Bref commentaire de la lettre ouverte
adressée au Président de la République française
par quelques personnalités mauritaniennes
en sus de l’annotation de cette lettre et de l’identification des signataires
1°
le procédé n’est pas nouveau. Jacques Chirac avait été destinataire au moment des débats aux Nations Unies sur l’Irak, et avant lui François Mitterrand à la veille de la guerre du Golfe. Il confirme une confiance et des affinités ;
2°
la Mauritanie est signataire du traité ACP de Cotonou et du statut de l’Union africaine, elle a été le 4 Juillet 2008 la première à ratifier les instruments du Conseil de sécurité et de paix qui l’a précisément condamnée : la lettre ne fait pas état de ces engagements par traité ; elle ignore aussi la résolution du Parlement européen (4 Septembre) pour ne s’en prendre qu’à l’Union africaine, ce qui est contraire à sa tradition diplomatique et surtout à son fond ;
3°
nulle part, la lettre ne mentionne les ou des militaires, a fortiori le principal d’entre eux, le général Mohamed Ould Abdel Aziz dont le pouvoir n’est pas exercé en collège et qui s’est donné, sans même le texte de l’ordonnance constitutionnelle des pustchistes, le titre de chef de l’Etat – à lire le texte, on pourrait croire qu’il s’agit d’une affaire entre civils, la junte s’étant camouflé en Haut Conseil d’Etat, ce que les putschistes de toutes générations n’avaient encore jamais fait ; ils s’identifiaient toujours en Comité militaire ou en Conseil militaire ;
4°
la rédaction de la lettre n’étant pas datée, on ne peut savoir si l’omission des « états-généraux de la démocratie » dont le principe a été admis trois jours avant le début des consultations avec l’Union européenne (17 Octobre) et l’organisation confiée au Premier ministre nommé par Mohamed Ould Abdel Aziz – tient à ce que la rédaction et la collation des signatures sont antérieures à cette annonce, ou au contraire si elles signifient le peu d’importance à attacher à cet exercice – l’analogue avait eu lieu du 25 au 29 Octobre 2005 et avait défini l’instance de contrôle des scrutins indépendante des militaires et le calendrier de ces scrutins ; il n’y a donc aucune évocation de l’élaboration d’un consensus, d’un calendrier électoral et donc aucune esquisse de « sortie de crise » : la lettre se lit comme une mise en garde de la France, présidente en exercice de l’Union européenne, contre les conséquences d’une persistance de sa réserve vis-à-vis du « changement » opéré le 6 Août 2008 ; signée le 20 Octobre, c’est-à-dire le jour-même de la première réunion de consultations entre la République Islamique de Mauritanie et l’Union européenne, l’omission des « états-généraux » et la mise en garde, sans indication quelconque d’une issue de crise sont bien une mise en demeure de respecter sans inventaire le libre-arbitre des Mauritaniens, pratiquement délégué aux militaires – selon la théorie de la souveraineté nationale explicitement placée en tête de toutes les chartes constitutionnelles pustchistes
5°
les marches et motions de soutien l’été de 2008 sont calquées sur celles de l’été de 2005 et même sur celles saluant l’échec de la tentative de putsch de Juin 2003 : les mêmes autorités morales et spirituelles, 2008 se distinguant par l’émergence d’entités jusques-là inconnues et n’ayant jamais figuré en campagnes électorales – les « instructions » du chef d’Etat auto-proclamé au gouvernement nommé discrétionnairement sont analogues ;
6°
les putschistes n’ont pas la majorité des 3/5èmes requise dans chaque chambre par l’article 99 de la Constitution du 20 Juillet 1991, toujours censément en vigueur, sauf l’exercice, collégial censément aussi, de la présidence de la République, pour pouvoir opérer une révision et la soumette au referendum - l’habileté ayant consisté à ne pas suspendre le Constitution et à ne pas renvoyer le Parlement peut se retourner contre la junte
(67 députés sur 95 le 13 Août, mais plus que 56 le 20 Août & 39 sénateurs sur 56 le 13 Août et 37 le 20 – effectif évolutif selon le cours des événements – les résultats du vote de confiance au gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Lafhdaf, nommé par la junte, n’ont pas été publiés : en séance 57 députés, le 20 Septembre)
le président de chacune des deux chambres récuse la « rectification »
7°
manquent aux signatures les précédents chefs d’Etat pustchistes, au moins les colonels Mustapha Ould Mohamed Saleck et Mohamed Khouna Ould Haïdalla, tous deux résidant souvent à Nouakchott (le second ayant communiqué son soutien au mouvement du 6 Août) – et le colonel Ely Ould Mohamed Vall, à qui fut refusé par Mohamed Ould Abdel Aziz, la position de réserve qui l’aurait rendu éligible à l’élection présidentielle suivant celle de 2007 (quel qu’en soit la date…) – manquent aussi les Premiers ministres récents : celui de la période de transition démocratique 2005-2007 (Sidi Mohamed Ould Boubacar : 7 Août 2005 – qui avait également été Premier ministre d’Ould Taya : 18 Avril 1992) et le premier nommé par Sidi Ould Cheikh Abdallahi dont le changement avait été le prétexte à l’hostilité parlementaire depuis le mois de Mai (Zeine Ould Zeidane : 20 Avril 2007) – manquent enfin deux des organisateurs de la précédente transition démocratique : un colonel HR Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, ancien ministre et président de la CENI (commission électorale indépendante de 2005-2007) ; Habib Ould Hemet, organisateur des journées de concertation d’Octobre 2005
8°
les signatures recueillies, sauf cinq ou six, ne sont pas probantes. Elles montrent au contraire la faiblesse du mouvement des militaires. Il s'agit de peronnalités connues pour avoir, dès la prise du pouvoir par la junte, affiché publiquement leur soutien sans la moindre réserve ou retenue. A l’exception du colonel Viyah Ould Maayouf, tous les anciens ministres cités ne l’ont été que sous un des régimes militaires. Aucun hartani, que quatre originaires de la vallée du Fleuve : trois Poular, un Soninké, aucun Ouolof. Les fonctions actuelles sont occultées au profit d'anciennes. Sur les 38 signataires, 17 sont originaires des deux Hodh, cest-à-dire de l’Est mauritanien personnalités connues pour leur soutien au régime en place autrement dit. Absence de membres de professions libérales ou de personnalités connues par leur passé démocratique ou leur engagement pour la défense des droits de l’homme. En réalité, aucun ralliement marquant à l’état de fait. Ce sont pour la plupart des concours au coup qui s’avouent./.
Bertrand Fessard de Foucault – 2 Novembre 2008
adressée au Président de la République française
par quelques personnalités mauritaniennes
en sus de l’annotation de cette lettre et de l’identification des signataires
1°
le procédé n’est pas nouveau. Jacques Chirac avait été destinataire au moment des débats aux Nations Unies sur l’Irak, et avant lui François Mitterrand à la veille de la guerre du Golfe. Il confirme une confiance et des affinités ;
2°
la Mauritanie est signataire du traité ACP de Cotonou et du statut de l’Union africaine, elle a été le 4 Juillet 2008 la première à ratifier les instruments du Conseil de sécurité et de paix qui l’a précisément condamnée : la lettre ne fait pas état de ces engagements par traité ; elle ignore aussi la résolution du Parlement européen (4 Septembre) pour ne s’en prendre qu’à l’Union africaine, ce qui est contraire à sa tradition diplomatique et surtout à son fond ;
3°
nulle part, la lettre ne mentionne les ou des militaires, a fortiori le principal d’entre eux, le général Mohamed Ould Abdel Aziz dont le pouvoir n’est pas exercé en collège et qui s’est donné, sans même le texte de l’ordonnance constitutionnelle des pustchistes, le titre de chef de l’Etat – à lire le texte, on pourrait croire qu’il s’agit d’une affaire entre civils, la junte s’étant camouflé en Haut Conseil d’Etat, ce que les putschistes de toutes générations n’avaient encore jamais fait ; ils s’identifiaient toujours en Comité militaire ou en Conseil militaire ;
4°
la rédaction de la lettre n’étant pas datée, on ne peut savoir si l’omission des « états-généraux de la démocratie » dont le principe a été admis trois jours avant le début des consultations avec l’Union européenne (17 Octobre) et l’organisation confiée au Premier ministre nommé par Mohamed Ould Abdel Aziz – tient à ce que la rédaction et la collation des signatures sont antérieures à cette annonce, ou au contraire si elles signifient le peu d’importance à attacher à cet exercice – l’analogue avait eu lieu du 25 au 29 Octobre 2005 et avait défini l’instance de contrôle des scrutins indépendante des militaires et le calendrier de ces scrutins ; il n’y a donc aucune évocation de l’élaboration d’un consensus, d’un calendrier électoral et donc aucune esquisse de « sortie de crise » : la lettre se lit comme une mise en garde de la France, présidente en exercice de l’Union européenne, contre les conséquences d’une persistance de sa réserve vis-à-vis du « changement » opéré le 6 Août 2008 ; signée le 20 Octobre, c’est-à-dire le jour-même de la première réunion de consultations entre la République Islamique de Mauritanie et l’Union européenne, l’omission des « états-généraux » et la mise en garde, sans indication quelconque d’une issue de crise sont bien une mise en demeure de respecter sans inventaire le libre-arbitre des Mauritaniens, pratiquement délégué aux militaires – selon la théorie de la souveraineté nationale explicitement placée en tête de toutes les chartes constitutionnelles pustchistes
5°
les marches et motions de soutien l’été de 2008 sont calquées sur celles de l’été de 2005 et même sur celles saluant l’échec de la tentative de putsch de Juin 2003 : les mêmes autorités morales et spirituelles, 2008 se distinguant par l’émergence d’entités jusques-là inconnues et n’ayant jamais figuré en campagnes électorales – les « instructions » du chef d’Etat auto-proclamé au gouvernement nommé discrétionnairement sont analogues ;
6°
les putschistes n’ont pas la majorité des 3/5èmes requise dans chaque chambre par l’article 99 de la Constitution du 20 Juillet 1991, toujours censément en vigueur, sauf l’exercice, collégial censément aussi, de la présidence de la République, pour pouvoir opérer une révision et la soumette au referendum - l’habileté ayant consisté à ne pas suspendre le Constitution et à ne pas renvoyer le Parlement peut se retourner contre la junte
(67 députés sur 95 le 13 Août, mais plus que 56 le 20 Août & 39 sénateurs sur 56 le 13 Août et 37 le 20 – effectif évolutif selon le cours des événements – les résultats du vote de confiance au gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Lafhdaf, nommé par la junte, n’ont pas été publiés : en séance 57 députés, le 20 Septembre)
le président de chacune des deux chambres récuse la « rectification »
7°
manquent aux signatures les précédents chefs d’Etat pustchistes, au moins les colonels Mustapha Ould Mohamed Saleck et Mohamed Khouna Ould Haïdalla, tous deux résidant souvent à Nouakchott (le second ayant communiqué son soutien au mouvement du 6 Août) – et le colonel Ely Ould Mohamed Vall, à qui fut refusé par Mohamed Ould Abdel Aziz, la position de réserve qui l’aurait rendu éligible à l’élection présidentielle suivant celle de 2007 (quel qu’en soit la date…) – manquent aussi les Premiers ministres récents : celui de la période de transition démocratique 2005-2007 (Sidi Mohamed Ould Boubacar : 7 Août 2005 – qui avait également été Premier ministre d’Ould Taya : 18 Avril 1992) et le premier nommé par Sidi Ould Cheikh Abdallahi dont le changement avait été le prétexte à l’hostilité parlementaire depuis le mois de Mai (Zeine Ould Zeidane : 20 Avril 2007) – manquent enfin deux des organisateurs de la précédente transition démocratique : un colonel HR Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, ancien ministre et président de la CENI (commission électorale indépendante de 2005-2007) ; Habib Ould Hemet, organisateur des journées de concertation d’Octobre 2005
8°
les signatures recueillies, sauf cinq ou six, ne sont pas probantes. Elles montrent au contraire la faiblesse du mouvement des militaires. Il s'agit de peronnalités connues pour avoir, dès la prise du pouvoir par la junte, affiché publiquement leur soutien sans la moindre réserve ou retenue. A l’exception du colonel Viyah Ould Maayouf, tous les anciens ministres cités ne l’ont été que sous un des régimes militaires. Aucun hartani, que quatre originaires de la vallée du Fleuve : trois Poular, un Soninké, aucun Ouolof. Les fonctions actuelles sont occultées au profit d'anciennes. Sur les 38 signataires, 17 sont originaires des deux Hodh, cest-à-dire de l’Est mauritanien personnalités connues pour leur soutien au régime en place autrement dit. Absence de membres de professions libérales ou de personnalités connues par leur passé démocratique ou leur engagement pour la défense des droits de l’homme. En réalité, aucun ralliement marquant à l’état de fait. Ce sont pour la plupart des concours au coup qui s’avouent./.
Bertrand Fessard de Foucault – 2 Novembre 2008
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en caractères normaux - le texte initial
en italique, mes annotations
LETTRE OUVERTE
A Son Excellence
Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République Française
Président en exercice de l’Union Européenne
Monsieur le Président,
Le 6 Août dernier un changement est intervenu au sommet de l’Etat mauritanien. Un Haut Conseil d’Etat s’est substitué à l’institution présidentielle alors que les voies constitutionnelles de solution à la crise politique – opposition au nouveau Premier ministre depuis Mai 2008 d’une majorité parlementaire menée par les futurs pustchistes depuis le remplacement du Premier ministre nommé au début de son mandat présidentiel par Sidi Ould Cheikh Abdallahi – n’étaient pas épuisées. Le Président était d’accord pour un débat de censure et pour la constitution de la Haute-Cour à l’ouverture de la session . en principe le 10 Septembre .
D’autres citoyens, non moins mauritaniens et sans doute de bonne foi, ont exprimé une opinion différente. L’opposition au putsch est frontale : manifestations réprimées dès le 6 Août, puis le 11 Août, et surtout les 5.6 et 7 Octobre – désaveu des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat qui jugent illégale la session extraordinaire du Parlement et par conséquent tous ses actes (mise en place de la Haute Cour, comparution de l’épouse du chef de l’Etat en commission sénatoriale avec interrogation de niveau commissariat de police, investiture du gouvernement nommé par les putschistes) : position répétée avec force en Mauritanie et à l’étranger par Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale qu’on a tenté de démettre d’un mandat valable pour toute la durée de la législature – défaut de réception des émissaires de Nouakchott dans bien des villes et localités au point que depuis le 1° Novembre, ce sont des membres de la junte qui vont désormais porter la bonne parole
Le Parlement, - il n’a pas été dissous comme lors des putsches de 1978 et de 2005, tout simplement parce que les élections aux deux chambres, en Novembre 2006 (Assemblée nationale) et Janvier 2007 (Sénat) avaient en grande partie influencées par les militaires, et qu’à dessein elles précédaient l’élection présidentielle pour en chambrer le gagnant quel qu’il soit. Il semble cependant que Sidi Ould Cheikh Abdallahi « indépendant » était le candidat des militaires, alors qu’Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir étaient chacun à la tête de partis inscrits dans la géographie, la sociologie et la durée majoritairement favorable au mouvement rectificatif – 67 députés sur 95 le 13 Août, mais plus que 56 le 20 Août & 39 sénateurs sur 56 le 13 Août et 37 le 20 – effectif évolutif selon le cours des événements – les résultats du vote de confiance au gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Lafhdaf, nommé par la junte, n’ont pas été publiés : en séance 57 députés, le 20 Septembre, a appelé au dialogue et proposé un projet de feuille de route, pour une transition politique acceptée et co-gérée par les différentes parties, en vue d’une élection présidentielle transparente et irréprochable . cette feuille de route, adoptée le 14 Septembre a été elle-même « rectifiée » dès le surlendemain du vote car elle contestait à la junte le pouvoir de légiférer en matière électorale – les élections de 2006 et 2007 avaient été organisées par une commission électorale nationale indépendante nommée consensuellement . la CENI . très appuyée en logistique par l’Union européenne – sous la « démocratie de façade » d’Ould Taya de 1992 à 2003, chaque élection a été présentée comme transparente et irréprochable . la condition décisive : neutralité et inéligibilité des militaires ne figure que de manière très indirecte dans la feuille de route adoptée le 14 Septembre mais plus dans l’analyse présentée en conférence de presse le 17 – elle n’est jamais acceptée par Mohamed Ould Abdel Aziz, qui, de ce fait, n’a pas obtenu la participation gouvernementale du RFD et d’Ahmed Ould Daddah .
A ces propositions d’ouverture, l’une des parties a opposé le préalable du retour aux affaires du président destitué – le Front national pour la défense de la démocratie a publié un memorandum très détaillé donnant un bilan et des sorties de crise.
Les autres parties arguent, que depuis l’indépendance, et malgré le grand nombre de changements à la tête de l’Etat, aucun président n’a guère été rétabli.
En raison des risques évidents – l’argument de la guerre civile est nouveau en Mauritanie : le remplacement des futurs putschistes dans leurs postes a été présenté par les soutiens de la « rectification » comme fauteur de cette guerre civile, le peuple ne l’a jamais souhaité et encore moins les intéressés eux-mêmes – pur mensonge, Moktar Ould Daddah emprisonné dix-huit mois puis condamné à perpétuité par contumace en 1980 ne pouvait pas s’exprimer, Mohamed Khouna Ould Haïdalla a été emprisonné pendant les cinq ans suivant son renversement en 1984 et Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya n’a pu rentrer au pays depuis son renversement en 2005, pas plus que la communauté internationale – elle l’a prétendu, quoiqu’à tort dans le cas d’Ould Taya – François Mitterrand, dans les quatre mois de son arrivée à l’Elysée, a proposé, en accord avec Hassan II, à Moktar Ould Daddah de le faire « revenir », le père-fondateur a refusé de revenir au pouvoir entre les baïonnettes étrangères,.
Pour nous, mauritaniens, ces positions momentanément divergentes n’occultent en rien notre capacité de compromis et notre tendance à privilégier le consensus.
Notre culture pleine d’humanisme et de spiritualité, nous a appris à cultiver la vertu du dialogue et enseigné la faculté de l’oubli et du pardon.
Notre stoïque patience a toujours permis d’arranger nos problèmes et restaurer nos harmonies, vg. renversement d’un homme unanimement respecté, au moins personnellement, Moktar Ould Daddah, en 1978 - mort suspecte d’Ould Bouceif, alors homme fort en Mai 1979 – exécution de deux anciens membres du comité militaire Ould Sidi et Ould Bah Ould Abdel Kader s’étant révolté contre Ould Haïdalla en Mars 1981 -, renversement et emprisonnement d’Ould Haïdalla en Décembre 1984 – massacres de 500 officiers et soldats Toucouleurs en 1989-1990 – hantise du complot de 1980 à 1990 – tentative difficilement réprimée de coup militaire en Juin 2003 – renversement d’Ould Taya en Août 2005 – arrestation par les putschistes des officiers qui devaient les remplacer au matin du 6 Août 2008.
Ils se doivent d’être, pour nous, des facilitateurs bienveillants.
Monsieur le Président,
La mémoire collective universelle ne retient, et ne voudrait d’ailleurs retenir, de la France que le pays des Lumières, la patrie des droits de l’Homme et du respect des choix des peuples et des Etats.
Notre mémoire à nous retient bien plus que cela :
La France avec laquelle nous avons construit, au fil du temps, des relations fort privilégiées. Des relations, certes complexes, émaillées de résistances, d’adversité, mais aussi d’amitiés, diverses et multiformes, de respect et de loyauté, de fraternité d’armes et d’universalité, dans un enrichissement mutuel de langue et de culture.
La France, un grand pays ami que nous respectons, et qui nous a toujours fascinés par ses valeurs, fondement de sa personnalité, de sa grandeur et de son rayonnement.
La France à laquelle nous sommes redevables de notre existence, en tant qu’Etat-Nation, qu’elle a toujours su accompagner, soutenir et protéger.
La France qui nous a prouvé, en toute occasion, l’intérêt qu’elle accorde à la stabilité de notre pays, en raison de sa position stratégique et de son espace géopolitique, charnière entre le Nord et le Sud du Sahara, et au centre de la sphère culturelle arabo-afro-islamique – c’est l’œuvre de Moktar Ould Daddah, qu’il résumait mieux et plus lapidairement que les signataires : trait d’union – et qu’a raillée le colonel Ely Ould Mohamed Vall dans le premier entretien accordé à Jeune Afrique en Octobre 2005.
Monsieur le Président,
Au vu de ce qui précède, mais aussi de ce qui suit, nous croyons avoir de bonnes raisons pour nous autoriser à vous interpeller, pour attirer votre attention sur le danger qui guette notre pays, envers lequel la France a une responsabilité, historique.
Monsieur le Président,
Vous avez, sans doute, en mémoire que le premier Etat central mauritanien a été installé par la France, en 1960. Cet Etat est encore jeune, c’est dire combien nos structures politiques et sociales sont fragiles. – cette analyse ne tient pas. La Mauritanie s’analysait elle-même (débat d’investiture du premier gouvernement, selon la « loi-cadre » en 1956-1957 comme un projet d’Etat tenant aux structures administratives mises en place par la puissance coloniale depuis 1903 – une partie du problème mauritanien comme de toute l’Afrique subsaharienne est au contraire la pérennité de structures sociuo-politiques « traditionnelles » antérieures à la domination étrangère – les structures « modernes » ne sont efficaces que quand elles permettent la transposition de ces structures traditionnelles, notamment la décision par consensus – qui est tout le contraire des systèmes d’alternance au pouvoir et d’un certain manichéisme copiés de l’Europe occidentale et de l’Amérique anglosaxonne – les structures mauritaniennes sont solides puisqu’elles ont survêcu au renversement du père-fondateur, à trente ans d’autorité militaire et aux dramatiques semaines de pogroms de part et d’autre du fleuve Sénégal au printemps de 1989
Dans ce cas la Mauritanie n’aurait pas le choix et ne serait même pas responsable de ce qui pourrait arriver. Seule la communauté internationale devait en répondre, car, au mieux, elle aurait acculé et poussé notre pays dans des retranchements de désespoir ; au pire, elle l’aurait précipité vers une «somalisation» aux conséquences incalculables. Dans le premier cas ce serait la faiblesse de l’Etat, dans le deuxième, sa négation. Chantage aussi à un recours à la Russie, à la Chine
La courte période de règne du Président déchu nous a édifié sur ce qui peut arriver, en cas d’affaiblissement de l’Etat : émeute de la faim avec mort d’hommes, assassinat de touristes français, attaques contre les garnisons de l’armée, fusillade en plein centre de la capitale, annulation du Paris-Dakar pour cause de menace terroriste, etc. qui était à la tête des forces armées lors de ces drames, sinon les putschistes ? est-ce à un président civil d’organiser la sécurité d’un pays en dehors des forces armées ?
Qu’adviendrait-il alors en l’absence totale de l’Etat ? on est hors sujet – la question est de pourvoir à une direction de l’Etat acceptée par toutes les parties mauritaniennes
Monsieur le Président,
Ce tableau noir, schématiquement esquissé, peut, malheureusement, ne pas être une fiction improbable, car il s’agit tout simplement d’une extrapolation prospective d’un réel vécu.
Monsieur le Président,
L’idée de l’Union Euro-méditerranéenne est si fraîche que les démocraties de la rive Nord n’ont pas encore eu le temps de déteindre sur celles de la rive Sud. En cela l’uniformité n’est peut-être ni souhaitable, ni réalisable tant les spécificités sont tenaces – même réticences qu’exprimait Ould Taya à ses collaborateurs au retour du sommet de La Baule, marquant, à l’initiative de la France, le début d’un processus de relative démocratisation de l’ancienne Afrique d’expression française. A ce stade de notre développement socioculturel et politique, nous ne retenons principalement de la démocratie que la notion du libre choix, valable autant pour les individus que pour les peuples et les Etats. – y a-t-il eu libre choix le 6 Août 2008 – le coup du 3 Août 2005 n’a été bien accueilli que pour deux raisons : Ould Taya était détesté unanimement ou majoritairement, les militaires promettaient des élections qu’ils ne contrôleraient pas et n’investiraient pas eux-mêmes (une commission nationale électorale indépendante nommée par consensus) – à supposer que le 6 Août 2008, Sidi Ould Cheikh Abdallahi était autant détesté (en réalité, il lui était reproché d’être faible devant les militaires et de ne pas décider la dissolution de l’Assemblée et le renvoi de son entourage militaire), il reste que la seconde condition d’acceptation du putsch par la population, n’est toujours pas remplie – au contraire se prépare une élection plébiscitaire de mohamed ould Abdel Aziz, d’abord porté par une campagne de signatures (donc sans garantie d’un vote à bulletins secrets) contre « l’ingérence étrangère » et « un quelconque embargo »
C’est pourquoi, au lendemain du changement du 06 août 2008, nous avons été à la fois surpris et indignés par la levée de boucliers de la part de pays frères et amis à la Mauritanie.
Nous nous attendions plutôt à plus de compréhension, à une attitude positive – la communauté internationale a été plus que patiente : les visas ont été accordés aux autorités nommées par les putschistes, les ministres de ceux-ci ont été acceptés et entendus dans toutes les réunions de leur niveau, y compris celles traitant des droits de l’homme ! les conventions de pêche ont été renouvelées avec l’Union européenne ; les entreprises européennes et notamment françaises continuent à contracter et à investir (Total… Gaz de France), les espagnoles et les allemandes aussi . Comprendre la Mauritanie dans ces circonstances, c’est respecter le choix de la majorité de ses citoyens – quelle est la manifestation de ce choix ?, quitte, par la suite, dans la discrétion pour ménager la face des putschistes ? mais ceux-ci ménagent-ils la communauté internationale en montant leurs compatriotes contre l’étranger, en jouant une xéophobie qui ne trompe personne en Mauritanie et n’est qu’artifice des médias publics, en défiant l’Union africaine et en s’appuyant sur le précédent du Zimbabwe ! auprès des ACP et la confiance, à lui faire part des conseils et suggestions recevables.
C’est cela l’amitié, c’est cela la fraternité, les vraies.
Mr le Président,
L’entêtement de l’Union Africaine sous l’influence de certains de ses membres représentés au sein de ses instances dirigeantes, à mobiliser la communauté internationale contre la Mauritanie sous le prétexte fallacieux d’imposer la démocratie, nous inquiète par les perspectives dangereuses qu’il semble vouloir ouvrir et la volonté manifeste de faire de notre pays un cas d’école – le président de la Commission de l’Union africaine, le commissaire compétent pour la sécurité et la paix sont venus plusieurs fois à Nouakchott : ce n’est pas de l’a priori. La « sortie de crise conforme à la Constitution mauritanienne » recouvre plusieurs possibilités qui ne résument pas à la seule remise en selle du président – toujours emprisonné et interdit de communication avec quiconque
Pas de mention de la résolution du Parlement européen votée le 4 Septembre
L’appel de la France au sein de la communauté internationale en vue de l’entraîner à prendre des sanctions des plus sévères contre la Mauritanie, constitue une prise de position particulièrement choquante et une escalade d’une gravité extrême – ce ton est peu admissible et contredit les coups de la brosse à reluire à peine plus haut.
Il est de notre devoir, en tant que responsables mauritaniens – à quel titre : du passé ? et lequel ? cf. commentaire de chacune des signatures attachés aux intérêts nationaux de notre pays et prioritairement sa dignité, mais aussi soucieux de sauvegarder les liens privilégiés que nos deux peuples et nos deux Etats ont su tisser tout au long de relations devenues séculaires, de faire appel à votre sens de la responsabilité, à vos qualités d’homme d’Etat, afin que La France et la Mauritanie ne soient pas entraînés dans un engrenage régional et international qui ne manquerait pas de casser cette harmonie tant matérielle que morale, des rapports que nous avons toujours su préserver des tempêtes contingentes – l’affaire de l’officier mauritanien, convaincu de torture et interpellé en France, en sorte qu’Ould Taya se départit totalement de l’assistance technique militaire française
· Le retour (au pouvoir) de l’ex-président – il n’est pas même libéré pour être seulement assigné à résidence.
· Les mesures de sanctions en vue de faire plier la Mauritanie sous la contrainte – il n’y a pas encore eu.
En dehors de ces deux questions, tout le reste peut être discuté entre mauritaniens en présence facilitatrice et bienveillante de nos amis et partenaires au développement en tête desquels nous plaçons la France. Pas d’ouverture sur le retrait des militaires et des élections dans les meilleurs délais
Dans cette perspective, monsieur le Président, nous vous assurons de notre disponibilité en tant que leaders d’opinion – la plupart ne sont pas reconnus en tant que tels à apporter notre contribution pleine et entière à toute sortie de crise honorable pour tous.
Veuillez agréer, monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.
Les signataires
caractéristiques communes- il s'agit de personnalités connues pour avoir, dès la prise du pouvoir par la junte, affiché publiquement leur soutien sans la moindre réserve ou retenu - parmi les signataires, il n y a aucun hartani - sur les 38 signataires, il n y a que 4 originaires de la vallée du Fleuve (3 Poullar et un Soninké et donc aucun Ouolof) - les fonctions actuelles sont occultées au profit d'anciennes - sur les 38 signataires, 17 sont originaires des deux Hodh : l’Est du pays - il s'agit de personnalités connues pour leur soutien au régime en place autrement dit à ceux qui gouvernent, hormis peut être cinq ou six exceptions - absence de membres de professions libérales et de personnalités connues par leur passé
2. Sid’Ahmed Ould Bneijara, ancien Chef de Gouvernement, ancien Médiateur de la République gouverneur adjoint de la Banque centrale de Mauritanie avant le premier putsch, celui de 1978, il est le civil qui a poussé les militaires à renverser le père-fondateur Moktar Ould Daddah, il a été l’éphèmère Premier ministre d’Ould Haïdalla en 1980-1981 lors de la tentative de celui-ci d’établir une nouvelle Constitution et de rendre le pouvoir aux civils, il a servi tous les régimes militaires, il anime la coalition des députés soutenant actuellement la junte ; il était membre d'une « initiative » pour mettre fin au mandat de Sidi Ould Cheikh Abdallahi
3. Colonel Mohamed Sidina Ould Sidya, ancien Ministre des Affaires Etrangères, ancien Ministre de l’intérieur ancien ministre des Affaires Etrangères et chargé de la permanence (secrétariat exécutif) du Comité militaire de salut national, ancien ministre de l’Intérieur (sous Ould Taya), éclipsé depuis 1992 sans pouvoir rentrer en grâce
4. Colonel Mohamed Mahmoud Ould Deh, ancien Ministre, ancien chef d’Etat-major de la Gendarmerie Nationale membre de tous les Comités militaires, puis directeur inamovible du port autonome de Nouakchott, reconverti dans les affaires depuis - l'un des principaux actionnaires d'une banque aujourd'hui en redressement après qu'il ait cédé ses action à bon prix et grand propiétaire foncier à Nouakchott
5. Ahmedou Ould Sidi Ould Hanena, ancien Ministre(sous Ould Mohamed Salek et Ould Haidalla), ancien Ambassadeur (sous Ould Taya) - occupé les fontions citées sans envergure, membre d'’initiative’ pour soutenir les généraux
6. Moloud Ould Sidi Abdallah, ancien Ministre, ancien Ambassadeur (sous Ould Taya) la rumeur en fait le champion du détournement de biens publics et l’un des plus corrompus du personnel politique, membre d' ‘initiative’ pour soutenir les généraux
7. Hbib Ould Ely, ancien sénateur (sous Ould Taya), ancien président de la Chambre de Commerce - membre d' ‘initiative’ pour soutenir les généraux
8. Heibetna Ould Sidi Heiba, ancien Ministre, ancien Recteur de l’Université de Nouakchott – , (sous Taya) cosignataire avec Said Ould Hammody et d’autres d’une lettre ouverte à Mitterrand en 1990 lors de la première guerre du golfe - dissimule ses fonctions actuelles : président de la HAPA (haute autorité de la presse et de l'audio visuel) après sa participation à un débat à la télévision nationale où il s’est affirmé idéologue du coup d'Etat; pourquoi n’est-ce pas dit ?
9. Bouh Ould Mohamed El Mokhtar, Juriste , membre d'’initiative’ pour soutenir les généraux
10. Lafdal Ould Abd El Wedoud, ancien Secrétaire d’Etat ancien directeur de l’ENA et effectivement ancien Secrétaire d’Etat (sous Ould Taya)
11. Colonel Ahmed Ould Ahmed Aida, ancien Chef d’Etat-major de la Garde Nationale - membre du premier Comité militaire (CMRN) en 1978 qui renversa Moktar Ould Daddah ; depuis plus de 15 ans : président du Croissant rouge mauritanien qu'il gère, selon la rumeur, en propriété personnelle ; pourquoi n’est-ce pas dit ? – grand nom, famille émirale de l’Adrar
12. Ahmed Ould Youssef Ould Cheikh Sidya, ancien Bâtonnier de l’ordre des Avocats très grand nom, mais envergure discutée
13. Eby Ould Doussou, ancien Sénateur (sous Ould Taya)
14. El Arbi Ould Kerkoub, ancien Préfet il peut être considéré comme élément plus ou moins indépendant
15. Sidi Ould Ahmed Deya, ancien Ministre (sous Ould Taya) - nommé par la junte Inspecteur Général de l'Etat après son animation d'initiative pour soutenir les militaires, lui aussi remarqué en débats à la télévision nationale
16. Mohamed Ould Mohamed Salem, Avocat guère connu au barreau de Nouakchott
17. Saad Ould Louleid, chercheur, Pr. Du FNDD/Choix National ingénieur agronome et ancien directeur du fameux projet Oasis (sous Taya) - d’abord farouche opposant au putsch, a changé sa position pour animer une grande ‘initiative’ et drainer du soutien au coup d'Etat ; certains pensent qu’il été payé mais comment ?
18. Abdi Ould El Waghef, Agronome prison durant quelques années pour détournement ; sa signature ne surprend pas
19. Capitaine Jeddou Ould El Haki, ancien Directeur de la Sûreté Nationale ancien avocat général à la Cour spéciale de justice sous Ould Haidalla, notamment lors de la mascarade de procès du président Moktar Ould Daddah en Octobre.Novembre 1980 ; exécuteur alors des basses œuvres - ancien préfet (sous Taya)
20. Ali Bakary Kamara, Avocat, ancien Consul Général prison durant cinq ans pour escroquerie et abus de confiance
21. Sid’Ahmed Ould El Khou, ancien député (sous Ould Taya) sans envergure et presque inconnu
22. Devali Ould Cheine, Homme d’Affaires ami et membre d'un groupe politique (le Baas mauritanien soutenu depuis les années 1980 par l’Irak) dont le chef (Mohmaed Yehdhih Ould Breidileid) est considéré comme l'idéoloque attitré de la junte
23. Ba Amadou Racine, ancien Ministre, ancien Ambassadeur (sous Ould Taya) famille connue, élément plus ou moins indépendant
24. Mohamed Lemine Ould El Ketab, ancien Ambassadeur, ancien Recteur.membre d’initiative pour soutenir les généraux
25. Mohamed Lemine Ould Haicen, Avocat, Notaire il n'est plus avocat, mais notaire parce que les deux fonctions sont incompatibles, passe pour très ambitieux
26. Oumar Ould El Mamy, ancien Secrétaire général de Ministère Baas mauritanien
27. Yehdhih Ould Sid’Ahmed, ancien Ambassadeur. homme réservé pour ne pas dire effacé
28. Baba Ould Ahmed Youra, ancien Haut Commissaire de l’OMVS, ancien D.G. de la SNIM grande carrière de technicien : l’OMVS est l’organisation inter-Etats pour la mise en valeur du bassin du Sénégal et la SNIM, fondée en 1972 a hérité de l'ancienne Miferma (société nationale industrielle et minière) à sa nationalisation – emprisonné par Ould Taya en 2000 à la suite de l’affaire des « vallées fossiles » du fleuve Sénégal – transfuge éminent du R F D, avait dirigé très en vue la campagne d’Ahmed Ould Daddah en 2006-2007 ; c’est la bonne recrue
29. Mohamed Lemine Ould Soueilem, professeur
30. Sall Amadou Abou, ancien député-Maire (sous Ould Taya)
31. El Mokhtar Ould Hemeyada, ancien Secrétaire Général de Ministère (sous Ould Taya).
32. Salle Aliou, Cadre de Banque
33. Mohamed El Mahjoub Ould Ahmed Mahfoud Ould Boya, ancien Directeur de la Culture
34. El Kebir Ould Selamy, Ingénieur.cousin de Mohamed Ould Abdel Aziz, le chef de la junte - ancien directeur de l’aviation et ancien responsable des programmes CILSS (sous Ould Taya)
35. Mohamed Mahmoud Ould Hamady, Inspecteur de l’Enseignement Fondamental. inspecteur à la retraite et membre d'un groupe qui soutient avec force la junte depuis les premiers jours
36. El Meimoune Ould Abdi Ould Jiyid, ancien Secrétaire Général de Ministère membre de l’UFD (Ahmed Ould Daddah) jusqu'à 1995 pour se ranger ensuite complètement du côté de ceux qui gouvernent
37. Ahmeda Ould El Jeilani, ancien D.G. de la CNSS. (sous Ould Taya)
38. Ely Ould Sneiba, Professeur à l’Université de Nouakchott membre d’une’initiative ‘ soutenant les militaires
Nouakchott, le 20 Octobre 2008
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Texte anonyme, n’appelant donc pas de commentaire
D’UNE LETTRE OUVERTE A UNE AUTRE
A messieurs les signataires
De la lettre ouverte du 20/10/2008
Au président de la République Française
Messieurs,
Dans votre lettre ouverte du 20 octobre 2008, vous interpellez le président de la République Française pour lui faire part de votre conception de l’inadmissible. C’est un droit démocratique.
Mais ouvrant, à tous, la lecture de votre courrier, vous vous adressez, également, à la France entière et j’en suis citoyen. Permettez-moi donc de réagir, tout aussi publiquement, à vos propos. C’est un autre droit démocratique.
Votre complainte démarre sur un singulier euphémisme qui brouille, d’emblée, les cartes. Le problème actuel n’est pas qu’il y ait eu «changement», le 6 août dernier, dans votre pays, il est que ce «changement» fut une rupture de l’ordre constitutionnel.
Plus de 60% des français sont, actuellement, mécontents de leur président. Soutiendraient-ils, pour autant, un coup de force militaire rompant l’ordre constitutionnel? C’est que, voyez-vous, nous avons fait des choix électoraux pour cinq ans, et nous les assumons.
Le peuple mauritanien n’aurait-il pas un tel sens de la responsabilité collective? Ce serait l’insulter et je refuse, d’autant plus, cette hypothèse, que les préliminaires sociaux à votre «changement» se sont limités à l’activité, certes intense, d’une dissidence parlementaire. Nul mouvement de masse ou d’opinion exigeant la destitution du président.
Cela pose la question, décisive, de la nature de votre «changement». N’ayant, a priori, aucune légitimité populaire, s’est-il agi d’une rébellion ou d’un complot?
Dans le premier cas, l’affaire se réduit à un refus d’officiers supérieurs d’obéir au chef suprême des armées, qui les démettait de leur fonction. C’était, non seulement le plein droit démocratique, là encore, de celui-ci, mais c’était, de surcroît, le strict devoir militaire de ceux-là de s’y soumettre. Comment les experts que vous êtes jugent-ils un tel comportement?
Dans le second, les parlementaires «frondeurs», à tout le moins, seraient de mèche avec les généraux rebelles : le «changement» aurait été mûri de longue date. La forfaiture s’ajouterait donc à la trahison. Y seriez-vous associés, messieurs?
On comprend, en tout cas, l’empressement à organiser, a posteriori, un engouement populaire, fût-il des plus succincts. Il permet de flouer, effectivement, l’opinion, à qui l’on enseigne, pourtant et une nouvelle fois, le caractère très relatif de sa souveraineté. Mais il ne trompe pas les citoyens responsables, pas plus en Mauritanie qu’en France, ni partout où l’exercice de la citoyenneté a du sens.
Cependant, tout se négocie, de nos jours, même les crimes. Et ce d’autant plus que les victimes ont, elles, le sens des responsabilités, le goût du compromis et des capacités de pardon et d’abnégation. Les généraux et leurs éventuels complices, leurs soutiens abusés, vous-mêmes, voudraient-ils nous faire croire que, non seulement le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, mais aussi le peuple mauritanien seraient dénués de cette «culture pleine d’humanisme et de spiritualité», dont vous vous prétendez, si partialement, les uniques dépositaires? Ce serait ajouter l’injure au parjure…
Mais, bien évidemment, la situation, générée par votre «changement», comporte suffisamment de dangers pour justifier un traitement mesuré de sa problématique. Vous avez bien raison de les souligner, démontrant ainsi l’irréflexion et l’inconséquence, sinon le machiavélisme, des auteurs, avoués ou masqués, de la rupture du 6 août.
Soyez certains que l’opinion française, attachée autant aux principes de la souveraineté populaire qu’à l’amitié, séculaire, avec votre pays et son jeune Etat, défendra les uns et l’autre, auprès, non seulement de son propre gouvernement et de ses partenaires européens, mais aussi de vos compatriotes qui les menacent.
En cette tâche responsable, l’ami, voyez-vous, n’a cure de la recevabilité de ses conseils et suggestions. Il cherche le bien de son frère et ne craint pas de lui dire ce qu’il pense, en toute sincérité. Souffririons-nous, à cet égard, d’incompatibilité culturelle inconciliable?
Certes, on comprend bien que la majorité, écrasée, de votre beau pays envisage, avec inquiétude, les sanctions économiques que génèrerait l’obstination de la junte à piétiner le droit constitutionnel. Mais il s’agit de défendre un maigre pouvoir qu’a pu arracher, après des années de dictature, votre peuple, avec l’aide du nôtre, notamment, qui comprenait qu’une part de ses impôts soit engagée dans cette libération.
La démocratie était en marche en Mauritanie, tant bien que mal, et n’avait besoin d’aucun «prétexte fallacieux pour s’imposer». Votre formule est inquiétante. Elle suggère, en effet, que la démocratie n’est plus dans l’ordre de vos priorités. Et certes : le caractère très peu populaire de vos signatures peut vous dispenser de tels soucis. C’est un droit, tout-à-fait oligarchique, cette fois. Mais vos privilèges sociaux ne risquent-ils pas, rapidement, de souffrir, eux aussi, de ce choix?
Il reste un mois pour revenir à de plus justes perspectives. Le peuple français, qui a donné, il y a quelques mois, sa part de sang à votre difficile marche vers la stabilisation d’un Etat de droit, les peuples européens qui acceptent de participer au financement de cette noble entreprise, restent avec le peuple mauritanien dans l’épreuve. Je fais, moi-même, humblement partie de ces amoureux obstinés qui n’ont cessé de fréquenter votre sol et ses généreux habitants, en dépit des menaces dont vous avez évoqué l’instrumentalisation possible.
Mes séjours et tous ceux des étrangers, africains, américains, européens ou asiatiques, œuvrant dans votre pays, convergent vers une fraternité en actes avec chaque mauritanien, dans le respect de nos différences. Ainsi se construit un univers. Sans participer à votre vie politique nationale, et ce n’est pas y prendre parti que de dire le vrai, nous sommes, tous, concernés par ses avancées démocratiques.
Nous les défendrons, toujours, devant nos opinions nationales respectives. Mais, s’il vous plaît, défendez-les, vous-mêmes, sur votre sol, sans imputer, aux gestionnaires de nos contributions à la démocratie, les conséquences de vos malheureux errements oligarchiques : c’est, tout de même, la moindre des choses.
Avec toute la considération due à l’éminence de vos signatures,
Mohamed DUPONT
Citoyen français
Entre Nouakchott et Paris, le 25 octobre 2008
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