversé, c’est reconnaître qu’il est encore légitime à la date de sa signature. Tandis que l’anticipation de l’élection présidentielle s’organise déjà sans qu’il ait encore signé sa démission.
Le Premier Ministre et les membres du gouvernement, considérés comme démissionnaires assurent l’expédition des affaires courantes.
Le Président intérimaire ne peut mettre fin à leurs fonctions. Il ne peut saisir le peuple par voie de référendum, ni dissoudre l’Assemblée Nationale.
L’élection du nouveau Président de la République a lieu, sauf cas de force majeure constatée par le Conseil constitutionnel dans les trois (3) mois à partir de la constatation de la vacance ou de l’empêchement définitif. Pendant la période d’intérim, aucune modification constitutionnelle ne peut intervenir ni par voie référendaire, ni par voie parlementaire.
On est évidemment dans un tissu de contradictions, puisque le président du Sénat ne fait l’intérim qu’irrégulièrement, son assemblée n’ayant pas été renouvelée dans la proportion prévue par la Constitution : cela devait se faire en Avril, mais les putschistes pouvaient perdre leur intérimaire de choix, et censément du fait de la démission du général putschiste des fonctions qu’il a usurpées, et non du fait d'un empêchement constaté de l'élu du 25 Mars 2007. Et que faire signer quoi que ce soit au président légitime mais renversé, c’est reconnaître qu’il est encore légitime à la date de sa signature. Tandis que l’anticipation de l’élection présidentielle s’organise déjà sans qu’il ait encore signé sa démission.
après-midi
Je visite les sites mauritaniens. Taqadoumy et For.Mauritania. Le premier est plus intéressant encore par la publication de commentaires à ses articles et dépêches que par le contenu de ceux-ci. Mais – est-ce contre moi, ou s’agit-il de hasards répétés ? – le site s’évanouit quand je m’identifie pour les commentaires que je donne. J’ai dû prendre plusieurs « identités » pour faire remarquer les contradictions multiples tournant autour de la personne et de la fonction du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. La laudation de celui-ci par le président Wade : déplacée hier soir, à la cérémonie de signature à Nouakchott, de l’accord du 3 paraphé à Dakar. Wade a reçu une déclaration en sortant de table chez Sidi, le 15 Mai, il ne l’a pas revu depuis, je lui ai écrit hier matin à quelles conditions son homologue légitime a d’abord pensé pour que sa démission serve à quelque chose : désarmer les militaires, et j’ai exposé la logique d’un intérim précisément exercé par lui qui ne remettrait l’exercice de ses fonctions présidentielles recouvrées non pour quelques secondes mais pour quelques semaines, à l’élu du prochain scrutin. Respect du consensus sur la tenue de ce scrutin, mais relais des manifestations de ces dix mois pour que vraiment les armes principales soient enfin au musée des mauvais souvenirs. Wade sait donc, et pourquoi n’irait-il pas à Lemden lui-même. For-Mauritania enregistre les approbations de partout et m’apprend que l’ambassade de Paris a été occupée quelques heures.
Au total, je crois surtout que rien n’est figé ni prévisible. Mes amis nouakchottois, dans cette ambiance, croient que le putschiste peut être battu, mais ils comptent sur un autre militaire, celui du putsch précédent. Foule de candidats qui effectivement vont forcer au second tour. Pas d’indice d’un raz-de-marée pour mon cher Ahmed Ould Daddah, pas non plus de mouvement d’admiration et de sympathie pour l’éminent ami – le président légitime mais renversé – que notre correspondance de ces derniers temps m’a donné. L’imprévisible…
Fidèle à son nouveau visage et à ses nouvelles manières, la France… c’est notre ambassadeur à Dakar, pourtant en disgrâce au début de l’année puisque le président Wade demandait son rappel, et initialement créature de Kouchner, l’académicien Ruffin qui salue l’accord, assure que Nicolas Sarkozy a suivi chaque péripétie de la négociation, et qui se rend à Nouakchott, en tant que facilitateur. Bruguière, seul ambassadeur démissionnaire en Juin 1940 – il était à Budapest – re-démissionne en 1946 quand il apprend par la presse que le président du Gouvernement provisoire, ministre des Affaires étrangères, vient en visite à Bruxelles où il nous représente. Il donne sa démission alors que le mariage de sa fille devait se célébrer dans la semaine et évidemment à l’ambassade. Le nôtre à Nouakchott…
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